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165 Theme 1 Session 3 INTRODUCTION QUELLES ORIENTATIONS CONCRÈTES APPORTER AU DÉVELOPPEMENT URBAIN ET RURAL ? WHAT SPECIFIC GUIDELINES CAN BE ESTABLISHED REGARDING URBAN AND RURAL DEVELOPMENT? François Gondran Chef du service départemental de l’architecture et du patrimoine de la Gironde (ICOMOS France) Head of Architecture and Heritage for the region of Gironde (ICOMOS France) [email protected] Lors de la première journée du symposium, notre thème de réflexion, « patrimoine et développement territorial », a été brillamment exposé et développé par des collègues de nombreuses régions du monde. Nous avons été sensibilisés et, pour beaucoup d’entre nous, convaincus du jeu « gagnant-gagnant » qui allie, dans les territoires, patrimoine culturel et dévelop- pement sociétal. Cee nouvelle et dernière journée sera celle de l’approfondissement et des conclusions, qui consolidera nos connaissances et nous permera de poursuivre de fécondes réflexions sur l’avenir des territoires, du patrimoine et des risques qui les menacent. Recherche de soluons, analyse des risques, prospecve, évaluaons du rôle de notre organisaon ICOMOS, mise en évi- dence d’ouls conceptuels adaptés à la préservaon des territoires, de leurs paysages et modes de vie ancestraux, tous les thèmes abordés lors de notre manée expriment un objecf de méthode : A cet égard, il n’est pas indifférent que notre réunion se passe à Paris où vécut le philosophe Descartes, auteur du discours sur la méthode, dont les mânes ont dû inspirer nos collègues, car leurs réflexions sont solides et ules à la geson de territoires riches de patrimoines mis en valeur. Puissent ces réflexions être fécondes pour nos travaux à venir ! Nous accueillons tout d’abord M. Jean-Marie Vincent, vice-président de l’associaon « maisons paysannes de France », an- cien vice-président d’ICOMOS France et conservateur général du patrimoine honoraire. Jean-Marie Vincent témoigne de la mission de conseil assurée par ICOMOS France auprès de la Délégaon interministérielle à l’Aménagement du Territoire et à l’Aracvité Régionale (DATAR). Cee mission était desnée à séleconner et évaluer 142 « territoires d’excellence rurale », ayant fondé leur aracvité sur leur patrimoine culturel. A travers l’exemple du territoire rural de Solutré, haut lieu de la pré- histoire, situé dans la région de la Bourgogne, M. Vincent présente une méthode de dialogue entre des collecvités et asso- ciaons locales qui élaborent un projet de développement intégré s’appuyant sur des richesses culturelles tradionnelles et réalisent ce projet grâce aux conseils et financements de la DATAR. Mr. François Gondran, rapporteur de la session, a assuré les foncons de Vice-président en l’absence Mr. Moustapha Khanoussi, Président d’ICOMOS Tunisie. Mr. Gondran était assisté de Katalin Takacs (Assistant professeur à l’Université Corvinus de Budapest) et de Daria Zhukovskaya (Architecte étudiante à l’Ecole de Chaillot, Paris). Mr François Gondran, session rapporteur, took on the vice-presidency as Mr Moustapha Khanoussi, President of ICOMOS Tunisia, was unable to aend the event. Mr. Gondran was assisted by Katalin Takacs (Assistant professor at the Corvinus University of Budapest) and Daria Zhukovskaya (Architect, student at the Ecole de Chaillot, Paris).

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INTRODUCTIONQUELLES ORIENTATIONS CONCRÈTES

APPORTER AU DÉVELOPPEMENT URBAIN ET RURAL ?

WHAT SPECIFIC GUIDELINES CAN BE ESTABLISHED REGARDING URBAN AND

RURAL DEVELOPMENT?

François GondranChef du service départemental de l’architecture et du patrimoine de la Gironde (ICOMOS France)Head of Architecture and Heritage for the region of Gironde (ICOMOS France)[email protected]

Lors de la première journée du symposium, notre thème de réflexion, « patrimoine et développement territorial », a été brillamment exposé et développé par des collègues de nombreuses régions du monde. Nous avons été sensibilisés et, pour beaucoup d’entre nous, convaincus du jeu « gagnant-gagnant » qui allie, dans les territoires, patrimoine culturel et dévelop-pement sociétal.

Cette nouvelle et dernière journée sera celle de l’approfondissement et des conclusions, qui consolidera nos connaissances et nous permettra de poursuivre de fécondes réflexions sur l’avenir des territoires, du patrimoine et des risques qui les menacent.

Recherche de solutions, analyse des risques, prospective, évaluations du rôle de notre organisation ICOMOS, mise en évi-dence d’outils conceptuels adaptés à la préservation des territoires, de leurs paysages et modes de vie ancestraux, tous les thèmes abordés lors de notre matinée expriment un objectif de méthode :

A cet égard, il n’est pas indifférent que notre réunion se passe à Paris où vécut le philosophe Descartes, auteur du discours sur la méthode, dont les mânes ont dû inspirer nos collègues, car leurs réflexions sont solides et utiles à la gestion de territoires riches de patrimoines mis en valeur. Puissent ces réflexions être fécondes pour nos travaux à venir !

Nous accueillons tout d’abord M. Jean-Marie Vincent, vice-président de l’association « maisons paysannes de France », an-cien vice-président d’ICOMOS France et conservateur général du patrimoine honoraire. Jean-Marie Vincent témoigne de la mission de conseil assurée par ICOMOS France auprès de la Délégation interministérielle à l’Aménagement du Territoire et à l’Attractivité Régionale (DATAR). Cette mission était destinée à sélectionner et évaluer 142 « territoires d’excellence rurale », ayant fondé leur attractivité sur leur patrimoine culturel. A travers l’exemple du territoire rural de Solutré, haut lieu de la pré-histoire, situé dans la région de la Bourgogne, M. Vincent présente une méthode de dialogue entre des collectivités et asso-ciations locales qui élaborent un projet de développement intégré s’appuyant sur des richesses culturelles traditionnelles et réalisent ce projet grâce aux conseils et financements de la DATAR.

Mr. François Gondran, rapporteur de la session, a assuré les fonctions de Vice-président en l’absence Mr. Moustapha Khanoussi, Président d’ICOMOS Tunisie. Mr. Gondran était assisté de Katalin Takacs (Assistant professeur à l’Université Corvinus de Budapest) et de Daria Zhukovskaya (Architecte étudiante à l’Ecole de Chaillot, Paris).Mr François Gondran, session rapporteur, took on the vice-presidency as Mr Moustapha Khanoussi, President of ICOMOS Tunisia, was unable to attend the event. Mr. Gondran was assisted by Katalin Takacs (Assistant professor at the Corvinus University of Budapest) and Daria Zhukovskaya (Architect, student at the Ecole de Chaillot, Paris).

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Ce thème de la ruralité est remarquablement complété par le professeur James K Reap de l’université de Georgia, (ICOMOS USA), qui nous présente sa réflexion sur les « outils et techniques de préservation des paysages agricoles aux Etats-Unis », après un constat d’état alarmiste sur les risques de dégradation de ces paysages agricoles menacés par les changements économiques de notre époque. L’utilisation par les états de réglementations, documents d’urbanisme et d’une fiscalité favo-rable aux pratiques agricoles traditionnelles montre l’efficacité de tels procédés. Ces politiques assument et promeuvent la défense de l’environnement et des traditions culturelles ayant façonné le paysage de ces territoires agricoles identitaires des Etats-Unis.

Cette confrontation au modèle économique américain qui donne la primauté à l’efficacité économique dite « occidentale » préoccupe notre collègue coréen Sungwoo Kim de l’Université de Yonseï, (ICOMOS Corée). Son intervention oppose le mo-dèle de développement moderne occidental à la tradition culturelle de l’Extrême-Orient. A travers une série d’oppositions conceptuelles, Sungwoo Kim montre les dégâts irréversibles causés par le modèle urbain moderne d’inspiration occidentale au patrimoine architectural et urbain coréen et propose de repenser un urbanisme durable inspiré des traditions culturelles asiatiques.

La critique raisonnée de la notion même de développement à l’occidentale sert aussi de fil conducteur à Madame Sohyun Park, professeur d’Architecture à l’Université de Séoul, (ICOMOS Corée), qui nous invite à penser cette confrontation entre patrimoine et développement territorial : Notre collègue s’interroge et nous invite à dépasser le seul critère des expériences réussies de revitalisations de territoires grâce au patrimoine. Elle suggère de mener une réflexion théorique rigoureuse et prudente à l’aide des principes posés dans les Chartes d’ICOMOS et de structurer cette démarche intellectuelle en rédigeant une nouvelle charte, « développement et patrimoine ». Elle propose aussi de rédiger un corpus de précautions applicables aux projets de développement territorial impactant le patrimoine.

C’est bien l’idée d’un fil méthodologique qui guide la démarche élaborée par nos collègues Jean-Pierre Thibault et Anne-Françoise Pillias, spécialistes de la politique des sites au Ministère de l’Ecologie. Ils nous présentent le travail élaboré au sein du groupe d’experts spécialistes des paysages culturels qu’ils animent pour ICOMOS France. Nos collègues exposent une méthode alliant études pluridisciplinaires et gouvernance locale destinée à concilier préservation, mise en valeur et amé-nagement durable des paysages culturels menacés par le tourisme de masse et l’urbanisation. Cette dimension de dialogue constant entre les scientifiques et les acteurs économiques, dans des territoires structurés par la présence de sites protégés est essentielle pour la réussite des politiques de protection patrimoniale.

L’expérience suédoise, relatée par le Docteur Ezequiel Pinto-Guillaume, archéologue au WSP, service de l’Etat suédois chargé de la protection du patrimoine, se rapproche de celle de la France. Ezequiel Pinto-Guillaume développe deux exemples de projets d’aménagement dans le grand Stokholm, concernant une zone d’habitation et un parc de loisirs, et pour lesquels il a effectué des études historiques et archéologiques qui ont réorienté ces projets. Cette logique des études préliminaires don-nant la primauté aux questions d’environnement et de patrimoine, de manière à limiter l’impact des aménagements d’urba-nisme, illustre comme dans le cas des sites français la nécessité du dialogue entre scientifiques du patrimoine et urbanistes.L’intervention du Docteur Jean-Paul Jacob, président de l’Institut national de recherches archéologiques préventives et de Marie Odile Lavendhomme, archéologue, (membres d’ICOMOS France), renouvelle l’appréhension des techniques archéo-logiques dans les travaux d’urbanisme. Nos collègues montrent comment le questionnement du passé sur la longue durée conduit à une connaissance fine de la géographie d’un lieu. Cette masse d’informations, sur la base d’indices matériels ou de traces présentes dans les villes, sont à la fois source d’inspiration pour les architectes et urbanistes et mise en évidence d’invariants environnementaux et culturels.

A proximité de la démarche des archéologues, l’Ecole de Chaillot forme à Paris les architectes qui se destinent à la conser-vation du patrimoine architectural et urbain. Dorothée Rietsch, architecte et archéologue formée à Strasbourg, membre de l’Agence d’architecture de Benjamin Mouton, expose les études sur le patrimoine architectural de la ville de Sulina (delta du Danube), effectuées dans le cadre d’une coopération entre l’Ecole de Chaillot et l’Ecole d’architecture de Bucarest. Lors de cet atelier franco-roumain mené pendant une année, ces jeunes architectes ont considérablement enrichi par leurs analyses et leurs projets la connaissance de cette ville éprouvée par la crise économique. Leurs propositions aux autorités locales constituent un programme de reconversion harmonieuse à même de revaloriser un territoire oublié.

Loin de l’embouchure du Danube, dans des conditions géographiques comparables quoiqu’exacerbées, le territoire de la

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Hollande fascine par sa relation à l’eau, par ses terres basses entre les eaux du Rhin, de la Meuse et de la Mer du Nord. Notre collègue Erik Luijendijk, d’ICOMOS Netherlands, urbaniste, nous montre dans son intervention la force culturelle de ce choix sociétal séculaire qui a consisté à construire et à préserver un territoire situé sous le niveau de la mer. Le changement clima-tique en cours, qui risque de conduire à une montée importante du niveau des océans d’ici un siècle, constitue un gigan-tesque défi pour la Hollande. La description passionnante du modèle polder à l’origine du modèle social de consensus de cette nation montre une continuité historique et une culture du risque génératrice de solutions innovantes qui rassemblent passé et avenir sur un même territoire.

C’est un autre territoire d’une richesse culturelle exceptionnelle qui nous est présenté par notre collègue Lassana Cissé, chef de la mission culturelle de Bandiagara au Mali : Le site du Pays Dogon, qui couvre une superficie de 4000 Km², et témoigne d’une organisation sociale, technique et artistique particulièrement adaptée à son territoire, poursuit en effet une démarche de gouvernance qui s’efforce de fédérer ses collectivités locales autour d’un rapprochement entre développement écono-mique et mise en valeur de son paysage culturel.

Ce travail exemplaire de gouvernance locale, de formation aux techniques de construction traditionnelles, d’inventaire des ressources culturelles et de mise en place d’un tourisme durable est toutefois bouleversé par la guerre civile qui interdit désormais le tourisme et la poursuite des investissements.

En conclusion à cette matinée de travaux d’une rare intensité, nous prenons conscience de la dimension des risques auxquels sont soumis les territoires de l’humanité et leur patrimoine culturel. Les risques des conflits armés et des catastrophes clima-tiques apparaissent les plus soudains et les plus violents et doivent être combattus par la diplomatie, la coopération entre les peuples et l’étude de solutions permettant de limiter leurs effets. Les travaux sur les risques naturels menés par notre président de séance Rohit Jigyasu sont à cet égard précieux pour notre communauté d’experts.

Mais d’autres risques de dégradation du patrimoine de l’humanité ont été exprimés par nos collègues, principalement d’ordre économique et sociétal, tels que l’urbanisation non maitrisée, le tourisme de masse, la crise économique, les indus-tries polluantes et le défaut de gouvernance.

L’optimisme ne saurait donc être une certitude logique dans un tel contexte.

Pourtant le succès de ce symposium, à Paris, au siège de l’UNESCO, doit être un signe d’encouragement à poursuivre nos travaux et à les partager dans l’esprit de fraternité entre les hommes et de confiance en la culture et la science qui inspirent cette institution internationale!

Merci de votre attention.

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LE PATRIMOINE RURAL, VECTEUR D’AMENAGEMENT DURABLE DES TERRITOIRES RURAUX FRANÇAIS

Jean-Marie Vincent

Conservateur général honoraire du patrimoineAdministrateur d’ICOMOS FranceVice-président de Maisons paysannes de [email protected]

Résumé. Dès les années 1960-70, la France a pris conscience que la patrimoine bâti, paysager et naturel constituait pour les territoires ruraux non seulement une richesse à conserver, mais un potentiel écono-mique et social sur lequel la survie voire le développement de ces territoires pouvait s’appuyer. D’où l’insti-tution des Parcs naturels régionaux en 1967 et, dans les années 1970, le lancement des Contrats régionaux d’aménagement rural qui comportaient pour beaucoup un volet patrimonial.Pour analyser et accompagner ce mouvement, la section française de l’ICOMOS a mis en place à la fin des années 1990 un comité permanent sur le thème « Le patrimoine et le développement territorial durable » qui lui a permis d’échanger avec de nombreux acteurs, nationaux et territoriaux, en ce domaine.C’est la raison pour laquelle le Délégation à l’aménagement et au développement des territoires (DATAR) l’a officiellement invitée en 2006 à participer, en coopération avec l’association Maisons paysannes de France, à la sélection des 142 territoires qui, parmi les 376 « pôles d’excellence rurale » (PER) labellisés cette année-là, fondaient spécifiquement leur développement sur la mise en valeur de leur patrimoine. Convaincue par cet appui scientifique et technique, la DATAR lui a confié l’accompagnement pendant deux ans de 19 PER patrimoniaux. C’est la présentation de cette expérience, illustrée de cas concrets, qui est proposée ici.

« Le territoire français est le patrimoine commun de la nation. Chaque collectivité publique en est le gestionnaire et le garant dans le cadre de ses com-pétences. Afin d'aménager le cadre de vie, d'assurer sans discrimination aux populations résidentes et futures des conditions d'habitat, d'emploi, de ser-vices et de transports répondant à la diversité de ses besoins et de ses ressources, de gérer le sol de façon économe, de réduire les émissions de gaz à effet de serre, de réduire les consommations d'énergie, d'éco-nomiser les ressources fossiles, d'assurer la protection des milieux naturels et des paysages, la préservation de la biodiversité notamment par la conservation, la restauration et la création de continuités écologiques, ainsi que la sécurité et la salubrité publiques et de promouvoir l'équilibre entre les populations résidant dans les zones urbaines et rurales et de rationaliser la demande de déplacements, les collectivités publiques harmonisent, dans le respect réciproque de leur au-tonomie, leurs prévisions et leurs décisions d'utilisa-tion de l'espace. Leur action en matière d'urbanisme contribue à la lutte contre le changement climatique et à l'adaptation à ce changement. » C’est en ces termes que la loi 2009-967 du 3 août 2009, suivant les orientations du Grenelle

de l’Environnement, a récemment actualisé la déclaration solennelle que la loi de décentralisation du 1983-8 du 7 janvier 1983 avait placée en exergue du code de l’urbanisme en son article L 110, comme fondement de toute politique d’aménagement du territoire français. Certes le terme de « patrimoine » est toujours pris ici dans son sens le plus large, mais les précisions concernant notamment l’aménagement du cadre de vie et la protection des milieux naturels et des paysages incluent implicitement la qualité du bâti, qu’il soit ancien ou nouveau, et par delà les objectifs qui animent l’action de l’ensemble des composantes, élues, professionnelles et associatives d’ICOMOS-France.Cette prise de conscience n’est certes pas nouvelle en France. Dès les années 1960-70 notre pays, comme bien d’autres, avait compris que le patrimoine bâti, paysager et naturel constituait pour les territoires ruraux non seulement une richesse à conserver, mais un potentiel économique et social sur lequel la sur-vie voire le développement de ces territoires pou-vait s’appuyer. D’où l’institution des Parcs naturels régionaux en 1967 (ils sont 46 en 2011), procédure de développement basées sur les richesses naturelles et culturelles d’un territoire, puis dans les années

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1970 le lancement des Contrats régionaux d’amé-nagement rural qui comportaient pour beaucoup un volet patrimonial. D’autres initiatives de l’Etat ou des collectivités locales sont venues compléter ces initia-tives : les « Villes et Pays d’Art et d’Histoire », les « Petites Cités de caractère » de Franche-Comté et de Bretagne… Consciente de l’importance de ce mouvement, mais aussi de ses dangers pour l’authenticité de notre patrimoine bâti et paysager rural si on ne veillait pas à la compatibilité des actions avec la conservation effective de celui-ci, la section française de l’ICOMOS a mis en place à la fin des années 1990 un comité permanent sur le thème « Le patrimoine et le développement territorial durable » qui lui a permis d’échanger en ce domaine avec de nombreux acteurs, natio-naux et territoriaux. C’est la raison pour laquelle la Délégation à l’aménagement et au développement des territoires (DATAR) l’a officielle-ment invitée en 2006 à participer, appuyée sur son réseau territorial constitué notamment par les délégués départe-mentaux de l’association Maisons paysannes de France, à la sélection, parmi les 379 « pôles d’excellence rurale » (PER) labellisés cette année-là, de 156 territoires qui entendaient fonder leur développement sur la mise en valeur de leur patrimoine comme un générateur d’emplois, notamment dans l’accueil du public et le développement du tourisme. Cette procédure mobilisait environ 1 milliard d’euros d’équi-pement (le fonctionnement n’étant pas pris en compte) sur lesquels l’Etat devait apporter une subvention de 236 mil-lions d’euros (soit en moyenne une aide de 25 %). Convaincue par l’intérêt de l’appui scientifique et technique de notre équipe d’ICOMOS-France démontré dans la phase

de sélection, la DATAR lui a confié l’accompagnement, en 2007 et 2008, de 19 PER « patrimoniaux » répartis sur l’en-semble du territoire français. C’est l’une de ces opérations qui est évoquée ci-dessous. Soulignons qu’elle concerne une « Opération Grand Site », assistance apportée par le minis-tère français de l’Ecologie en appui des efforts des collectivi-tés territoriales pour protéger le patrimoine naturel et bâti de leur territoire et le mettre en valeur et mériter à terme l’attribution du label « Grand Site de France » qui distingue depuis 2004 une dizaine de lieux français emblématiques. Ce n’est pas un hasard si outre Solutré-Vergisson, deux autres de ces Grands Sites (le Puy Mary dans le Cantal et Saint-Guil-hem-le-Désert dans l’Hérault, ce dernier ayant déjà obtenu le label Grand Site de France) figuraient parmi les 19 opéra-tions patrimoniales que nous avons accompagnées.

L’exemple du Grand Site de Solutré, Pouilly et Vergisson

Situé dans la côte mâconnaise (Saône-et-Loire) au cœur des vignobles de Pouilly-Fuissé, ce site est marqué par le vigou-reux relief de « cuesta » des massifs rocheux qui dominent les villages blottis à leur pied au milieu des vignes plantées sur les talus d’éboulis (Photos 1 et 2). La Roche de Solutré est célèbre depuis le XIXe s. pour ses vestiges du paléolithique supérieur (entre 40.000 et 10.000 ans avant notre ère). Un musée archéolo-gique consacré au « Solutréen » a été aménagé au pied même de la Roche il y a déjà plusieurs décen-nies. Il a été intelligemment englobé dans le glacis de l’éboulis, ce qui le rend invisible dans le paysage. Mais depuis les années 1980, la notoriété de ce site a été fortement renforcée par le « pèlerinage » qu’y faisait rituellement le président Mitterrand en gravissant

1- Le village de Vergisson au cœur de son vignoble

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chaque lundi de la Pentecôte le sentier de la Roche. Ce coup de projecteur sur un site emblématique à divers titres attire depuis de très nombreux visiteurs, ce qui a très vite posé un double problème : la gestion d’abord de cette fréquentation, notamment pour maîtriser le stationnement anarchique des automo-biles ; l’accueil ensuite des visiteurs pour mieux les informer et les guider dans leur découvertes; enfin le développement harmonieux de ce territoire qui doit bénéficier positivement des retombées économiques de cette fréquentation. Grâce au dynamisme du Syndicat mixte de valorisa-tion du Grand Site de Solutré-Pouilly-Vergisson, le Pôle d’excellence rural a apporté à ces collectivités les financements complémentaires qui ont permis de réaliser divers travaux, estimés à 3 millions d’euros avec une aide de l’Etat de 680.000 € :

¾ aménagement au revers de la Roche d’un parking végétalisé pour limiter le stationne-ment envahissant (photos 3-4) ;

¾ amélioration des cheminements piétonniers, notamment en les bordant de murets de pierres sèches selon une technique ancestrale en voie de disparition, ressuscitée ici par des chantiers de réinsertion de chômeurs ; ceux-ci ont ainsi acquis une spécialisation qui leur a ouvert la porte d’entreprises locales qui avaient perdu ce savoir-faire (photos 5 et 6) ;

¾ transformation d’un ensemble de bâtiments de vignerons, au pied de la roche en bordure du village de Solutré, en un lieu d’accueil et d’information du public, notamment des scolaires, et promotion du « pays » (photos 7, 8, 9 et 10).

2 – Le site en 2008 avant le transfert du parc à voitures sur l’autre flanc de la Roche

Les travaux d’aménagement du site ont été compli-qués par le fait que les bâtiments dans lesquels sont installés ces nouveaux locaux d’accueil appartiennent pour partie au Conseil général, pour partie au Syn-dicat mixte, ces deux instances devant coordonner leurs apports financiers.

En effet, si le PER a permis de compléter les finan-cements locaux et donné le coup de pouce néces-saire pour le lancement de ce programme, le budget de fonctionnement, estimé à 850 .000€, reste à la charge des acteurs locaux. Or il ne sera couvert que pour un quart par les recettes propres du site (sans compter les visites libres, les nouveaux équipements permettent d’espérer accueillir environ 40.000 visi-teurs par an), le restant étant assuré par l’apport du Syndicat mixte du Grand Site et des subventions du Conseil général..

On voit donc que ce type d’opération n’est possible que par l’engament des collectivités territoriales, sur la base d’un « projet de territoire » que la démarche « Grand Site » a ici permis d’élaborer. Cette démarche qui a montré ici son efficacité devrait se traduire courant 2012 pour Solutré par l’obtention du label « Grand Site de France ».

Précisons enfin que l’apport du patrimoine au déve-loppement du territoire se traduit également, en termes d’économie et d’emploi, par l’apport d’une fréquentation touristique croissante aux activités lo-cales : la restauration, l’achat de vins (notamment les blancs réputés de Pouilly-Fuissé et de Saint-Véran…), les gîtes ruraux et les chambres d’hôtes, les résidences secondaires dont la restauration et l’entretien béné-ficient à l’artisanat du bâtiment dont la compétence a été renforcée et démontrée par cette opération…

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3 – Le parc de stationnement en cours d’aménagement en 2008

4 – Le parc de stationnement aujourd’hui arboré

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5 – Le chemin d’accès au sommet de la Roche de Solutré

6 – Un des murets de pierres sèches construits pour border les cheminements

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7- L’ensemble des bâtiments d’accueil du site, aménagés au pied de la Roche en bordure du village de Solutré. Sur l’arrière, le hangar abrite l’emplacement du dernier chantier des fouilles archéologiques.

8 – Accès au bâtiment d’accueil

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9 – Un des panneaux de l’exposition permanente

10 – Pressoir exposé sous un couvert

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Conclusion

Car ce type d’initiative se répand actuellement en France, porté par la dynamique du Grenelle de l’En-vironnement et par un mouvement démographique qui pousse de plus en plus les populations en quête d’espaces vers les zones rurales suburbaines censées proposer des conditions de vie plus conviviales et plus économiques. Deux nouvelles vagues de PER ont ainsi été lancées en 2010 sur des projets répondant prioritairement aux deux enjeux suivants : « accroître la capacité économique des territoires ruraux » d’une part ; « répondre aux besoins de la population dans le domaine des services au public en fonction des évo-lutions des territoires » d’autres part. Le bâti rural est toujours directement concerné, mais d’une manière moins directe que par les deux premières vagues. Notre vigilance doit donc rester grande pour veiller à ce que ces nouveaux programmes respectent et valorisent le patrimoine bâti et paysager des bourgs ruraux et de ces zones agricoles en totale mutation, notamment en ce qui concerne l’isolation thermique des bâtiments anciens, les extensions des bourgs et la mise en place des dispositifs de production « d’éner-gie renouvelable ». C’est pourquoi, après avoir participé, de novembre 2009 à janvier 2010, aux « Assises des territoires ruraux » organisées par le Gouvernement, ICOMOS-France, représentée par l’association Maisons pay-sannes de France qui lui est affiliée, siége dorénavant dans la commission permanente du « Réseau rural français », déclinaison pour notre pays du Réseau rural européen qui gère notamment les crédits du Fonds Européen d’Aménagement et d’Equipement Rural (FEADER). Nous venons d’obtenir la création au sein de cette instance d’un groupe de travail qui va initier des actions sur le terrain en faveur des maté-riaux traditionnels comme des matériaux nouveaux baptisés « écomatériaux », ainsi que des filières micro-industrielles et artisanales qui les mettent en oeuvre sur leurs territoires d’origine dans le cadre des « circuits courts ».

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Session 3

176LE PATRIMOINE, MOTEUR DE DÉVELOPPEMENT

HERITAGE, DRIVER OF DEVELOPMENT

PRECAUTIONS FOR HERITAGE TO BE A DRIVER FOR REGIONAL DEVELOPMENT: A CRITICAL REVIEW OF RELATED PRINCIPLES MANIFESTED IN THE ICOMOS CHARTERS FROM A DEVELOPMENT PERSPECTIVE

SOHYUN PARK, PhDAssociate Professor, Dept of Architecture, Seoul National University Seoul, KoreaICOMOS-Korea Executive Committee [email protected]

1. INTRODUCTION

The notion of heritage as a driver for regional development seems trendy and acceptable these days, and there appear to be successful cases, in which heritage plays a major role in regenerating historic communities and old quarters. Promoting heritage as a catalyst for development, however, tends to obscure critical issues of existing preservation principles, which need to be conditioned beforehand. Conventional principles for heritage conservation, which are promulgated in such forms as the ICOMOS charters, do have certain conflicting points with development practices, due to the inherent conceptual differences between preservation and development. Development itself used to be viewed as threats to heritage, and to a certain degree, this notion is still legitimate. Then, in order to advance heritage as a driver for regional development, it is necessary, as preconditions, to clarify the values and strategies of desirable development, which could coexist with conventional principles of heritage conservation. This kind of examinations should precede any articulation of heritage tactics that entice development. From a perspective of recent development ethos, this paper scrutinizes critical preservation principles, manifested in the ICOMOS charters for the past forty years. From the early Venice Charter (1964) up through the recent Charter on Cultural Routes (2008), this paper conducts a content analysis of twenty three ICOMOS documents. The goal is to provide a set of precautions in promoting heritage as a driver for development, which, hopefully in the future, could contribute to constructing a new ICOMOS charter for regional development with heritage. 2. DEVELOPMENT DISCOURSES and HERITAGE STRATEGIES in the ICOMOS CHARTERS As early as in the 1964 Venice Charter, there has been an impetus, hinting heritage to be a

motivation for regional development. The Article 5 of the Venice Charter, for example, asserts that “the conservation of monuments is always facilitated by making use of them for some socially useful purpose, and such use is desirable”. Furthermore, for such use, modifications by a change of function may be permitted. Although the Article 5 also emphasizes that “the lay-out or decoration of the building must not be changed,” one of the significant concepts lies in the phrase of “making use of heritage for socially useful purpose.” This indeed opens doors for active utilization of heritage. Regional development by using heritage could be justified and encouraged, as long as it serves “socially useful purpose.” Then, a critical issue is to define “socially useful purposes,” in contrast to economically useful purposes, which used to be a main goal of regional development. The 1981 Florence Charter, on the other hand, announces that “access to historic gardens must be restricted to the extent, demanded by its size and vulnerability.” Furthermore it declares that operations serving to restore the historic garden’s authenticity take precedence over the requirements of public use. It is heritage’s authenticity that must not be compromised in any circumstances. This concept sounds natural, but, in reality, it is constantly and inevitably challenged to function as such in the regional development activities. Among the ICOMOS Charters, there is a heritage type that shares the basic conservation principles, similarly as does the Florence Charter (1981). It includes the Charters for Archeological Heritage (1990), Underwater Cultural Heritage (1996), Wall Paintings (2003), Historic Timber Structures (1999) and others. These Charters, commonly regarding development as threats to heritage, adhere to the conservation of heritage’s authenticity. Here, strict restrictions and controls over commercial exploitation, excessive public access and improper use are more emphasized than any promotions for

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potential heritage utilization. Meanwhile, a different heritage type, which deals with the area-based subjects, tends to emphasize adaptation, improvement, and utilization of heritage, rather than to focus on authentic preservation of the monuments. This type refers to the Washington Charter (1987), The Cultural Tourism Charter (1999), The Cultural Route Charter (2008), as well as the Resolutions for smaller historic towns (1975), the Tlaxcala Declaration (1982), the Dresden Declaration (1982), the San Antonio Declaration (1996), and the Xian Declaration (2005) among others. To be most effective, these charters suggest that conservation and management of the area-based heritages, including historic towns and urban areas, become an integral part of urban and regional planning at every level. Especially when it is a living heritage, in and around which indigenous local people still reside, conservation principles become even more complex. Improvement of housing for better standards of living, for example, becomes a basic objective of conservation. Here, heritage, defined as a part of regional planning, aims to operate for sustainable development. The tangible contents of heritage conservation to be sustainable development, however, are yet to be articulated. So far, some of applicable contents refer to the principles of “observing the existing scales; respecting its characters, buildings, and relations to landscapes; and retaining the specific visual qualities of urban spaces, streets, and squares, so as to provide a continuous network linking the main points of interest.” While this type of heritages acknowledges the significance of revitalization and rehabilitation of the regions, it also asserts that its” economic function should be selected so as to imply neither disruption nor dereliction of the historic substance and structure.” The Cultural Tourism Charter (1999) and the Declaration of San Antonio (1996), too, provide some referable principles for heritage to be a driver for development, as they directly mention the tourism and authenticity of heritage. Above all, it is clearly mentioned that “the relationship between heritage places and tourism is dynamic and may involve conflicting values, which should be managed in a sustainable way.” Here, practical approaches to sustainable tourism development are provided, which include fair allotment of the revenue, derived from tourism, to conservation of heritage, and equitable distribution of tourism benefits to the host community. Recognized as one of the most comprehensive and inclusive charters that encompass practical principles for heritage conservation, the Burra

Charter (1999) states that “the aim for conservation is to retain the cultural significance of a place, and conservation is based on a respect for the existing fabric, use, associations and meanings.” Yet, the Charter also emphasizes that heritage conservation “requires a cautious approach of changing as much as necessary but as little as possible. Changes to a place should not distort the physical or other evidence it provides, nor be based on conjecture.”

3. PRECAUTIONSSumming up the findings of this paper, a set of precautions for heritage to be a driver for regional development may be spelled out as follows: 1) There exist the conflicting values between heritage conservation and heritage utilization for regional development; 2) Development used to be threats to heritage, and may still have attributes to be threats to heritage to a certain degree; 3) Authenticity of heritage should not be compromised for the economic values of regional development; 4) There exist the mediating grounds for the conflicting values, where discourses such as socially useful purpose, sustainable development, appropriate use, wise use, stable development, and cultural tourism provide hopes and possibilities for heritage to be a driver for regional development; 5) These discourses may end up existing only as rhetoric, though, as their tangible and practical substances are yet to be articulated to be solid strategies of both conservation and development; 6) Nevertheless, utilization of heritage for regional revitalization and local regeneration should continuously be pursued in more sensitive and creative ways, so that the conflicting values between heritage conservation and heritage utilization for regional development may coexist better. Enhanced by further studies in near future, these precautions might serve as a foundation in drawing a new charter for regional development with heritage.

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178LE PATRIMOINE, MOTEUR DE DÉVELOPPEMENT

HERITAGE, DRIVER OF DEVELOPMENT

LES GRANDS SITES ET LEUR TERRITOIRE : UN FIL METHODOLOGIQUE EN 13 ETAPES POUR UN PATRIMOINE PAYSAGER DYNAMIQUEComment passer d’une opération de réhabilitation patrimoniale au projet de développement durable d’un territoire ?Anne-Françoise PILLIAS, Jean-Pierre THIBAULT

Ministère de l’Écologie, du développement durable, des transports et du logement (MEDDTL), France

Résumé. Comment mener à bonne fin le projet sans rien oublier ? Comment préserver un patrimoine paysager, bâti ou culturel d'un site à forte fréquentation touristique tout en faisant face aux contraintes et demandes du 21ème siècle ?En France, le concept de développement durable a des difficultés à devenir opérationnel dans un site ou pour un projet de paysage ; il est souvent tiré vers l'écologie ou le développement culturel au détriment du social ou de l'économique et il est très rarement évalué post opération. Il est plus facile de décider de travaux que de bâtir une démarche d'amélioration continue dans la durée.Le groupe de travail sur les sites, paysages et espaces patrimoniaux d'ICOMOS France y réfléchit depuis 1996 et, à la demande des pouvoirs publics, il a recherché les bonnes expériences et les bonnes pratiques en France comme dans d'autres pays, au travers de près d'une centaine d'auditions et de 4 colloques internationaux.Aujourd'hui, il propose une méthode pratique et simple en 13 étapes qui devrait permettre aux décideurs de ne rien oublier d'essentiel tout en laissant à chaque site le choix d'un développement adapté à sa singularité et en permettant aux utilisateurs comme aux responsables nationaux ou internationaux du patrimoine de pouvoir contrôler le bien fondé des décisions prises.

Comment mener à bonne fin un projet de dévelop-pement durable dans les sites patrimoniaux les plus prestigieux ? Comment préserver leur patrimoine paysager, naturel ou culturel alors qu'ils subissent une forte fréquentation, une pression immobilière constante et des phénomènes de déshérence, tout en faisant face aux contraintes et demandes du 21ème siècle ? Comment concilier la croissance ex-ponentielle de l'activité touristique, ou la tendance à l'uniformisation des pratiques culturelles avec la recherche « d'authenticité » que réclament les visi-teurs ?

En France, le concept de développement durable a des difficultés à devenir opérationnel pour un projet de territoire dont l'élément patrimonial est le pay-sage ; il est souvent tiré vers l'écologie ou le déve-loppement culturel au détriment du social ou de l'économique, alors même que la plupart des sites patrimoniaux sont habités ou à proximité, à tout le moins sous influence de zones urbanisées. Pour les responsables de ces sites, il est plus facile de décider de travaux que de bâtir une démarche d'amélioration continue dans la durée qui favorise une rencontre fructueuse entre un lieu patrimonial, ses habitants et ses visiteurs. Des décisions hâtives sont alors

prises pour faire face à des situations d'urgence sous peine de dégradations irréversibles ou à des conflits d'usages souvent aigus ; comment intervenir par la suite dans le site pour en rétablir l'intégrité sans le figer ?

En France, l'administration a retenu une appellation spécifique pour ces sites particuliers qui font partie du patrimoine national et quelquefois également du patrimoine mondial. Elle les nomme des « Grands sites ». Ils sont grands par leur valeur emblématique, par leur notoriété, par leur fréquentation et par leur impact économique sur le territoire qui les abrite. Ils méritent donc une attention et un soutien particu-liers pour rester à la hauteur de leur réputation.

Depuis 1996, à la demande du gouvernement fran-çais, le groupe de travail sur les sites, paysages et espaces patrimoniaux d'Icomos-France cherche à résoudre ces questions ; il a collecté les expériences réussies et les bonnes pratiques en France comme à l'étranger au cours d'une centaine d'auditions resti-tuées lors de 4 colloques internationaux.Aujourd'hui, l'analyse de ces bonnes pratiques lui per-met de proposer une méthode en 13 étapes* destinés aux décideurs et gestionnaires de sites patrimoniaux.

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Véritable guide pragmatique d'intervention dans les grands sites, la méthode permet de ne rien oublier d'essentiel tout en laissant à chaque site le choix d'un développement adapté à sa singularité.

Trois étapes sous forme de questionnement et de recommandations rythment le parcours que de-vraient suivre ces responsables pour réussir un projet de développement durable dans un « Grand site » et toutes les trois sont fondées sur la concertation et la recherche d'un consensus entre toutes les parties prenantes.

I / Identifier les fondements de la démarche

1.1 « Il est des lieux où souffle l’esprit… »Le recours a la notion d'esprit des lieux permet d'évi-ter l'arbitraire de choix uniquement esthétiques. Tra-duisant l'émotion qui saisit le visiteur à l'arrivée dans un Grand site, elle est distincte de la notion d'iden-tité qui résulte d'une analyse de nature scientifique. La préservation de l'’esprit des lieux, immatérialité du site, devra être le point de départ, puis le guide des réflexions et des actions : dans tous les cas « c'est le site qui commande ». La définition de l'esprit des lieux d'un site sera fondée à la fois sur des données objectives (caractères morphologiques, écologiques, climat, interventions anthropiques,...) mais aussi sur des valeurs subjectives, individuelles ou sociales ; cette émotion partagée, ne peut être approchée que par un travail de maïeutique des différentes parties prenantes (habitants, visiteurs, experts scientifiques, acteurs économiques...).

Il doit s'agir là du tout premier travail du comité de gestion / pilotage / concertation qui a décidé d'agir sur le site, ou de préparer cette décision. Un premier tour de table des membres d'une telle instance se fera autour de la question « pour vous, que repré-sente ce site ? », à laquelle chacun doit répondre en tant qu'individu, et non en tant que représentant de telle ou tel groupe, structure ou institution...

1.2 « On ne peut pas accueillir tout le monde en même temps au même endroit »Parce qu'un site saturé de visiteurs « perd son âme », déterminer sa capacité d’accueil est un élément indispensable à la réussite du projet. Cette capacité correspond au nombre de visiteurs à partir duquel l'intégrité du patrimoine est menacée, l'émotion du visiteur amoindrie et la vie sociale locale perturbée voire mise en danger. Le calcul de ce seuil ne résulte pas d'une formule mathématique mais d'analyses croisées des experts patrimoniaux, des habitants et

des visiteurs.

Elle peut être définie annuellement, ce qui concer-nera plutôt le risque de dégradation physique ou la capacité de résilience d'un patrimoine culturel ou naturel. La capacité journalière traduira davantage le ressenti des habitants permanents qui voient leur cadre de vie envahi pendant un temps plus ou moins long. La capacité instantanée, enfin, traduira plus, quant à elle, le sentiment du visiteur, « noyé dans la foule », ou au contraire, bénéficiant des conditions de sérénité requises pour la découverte. Cette capacité doit être modulée selon les secteurs du site, en fonction notamment de leur fragilité res-pective. Une telle analyse conditionnera le calibrage et la localisation des équipements éventuellement nécessaires, avec une distinction à établir entre des espaces à sanctuariser ou à ouvrir avec parcimonie et, à l'inverse, des lieux aptes à recevoir la foule sans dommage ( les « abcès de fixation » plus joliment tra-duits en anglais sous le vocable « honey-pot »).

1.3 « Le site appartient à un territoire »Un Grand site est quelquefois vécu comme un espace extra-territorial, objet de revendications, alors qu'il est dépendant de l'espace qui l'entoure dont il assure aussi le développement. Changer d’échelle est alors le sésame pour résoudre un conflit d'usage localisé sur un espace exigu, objet d'intérêts contradictoires ; ce « zoom arrière » n'est pas toujours facile à mettre en œuvre: il impose de solliciter d'autres proprié-taires fonciers, des communautés locales voisines, ou des collectivités publiques de rang supérieur, dont la collaboration ne sera pas toujours aisée à obtenir.

Ce sera donc l'occasion de mettre en exergue la solidarité qui lie objectivement un bien patrimonial à un territoire à définir : solidarité économique, bien sûr (par son activité touristique, par ses productions locales ...), solidarité sociale envers les habitants permanents du site ou ses opérateurs touristiques, solidarité environnementale également: (mêmes caractéristiques paysagères ou dépendance étroite d'un bassin-versant) solidarité d'image enfin, car le territoire dont on recherche la coopération va tirer parti de la notoriété du site patrimonial auquel il finira par être assimilé dans l'esprit des visiteurs... en bien ou en mal !1.4 « Des patrimoines multiples dans des lieux de vie

* Développées dans le « Petit Traité des Grands Sites» .-Éditions Actes Sud, 2009

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complexes»Dès lors qu'ils recèlent plusieurs types de patrimoines sur un même espace*, les sites sont trop souvent le théâtre de batailles d'experts (archéologues, natu-ralistes, historiens ou paysagistes...). Confronter les points de vue permet de décloisonner les approches techniques, condition nécessaire à la réussite d'un projet de préservation face à des acteurs sociaux ou économiques pour qui de telles divisions sont soit des sujets d'incompréhension, soit des aubaines dont il faut profiter … Pour les habitants ou leurs repré-sentants, en effet, le site est un lieu de vie (parfois un lieu de problèmes...) qui doit être traité comme un ensemble de richesses, et non être subi comme un « mille-feuilles » de contraintes diverses.

De surcroît, prendre en compte la diversité des approches permettra par la suite de restituer aux visiteurs la complexité du lieu et des intérêts variés qu'il présente. C'est non seulement enrichir la visite mais aussi se donner les moyens d'agir sur les flux de visiteurs et disperser la foule en plusieurs es-paces d'attraction pour éviter ou amoindrir certains engorgements.

II / Mettre en œuvre des solutions pragmatiques, adaptées à chaque site

2.1 « Les objectifs doivent être partagés et les pro-jets résulter de regards croisés »Une fois identifiées les valeurs du site, il faut fixer les objectifs de remise à niveau et de gestion durable des lieux. Définir un « projet de territoire », c'est identi-fier son porteur politique et ses partenaires, réaliser les études préalables, écrire ses modalités techniques et obtenir un consensus local et national sur la ma-nière de « servir le site et non de s'en servir ». In fine, le consensus doit se traduire dans un programme d'actions cohérentes avec une clef de répartition des apports financiers par partenaire. Les objectifs du projet et les actions retenues dans le programme font l'objet d'une convention formelle engageant l'ensemble des signataires dans la réalisation du pro-jet élaboré en commun.

Il peut s'agir d'une réhabilitation globale si le site est dégradé, de la mise en place d'équipements d'accueil mieux intégrés -et réversibles- si c'est nécessaire ; il peut s'agir aussi d'assurer dans la durée une gestion de l'espace urbain, forestier, agricole ou pastoral au moyen de structures de gestion dédiées avec une équipe d'intervention adaptée.2.2 « Éviter la thrombose »

La régulation des flux de visite, doit être la décli-naison concrète des principes ci-dessus; elle assi-mile, pour sa gestion, tout site, même naturel, à un espace clos, comportant, selon la configuration spé-cifique des lieux, une ou plusieurs « portes d'entrées », l'identification de cheminements et de lieux de « ruptures de charge » permettant, une dispersion des visiteurs dans l'espace et dans le temps.

Il faut concevoir des aménagements d'accueil pro-portionnés a minima, réversibles et adaptés à l'es-prit du lieu et résister à la tentation d'un calibrage conditionné par la capacité nécessaire dix jours par an lors des très grandes affluences. Pour ces jours particuliers, on peut réserver des espaces d'accueil complémentaires simplement balisés et non aména-gés lorsqu'il s'agit d'espaces naturels ou bien éloignés mais reliés par navettes dans les espaces urbanisés.

Ce sont des techniques définies depuis longtemps, y compris pour la conception et l'entretien de sen-tiers piétonniers, mais encore trop souvent utilisées ponctuellement et non dans un schéma d'ensemble. Cette « accompagnement » du visiteur par le soin discret, mais néanmoins visible qu'on a pris de son confort, de sa sécurité et de son orientation, induit en général chez lui un comportement respectueux des valeurs patrimoniales du site et de la tranquillité des habitants.

2.3 « Comprendre pour aimer, respecter, protéger »Pour que le visiteur puisse « vivre le site » une préparation et une « interprétation », sur le terrain ou dans des lieux dédiés comme les « maisons de site » sont très utiles pour dépasser l'image, souvent simplificatrice qu'il peut en avoir et l'impression immédiate qu'il ressent sans l'analyser. Ces techniques font appel à l'histoire locale ou nationale dans ses volets sociaux, économiques ou artistiques mais devraient aussi rendre compte de l'évolution géologique ou paysagère du site en évitant de tomber dans une didactique excessive.

La compréhension d'un lieu est la clé de son res-pect, mais la liberté du visiteur est la clé de son contentement.La signalétique en particulier doit éviter d'être foison-nante ou ostentatoire au risque de désorienter le visi-teur et/ou de contrecarrer son approche personnelle

* Les biens « mixtes » du patrimoine mondial, et les inscriptions sur la liste Unesco opérés selon un nombre important de critères sont de belles illustrations de ce principe

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des lieux.Espace dédié aux services parfois les plus prosaïques, sas de régulation permettant une première disper-sion de la foule, mais aussi lieux où le sens et les va-leurs du site sont expliquées, les « maisons de sites » ou centres d'accueil, jouent un rôle essentiel dans ce processus d'acculturation ; néanmoins, la ten-tation de la disproportion est souvent grande chez les responsables locaux alors que ces équipements (inaugurables !) ne sont qu'un élément, parfois même inopportun, d'un dispositif d'accueil qui doit toujours servir l'esprit des lieux en s'effaçant le plus possible.De même, les événements culturels ponctuels (concerts, théâtre..) doivent illustrer les valeurs et le sens du site et non se borner à tirer parti d'un décor.

2.4 « Le commerce est nécessaire, mais ne doit pas tuer le lieu »Prégnance insupportable des « marchands du temple » ou légitime promotion, voire débouché privilégié des produits locaux, la place et le rôle du commerce doit être à la fois reconnu et encadré car il peut être un important facteur d'équilibre budgétaire pour le gestionnaire.

Les produits ou articles proposés devraient contri-buer à promouvoir le territoire et bénéficier à son économie, tout en restant en rapport avec le site. Y parvenir résulte d'une réflexion et d'une organisation volontaire pour l'éviction des souvenirs standardisés qui banalisent le site visité.

Pour y parvenir, l'intervention publique peut prendre plusieurs formes complémentaires : réglementation des commerces sur l'espace public, charte de qua-lité avec les prestataires, voire mise en place d'une marque et d'une offre publique de référence, en amont de la vente (organisation des circuits courts) ou au contact-même des visiteurs (point de vente public dans le site ou dans l'espace d'accueil)

Les commerces d'un site véhiculent en effet son image pour longtemps : le visiteur « achète un frag-ment du site » qu'il baptise « souvenir »: il importe donc que ce dernier soit authentique !

III / Créer les conditions d’un développement durable

3.1 « Le site, c’est aussi et d’abord l’affaire des habitants »Alors qu'ils ont été longtemps les oubliés de la ges-tion du patrimoine, la participation réelle des habi-tants (et non une simple information/consultation) doit être recherchée dès la conception du projet de

réhabilitation ou de mise en valeur. Dépositaires de la mémoire des lieux et impliqués en permanence dans leur gestion (agricole, pastorale, forestière, mais aussi maintien des ensembles bâtis anciens) les habitants peuvent contribuer, de surcroît, à enrichir le contenu des visites.

Intégrer la préservation de leur tranquillité et de leurs activités dans les objectifs de gestion des flux est un droit fondamental à respecter : Pour ne pas transfor-mer un site en « réserve d'indiens », il est nécessaire également d'intégrer dans le projet de territoire leur accès au standard national de bien-être pour définir des modalités de développement compatibles avec la préservation patrimoniale.

Les textes internationaux relatifs au patrimoine font de plus en plus de place à ce savoir autochtone et aux modes de vie locale dont le maintien conditionne lar-gement celui de l'authenticité des lieux: c'est grâce à ses habitants que le site reste « en état de marche ».

3.2 « Le site doit participer à l’économie locale »L'intégration aux circuits économiques locaux per-met de promouvoir les ressources locales et d'éviter la mono activité touristique qui fragilise les sites et accroît la pression foncière. La césure qui s'opère sou-vent entre l'économie locale « classique » et les acti-vités d'accueil touristique est en effet un phénomène mortifère pour la première et appauvrissant pour la seconde. Une consommation privilégiée des produits locaux, auxquels la fréquentation offre un évident débouché, doit être soutenue et, le cas échéant mise en place.

Il s'agit aussi d'organiser et de rendre lisibles à la fois les retombées économiques des visites sur le territoire environnant, et la contribution (directe ou indirecte) des visiteurs à la pérennité du patrimoine qu'ils parcourent. Des études ont démontré que pour un euro dépensé en France par les collectivités régio-nales ou départementales dans la réhabilitation ou la gestion d'un site, ces dernières en récupéraient dix, grâce aux différentes taxes prélevées sur les activités d'hébergement et sur les dépenses effectuées par les touristes pendant leur séjour.

La mention, sur les tickets de stationnement par exemple, de l'affectation des recettes tirées des visi-teurs à l'entretien des lieux rend les touristes conscients de la valeur du patrimoine et des charges nécessaires à son entretien ; il ne s'agit pas pour autant d'équilibrer la totalité des dépenses occasionnées : un site patri-monial ne saurait être ou devenir un centre d'activité

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autofinancé avec les dangers que cela comporterait pour sa pérennité (augmentation de la fréquentation sans plus tenir compte de la capacité d'accueil).3.3 « Le site doit être géré et cette gestion associer tous les acteurs, publics et privés »La gestion du site comporte, de façon souvent diffé-renciée mais toujours complémentaire, l'entretien physique du site - monument (y compris en termes de propriété foncière), et la gouvernance du site - territoire et des acteurs multiples qui y ont une part d'intérêt.

Une structure de gestion dédiée permet d'identifier toutes les dépenses d'aménagement et d'entretien du site et les responsabilités financières, civiles et pénales de chacun des partenaires. Une telle struc-ture de gestion est d'ailleurs maintenant exigé, à juste titre, dans les sites du patrimoine mondial. Au mieux, elle bénéficie de délégations de compétences de la part des collectivités ou des propriétaires du site. A tout le moins, elle joue le rôle d'un d'un médiateur entre les différents acteurs publics et privés du site et gère le budget qu'ils ont affecté au site.

Établie pour une durée limitée (6 à 10 ans en général) sous forme d'un schéma stratégique de site, la gestion d'un site s'apparente à un Agenda 21 local (large par-ticipation de tous les ayant-droits, prise en compte de l'ensemble des aspects environnementaux, sociaux et économiques), et la figure du « directeur de site » en constitue le pivot. Animateur d'une équipe sou-vent réduite et polyvalente, du garde saisonnier au spécialiste de la médiation culturelle, ce dernier est l'intermédiaire entre les élus locaux, les acteurs tou-ristiques et économiques, et les services et agents de l'État garants de la préservation du patrimoine.

Le plus souvent organisme public local à compétence spécialisée, la structure de gestion peut être financée par des ressources propres, rétributions d'un service rendu aux visiteurs (parkings, vente de produits déri-vés du site) et par des contributions des collectivités et organismes qui en sont membres.

Pour encourager les gestionnaires à rechercher une gestion conforme au développement durable, l'État français dispose depuis 2000 d'une marque indus-trielle dont il est propriétaire « Grand Site de France ». Son octroi est soumis à des critères de labellisation rigoureux. Ce label a reçu force de Loi en 2010 : le ministre chargé des sites est désormais habilité à le conférer, après avis de la Commission Supérieure des Sites, à la structure gestionnaire d'un site protégé de forte

notoriété, qui a atteint un niveau d'excellence en ma-tière de préservation du patrimoine, de bien-être de la population et d'accueil du public. Dix sites français ont reçu cette distinction à ce jour.

3.4 « Les expériences doivent être partagées pour une meilleure gestion des sites »Le développement des démarches Grands Sites est allée de pair avec leur mise en réseau, parfois même avec des jumelages entre sites du même type (sites du littoral, de gorges, de vignobles...). Partager les ex-périences, c'est bénéficier de références pour des so-lutions aux problèmes rencontrés et c'est provoquer une meilleure compréhension des difficultés pour les responsables. En France, nombre de gestionnaires de biens patrimoniaux, culturels, naturels ou paysagers, ont mis en place ce type de fonctionnement permet-tant l'échanges d'expérience et l'élaboration com-mune de savoir-faire : « Forêts-patrimoine », réseau « Villes d'art et d'histoire », « Réserves naturelles de France » etc,

Une « coopération décentralisée » se développe également entre des gestionnaires de sites sur les 5 continents : visites réciproques de spécialistes ou d'habitants, accueil de stagiaires, réalisation de pro-jets concrets de développement de l'accueil ou de l'économie locale, plus généralement mise en œuvre de solidarités financières, d'ingénierie ou scienti-fiques avec les pays moins avancés en termes de ri-chesse ou de technicité.

3.5 « L'évaluation est la condition d'une gestion du-rable »Pratique devenue courante dans les politiques publiques, l’évaluation est désormais légalement nécessaire dans les Grands Sites en France pour la reconduction de leur label. Auto-évaluation ou audit externe, elle permet un processus d'amélioration continue par l'analyse des différents indicateurs rete-nus : satisfaction des visiteurs, développement local, respect des habitants et conservation du patrimoine sont autant « d'instruments de bord » qui rappellent au gestionnaire que « ce n'est jamais fini » ! L'éva-luation rend également compte de la pertinence des projets menés et du rapport coût /qualité des travaux réalisés.

L'évaluation va permettre de fonder les stratégies de gestion et d'ajuster les orientations et les objectifs aux évolutions constatées dans la conservation du site, dans l'économie et la société locales et dans les caractéristiques de la fréquentation touristique.Voici les recommandations que le groupe de travail

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propose de suivre aux décideurs locaux et nationaux à chaque fois que des interventions importantes sont nécessaires dans les Grands sites patrimoniaux, qu'ils soient Français ou étrangers, après une nécessaire adaptation aux règlementations nationales et aux usages locaux de concertation. Les biens patrimoniaux les plus emblématiques de notre planète, ceux qui sont, de ce fait, les plus menacés par leur succès-même de fréquentation, pourront, eux aussi, faire la démonstration que patri-moine et développement sont deux notions qui se confortent plus qu'elles ne s'opposent en dépit de conditions de départ particulièrement défavorables que sont l'invasion par une foule curieuse mais sou-vent mal informée, exigeante mais peu disciplinée, de territoires et de sociétés particulièrement fragiles.

Certains sites, en France ou dans le monde, ont ainsi inventé un développement durable dont le

Le Marais Poitevin, « en dehors des canaux battus »Photo Philippe Braive

patrimoine est la source. C'est cette réussite que nous avons voulu partager avec vous.

Parce que ça marche !

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Village de Gavarnie hors saison touristique : parkings invisiblesPhoto J-P Thibault

Carcassonne, Rocamadour ou le Mont St-Michel ?Photo Michèle Prats

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Cinque Terre (Italie)Photo Philippe Braive

Pays Dogon (Mali)Photo Lassana Cissé

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Dune du Pilat, Anne-Fançoise Pillias

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Le Mont St-Michel au péril... des parkingsPhoto RGSF, Léonor Chabason

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HERITAGE, DRIVER OF DEVELOPMENT

LEARNING FROM EAST ASIAN HERITAGE AS AN ALTERNATIVE MODEL OF FUTURE DEVELOPMENT

Sungwoo KimYonsei University Dept. of Architecture, Sinchondong [email protected]

Abstract. To the people of East Asia, modern development has been the realization of Western views of man and nature over the traditional environment which was built based on totally different cultural values. Most urban areas of East Asian cities are already dominated by modern development, therefore, traditional artifacts and edifices are left as segregated islands of heritage. This paper aims to identify the attitude of development that can be learned from traditionally built heritages of East Asia as opposed to modern deve-lopment. The hope is that, based on learning from traditional development, which is based on organic view of the world, we can re-direct our future development in a more balanced manner. It seems obvious that the attitude of modern development, which is based on mechanic view of the world, needs to be critically revised, such that a more balanced approach between a mechanic and an organic attitude is attained.

1. Urban development and heritage sites

Modern history in Asia, has affected tremendous change in urban configurations from the traditional urban landscape to the modern cityscape with high-rise buildings. The process of modern change, which was generally understood to be a more developed achievement than traditional setting, took place largely in the 50 years of the second half of the 20th century. During this period of change, it was not easy for Asians to objectively identify the real cultural value and meaning of the impact of modern urban development, which actually was quite a shocking experience compared to the long-lasted traditional urban landscape. The present situation of Asian cities, is one in which only some significant cultural heritage sites remain, as heterogeneous islands within the areas of wide-spread modern development. This paper intends to question the validity of modern development - not from the viewpoint of Western modernity, but from the position of raising awareness of the residual heritage islands still extant in Asian historic cities. The discussion will deal with more conceptual issues than concrete urban aspects, and therefore, the argument will rely more on general understanding or cultural commonalities of historical cities rather than factual features. The reason why the paper limits the discussion into the cities of East Asia, is because, besides the reason that they are more familiar to the author, they share similar cultural background which is uniquely different from the Western culture. The drastic urban change during the 20th century, for

Asians, was less a process self generation, but more a process of historical inevitability. During the course of urban development of the 20th century, Asians were enforced to understand the urban change based on the standard of Western modernism, therefore viewing the changed urban scene from the point of traditional culture was not easily possible. In the 21st century, Asians should be able to reevaluate the pre-sent urban condition in more objective perspective. But the question is what should be the viewpoint and standard of such evaluation. If we adopt the view-point of Western modernity, we can only justify the reality of modern urban condition as developed stage from the traditional stage of under-development. The traditional urban environment, however, is not neces-sarily under-developed situation, but are the cases developed in different value system and world view. Therefore, we are tempted to view the modern urban development, which represent Western value more heavily than the values of Asian locality, from the viewpoint of traditional urban environment. Modern change and traditional environment cannot be lined up according to one-dimensional measuring scale of development and under-development, but they need to be understood based on the characteristics of spi-ritual value which determined the direction of the ci-ties differently. This is the underlying reason why we suggest the attempt of evaluation of modern urban development from the viewpoint of heritage sites re-maining in East Asian historical cities. We believe that the attitude of future urban development of the 21st

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century needs not only the value of Western moder-nism, but also the value of East Asian tradition.It is not easy, of course, to generalize the characte-ristics of numerous urban heritages of East Asian cities, as well as the values underlying those heri-tages. This discussion can only be a conceptual at-tempt to be able to help opening the cross-cultural understanding of modern urban change. No city can be free from its own cultural background. Instead, a city is a most synthetic expression of particular cultural system. Although the physical facts of the heritages are different, they share common natures of the cultural value, especially the spiritual value of worldview, which is totally different from that of the Western modernism. This fact of different spiritual value of worldview between the West and the East supports the necessity of our attempt despite the problem of generalization mentioned above. Modern urban development of the 20th century, too, needs to be understood from viewpoints outside of Wes-tern modernism for more balanced understanding of what they really were. The eventual goal we are aiming through this discussion is not just to criticize one from the viewpoint of the other, but to see the possibility of generating new model of urban deve-lopment that might be more suitable for the future urban change. As a first step of pursuing the goal, the discussion intends to identify the meaning of urban development based on the attitudes pertaining to the remaining urban heritage sites. Urban development in the 21st century is in need of a significant recali-bration of its strategies - not only for the preservation of heritage sites, but also for the direction of future development. As spiritual assets, the particularities of cultural views are not less important for develop-ment than the physical or economic consequences of heritage-related development.

2. New definition of urban development

Official designation of heritage is an inevitable me-thod of preservation. In urban areas, however, such designation works more as a means of granting per-mission for development in undesignated areas. His-torical cities as a whole and the invisible system of network have more significant heritage value than their separately designated parts. Modern develop-ment, which has already appropriated the majority of undesignated urban regions, and therefore left few islands of heritage, brutally devastated the traditio-nal urban landscape to the point that it can never be restored. The values of heritage sites, which are safe-guarded from such devastation, in actuality, conflicts with the values of modern development right next to them. Modern urban development, which once was believed to be the sign of progress, has been, in fact,

an imposition of Western views of man and nature on traditional Asian urban environments. Therefore, to be able to re-direct future development, it is neces-sary to re-identify the nature of urban development according to the values of traditional heritage, not necessarily to substitute one by the other, but to har-monize the two different ways of approach. Global spread of single value system is detrimental for man-kind because human culture can only be meaningful when different value systems of different cultures can mutually compensate each other. No culture is complete by itself. An attitude of urban development based on one culture, by the same token, needs to be compensated by the attitude of different culture.In the past, “development” meant “progress”. Nowa-days, no one believes the substitution of traditional environment by huge concrete structures is a sign of progress. The utopian expectations and the hope of progress of modern development proved to be an unattainable fantasy if not a failure. Hence, evalua-tion of modern development needs to begin by ques-tioning the very meaning of “development”. Perhaps a more holistic concept and strategy of urban deve-lopment is necessary. One can hardly achieve the goal of establishing wholly new system of urban develop-ment, but he can start by trying to newly define the meaning of “development”. The logical clue for re-de-fining urban development can be found from the way those islands of heritages in the historical city were originally perceived, built, and managed. If urban de-velopment in East Asian cities, as well as cities in other parts of the world, can be approached in a way that is more sensitive to the spirit of local heritage, a more balanced and harmonized relationship between the conflicting values of Western modern and traditional Asian can be achieved. This preliminary discussion is focused on defining what should be the meaning and value of urban development from the viewpoint of East Asian traditional urban heritages. The following five points are the issues raised for the purposes of such objective :

¾ 1) “Development vs. transformation”: Deve-lopment should not mean total replacement of the old by the new, but “adequate transfor-mation”, because respect of the past instead of negation of the past has to be the back-ground motivation for development. Modern development has excessively justified human interference over history and nature.

¾ 2) “Creation vs. generation”: Man’s total creation based on human knowledge should not be a justification of all aspects of urban change, as human intervention should allow for the autonomous processes of the natural

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environment and the self-generative systems of existing conditions. Sustainable develop-ment should be able to allow for change to happen, rather than creating all changes itself.

¾ 3) “Space vs. space-time”: Development should not be a one-time action of spatial impo-sition of man-made structures, but an approach that allows gradual change in spatio-tempo-ral cycle. Modern development neglected the importance of balance between space and time by trying to create spatially satisfying condition.

¾ 4) “Mechanic function vs. life interaction”: The efficient resolution of functional problems is an important consideration, but, at the same time, the life quality of the man-environment interaction should be emphasized as well. Because an urban environment is also a living organism, its function is not only a mechanical arrangement but also involves the interactive and organic relationships of “life”.

¾ 5) “Man-centeredness vs. holistic totality”: Modern development observed man-cente-red attitude, which inevitably, damage the balance and totality of the man-environment relationship. Because man is not the owner of the earth, but merely a visitor and participant, a man-centered attitude is not a desirable way to achieve holistic totality.

3. Mechanic vs. Organic

The five points mentioned above are not about the method of development but the concept of deve-lopment. Whether the five points objectively repre-sent the values of Western and Asian development concepts is, perhaps, debatable. It should be reco-gnized, however, that there is no single concept of development that is universally applicable. Instead, all concepts of development, including those of Western modernity, are culturally conditioned ap-proaches from the very beginning, and therefore, represent particular cultural views of the world. The five points, mentioned above, are, at least, one pos-sible effort to describe the different values between the West and the East Asia. As long as the underlying spirit can be agreed, the details of expression of the five points could be amended if necessary. During the course of modernization of the 20th century, Asians directly borrowed the concept of modern develop-ment, as denoted here by keywords such as “deve-lopment”, “creation”, “space”, “mechanic function”,

and “man-centeredness”, and directly applied these concepts to the development of their historical cities. In such attitude of development, the environmen-tal qualities of traditional value, as denoted by the keywords such as, “transformation”, “generation”, “space-time”, “life interaction”, and “holistic totality” were relatively ignored. The five pairs of keywords, by themselves, imply different direction of urban de-velopment from that of Western modernism.The more important question here concerns the validity of the characteristics of the different world-views upon which the concepts of development were conceived rather than the validity of the keywords. Although it is not easy to summarize the characte-ristics of the worldviews with single words, terms such as “mechanic”, representing the Western, and “organic” representing the East Asian, can serve the purposes to a certain degree. There is no clear cut division between “organic” and “mechanic” atti-tude, but one can only apply the terms to designate rough tendencies of general characteristics. At least, it seems sufficient to say that, in the value system of East Asian culture, man-made environment was understood as an organic part of the holistic totality, whereas, in the value system of Western modern culture, urban development is basically conceived as a type of mechanic device to satisfy new unban functions. Of course, such an idea of modern deve-lopment of the West is rooted in the Newtonian un-derstanding of the mechanic worldview, while, the East Asian approach is grounded in the traditional philosophy of Chi(氣) as well as sky-earth (天地) cos-mology. After all, we end up discussing the validity of the “mechanic” and “organic” approaches of urban change as represented in modernized urban areas and in heritage islands of historical cities. No one can insist that one approach is more valid than the other. The only reality that cannot be denied is the fact that most historic cities have already been developed by mechanic approaches leaving limited island areas of heritage sites, which were more organically genera-ted before modern developments took place.In between the two approaches, the organic and the mechanic, the fundamental question may be that whether desirable urban development requires the qualities of one of the two, or both. It is for sure that modern cities needed new resolution for new urban functions which can never be achieved without me-chanical approach. During the period of world-wide modernization, mechanical approach was widely justified not only in urban development but also in all aspect of modern life. If the value of urban deve-lopment should be based on the balance between organic and mechanic approach instead of one of the two, the real question that needs to be asked is not

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the validity of mechanic approach but the validity of organic approach, since organic approach is not fami-liar at all as an approach of urban development. This is to ask whether man’s living environment, originally, requires organic quality as well as mechanic quality. We believe that the present symptoms of man’s living on earth, including the problems of weather change and environmental sustainability, answers the ques-tion. The argument being made here is that future development in the 21st century should be shifted toward a more organic approach, thus allowing the two viewpoints to achieve more of a desirable ba-lance. It is to say, in the course of our discussion, that urban change needs transformational quality as well as developmental, quality of self-generation as well as man’s creation, quality of space-time as well as space, quality of life interaction as well as mechanic function, and the quality of holistic totality as well as man-centeredness.

4. Learning from East Asian urban heritage

One might argue that if such ideas of development based on an organic worldview are accepted as a new attitude toward development, urban development itself will not be possible. Perhaps, one could insist that the modern way of development should not be prevalent as it had been in the 20th century, because organic approach will resist total replacement of the old by the new. Development of total replacement could serve for mechanic function but it can damage the life interaction and relationship between the old and new that is necessary for holistic totality. Man’s intervention on earth in the 20th century must have respected the principles of organic approach, such as we have described in five points, to be able to pre-serve sustainability of both man and the earth. Me-chanic approach is very effective to satisfy short-term man-centered function, but it is not effective at all for long-term sustainability of man-nature relationship. Mechanic approach, from the very beginning, must have been applied in harmony with organic conside-ration. Organic approach is to respect the value of life. Man’s development of total replacement on earth is not the symbol of progress but the symbol of nega-tion of life. The world where man live, is not just a mechanic composition, but an organic system of life. If so, man’s development, too, cannot be an act of mechanic replacement, but organic transformation.We are not, however, positing a choice between the two, also we do not want to under-evaluate the va-lue of mechanic approach. Mechanic approach need to be pursued in the future as well, but in modified and balanced manner. Modern development is not

something that has totally failed or is fundamen-tally wrong either. However, the real problem is the degree of one sidedness of mechanic approach lea-ving out the necessity of the other side of organic approach. Whether the heritage sites in the historical cities represent the ideal balance between the orga-nic and mechanic could be controvertible. Heritage sites might not necessarily be the ideal cases of such balance. We can, at least, observe the way life quality is respected in man-made environment. No one can deny the fact the heritage sites employed more or-ganic approach than the modern development. Still, it is not only desirable but also impossible to try to achieve the urban development according to the way of traditional heritage sites. Through modern history, the mechanistic worldview served mankind tremen-dously, and we all deeply appreciate the contribution of the machines. At the same time, it should not be too late for man to realize the fact that the balance between the two attitudes is not a matter of choice but a matter of survival. As we all know very well, wit-hout the effort to balance the drive of mechanically based development with a more organic approach, the future of human sustainability is not going to be guaranteed. It is the responsibility of mankind of this period to find proper way of balancing the two.Human body includes mechanical function, but it is so within the system of life. The earth as well, includes mechanical function, but it is so within the system of life interaction among all constituent parts. Both man and earth include mechanic function but it should be able to work within the self-sufficient system of life. Human settlement on earth is not segregated place of living independent for itself, but it has to be an organic part of the environmental totality. During the period of modernization of the 20th century, man neglected the side of life interaction concen-trating heavily on the side of mechanic efficiency. Mechanic function, from the very beginning, must have been achieved within the realm of interactive relationships of life. The organic approach, after all, is a life-conscious attitude of development. The pairs of keywords mentioned above: “development vs. transformation”, “creation vs. generation”, “space vs. space-time”, “mechanic function vs. life interac-tion”, and “man-centeredness vs. holistic totality” are, in fact, representational ideas of mechanic and organic worldview. Mechanic side comes from man, and it is strong in enhancing efficiency. Organic side is not from man but existed from the beginning of the earth. This is why man’s mechanic devices should be able to remain harmoniously within the order of existing organic system. In the 20th century, man succeeded in creating mechanic artifacts, but failed in harmonious coexistence with the organic totality.

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Man creates and develops according to what he knows, but his knowledge is limited to the side of mechanical function. Man did not know that his knowledge alone cannot be the justification of his development. On the contrary, man’s knowledge can never reach to the level of understanding the mechanism of the whole life system of the nature, and this is the reason why organic approach could not go easily together with mechanic approach. Mechanic approach is what man can do, but organic approach cannot be done in the same way as mechanic. To be able to implement the organic approach, it is necessary for man to respect and follow the existing way of life rather than create and develop on his own. Another words, man can be proud of the mechanic achievements he made, but, he needs to be humble to be able to follow the way of life that have been existed from before the existence of man. Man creates machine, but life transforms itself through a generative process, not only in space but in spatio-temporal sphere. After all, throughout modern development, man’s creation has been man-centered mechanical intervention which disturbed the order of the overall life system of holistic totality. Hence, man should newly learn how to follow the way of life and how to harmonize the mechanic and orga-nic. It is very grateful for man to have those heritage sites remaining in historical cities, since they are the examples of such harmonization. To be able to move forward in the direction of a desired balance between the mechanic and the or-ganic, learning from the traditional heritages that remains in historic East Asian cities can be effective

references. The value of urban heritage in modern Asian cities, in this sense, is the value of the under-lying worldview upon which traditional cities were perceived and built. Whether or not man can learn the lessons of the organic approach from an East Asian worldview implemented in heritage sites is li-kely a critical issue for the sustainable future of not only urban development but also human existence. Based on such learning, however, we hope to be able to, at least, re-direct our future development in a more balanced way, and eventually set up an alterna-tive model of development that is different from that of the modern model of urban development. A revi-sion of the mechanic model of modern development in the direction toward the organic model, of course, is necessary not only for Asian cities but for all cities on earth. For this purpose, we should be able to lis-ten to the silent voice of the heritage islands in his-torical cities. If this assertion makes sense, it should be noted that the necessity of re-balancing between the mechanic and the organic approaches is not only applicable in the area of urban development, but also in most areas of modern life, and it should include all aspects of physical, social, and mental levels that underwent serious change during the period known as the “modern” movement. Perhaps modern man himself needs such re-balancing as well to achieve an ideal and holistic status of existence. Heritage can work as a driver of development and, at the same time, heritage can work as driver of human develop-ment and survival.

Fritjof Capra. 1975. The Tao of Physics. Colorado: Boulder.

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References

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HERITAGE, DRIVER OF DEVELOPMENT

LA CONSTRUCTION DE LA VILLE « DURABLE »L’Archéologie, un regard nouveau

Jean-Paul JacobInstitut national de recherches archéologiques pré[email protected]

Marie-Odile LavendhommeInstitut national de recherches archéologiques pré[email protected]

Résumé. L’archéologie participe à l’écriture de l’histoire à partir des traces matérielles. Trois lectures différentes des vestiges archéologiques (lectures monumentale, matérielle et territoriale), sont en lien avec trois projets d’urbanisme (projets de composition urbaine, d’économie de moyens et de lieux fédérateurs). L’incorporation des résultats de l’archéologie préventive et la prise en compte des enjeux de l’évolution de la ville sur le temps long permet un développement urbain durable. L’archéologie est alors un moteur de développement durable.

1. Introduction

L’archéologie a pour objectif de participer à l’écriture de l’histoire de l’humanité à travers la détermination, la caractérisation et l’interprétation des vestiges ma-tériels mis au jour tant par l’étude du bâti que par les fouilles. La démarche archéologique est interpelée et directement concernée par les projets urbains.La ville a une histoire, une épaisseur historique au sens propre comme au figuré, elle évolue dans un temps long qui est marqué dans l’espace. Tout pro-jet d’urbanisme est une prise de position à l’égard de ces traces (Koval 2000), en lien avec la quête de sens. Il peut y avoir une sanctuarisation des fragments de ville, un effacement de ces traces, ou encore un tra-vail sur les traces considérées comme substrat d’un projet d’urbanisme.L’archéologie permet de faire ressurgir des restes du passé un projet d’avenir ayant un sens en s’appuyant sur le réemploi, l’intégration des vestiges et des em-preintes archéologiques dans les réaménagements et la connaissance de l’évolution des villes dans le projet d’urbanisme (Lavendhomme à paraître).

2. Des milliers de découvertes issues de l’archéolo-gie préventive en France

Les travaux d’aménagement du territoire entraînent la destruction irréversible de sites archéologiques sur des milliers d’hectares. A contrario, ils permettent un accroissement important des données scientifiques

et de la connaissance du passé. L’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), établissement public de recherches et principal opé-rateur d’archéologie préventive en France, réalise environ 1500 diagnostics et entre 200 et 300 fouilles annuellement. Les opérations concernent l’ensemble des périodes chronologiques et sont situées aussi bien dans les centres anciens des villes actuelles, que sur de vastes territoires ruraux souvent liés aux grands travaux d’aménagements. Les vestiges mis au jour suivent cette même diversité : des traces fugaces permettant l’appréhension du paysage aux lieux pu-blics (temples, théâtres, églises, châteaux…) excep-tionnellement bien conservés. Les nombreuses publications issues des dé-couvertes effectuées, démontrent l’évolution de la recherche dans ce domaine. Les méthodes liées à l’ar-chéologie préventive permettent d’appréhender des espaces nettement plus importants dans une optique dynamique. Nous sommes passés en moins d’un demi-siècle d’une archéologie centrée sur le monu-ment, aux réflexions sur le territoire en mutation. Les questionnements actuels sur l’archéologie de la ville tournent autour de la détermination du système de mise en place des principales aires urbaines actuelles. L’analyse des processus de mutations s’appuient sur la description des périodes charnières dans l’évolu-tion des villes.

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3. Des liens possibles avec le présent voire la prospective

Les métropoles actuelles sont de plus en plus homo-gènes et à la recherche de sens. Cette recherche iden-titaire, ce travail sur la réinvention du patrimoine, est œuvre quotidienne de l’urbaniste (Bourdin 1984). Face aux connaissances archéologiques renouvelées, plusieurs perspectives peuvent être formulées pour créer des liens entre le passé et le présent : le passé magnifié et fantasmé avec la question du patrimoine remarquable et du patrimoine banal, la connaissance du vécu et de l’intelligence du site pouvant entraî-ner une économie et une écologie, voire éviter une tragédie, et enfin la connaissance territoriale per-mettant l’intégration du projet dans sa structuration diachronique.

3.1. UN PASSE MAGNIFIE : TOULOUSE – LA MISE EN VALEUR D’UN SITE HISTORIQUE DANS UN BATIMENT PUBLICLa première piste de réflexion voit l’archéologie à tra-vers l’analyse du monument pour le mettre dans une perspective historique. Les vestiges archéologiques deviennent des monuments historiques, des lieux de mémoire. La fouille, sous la responsabilité de J. Catalo, de l'aile méridionale du tribunal de grande instance de Tou-louse (Midi-Pyrénées) a permis à la maîtrise d’ou-vrage, après la découverte des vestiges du château Narbonnais et la décision conjointe du ministère de la justice et du ministère de la culture de les conserver, d’engager à l’automne 2005 des études de faisabi-lité puis d’adaptation du projet judiciaire, en relation

étroite avec la direction régionale des affaires cultu-relles Midi-Pyrénées et l’Inrap (Inrap 2009 et infor-mations Jean Catalo). Les vestiges antiques (porte narbonnaise) et médiévaux du château sont conser-vés au niveau des fondations sur environ 4 mètres de hauteur (figure 1). L’objectif de la mise en scène est d’expliquer l’évolution diachronique caractérisée par la pérennité de la fonction judiciaire du lieu. Sa dimension exceptionnelle, de la porte antique jusqu’à aujourd’hui, est mise dans une perspective historique expliquant les implications politiques, sociales et culturelles du lieu. Ici, des multiples opérations préventives, seuls quelques vestiges exceptionnels sont intégrés dans les projets d’aménagement, les autres sont dé-truits après étude. La dimension historique du monu-ment est mise en valeur (Choay 1999 et Nora 1997).

3.2. L’INTELLIGENCE DU SITE : SAINT-GEORGES-LES-BAILLARGEAUX – LA CONNAISSANCE DU SITE RETRANSCRIT DANS UN PROJET D’ECO-QUARTIERDans la deuxième proposition, les artefacts et éco-facts découverts par les archéologues sont réinterpré-tés par l’urbaniste dans son projet. L’espace physique est compris et accepté comme une évidence dans les projets. La fouille préventive est d’abord perçue comme une succession d’artefacts pouvant intégrer le projet.La fouille, qui vient de se terminer sous la responsa-bilité de P. Maguer, d’une ferme fortifiée gauloise à Saint-Georges-lès-Baillargeaux (Poitou-Charentes) a permis de mettre en évidence des éléments de l’évolution physique du site pouvant intégrer le futur

Figure 1. Mise en valeur du château Narbonnais dans la cite judiciaire de Toulouse (© Gilbert Cousteaux).

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éco-quartier prévu à cet emplacement (figure 2) (In-rap 2011 et informations Patrick Maguer). Ce haut lieu symbolique, probablement « aristocratique », évolue dans la longue durée par déplacements successifs sur un même territoire politique. Il laisse des traces dans le paysage actuel : une zone humide drainée durant la période gauloise et des restes de probables haies séparées d’environ 20 m limitant l’impact du vent sur les constructions situées au sommet de la pente. Face à ces connaissances, le projet d’éco-quartier va probablement être modifié pour réinterpréter ces éléments : la zone humide sera mise en scène pour récupérer les eaux pluviales et le dispositif de haies successives pourra permettre de valoriser les par-celles actuellement très venteuses.

Cet exemple s’inspire de l’approche développée dans l’écologie industrielle, nouvelle pratique de mana-gement environnemental partant des différentes contraintes, cherchant à intégrer l’environnement dans leur stratégie et favorisant « le fonctionne-ment quasi cyclique des écosystèmes naturels » (Erk-mann 1998). Il rend compte de la problématique de l’aménagement du territoire dans une approche durable intégrant les connaissances physiques du territoire dans le projet d’urbanisme. Ce sont des projets novateurs et pourtant très classiques basés sur les économies de moyens. Le site n’est pas ou-blié. La mémoire est là : par son utilisation, le « sens » est donné (Choay 1999 et Nora 1997). Le patri-moine, qu’il soit exceptionnel ou banal, est consi-déré pour sa valeur physique. Tous les artefacts et écofacts intègrent potentiellement les projets. Les projets tiennent compte de l’intelligence du site.

Figure 2. Saint-Georges-les-Baillargeaux, ferme fortifiée gauloise, vue aérienne après le décapage de la zone de fouille (© www.studio86.fr).

3.3. LA STRUCTURATION DIACHRONIQUE DU TER-RITOIRE : BORDEAUX – UN PROJET D’URBANISME GLOBAL DU CENTRE-VILLELa troisième piste de réflexion est issue d’une lecture archéologique à l’échelle territoriale permettant une intégration des concepts nés de l’évolution des terri-toires (Rémy et Voye 1992). La fouille préventive est considérée comme l’objet d’une réflexion territoriale. Les hypothèses liées à la détermination des facteurs de mutation sont prises en compte dans le projet. Aucune ville ne revendique clairement la connais-sance archéologique comme porteur d’un projet. Il n’est pas le fruit d’une décision politique volonta-riste. Pourtant plusieurs s’en inspire de manière plus ou moins consciente. A Bordeaux (Aquitaine), les multiples opéra-tions archéologiques concomitantes réalisées entre 2000 et 2003 (sous les responsabilités de W. Migeon, Chr. Sireix, F. Gerber et K. Chuniaud) lors de la créa-tion du tramway, de la construction de parkings souterrains et du réaménagement de trois places stratégiques, intègrent le projet d’urbanisme (figure 3). Trois places principales sont liées à ce projet : la place Pey-Berland, la place de la Victoire et celle de la Comédie. Formant un triangle, elles se répondent pour permettre des échanges sociaux concentrés dans le centre. Elles sont également situées à l’em-placement de lieux occupés depuis l’Antiquité, voir depuis la protohistoire (Lavaud 2009). La ville de Bordeaux a donc évolué dans la longue durée par le système de la lente évolution sur place

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via une assimilation successive des différentes cultures. La connaissance de ce type d’évolution diachronique de la ville dans le cadre d’une unité de lieu permet l’appropriation de vestiges archéologiques en les incorporant dans le projet de réaménagement, voir en le modifiant : la découverte d’une tour-porche de la cathédrale Pey-Berland (Migeon 2003) nécessitant la modification du projet est intégrée par une plaque commémorative expliquant la découverte dans un langage architectural propre à cette place (figure 4) ; le réaménagement du Cours du Chapeau Rouge redynamise une rue de tout temps stratégique (figure 5) (Chuniaud et Sireix 2006) ; les quais retrouvent leur importance tout en se modifiant radicalement (du port d’origine antique puis médiévale ils deviennent un haut-lieu de rencontre et de détente en étant réinterprété comme une promenade entièrement réaménagé sur 5 km de long) (Gerber 2006) ; la place de la Comédie redevient ce haut-lieu qu’il a toujours été, cœur du village protohistorique, lieu d’un temple antique et maintenant centre culturel et touristique (Sireix et Boccacino 2007). Ainsi les différentes places stratégiques actuelles se répondent rappelant par là que cette ville n’a pas qu’un riche passé inscrit dans une architecture du XVIIIe siècle, mais un encrage historique nettement

Figure 3. Bordeaux : projet d’urbanisme et évolution du centre-ville depuis 2 600 ans (© Marie-Odile Lavendhomme, Inrap d’après Lavaud 2009).

Evolution de la ville de Bordeaux par lente assimilation successive entre l’occupation gauloise et la fin de la période médiévale

Les projets urbains et les zones de protections du patrimoine du centre-ville de Bordeaux qui s’inscrivent dans la poursuite des occupations antérieures

plus ancien. Ces lieux sont réinvestis par la population qui désertait petit à petit le centre-ville.

Dans cet exemple, le territoire est considéré comme le produit de la relation qu’entretiennent la société et l’espace. L’espace et le temps sont considérés en ce qu’ils ont de social, donc de relatif (Rémy et Voye 1992). Les spécificités relèvent de déterminants comme la dimension du politique, de l’économique, du religieux, du culturel. S’il y a des modifications de relation entre le lieu d’habitat et la vie sociale, il y aura des modifications des processus d’urbanisation de la ville, c’est-à-dire des processus à travers lequel la mobilité spatiale vient structurer la vie quotidienne. La détermination de ces processus de mutation permet de mettre en avant des lieux fédérateurs, porteurs de projet.

Le patrimoine est ici perçu à travers les lieux dans toute leur dimension sociale, culturelle, physique, politique et économique. L’émergence des lieux fédérateurs est liée à l’héritage du lieu (son sens, sa culture), au respect du site (son espace physique) en tenant compte des impacts environnementaux et à sa faisabilité économique (partenariat public-privé) (Hanin 2004). Les traces du passé servent à créer

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Figure 4. Intégration des connaissances archéologiques via une plaque commémorative située Place Pey-Berland à Bordeaux (© Marie-Odile Lavendhomme, Inrap).

l’avenir, le projet est lié à l’analyse de ces empreintes. La culture locale se poursuit dans la métropole. Le projet fondé sur les lieux fédérateurs perçoit d’abord la ville, et donc le patrimoine, comme un espace social global dans le processus de métropolisation. Les connaissances archéologiques sont mises en valeur.

4. Conclusion

La triple approche du passé magnifié, de l’intelligence du site et de la connaissance du vécu entraîne une économie et une écologie spécifiques (Lavendhomme à paraître). La connaissance

Figure 5. Fouille du Cours du Chapeau-Rouge à Bordeaux (© Patrick Ernaux, Inrap).

territoriale permet l’intégration du projet dans la structuration diachronique du site. Elle se fonde davantage sur les éléments pérennes des sociétés antérieures dans le projet d’avenir. Ces propositions nécessitent l’intégration de l’archéologie préventive dans la chaîne de l’aménagement du territoire : lors de la mise en place des projets stratégiques par la détermination des enjeux de mutations sur le temps long et durant les projets opérationnels par l’incorporation des résultats de l’archéologie préventive comme partie du projet d’urbanisme, le projet d’aménagement évoluant en fonction des découvertes archéologiques.Ainsi le patrimoine dans sa dimension archéologique est non seulement un moteur du développement, mais aussi et surtout un fondement essentiel pour un développement urbain durable.

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References

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Choay, Françoise. 1999. L’allégorie du patrimoine. Paris : Seuil.

Chuniaud, Kristell et Sireix, Christophe. 2006. Cours du Chapeau Rouge : Rapport de fouilles. Pessac : Inrap GSO.

Erkmann, S. 1998. Vers une écologie industrielle. Ed. Chales Léopold Mayer.

Gerber, Frédéric. 2006. Des rivages garonnais de Burdigala au Port de la Mer : étude de 2000 ans de rapports entre Bordeaux et son fleuve : présentation des opérations et synthèse des principaux résultats : Rapport de fouilles. Pessac : Inrap GSO.

Hanin, Yves. 2004. Mutations spatiales et recompositions territoriales : les processus territoriaux dans le cas de Court-Saint-Etienne (Belgique). Thèse : architecture, urbanisme et développement territorial : Université Catholique de Louvain, Louvain-la-Neuve.

Inrap. 2009. Cité judiciaire. Internet. Disponible à partir de http://www.inrap.fr/archeologie-preventive/Sites-archeologiques/p-8396-Cite-Judiciaire.htm ; accès 14 octobre 2011.

Inrap. 2011. Une ferme fortifiée gauloise en Poitou-Charentes. Internet. Disponible à partir de http://www.inrap.fr/archeologie-preventive/Actualites/Actualites-des-decouvertes/Les-dernieres-decouvertes/2011-2010/p-12786-Une-ferme-fortifiee-gauloise-en-Poitou-Charentes.htm ; accès 14 octobre 2011.

Koval, S. 2000. Paysage et projet urbain. In Hayot A. et Sauvage A. (dir.). Le projet urbain : enjeux, expérimen-tations et professions. Actes du colloque Les sciences humaines et sociales face au projet urbain, INAMA et SHS-Test, Marseille, 31-1-97/1-2-97 : 249-257. Paris : La Villette.

Lavaud, Sandrine, coord. 2009. Atlas historique des villes de France : Bordeaux. 3 vol., Bordeaux : Ausonius, Aquitania.

Lavendhomme, Marie-Odile. A paraître. La place de l’archéologie préventive dans le projet d’urbanisme en France. In Archeologia e citta : riflessione sulla valorizzazione dei siti archeologici in aree urbane : Convegno Roma, 11-12 febbraio 2010.

Migeon, Wandel. 2003. Suivi des déviations de réseaux du Tramway de Bordeaux : Rapport de fouilles. Pessac : Inrap GSO.

Nora, Pierre (dir.). 1997. Les lieux de mémoire. 3 vol., Paris : Gallimard.

Rémy J. et Voye L. 1992. La ville : vers une nouvelle définition ? Paris : L’Harmattan.

Sireix, Christophe et Boccacino, Catherine. 2007. Bordeaux, Parking du Grand Hôtel, 4

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HERITAGE ASSESSMENT AND REGIONAL DEVELOPMENT : A CHALLENGING DIALOGUE

Ezequiel M. Pinto-Guillaume

Archeologist and Illustrator, WSP Sverige [email protected]

Abstract. A dialogue with those who intend to develop a site is always challenging. As heritage curators, we must often give advice that developers may not want to hear because it might interfere with the realization of a project. In our work as environmental planners at WSP, we have experienced that it is difficult but of utmost importance to create an open dialogue with those involved in the development of sensitive cultural heritage areas at a regional level. However, we have realized that theory and practice do not always go hand in hand.In this paper, we will take a closer look at two recent projects in which we carried out a cultural and historical assessment and, also, an environmental impact assessment (cultural and historical as well as environmental impact assessments). In both, the team aimed to maintain a dynamic and functional relationship between the existing heritage and the planned future development of the areas. We will see how the outcome of both projects call for a re-examination of the importance of our preliminary assessments. We also believe

Insight: how cultural heritage is managed in Sweden

In order to understand how regional planning works we must first take a look at the organization of heri-tage protection in Sweden. At a national level it is the Swedish National Heritage Board (Riksantikvarieäm-betet), governed by the Ministry of Culture, that is responsible for World Heritage Sites in Sweden and other national heritage monuments and historical en-vironments. The goals of the agency are to encourage the preservation and protection of historic environ-ments and to promote the respect for and knowledge of historic environments. The Swedish National Heri-tage Board has nowadays foremost a counselling role.At a regional level, the County Administrative Board (Länsstyrelsen) is the Swedish government’s ex-tended arm when it comes to cultural heritage issues. The main responsibility of the County Administrative Board is to coordinate the development of the county in line with goals set in national politics. The County Administrative Board is responsible for the development of the county so that established national goals may be accomplished. In Stockholm County, the Administrative Board consists of approxi-mately 450 employees, of which circa 100 work for the cultural heritage unit (kulturmiljöenheten). This unit deals with planning issues, legal deductions and growth issues.Thus, the national government deals with issues at an

overall level, the County Administrative Board super-vises the issues, and the municipalities deal with the issues at a local level.At a local level heritage protection is dealt with by the existing antiquarian expertise that can be found within each municipality. However, most municipa-lities do not have antiquarian expertise; only about 40 of 290 employ antiquarians. Thus, other local ins-titutions, such as municipal museums, interest orga-nizations, and private actors. A common explanation is the lack of municipal economic resources and the result is a lack of knowledge of city planning.

Case 1: New residential areas around Åbyholm Farm in Vallentuna, Greater Stockholm

In the spring of 2009, in connection with the creation of a new zoning plan, Vallentuna Municipality plan-ned a new urban expansion to be located on the East side of the railroad tracks which pass through the co-nurbation. Cultural heritage analysis was conducted in Åbyholm as a basis for a park proposal, specifically Åbyholm Farm which has a significant cultural heri-tage value.

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The Municipality has decided that a major hou-sing development will be built during the next five years. A process to develop a number of zoning plans has started, two of which deal with Åbyholm Farm. The Culture Committee at Vallentuna Muni-cipality requested a cultural and historical analysis of the area surrounding Åbyholm Road. The County Museum soon realized that the development plans should include regulations for the shape and colour to be used for the new buildings and amenities in the area, in order for these to be adapted to the environ-ment of Åbyholm Farm. The area was carefully sur-veyed and assessed. A review of older historical maps was carried out and archive documents were studied. The results showed that Åbyholm Farm has, since 1790, had a significant impact throughout the his-tory of Vallentuna. Our cultural and historical assess-ment was taken into consideration by the landscape architects who developed a proposal for the Åbyholm area. This led to the inclusion of some of the most important historical features of the area in the new

Bronze/Iron Age burial mound near Åbyholm Farm in Vallentuna. One of the many significant cultural heritage areas to be taken into consideration in local and regional planning of Greater Stockholm.

project. One example is that the course of the old me-dieval road, which ran through the area, is once again a main road. In addition, Åbyholm Farm abandoned water spring has been turned into ponds and is part of the landscape design of the area. A third example is the recovery of the bond between the sacred and the profane administrative functions in the area.Vallentuna Municipality was satisfied with our as-sessment and our development guidelines but they moved on to other higher priority projects in neigh-bouring and adjacent areas. The original develop-ment plan from 2005 remains untouched but the deadline to begin building residential areas in 2011 has not been changed. It is our hope that when this area will be developed the cultural heritage assess-ment be included in the guidelines.

Laws and rules that protect Cultural Heritage in Sweden

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As we have seen, it is the County Administrative Board that represents cultural heritage interests in community planning and ensures that the laws and rules for protection of cultural heritage are followed.In Sweden there is a Planning and Building Law (Plan- och bygglagen) which regulates the zoning of land, water and built environments. This law is imple-mented at a local municipal level. The municipalities are responsible for the greater part of what shall be preserved. However, the lack of antiquarian exper-tise often causes difficulties. In addition, there is also a Cultural Heritage Law (Kulturminneslagen) which is implemented by the County Administrative Board at a regional level. When the municipality presents a new plan it has to consult with the County Administrative Board at eve-ry stage of the zoning process (program stage, detail plan stage, public exhibition stage and the accep-tance stage). The County Administrative Board makes a professional assessment at each stage and strives towards achieving that the ancient monuments re-main untouched from exploitation.In sum, it is the County Administrative Board who always has the last word. It monitors the natio-nal interests at a regional level. These interests are national interests for cultural heritage care (kultur-miljövård), cultural reserve sites (kulturreservat),

Area next to Hågelby Park to be developed. The landscape will be entirely replaced by an amusement park. Bronze and Iron Age burial sites can be found in the woods behind the meadow.

listed buildings (byggnadsminnen), churches (kyrkor) and ancient monuments (fornlämningar). Within Stockholm County there are 131 cultural areas of na-tional interest, these do not have a fixed protection and can often clash with other interests.

Case 2: Insertion of an amusement park at Hågelby Park in Botkyrka, Stockholm County

Hågelby Farm (also known as Hågelby Castle) is loca-ted in Botkyrka, at Lake Aspen, approximately 20 kilometers South-West of Stockholm, Sweden. The area has been inhabited since the Bronze Age and is surrounded by valleys and forests. The Baroque main building ("Castle") was built between 1916 and 1918 by telephone factory owner Lars Magnus Ericsson. Nowadays, Hågelby is owned by Botkyrka Municipa-lity and functions as a public park and comprises a conference center, restaurant, youth hostel, 4H-farm, crafts shops and general goods store. In 2002, the Municipality began planning a large amusement park within the area.Recently, Botkyrka Municipality put forth a use-based zoning scheme for the area in question. The purpose is to present the plans for the development of Hågelby Farm into a popular attraction for Sweden.

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The existing buildings and park will be renovated, expanded, and completed with new recreational amenities and services with shops, camping facilities, bungalows, and a hotel.WSP was commissioned to carry out an environmen-tal impact assessment which was used by Botkyrka Municipality as a base for a planning program for the area, made public in October 2010. In January 2011, it was briefly announced that a partial zoning plan would be exhibited throughout the Municipality for a period of three weeks in order for the citizens to be able to give their opinions. The County Administrative Board had insisted that a zoning plan for the entire area should be presented together as a whole but the Municipality ignored the recommendation.Currently, the Municipality and the project deve-lopers are making great efforts to force the project through the entire building permit process in order to start building as soon as possible. From the Cultural Heritage point of view, we are able to see that the proposed project comes into conflict with some of the Bronze Age burial mounds and other archaeological remains in the area. However, if we consider a buffer zone (immediate surrounding envi-ronment) as suggested in the ICOMOS Xi’an declara-tion on the conservation of the setting of heritage structures, sites and areas and, also, the recom-mendations made by the Swedish National Heritage

Board, almost two-thirds of the proposed first phase of the amusement park comes into conflict with deli-cate areas.

Observations: What have we learned from our work?

On one hand, our work with the insertion of resi-dential areas and an amusement park into the cultu-ral landscapes of Åbyholm Farm in Vallentuna and Hågelby Park in Botkyrka has permitted us to have a better understanding of why theory and practice, even though they take different directions, should go hand in hand in order to preserve and develop. On the other hand, we must make a greater effort to better understand the procedures of the developers and interested parties in order to be more precise in how we present the cultural and historical facts in our environmental impact assessments. It is crucial to succeed in giving the involved parties a clear picture of the cultural heritage aspects at an early stage in the project. Some environments together with their immediate surrounding settings are unique. If lost they are irreplaceable and, thus, sometimes it might be better to help the developers find alternative sites for their projects.

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TOOLS AND TECHNIQUES FOR PRESERVING AGRICULTURAL LANDSCAPES IN THE UNITED STATES

James K. ReapCollege of Environment and DesignUniversity of [email protected]

Abstract. This paper explores legal, economic and other tools and techniques that have been employed in the United States to sustain a rural way of life by maintaining the integrity of agricultural, natural and historic lands and resources and the viability of the rural economy. It focuses on protecting the land base, promoting environmental stewardship, maintaining cultural context, supporting appropriate agriculture-related econo-mic development, and ensuring the next generation of farmers.

Agricultural landscapes are some of our most im-portant and threatened cultural landscapes. They are being abandoned or developed at an unprecedented and accelerating rate. The American Farmland Trust estimates that every minute of every day the United States loses more than an acre of agricultural land to development. Much of this land is close to cities and easy to develop because it is flat, well-drained, affordable and convenient to existing development. It is also highly productive –91% of fruit and 78% of vegetables are produced on farms closest to cities. As Americans lose agricultural lands to farming, they are losing historic landscapes, communities and local economies. While the recent economic downturn has slowed this process in some areas, the loss of agri-cultural landscapes continues. Preservation of the land simply as open space is not the answer. Legal, economic and other tools and techniques have been employed in the United States to sustain a rural way of life by maintaining the integrity of historic agricul-tural and natural lands and resources and the vitality of the rural economy. The focus of these efforts is on protecting the land base, promoting environmental stewardship, maintaining cultural context, supporting appropriate agriculture-related economic develop-ment, and ensuring the next generation of farmers.

Each level of government – national, state and local – has a role in the protection of agricultural landscapes. Traditional approaches to the conservation of impor-tant resources in the United States typically involve both regulation and the provision of economic incen-tives. The national government tends to set standards and provide economic incentives contingent upon meeting those standards. For example, the Farmland

Protection Policy Act (7 U.S.C. §4201-4209) seeks to minimize detrimental impacts of federal projects through a review process and to provide technical as-sistance and guidance to state and nonprofit organi-zations dedicated to agricultural land protection. The Farm and Ranch Lands Protection Program provides matching funds to help purchase development rights to keep productive farm and ranchland in agricultural uses. States also use the taxing and spending powers to encourage desirable actions but rely as well on the “police power” – the inherent power of government to regulate, protect and promote the public health, safety, morals, and general welfare. Exercising this power, states have enacted laws regulating the use of land and have delegated some of their authority to local governments. It is generally at the state and local levels where some of the most effective pro-grams have been developed to protect agricultural lands and communities.

A key component of land use regulation is comprehen-sive planning, a strategy used by local governments to target areas for specific uses of land and provide a framework for development. In some states, com-prehensive planning is mandated; in all states it is recognized as a valuable tool to guide future deve-lopment. While not targeted primarily at agricultural landscape preservation, it is nonetheless an impor-tant mechanism for identifying areas where growth is to be encouraged and other areas where traditional land uses should be preserved. If agricultural conser-vation is identified as a goal in the plan, it can serve as a basis for more specific regulations such as zoning. The purpose of agricultural zoning is to designate areas where farming and related activities are to be

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the primary use of land. In designating these areas, local governments can discourage or restrict incom-patible non-agricultural uses. Strictly enforced agri-cultural zoning can discourage land speculation and can preserve the traditional agricultural character of the area. The advantages of this approach are that it is mandatory, does not require incentives, and does not directly cost the local government. A weakness of this technique is that zoning is inherently political and is subject to amendment or repeal. An important component to any land use scheme designed to pro-tect cultural values would be the enactment of a his-toric preservation or landmark ordinance, often as an overlay to existing agricultural zoning, which would protect buildings, sites and objects of cultural impor-tance on the land.

A number of state legislatures have also enacted laws which protect farmers and ranchers from nuisance suits filed by nearby landowners as well as protecting them from restrictive local government ordinances that unduly restrict traditional agricultural activities. These so-called “right to farm” laws are generally targeted at situations where suburban expansion encroaches on agricultural areas and new residents object to the smells and sounds of traditional agricul-tural communities. The protection offered farmers is generally predicated on their adherence to gene-rally accepted agricultural practices that comply with state and federal law.

Conservation easements are a widely-used tool to preserve important scenic, cultural, environmental and agricultural land areas. A conservation easement is a legal agreement between a landowner and go-vernmental agency or non-governmental organiza-tion that permanently restricts future development on a piece of land to protect its key values. These legal devices are in use in every state and currently protect millions of acres of land. Among the non-go-vernmental agencies that commonly use this protec-tive tool are non-profit heritage organizations and land trusts, which hold over 17,000 conservation easements. Local governments, too, have increasin-gly established easement programs. Conservation easements are created through a legal document signed by a property owner (called a grantor) and an eligible organization (called a holder) and recorded in the official land records of the political jurisdiction where the property is located. These agreements apply to all future landowners. Easements are appea-ling because of their flexibility and their creation is a private transaction entered into voluntarily by the landowner and the easement-holding organization. The owner either donates an easement and receives

tax incentives for the donation or sells the easement to the holding organization at a price that is less than the cost of purchasing the property outright. Since the owner retains restricted use of the land, it remains productive and on the tax rolls while preser-ving specific conservation values.

Another promising technique, although less frequent-ly used, is transferable development rights (TDRs). This legal mechanism allows a landowner to transfer rights to develop a parcel of land he owns to ano-ther parcel thereby limiting development on the first parcel and increasing the development potential on the second parcel. A feature shared by nearly all TDR programs is the designation of sending and receiving areas. Sending areas are designated where commu-nity plans call for development limitations and lan-downers are restricted from making the maximum economic use of their land by preservation and zo-ning ordinances or other regulations. Owners within these areas are permitted to sever and transfer their development rights. Receiving areas, on the other hand, are designated where more intensive develop-ment is deemed appropriate. Owners within these areas can purchase transferred development rights and develop at a higher or greater density than would otherwise be allowed by underlying regulations.

It is crucial for government to provide economic in-centives as well as regulation to ensure agricultural land preservation. Differential assessment laws allow land to be valued for taxation based on its agricul-tural use rather than its full market value. A num-ber of economic incentives are tied to conservation easements. If an owner donates a conservation ease-ment meeting national standards, the donated value is available as a charitable income tax deduction from the federal income tax, and the state income tax in many states. The 2008 National Farm Bill provides a number of provisions to assist in the preservation of heritage agriculture. National programs such as the Farm and Ranch Lands Protection Program as well as state and local programs also exist for purchase of ea-sements. With either the donation or sale of an ease-ment, the market value of the land has been reduced by the transfer of development potential and pro-perty taxes are consequently reduced. While conser-vation easements are perpetual, some states provide property tax reductions in exchange for agreements to preserve the land in agriculture use for a number of years with penalties assessed if the owner withdraws from the program prior to the expiration of the requi-red term. Other states provide “circuit breaker” tax credits to farmers to offset property taxes on their land, often based on the annual income of the farmer.

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One type of program that combines a number of features of both regulation and incentives are agri-cultural districts. Several states such as California, Pennsylvania, and New York employ this voluntary approach for landowners who may apply for specified land use status based on their particular agricultural use or the agricultural character of the land (soil type, agricultural suitability). Parcels receiving local and state certification are included in a district that pro-vides protections and incentives designed to prevent conversion of farmland to other uses. A key compo-nent is preferential real property tax treatment for agricultural lands, allowing owners to pay taxes based on their agricultural production rather than on poten-tial development value. These districts also provide protection against overly restrictive local laws and private nuisance suits as well as government-funded acquisition or construction projects. If a landowner withdraws from the program, he may be subject to financial penalties.

One approach that may have potential for preser-ving many of the economic, natural, and cultural characteristic of a traditional agricultural landscape is the heritage area. These are areas where natural, cultural, historic, and recreational resources com-bine to create a distinctive and cohesive entity that represents important aspects of heritage. Although Congress creates National Heritage Areas, they de-pend for their success on a partnership forged in a particular geographical region by multiple political jurisdictions and many non-governmental organiza-tions. Not only are the natural and manmade physi-cal features important, but also the traditions of the people that created the cultural landscape. Here its setting is not only important as a visual enhancement of landmarks and monuments but has a greater signi-ficance in its own right. After Congress designates a heritage area, National Park Service staff work with local governments and residents to develop a cooperative agreement and management plan that identifies shared goals for heritage preservation and provides a legal basis for funding. The authority to implement the plan is rests with local government that may include a range of regulatory and protective activities described earlier in the paper. The federal government does not regulate land use in the area, but would maintain control of any parks or federal reserves included in the heritage area. The federal government does provide initial funding for the Na-tional Heritage Areas, along with expertise. This is clearly in line with the overall approach of the federal government toward heritage conservation: promul-gating standards and best practices and providing incentives for their implementation. Activities in the

heritage area often include, in addition to protection, the development of an interpretation plan, rehabilita-tion of historic sites, opening and operating visitors’ centers, creating a network of trails, etc. The overall goal of the heritage area is to promote the develop-ment of short and long-term solutions to conserva-tion of the heritage resource by the local partners. In this way, not only will historic buildings be saved, but their context as well. The cultural landscape and the intangible aspects of heritage can be preserved for future generations. With decreased national fun-ding, new National Heritage Areas may be difficult to create, but the idea is flexible enough to be imple-mented by state and local government without the federal component, if necessary.

To be successful, any program must use an integra-ted approach drawing on the tools most suitable for the agricultural landscape it is designed to preserve. These are some of the public and private legal tools that have been employed in the United States to control and protect the setting of heritage places, in-cluding agricultural landscapes. Other developments are also important in the equation: the growing inte-rest in environmental sustainability, the local food movement including local farmers’ markets and cooperatives, and others. Agri-tourism is also a ma-jor factor that can provide economic incentives for agricultural preservation. Areas such as the Califor-nia wine regions, Kentucky horse country, Lake Erie Concord Grape Heritage Area, the Amish and Menno-nite farming regions, and many others are attracting much public interest. Sustainable agricultural lands-capes will help to conserve natural resources, streng-then local economies, preserve cultural heritage and a way of life, and strengthen the relationship between farmers and consumers. However, in a country where private property rights are highly valued, it takes more than the existence of these tools to ensure that heritage places survive into the future. It takes the active participation of citizens and non-governmental organizations, working with government, to employ the tools effectively and produce lasting results.

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References

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SULINA, VILLE DANS LE DELTA DU DANUBE, ROUMANIE

Dorothée Rietsch

Architecte DPLG - architecte du [email protected]

Résumé. L’étude de la ville de Sulina est le résultat d’un travail collectif réalisé dans le cadre d’un atelier franco-roumain, réunissant 18 architectes (Ecole de Chaillot et Université Ion Mincu) durant une année inscrite dans le cursus qui forme depuis plus d’un siècle les architectes du patrimoine. La ville de Sulina se situe en Roumanie, à l’extrémité orientale du pays, à l’embouchure du Danube dans la réserve naturelle du Delta, inscrite sur la liste du Patrimoine mondial en 1991.

1. Aperçu historique de la Roumanie et de la région du Danube

1.1. 1830-1856, UN DELTA CONTRÔLÉ PAR LES RUSSES

Jusqu’en 1829, les principautés de Valachie et de Moldavie sont sous suzeraineté turque mais conservent leur autonomie. Avec le traité d’Andri-nople en 1829, elles passent sous protectorat russe. Le roumain devient langue nationale. De 1829 à 1856, l’embouchure du Danube appartient au Russes qui entravent la circulation des navires pour favoriser le port d’Odessa. Cette région est un véritable carrefour des civilisations convoité par les Empires Russe, Autri-chien et Ottoman.

1.2. 1856, CRÉATION DE LA COMMISSION EURO-PÉENNE DU DANUBEAprès la guerre de Crimée et le traité de Paris en 1856, les deux principautés retournent sous suzerai-neté turque mais elles possèdent des administrations indépendantes. Le sultan ne fait que percevoir un tribut sans possibilité d’ingérence dans les affaires intérieures. En 1861, l’unité de la Roumanie est procla-mée. En 1878, la pleine souveraineté de la Roumanie est reconnue par les pays européens. A cette occa-sion, elle obtient la Dobroudja et le delta du Danube. Le traité de Paris en 1856 instaure la libre circulation des navires sur le Danube et crée la Commission Euro-péenne du Danube dont le siège est installé à Sulina (CED, constituée de la France, le Royaume-Uni, le Royaume de Sardaigne, Prusse, Turquie et l’Autriche). Elle a pour but de réglementer la navigation sur le fleuve et d’entretenir les voies navigables. Le Danube devient un lien important entre l’Europe de l’Ouest et l’Europe de l’Est. Parallèlement le chemin de fer se développe. Les voies convergent vers les ports de

Galati et Braila sur le Danube.

1.3. 1860-1939, LA GRANDE ROUMANIE1860-1939 est une période faste pour la Roumanie. A la fin de la première guerre mondiale la Roumanie ob-tient la Transylvanie et la Bessarabie. C’est l’époque de la Grande Roumanie qui connaît un important dé-veloppement économique. Les empires autrichiens et ottomans ont disparu, le Danube passe désormais par sept pays. L’époque de la Grande, Roumanie est aussi celle de la construction du pont de Cernavoda sur le Danube en 1895, le port Constanta est devenu le débouché naturel de Bucarest vers la Mer Noire. Son bassin en eau profonde lui permet de devenir l’un des plus importants ports de la Mer Noire.

1.4. 1939-1989, LA ROUMANIE COMMUNISTEAprès la deuxième guerre mondiale, la Roumanie fait partie des pays vaincus. La Roumanie est dominée par l’URSS qui annexe la Bessarabie et favorise un régime communiste. La Roumanie fera désormais partie du bloc de l’Est (jusqu’à la chute de Ceausescu en 1989).Le Danube n’est plus le grand fleuve transeuropéen d’avant la guerre. L’Europe est coupée en deux par le rideau de fer.Une nouvelle Commission du Danube est créée sous l’égide du COMECON, contrôlé par l’URSS. Le perce-ment du canal entre Cernavoda et Constanta, achevé en 1989, permet aux navires d’atteindre directement la mer Noire par Constanta en évitant le delta du Danube.

1.5. 1989, LA CHUTE DU RÉGIME COMMUNISTEEn 1989, la chute des régimes communistes entraîne la disparition de l’URSS, dernier grand empire à proxi-mité de la Roumanie. L’Europe retrouve son unité mais le trafic danubien reste faible en regard de celui

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du Rhin. Le nouveau canal Rhin-Main-Danube, per-met désormais de naviguer de la Mer Noire à la Mer du Nord.

2. Évolution Historique

2.1. AVANT 1856, UN MODESTE PORT DE PÊCHEURSAvant la création de la Commission européenne du Danube (CED), organisme intergouvernemental de coopération pour la navigation sur le Danube, Sulina est un modeste port de pêcheur où se pratiquent divers trafics et contrebandes. Le seul aménagement existant est le phare construit par les Turcs en 1802.Les terres marécageuses ne sont pas propices aux installations humaines. Seuls les pêcheurs - Roumains et en majorité Lipovènes (ethnie Russe ayant fui les persécutions) - habitent le Delta.

Figure 1. Avant 1856, quelques cabanes de pêcheurs et le phare turc (1).

2.2. 1856-1939: LA COMMISSION EUROPÉENNE DU DANUBE

2.2.1. 1856-1914, Un Port et Une Ville en Plein EssorQuelques années après la création de la création de la CED, la ville s’est développée le long d’une rue, de façon assez anarchique.On commence à voir appa-raître quelques rues transversales. Les seuls aména-gements effectués sont les deux digues destinées à éviter l’ensablement naturel du Delta et assurer l’ac-cès des gros bateaux. La digue Sud a commencé à mo-difier l’aspect de l’embouchure. Les quais n’existent pas encore.La ville est avant tout une infrastructure dédiée au commerce. Le développement se fait sans aucun lien avec le territoire environnant (marécages), ni avec le reste du pays (absence de liaison routière).

2.2.2. 1860-1900, Des Travaux Indispensables au Développement de la VillePour développer le port de Sulina, la CED a dû effectuer d’importants travaux afin de rendre le Danube plus facilement navigable et de permettre l’urbanisation des terres. La ville se construit sur une terre nouvelle, sur des alluvions au bord du Danube, stabilisés au fur et à mesure et gagnés sur la mer et le fleuve. Pour ce faire, plusieurs ingénieurs habitent Sulina. Ainsi de 1868 à 1902, le bras de Sulina est régularisé, les digues érigées en 1857 sont prolongées en 1920, des quais sont bâtis, une usine électrique et des eaux et un chantier naval sont construits.L’aménagement des digues a eu comme effet colla-téral d’accentuer les phénomènes d’ensablement

Figure 2. 1863, une ville linéaire sans régularité

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naturel de l’embouchure du Delta au-delà des ouvrages construits. Le paysage actuel de Sulina a été entière-ment façonné par l’homme.2.2.3. 1900, La Ville à son ApogéeEntre 1863 et 1900, Sulina se développe très fortement grâce aux travaux d’aménagement. La ville-rue est devenue une ville à plan quadrillé régulier. Le chantier naval a été établi sur la rive gauche. Les digues continuent à modifier le régime hydraulique de l’embouchure qui continue à s’ensabler. A l’Est, se trouve le quartier clôturé de la CED, qui comprend l’hôpital

Figure 4. Le chantier naval

Figure 3. L’embouchure en 1930

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Figure 5. 1900, une ville à plan quadrillé, le tissu urbain s’est régularisé selon une trame orthogonale

Figure 6. 1929, la ville a continué à s’étendre grâce au drainage des marécages

(1865), l’hôtel de l’administration(1868), le logement de l’ingénieur chef etc.La circulation dans la ville est exclusivement piétonne ou par voie d’eau. C’est une ville cosmopolite : des lieux de cultes sont construits pour les nombreuses communautés présentes (Grecs, Turcs, Russes, Juifs, Roumains,Anglais). En 1880, sur 3000 habitants, 1600 sont Grecs, 300 Turcs, 160 Russes alors qu’il n’y a que 150 Roumains.2.2.4. 1914-1939, Les Premiers Signes de DéclinAprès la première guerre mondiale, le port de Sulina perd progressivement se son importance, les travaux d’aménagements diminuent et l’embouchure s’en-sable de plus en plus, notamment au sud.En 1939, la CED est dissoute. La ville continue à s’étendre au Sud, à l’Ouest et sur la rive gauche, grâce aux travaux de drainage dont témoignent les nom-breux canaux. Le long de ces canaux apparaissent des jardins clos destinés à la culture. Le tissu urbain est parfaitement constitué et la ville a gagné en régula-rité. Les Roumains constituent désormais la moitié de la population.

2.3. 1939-2009: DECLIN ÉCONOMIQUE ET DÉMOGRAPHIQUELe port de Sulina montre les premiers signes de déclin avec l’apparition du chemin de fer et des bateaux à vapeur. Avec la perte de la Bessarabie, Sulina se re-trouve isolée à la frontière de l’URSS. A l’époque du développement de trafic routier, aucune voie n’est ouverte vers Sulina.La deuxième guerre mondiale détruit massivement la ville, Sulina ne s’en remettra pas et la reconstruc-tion prendre des dizaines d’années, d’ailleurs plu-sieurs îlots à l’Est n’ont jamais été reconstruits. La reconstruction s’effectue principalement sur les deux

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premières rues les plus touchées, selon les modèles de l’urbanisme totalitaire, à savoir des barres de 3 ou 4 étages au milieu d’espaces libres en incohérence avec le mode d’habitation et les modes constructifs de la ville.Cet urbanisme altère profondément la trame et la sil-houette de Sulina. Le quai et les deux premières rues perdent complètement leur caractère urbain.La ville ne s’étend presque plus, les canaux ont été régularisés et une ceinture de jardins entoure la ville.Les Roumains représentent maintenant 90% de la population de la ville. A mi-chemin de Constanta et du grand port d’Odessa, Sulina ne peut plus jouer de rôle économique majeur. En perdant son caractère économique, elle a perdu son caractère international.

3. Urbanisme et Typologies

3.1. SULINA, UNE VILLE LINÉAIRE LE LONG DU DANUBE, INSPIRÉE DE L’URBANISME COLONIALDès 1863, la ville se développe selon un principe li-néaire selon la rive droite du Danube.La rue créée le long du Danube restera toujours le centre économique de Sulina et l’espace le plus den-sément bâti.Le développement est totalement lié à cette

Figure 7. 2009, la ville ne s’est presque plus étendue, en revanche, les premières rues et le quai ont été reconstruits

infrastructure. Seule la population autochtone ex-ploite les ressources locales. La ville est reliée au monde uniquement par le fleuve qui apporte les vivres et les matériaux de construction. La ville se développe ensuite, entre 1860 et 1940, selon un plan quadrillé à partir de cette première rue. En plan, le

Figure 8. La ville de Sulina se développe le long du fleuve

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caractère linéaire disparaît mais la volumétrie et les fonctions témoignent de cette organisation.L’organisation urbaine de la ville de Sulina est inspirée de l’urbanisme colonial. En effet, c’est une ville fon-dée à l’embouchure d’un fleuve par des puissances étrangères.La trame urbaine parfaitement régulière contraste avec le site, hostile aux installations humaines.3.2. ORGANISATION DE LA VILLEComme les villes linéaires, Sulina s’organise selon des strates successives identifiables par des activités et des typologies de bâti. Il y a une séparation des acti-vités et des populations. La ville présente une hiérar-chisation transversale. Le long du fleuve et de la 1ère rue se trouvent les bâtiments représentatifs et les commerces. Sur les 2ème et 3ème rues, se développe le quartier résidentiel des différentes communautés présentes dans la ville. En limite de la ville se situe le quartier « indigène ». Le quartier administratif, hors de la trame, se situe à l’écart du centre-ville. Figure 9. La ville de Sulina se développe ensuite

selon un plan quadrillé à partir de la première rue

3.3. PAYSAGES URBAINSSulina présente une silhouette urbaine particulière liée au site, qui impose des constructions assez basses.

¾ Les quais Centre économique de la cité, c’est à l’origine un es-pace purement minéral et fonctionnel permettant le débarquement des marchandises. On y trouve princi-palement des maisons de commerces à étage et des entrepôts à rez-de-chaussée.

¾ Quartier commercialIl se développe sur l’épaisseur des deux premiers îlots, à proximité immédiate du quai. On y trouve principalement des maisons à étage avec commerces (à la fin du 19ème siècle Sulina compte plus de 150 établissements commerciaux). Ces bâtiments sont des modèles d’importation de style néo classique construits en briques et pierres enduits nécessitant des fondations sur pieux immergés. Le paysage urbain est caractérisé par des constructions en alignement,

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Figure 10. Activités et typologies de bâti de la ville de Sulina

Quais

Quartier commercial

Quartier résidentiel

Quartier « indigène »

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Figure 11. Les quais

mitoyennes et ponctuées de balcons. Les rues sont bordées de trottoirs et bénéficient de l’éclairage public. Ce quartier organisé, a complètement perdu son identité à la suite des bombardements : parcelles vides, blocs socialistes, maisons anciennes en ruine etc.

¾ Quartier résidentielIl s’organise le long des 3ème et 4ème rues. Le bâti comporte principalementdes maisons d’habitation à rez-de-chaussée seul ou avec étages. L’alignement du bâti et les trottoirs créent un paysage urbain mais moinshomogènes, sans mitoyenneté et avec des gabarits de hauteurs plus variables.Les clôtures sont plus présentes.Ce quartier a également été touché par les bombardements.

De nombreuses maisons « turques » ont disparu et ont été remplacées après la guerre par des maisons « roumaines » qui présentent un caractère beaucoup moins urbain.

¾ Quartier « indigène »Il occupe les îlots les plus éloignés du centre économique: chaque extension des quartiers purement urbains le repousse à la périphérie de la ville. On y trouve les maisons à l’architecture vernaculaire et traditionnelle

simplement posées sur un sol peu porteur, les plus pauvres, principalement celles des peuples autochtones souvent exclus des circuits économiques. L’ilot est dessiné par les clôtures, le bâti étant installé à l’intérieur des parcelles. La rue est traitée de manière sommaire, sans revêtement contrairement aux autres quartiers, sans trottoirs, sans éclairage urbain. Les matériaux (torchis, roseaux, bois) et la forte présence de plantations de subsistance (arbres fruitiers, potagers) créent un paysage quasiment rural. Dans ce quartier aux limites de la ville, les maisons « roumaines » dominent, mêlées à quelques maisons de pêcheurs.

¾ Quartier administratifC’est un quartier constitué de villas et d’édifices ad-ministratifs, à l’écart du centre, côté aval (zone de la CED). Ce quartier est très vert avec des édifices en-tourés de grands parcs et d’arbres imposants. Il est organisé selon une logique hygiéniste. L’alignement est marqué par des clôtures basses.L’analyse des typologies bâties de Sulina montre que ce sont les maisons « roumaines » qui prédominent

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Figure 12. Quartier commercial

tandis que les autres typologies ne subsistent qu’en tant que vestiges d’un passé révolu.

4. Projet

4.1. SCENARII D’EVOLUTION URBAINE

4.1.1. Les hypothèses abandonnéesPlusieurs hypothèses d’évolution urbaine ont été émises. En contradiction avec les caractères fonda-mentaux de la ville de Sulina, les scénarii suivants n’ont pas été retenus :4.1.2. Les objectifs

Au vu des caractéristiques urbaines et des valeurs pa-trimoniales mises en évidence à travers l’étude réali-sée, le scénario de développement urbain de Sulina

le plus approprié et le plus respectueux consisterait à conserver les limites de la ville. Le développement urbain se ferait par l’insertion dans le tissu existant de typologies nouvelles par comblement des dents creuses en s’adaptant à l’existant (bâti, fleuves et canaux). A l’échelle du bâti, les typologies nouvelles s’inspireraient de l’existant. Cette hypothèse est fon-dée sur le retour à un développement équilibré de la ville, inspirée des valeurs patrimoniales de Sulina.

4.2. PROPOSITION DE DEVELOPPEMENT ET D’AME-NAGEMENT DE LA VILLE DE SULINADans le but de redynamiser la ville deux types d’initia-tives sont proposées. Certaines assurent la préserva-tion des caractères existants et d’autres engendrent

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Figure 13. Quartier résidentiel

des modifications significatives, notamment par :

● L’encouragement des activités de type portuaire pour préserver les savoirs faire locaux (entretien et réparation des bateaux en remplacement du chantier naval hors d’usage)

● La réutilisation de l’ancienne fabrique de conserves dans un parc artisanal piscicole et dans un parc d’agrément avec la réouverture du canal périphérique pour le transport et l’agrément.

● La reconversion des ateliers d’entretien de la CED en écomusée du Delta.

Ces propositions esquissent les grandes lignes d’une reconversion partielle du port commercial en port de plaisance et de pêche pour devenir une porte d’accès aux richesses du Delta du Danube et de la Mer Noire.

4.3. PRECONISATIONS D’INTERVENTIONS SUR UN ILOT CARACTERISTIQUEL’analyse plus approfondie d’un îlot représentatif de la ville de Sulina (entre le fleuve et la 3ème rue) a

permis de préconiser des interventions pour le retour aux caractéristiques d’origines. Au vu des modifica-tions de l’espace public, des ruptures de la trame urbaine (constructions d’habitat collectifs apparues entre 1965 et 1985), mais aussi, du potentiel d’em-prise constructible en centre ville, les interventions proposées se définissent comme suit :

● Réaffirmer la trame urbaine ● Reconquérir les délaissées ● Dégager les monuments ● Redéfinir des emprises constructibles en

centre-ville

Le phasage proposé pour ces interventions est le suivant :

¾ 1- Supprimer les blocs d’habitat collec-tif (de 1965 à 1985) et les remplacer par des bâtiments dont le gabarit et la trame corres-pondent aux typologies riveraines.

¾ 2- Activer la reconstruction selon ce mode. ¾ 3- Poursuivre le développement urbain en

profondeur transversalement au fleuve ¾ Phase A :

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● renforcement des enclos naturels, restauration, mise en valeur des monuments

● aménagement des liaisons visuelles, végétales ● démolition du bâti 1965 (première génération) ● reconstruction

¾ Phase B : ● démolition/reconstruction en abords immédiats ● définitions de nouveaux espaces publics et des

nouvelles constructions

¾ Phase C et D : ● poursuite du processus en fonction des priorités

Ces interventions devront être réalisées en s’adaptant aux contraintes locales (nature du sol, climat, trans-port et acheminement) et en utilisant les matériaux locaux et les techniques traditionnelles (fondations

Figure 14. Quartier « indigène »

complexes, techniques mixtes : bois, terre, roseaux).

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Figure 15. Quartier administratif

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Figure 16. Scénarii d’évolution urbaine non retenus

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Figure 17. Scénario d’évolution urbaine retenu : adaptation et insertion

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Figure 18. Phasage des interventions

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PATRIMOINE ET DEVELOPPEMENT LOCAL – LE ROLE DES COLLECTIVITES TERRITORIALES DANS LA GESTION DU SITE DES FALAISES DE BANDIAGARA (MALI)

Lassana CisséChef de la Mission Culturelle du [email protected]

Résumé. Le site du Pays dogon qui couvre une superficie de 4000 km2 est classé Patrimoine mondial depuis 1989. Quelques années plus tard, sa protection a été confiée à la Mission culturelle de Bandiagara. La réputation de la région est telle que l’activité touristique occupe une place de choix dans le développement économique local. De ce fait les initiatives d’aménagements sont nombreuses. Outre les acteurs économiques locaux, de nombreuses ONGs et l’Etat malien s’engagent dans des projets de construction d’infrastructures sociales (écoles, dispensaires) ou d’accueil (campements et gîtes). Le contrôle étant difficile et insuffisant, beaucoup de ces initiatives tendent à altérer l’harmonie et l’authenticité de certaines valeurs pour lesquelles le site a été inscrit.Confrontées à plusieurs difficultés, les communautés du site sont elles-mêmes prises entre la gestion traditionnelle de l’espace, toujours très vivace et les nouveaux besoins d’occupation du territoire créés dans le cadre du développement communal conditionné le plus souvent par des bonnes volontés qui apportent des moyens matériels et financiers.La politique de décentralisation en cours au Mali depuis 1999 a vu la création de 43 communes rurales sur l’ensemble du site classé. Cette politique donne aux collectivités territoriales la latitude et la responsabilité de la gestion de l’ensemble des ressources et des espaces du ressort de leurs terroirs. Chaque collectivité territoriale (commune, mairie, conseil de cercle, assemblée régionale) élabore un plan quinquennal de développement économique, social et culturel communément appelé PDSEC. Dans la planification quinquennale le schéma d’aménagement du territoire (SAT), là où il existe, réserve très peu de place à la gestion du patrimoine et les élus locaux tiennent très peu compte de l’intégration du patrimoine dans les projets et programmes de développement financés par l’Etat et les partenaires techniques et financiers.Le besoin de collaborer avec l’ensemble de ces partenaires a bien été identifié lors de l’élaboration du plan de gestion et de conservation du site (2006 – 2010). En réponse, la Mission Culturelle de Bandiagara a réalisé un certain nombre d’activités. Tout d’abord, avec l’appui financier de l’Union européenne et la collaboration de CRAterre, des actions d’inventaire des cultures constructives, de sensibilisation et de formation et de constructions en matériaux locaux ont été réalisées. Ceci avait pour but de valoriser les matériaux et les savoirs locaux pour une meilleure intégration des nouvelles infrastructures (maisons d’habitation, écoles, centres de santé, mosquées, églises…) dans le paysage culturel du site. Dans ce cadre, un guide a été élaboré pour le cas plus spécifique des constructions d’écoles.Dans le souci de mieux impliquer les décideurs et responsables locaux (élus, chefs coutumiers et opérateurs culturels et touristiques), depuis 2007, la MCB, en partenariat avec le DED, organise chaque année, des ateliers sur le thème de la valorisation économique du patrimoine et l’inventaire des ressources culturelles des aires culturelles des terroirs.

1.Introduction

Le processus de la mise en œuvre d’une politique de décentralisation au Mali, depuis 1999, a abouti à la création de 703 communes, dont 43 communes rurales sur l’ensemble du site classé du pays dogon qui couvre une superficie de 4000 KM², et comprend 289 villages. Dans son esprit et dans la pratique, cette politique donne aux collectivités territoriales la lati-tude et la responsabilité de la gestion de l’ensemble

des ressources et des espaces du ressort de leurs ter-roirs. Chaque collectivité territoriale (commune, mai-rie, conseil de cercle, assemblée régionale) élabore un plan quinquennal de développement économique, social et culturel communément appelé PDESC. Dans la planification quinquennale, le schéma d’aménage-ment du territoire (SAT), là où il existe, réserve très peu de place à la gestion du patrimoine et les élus

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locaux pensent rare à intégrer le patrimoine dans les projets et programmes de développement régional et local.Les principales activités économiques du pays dogon sont l’agriculture, l’élevage et le tourisme. A la faveur du développement de cette dernière activité, les ac-teurs locaux du tourisme ont entrepris des construc-tions d’infrastructures d’accueil et d’hébergement (campements, gîtes, bars et restaurants) sans trop se référer aux cultures constructives locales et au paysage architectural du site. L’harmonie de certains sites a été ainsi altérée et les attractions touristiques ont parfois été perturbées.

2.Eléments constitutifs du patrimoine du pays dogon

2.1. Les éléments naturels du siteLa falaise gréseuse du pays dogon se situe dans le secteur bioclimatique sahélien caractérisé par une pluviométrie faible (< 300 à 400 mm d’eau/an) et une végétation de savane herbacée dans laquelle on retrouve quelques arbres adaptés aux climats les plus arides (Acacia tortilis subsp. Tortilis, Balanites aegyp-tiaca, Maerua crassifolia,…). En outre, la falaise pré-sente la propriété de collecter les eaux de pluies mais également celles provenant de la nappe phréatique du fleuve Niger. Cette eau, qui se diffuse au travers d’un réseau d’interstices dans le gré imperméable, est secondairement redistribuée sous la forme de pe-tites sources souterraines et de cascades qui coulent

toute l’année. Ainsi, bien que la falaise se situe dans un climat sahélien, la disponibilité hydrique locale (quantité et durée) est nettement supérieure à la seule pluviométrie.

La végétation reflète cette anomalie hydrique et la composition floristique se trouve profondément modifiée par cette particularité. Dans les failles ro-cheuses on retrouve alors une végétation que l’on qualifie de guinéenne et qui prend naissance dans les contreforts des Monts Mandingues à la frontière de la Guinée et du Mali. Ainsi on retrouve des espèces adaptées aux conditions humides permanentes telles que Lepisanthes senegalensis, Cola laurifola, Poute-ria pobeguiniana,. L’isolement de cette falaise dans ce secteur sahélien a permis à toutes ces espèces d’évoluer indépendamment de leur population d’ori-gine jusqu’à constituer de nouvelles espèces. La meil-leure preuve est fournie par la présence d’une espèce endémique, Acridocarpus monodi, dont l’aire de distribution dans le monde, selon des botanistes, se restreint à quelques kilomètres carrés au sud de cette falaise dogon.

Ainsi par ses caractéristiques hydriques mais éga-lement biologiques, la falaise du pays dogon peut, à juste titre, être considérée comme une île ou une oasis dans le sahel.Cette caractéristique exceptionnelle d’oasis de bio-diversité a valu au site le mérite d’accueillir la célé-bration de la Journée Mondiale de la Biodiversité, le

Acridocarpus monodii plante endémique de la région des falaises de Bandiagara, photo L.Cissé 2008

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05 juin 2005. La Journée a été organisée par la très célébrissime revue GEO, en collaboration avec la GTZ, le Ministère malien de l’Environnement et la Mission Culturelle de Bandiagara. Elle a consisté à organiser une excursion sur un parcours de la falaise au cours de laquelle les scientifiques et les détenteurs locaux de savoirs sur les plantes et l’environnement ont échangé, en présence d’un public impressionné par la richesse effective de la biodiversité de la zone. 2.2. Les éléments culturels de gestion du territoire et de l’espace :Les villages du pays dogon sont, bien entendu, orga-nisés en fonction du relief de l’espace occupé et des disponibilités territoriales ; ce qui permet un usage rationnel limité d’un point de vue stratégique et utilitaire. Chaque village est organisé en quartiers (Nongu), chacun correspondant généralement à une grande famille lignagère. Cette entité familiale est composée d’individus portant le même patronyme et dont le nombre peut être estimé en moyenne à 100 personnes suivant la taille du village et Le périmètre du terroir occupé. Si cette unité communautaire de base vient à grandir au-delà de cet ordre de grandeur, un des membres de la famille est amené à créer une nouvelle gin’na dont l’expansion forme un nouveau quartier, qui se situera plus ou moins à proximité de l’entité dont il est issu. Les nouveaux villages sont donc souvent créés dès lors que les terres cultivables disponibles se réduisent proportionnellement à la taille de la lignée qui s’élargit ; cela peut, dans cer-tains cas, s’expliquer par la naissance de conflits fami-liaux ou fonciers.

Chaque quartier est composé de maisons ou plutôt de concessions, chacune regroupant une famille élargie. Il possède aussi un certain nombre d’éléments col-lectifs qui lui procurent une relative indépendance. Les concessions sont séparées par des ruelles plus ou moins étroites, ainsi que des placettes qui permettent les rassemblements populaires et les jeux d’enfants.

Le développement des religions musulmane et chrétienne, n’a pas remis en cause ce mode d’orga-nisation de l’espace habité. Si certains villages sont homogènes sur le plan de la religion, d’autres sont aujourd’hui organisés en secteurs habités chacun sui-vant l’appartenance religieuse (par exemple à Bégné-matou où il existe trois quartiers séparés : animiste, musulman et chrétien).

● Eléments particuliers de répartition de l’espace habité et du territoire

Chaque village, chaque quartier possède des

éléments particuliers. Dans la tradition animiste, le centre du quartier est la grande maison familiale, dite Gin’na. C’est ici que ré-side le fondateur du quartier puis, plus tard, celui qui sera désigné pour prendre sa relève en tant que chef de la famille. C’est dans cette gin’na que sont gardés les fétiches protecteurs de la famille, liés au culte rendu annuellement aux ancêtres (wageù). Bien que construites avec les mêmes matériaux et techniques, les gin’na se distinguent très facilement des habi-tations ordinaires car elles ont le plus souvent des façades décorées de motifs géométriques obtenus par des appareillages et assemblages de briques et de linteaux en bois ou pierres sophistiqués. Certaines gin’na sont peintes de motifs géométriques à partir de trois couleurs dogon de base : le rouge, le blanc et le noir. Les convertis à l’Islam et au Christianisme gardent ce concept de gin’na mais ne lui donnent plus l’importance religieuse ancestrale.

Chaque membre de la communauté est lié à la gin’na qui correspond à son ascendance. C’est ainsi que les plus anciennes d’un village sont reconnues comme des centres religieux importants par d’autres lignées et pour les plus anciennes du pays, par une propor-tion très importante de la population animiste du pays dogon. C’est le cas notamment de la gin’na-sanctuaire de Aru à laquelle est attachée un des trois grands groupes dogons : le clan Aru. Chaque année, à l’approche de la saison des pluies, les membres de ce clan s’y rendent pour participer à la cérémonie du Bulo, fête rituelle des semailles, au cours de laquelle le culte est rendu aux ancêtres pour s’assurer d’une bonne saison pluvieuse garante d’une bonne pro-duction céréalière et d’une bonne conservation de l’environnement. Dans les quartiers ou villages qui ne sont plus ani-mistes, ces centres religieux sont remplacés par des mosquées et églises ou encore des temples. Dans les villages musulmans les pus importants, il y a de petites mosquées au niveau des quartiers et une grande mosquée dite « mosquée du vendredi » pour l’ensemble du village.Un des éléments le plus important et aussi le plus permanent des villages dogon est le Toguna (de Togu= hangar et Na= mère, premier ou principal). Il s’agit d’un abri où se retrouvent les vieux sages du village pour discuter et échanger sur les questions régissant la vie de la communauté, et dans certains cas, résoudre les problèmes ou conflits familiaux et sociaux. Le Toguna se situe en général à proximité d’une place où jouent les enfants. Cet observatoire permet aux sages de détecter des qualités, des ta-lents ou des facultés des jeunes au cours de leurs activités ludiques. Lorsque cela s’avère nécessaire ou

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utile, ils leur confient des responsabilités particulières en fonction de ces observations quotidiennes. C’est là également où se tiennent les assemblées villageoises et où se déroulent les nombreuses fêtes qui rythment la vie des Dogon.

Dans les villages où survivent les traditions sociales et religieuses se trouve aussi la case des femmes où celles-ci (co)habitent pendant leurs périodes de menstrues. Cette pratique a tendance à disparaître, à cause de nouvelles religions et ces cases de femmes menstrues deviennent rares dans beaucoup de villages.Les villages (ou quartiers) animistes possèdent aussi nombre de temples et autels dédiés à des esprits protecteurs ou à des ancêtres totémiques. A l’instar des gin’na, les temples et autels sont parfois déco-rés. Ceux-ci ne sont pas toujours des constructions. Ainsi des grottes, arbres, bosquets, sources, mares ou encore ruisseaux peuvent être des lieux de culte. Cer-tains de ces lieux (par exemple les grottes rupestres de Songho, consacrées aux cérémonies triennales de circoncision) sont reconnus bien au-delà du village même où ils se trouvent et sont fréquentés par des populations venant parfois de très loin.Si les cimetières modernes (chrétiens ou musul-mans) tendent à se développer, les pratiques dogons

d’utilisation de grottes funéraires restent fortement d’actualité. Il existe des cimetières spécifiques pour les diverses composantes de la population (sépara-tion hommes femmes, enfants, hommes de caste) mais aussi des tombeaux destinés aux personnages ayant des responsabilités importantes (Hogon) ou à des femmes décédées pendant l’accouchement ou en état de grossesse. Il existe encore des grottes sépul-crales en région des falaises, destinées uniquement aux personnes foudroyées.2.1.Le patrimoine physique culturel et naturelLe territoire du pays dogon est pris entre trois régions naturelles (plateau, plaine et falaise) qui regorgent d’un patrimoine culturel et naturel riche et diversifié. Le paysage construit par différents éléments combi-nés a créé un ensemble touristique attractif qui fait de la région la plus visitée du Mali.Le patrimoine naturel comprend des éléments géo-morphologiques dont des nombreuses vallées et cirques et des formations géologiques exception-nelles telles des grottes sous forme de hangar, passe-relles naturelles, des dunes fixes au bas des falaises. Des rochers et grottes pittoresques et des cascades en saison pluvieuses constituent des éléments parti-culiers du patrimoine naturel dogon qui, en s’imbri-quant harmonieusement aux éléments produits par

Toguna à Indélou sur le plateau de Bandiagara, photo MCB, 2003

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l’homme forment un véritable paysage culturel.La falaise gréseuse du pays dogon se situe dans le secteur bioclimatique sahélien caractérisé par une pluviométrie faible (< 300 à 400 mm d’eau/an) et une végétation de savane herbacée dans laquelle on retrouve quelques arbres adaptés aux climats les plus arides (Acacia tortilis subsp. Tortilis, Balanites aegyptiaca, Maerua crassifolia,…). En outre, cette falaise présente la propriété de collecter les eaux de pluies mais également celles provenant de la nappe phréatique du fleuve Niger. Cette eau, qui se diffuse au travers d’un réseau d’interstices dans le gré im-perméable, est secondairement redistribuée sous la forme de petites sources souterraines et de cascades qui coulent toute l’année. Ainsi, bien que la falaise se situe dans un climat sahélien, la disponibilité hydrique locale (quantité et durée) est nettement supérieure à la seule pluviométrie.L’isolement de cette falaise dans ce secteur sahélien a permis à toutes ces espèces d’évoluer indépendam-ment de leur population d’origine jusqu’à constituer de nouvelles espèces. La meilleure preuve est four-nie par la présence d’une espèce endémique, Acri-docarpus monodi, dont l’aire de distribution dans le monde, selon des botanistes, se restreint à quelques kilomètres carrés au sud de cette falaise dogon.Ainsi par ses caractéristiques hydriques mais éga-lement biologiques, la falaise du pays dogon peut, à juste titre, être considérée comme une île ou une oasis dans le sahel.Cette caractéristique exception-nelle d’oasis de biodiversité a valu au site le mérite d’accueillir la célébration de la Journée Mondiale de la Biodiversité, le 05 juin 2005. La Journée a été orga-nisée par la revue GEO, en collaboration avec la GTZ, le Ministère malien de l’Environnement et la Mission Culturelle de Bandiagara. Elle a consisté à organiser une excursion sur un parcours de la falaise au cours de laquelle les scientifiques et les détenteurs locaux de savoirs sur les plantes et l’environnement ont échangé, en présence d’un public impressionné par la richesse effective de la biodiversité de la zone.2.2.Le patrimoine immatérielLe patrimoine immatériel comprend les traditions orales, les contes et récits historiques des villages, les connaissances, savoirs et savoir-faire... A ceci, il faut ajouter d’innombrables cérémonies rituelles, initia-tiques et populaires ainsi que des chants et danses folkloriques. L’élément immatériel le plus connu est la tradition séculaire des masquesL’intérêt et la richesse de la culture dogon résident dans les expressions immatérielles du patrimoine. Au sein de ces expressions culturelles, on retrouve le symbolisme en tant que mode de pensée, d’interpré-tation et de compréhension de tous les phénomènes

naturels et surnaturels. Toutes ces manifestations culturelles définissent le contour du mode d’exis-tence en milieu dogon.

Les traditions sociales et religieuses, les sociétés ini-tiatiques, les danses, les savoirs et savoir-faire tra-ditionnels, les contes, proverbes, légendes et récits du terroir ainsi que les grandes célébrations rituelles cycliques constituent des éléments importants de ce patrimoine intangible. Il est vrai que ce patrimoine est largement imprégné de créativité artistique toute particulière, et ce dans quasiment tous les domaines, même si cela est particulièrement bien illustré par la sculpture et l’architecture. Outre les savoirs et savoir faire qui sous tendent les éléments décrits dans les chapitres précédents, les plus remarquables sont les suivants :

● La cosmogonie dogon et les pratiques divinatoires La croyance populaire soutient que Dieu est à l’ori-gine et à la fin de tout. Il se manifeste cependant à travers certains phénomènes naturels visibles et invisibles, animés ou inanimés : la mort constitue à cet effet un simple phénomène de mutation. D’où la multitude de pratiques et manifestations rituelles et sacrificielles dont les plus réputées sont les célébra-tions de cultes rendus aux mânes des ancêtres (fêtes funéraires) et la divination. Cette dernière pratique est très développée chez les Dogon. A l’origine le renard pâle, animal mythique et symbolique qui, selon les croyances ancestrales, posséderait beaucoup de connaissances. Privé par Dieu de Parole, il ne peut s’exprimer qu’à travers ses empreintes que seuls des devins savent lire et inter-préter sur des tables de divination quotidiennement consultées.La cosmogonie dogon c’est aussi et surtout les mul-tiples interprétations faites des phénomènes célestes et terrestres ainsi que leurs modes d’expression. Les étoiles, la lune, le soleil, l’air et certains autres astres sont bien connus des Dogon ; ils sont généralement interprétés en rapport avec des activités de produc-tion essentiellement agricoles.

3.L’organisation spatiale et le système traditionnel de gestion de l’espace habité et de l’environnement

L’habitat L’habitat en pays dogon était à la fois homogène et varié. On peut effectivement constater de nos jours l’utilisation de principes constructifs identiques pour tous les villages, avec des compositions à partir d’un

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nombre relativement limité de types de structures de base. Chaque maison ou concession est composée à partir d’unités indépendantes ayant des plans ronds, carrés ou rectangulaires. Ces unités sont accolées ou reliées par des murs de liaison et de clôture qui délimitent une ou plusieurs cours. Les voies d’accès sont parfois complexes, en correspondance avec les hiérarchies, liens particuliers ou encore des besoins d’intimité. Les cours sont aménagées de façon à s’adapter à leurs utilisations spécifiques. La cour d’entrée pos-sède souvent des banquettes, créant ainsi un endroit convivial. D’autres banquettes sont positionnées à côté de l’entrée pour créer un lieu de communication et de rencontre avec les voisins de passage. Les murs sont faits soit en maçonnerie de pierres sèches, de pierre brutes maçonnées à la terre, soit de terre façonnée, soit encore, dans les zones où la terre est largement disponible (plaine du Séno), avec des briques de terre séchées au soleil. La majorité des toitures est faite de poutres position-nées horizontalement, et recouverte de branches et finalement de terre qui assure l’étanchéité des ter-rasses qui sont accessibles et d’ailleurs très utilisées (stockage, séchage des récoltes, lieux de couchage en saison chaude). Certaines pièces d’habitation sont couvertes de charpentes simples et de paille, mais ce système est plus souvent réservé aux greniers.

4. Les enjeux actuels du développement, de l’aménage-ment du territoire et les défis de la conservation du patri-moine dogon

L’occupation traditionnelle du territoire et l’aménagement du territoire au pays dogon : le village de Koundou Ando, photo L.Cissé, 2008

4.1.La politique de décentralisation et l’aménage-ment du territoire La politique de décentralisation en cours donne aux collectivités territoriales la latitude et la responsabi-lité de la gestion de l’ensemble des ressources et des espaces du ressort de leurs terroirs. Chaque collecti-vité territoriale (commune, mairie, conseil de cercle, assemblée régionale) élabore un plan quinquennal de développement économique, social et culturel com-munément appelé PDSEC. Dans la planification quin-quennale le schéma d’aménagement du territoire (SAT), là où il existe, réserve très peu de place à la ges-tion du patrimoine et les élus locaux n’intègrent pas souvent la dimension patrimoniale dans les projets et programmes de développement local et régional.4.2.Les schémas d’aménagement du territoire (SAT)La Mission de Décentralisation créée en février 1993 au Mali, a eu pour tâche entre autres de conduire l’élaboration d’un Schéma National d’Aménage-ment du Territoire (SNAT) et des Schémas Régionaux d’Aménagement et de Développement (SRAD). Elle a, à travers le projet MLI/94/003 «Renforcement des Ca-pacités de mise en place d’une gestion décentralisée du développement » permis d’effectuer d’importants travaux en matière d’aménagement du territoire.L’aménagement du territoire et la décentralisation se sont renforcés mutuellement à travers la prise en compte des acteurs locaux dans le processus. Autant la décentralisation a permis à l’aménage-ment du territoire de renouveler ses méthodes et démarches, autant l’aménagement du territoire offre

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à la décentralisation la prise en compte de la dimen-sion territoriale dans la mise en œuvre des politiques publiques locales. Le processus de décentralisation amorcé se traduit par une responsabilisation des ac-teurs à la base suivant le découpage administratif en vigueur dans le pays. Ainsi, trois ordres de collectivi-tés territoriales ont été créés : la commune, le cercle et la région.

4.3. Les changements dans le domaine de l’aménagement urbainDans l’arène actuelle de la politique de décentralisa-tion, l’Etat n’est plus le seul acteur de l’aménagement du territoire. Les collectivités territoriales sont au cœur même de cette nouvelle politique. La loi 95-034 du 12 avril 1995, portant Code des Col-lectivités Territoriales, assure aux communes, et aux cercles la responsabilité d’élaborer les plans d’occu-pation et les opérations d’aménagement de l’espace, et aux régions celle d’élaborer les schémas d’aména-gement du Territoire et de Développement Régio-nal. Le rôle de l’Etat est essentiellement de donner à ces collectivités, aux différentes échelles spatiales, un cadre d’action qui se limite au territoire en ce qui concerne fondamentalement l’élaboration d’un sché-ma national d’aménagement du territoire.Le Schéma d’Aménagement et d’Urbanisme (SDAU) transformé en schéma Directeur d’Urbanisme (SDU) a pour objet de fixer les orientations fondamentales de l’aménagement du territoire d’une localité et de ses environs. Il concerne toutes les localités de 5000 habitants et plus. Cependant, il est admis une procé-dure simplifiée conduisant à un Schéma Sommaire d’Urbanisme (SSU) qui se limite à la définition sché-matique des infrastructures principales des zones d’habitation et des zones d’activités.Au niveau local, le Programme de Développement Économique, Social et Culturel (PDESC) est l’instru-ment de travail des collectivités territoriales qui fixe les objectifs et prévoit les actions, les moyens et les stratégies du développement de la collectivité sur le moyen terme (5 ans généralement).La loi N°95-034 portant code des collectivités terri-toriales en République du Mali confère la respon-sabilité de la conception et de la mise en œuvre du programme de développement aux autorités des collectivités communales, des cercles et de la région. Cette loi précise en plus que le Conseil Communal règle par ses délibérations les affaires de la com-mune, notamment celles relatives aux programmes de développement économique, social et culturel.Le PDESC doit prendre systématiquement la dimen-sion patrimoniale de l’aménagement du territoire, en tant qu’instrument de planification, mais le constat

est que cela n’est effectif que pour certaines col-lectivités territoriales . Par exemple, une analyse des PDESC des première et deuxième générations des collectivités des cercles de Bandiagara, Bankass et Koro, permet de faire le constat que la prise en compte dans les PDESC des secteurs du tourisme et du patrimoine est très faible (moins de 1% des actions prévues dans les PDESC).

Contexte institutionnel de l’aménagement du territoireLe Ministère chargé de l'Urbanisme élabore et met en œuvre la politique nationale dans les domaines du lo-gement, des affaires foncières et de l'urbanisme. Il est chargé, entre autres, de l'élaboration et le contrôle de l'application des règles relatives à l'urbanisme et à la construction, à travers la Direction Nationale de l’Urbanisme et de l’Habitat.

5. La gestion du site classé du pays dogon et le déve-loppement de nouvelles infrastructures

Le pays dogon est un site inscrit sur la liste du patri-moine mondial de l’UNESCO en tant que bien mixte, culturel et naturel. Sa valeur universelle exception-nelle réside principalement dans la relation forte qui existe entre l’architecture et le paysage. Depuis des centaines d’années, les Dogon ont su éta-blir une très forte adéquation entre leurs réalisations architecturales et les divers environnements natu-rels. Dans le paysage, tout apparaît juste, à sa place. Ceci s’incarne dans :

¾ le choix du site et l’implantation ¾ l’adaptation aux microclimats ¾ l’organisation spatiale, les formes

architecturales ¾ l’utilisation ingénieuse et économe des

matériaux locaux ¾ la mise en place d’une organisation sociale

adaptée ¾ la lisibilité des symboles culturels

L’architecture et l’urbanisme dogon sont des ré-ponses particulièrement intelligentes aux besoins d’une société dans un lieu donné ; par certains as-pects un vrai exemple de développement durable. C’est aussi un exemple de diversité culturelle, tant les réponses sont multiples, en fonction des origines culturelles, des caractéristiques du lieu et de la dis-ponibilité des ressources locales. Il s’agit donc d’une source d’inspiration mondialement reconnue qui doit être préservée dans son unité mais aussi sa diversité, sans toutefois tomber dans un immobilisme stérile.

5.1. Intégration du patrimoine dans la gestion du

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Theme 1

Session 3

228LE PATRIMOINE, MOTEUR DE DÉVELOPPEMENT

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territoireIl est généralement admis que le patrimoine est une partie intégrante du territoire en tant qu’entité géographique et culturelle. Il est aussi lié à des orga-nisations sociales et communautaires souvent for-malisées aujourd’hui dans des unités administratives territorialisées. De plus, dans nombre de traditions, la nature ou certains de ses éléments sont animés et constitués d’éléments vivants avec lesquels il faut composer. Le patrimoine culturel, transmis de génération en génération, permet aux peuples de se situer dans un continuum temporel et il confère à un territoire donné des particularités distinctives, base de consti-tution des identités collectives. Dans ce sens, la prise en compte du patrimoine cultu-rel dans les programmes et projets de développe-ment et dans les opérations d’aménagement (espaces de pratiques traditionnelles, éléments sacrés, sites archéologiques, éléments architecturaux de valeur historique ou esthétique...) est incontournable.

5.2. Que peut le Patrimoine dogon contre le déclin rural ?Les collectivités territoriales sont composées d’enti-tés villageoises qui ont développé et préservé des traditions de protection et de mise en valeur des ressources patrimoniales (culturelles, naturelles et paysagères). Dans cette optique elles ont créé des sociétés initiatiques, des groupes sociaux en fonction des classes d’âge qui sont généralement responsables

de la conservation de certaines valeurs culturelles et leur transmission. Ainsi dans plusieurs communes, il existe encore des villages où l’on retrouve des bri-gades traditionnelles de conservation de l’environ-nement et des maîtres de cérémonies rituelles qui conservent tous les biens (matériels et immatériels) dédiés à celles-ci.Cette question est d’actualité au pays dogon d’au-tant plus que la rupture causée par l’intégration de textes conventionnelles depuis la période coloniale (fin 19ème siècle) dans la gestion des questions fon-cières et l’aménagement du territoire, est encore à l’origine de multiples conflits récurrents pendant la saison agricole.Les schémas actuels d’aménagement du territoire tentent d’apporter une réponse au règlement paci-fique des conflits fonciers en ayant recours aux conventions traditionnelles liées à la gestion du ter-ritoire. Les textes juridiques (législatifs administratifs réglementaires) ont montré leurs limites car le plus souvent inadaptés au mode de gestion patrimonial.

Relevés architecturaux du temple d’Arou restauré (falaise de Bandiagara) Cabinet AUDEX, 2008

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Session 3

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HERITAGE, DRIVER OF DEVELOPMENT

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References

Cissé, L. and Joffroy, T. (2006). Falaises de Bandiagara, Pays Dogon, Plan de conservation et de gestion, Minis-tère de la Culture du Mali, World Monuments Fund.

Cissé, L. Joffroy, T and Garnier P. (sous la coordination de) 2010 : Recommandations pour la construction d’écoles en Pays dogon, guide.

Cissé, L., Dembélé, A., Cornet, L., and Joffroy, T. (2011). Inondation de Bandiagra de Juillet 2007, Aide à la reconstruction de logements, Rapport Final, Misereor, Fondation Abbe Pierre.

Cissé, L. Guindo, P. et Joffroy, T : le Temple d’Arou, falaises de Bandiagara, pays dogon, avril 2010 (plaquette)

Prof. Sharon Sullivan (Australian Committee of ICOMOS), 2003: “Local Involvement and Traditional Practices in the World Heritage System”

Dr. Mechtild Rössler (Chief, Europe and North America Unit, UNESCO World Heritage Centre), 2003: Managing World Heritage Cultural Landscapes and Sacred Sites

Dr. Weber Ndoro (Program Specialist, ICCROM), 2003: Traditional and Customary Heritage Systems – Nostalgia or Reality?: The Implications on Managing Heritage Sites in Africa

Ms. Anna Sideronko (Assistant Programme Specialist, Arab States Unit, UNESCO World Heritage Centre), 2003: Projet pilote: “Sauvegarde et Développement de Villes du patrimoine mondial en Mauritanie: exemple d’une coopération tripartite UNESCO-Gouvernement mauritanien-Banque Mondiale”

UNESCO/AFVP, 2003 : Etude du patrimoine naturel dogon : « Mieux comprendre pour valoriser et préserver »

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Theme 1

Session 3

230LE PATRIMOINE, MOTEUR DE DÉVELOPPEMENT

HERITAGE, DRIVER OF DEVELOPMENT

HOW CLIMATE CHANGES THE HISTORIC WATER MANAGEMENT APPROACH IN THE NETHERLANDS

Erik Luijendijk MSc Urban Planning [email protected]

Abstract. For centuries the Dutch live with water, they protect themselves against water and they make land of water; a rich tradition which became an important trademark. Therefore one of the main UNESCO world heritage themes in The Netherlands is ‘Land of Water’. History brought the Dutch not only their water management-reputation; Hansje Brinker, construction works as dikes, polders, windmills and pumping stations. The water management approach was also the origin of Dutch consensus policy.

Introduction

Nowadays a major theme like climate change in-fluences the Dutch way of facing the water. Climate changes and The Netherlands have to anticipate the consequences. Climate therefore changes spatial planning. Water management and spatial planning are again strongly brought together, like they were in the past. Recently studies concluded that it is time to change the way of thinking about living with water in The Netherlands: not only bringing up a threshold against the water, but also thinking about how to deal with a water overflow (Van de Ven et al, 2009). But how does the old tradition with its innovations like dikes, dwelling mounds and pumping stations fits within this new approach? And how will the Dutch bring all the stakeholders together to create consen-sus decision-making in an urbanizing country? Is the traditionally originated ‘polder model’ still the basis for water proofing Holland?Historic threshold approachLand of Water; this theme exactly records the sense of water management in The Netherlands, namely building up thresholds against water. Dikes, windmil-ls, pumping stations, dwelling mounds, are all mea-sures that has been taken to keep the water outside the low lying areas. These historic elements in Dutch landscape are still playing a vital and essential role in the protection of The Netherlands against river floo-ding and storm surges from the sea. Climate change makes that role more and more important, and new elements are being built all over the world to play that role for the same reason. Also the consensus ap-proach was unique to create water safety. Though in the low lying areas people from different places had different interests, they all had to cooperate and set aside these differences for water safety in the polder as a whole.

New approaches, historic measuresThe focus on building up thresholds against water has been changing since climate change has become an important issue in spatial planning. Not only can the threshold capacity protect us against flooding. Regar-ding the climate impact, soil conditions and land use, it is possible to create a robust environment by not only focusing on the threshold capacity but also on other capacities like recovery, coping and adaptive capacity (De Graaf et al, 2007). It is a different way of facing water problems in the future. Nevertheless historic principles combined with ‘new’ measures can provide a robust future safety, not only based on prevention but also on damage reduction, disas-ter management and rehabilitation. These combined principles can also protect us from other increasing extreme weather conditions like heavy rainfall. This new way of facing water threats requires other de-sign methods. A consensus approach is also neces-sary nowadays, as it was in history. A new approach means that people have to set aside their usual thin-king patterns to create safety for a whole low lying area. Architects, engineers, experts, residents, public authorities together have to make themselves sensi-tive for new and unusual solutions for water robust-ness (Luijendijk, 2010). Interactive design (Charrettes) showed that it is a proven method to share insights, to discuss differences, to learn from experts about new technologies and approaches and to create a safe living area with all the people involved. This new approach also requires another approach to water governance. Both local and national authorities have to play an important role in initiating this interac-tive planning and design processes. Creating water robustness is more than technical innovation. Pro-cess innovation is perhaps more important to finally

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choose the best solution for each specific location. Delta dikeDikes play an important role in the protection of The Netherlands from flooding. We made land of water and dikes kept the water outside new land for cen-turies. Historically, dikes are built from a technical approach, which evaluated to the present dikes as slim elements, meandering through the Dutch polder landscape. Dikes are heavily protected by the water authorities. Building on dikes is forbidden because it can decrease the stability of the construction. A few years ago the discussion on climate change, the the-refore inevitable reinforcement of dikes and at the same time the lack of space in urban areas to broaden the dikes lead to a new concept in water manage-ment: the Delta dike (Luijendijk and Hartog, 2007). The Delta dike is a broad dike, that is unbreacheable (indestructible) and on which buildings are allowed. In specific situations the dike can be unbreacheable but overflowable. New measures in urban areas behind the dike can make the buildings robust enough to accept a small amount of water slowly coming into the area without causing damage to the buildings and

public space. The Delta dike is a multifunctional ele-ment which in fact can be seen as a combination of two Dutch historic elements: the dike and the dwel-ling mound (or terp). It is the way in which historic principles can play a role in present flood protection. Next steps from a historic perspectiveBoth new and historic measures are necessary to protect the existing landscape for the future, not only in The Netherlands. ‘Land of Water’ is the most important world heritage-theme in The Netherlands. ICOMOS-Netherlands recently adopted this theme as its main focus for the coming years. An important reason for adopting this was the increasing threat of climate change to (world) heritage sites all over the world. Bringing multidisciplinary expertise and local knowledge together is necessary to make an effort to define measures, both new innovative and historic, for the protection of our built heritage against the impact of climate change. Inspiration through open discussion and interactive design will be the basis for starting a movement that protects our (future) heritage.

ir. D.F. Wouda Steam Pumping Station, Lemmer, The Netherlands

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232LE PATRIMOINE, MOTEUR DE DÉVELOPPEMENT

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Beemster polder, The Netherlands

References

Graaf, R.E. de, Giesen, N.C. van de & F.H.M. van de Ven, 2007. The closed city as a strategy to reduce vulnera-bility of urban areas for climate change. Delft, Faculty of Civil Engineering and Geosciences, Delft University of Technology. Water Science & Technology Vol 56 No 4 pp 165173.

Luijendijk, E. (2010), “Nieuwe trends vragen om de kunst van het sensibiliseren.” WT Afvalwater 10 (6) p.151-153.Luijendijk, E., M.P. Hartog (2007), “De Deltadijk.” H2O 40 (22), p. 34-35.

Ven, F.H.M. van de, B. Gersonius, R. de Graaf, E. Luijendijk et al. (2010), Water robust building; a three step approach for The Netherlands linking planning, design, construction and exploitation. Amsterdam, Klimaat voor Ruimte.