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Habitations imaginaires

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Marginalia

Le Joueur d’échecs de Maelzel

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Habitations imaginaires

Traduit de l’anglais par

Textes présentés par

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Le Domaine d’Arnheim (The Domain of Arnheim) a parudans le Columbian Magazine en mars . Le CottageLandor (Landor’s Cottage) a paru dans The Flag of ourUnion en juin . Philosophie de l’ameublement (Philo -sophy of Furniture) a paru dans le Burton’s Gentlemen’sMagazine en mai . En couverture : Léon Spilliaert, La Nuit, . Pastel surpapier. Bruxelles, Musée d’Ixelles. © Éditions Allia, Paris, , , pour la présente édition.

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Le jardin était taillé comme une belle dame,

Étendue et sommeillant voluptueusement,

Et fermant ses paupières aux cieux ouverts.

Les champs d’azur du ciel étaient rassemblés

correctement

Dans un vaste cercle orné des fleurs de la lumière.

Les iris et les rondes étincelles de rosée,

Qui pendaient à leurs feuilles azurées, apparaissaient

Comme des étoiles clignotantes qui pétillent dans

le bleu du soir.

son berceau jusqu’à son tombeau,mon ami Ellison fut toujours poussé par unebrise de prospérité. Et je ne me sers pas ici dumot prospérité dans son sens purement mon-dain. Je l’emploie comme synonyme debonheur. La personne dont je parle semblaitavoir été créée pour symboliser les doctrinesde Turgot, de Price, de Priestley et deCondorcet, – pour fournir un exemple indivi-duel de ce que l’on a appelé la chimère desperfectionnistes.Dans la brève existence d’Ellison,il me semble que je vois une réfutation du

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dogme qui prétend que dans la nature mêmede l’homme gît un principe mystérieux, ennemidu bonheur. Un examen minutieux de sa car-rière m’a fait comprendre que la misère del’espèce humaine naît, en général, de la viola-tion de quelques simples lois d’humanité ;– que nous avons en notre possession, en tantqu’espèce, des éléments de contentement nonencore mis en œuvre, – et que même mainte-nant, dans les présentes ténèbres et l’étatdélirant de la pensée humaine sur la grandequestion des conditions sociales, il ne serait pasimpossible que l’homme, en tant qu’individu,pût être heureux dans de certaines circons-tances insolites et remarquablement fortuites.Mon jeune ami était, lui aussi, fortement

pénétré des mêmes opinions ; et il n’est pasinutile d’observer que le bonheur non inter -rompu, qui a caractérisé toute sa vie, a été, engrande partie, le résultat d’un système pré -conçu. Il est positivement évident que, avecmoins de cette philosophie instinctive qui, enmaint cas, tient si bien lieu d’expérience,M. Ellison se serait vu précipité, par le trèsextraordinaire succès de sa vie, dans le tour-billon commun de malheur qui s’ouvre devanttous les hommes merveilleusement dotés par lesort. Mais mon but n’est pas du tout d’écrire un

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essai sur le bonheur. Les idées de mon amipeuvent être résumées en quelques mots.Il n’admettait que quatre principes, ou, plusstrictement, quatre conditions élémentairesde félicité. Celle qu’il considérait comme laprincipale était (chose étrange à dire) lasimple condition, purement physique, du libreexercice en plein air. “La santé, – disait-il, –qu’on peut obtenir par d’autres moyens està peine digne de ce nom.” Il citait les voluptésdu chasseur de renards, et désignait les culti-vateurs de la terre comme les seules gens qui,en tant qu’espèce, pussent être sérieusementconsidérés comme plus heureux que lesautres. La seconde condition était l’amour dela femme. La troisième, la plus difficile à réa-liser, était le mépris de toute ambition.La quatrième était l’objet d’une pour suiteincessante ; et il affirmait que, les autreschoses étant égales, l’étendue du bonheurauquel on peut atteindre était en proportionde la spiritualité de ce quatrième objet.Ellison fut un homme remarquable par la

profusion continue avec laquelle la fortunel’acca bla de ses dons. En grâce et en beautépersonnelles, il surpassait tous les hommes.Son intelligence était de celles pour qui l’acqui-sition des connaissances est moins un travail

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qu’une intuition et une nécessité. Sa familleétait une des plus illustres de l’État. Sa femmeétait la plus délicieuse et la plus dévouée desfemmes. Ses biens avaient toujours été consi-dérables ; mais, à l’échéance de sa majorité,il se trouva que la destinée avait, en sa faveur,fait un de ces tours bizarres qui stupéfient lemilieu social dans lequel ils éclatent, et qui nemanquent guère d’altérer radicalement laconstitution morale de ceux qui en sont lesobjets privilégiés.Il paraît que cent ans, à peu près, avant la

majorité de M. Ellison, était mort, dans uneprovince éloignée, un certain M. SeabrightEllison. Ce gentleman avait amassé une for-tune princière, et n’ayant pas de parentsimmédiats, il avait conçu la fantaisie de laissersa fortune s’accumuler durant un siècle aprèssa mort. Ayant indiqué lui-même, minutieuse-ment et avec la plus grande sagacité, lesdifférents modes de placement, il légua lamasse totale à la personne la plus rapprochéepar le sang, portant le nom d’Ellison, qui seraitvivante à l’expiration de la centième année.Plusieurs tentatives avaient été faites pourobtenir l’annulation de ce singulier legs ; mais,entachées d’un caractère rétroactif, ellesavaient avorté ; cependant, l’atten tion du gou-

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vernement soupçonneux avait été éveillée, etfinalement un décret avait été rendu, quidéfendait à l’avenir toutes accumulationssemblables de capitaux. Toutefois, ce décretne put pas empêcher le jeune Ellison d’entreren possession au vingt et unième anniversairede sa naissance, et comme héritier de sonancêtre Seabright, d’une fortune de quatre centcinquante millions de dollars ∗.Quand le chiffre prodigieux de l’héritage fut

connu, on fit naturellement une foule deréflexions sur la manière d’en disposer.L’énormité de la somme et son applicabilitéimmédiate éblouissaient tous ceux qui

∗ Un accident, à peu près semblable à celui supposé dansce récit, s’est présenté, il n’y a pas très longtemps, enAngleterre. Le nom de l’heureux héritier était Thelluson.J’ai trouvé, pour la première fois, une mention d’un casde ce genre dans le Voyage du prince Puckler-Muskau, quiattribue à l’héritage en question le chiffre de quatre-vingt-dix millions de livres, et fait justement observer que, “dansla contemplation d’une si vaste somme et des buts aux-quels elle peut être appliquée, il y a quelque chose quiressemble au sublime”. Pour servir les intentions du pré-sent article, je me suis conformé au chiffre du prince, bienqu’il soit monstrueusement exagéré. Le germe, et mêmel’ébauche positive de ce travail, ont été publiés, il y a plu-sieurs années, bien avant le premier numéro del’admirable Juif Errant d’Eugène Sue, qui en a peut-êtretiré l’idée du récit de Muskau (. . .).

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rêvaient à la question. S’il se fût agi du posses-seur d’une somme quelconque appréciable, onaurait pu se le figurer accomplissant l’un oul’autre entre mille projets. Doué d’une for-tune surpassant celles de tous les autrescitoyens, on aurait pu aisément le supposer sejetant à l’excès dans l’extravagance de lafashion du moment, – ou bien se livrant auxintrigues politiques, – ou aspirant à la puis-sance ministérielle, – ou achetant un rang plusélevé dans la noblesse, – ou ramassant devastes collections artistiques, – ou jouant lerôle magnifique de Mécène des lettres, dessciences et des arts, – ou dotant de grandesinstitutions de charité et y attachant son nom.Mais, relativement à l’inconcevable richessedont l’héritier se trouvait maintenant investi,ces objets et tous les objets ordinaires dedépense semblaient n’offrir qu’un champ troplimité. On vérifia que, même à trois pour cent,le revenu annuel de l’héritage ne montait pasà moins de treize millions cinq cent mille dol-lars ; ce qui faisait un million cent vingt-cinqmille dollars par mois ; ou trente-six milleneuf cent quatre-vingt-six dollars par jour ; oumille cinq cent quarante et un dollars parheure ; ou vingt-six dollars par chaqueminute. Ainsi le sentier battu des suppositions

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se trouvait absolument coupé. Les hommesne savaient plus qu’imaginer. Quelques-unsallaient jusqu’à supposer que M. Ellison sedépouillerait lui-même au moins d’une moitiéde sa fortune, comme représentant uneopulence absolument superflue, et qu’il enri-chirait toute la multitude de ses parents par lepartage de cette surabondance. En effet,Ellison abandonna à ses plus proches la for-tune plus qu’ordi naire dont il jouissait déjàavant ce monstrueux héritage.Cependant je ne fus pas surpris de voir qu’il

avait depuis longtemps des idées arrêtées surle sujet qui causait parmi ses amis une sigrande discussion, et la nature de sa décisionne m’inspira pas non plus un grand étonne-ment. Relativement aux charités individuelles,il avait satisfait sa conscience. Quant à la pos-sibilité d’un perfectionnement quelconque,proprement dit, effectué par l’homme lui-mêmedans la condition générale de l’humanité, il n’yaccordait qu’une foi médiocre, je le confesseavec chagrin. En somme, pour son bonheur oupour son malheur, il se repliait généralementsur lui-même.C’était un poète dans le sens le plus noble et

le plus large. Il comprenait, d’ailleurs, le vraicaractère, le but auguste, la nécessité suprême

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et la dignité du sentiment poétique. Son instinctlui disait que la plus parfaite sinon la seule satis-faction, propre à ce sentiment, consistait dans lacréation de formes nouvelles de beauté.Quelques particularités, soit dans son éducationpremière, soit dans la nature de son intelligence,avaient donné à ses spéculations éthiques unenuance de ce qu’on appelle matérialisme ; et cefut peut-être ce tour d’esprit qui le conduisit àcroire que le champ le plus avantageux, sinon leseul légitime, pour l’exercice de la faculté poé-tique, consiste dans la création de nouveauxmodes de beauté purement physique. C’est cequi fut cause qu’il ne devint ni musicien nipoète, – si nous employons ce dernier mot dansson acception journalière. Peut-être aussi avait-il négligé de devenir l’un ou l’autre, simplementen conséquence de son idée favorite, à savoirque c’est dans le mépris de l’ambition que doitse trouver l’un des principes essentiels du bon-heur sur la terre. Est-il vraiment impossible deconcevoir que, si un génie d’un ordre élevé doitêtre nécessairement ambitieux, il y a uneespèce de génie plus élevé encore qui est au-dessus de ce qu’on appelle ambition ? Et ainsine pouvons-nous pas supposer qu’il a existébien des génies beaucoup plus grands que Milton, qui sont restés volontairement “muets

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et inglorieux ” ? Je crois que le monde n’ajamais vu et que, sauf le cas où une série d’acci-dents aiguillonnerait le génie du rang le plusnoble et le contraindrait aux efforts répugnantsde l’appli cation pratique, le monde ne verrajamais la perfection triomphante d’exécutiondont la nature humaine est positivement capabledans les domaines les plus riches de l’art.Ellison ne devint donc ni musicien ni poète ;

quoique jamais aucun autre homme n’ait existéplus profondément énamouré de musique etde poésie. Dans d’autres circonstances quecelles qui l’enveloppaient, il n’eût pas étéimpossible qu’il fût devenu peintre. La sculp-ture, quoique rigoureusement poétique par sanature, est un art dont le domaine et les effetssont trop limités pour avoir jamais occupé long-temps son attention. Je viens d’énumérer tousles départements dans lesquels, selon l’assen -timent des connaisseurs, l’esprit poétique peutse donner carrière. Mais Ellison affirmait que ledomaine le plus riche, le plus vrai et le plusnaturel de l’art, sinon absolument le plus vaste,avait été inexplicablement négligé. Aucune défi-nition n’avait été faite du jardinier-paysagiste,

. Les notes de l’éditeur commencent en page .

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comme du poète ; et cependant, il semblait àmon ami que la création du jardin-paysageoffrait à une Muse particulière la plus magni-fique des opportunités. Là, en vérité, s’ouvrait leplus beau champ pour le déploiement d’uneimagination appliquée à l’infinie combinaisondes formes nouvelles de beauté, les élémentsà combiner étant d’un rang supérieur et les plusadmirables que la terre puisse offrir. Dans lamultiplicité de formes et de couleurs des fleurset des arbres, il reconnaissait les efforts les plusdirects et les plus énergiques de la Nature versla beauté physique. Et c’est dans la direction ouconcentration de cet effort, ou plutôt dansson accommodation aux yeux destinés à encontempler le résultat sur cette terre, qu’il sesentait appelé à employer les meilleurs moyens,à travailler le plus fructueusement, – pourl’accom plissement, non seulement de sa propredestinée comme poète, mais aussi des augustesdesseins en vue desquels la Divinité a implantédans l’homme le sentiment poétique.“Son accommodation aux yeux destinés à en

contempler le résultat sur cette terre.” Parl’expli cation qu’il donnait de cette phrase,M. Ellison résolvait presque ce qui avait tou-jours été pour moi une énigme ; je veux parlerde ce fait, incontestable, pour tous, excepté

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pour l’ignorant, qu’il n’existe dans la natureaucune combinaison décorative, telle que lepeintre de génie la pourrait produire. On netrouve pas dans la réalité des paradis sem-blables à ceux qui éclatent sur les toiles deClaude Lorrain. Dans le plus enchanteur despaysages naturels, on découvre toujours undéfaut ou un excès, mille excès et milledéfauts. Quand même les parties constitutivespourraient défier, chacune individuellement,l’habileté d’un artiste consommé, l’arrangementde ces parties sera toujours susceptible de per-fectionnement. Bref, il n’existe pas un lieu surla vaste surface de la terre naturelle, où l’œil d’uncontemplateur attentif ne se sente choqué parquelque défaut dans ce qu’on appelle la com-position du paysage. Et cependant, combienceci est inintelligible ! en toute autre matière,on nous a justement appris à vénérer la naturecomme parfaite. Quant aux détails, nous fré-mirions d’oser rivaliser avec elle. Qui aura laprésomption d’imiter les couleurs de la tulipe,ou de perfectionner les proportions du lis de lavallée ? La critique qui dit, à propos de sculp-ture ou de peinture, que la nature doit êtreennoblie ou idéalisée, est dans l’erreur. Aucunecombinaison d’éléments de beauté humaine,en peinture ou en sculpture, ne peut faire plus

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que d’approcher de la beauté vivante et respi-rante. Dans le paysage seul, le principe de lacritique devient vrai ; elle l’a senti vrai en cepoint, et c’est l’esprit enragé de généralisationqui l’a poussée à conclure qu’il était vrai danstous les domaines de l’art. Elle l’a senti vrai ence point, dis-je ; car le sentiment n’est niaffectation ni chimère. Les mathématiques nefournissent pas de démonstrations plus abso-lues que celles que l’artiste tire du sentiment deson art. Non seulement il croit, mais il saitpositivement que tels et tels arrangements dematière, arbitraires en apparence, constituentseuls la vraie beauté. Ses raisons toutefois n’ontpas encore été mûries jusqu’à la formule. Resteun travail, réservé à l’analyse, – une analysed’une profondeur jusqu’à présent inconnue aumonde ; – ce sera de rechercher ces raisons etde les formuler complètement. Néanmoinsl’artiste est confirmé dans ses opinions instinc-tives par la voix de tous ses frères. Supposonsune composition défectueuse ; supposonsqu’une correction soit opérée simplement dansla combinaison de la forme, et que cette cor-rection soit soumise au jugement de tous lesartistes du monde. La nécessité de la correc-tion sera admise par chacun. Mieux encore !pour remédier au défaut de ladite composition,