Introduction CollectivitéS Territoriales

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Introduction au débat - PCF régional Atelier du 14.11.09 - Sélestat Guy Buecher Reforme des collectivités Un Big Bang Territorial En octobre 2008, le président de la République N. Sarkozy mettait en place un comité avec à sa tête l’ancien 1° ministre E. Balladur : Objectif assigné : en finir avec le soi-disant « mille- feuille » territorial qui serait unique en France et qui coûterait cher au budget de l’Etat. Le conditionnel est là de circonstance car les trois niveaux des collectivités territoriales que sont les communes, les départements et les régions loin de représenter une charge, participent pour 73% à l’investissement public et font vivre les services publics territoriaux si nécessaires aux populations. En fait depuis le traité de Maastricht, la vivacité de la démocratie locale (Communes, départements, communautés urbaines Régions etc … ) se trouve régulièrement opposée à la prétendue « efficacité économique ». Efficacité économique, la bonne blague ! Efficacité, on sait ce que cela veut dire dans la tête des marchands de l’idéologie libérale : c’est la concurrence non faussée qui agit comme une spirale infernale menant inexorablement au moins disant social. Ainsi on nous serine dans cette Europe ultra libérale que seules de grandes régions en concurrence entre elles sortiront vivantes du champ de bataille économique. Et on nous a longtemps fait miroiter pour bien nous faire rentrer cela dans les têtes les « réussites » de l’Irlande défiscalisée, de l’Espagne et ses Etats régions dans le royaume. Depuis la crise on sait ce qu’il en est, quelle catastrophe touche ces pays. Parlons clair : Cette volonté de faire disparaître l’héritage révolutionnaire que constitue l’existence des communes, des départements, et plus récemment des régions, n’a qu’un seul but : recentraliser au profit de 11 grandes métropoles où seront concentrées les pouvoirs, les richesses, les atouts et où s’organisera la concurrence capitaliste à l’échelle européenne

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Introduction au débat - PCF régionalAtelier du 14.11.09 - Sélestat

Guy Buecher

Reforme des collectivités

Un Big Bang Territorial

En octobre 2008, le président de la République N. Sarkozy mettait en place un comité avec à sa tête l’ancien 1° ministre E. Balladur : Objectif assigné : en finir avec le soi-disant « mille- feuille » territorial qui serait unique en France et qui coûterait cher au budget de l’Etat. Le conditionnel est là de circonstance car les trois niveaux des collectivités territoriales que sont les communes, les départements et les régions loin de représenter une charge, participent pour 73% à l’investissement public et font vivre les services publics territoriaux si nécessaires aux populations.

En fait depuis le traité de Maastricht, la vivacité de la démocratie locale (Communes, départements, communautés urbaines Régions etc … ) se trouve régulièrement opposée à la prétendue « efficacité économique ». Efficacité économique, la bonne blague ! Efficacité, on sait ce que cela veut dire dans la tête des marchands de l’idéologie libérale : c’est la concurrence non faussée qui agit comme une spirale infernale menant inexorablement au moins disant social.

Ainsi on nous serine dans cette Europe ultra libérale que seules de grandes régions en concurrence entre elles sortiront vivantes du champ de bataille économique. Et on nous a longtemps fait miroiter pour bien nous faire rentrer cela dans les têtes les « réussites » de l’Irlande défiscalisée, de l’Espagne et ses Etats régions dans le royaume. Depuis la crise on sait ce qu’il en est, quelle catastrophe touche ces pays.

Parlons clair : Cette volonté de faire disparaître l’héritage révolutionnaire que constitue l’existence des communes, des départements, et plus récemment des régions, n’a qu’un seul but : recentraliser au profit de 11 grandes métropoles où seront concentrées les pouvoirs, les richesses, les atouts et où s’organisera la concurrence capitaliste à l’échelle européenne

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et mondiale. Il faut mettre le pays aux normes de la mondialisation capitaliste !

On comprend mieux là que le « mille-feuilles » institutionnel n’est qu’un alibi pour justifier la volonté de substituer le privé au secteur public local dans le but d’ouvrir des nouveaux marchés susceptibles de valoriser le capital financier.

Ainsi après le démontage des services publics nationaux, le gouvernement ambitionne de s’attaquer maintenant aux services publics de proximité portés pour l’essentiel par les collectivités locales. Pour cela il propose de réduire leur place, leur nombre et leur rôle. C’est là tout le sens du rapport Balladur car la France territoriale rêvée par Sarkozy ressemble à ce que nous voyons depuis 2 ans : Transferts de charges, autonomie de gestion des universités, réduction à marche forcée des services publics ( Poste, tribunaux, Prud’homme…), restructuration des services hospitaliers autour de grands établissements régionaux… En somme une logique d’entreprise à l’échelle d’un pays qui deviendrait « l’entreprise France » version Sarkozy.

C’est aussi un véritable coup d’Etat contre la démocratie, car cela éloignera les citoyens de tout pouvoir de décision, et les privera de leurs élus et représentants les plus proches. Ce seront les préfets de régions qui détiendront les pouvoirs réels.

Vider de son sens la démocratie représentative. Motivé par un esprit de revanche sur les succès de la gauche en 2004 et 2008, les projets du rapport Balladur marquent une profonde régression dans l’histoire démocratique de notre pays.

Fusion des départements et régions dans une nouvelle instance privée de la clause générale de compétence, ( ce qui transformerait pour une part les représentants du peuple en administrateurs spécialisés et les empêchant d’autre part à être réactifs aux besoins des habitants et au développement de leur territoire.)

Nouveau mode de scrutin entérinant un recul de la parité et de la représentation, intercommunalité devenue obligatoire, communes transformées en arrondissements dans les métropoles auxquelles seront transférées des compétences départementales et régionales actuelles. On peut déjà là, dire que ces métropoles tentaculaires ne feront qu’aggraver et créer de nouveaux déséquilibres de toutes sortes.

Quant à la recommandation de réduire drastiquement le nb d’élus, c’est une véritable profession de foi contre la démocratie locale.

Suppression de la taxe professionnelle et donc dépendance accrue de l'État. ( nouveau cadeau au patronat qui n’empêchera pas les délocalisations

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comme le prétend la droite, mais qui se traduira par une nouvelle ponction sur la population à la place des entreprises.)

Bref, des collectivités territoriales sans pouvoirs et sans moyens, moins d'élu-e-s locaux, c'est la démocratie qui s'étiole. Avec cette réforme, Nicolas Sarkozy veut renforcer son pouvoir personnel et se donner les moyens de gouverner le pays avec une UMP à 30%.

L'autre réforme des collectivités territoriales :la démocratie au cœurAlors que le but de la droite est de franchir une nouvelle étape vers plus de libéralisme qui remet en cause les fondements républicains et d’en finir avec ce qui reste des conquêtes sociales issues du Conseil national de la Résistance, et ceci alors même que Sarkozy et Besson viennent nous enfumer avec l’Identité nationale ( qu’il vident de son sens en liquidant et piétinant « la liberté –l’Egalité – et la Fraternité » , Portons une autre logique !

Proposons une réforme qui institue le partage des décisions entre citoyen-ne-s et élu-e-s, qui valorise le rôle et le travail des élus, qui donne les moyens financiers aux Collectivités territoriales, pour pouvoir conduire leurs politiques, qui favorise le développement des services publics et un nouveau mode de développement, qui ouvre les collectivités sur des coopérations entre elles et avec le reste du monde, qui donne à l'État un rôle de régulation et de répartition pour faire reculer les inégalités.

Mettons la démocratie au cœur de cette réforme : défendre et améliorer la démocratie représentative et instituer une démocratie participative, c'est-à-dire la participation des citoyen-ne-s aux décisions pendant la durée des mandats.

Cela passe par des changements significatifs :Valoriser le rôle et le travail des élu-e-s. Créer un véritable statut pour les élus qui leur permette d'exercer sereinement leur mandat, notamment les salarié-e-s, les ouvrier-e-s, les employé-e-s, les jeunes. La proportionnelle devra être instaurée pour toutes les élections, ainsi que la limitation du cumul des mandats. La parité devra être obligatoire. Le droit de vote et d'éligibilité devra être reconnu à tous les résidents étrangers, sous condition de résidence.

Instituer un partage des décisions entre élu-e-s et citoyen-ne-s, par la démocratie participative. Assemblées de citoyen-ne-s, appel à volontariat, ateliers et panels de citoyen-ne-s tirés au sort, budgets participatifs … les moyens sont nombreux pour permettre l'irruption des citoyens dans les processus de décision. Adopter des lois qui déclinent et font vivre le principe de démocratie participative dans la vie de toutes les institutions.

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Les collectivités territoriales disposeront de moyens financiers pour permettre les espaces, les outils, les personnels, la formation, pour favoriser la participation des citoyennes et des citoyens.

Les collectivités territoriales devront associer les citoyennes et les citoyens à l'élaboration de leurs décisions budgétaires dans le cadre d'une procédure de budgets participatifs. Une loi permettra de définir un cadre d'obligations minimales à respecter.

Le droit au référendum sera reconnu localement, à l'initiative des élu-e-s et aussi des citoyennes et des citoyens par voie de pétition réunissant un pourcentage de la population.