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La Confusion des sentiments
Stefan Zweig
Fiche de lectureDocument rédigé par Cécile Strouk
maitre en lettres modernes(Université Paris IV - Sorbonne)
lePetitLittéraire.fr
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RÉSUMÉ 3
ÉTUDE DES PERSONNAGES 5Roland
Le professeur
La femme du professeur
CLÉS DE LECTURE 7Une nouvelle sur la passion
Une nouvelle psychanalytique
Un récit introspectif
Un décor crépusculaire
PISTES DE RÉFLEXION 9
POUR ALLER PLUS LOIN 10
2La Confusion des sentimentsFiche de lecture –LePetitLittéraire.fr –
Stefan ZweigÉcrivain, dramaturge, journaliste
et biographe autrichien
• Né en 1881 à Vienne• Décédé en 1942 au Brésil• Quelques-unes de ses œuvres :
La Confusion des sentiments (1926), nouvelleVingt-quatre heures de la vie d'une femme (1934), nouvelleLe Joueur d’échecs (1941), nouvelle
Stefan Zweig est né à Vienne, en Autriche, en 1881, dans une famille de la grande bourgeoisie juive. Il témoigne très tôt d’une passion pour tout ce qui touche à l’art, la poésie, la littérature et le théâtre. Au fil de ses études et de ses nombreux voyages à travers le monde, il développe un côté profondément humaniste, en même temps qu’un attachement pour la culture européenne. Il se rapproche de grands écrivains tels que Rainer Maria Rilke (écrivain autrichien, 1875-1926), Émile Verhaeren (poète belge de langue française, 1855-1916), Romain Rolland (écrivain français, 1866-1944) et Jules Romain (écrivain français, 1885-1972). Passionné et terriblement sensible, il est traumatisé par les deux guerres mondiales. En 1933, ses livres sont brulés en autodafé à Munich. En 1942, il se suicide au Brésil, alors qu’il avait fui l’Europe quelques années auparavant.
La Confusion des sentimentsÀ la rencontre d'un
duo passionnant
• Genre : nouvelle• Édition de référence : La Confusion des sentiments,
Paris, Stock, coll. « Bibliothèque cosmopolite », 2001, 186 p.
• 1re édition : 1926• Thématiques : passion, enseignement,
culture, homosexualité
La Confusion des sentiments est une nouvelle de Stefan Zweig qui connait un grand succès dès sa parution en 1926. Sous-titrée Notes intimes du professeur R. de D., elle raconte l’histoire d’une passion inavouée entre un universitaire de 19 ans, Roland de D., et un professeur de littérature anglaise. Dans une petite ville de province nichée au cœur de l’Allemagne, ils se lient d’une amitié très forte. L’étudiant est subjugué par l’intelligence du maitre, celui-ci séduit par l’enthousiasme juvénile de son élève. Mais plus le temps passe et plus ils se perdent dans une relation destructrice, faite d’émulation intel-lectuelle et de sentiments troubles.
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RÉSUMÉ
Le narrateur est un professeur de philologie qui vient de fêter ses 60 ans et ses 30 ans de carrière. L’ouvrage s’ouvre sur un livre d’hommage que lui offrent ses élèves : une sorte de biographie qui réunit son travail depuis ses débuts. Mais à l’intérieur, il manque quelque chose : « Le secret de [son] avènement à la vie intellectuelle. » Pour faire vivre l'être qui avait alors décidé de son destin, le narrateur fouille dans ses souvenirs de jeunesse.
À l’époque, il est un jeune homme fougueux, éperdu de liberté, en mal de virilité et avide de conquêtes féminines. Il rejette les études qui l’étouffent. Mais un jour, son père découvre par hasard cette vie dissolue. Pour celui qui aspire à un avenir noble pour son fils, c’est une honte. Soudainement conscient de sa futilité, Roland abandonne ses joies terrestres pour se consacrer au terrain de l’esprit, en allant étudier dans une petite université de province, au centre de l’Allemagne. Il découvre, à peine arrivé, un professeur de philologie anglaise qui prononce une « harangue visiblement improvisée » sur Shakespeare. Il est « frappé au cœur ». Après ce cours, Roland cherche à parler à l'enseignant, qui l’accueille chaleureusement et lui propose une « gen-tille chambrette » où dormir, située dans sa propre maison. Il accepte. Le soir, l'élève dévore Shakespeare, empli de la passion contagieuse du professeur. Mais le lendemain, l’allocution raide et monotone de ce dernier le déçoit, tout en l’intriguant : comment peut-il être si enthousiaste un jour et si vide le lendemain ?
Pour comprendre, Roland se rend à la bibliothèque pour lire les ouvrages que son professeur a écrits. Il les juge froids. Mais son désenchantement est de courte durée : l’après-midi, il retrouve le professeur exalté qu’il a connu. Roland commence à lui rendre visite tous les jours à 19 heures pour se confier et échanger. Il découvre rapidement qu’il est marié. Malgré cela, les deux hommes commencent à développer une relation privilégiée. Mais le jeune homme, après tant de journées exclusivement consacrés à l’étude, craque et s’accorde « un jour de liberté et de récréation ». Il découvre la ville en solitaire et se met à nager. Il retrouve « le garçon impétueux d’auparavant », et rencontre une nageuse sportive et un brin provocante. Il fanfaronne, tente de la séduire et la suit jusqu’à ce qu’elle lui annonce qu'elle est la femme de son maitre : « Je dus devenir cramoisi de honte », signale Roland.
Cet aparté tragicomique le conduit à s’intéresser à la vie privée de son maitre, à laquelle il n’avait jusque-là jamais pensé. Pour lui, c’est « un être sublime, dégagé de toutes les vulgarités matérielles ». Il pressent que la relation entre son professeur et sa femme est « par trop bizarre ». Il comprend qu’il n’a aucun ami, qu’il est mystérieux et silencieux. Par ailleurs, il apprend à connaitre son épouse : c'est une femme pétillante, sportive, sensuelle et très peu concernée par les choses de l’esprit. Bref, elle est son exact opposé ! Il noue avec elle une relation de camaraderie, mais s’inquiète de son irritation quand il aborde le sujet de son mari. Tout ceci reste un véritable mystère et ses sens se mettent en éveil pour saisir la situation. Par ailleurs, le comportement du professeur devient ambivalent : il passe brusquement d’un enthousiasme chaleureux à des
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paroles glaciales qui le désarment au plus haut point : « Plus je m’approchais de lui, plus il me repoussait avec dureté. » Le jeune étudiant découvre ensuite qu'il fait des escapades loin de sa maison, ce qui l’inquiète et le plonge dans le désespoir. Il est saisi par une curiosité tenace qui l’empêche de dormir.
Dans une ultime tentative de rapprochement, Roland propose à son maitre de finaliser un ouvrage qu’il avait commencé quelque temps auparavant, L’Histoire du théâtre du Globe, en recopiant ce qu’il dicte. L'enseignant cède. Ils se retrouvent tous les soirs lors de moments exaltants, animés par une parole créatrice. Mais cette relation l’isole de ses camarades et de ses autres professeurs qui le traitent froidement. Sa santé se dégrade, il est amaigri et blessé par le comportement de son mentor qui ne le remercie que rarement. Roland se réfugie alors auprès de la femme de son maitre, tout en essayant de trouver une explication au comportement de ce dernier. Puis, un jour la tension se relâche : il lui annonce que la première partie de leur ouvrage est achevée. Ils fêtent ça en buvant du vin. Quand le jeune étudiant sort chercher un tire-bouchon, il découvre que la femme écoutait à la porte. Mal à l’aise, il écourte la soirée et rentre chez lui. Le maitre vient lui rendre une visite maladroite et froide. Roland se sent au plus mal.
Néanmoins, grâce à la femme du professeur qui le secoue, il reprend du poil de la bête. Un soir, il se compromet, boit et roule des mécaniques avec des filles légères pour se venger. Le lendemain, il prend l’air avec elle. Mais la journée dérape et ils consomment leur relation. Dégouté par son propre comportement, Roland cherche à fuir. Alerté par son état, son maitre le retient. Il lui donne un dernier rendez-vous, le soir à 19 heures, au cours duquel il avoue au jeune homme être amoureux de lui. Face au silence prolongé de l’élève qui est parcouru d’un « frisson doux et effrayant », le maitre lui raconte sa vie dans sa nudité la plus complète : son homosexualité déclarée dès sa jeunesse, sa honte, ses escapades nocturnes, son mariage illusoire et enfin son amour pour Roland. Une fois le récit achevé, dans un moment très fort, il demande un baiser à l'étudiant, un dernier avant qu’il le quitte pour de bon. Roland se tend vers lui et pense : « Ce fut un baiser comme je n’en ai jamais reçu d’une femme, un baiser sauvage et désespéré, comme un cri de mort. » Jamais plus il ne l’a revu après ça.
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ÉTUDE DES PERSONNAGES
ROLANDC’est autour de lui que se construit le récit : il est à la fois le narrateur et le protagoniste de l’histoire. Au début, il parle au présent, alors qu’il est devenu un professeur reconnu et apprécié par ses élèves. Puis, très vite, il évoque au passé ses souvenirs de jeunesse, non sans nostalgie. La confession qu’il fait est difficile pour lui car il a conscience d’avoir longtemps enfoui l’homme qui l’a aidé à être ce qu’il est aujourd’hui. En guise d'hommage, il décide de faire revivre « ce cher fantôme ».
Son récit s'ouvre sur les rapports problématiques qu'il entretient avec son père : « Il suffisait que mon père considérât la science comme sacrée pour que ma personnalité en germe n’y voie que de vaines subtilités. » Celui-ci, un bourgeois fasciné par l’université, l’encourage à faire des études. Mais ce jeune fougueux qui vrombit à l'époque avec « autant d’agitation et d’impatience qu’une dynamo » le refuse. Le jour où le père découvre la vie dissolue de son fils, c’est un électrochoc pour Roland, qu’on sent apeuré. C’est la première révélation qu’il a dans sa vie : il doit se consacrer tout entier aux études.
Comme il est par nature passionné, il s'y plie avec assiduité. Davantage encore lorsqu'il découvre ce professeur, qui incarne pour lui la figure paternelle rêvée. Quand il évoque cet homme, ses souvenirs sont précis. Il se souvient ainsi avoir perdu ses moyens devant lui : « Rien n’est plus passionné que la vénération d’un jeune homme. » Cette idolâtrie le pousse dans ses retranchements : il ne dort plus, perd la raison et devient jaloux. Roland se laisse happer par cette relation, alors qu’il sent un danger. Mais sa passion est plus forte que tout. Il en est esclave. Il devient « l’écho de la parole » du maitre et avoue finalement : « Je n’ai aimé personne plus que lui. »
LE PROFESSEURIl n’est évoqué qu’à travers les paroles de Roland. Décrit de manière extrêmement réaliste et concrète, on le découvre pour la première fois lors d’une leçon enfiévrée donnée à ses élèves. Il est perçu comme une figure quasi-mystique à « la lèvre enflammée ». Ses propos sont retranscrits en discours direct, comme s’ils avaient laissé une marque indélébile dans la tête de Roland. Cet enseignant clame son amour pour Shakespeare (dramaturge anglais, 1564-1616) et ne semble vivre qu’à travers les livres.
Roland le décrit avec « une tête de Romain, un front de marbre bombé, aux côtés luisants surmontés d’une vague de cheveux blancs rebroussés en crinière ». Il reconnait la forte intellectualité de son visage, mais aussi sa fatigue et sa féminité. Il sent chez lui une dualité : il est aussi passionné que lassé. Au début de leur rencontre, le professeur apparait bon et généreux, c’est un « maitre enchanteur », un homme brillant qui se nourrit de l’enthousiasme de ses élèves.
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Mais au fil du récit, il devient de plus en plus énigmatique. On devine, comme Roland, qu’il a un secret : sa relation avec sa femme est distante, il s’absente quelques jours on ne sait où, il reste enfermé chez lui, il souffle le chaud et le froid avec son élève, etc. C’est un solitaire qui se cache derrière le travail intellectuel. Quand il se confesse, à la fin du livre, on le découvre sous les traits d'un jeune homme timide humilié, rejeté et raillé à cause de son inclination pour les hommes. Pour assouvir son penchant, il a mené une vie clandestine et fréquenté les bas-fonds de la ville pour des passades « pauvres de plaisir ». Vers ses 30 ans, il a décidé de se remettre sur le droit chemin et a épousé sa femme après lui avoir tout avoué. Elle lui sert de « paravent » car il ne peut lutter contre les pulsions qui l’assaillent. Pendant ce récit, on sent la violence de sa douleur, la frustration accumulée depuis des années, ainsi que l’amour sincère mais réprimé qu’il ressent pour Roland.
LA FEMME DU PROFESSEURElle est introduite dans le récit de manière solennelle et froide par le professeur. Elle partage son quotidien depuis quinze ans, mais leur relation est dénuée de toute complicité, car construite sur la suspicion, la jalousie et la méfiance. De plus, ils sont aussi différents que le jour et la nuit.
Roland, qui n’est pas insensible à son charme, la décrit comme une « mince silhouette […] svelte » d’environ 35 ans. Elle est sportive et sensuelle. Il la rencontre pour la première fois lors d’une scène de nage en extérieur, alors que le soleil brille. On la découvre confiante, rieuse, libérée, presque insolente. Elle est souvent occupée et va au théâtre, mais elle ne manifeste aucun gout pour les livres.
Avec Roland, elle se comporte d’abord comme une camarade : elle le taquine souvent. Peu à peu, s’inquiétant de sa fatigue progressive, elle le met en garde contre le danger que représente son mari. Plusieurs fois, elle l’aide à se tirer de sa mélancolie, en lui conseillant d’aller s’aérer. C’est une figure maternelle vers laquelle se tourne le jeune homme quand il est au plus bas. Mais cette amitié prend fin le jour où tous deux consomment leur relation : Roland est rongé par la culpabilité et décide de s’en aller.
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CLÉS DE LECTURE
UNE NOUVELLE SUR LA PASSIONLa Confusion des sentiments est avant tout une nouvelle sur la passion amoureuse. Si celle-ci n’est ni évoquée, ni vécue, elle s’empare néanmoins des personnages avec une force incroyable. Roland connait ses premiers tourments amoureux, sans s’en douter, tandis que le professeur vit une lutte de chaque instant pour ne pas céder à cet amour caché. Ces deux personnages souffrent, chacun à leur manière, jusqu’à arriver à une issue dramatique.
L’écriture de Zweig épouse parfaitement cette passion dévorante. Dans les moments forts du récit, il emploie une avalanche d’hyperboles. Quand Roland rencontre le professeur pour la première fois, il s’écrie : « Jamais je n’avais vu pareille chose, un discours qui était tout en extase, un exposé passionné. » On trouve aussi beaucoup de personnifications, notamment lorsque le narrateur évoque Berlin : « Elle s’empare de moi, je m’y plongeais, je descendis jusqu’au fond de ses veines. » La ville apparait comme une jeune femme avec qui il entretient une relation passionnelle.
Par ailleurs, Zweig ponctue son récit de questions rhétoriques, pour mimer toute l’incertitude et le trouble de son personnage principal : « Comment lui avouer que j’avais toujours écarté de mon travail aussi bien que de mes heures de loisir tous les sujets littéraires ? »
UNE NOUVELLE PSYCHANALYTIQUEZweig a longtemps entretenu une correspondance avec Freud (1856-1939), le père de la psy-chanalyse, et a été très influencé par les thèses du médecin. Cela se traduit par une analyse permanente de l’être, de son âme, de ses tourments au sein de son œuvre : il cherche à sonder les zones d’ombre de chacun. Ici, c’est celle de la passion, d’une attraction interdite puisqu’elle met en jeu deux hommes. Grâce au récit à la première personne, l'écrivain nous fait entrer dans la tête de Roland : on saisit le moindre mouvement de l’âme, on vit son histoire comme si on était au plus proche de la vérité.
L'auteur évoque aussi la question du « transfert » : si Roland s’attache tant au professeur, c’est aussi parce qu’il souffre d’un désamour de la part de son père. Au-delà de la fascination qu’il éprouve pour lui, il le voit surtout comme une figure paternelle stimulante. À l’époque, Freud salua le talent de Stefan Zweig à restituer « le trouble d’une passion et le malaise qu’elle engendre chez celui qui en est l’objet ». Et il ajouta ceci : « La nature humaine est bisexuelle. Cette démons-tration se fait chez Zweig avec tant d’art, de franchise et d’amour du vrai, elle est si libre de tout mensonge et de toute sentimentalité propre à notre époque que je reconnais volontiers ne rien pouvoir m’imaginer plus réussi. »
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UN RÉCIT INTROSPECTIFCe récit se construit autour d’un personnage qui fouille dans ses souvenirs pour faire revivre l’homme qui l’a le plus marqué. On commence par un temps au présent, quand le narrateur de 60 ans entame son histoire, pour plonger dans un récit au passé, celui de sa jeunesse, rédigé à l’imparfait et au passé simple.
Ce temps du récit permet à l'auteur de montrer la force et la rapidité de cette rencontre : elle ne dure qu’à peine une année alors qu’elle influencera toute une existence. Malgré sa brièveté, elle est pleinement vécue par les personnages et les évènements s’enchainent à vive allure. Parfois, le narrateur s’introduit dans son récit pour commenter ses agissements du passé afin de signifier au lecteur qu’il a pris de la distance par rapport à l’adolescent qu’il était (« Il y a des moments où il me semble que jamais jeune homme ne gaspilla son temps plus sottement ») et pour montrer l’empreinte profonde qui lui a laissé cette rencontre (« Encore aujourd’hui, au milieu d’un exposé, lorsque je suis emporté par l’élan de la parole, je sens soudain avec embarras que ce n’est pas moi qui parle, mais quelqu’un d’autre »).
On notera également la puissance du souvenir chez le narrateur. Ce dernier utilise le discours direct pour réciter les cours de son professeur, comme s’il n’avait pas perdu une miette de ce qu’il lui avait enseigné. De même, la scène finale est écrite sous forme de dialogue, pour montrer à quel point le souvenir de cet échange est encore prégnant dans sa mémoire.
UN DÉCOR CRÉPUSCULAIRELe récit est dans le clair-obscur. D’un côté, on a la lumière éblouissante du soleil qui vient de l’extérieur : cette clarté, associée à tous les moments où Roland s’échappe de ses études, libère le narrateur de ses tourments et le rappelle à sa soif de légèreté.
À cela s’oppose une forte opacité qui fait écho à la rigueur qu’impose le travail intellectuel. Roland et le professeur travaillent dans une pièce isolée et sombre, dans un recueillement qui exige le silence et la concentration. L’obscurité entoure également l’homosexualité : jamais énoncée clairement, elle est évoquée lors des virées nocturnes du professeur dans des lieux mal famés, et lorsqu’il fait sa déclaration à Roland. Ce secret ne peut être révélé que dans le noir, là où son aspect honteux peut être dissimulé.
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PISTES DE RÉFLEXION
QUELQUES QUESTIONS POUR APPROFONDIR SA RÉFLEXION…• Comment Zweig traite-il le sujet délicat de l’homosexualité, un tabou à l'époque ?• Expliquez comment nait le trouble de Roland à l’égard de son professeur.• D’un être impétueux et insouciant, Roland devient un jeune homme passionné par les études.
Quelles sont les étapes de sa métamorphose ?• Essayez d’imaginer le récit du point de vue du professeur, pour mieux comprendre ses pensées.• Quels procédés littéraires Zweig utilise-t-il pour exprimer cette passion interdite ?• Comment expliquer la relation maternelle puis charnelle que Roland entretient avec la femme
du professeur ?• De quelle façon le professeur incarne-t-il un père pour Roland ?• Expliquez en quoi ce roman s’inspire de la psychanalyse de Freud.• Repérez les moments où le professeur est chaleureux puis froid avec son élève. Essayez de
comprendre pourquoi il se comporte ainsi dans ces moments-là.
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POUR ALLER PLUS LOIN
ÉDITION DE RÉFÉRENCE• Zweig S., La Confusion des sentiments, Paris, Stock, coll. « Bibliothèque cosmopolite », 2001.
ADAPTATIONS• La Confusion des sentiments, film d'Étienne Périer, avec Michel Piccoli, Pierre Malet et Gila
von Weitershausen, 1980.• La Confusion des sentiments, adaptation théâtrale de Thierry Debroux mise en scène par Michel
Kacenelenbogen, 2010.
SUR LEPETITLITTÉRAIRE.FR• Fiche de lecture sur Le Joueur d’échecs de Stefan Zweig• Fiche de lecture sur Vingt-quatre heures de la vie d’une femme de Stefan Zweig
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Anouilh• Antigone
Balzac• Eugénie Grandet• Le Père Goriot• Illusions perdues
Barjavel• La Nuit des temps
Beaumarchais• Le Mariage de Figaro
Beckett• En attendant Godot
Breton• Nadja
Camus• La Peste• Les Justes• L’Étranger
Céline• Voyage au bout
de la nuit
Cervantès• Don Quichotte
de la Manche
Chateaubriand• Mémoires d’outre-tombe
Choderlos de Laclos• Les Liaisons dangereuses
Chrétien de Troyes• Yvain ou le
Chevalier au lion
Christie• Dix Petits Nègres
Claudel• La Petite Fille de
Monsieur Linh• Le Rapport de Brodeck
Coelho• L’Alchimiste
Conan Doyle• Le Chien des Baskerville
Dai Sijie• Balzac et la Petite
Tailleuse chinoise
De Vigan• No et moi
Dicker• La Vérité sur l’affaire
Harry Quebert
Diderot• Supplément au Voyage de Bougainville
Dumas• Les Trois Mousquetaires
Énard• Parlez-leur de batailles,
de rois et d’éléphants
Ferrari• Le Sermon sur la
chute de Rome
Flaubert• Madame Bovary
Frank• Journal d’Anne Frank
Fred Vargas• Pars vite et reviens tard
Gary• La Vie devant soi
Gaudé• La Mort du roi Tsongor• Le Soleil des Scorta
Gautier• La Morte amoureuse• Le Capitaine Fracasse
Gavalda• 35 kilos d’espoir
Gide• Les Faux-Monnayeurs
Giono• Le Grand Troupeau• Le Hussard sur le toit
Giraudoux• La guerre de Troie
n’aura pas lieu
Golding• Sa Majesté des Mouches
Grimbert• Un secret
Hemingway• Le Vieil Homme et la Mer
Hessel• Indignez-vous !
Homère• L’Odyssée
Hugo• Le Dernier Jour
d’un condamné• Les Misérables• Notre-Dame de Paris
Huxley• Le Meilleur des mondes
Ionesco• La Cantatrice chauve
Jary• Ubu roi
Jenni• L’Art français
de la guerre
Joffo• Un sac de billes
Kafka• La Métamorphose
Kerouac• Sur la route
Kessel• Le Lion
Larsson• Millenium I. Les hommes
qui n’aimaient pas les femmes
Le Clézio• Mondo
Levi• Si c’est un homme
Levy• Et si c’était vrai…
Maalouf• Léon l’Africain
Malraux• La Condition humaine
Marivaux• Le Jeu de l’amour
et du hasard
Martinez• Du domaine
des murmures
Maupassant• Boule de suif• Le Horla• Une vie
Mauriac• Le Sagouin
Mérimée• Tamango• Colomba
Merle• La mort est mon métier
Molière• Le Misanthrope• L’Avare• Le Bourgeois
gentilhomme
Montaigne• Essais
Morpurgo• Le Roi Arthur
Musset• Lorenzaccio
Musso• Que serais-je sans toi ?
Nothomb• Stupeur et Tremblements
Orwell• La Ferme des animaux • 1984
Pagnol• La Gloire de mon père
Pancol• Les Yeux jaunes
des crocodiles
Pascal• Pensées
Pennac• Au bonheur des ogres
Poe• La Chute de la
maison Usher
Proust• Du côté de chez Swann
Queneau• Zazie dans le métro
Quignard• Tous les matins
du monde
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Racine• Andromaque• Britannicus• Phèdre
Rousseau• Confessions
Rostand• Cyrano de Bergerac
Rowling• Harry Potter à l’école
des sorciers
Saint-Exupéry• Le Petit Prince
Sartre• La Nausée• Les Mouches
Schlink• Le Liseur
Schmitt• La Part de l’autre• Oscar et la Dame rose
Sepulveda• Le Vieux qui lisait des
romans d’amour
Shakespeare• Roméo et Juliette
Simenon• Le Chien jaune
Steeman• L’Assassin habite au 21
Steinbeck• Des souris et
des hommes
Stendhal• Le Rouge et le Noir
Stevenson• L’Île au trésor
Süskind• Le Parfum
Tolstoï• Anna Karénine
Tournier• Vendredi ou la
Vie sauvage
Toussaint• Fuir
Uhlman• L’Ami retrouvé
Verne• Vingt mille lieues
sous les mers• Voyage au centre
de la terre
Vian• L’Écume des jours
Voltaire• Candide
Yourcenar• Mémoires d’Hadrien
Zola• Au bonheur des dames• L’Assommoir• Germinal
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