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In Dreams : David Lynch revisited Samedi 21 et dimanche 22 novembre 2015 PHILHARMONIE DE PARIS

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In Dreams : David Lynch revisited

Samedi 21 et dimanche 22 novembre 2015

P H I L H A R M O N I E D E PA R I S

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Samedi 21 novembre 2015

Martial Geoffre-Rouland / Workshop14h00 / Foyer de l’Amphithéâtre

M/M (Paris) / Conférence « France (pop) culture »16h30 / Amphithéâtre

Blueprint de Joanie Lemercier / ProjectionÀ partir de 17h (session toutes les 45mn) / Rue Musicale

ODEI / Performance Live 19h30 / Amphithéâtre

Dimanche 22 novembre 2015

TheUP « Lookin’ for the nite » / Performance Live14h30 / Amphithéâtre

Superscript2 / Workshop16h30 / Foyer de l’Amphithéâtre

Blueprint de Joanie Lemercier / ProjectionÀ partir de 17h (session toutes les 45mn) / Rue Musicale

Gordon & Julien Appert / Performance Live19h00 / Amphithéâtre

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SAMEDI 21 NOVEMBRE 2015 – 20H30DIMANCHE 22 NOVEMBRE 2015 – 16H

SALLE DES CONCERTS

In Dreams : David Lynch revisited

David Coulter, direction musicale et concept original

Stuart StaplesJehnny Beth Mick Harvey Conor O’ Brien Miho Hatori (Cibo Matteo)Yuka C Honda (Cibo Matteo) Rebecca Hawley (Stealing Sheep)Emily Lansley (Stealing Sheep)Lucy Mercer (Stealing Sheep) Sophia BrousKirin J Callinan

David Coulter, scie, violectra, guitare, percussionsTerry Edwards, trompette, saxophones, claviersDavid Okumu, guitare électriqueTom Herbert, guitare basse, contrebasseSeb Rochford, batterie, percussionsThomas Bloch, ondes Martenot, cristal BaschetPauline Haas, harpe

Lee Evans, sonNick Gray, Nathan Prince, lumièresDamien Dufaitre, régie lumièreEmma Woods, régie son retour Daniel Knox, interludes sonores

DURÉE DU CONCERT (ENTRACTE COMPRIS) : ENVIRON 2H30.

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In Dreams : David Lynch Revisited

« Chaque fois que j’entends des sons, je vois des images, puis les idées viennent. Ça me rend tout simplement fou » – ainsi l’explique David Lynch, réalisateur, artiste visuel, musicien et acteur à ses heures. Loin d’être un homme ordinaire, ce magicien anticonformiste à la houppe d’argent (tel un Jimmy Stewart venu de Mars) enchante autant qu’il dérange, mystifie autant qu’il amuse. Ouvrons donc la boîte de Pandore sur cette nuit de rêve collectif, tissée de sombres ivresses et d’angoissantes décharges stroboscopiques. Quelque chose plane dans l’air.

Venu d’un tout autre horizon, David Coulter, le directeur musical du projet, insiste avec enthousiasme sur le regard du réalisateur : « Il y a d’autres réa-lisateurs qui font vibrer les mêmes cordes en moi – Jim Jarmusch, Quentin Tarantino, même Tarkovski et Jarman ». Mais c’est le mélange du visuel et du son qui est véritablement unique dans le travail de Lynch, comme nous allons le découvrir.

Son premier long métrage, Eraserhead, sorti en 1977, annonçait avec audace ce qui allait suivre. On avait là une vidéo (psychologiquement) grinçante, laquelle, avec son univers en noir et blanc, partait du son pour créer une ambiance. « Pour moi les effets sonores sont vraiment de la musique. Vous sentez des choses sans savoir exactement d’où ça vient ; j’adore les effets sonores utilisés comme musique », explique Lynch. David Coulter met l’accent sur l’impressionnant travail sonore réalisé par Lynch et Alan Splet pour le film, achevé en un an. Du plus petit passage mélodique (composé par Fats Waller) à la chanson « In Heaven », tout est méticuleusement récun-péré pour créer cette « sonorité industrielle, à la manière du cliquetis et de la pulsation d’une machine » de l’enregistrement de terrain de Splet et Lynch.

Impossible d’évoquer la musique des films de Lynch sans mentionner Angelo Badalamenti – une collaboration compositeur-réalisateur essen-tielle que Coulter compare à celle unissant Leone et Morricone ou Rota et Fellini. Lynch considère Badalamenti comme son compagnon d’armes. Leur aventure musicale particulièrement riche a commencé sur Blue Velvet (1986). Comme le rappelle Coulter, Badalamenti avait été recruté comme coach vocal d’Isabella Rossellini sur le plateau mais s’est finalement retrouvé à écrire des chansons lorsque les producteurs se sont avérés incapables de

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payer les droits de la reprise du titre de Tim Buckley « Song to the Siren » par This Mortal Coil. C’est également à ce moment que la chanteuse Julee Cruise a rejoint l’équipe de façon providentielle. Comme le raconte Badalamenti, « Sur Blue Velvet, lui [Lynch] et moi nous asseyions au piano et il me décrivait des atmosphères. Il me gardait sur le plateau et je jouais pendant qu’on tournait pour que les acteurs soient dans l’ambiance. »

Leur collaboration s’est poursuivie jusqu’à la quasi perfection du phéno-mène Twin Peaks (1992). « Pour les personnages condamnés de Twin Peaks, la musique est loin d’être une simple enveloppe décorative, c’est la corde à laquelle ils sont pendus », commente The Guardian. Et c’est à travers Twin Peaks que le chanteur Conor O’Brien, alors âgé de neuf ans, a goûté pour la première fois au « calice sacré de l’étrange » concocté par Lynch. Aujourd’hui, lorsqu’il interprète ces chansons dont certaines chantées à l’origine par Julee Cruise, il a « l’impression d’avoir un peu de magie qui sort du ventre ». Pour Mick Harvey – autre invité de ce concert – et pour ses musiciens, c’est l’approche minimaliste de la musique par le réalisateur qui a été déterminante. Mais la chanteuse des Savages Jehnny Beth met en garde contre la facilité : « En fait, l’esthétique de ses films a tellement été copiée, elle a eu tellement d’influence que c’est presque devenu un sujet de plaisanterie… Si vous ne gardez que la surface et que vous la copiez, cela ne marche pas ». Elle-même a été initiée à cet univers par la bande originale de Lost Highway (1997), évocation du Los Angeles industriel, et quelques sessions marathons de visionnage de Twin Peaks ; soyez sans crainte, le concert de ce soir dure moins de trente heures ! Comme tout grand film possède sa distribution exceptionnelle, David Coulter a choisi des voix qu’il adore – possédant selon lui une vraie théâtralité : le duo new-yorkais Cibo Matto formé par Yuka Honda et Miho Hatori, Sophia Brous, le groupe Stealing Sheep, Kirin J Callinan, aux côtés de ceux déjà mention-nés : Mick Harvey, Conor O’Brien des Villagers, Jehnny Beth des Savages, et bien entendu Stuart Staples des Tindersticks.

Maintenant, rembobinons tout cela dans notre tête et revivons en musique certains de ces grands moments : l’inoubliable hôtesse de night-club Dorothy Vallens incarnée par Isabella Rossellini et son « Blue Velvet » de Bobby Vinton, l’interprétation indépassable d’Elvis Presley (« In Wild at Heart ») par Nicolas Cage ou le « Llorando » à briser le cœur de Rebekah Del Rio (reprise espagnole a cappelle du « Crying » de Roy Orbison) dans

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Mulholland Drive. Et il faudrait aussi, si l’on avait le temps, mentionner le géant, le cowboy, les mères et les grand-mères, l’homme mystérieux, sans oublier bien entendu les lapins, cher Bob. Peut-être pouvons-nous imaginer cette soirée comme un rassemblement de fans, avec autant de membres sur scène que dans la salle. Silencio !

Notes de programme © Ben Eshmade pour le Barbican Centre (juin 2014)

Ce spectacle a été créé au Barbican Centre en 2014 en collaboration avec A Throw Of Dice Touring et Rain Dog Productions.

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Les textures sonores de David Lynch

David Lynch fait la rencontre du médium cinématographique de manière tout à fait singulière : étudiant en arts plastiques, il voit le motif du tableau qu’il est en train de peindre entrer en mouvement alors que surgit simul-tanément un bruit de vent. Ce moment fondateur quant à la révélation du cinéma dans la peinture détermine un trait identitaire qui parcourt toute l’œuvre de Lynch : le cinéma est un lieu où se réinvente le geste du plas-ticien, qui consiste à modeler le visuel et le sonore. C’est donc à égalité que les images en mouvement et les sons forment des textures, dans un aller-retour incessant entre un visible qui donne à entendre du sonore et un sonore qui donne à voir des images.

De cette volonté de ne pas hiérarchiser les langages artistiques on com-prend que le son existe comme un terrain d’expérimentation au même titre que tout autre art. Et ce souci du matériau sonore s’incarne à divers niveaux, qu’il s’agisse des trois pistes traditionnelles du cinéma (voix, bruit et musique), de la réalisation d’albums où Lynch se fait musicien et chanteur, ou même de la production musicale pour le compte de son label. En dehors de ses propres compositions, Lynch effectue tout un travail de réappropria-tion de musiques préexistantes. Il puise dans les tonalités d’une période qu’il affectionne, le rock and roll des origines et plus généralement dans l’Amérique des années cinquante et soixante, avec des artistes comme Roy Orbison, qui laisse son empreinte sur deux films, Blue Velvet avec la chanson « In Dreams » et Mulholland Drive avec la reprise en espagnol de « Crying » par la chanteuse Rebekah Del Rio ; ou encore Bobby Vinton, dont la chanson « Blue Velvet » prend la forme d’un film hommage.

D’autres noms affleurent dans l’espace-temps musical de Lynch : David Bowie, Marilyn Manson, ou les groupes Rammstein et This Mortal Coil, pour ne citer que quelques exemples présents dans un film comme Lost Highway. Mais de toutes les rencontres musicales qu’il peut faire, il y en a deux qui sont proba-blement plus prégnantes que les autres. Tout d’abord le duo qu’il forme avec John Neff et qui donnera naissance à un album intitulé Blue Bob dont les quelques titres nourris par des riffs acides de guitare participeront à la bande son de Mulholland Drive. Ensuite, il est impossible de ne pas évoquer la com-plicité artistique entre Lynch et le musicien Angelo Badalamenti. Tous deux ont d’ailleurs développé une méthode tout à fait originale de composition

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musicale. Elle consiste pour Lynch à prononcer des mots clés alors que Badalamenti tente d’interpréter ceux-ci au piano, jusqu’à trouver le ton juste, la mélodie en résonance avec les sensations transmises par la parole.

La rencontre entre Badalamenti et Lynch s’effectue autour d’une voix, celle d’Isabella Rossellini, qui devait apprendre à chanter pour tenir le rôle de Dorothy Vallens dans Blue Velvet. La voix est justement ce qui intéresse Lynch au plus haut point. Quand elle n’est pas la sienne, nasillarde et qui hante Inland Empire d’un titre comme « Ghost of Love », cette voix est principa -lement féminine. Et elles sont nombreuses les chanteuses à graviter autour de David Lynch, soit pour une collaboration le temps d’un album ou d’une piste musicale (Chrysta Bell, Jocelyn Montgomery ou Ariana Delawari), soit pour intervenir visuellement et vocalement au cœur des expériences de Lynch, comme Julee Cruise et sa mélancolie cristalline qui parcourt la saga Twin Peaks.

La voix, c’est aussi elle qui participe d’une sorte d’incursion vers la comédie musicale. À ce sujet, il est rarement rappelé que Lynch est l’auteur d’Industrial Symphony n° 1, un spectacle qui mobilise tous les éléments appartenant à ce genre. Au cinéma, la comédie musicale désigne un moment qui tenterait de suspendre ou de rompre l’espace-temps : lorsque Laura Near interprète « In Heaven » dans Eraserhead, c’est bien l’intrusion d’un monde dans un autre, celui gouverné par le personnage de la dame dans le radiateur. La comédie musicale, c’est aussi cet instant où la voix passe du parler au chanter, et donne la capacité à quiconque d’exprimer l’indicible. C’est ainsi qu’en chantant « Just You » dans Twin Peaks, James peut enfin exprimer des sentiments qu’il ne peut dire autrement.

Des textures sonores évoquées jusqu’ici, une seule est restée dans l’ombre : le bruit. Et c’est probablement parce que celui-ci est le point nodal de tout l’univers sonore de David Lynch. De la musique industrielle à l’électro-acous-tique des pistes sonores de ses films ; d’une mélodie qui se déconstruit jusqu’au grondement ; d’une voix qui s’évapore en cri ; d’un bruit de vent effectué avec la bouche, leitmotiv qui rappelle ce moment primordial de la découverte du cinéma devant une peinture… tout n’est qu’achèvement dans le bruit chez Lynch.

Estelle Dalleu

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Des artistes d’In Dreams nous parlent de leurs morceaux musicaux préférés dans le cinéma de David Lynch…

Jehnny Beth, des Savages : « Sycamore Trees » par Jimmy Scott

Ma chanson préférée dans les bandes originales de David Lynch est « Syca-more Trees », chantée par Jimmy Scott dans la série Twin Peaks sur des pa-roles de Lynch et une musique d’Angelo Badalamenti. J’ai toujours écouté du jazz, mais ce n’est que très récemment que j’ai découvert Jimmy Scott, en faisant des recherches pour le projet In Dreams. C’était un chanteur de jazz américain avec une voix très aigüe de contralto, quelque chose d’in-habituel dû à un problème génétique rare. Pendant longtemps j’ai cru que c’était une femme qui chantait « Sycamore Trees », puis j’ai découvert le gé-nie qui se cachait derrière la voix et la façon dont il avait été injustement ignoré pendant tant d’années. Sa vie et sa carrière sont retracées dans un documentaire intitulé If You Only Knew. Depuis ma découverte, il ne se passe pas une seule journée sans que je mette du Jimmy Scott, en particu-lier son album The Source avec sa version intemporelle du negro spiritual « Sometimes I Feel Like a Motherless Child ». Un must !

Dave Okumu, de The Invisible : « The Love Theme »

Je viens juste de revoir Twin Peaks, je l’ai donc bien en tête et en parti-culier « The Love Theme » qui est une pièce vraiment intéressante. J’aime lorsque la musique d’un film ou d’une série se fait oublier, mais dans le cas de Twin Peaks, elle fait vraiment partie de la création dans son ensemble, et d’une manière assez étrange. J’ai lu une interview du collaborateur de Lynch Angelo Badalamenti où il décrit le processus d’écriture de « The Love Theme » et tout s’explique. Cela paraît brut et intuitif, comme si cela coulait naturellement, pas comme s’il avait trimé dessus des mois entier. Lorsqu’il a composé ce thème, il était assis dans une pièce avec David assis à côté de lui en train de lui décrire la scène et ce qu’il voulait évoquer. David lui disait quelque chose du genre : « On est dans une forêt sombre et une brise souffle doucement », en l’incitant à se mettre à jouer. Les accords sont sombres, ils crissent et, surtout, ils semblent accessibles, c’est la raison pour laquelle selon moi ils fonctionnent si bien. Ils participent à quelque chose qui s’exprime autrement : David Lynch est devenu ce mec à la mode, c’est

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totalement compréhensible et les gens se focalisent sur son côté surréaliste et imaginatif ; mais pour moi, s’il est si populaire, c’est qu’au cœur de son travail on est face à quelque chose d’incroyablement concret et humain. Il peut y avoir quelque chose de dérangeant, mais il y a cette innocence pure, presque enfantine, et c’est ce qui fait son charme.

Stuart Staples, des Tindersticks : « Falling »

Lorsqu’on m’a demandé de participer à une soirée musicale autour des films de David Lynch au Barbican, je me suis surpris à répondre : « Entre « Falling » et moi, c’est vraiment une longue histoire d’amour, je pourrais peut-être chanter ça…» Mais c’est le film Blue Velvet qui est le point de dé-part de l’histoire. Ce soir-là, nous étions tous bouleversés en quittant la salle après la projection de Blue Velvet. Au milieu des années 1980, dans le ciné-ma indépendant de Nottingham, les soirées du dimanche étaient l’occasion de voir quelque chose d’un peu plus « intéressant ». Et là, nous en avions eu bien plus que pour notre malheureuse livre et demie. Ensuite, au pub, il y avait eu un grand silence ; plutôt que de commenter le film avec animation, nous préférions rester perdus dans nos pensées, chacun avec le souvenir de ce qu’il venait de vivre. Encore aujourd’hui, quand je pense à Blue Velvet, j’aime me laisser dériver dans ces moments de silence.

Conor O’Brien, des Villagers : « Mysteries of Love »

Que peut-on dire d’une chanson comme « Mysteries of Love » de Blue Vel-vet ? Comme pour tout ce qui est à ce point sincère et intemporel, vou-loir la décrire ou l’analyser va à l’encontre de la nature instinctive et tactile de ses accents sombres et suaves, mais je vais essayer. C’est une chan-son d’une beauté infinie qui vous fait quitter votre corps à chaque écoute. C’est un chant d’amour profondément émouvant qui arrive en trente-huit mots à rendre la complexité souvent pleine de contradictions d’une histoire d’amour éphémère (« Sometimes a wind blows and you and I float in love » – « Parfois un vent se lève et toi et moi flottons dans l’amour ») mais qui, dans sa réalisation, accède à l’éternité (« and kiss forever in a darkness » – « et nous nous embrassons à jamais dans le noir »). Ce qui me sidère en tant que compositeur, c’est la simplicité apparente de l’expression comme

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un tout, à la fois texte et musique. Je dis « apparente » parce que Lynch lui-même a écrit les paroles en lien avec la partition planante et onirique de Badalamenti et c’est l’interaction entre les mots et la musique (d’une exécu-tion brillante et d’une extrême concision en eux-mêmes) qui crée quelque chose de surnaturel et de profondément familier à la fois. En plus de tout ça, il y a la voix apparemment innocente et angélique de Julee Cruise qui interprète la chanson d’une façon presque neutre émotionnellement et pourtant tendre et ensorcelante, ce qui, pour moi, propulse l’expression d’ensemble dans le domaine du spirituel. Par cela, je veux dire que l’audi-teur est laissé au final dans un état de communion avec l’élan vital (ou l’« es-prit») de la chanteuse qui, dans ce cas et dans le cas de beaucoup d’œuvres de Lynch, est celui d’une lutte pour la survie, inlassablement romantique et d’un idéalisme juvénile, face à un monde fou, en rêvant d’un jour où « the mysteries of love come clear / And dance in light / In me, in you / And show that we are love » – « les mystères de l’amour s’éclairciront / et danseront en pleine lumière / en moi, en toi / et montreront que nous sommes amour »).

The Guardian, 19 juin 2014.

CHÈQUES-CADEAUXC O N C E R T S • E X P O S I T I O N S • C U LT U R E M U S I C A L E

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SÉRIES LIMITÉESSAISON 2015-2016

Du 5 au 7 octobre Peter von Poehl • Marie Modiano...

17 et 18 novembreKrystle Warren • Neerman & Kouyaté...

du 19 au 21 décembreCamélia Jordana

du 27 au 30 janvierRosemary Standley • Nicolas Repac • Olivier Mellano...

5 et 6 marsBarbara Carlotti

du 15 au 17 juinEmily Loizeau

Dans l’écrin intimiste de l’Amphithéâtre, les plus grands artistes de la pop présentent des spectacles inédits, des projets spéciaux,

en marge de leurs tournées habituelles.

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— LES MEMBRES DU CERCLE D’ENTREPRISES —

PRIMA LA MUSICA

Intel Corporation, RenaultGecina, IMCD

Angeris, Artelia, Batyom, Dron Location, Groupe Balas, Groupe Imestia, Linkbynet, UTBEt les réseaux partenaires : Le Medef de Paris et le Medef de l’Est parisien

— LE CERCLE DES GRANDS DONATEURS —Anne-Charlotte Amory, Patricia Barbizet, Jean Bouquot, Dominique Dessailly et Nicole Lamson, Xavier Marin,

Xavier Moreno et Marie-Joséphine de Bodinat-Moreno, Jay Nirsimloo, Philippe Stroobant, François-Xavier Villemin

— LA FONDATION PHILHARMONIE DE PARIS —

— LES AMIS DE LA PHILHARMONIE DE PARIS —

PATRICIA BARBIZET PRÉSIDE

LES AMIS DE LA PHILHARMONIE DE PARIS,

LA FONDATION PHILHARMONIE DE PARIS

ET LE CERCLE DES GRANDS DONATEURS.

LA PHILHARMONIE DE PARIS REMERCIE

— SON GRAND MÉCÈNE —

V :

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Nº dossier : 2009065E

Date : 12/03/09

alidation DA/DC

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— LES MÉCÈNES ET PARTENAIRES DE LA PROGRAMMATION

ET DES ACTIVITÉS ÉDUCATIVES —

Champagne Deutz, Fondation de France, Fondation PSA Peugeot Citroën, Fondation KMPGFarrow & Ball, Demory

— LES MÉCÈNES ET PARTENAIRES DU PROGRAMME DÉMOS 2015-2018 —

Philippe Stroobant, l’Association des Amis de la Philharmonie

24, rue Salomon de Rothschild - 92288 Suresnes - FRANCETél. : +33 (0)1 57 32 87 00 / Fax : +33 (0)1 57 32 87 87Web : www.carrenoir.com

SNCFSNC_10_3716_FONDATION SNCF 201115/12/2011

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À chaque enfantson instrument !

Faites un don en faveur des orchestres Démos avant le 11 janvier 2016.

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