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Jérôme MATHIS Université Paris 8 Année 2010/11 Jérôme MATHIS Université Paris 8 Année 2010/11 I. LA CRISE DES MISSILES DE CUBA. 1962: La crise des missiles de Cuba. John F. Kennedy (1917 1963) Nikita Khrouchtchev (1894 1971) Jérôme MATHIS Université Paris 8 2 (1917 1963) (1894 1971) I. LA CRISE DES MISSILES DE CUBA. 1959: Batista est renversé par Che Guevara et Fidel Castro Castro. Fidel Castro (1926 ) Fulgencio Batista (1901 1973) Ernesto Guevara ( ) Jérôme MATHIS Université Paris 8 3 (1926 ) (1901 1973) (1928 1967) I. LA CRISE DES MISSILES DE CUBA. 1960 : Fidel Castro, parvenu au pouvoir nationalise les plantations de sucre détenues par des Américains plantations de sucre détenues par des Américains. avril 1961: les USA ripostent par un débarquement de avril 1961: les USA ripostent par un débarquement de 1 400 hommes soutenus par une force aérienne, dans la baie des Cochons. Mais les forces castristes viennent à bout de cette invasion. invasion. Jérôme MATHIS Université Paris 8 4

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Jérôme MATHISUniversité Paris 8

Année 2010/11

Jérôme MATHIS Université Paris 8 Année 2010/11

I. LA CRISE DES MISSILES DE CUBA. 

1962: La crise des missiles de Cuba. 

John F. Kennedy (1917 1963)

Nikita Khrouchtchev(1894 1971)

Jérôme MATHIS Université Paris 8 2

(1917 – 1963)(1894 ‐1971)

I. LA CRISE DES MISSILES DE CUBA. 

1959: Batista est renversé par Che Guevara et Fidel CastroCastro.

Fidel Castro(1926 )

Fulgencio Batista (1901 1973)

Ernesto Guevara ( )

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(1926 – )(1901 ‐ 1973) (1928 ‐ 1967)

I. LA CRISE DES MISSILES DE CUBA. 

1960 : Fidel Castro, parvenu au pouvoir nationalise lesplantations de sucre détenues par des Américainsplantations de sucre détenues par des Américains.

avril 1961: les USA ripostent par un débarquement deavril 1961: les USA ripostent par un débarquement de1 400 hommes soutenus par une force aérienne, dansla baie des Cochons.

Mais les forces castristes viennent à bout de cetteinvasion.invasion.

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I. LA CRISE DES MISSILES DE CUBA. 

janvier 1961: J.F.K. qui succède à Eisenhower déclareassumer la pleine responsabilité de cette actionassumer la pleine responsabilité de cette action.

novembre 1961: les USA déploient 15 missiles ennovembre 1961: les USA déploient 15 missiles enTurquie et 30 autres en Italie, lesquels sont capablesd'atteindre le territoire soviétique.

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I. LA CRISE DES MISSILES DE CUBA. 

14 octobre 1962: le commandant Anderson prend des photographies aériennes de Cubaphotographies aériennes de Cuba. 

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VI. ALLER JUSQU'AUX LIMITES DU POSSIBLE.

15 octobre 1961: la lecture des films révèle aux USAque l'URSS est en train d'installer des missiles à tête

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nucléaire à Cuba.

I. LA CRISE DES MISSILES DE CUBA. 

16 octobre: J.F.K. convoque le Conseil de sécuriténationale et prône une action militaire directenationale et prône une action militaire directe.

Le secrétaire de la défense McNamara propose plutôtLe secrétaire de la défense McNamara propose plutôtun blocus maritime de l'île jusqu'au retrait desmissiles de Cuba.

22 octobre: Kennedy obtient la promesse que laFrance, le Royaume‐Uni et les autres nationsFrance, le Royaume Uni et les autres nationsoccidentales le soutiendront en cas de guerre contrel'URSS

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l URSS.

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I. LA CRISE DES MISSILES DE CUBA. 

26 octobre : « Si les États‐Unis veulent la guerre, alors nous nous retrouverons en enfer ! »nous nous retrouverons en enfer ! » 

Khrouchtchev

28 octobre: la CIA annonce que 24 missiles russessont désormais opérationnels et pointés sur despoints précis du sol américain.

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I. LA CRISE DES MISSILES DE CUBA. 

29 octobre: l'URSS recule et fait retirer ses navires.Elle promet également d'enlever toutes sesElle promet également d enlever toutes sesinstallations.

En contrepartie, les États‐Unis s'engagent à ne pasattaquer Cuba et à démonter leurs fusées installéesen Turquie et donc pointées vers le bloc de l'Est.

Aujourd'hui: l’embargo contre Cuba est toujoursAujourd hui: l embargo contre Cuba est toujoursd'actualité.

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II. ANALYSE DE LA STRATÉGIE. 

Dans le cas de la crise de Cuba, cette stratégieadoptée par Kennedy qui consiste à aller jusqu’auxadoptée par Kennedy, qui consiste à aller jusqu auxlimites du possible, a payé.

Ce genre de stratégie est aussi souvent adoptée parcertains acteurs lors:

‐ d’une grève opposant direction et syndicats;‐ d’un divorce opposant les époux;‐ d’une assemblée nationale divisée;d une assemblée nationale divisée;‐ …

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II. ANALYSE DE LA STRATÉGIE. 

Etudions de prêt ce type de stratégie.

Ayant découvert les missiles de Cuba, l’administrationKennedy avait le choix entre:Kennedy avait le choix entre:

‐ ne rien faire;‐ soumettre l’affaire aux Nations Unies;‐ imposer un embargo maritime (ce qu’elle fut);‐ bombarder les sites de missiles à Cuba;‐ … ; et à l’extrême… ; et à l extrême‐ bombarder l’URSS avec l’arme atomique, sanspréavis

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préavis.

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II. ANALYSE DE LA STRATÉGIE. 

Après que les USA aient imposé l’embargo maritime,l’URSS eu plusieurs réponses possibles:l URSS eu plusieurs réponses possibles:

‐ démonter les sites de missiles de Cuba;arrêter d’apporter des missiles à Cuba (ce‐ arrêter d apporter des missiles à Cuba (ce 

qu’elle fut);‐ forcer le blocus d’embargo;‐ … ; et à l’extrême‐ bombarder les USA avec l’arme atomique, sanspréavis.préavis.

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II. ANALYSE DE LA STRATÉGIE. 

Au travers de ces diverses actions, certaines issuessont inoffensives:sont inoffensives:

‐ les USA ne faisant rien; oul’URSS démontant les sites de missiles‐ l URSS démontant les sites de missiles.

A l’autre extrême, certaines sont apocalyptiques:‐ le recours à l’attaque nucléaire.

Tandis que d’autres, intermédiaires, sont plus ouTandis que d autres, intermédiaires, sont plus oumoins dangereuses:

imposer un embargo maritime;

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‐ imposer un embargo maritime;

II. ANALYSE DE LA STRATÉGIE. 

‐ bombarder les sites de missiles à Cuba.

Ces issues intermédiaires peuvent faire basculer lasituation d’un extrême (paix) à l’autre (guerre)situation d un extrême (paix) à l autre (guerre).

Y a‐t‐il une frontière à partir de laquelle la situationbascule ?

Non, pas vraiment. Il y a plutôt une échelle de risqueNon, pas vraiment. Il y a plutôt une échelle de risquequi augmente graduellement.

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II. ANALYSE DE LA STRATÉGIE. 

L’essence même de ce type de stratégie est qu’iln’existe pas de telle frontière mais plutôt une penten existe pas de telle frontière, mais plutôt une pentedouce qui décline vers une situation de plus en plusrisquéerisquée.

Ce risque doit paraitre suffisamment intolérable àl’adversaire pour l’inciter à capituler.

Cette stratégie est en fait très subtile. PourCette stratégie est en fait très subtile. Pourcorrectement la caractériser, il nous faut traiter quatrequestions

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questions.

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III. COMPOSANTE DE LA STRATÉGIE. 

1. Pourquoi ne pas menacer l’adversaire d’unesanction certaine plutôt que d’un risque que cettesanction certaine, plutôt que d un risque que cettesanction se produise ?

2. Quel mécanisme détermine la réalisation de cerisque ?

3. Quel est le degré optimal de risque ?

4. Quel est le coût d’une telle stratégie ?

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III. COMPOSANTE DE LA STRATÉGIE. 

1. Pourquoi ne pas menacer l’adversaire d’unesanction certaine?sanction certaine?

Pourquoi les USA n’ont ils pas simplement menacerPourquoi les USA n ont‐ils pas simplement menacerl’URSS d’un bombardement nucléaire si elle ne retiraitpas immédiatement ses missiles ?

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III. COMPOSANTE DE LA STRATÉGIE. 

1. Pourquoi ne pas menacer l’adversaire d’unesanction certaine?sanction certaine?

Pourquoi les USA n’ont ils pas simplement menacerPourquoi les USA n ont‐ils pas simplement menacerl’URSS d’un bombardement nucléaire si elle ne retiraitpas immédiatement ses missiles ?

Le problème est qu’en pratique une telle menacen’est pas crédible.n est pas crédible.

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III. COMPOSANTE DE LA STRATÉGIE. 

Une fois la date fixée passée, Kennedy aurait intérêt àrepousser la date de bombardement jour après jourrepousser la date de bombardement jour après jour.

Il n’est pas possible de s’engager à exécuter deIl n est pas possible de s engager à exécuter demanière volontaire une telle sanction.

L’effet de réputation n’est pas valable, car une fois laguerre nucléaire enclenchée, il n’y a plus de futur.

Kennedy pourrait prétendre qu’un ordinateur a étéprogrammé pour envoyer les bombes à telle date

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programmé pour envoyer les bombes à telle date.

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III. COMPOSANTE DE LA STRATÉGIE. 

Mais là encore, l’impossibilité d’arrêter le programmen’est pas crédible Sinon comment effectivementn est pas crédible. Sinon, comment effectivementl’arrêter dans le cas d’une capitulation ?

Et puis un tel ultimatum peut s’avérer catastrophiquesi Khrouchtchev s’engage lui aussi dans uncomportement jusqu’au‐boutiste.

Bien que la menace d’une guerre certaine ne soit pasBien que la menace d une guerre certaine ne soit pascrédible, la menace d’un risque de guerre est tout àfait crédible

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fait crédible.

III. COMPOSANTE DE LA STRATÉGIE. 

L’incertitude de l’issue rend la menace moinscouteuse aux USA et donc plus crédible aux yeux decouteuse aux USA et donc plus crédible aux yeux del’URSS.

L’usage de l’incertitude permet de faire augmenter lerisque graduellement.

L’idée est la même que celle d’une distillation del’information en vu d’assurer sa rémunération.l information en vu d assurer sa rémunération.

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III. COMPOSANTE DE LA STRATÉGIE. 

Ici, chaque entêtement successif de l’URSS ou desUSA augmente graduellement le risque d’une guerreUSA augmente graduellement le risque d une guerrenucléaire, tandis que chaque concession diminue cerisquerisque.

Chaque partie se doit alors de calculer quel niveau derisque elle est prête à encourir.

Si Kennedy est prêt à aller plus loin que Khrouchtchev,Si Kennedy est prêt à aller plus loin que Khrouchtchev,alors l’usage de cette stratégie est un succès.

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III. COMPOSANTE DE LA STRATÉGIE. 

A l’administration de Kennedy de trouver le bonniveau de risque à jouerniveau de risque à jouer.

Il faut que ce niveau paraisse aux yeux deIl faut que ce niveau paraisse aux yeux deKhrouchtchev à la fois suffisamment :

‐ élevé pour constituer une menace; et

‐ faible pour que cette menace soit crédible.faible pour que cette menace soit crédible.

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III. COMPOSANTE DE LA STRATÉGIE. 

2. Quel mécanisme détermine la réalisation de cerisque ?risque ?

Kennedy pourrait par exemple annoncer àKennedy pourrait par exemple annoncer àKhrouchtchev qu’en cas de non capitulation, il va tirerun dés. Et que si le 6 sort alors il appuie sur le boutonrouge.

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III. COMPOSANTE DE LA STRATÉGIE. 

2. Quel mécanisme détermine la réalisation de cerisque ?risque ?

Kennedy pourrait par exemple annoncer àKennedy pourrait par exemple annoncer àKhrouchtchev qu’en cas de non capitulation, il va tirerun dés. Et que si le 6 sort alors il appuie sur le boutonrouge.

A nouveau, une telle menace n’est pas crédible !A nouveau, une telle menace n est pas crédible !Qu’est‐ce qui empêcherait Kennedy de retirer le désface à un 6 ?

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face à un 6 ?

III. COMPOSANTE DE LA STRATÉGIE. 

Il faut exercer une menace qui rende le contrôle durisque en‐dehors de son propre champ d’actionrisque en dehors de son propre champ d action.

C’est là que les autres acteurs entrent en jeu !C est là que les autres acteurs entrent en jeu !Car l’interaction ne concerne pas seulement Kennedyet Khrouchtchev, mais aussi les membresdécisionnaires du gouvernement et, surtout lesmilitaires sur le terrain !

Dans ce genre de conflit, il est fréquent qu’il y ait desdérapages

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dérapages.

III. COMPOSANTE DE LA STRATÉGIE. 

En particulier, lors de cette crise:

‐ le Ministre de la Défense du Canada met en étatd'alerte les forces canadiennes sans avertir le Premierd'alerte les forces canadiennes sans avertir le PremierMinistre;

‐ L’administration Kennedy donne l’ordre d’établir unblocus maritime à 800 miles des côtes de Cuba. Maisle chef des opérations navales, Anderson, s’établira àle chef des opérations navales, Anderson, s établira à500 miles et refusera d’en bouger.

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III. COMPOSANTE DE LA STRATÉGIE. 

‐ Le 27 octobre, l’U2 du commandant Anderson est abattuabattu. 

Khrouchtchev n'avait pourtant pas donné cet ordreKhrouchtchev n'avait pourtant pas donné cet ordre, car il ne souhaitait pas accomplir le premier geste. 

Mais les USA analysent cette action comme une escalade.

Kennedy donne l'ordre en cas de nouvelle agression de bombarder les sites de missiles

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de bombarder les sites de missiles.

III. COMPOSANTE DE LA STRATÉGIE. 

Le fait de laisser à d’autres acteurs la réalisation de la punition a été utilisée en 1981 par le gouvernementpunition a été utilisée en 1981, par le gouvernement Reagan envers les autorités Japonaises et Coréennes.

Le gouvernement américain demandait à ces deux pays asiatiques de restreindre leurs exportations automobiles vers les USA. 

Il utilisa la menace suivante:Il utilisa la menace suivante:

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III. COMPOSANTE DE LA STRATÉGIE. 

« Si nous ne parvenons pas à nous entendre sur un accords entre nous et maintenant le Congrès va seaccords entre nous et maintenant, le Congrès va se saisir de la question. Nous n’aurons alors plus aucun contrôle sur le résultat »contrôle sur le résultat. »

Le Japon et la Corée du Sud ont cédé.

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III. COMPOSANTE DE LA STRATÉGIE. 

3. Quel est le degré optimal de risque ?

Théoriquement il n’est pas difficile à définir.

Puisque la sanction est couteuse pour son auteur, lerisque d’exécution de cette sanction doit être le pluspetit possible.

Mais il doit être suffisamment élevé pour convaincreMais il doit être suffisamment élevé pour convaincrel’adversaire de changer de position.

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III. COMPOSANTE DE LA STRATÉGIE. 

De sorte que la punition en terme d’espérance soitjuste supérieure au seuil d’inflexion de l’adversairejuste supérieure au seuil d inflexion de l adversaire.

En pratique les choses ne sont pas aussi simplesEn pratique, les choses ne sont pas aussi simples.

Quel est le risque exact attaché à telle ou tellemenace ?

Dans notre exemple, quelle est la probabilité que lesDans notre exemple, quelle est la probabilité que lespolitiques ou les militaires sur le terrain dérapent ?

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III. COMPOSANTE DE LA STRATÉGIE. 

Quand bien même ces probabilités seraient connuesde l’auteur de la menace il subsiste une incertitude :de l auteur de la menace, il subsiste une incertitude :

Quel est le seuil à partir duquel l’adversaire préfèreQuel est le seuil à partir duquel l adversaire préfèrechanger de position ?

Qu’est‐ce qui garantissait que face à cette menaceKhrouchtchev allait fléchir ?

Jusqu’où serait‐on allez sinon ?

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III. COMPOSANTE DE LA STRATÉGIE. 

4. Quel est le coût d’une telle stratégie ?

Avec l’utilisation d’une telle stratégie, il ne faut pasnégliger le risque de tomber dans l’exécution de lanégliger le risque de tomber dans l exécution de lasanction.

Que se passe‐t‐il si l’adversaire refuse de fléchir ?

La stratégie de J.F.K. s’est avérée gagnante.La stratégie de J.F.K. s est avérée gagnante.Mais nous penserions différemment s’il la troisièmeGuerre mondiale avait eu lieue !

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Guerre mondiale avait eu lieue !

III. COMPOSANTE DE LA STRATÉGIE. 

L’inflexion est malheureusement parfois observée.

C’est par exemple le cas des manifestations de laplace Tian'anmen à Pékin en 1989place Tian'anmen, à Pékin en 1989.

Etudiants, intellectuels et ouvriers chinois,dénonçaient la corruption et demandaient desréformes politiques et démocratiques.

Une série de grandes manifestations et de grèves dela faim ont été organisées sur la place Tian'anmen

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la faim ont été organisées sur la place Tian anmen.

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III. COMPOSANTE DE LA STRATÉGIE. 

Le gouvernement chinois proclama l'état de siège etfit intervenir l'armée le 4 juin 1989fit intervenir l armée le 4 juin 1989.

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III. COMPOSANTE DE LA STRATÉGIE. 

La répression du mouvement provoqua quelquesmilliers de victimes civiles et d’arrestations dans lesmilliers de victimes civiles et d arrestations dans lesmois qui suivirent.

Le gouvernement renvoya les journalistes étrangers.

Cette répression porta un coup d'arrêt durable auxréformes politiques en Chine.

Dans le monde diplomatique, cette action provoquaune condamnation générale du régime de Pékin

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une condamnation générale du régime de Pékin.

III. COMPOSANTE DE LA STRATÉGIE. 

C’est aussi ce qui s’est passé lors la révolutionroumaine de décembre 1989

Mais cette fois ci l’armée

roumaine de décembre 1989.

Mais cette fois‐ci, l armée fraternise avec le peuple.

S’en suit le renversement du régime communiste et l'exécution du dictateurl exécution du dictateur Ceauşescu.

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III. COMPOSANTE DE LA STRATÉGIE. 

Heureusement, entre peuple et dictature, parfois legouvernement fléchitgouvernement fléchit.

Se fut le cas du prix Nobel de la paix MikhaïlSe fut le cas du prix Nobel de la paix MikhaïlGorbatchev en novembre 1989.

Venu à Berlin‐Est célébrer le quarantièmeanniversaire de la naissance de la RDA, face à desmanifestations populaires il indique à ses dirigeantsmanifestations populaires il indique à ses dirigeantsque le recours à la répression armée est à exclure.

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III. COMPOSANTE DE LA STRATÉGIE. 

C'est ainsi que le mur « tombe » le 9 novembre 1989,après plus de 28 années d'existenceaprès plus de 28 années d existence.

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III. COMPOSANTE DE LA STRATÉGIE. 

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IV. CONCLUSION.

Conclusion:

1. Pourquoi ne pas menacer l’adversaire d’une sanction certaine plutôt que d’un risque que cettesanction certaine, plutôt que d un risque que cette sanction se produise ?

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IV. CONCLUSION.

Conclusion:

1. Pourquoi ne pas menacer l’adversaire d’une sanction certaine plutôt que d’un risque que cettesanction certaine, plutôt que d un risque que cette sanction se produise ?

Parce qu’une sanction incertaine est plus crédible. Cela permet donc de rendre la menace crédible.

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IV. CONCLUSION.

2. Quel mécanisme détermine la réalisation de ce risque ?risque ?

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IV. CONCLUSION.

2. Quel mécanisme détermine la réalisation de ce risque ?risque ?

La réalisation de la sanction doit être confiée àLa réalisation de la sanction doit être confiée à d’autres acteurs afin de rendre crédible l’exécution de la sanction. 

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IV. CONCLUSION.

3. Quel est le degré optimal de risque ?

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IV. CONCLUSION.

3. Quel est le degré optimal de risque ?

Difficile à évaluer.

Il dépend de la probabilité que les autres acteurs exécutent la sanction, et du seuil à partir duquel l’adversaire accepte de fléchir.

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IV. CONCLUSION.

4. Quel est le coût d’une telle stratégie ?

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IV. CONCLUSION.

4. Quel est le coût d’une telle stratégie ?

Le coût peut‐être énorme lorsque la sanction estexécutéeexécutée.

Le coût espéré dépend donc de la probabilitéd’exécution de la sanction.

Cette probabilité dépend du comportement deCette probabilité dépend du comportement del’adversaire (s’il refuse de fléchir), et de celui desautres acteurs (exécution de la sanction)

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autres acteurs (exécution de la sanction).

V. MORALITÉ.

Toutes ces incertitudes (relevées par la question 3) etToutes ces incertitudes (relevées par la question 3), etle risque que la sanction soit exécutée (comme dansla question 4) limitent l’avantage du recours à cettela question 4), limitent l avantage du recours à cettestratégie.

Si bien qu’en pratique, elle n’est généralement utiliséequ’en derniers recours.

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