IF MAG N#2

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# 2 Gratuit CULTURE TRIMESTRIELLE Irresistiblement fourni Automne 2010

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IF mag is a magazine about culture. French, free, ecological, graphic with interviews, fashion folio, short story...

Transcript of IF MAG N#2

# 2Gratuit

CULTURE TRIMESTRIELLE

Irresistiblement fourni

Automne 2010

www.ifmag.fr

IF LOVE

Merci / Henri, Jessica, Pauline, Cyril, Elea, Sylvain, ainsi que les commerçants partenaires.

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BONJOUR _/

Merci / Henri, Jessica, Pauline, Cyril, Elea, Sylvain, ainsi que les commerçants partenaires.

Direction artistique/graphisme&photographie/coordina-tion: Mesdemoiselles Nolwenn Durand & Aude Fournié

Ont collaboré à ce numéro: Luc Assens, Elea Clarac, Sylvain Collongues, Pauline Delages, Cyril Garcia, Jessica Sagou, Chloe Soissons, Damien Tenenbaum, Jus-tine Ricaud, Guillhem Vidal. Illustrateurs: CéGébé - cegebe.frSlip sylvain.cotte.free.frPartenaires: Broadcast posters, PDF, Printemps de Septembre, Vademecum

Nous remercions chaleureusement nos collaborateurs et partenaires ainsi que Florent Bernard, Sylvain Bouyer, Henri Fournié, Nicolas Guy, Nina Sarradin, le Service Juridique Vivien&Co, et pour finir, le Cholestérol minute de Dany.

Edition limitée à 3000 exemplaires disponi-bles dans les lieux culturels, concept store et lieux institutionnels, sur Paris, Lyon, Marseille, Bruxelles, Bordeaux, Nantes, Montpellier, La Rochelle, Aix en Provence, Albi, avec Toulouse pour épicentre.

Collectif Brigade A41, ter rue du Languedoc

31 000 Toulouse 09 53 63 13 03

[email protected]

Culture graphique, gratuite et trimestrielle.

www.ifmag.fr

... les poules pourraient bien avoir des dents !

Sur les cuisses. Sous les bras, sur, ou au creux

de la main : le poil à la carte. Oscillant entre

virilité et rusticité, le contemporain aime garder

le contrôle sur son pileux. Entre la pousse et la

repousse, on l’épile vu qu’il horripile. Tonte à

blanc sur poitrail bombé pour un revival métrosexuel

passé de mode versus demi-jambes douces pour poils

arrachés sous la douche. A la maison Philips, Seb,

Braun sont sous garantie. Sinon, combien le ticket

de métro ? Quel que soit son prix, il ne s’agit plus

d’avoir du poil au ventre. Objectif : toiser cette

toison velue ! Les derniers Poilus – en fussent-

ils détenteurs – ont emporté avec eux le secret

d’un poil mystérieusement adulé. Résultat :

rangeons la Harley, les moustaches et le

veston de cuir. Hopper n’aura qu’à ro-

der plus loin pour raser ses bikers.

Les barbudos cubains fidèles à

Castro l’ont précédé d’une dé-

cennie pour (re)trouver leurs

(re)belles au pays.

Les femmes, AHHHHH les femmes !

Un beau matin tout de même, insa-

tisfaites, elles s’écrièrent la barbe !

Leur idole : la chaste princesse si-

cilienne sacrée sainte pour avoir prié

qu’une barbe lui pousse en une nuit. Ô

crime originel, ô péché de vanupied : traves-

tissement voire traîtrise. On n’emprunte pas les

atours masculins ! Vade retro les noces avec le por-

tugais qui la hérissait. Wilgeforte crucifiée comme

un homme tu finiras… mais avec une couronne, comme

une Reine. Celle du jour de ta rémission.

A son tour, infiniment fournie, l’écharpe épinglée

en bandoulière, la rédaction de I.F se la joue miss

des ursidés, symbole mystique d’une rédaction

libre et moderne, qui s’assume et se pare de sa plus

soyeuse robe pour vous brosser …

# dans le sens du poil

# à rebrousse poil

… vigoureusement.

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EDITO _/

Aude Fournié

//CUANDO LAS RANAS CRIEN PELOS

//PAPER DONUTS

Nous avons offert notre vitrine à un jeune collectif français : Paper donuts. La team composée d’Alexis Facca, qui après un passage à l’Ecole Supérieure des Métiers de l’Art, devient le directeur artistique de fabulous box et de Justine Ricaud , accro aux chaussures et accessoirement bloggeuse de mode (whynotjustine.com). Leur travail de design graphique frais et ludique ou la 2D tutoie l’espace, nous a enchanté.Un deal. Nous : une vitrine et une thématique: le gras (thème du IF mag # 01). Eux : du talent et une proposition: Junk food for Grizzly (à voir sur ifmag.fr.). Nous les avons interviewés.

Alexis & Justine : Mais tout a fait ! Ouvrir notre Randy’ Donuts sur la route 66 et ne

servir que des vrais bikers, devenir bien fat au point de ne plus voir mes pieds, faut pas

déconner c’est le pied !

Ahaha, non sincèrement ... le rêve américain ce serait plutôt une galerie / concept store à la

française dans le Chelsea New Yorkais ou le Fisherman’ Wharf de San Francisco.

Alexis & Justine : Quick ou Mac Do, c’est un peu comme Pepsi ou Coca-Cola, Mac

ou PC, la question ne se pose pas ! Bien évidemment Mac Do, ne serait-ce que pour

leur petit Wrap.

Alexis : Si le fait que ce soit ma seule matière au-dessus de la moyenne lors du BAC, alors :

« Oui, je suis bon en maths »

Justine : J’ai été bonne, même très bonne. Mais actuellement en pleine préparation

d’un Bac Scientifique je peux officiellement dire que je suis médiocre.

Alexis & Justine : Ne commencez jamais c’est une drogue, ça ronge les nerfs, ça peut faire (très)

mal au dos. Et si vous êtes trop nombreux,

on ne pourra plus se payer à manger.

Alexis & Justine : Rien de bien exceptionnel, bien évidemment des tonnes de papiers,

puis règle / équerre, crayons, un bon cutter, un scalpel, pinceaux et colle Cléopatre.

Comme en moyenne section en fait.

Alexis : Un Tenori-ON, un instrument / joujou de chez Yamaha, qui permet de créer

des sons trop cools tout en ayant un rendu visuel très graphique.

Justine : Du genre très futile, je dirais une paire de chaussures

et une montre archi cool by Mr Jones.

VITRINE _/

Paper Donut ... des hamburgers volants ... le rêve américain ?

Quick ou Mac Do ?

Etais-tu bon en maths ?

Trois conseils pour les débutants en pliages ?

Votre trousse à outils ?

Dernière frivolité ?

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Alexis : Je voudrais me la jouer, je vous sortirais un philosophe ou économiste barbu,

mais mon poilu préféré c’est TAZ des Looney Tunes, l’espèce de loup qui

tourne à toute vitesse et qui ne sait pas faire une phrase correcte. Je l’ai toujours adoré,

et je l’aimerai toujours.

Justine: Pour faire encore plus culcul qu’Alexis; je dirais mon chat.

Ton poilu préféré ?

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En 1994, lorsque Perry Farrell propose 1 million de dollars pour que Nirvana soit la tête

d’affiche de Lollapalooza, Kurt Cobain préfère encore se tirer une balle... Pour l’édition

2010, Soundgarden n’a pas craché sur les biffetons et s’est reformé pour l’occasion.

D’ailleurs, il n’y aura pas eu un seul festival cet été sans un groupe 90’s en tête d’affiche :

- de l’électro nineties : Prodigy / Massive Attack / Orbital

- du métal nineties : Faith No More / Deftones / Infectious Grooves / Biohazard

- du rock pourri nineties : Skunk Anansie / Blink 182 / Gun’s & Roses. On a échappé aux

Cranberries mais ç’est pour bientôt promis,

- et du Grunge, nineties forcément : Soundgarden / Alice In Chains / Stone Temple Pilots

/ Hole / Smashing Pumpkins / Chokebore ou Pearl Jam; toujours et encore là, même après

qu’Eddie Vedder t’ait annoncé par 2 fois ne plus refaire de live, effrayé par le destin

tragique de son rival blond en avril 94 ou par la mort de 9 fans à Roskilde en juin 2000...

ça fait 10 morts, il en faut un onzième pour qu’il cesse !?

Du Japon / Summer Sonic / jusqu’en Scandinavie / Roskilde / Øyafestival, ou encore

du toupetitou festoche provençal / 1ère édition du Mistraal Indie Music Festival / aux

grosses institutions européennes : Werchter / Dour / Rock en Seine / Hurricane / Hellfest

/ Pukkelpop / Primavera Sound / Bilbao BBK Live / Leeds / Reading / aucun festival n’y

échappe.

Il faut ramener un max de monde et apparemment tout le monde est féru ou nostalgique

de la décennie précédente. Dans la rue ou en soirée, on avait pourtant pas remarqué

de pin’s sur des baseball caps Chicago Bulls, ni de chemises en flanelle attachées à la

ceinture par les manches sur des 501 larges et délavés ou bien encore de t-shirt Fido

//PAY TO (RE)WATCH

MUSIQUE _/

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Dido. Normal, le revival 90’s n’a toujours pas eu lieu, patience... On continue à écouter

du rock sans cris et surtout sans bermuda ! Quasiment personne ne les réclamait ou

ne s’attendait pas à les revoir si précipitamment, on n’avait même pas eu le temps de

bien les oublier.

Ca a commencé doucement. Aux antipodes de l’anti-folk ou de l’electroclash, tout au

long des années 2000 certains continuaient gentiment leur noisy-pop so nineties sans

déranger quiconque : Sonic Youth / Yo La Tengo / Weezer / Foo Fighters / Lou Barlow /

Spoon / Low. D’autres réapparaissent sans que l’on ne s’en aperçoive : The Breeders /

Superchunk / Sunny Day Real Estate / Th’ Faith Healers / Polvo / Throwing Muses. D’autres

encore sont rentrés de vacances : Portishead a fait ses devoirs, My Bloody Valentine

n’a rien branlé du tout. Puis y a évidemment les casse-couilles : Red Hot Chili Peppers

/ Green Day / Placebo, ceux qui ont arrêté de nous les casser : Oasis, merci ! Mais à

l’annonce des reformations de ce que les 90’s avaient de plus cultes nous ne réalisons

même pas qu’elles avaient cessé d’exister : Slint / Sebadoh / Pavement / Rage Against

The Machine / The Jesus Lizard et les papy du grunge : Pixies et Dinosaur Jr. On en

oublierait les absents : Fugazi / Noir Désir, ah ah.

Un nouveau groupe New-yorkais ou le prochain album d’Interpol ? On s’en fout total, la

question c’est quel spectre des 90’s reforme quoi, avec qui et où ?

Fini (du moins on l’espère), les «copy-band» médiocres avec un éphémère single surfant

sur un quelconque «revival» ou un énième projet solo pathétique estampillé «ex membre

d’un super groupe». Dorénavant le phénomène prolifère, à tel point qu’en décembre

ce sont les «godfather du post-rock» Godspeed You! Black Emperor avec Mike Moya

© luc

assens

MUSIQUE _/

de surcroît, qui supervisent l’ATP Nightmare Before Christmas. Depuis 1999, le festival All

Tomorrow’s Parties réunit des artistes tels que Mogwai / Belle And Sebastian / Mike Patton

/ Mudhoney / My Bloody Valentine / Pavement / le cinéaste Jim Jarmush ou bien encore le

créateur des Simpsons, Matt Groening qui parrainent le festival en invitant leurs interprètes

favoris. Depuis 2005, et on peut dire que le «boom des reformations» commence un peu

par là, l’ATP inclue des sessions « Don’t Look Back », tiens l’ironie c’est bien un truc 90’s

ça, où les groupes exécutent en live l’intégralité d’un album célèbre. Ainsi les Melvins ont

enregistré leur performance de 2005, où ils jouaient «Houdini» (1993), sous le titre : «A

Live History of Gluttony and Lust».

Comment se fait-il que ces « néo-seniors » ou « recently-has been » se retrouvent à

nouveau, ou accèdent enfin, aux devants des principales scènes, face à des milliers de

personnes et rafflent le pactole ?

La première idée c’est «Est-ce qu’ils assurent encore ?», sous entendu donc : «Ils assuraient

grave à l’époque...» surtout lorsque l’on était trop jeune ou trop ignorant pour les voir à

la bonne heure. Tous les fantasmes sont permis ! Mais confiant ou méfiant, si l’on y a pris

plaisir (on peut avoir du mal à l’assumer), le «Teen Spirit» réchauffé au micro-onde, c’est

pas si dégueu ! On en redemande même.

Effectivement, je suis allé voir Pavement (x4), Pixies (x3), My Bloody Valentine (x2), Slint (x1,

merde qu’est-ce que j’ai foutu !) et chaque fois : grosse claque !

Sets impeccables et tubes en séries joués avec aisance et parfois même avec une pointe

d’enthousiasme. Personne n’attend rien d’autre et rien d’autre n’arrive. A une certaine

spontanéité ou fraîcheur qu’ils n’ont plus, on se suffit des «classiques» qu’ils ont déjà

exécutés 1000 fois (mais putain j’y étais pas les 999 fois précédentes !). Et qu’ils aient

du nouveau dans le menu, du bon comme les irréprochables 2 derniers LP de Dinosaur Jr.

ou « Third » de Portishead, de l’avarié comme les 10 dernières années de production de

Prodigy ou Massive Attack ou des miettes, comme le timide inédit « Bam Twork » des Pixies.

On n’est jamais mieux rassasié que par un bon gros hit 90’s chanté à tue-tête : «Glory

Box» / «Karma Police».

On est vraiment bon public et en cas de déception : on met ça sur le compte de l’âge.

Qu’ils aient trahi une certaine éthique ou compromis un parcours sans fautes, on l’accepte,

tolérance 10 000. Oubliées les galères des débuts et la traversée du désert : passons

à la rédemption avec intérêts ! Les chèques sont gros, les boudins et autres embrouilles

lointains, alors après le divorce : on accueille à bras ouvert ... le remariage !

Tous en blanc et cette fois pas de conneries ! Les toxicos : Jimmy Chamberlain / Kim Deal

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Monkey see, monkey do - I don’t know why - I’d rather be dead than cool -I don’t know why - every line ends in rhyme - I don’t know why - less is more, love is blind - I don’t know why - Stay Stay away(Stay Away / Kurt Cobain)

et autres alcoolos : Chris Cornell / Kim Deal -encore toi ! ont tous fini leur rehab... Et

ceux qui n’ont pas survécus ? Layne Staley (Alice In Chains), Shannon Hoon (Blind

Melon), Andrew Wood (Malfunkshun) ? On s’en fout ! On prend un vague sosie ou

un frangin et on fait comme s’ils étaient encore là. Juste là, dans le coeur des fans

les plus crédules et à côté du porte-monnaie des tours managers. C’est au choix:

un «backing-band» au jeu plus ou moins honorable privé de leader charismatique

ou autre version d’une reformation moisie qui pue l’arnaque; la rock star mégalo qui

ne veut (ou ne peut) se reformer qu’avec elle-même mais dont le nom trop souvent

associé à la rubrique «vieille diva du rock 90’s arrêté en possession de..., va faire

un procès contre..., viré de sa maison de disque pour..., adopte un chiot suite à son

divorce avec..., met plus de 10 ans à pondre une merde... ne suffit pas à remplir les

stades. Ainsi, Hole et Gun’s & Roses en 2010, c’est simplement Love & Rose. Certains

bien habiles nous tendent des pièges comme ce cher Billy Corgan avec une semi-

reformation des Smashing Pumpkins. Tous ces traquenards fonctionnent à merveille...

au Japon, le pays où l’on paye pour caresser des chats à l’heure !

N’y a-t-il pas eu un groupe du 21ème siècle, où la presse annonçait fièrement «LE

retour du rock», pour sauver les festivals d’été 2010 de la naphtaline ? Oui ! Des

«irréductibles» créent l’événement: The Libertines... reformés pour 1 million de £ !!!

by MyOwnAssSpeaks.

Le poil c’est la vie

©CéGéBé.

Si la pilosité tient du naturel plus que tout autre élément de la syntaxe cor-

porelle, elle offre de multiples possibilités d’intervention. Tour à tour taillée,

nouée, tressée, frisée, colorée, parfumée, dissimulée, supprimée, remplacée,

rajout-ée, brossée, rasée, épilée, élaguée, ébarbée ou raccourcie, de la

tête aux aisselles en passant par le pubis, le style diffère. A l’américaine,

à la brésilienne, ou en free style façon contorsionniste, armée d’une pince

et d’un miroir de poche, certaines vont même jusqu’à pratiquer l’extinction

intégrale de toute végétale vie sur leurs fertiles terres. Il faut faire mourir

le poil à l’âme revêche et la repousse vindicative ! Cruelle, Éparse, Luxu-

riante, Indomptable Nature kératinisée qui n’a de cesse de nous ramener

à notre sombre et épais passif simiesque!

Divisé en raie, rejeté en arrière, gélifié, coupé en 4 ou flottant au vent; le

dru, le long, le doux, le roux, le ras, le brillant, le strigueux, le propre, l’adi-

peux, l’angora, le follet, le duveteux, le pubère; poil aux pattes, poil au

menton, poil aux joues, aux aisselles et aux orteils, torse et bras velus, mains

de velours, ventre et dos laineux, j’en ai même sur l’anus ! Y parait qu’si

tu rases ça repousse encore plus. Lorsque tu commences à fleurir, gare

aux épines ! Le noir lustré fait aussi dans le lubrique : poil pubien, poil de

couille, poil de pine.

Affaire de Mâle dominant, le poil sait mettre en valeur la gent masculine,

et chacun s’accordera à dire qu’un homme sans poil n’est qu’un demi

homme. J’en veux pour preuve Zeus lui-même qui semblait puiser sa virile

force dans l’exhibition magistrale de sa céleste et abondante crinière.

Les testicules gonflées à bloc et suintantes de testostérone, l’homo sa-

piens saura pour vous plaire Mesdames, de sa puissante et asphyxiante

étreinte, vous réchauffer les longs soirs d’hiver grâce à son broussailleux

torse. Les hommes c’est comme les artichauts, le cœur est sous le poil. Avis

aux amatrices. Longue chevelure à la spartiate fleurie et à la barbe bien

fournie, ou crâne nu et luisant à la Doc montante et à la lame bien aigui-

sée made in England; la norme pileuse à n’en point douter, n’a pas valeur

que d’esthétique, et répond bien à d’autres critères hautement plus riches

de sens : qu’ils soient philosophiques, sociaux, religieux, voire politiques.

Paraîtrait même que l’imberbe Barack projetterait de panser ses dégâts

pétroliers avec le Super Absorbant poilu. Difficile d’être Libre quand on

PARENTHèSE _/

//VIVE LE POIL

L’humour vient tout seul comme les poils au pubis disait Desproges. Je jupile.

« C’est PAS l’monde qui va se plier à vos désirs les enfants, c’est pas : 68 ALLEZ LA JEUNESSE! C’est le VRAI monde dehors, et le vrai monde, il va chez le coif-feur... déjà! ».

Par Chloé Soissons

1

OSS 117 : Rio ne répond plus1

est bulbe. L’adage se vérifie d’autant plus chez le poil solitaire pour qui la

dérision, l’insulte, la haine, l’exclusion et la mort menacent sans relâche.

Éternel souci que celui de l’émergence, de la pousse ou ... la chute. Il est

bien loin le temps où nos jeunes premières pousses arboraient fièrement les

deuxièmes de couverture de nos albums de naissance. Notre chaleureuse

et bien-aimée végétation épidermique désertera demain le crâne pour

les oreilles. La faucheuse se fera bientôt les dents sur nos derniers crins

blancs.

De plus, si l’on en croit la pieuse biologie pileuse, c’est le phénomène de

chaleur qui serait la principale cause de l’extinction du touffu, du buisson-

neux, du feuillu, du broussailleux delta. Et puisque le coït échauffe, il n’est à

pas douter que le libidineux soit chauve. Moralité :

Ainsi, si votre forme physique et votre âge vous le permettent encore, avant

que d’hériter des cheveux d’vos darons, formez vos velus bataillons !

Bandes de tout poils, j’en appelle à la virilité divine de nos luisantes toisons

! Fils de Victor Hugo, héritiers d’Abraham Lincoln, cousins de Chabal et

frères de Ben Laden : que la force du bulbe brun sophistiqué de

chez Dali et l’ébouriffé made by Perec soit avec nous ! Enracinons

profondément nos tiges dans les racines épidermiques de nos

barbares propriétaires barbus !

Soldats ! Résistons coupe que coupe à leurs inces-

sants assauts épilatoires destructeurs ! Jamais Poilu

d’français dans la bataille – fût-il vainqueur, fût-il

vaincu –, à l’ennemi sous la mitraille, n’a montré

les poils de son cul.

Soyez-en convaincus, la vie ne tient

qu’à un poil. Et il vaut mieux pour son usage, un cul sans poil, qu’un poil sans cul :

Laineux amants, Modérez votre raison dans cette aimable guerre, Sachez bien arroser le gazon sans imbiber la terre. Calmez vos ramageuses ardeurs, votre bocage n’en sera que plus beau.

Le poil c’est la vie! Vive le poil!

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pauline porte une robe en soie Dora Abodi / 510€chausson cuir Anniel Sport chez Brock n’roll / 65€bague Charlotte Martyr chez Rice & Beans / 67€bague artisanale chez Backstage / 45€coiffure : sylvain collonguesmaquillage : elea clarac

MODE (BRèVE) _/

“Pouf au sentiment”. L’expresssion ne fut pas dévellop-

pée lors d’un épisode d’une extrême tension des feux

de l’amour. Elle désigne la réchauffante, la perruque

des élégantes de la cour de France sous le bon Louis

XVI. Ces extravagances capillaires à l’instar des po-

chettes surprises regorgent de rubans, breloques, pho-

tographie d’un être aimé, version humaine ou canidé

et parfois même de petits navires (pour les navires, je

laisse à chacun le soin de trouver son explication, les

historiens étant sceptiques à ce sujet.)

Car au delà de l’aspect purement décoratif et si

l’on peut légitimement hésiter entre une perruque en

«crinière», «in-folio», en «fontanges», « à deux pointes»

ou en «binette», il n’en faut pas moins oublier le rôle

de cette dernière dans l’étiquette sociale. Bien avant

les cheveux longs rébellion d’un Antoine, le postiche

servit d’indicateur de castes, d’appartenance à une

confrérie. La communauté religeuse elle-même se dota

de fort délicates tonsures artificielles.

Aux vues de ces informations et appartenant moi-

même à la très ancienne tribu des graphistes: lunettes

à montures plastiques / déplacement en planche à

roulette / aime son ordinateur plus que sa mère / je

m’interroge. Etant hélas dénuée de certains de ces

caractéristiques, je mise sur le cheveux. Je l’aimerais

sérieux, impliqué avec une pointe d’audace. Reflet de

ma délicieuse personnalité et du groupe : je photos-

hop ma vie ! Me voilà donc, en quête DU postiche qui

me donnera THe touch..

Il y a les valeurs sûres : Ede & Ravenscroft, tailleur et

postichier depuis 1689 et fournisseur officiel du ba-

reau anglais. Le prestige, voilà ce qui me manque, le

prestige de la robe & du cheveux, affublée du toupet

gris, l’avocat anglais plaide et convainc.

Alors partant de ce constat : le faux cheveux, serait-il

plus puissant que le vrai ? Est-ce la crinière de lion

factice plus courte devant que sur la nuque d’Agassi

qui lui fit gagner Roland Garros ?

«La perruque du XVIII e c’est la cravate du XX e»,

//STATUT SOCIAL ET POIL

Mais surtout Lady GAGA, blonde / brune / rousse

/ violette détrônera t-elle Madonna ?

Pour répondre à cette question entêtante, il faut

se pencher sur le cas de Charlie le Mindu : dealer

capillaire d’une Lady GAGA en mutation , créa-

teur de « haute-coiffure». Pour le commun des

mortels les perruques : the GAGA / Vuitton Wig

et Florence & the machine sont en vente sur sa

boutique en ligne pour la somme négligable de

100£. Du coup, hésitation : la très chic et mouton-

née coiffe Vuitton ou le carré glacé GAGA?

Finalement, je ne tiens pas à répondre à cette

question, car une femme statuant de façon défi-

nitive sur son style capillaire se prive à jamais du

plaisir de LA question. Dis, tu crois que je dois les

couper ? Par Nolwenn Durand

©charlie-le-mindu DR/SDP.

©charlie-le-mindu DR/SDP.

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{CUISINE} _/

Et le petit Billy devint végétarien !

R u m s t e c k a l a m a n g u e d u p e t i t B i l l y :

4 pavés de rumsteack / 1 mangue / 20 g de parmesan râpé / 4 c. à

soupe de persil frais haché / 1 oignon rouge / 1/2 c. à café de baies

roses / 1 c. à soupe de vinaigre balsamique / sel / poivre noir.

Épluchez et coupez la mangue en petits morceaux. hachez finement

le persil. émincer l’oignon et Faites griller les 4 pavés de rums-

teack sur le gril. Salez et poivrez. Pendant ce temps, mélangez

dans un récipient les morceaux de mangue,

le persil ha- ché, l’oignon

émincé, le poivre,

les baies ro-

ses, le parmesan

et le vinaigre.

Servez les

pavés de rums-

teack recouverts

de sauce.

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ART CONTEMPORAIN _/

//CASSE-TOI TU PIQUES!

Dis, avant minuit, seras-tu de retour au palais ? N’oublie pas tes petits souliers, tout de vair fourrés, et peut-être sur ton chemin, rencon-

treras-tu ton moustachu.

Alors l’hermine aux pieds, en pas

chassés, elle a foulé la terre battue,

et s’est retrouvée héroïne d’un conte

de fées. Les études sociologiques et

autres éminents psychologues l’ap-

prouvent : il paraîtrait que ça fait

rêver les prépubères. En fait, à bien

y regarder, son prince à elle était du

genre rasé de près, comme celui de

ses copines Blanche-Neige, la Belle

aux Bois ou encore l’écailleuse Arielle.

Ne restent guère que la Bête (d’une

autre Belle), Barbe rousse / bleue /

noire, Grand Schtroumpf (résolument

petit), les Barbapapas, Capitaine

Haddock, Merlin, Professeur Globus,

Cousin Machin, Père Noël et tout de

même six de ces sept valeureux nains

que la petite histoire aura voulu poi-

lus. En les dénombrant, le clan des

barbus s’élargit, alors nous suggérons:

le poil dans le processus narratif du

conte, outil pernicieux d’instrumenta-

tion pro-radical extrémiste?

Toujours est-il, que si le poil n’instru-

mente pas les cerveaux de nos ché-

rubins, il est l’outil indispensable pour

rafler la vedette au Word beard &

moustache championships. Ce cham-

pionnat là, offre aux poilus les plus

extravagants LA possibilité de s’ex-

primer en exhibant leurs soyeuses

fourrures coiffées, parées, lustrées,

fleuries, tressées, gominées. À la

brosse, en bretzel, en arabesque, en

araignée, en bâtonnet: une irruption

pileuse déferle sur Berlin depuis les

nineties. En témoigne le Beardfolio

de Matthew Rainwaters.

D’autres encore, créent des clubs

de poilus, comme le Paris Mousta-

che Club : le « cloub » des bonnes

gens, qui aiment celles qui aiment

ceux qui aiment la pilosité du rictus.

Du coup, certains s’la joue velue en

hommage à leurs idoles – petites

pensées pour les footeux des an-

nées 80 – ou mieux, ils la mettent en

vente sur le net, drôle de binette*.

Sachez d’ailleurs que le poil le plus

côté n’est pas celui de J-C (1025€)

mais celui d’Isabelle la catholique

qui atteint les 1158€ contre 320€

pour Staline. Enfin, à quoi bon la

vendre puisque le Journal of La-

bor Research de novembre 2008

publie les résultats d’une étude

américaine affirmant que les mous-

tachus sont aussi plus fournis finan-

cièrement. Pour preuve, les PDG des

plus grands groupes sont des poilus

! Alors dixit Philippe K., « Enlève ta

moustache. Remet ta moustache ! ».

Les Quatre Barbus quant à eux,

revendiquent la leur dés 1954 en

entonnant l’ouverture du Barbier de

Séville ou encore Poil au menton. Vu

que ceux-là n’auront pas marqué

la scène musicale autant que les

Frères Jacques, à la barbe, préfé-

rez donc la moustache. Messieurs

les glabres, de grâce, cumulez du

« capital social » en vous laissant

pousser les bacchantes : « avec

* BINET, perruquier de Louis XIV. ** Au XVI, les maujoints épilaient les « mal joints » - sexe féminin - d’où ils tirent leur nom.

© uik prjonsdottir

© patrick madigan

elles, tout devient possible ! » a

bien du dire un Cabrel, un Mous-

taki, ou encore un Brassens. Le poil,

un gros calibre donc, à l’aulne de

la vie et de la sexualité nous en-

seignera Gudin, car c’est avec le

Chlamydomonas à deux flagel-

les libres qu’arrivent les premiers

échanges sexuels et que s’engen-

drent les toutes premières cellules.

L’homme ne descend donc ni du

singe, ni de l’arbre, mais davan-

tage du poil: alors merci le poil

! A lui seul il est la frontière qui

nous sépare de l’animalité, pen-

sait Maupassant. Une frontière, qui

permet autant la distinction que

la réunion, pourrions-nous rajouter,

car toute femme sait ô combien

cette séparation entre l’homme

et l’Animal peut-être mince et fra-

gile…

A fortiori, c’est le poil, cet hy-

bride, qui trouve grâce aux yeux

de Duchamp: «Faut-il mettre la

moelle de l’épée dans le poil de

l’aimée?». Hommage à Courbet s’il

en est, son origine du monde à lui

sera rasée !

Le poil donne même des vapeurs

à la belle Mona qui, faut-il le

souligner, a carrément chaud au

cul: vive la kératine libidineuse!

OUT les travelos et autres fem-

mes à barbes, ça fait suinter. IN

les maujoints** qui font table

rase: épilons-les, et expédions ces « fourrures

» qui tapissent de pensées impures, le fond

des esprits les plus bienveillants. On arrache

tout pour être artistiquement au poil., puis fi-

nalement, s’en accommoder : on les teint, les

coupe, les permanente (les soundsuits de Nick

Cave, la chemise en soie et cheveux de Ma-

rion Chopineau, la cravate que de cheval

de Mimi Parent. On les sculpte dans la masse

(Hrafnhildur Arnardottir, Jim Skullgallery). Julian

Wolkenstein arrive même à peigner les che-

veux des chevaux: croupe à la brosse, crinière

brushée, blush et cils maquillés, ça bluff ! C’est

la pose du poil. Nagi Noda quant à elle, fait

ce qu’elle veut de ses cheveux qu’elle sculpte

en animaux. À cran, Sainte Barbe peut tou-

jours se faire couper le crin par Levi Van Velum

qui habille de poils les femmes à poil. Non ce

n’est pas le refrain d’une chanson paillarde,

mais si vous voulez vraiment taper du poing

sur la table, « regardez voir » l’érotisme à fleur

de peau des lendemains de chouilles post se-

conde G-M. OMG! Aslan et ses peintures sur

pubis : le chat de la chatte, le papillon sur

fesses, le grand faucon sur la vulve du Pyla:

surfaçage pileux ou art du surfait ? Voilà qui

aurait hérissé le poil des suffragettes du Wo-

men’s Social and Political Union. Les féministes

s’égosillent mais le Mont de Vénus broussailleux

habille toujours les femmes, et plus particulière-

ment les Scratchfoufounes - clubeuses lilloises

- qui endossent des costumes pour le moins

chatoyants. C’est la ouate qu’elles préfèrent,

même si ça peluche. Leurs trucs en plumes se

sont convertis en poils crépus. Peut-être sont-

Les poils, histoire et bizarreries des toisons, Martin MonestierLe manifeste de la barbe, La barbe, groupe d’action féministe Une histoire naturelle du poil, Claude GudinHair’em, Scare’em, R. Klanten, M. Huebner, S. Ehmann

ce « le pubis de la déesse » de Paul Armand-Gette

et « la femme et le barbu » d’Annette Messager qui

ont inspiré leurs photographies assurément sexuées.

Mais Henri Maccheroni reste le recordman du pubis

qu’il photographie sous toutes ses coutures. « Ô toi-

son, moutonnant jusque sur l’encolure ! Ô boucles ! Ô

parfum chargé de nonchaloir. Extase ! Pour peupler ce

soir l’alcôve obscure, des souvenirs donnant dans cette

chevelure, je la veux agiter dans l’air comme un mou-

choir ». Baudelaire a conquis la toison, où peut-être

est-ce l’inverse ? Toujours est-il que, si le poil s’exhibe,

il peut aussi dissimuler. Sous la couche duveteuse, on

trouve de tout : les Beauty de Frank Schumacher, le

déjeuner en fourrure d’Oppenheim, la hair lamp d’Anika

Engelbrecht, ou encore la touffe géante et donc arti-

ficielle de Petros Chrisostomou. Ici s’avancent l’ère du

Hair n.y.l.o.n: « now you loosy old nippon » dixit la lé-

gende. Fini le bombyx et la route de la soie, on entre

dans le nouveau poil: en papier, poil au nez (Lucy Mc

Rae), ou en laine, poil à l’aine (les handmade beards

d’Erin Dollar, ou la beardcap d’Uik Prjonsdottir…). Suffit

ce langage ou tu ressembleras aux enfants loups de

Carlos Aires. Allez vas-y, casse-toi tu piques ! Tu peux

ranger ton after shave, c’est ta nuque qui intéresse

Madigan. Pieds joints face à l’objectif, la face dans le

dos, souris : tonton Patrick va figer ton cuir chevelu sur

fond de rideau de salle des fêtes!

Un. Deux. Trois. Vive la France! Par Aude Fournié.

21

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DESIGN _/

«Le beau, c’est le vrai bien habillé.» Honoré de Balzac.

À nous les gros pulls, la laine et la fourrure ! Le froid est de retour chez nous !

Pour conserver toute la chaleur de nos lieux de vie, certains ont trouvé la so-

lution : habiller chaudement nos meubles et nos immeubles. Un mot pour illustrer

la tendance automne-hiver de 2010 : sauvage.

Fort de son expérience en matière de climat, le Royaume-Uni a fait de son

pavillon pour l’Exposition universelle 2010 un chaleureux cocon de 20 mètres

de hauteur. Situé à Shanghai, ce gros oursin de 6000 mètres carrés est appelé

« la Cathédrale des graines », issues de plantes sauvages du monde entier,

et contenues dans 60000 tiges transparentes en acrylique. Les tubes, qui

se balancent au gré du vent, éclairent l’intérieur de la structure en captant

la lumière. La nuit, ils la renvoient vers l’extérieur, et illuminent différemment le

bâtiment. La mise sous capsule des graines a été rendue possible par un par-

tenariat entre le Royal Botanic Gardens de Grande-Bretagne et le Kunming

Institute of Botany de Chine. Le porte-parole du pavillon présente ce cube

illuminé comme un cadeau offert à la Chine, et le parc comme son « papier

d’emballage encore froissé ». Pour les architectes de l’Heatherwick Studio, les

tiges sont « comme des cils qui oscillent en douceur avec la brise». Une coupe

tout en souplesse qui donne à cette œuvre du piquant.

Les cheveux au vent /

1/3/4/© www.yooko.fr

2/© www.maisonapart.com

1

L’étagehair /

Quittons la coupe punk à l’anglaise au profit du look italien, où la

tendance sait s’afficher fièrement mais élégamment. Avec les frères

Campana, le luxe démontre qu’il sait aussi être léger, en se teintant

d’un petit côté roots so cool. Mais, au juste, que cache cette lon-

gue chevelure préhistorique ?

Bien que baptisé « Cabana », il ne s’agit nullement d’un nouveau

type d’abri écologique. Pour indice, l’objet a été présenté der-

nièrement au salon du meuble de Milan, au cours de la nouvelle

collection Edra 2010, avec « Barbarians » pour thématique.

Rabattez les mèches de rafia derrière les oreilles, et vous décou-

vrirez une colonne centrale en aluminium, munie de cinq étagères.

Quoi de plus rock’n’roll qu’un cheveu pendant fièrement jusqu’au

sol ? Les porcelaines de grand-mère vont reprendre du poil de la

bête. damien tenenbaum.

2

3

4

25

POINT DE VUE _/

//TROUVE TON POINT DE FUITE

©kat

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Loin du sens du péché qu’on dit amoral, la nature sauvage de l’homme reprend ses droits. Déballez la came et sous la couche velue, exhibez ce torse que vous ne saurez me cacher plus longtemps. Place aux vices que diable! La vie, la vraie selon Sade, ne laisse qu’une place de premier choix aux choses natures, sans chichis ni simagrées. «Si la Nature détruit (tem-pêtes, tremblements, éruptions...), si la cruau-té, le mal lui sont consubstantiels, pourquoi en irait-il autrement pour la nature humaine ? » suppute R.Blin. Sans foi ni loi, le mal se répand telle une pandémie et le 7e jour, « on n’enchaîne pas les volcans ».Alors entre une nature volcanique destructrice – Eyjafjallajökull – et une éruption théorique sadienne, laquelle est la plus performative ?

S’inscrivant à leur manière dans la performance, les collectifs Point de fuite & Pavilion Projects, proposent une alternative ouverte et mouvante au phénomène d’exposition. à l’occasion de la 20e édition du festival du Printemps de Septembre à Toulouse intitulée « une forme pour toute action » (du 24/09 au 17/10/2010), elles mutualisent leurs énergies à travers une plateforme de création évolutive. Des résidences d’artistes, tables ron-des, conférences et installations questionnent le résidu, la trace, le témoignage. Dans le cadre du week-end codex dédié à l’édition alternative indépendante, nous sommes leurs invités.

Va vers l’horizon et ne te retourne point !

Créée en août 2009, l’association Point

de Fuite / PDF / fédère un groupe de

jeunes actifs qui initient de nouvelles zo-

nes d’expérimentation en Midi-Pyrénées,

soutiennent et organisent de nombreux

projets artistiques. Structure nomade in-

tervenant dans des lieux patrimoniaux

en mutation, elle se veut flexible et se

développe à travers ses choix artisti-

ques d’une part, son travail de média-

tion et de mise en valeur du maillage

territorial d’autre part. D’évènements

culturels en résidences d’artistes, de

l’édition de documents à l’organisa-

tion d’échanges interculturels, elle

multiplie les missions pédagogi-

ques envers tous les publics.

Point de Fuite met en place

un protocole d’exposition, en

collaboration avec le ca-

binet d’architectes AR-QUO, dans des

bâtiments fraîchement rénovés (Fan-

tasmagories, château de Capdeville),

mais également avec des entreprises

(Voltex) et des particuliers (Permis de

Construire_Martine Bartholini) qui met-

tent à disposition des lieux inoccupés

temporairement. Les expositions se

déploient dans un espace-temps pré-

défini devenant ainsi le lieu des pos-

sibles. Parallèlement, cette association

propose des installations in-situ de

jeunes plasticiens à des particuliers,

en fonction de l’architecture de leur

domicile et de leur histoire. Ce tra-

vail se veut collaboratif, et don-

ne naissance à une nouvelle

forme d’art qui questionne le

statut de l’œuvre et de sa

réception.

IF INTENSéMENT FAN _/

« Socle d’adhérence » de

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x, I.F mag présente « l’engage du poil », en invi-

tant

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l’adhérence. Son matériel : corps, espace, adhésif,

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Il

est ici question d’un moment dans lequel la Tenue et

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st-ce qui nous retient aux choses, aux gens, retient

notr

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poil et nous scotche ? ». Irrésistiblement_Fan de

ces ex

péri

ence

s po

étiq

ues,

I.F

mag

vous invite à découvrir ses socles d’adhérence qui

sont

autant œuvre sculpturale que langage chorégraphique.

Garantis 100 % bouloches.

©cél

ine

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27

NOUVELLE _/

//LE POIL C’EST LA VIE

Il y a un moment délicat dans la vie où le corps

du jeune change. C’est en général le moment

où des professeurs d’histoire-géographie au

fond laïco-socialiste hussardien lui déblatèrent

des trucs sur les protestants, les catholiques, la

Contre-réforme. Entre théorème de Thalès, UNSS

tchouk-ball si le jeune est dans un établissement

novateur, dissection de cœur de canard avant

de se sustenter de viande morte en sauce au

self, le jeune trouve tout de même le temps de

commencer à s’intéresser aux êtres charmants

qui l’entourent. En général pour dire qu’elles sont

stupides, mais personne n’est dupe. Mais ne se

sent-il pas un peu niaiseux le jeune avec ce du-

vet soyeux qui lui pousse sous le nez ? Un duvet

fin, en général d’un noir lâche, c’est-à-dire un

noir qui ne dit pas son nom, qui n’absorbe pas

la lumière mais la reflète, offrant le ridicule duvet

aux yeux facilement moqueurs des congénères

du jeune. Le jeune est alors devant des choix

cornéliens : doit-il réviser ses verbes irréguliers

d’anglais ou défoncer un sous-mafieux lubrique

de Liberty City à la batte ? Doit-il se laisser

pousser encore et encore ce duvet soyeux ou

l’attaquer à la lame ? C’est que s’il fait ça le jeu-

ne sait qu’il se lancera alors dans les méandres

du rasage à vie, du poil dru et de l’âge adulte.

Alors le jeune hésite. Le jeune a l’air con.

Il y a le même genre de duvet parfois, force

est de l’avouer, chez certaines jeunes filles. Les

affres du choix ratiboisant du garçon font alors

pâle figure à côté des dilemmes offerts à ces

âmes pures. Pas question de se lancer dans un

rasage qui deviendra chronique et transformera

lentement mais irrémédiablement le duvet discret

en poil rêche, ce qui est peu confortable pour

embrasser le jeune, celui qui est mignon avec

son petit duvet là. Parfois, on recourt donc à la

chimie. Un brin d’éther fera blanchir à merveille

la toison disgracieuse, laissant un peu d’honneur

au visage. Alors en se l’appliquant, peut-être

que des vapeurs abîmeront le cerveau de l’inté-

ressée. L’éther c’est con.

Il y a parfois des poils de fesses ailleurs que

dans les fesses. Certes, plus question ici de poé-

©SLi

p.

Albert Einstein, salon de coiffure de Princeton, 1922.1

1

peut se permettre de se sentir séduisant en s’es-

suyant les mains aux toilettes, en se disant que

sa petite barbe naissante style docteur huma-

niste ou cynique de série américaine pourrait

bien émoustiller la standardiste. C’est con une

entreprise.

Parfois l’homme se sent vieillir à vue d’œil à mesu-

re que les jours passent dans son entreprise mo-

derne et que le PIB augmente. Alors il s’examine

longuement sous la lumière blafarde de sa salle

de bain quand il se rase (mais pas le vendredi

parce que c’est casual). Parfois il trouve que

l’âge le burine à ravir. Parfois il tombe sur un ac-

croc. Il est obligé de s’approcher à quelques mil-

limètres du miroir pour en avoir le cœur net mais

pas de doute, c’est bien là. Un poil solitaire dé-

passe de sa narine droite. Des images de vieux

monsieurs aux nez foisonnants, de ceux qui ont

de la terre au bout des ongles, la terre de leur

potager. De ceux qui ont le lobe de l’oreille qui

grossit et qui ont même parfois un poil ou deux

qui émerge de l’esgourde. Ou alors de ceux qui

ont des gros doigts d’ouvriers abîmés et qui s’en

servent pour jeter des boules en métal sur du

gravier en parlant fort. Pas des hommes moder-

nes en bref. C’est con un homme moderne.

Il y a le poil blanc. On le trouve un jour dans sa

toison épaisse. Il s’est caché pendant longtemps

le vicieux. Alors l’homme moderne est saisi d’un

frisson mystique. Il pense réincarnation, eucharis-

tie et purgatoire s’il est cultivé. Il pense « merde

», dans tous les cas, « moi aussi ». C’est con un

poil. Par Guillhem Vidal.

sie adolescente, certes on aurait tendance à

sombrer dans le gras et le scatologique. Pour-

tant, certaines personnes pourront en témoigner

(si non c’est qu’elles taisent de toute manière un

des derniers tabous de l’espèce humaine qu’est

le poil de fesses). Quelle perplexité offre le re-

gard de l’homme moderne au cheveux lustré et

chimifié par multiples onguents lorsqu’il ramène

un tel trophée de ses pérégrinations digitales

dans sa crinière. Le Pétrole Hahn c’est con.

Il y a parfois des hommes qui travaillent dans

des entreprises modernes. Ce sont des entrepri-

ses où les ordinateurs ronronnent, où le capita-

lisme financier écrase les cœurs de sa poigne

de fer à travers le gant de velours d’un DRH au

poil gélifié et sportif (le DRH pas le poil), tout ça

pour finir avec un gel des salaires grecs et …

mais je m’égare. Dans les entreprises modernes,

on se rase de près. Propreté, jeunesse, bureaux

et joues bien rangés, accoutrement engon-

çant des corps soumis à la croissance du PIB.

Dans les entreprises modernes cependant, il y

a le vendredi. Le vendredi, le laquais financier

peut se permettre de mettre une chemise sans

cravate par exemple. On appelait ça le style

casual autrefois. Seulement, sans l’attribut viril de

sa cravate sobre, l’homo entreprisus se sent nu.

Il a peur le pauvre qu’on ne se souvienne plus

qu’il est un mâle dominant en chasse au profit

capable d’écraser tout sur son passage. Alors,

le vendredi il se laisse pousser le poil. Prouvant

ainsi au monde la santé de sa testostérone, il

Y’a parfois des hommes qui travaillent dans des en-

trepriss modernes.

29

PARTENAIRES//

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