Fiche de lecture : Chaînes éditoriales et rééditorialisation de contenus … · 2013. 9. 4. ·...
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Fiche de lecture : Chaînes
éditoriales et rééditorialisation
de contenus numériques
Paternité - Pas d'Utilisation Commerciale : http://creativecommons.org/licenses/by-nc/2.0/fr/
BÉNÉDICTE HERRGOTT
Année Universitaire 2012-2013
Version 1
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Table des matières
Objectifs 5
Introduction 7
I - La problématique 9
A. Question centrale : la production documentaire numérique................................9
B. Le contexte historique et scientifique.............................................................10 1. L'imprimerie et la révolution industrielle.............................................................................10 2. La révolution numérique..................................................................................................11
II - Les hypothèses 17
A. Raisons graphiques et computationnelles.......................................................17 1. Raison graphique............................................................................................................17 2. Raison computationnelle .................................................................................................18
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B. La notion de tendance en philosophie des techniques......................................19
C. La notion de chaîne éditoriale.......................................................................21
III - Fonctions et applications des chaînes éditoriales 25
A. Le polymorphisme.......................................................................................25
B. La transclusion............................................................................................30
C. La dérivation..............................................................................................33
D. La déclinaison.............................................................................................36
E. Application dans l'audiovisuelle.....................................................................38
IV - Enjeux et perspectives 45
A. Vers une nouvelle littératie...........................................................................45
B. Vers une nouvelle cohérence et intelligibilité documentaire...............................51
C. Vers une nouvelle collaboration.....................................................................52
V - Mise en perspective 55
A. Apports......................................................................................................55 1. Une nouvelle définition du document numérique..................................................................55 2. Les chaînes éditoriales facilitent la création et l'utilisation de contenus...................................56
B. Limites......................................................................................................58
VI - Liste de citations 61
A. Citations extraites du texte étudié.................................................................61
B. Citations extraites d'autres sources...............................................................62
VII - Exercices 65
Conclusion 69
Solution des exercices 71
Glossaire 75
Signification des abréviations 77
Bibliographie 79
Webographie 81
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Objectifs
A la fin de la lecture de cette fiche, vous devrez pouvoir expliquer les tendances techniques relatives au numérique ainsi que les possibilités d'écriture, de publication et de réutilisation automatisées de contenus offertes par les chaînes éditoriales XML en générale et l'environnement logiciel de conception SCENARI en particulier. Vous devrez maîtriser le vocabulaire décrivant ces possibilités techniques (polymorphisme, transclusion, dérivation, déclinaison). Vous pourrez enfin comprendre les problématiques et les enjeux actuels de la production et de la gestion documentaire (documentarisation, redocumentarisation, rééditorialisation) en les situant dans l'histoire de la pensée scientifique de l'écriture et de la documentation.
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Introduction
Cette fiche de lecture pédagogique a été réalisée à partir de la contribution de Stéphane Crozat au séminaire Inria qui s'est tenu à Carnac du 1er au 5 octobre 2012.Stéphane Crozat est ingénieur et docteur en informatique. Enseignant-chercheur à l'UTC depuis 2002, il est co-inventeur de l'environnement de chaînes éditoriales SCENARI en 1999.Publiée sous la forme d'un article intitulé Chaîne éditoriales et rééditorialisation de contenus numériques [Les chaînes éditoriales] , sa contribution constitue le chapitre 8 du livre Le document numérique à l'heure du web de données [Le document numérique à l'heure du web de données] , édité par l'ADBS et disponible à la BU du Guesclin de Béziers.Cet ouvrage compte dix chapitres et rassemble les articles de spécialistes de disciplines diverses telles que les sciences de l'information, le droit, la philosophie ou encore l'informatique.S. Crozat inscrit son propos dans la continuité de la pensée scientifique sur le document, l'écriture et la technique et dans une réflexion interdisciplinaire actuelle sur les transformations du document et des modalités d'écriture induites par le numérique et l'arrivée progressive du web de données en lieu et place du web de documents.
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I - La problématique I
Question centrale : la production documentaire numérique 9
Le contexte historique et scientifique 10
A. Question centrale : la production documentaire numérique
Le titre de la première partie de la contribution de S. Crozat au séminaire Inria de 2012 [Le document numérique à l'heure du web de données] « As we may write » est une référence explicite au texte fondateur de Vannevar Bush As we may think [As we may think] paru en 1945. Cette référence permet à l'auteur de situer sa problématique dans la continuité de la vision anticipatrice de Bush qui, confronté à l'inflation de la documentation scientifique, imaginait des solutions techniques de gestion et de consultation des documents proches du web et de l'hypertexte. Elle lui permet de se situer a contrario en rupture avec cette vision et de proposer une problématique axée cette fois sur la production et la rééditiorialisation de documents numériques.L'enjeu scientifique est de comprendre d'une part en quoi le numérique révolutionne notre façon d'écrire et, d'autre part, de penser et d'anticiper sur ses évolutions futures, qu'elles soient cognitives ou sociales.L'enjeu pragmatique est de favoriser l'utilisation de chaînes éditoriales numériques qui, en séparant le fond du document (son contenu) de sa forme, vont nous permettre de le manipuler et de faire ainsi évoluer notre façon d'écrire et de penser dans un sens plus conforme à l'évolution du document et du web sémantique.Il s'agit d'enjeux de savoir et de pouvoir selon Goody [Pouvoirs et savoirs de l'écrit].
Définition : RééditorialisationLa rééditorialisation désigne le processus de création de nouveaux documents à partir de documents existants. Il est la traduction du mot Repurposing qui signifie "donner un nouvel objectif". Manuel Zacklad [Processus de documentarisation] emploie quant à lui le terme redocumentarisation.
Définition : Chaînes éditorialesLogiciels de production documentaire proposant des fonctions techniques qui permettent la création, la rééditorialisation et la publication automatisée de
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contenus numériques multimédia sous différents formats et sur différents supports. Ces contenus sont structurés par un balisage XML fixé dans des modèles définis a priori.
B. Le contexte historique et scientifique
RappelLa réflexion de S. Crozat s'inscrit dans le contexte du séminaire de l'Inria Le document numérique à l'heure du web de données1. Ce séminaire a donné lieu à une dizaine d'interventions dont les supports de présentation2 sont proposés en libre consultation.
Les révolutions du documentLes travaux du collectif RT-Pédauque, en particulier document et modernité [Document et modernités], constituent un des arrière-plans scientifiques du texte de S. Crozat.On peut également rappeler le premier travail [Document : forme, signe et médium] du collectif RTP-DOC, réflexion pluridisciplinaire sur le concept commun de document accomplie par une équipe d'une centaine de chercheurs issus d'horizons différents. Le groupe avait mis en évidences trois notions communes à toutes les disciplines : celles de forme, de signe et de médium. Son objectif était de «faire du document un objet principal de recherche, au moins pour un temps, en croisant les apports partiels des uns et des autres » (RT-Pedauque, 2003)RT-Pédauque attribue les transformations successives du document à deux révolutions :
la première liée à l'invention de l'imprimerie ; la seconde à l'invention du numérique.
1. L'imprimerie et la révolution industrielle
L'imprimerie a permis la reproduction les documents à l'identique et en grand nombre. Elle a permis l'émergence de la notion d'auteur et d'Etats-nations. Ses conséquences sont :
la démocratisation du savoir ; la documentarisation de la société c'est à dire la généralisation de
l'usage du document dans tous les secteurs et organisations de la société qu'ils soient juridiques, économiques, administratifs ou encore politiques.
La révolution industrielle a amplifié ce phénomène.
RappelLa massification documentaire a donné naissance dès la première moitié du XX° siècle, aux premières théories et propositions pratiques d'organisation documentaire développées par Paul Otlet [Traité de documentation : le livre sur le livre] et Vannevar Bush, à la discipline de la documentation avec Suzanne Briet et à l'information science avec Mickael K. Buckland.
1 - https://iww.inria.fr/ist/seminaire-inria-le-document-numerique-a-lheure-du-web-de-donnees/2 - http://www.inria.fr/actualite/agenda/document-numerique
La problématique
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http://www.inria.fr/actualite/agenda/document-numeriquehttps://iww.inria.fr/ist/seminaire-inria-le-document-numerique-a-lheure-du-web-de-donnees/https://iww.inria.fr/ist/seminaire-inria-le-document-numerique-a-lheure-du-web-de-donnees/
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Avec la construction du Mundaneum, Paul Otlet ambitionne de cataloguer et rendre accessible tous les documents du monde.
Fondamental La documentarisation de la société a donc porté les problématiques de
gestion et de stockage du document au premier plan.
2. La révolution numérique
Attention : L'arrivée de l'informatique L'informatique n'a pas provoqué immédiatement de rupture fondamentale
avec la logique de la première révolution : « l'ordinateur est d'abord un outil de catalogage, grâce aux bases de données documentaires, puis de stockage, par la numérisation progressive des fonds. »(Crozat, 2012, p. 185). La numérisation des documents a entraîné leur dématérialisation.
La GED permettra de fusionner la gestion et le stockage des documents dématérialisés dans un seul environnement informatique.
La révolution numérique est synonyme pour le document de deux ruptures : La séparation du fond et de la forme, le document étant un fichier
informatique binaire nécessitant un dispositif de lecture : « ce qu'on lit n'est plus ce qui a été écrit » (Crozat, 2012. p. 186).
La fusion des fonctions éditoriales et auctoriales, tout un chacun pouvant écrire et publier sur le réseau : « le numérique désacralise le concept de document tel qu'il a été fondé par la première révolution » (Ibid.).
La conséquence de ces deux ruptures est la redocumentarisation. Elles conduisent à donner une nouvelle définition du document numérique. Auteur et éditeur étaient autrefois des métiers bien séparés. Avec l'écriture numérique, l'auteur endosse fréquemment la fonction d'éditeur, notamment en se chargeant lui-même de la mise en forme de document destinés à la publication sur les réseaux. La liberté acquise par chacun de pouvoir produire et publier n'a pas que des avantages : elle génère une masse de documents peu ou pas structurés, à la forme et au contenu instables, soumis à la manipulation et dont se perd le contexte éditorial d'origine.
Fondamental La redocumentarisation de la société porte les problématiques de
production et de rééditorialisation documentaire au premier plan.
La problématique
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Image 1 Le fichier du Mundaneum. Photo reproduite depuis Wikipedia
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La dimension calculatoire du document numérique en fait un objet « vidé de son sens par le principe même du codage, fragmentable par le caractère discret de ce codage et recombinable par les possibilités de manipulations ouvertes [...] » (Crozat, 2012 p. 188).
RemarqueC'est le traitement de texte qui fait progressivement émerger la tendance d'une nouvelle technique d'écriture, même si la bureautique tend à « calquer les techniques d'écriture classiques » (Ibid., p. 185).
ExempleLa séparation entre le fond et sa mise en forme est largement masquée à l'utilisateur du traitement de texte : ce dernier voit s'afficher son texte au fur et à mesure qu'il l'écrit, lui donnant l'illusion que ce qu'il voit est le document alors que ce qu'il voit est résultat de calculs opérés par un programme informatique.
Complément : Loss of Grasp, Déprise, PerdersiDéprise [Déprise] est une création littéraire numérique et interactive. Cette œuvre permet d'expérimenter la séparation entre fond et forme et, dans un curieux renversement, le fait que ce qu'on écrit n'est pas ce que l'on lit.S. Crozat en propose une analyse dans un article [Éléments pour une théorie opérationnelle de l'écriture numérique] paru en 2011.
La problématique
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II - Les hypothèses II
Raisons graphiques et computationnelles 17
La notion de tendance en philosophie des techniques 19
La notion de chaîne éditoriale 21
Les travaux de Jack Goody et Bruno Bachimont étayent l'hypothèse émise par S. Crozat selon laquelle la révolution numérique amènera un changement radical dans nos modes d'écriture et de pensée. L'hypothèse est que nous vivons le passage d'une raison graphique à une raison computationnelle.Le concept de tendance technique forgé par Leroi-Gourhan et repris par Stiegler et Simondon permet à S. Crozat de construire l'hypothèse de l'existence d'une tendance technique propre au numérique : la réécriture automatisée.
A. Raisons graphiques et computationnelles
1. Raison graphique
Stéphane Crozat fonde ses hypothèses sur les travaux et les conclusions de l'anthropologue Jack Goody pour qui l'homme, en passant de l'oral à l'écrit, a modifié ses possibilité cognitives et pu acquérir de nouvelles connaissances scientifiques inaccessibles par le biais du langage oral. L'invention de l'écriture a eu pour conséquence l'émergence de la « rationalité moderne » que Goody qualifie de graphique. Elle a permis « [....] de faire émerger de nouvelles connaissances à partir de représentations qui ne peuvent être formulées oralement. » (Crozat, 2012, p. 180). Plus généralement, le raisonnement logique, la conservation de la trace et de la preuve des transactions humaines, la création et l'usage de documents comme outils de gouvernement et d'administration n'auraient pu voir le jour sans l'invention de l'écriture.
ExempleLa liste et le tableau sont des exemples donnés par Goody de synthèses spatiales propre à l'écrit.
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2. Raison computationnelle
En s'appuyant sur les travaux de Bruno Bachimont, Stéphane Crozat part du principe que si l'invention de l'écriture a eu des conséquences sur les processus cognitifs humains, on peut formuler l'hypothèse qu'un phénomène similaire existe avec l'invention du numérique : « De même que l'écrit a permis le passage du temporel au spatial par projection de la parole, le support numérique apporte de nouvelles formes de représentation de l'information, basées sur le calcul [...]. » (Crozat, 2012, p. 181).Le numérique et ses outils donneraient lieu à un « type spécifique de synthèse » (Ibid.) et à de nouvelles façons de penser le monde.
Remarque : HypothèseLa raison computationnelle est encore trop jeune pour pouvoir constituer un objet d'étude pour l'anthropologie. Le système d'écriture numérique est en phase initiale et ses possibilités sont encore à explorer. Goody emploie le terme de littératie restreinte pour qualifier cet état initial de l'écriture. Crozat propose l'expression de « littératie numérique restreinte » (Crozat, 2012, p. 182).
B. La notion de tendance en philosophie des techniques
Théories de Leroi-Gourhan, Stiegler et SimondonLa notion de tendance a été développée par l'ethnologue, l'archéologue et historien André Leroi-Gourhan dans Milieu et techniques [Milieu et techniques] paru en 1945. Leroi-Gourhan montre que les avancés techniques sont le fruit d'une relation dynamique entre l'objet technique, les hommes dans leur singularité (milieu intérieur) et le milieu culturel et social (milieu extérieur) dans lequel il est utilisé.Selon Bernard Stiegler [La technique et le temps], ces inventions techniques ne procèdent que marginalement d'une intention humaine mais sont déterminés par un dynamisme propre. Pour Gilbert Simondon [Du mode d'existence des objets techniques], les inventions techniques de procèdent nullement du milieu intérieur. Elles résultent d'un « processus de concrétisation et d'individuation de l'objet technique. »(Crozat, 2012, p. 183).
Fondamental : Tendance technique du numériqueUne tendance technique du numérique est la réécriture automatisée. Cette tendance s'exprime dans le clonage, c'est à dire la copie à l'identique, pratique répandue qui constitue selon Crozat un tropisme de l'écriture numérique. La manipulation de contenu numérique est un processus durant lequel celui-ci sera fragmenté puis recomposé et par conséquent perdra, puis retrouvera son sens dans un nouveau contexte éditorial. Ce processus s'exprime dans deux couples :
fragmentation/recombinaison ;
Les hypothèses
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désémantisation/résémantisation.
ComplémentLa consultation de la carte heuristique Precip-map3, fruit d'un travail collaboratif d'enseignants-chercheurs de l'UTC, permet d'appréhender l'ensemble des notions de tropisme, principe et fonction du numérique.
C. La notion de chaîne éditoriale
S. Crozat formule l'hypothèse que les chaînes éditoriales numériques sont des systèmes techniques propres à faire coïncider inventions techniques et tendance technique du numérique.Les chaînes éditoriales permettent de passer des pratiques de « rééditorialisation sauvage » (dupliquer/modifier) à des pratiques de rééditorialisation contrôlée.Les fonctions des chaînes éditoriales permettant de contrôler le processus de rééditorialisation sont abordées plus en détail dans la division "Fonctions et applications".
Rappel : Le clonageLe clonage constitue un tropisme du numérique et une étape du processus de rééditorialisation.
Inconvénients du clonage La pratique du copier-coller crée de la redondance, de l'incohérence et l'oubli
de la source. Chaque nouveau support de restitution nécessite de nouveaux copier-coller
et des transformations de format sont souvent nécessaires.
Définition : Redondance, incohérence et perte de la source La redondance , comme conséquence du clonage, correspond à la présence
de deux objets informatiques de valeur strictement identique mais occupant deux espaces informatiques différents. La copie n'est pas liée à l'objet source car elle résulte de ce que l'on nomme en informatique un passage par valeur.
La modification de la copie provoque de l'incohérence dans les données. Comme il devient impossible de savoir quel objet est à jour, le clonage rend difficile la maintenance des contenus.
Le contenu d'origine est créé dans un contexte éditorial particulier. Le clonage entraîne une perte du contexte éditorial.
Avantages de la rééditorialisation par les chaînes éditoriales La réutilisation de contenu passe par un processus de référencement et
non par un processus de simple duplication. On ne crée pas de doublon. Un objet informatique unique occupe un
espace informatique unique. Ce processus informatique se nomme passage par référence.
En cas de duplication ou de modification de contenu, le lien entre le
3 - http://scenari.utc.fr/precip/map/co/00.html
Les hypothèses
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http://scenari.utc.fr/precip/map/co/00.html
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contenu cible et le contenu source est sauvegardé. La publication multisupports est facilitée et ne nécessite pas de
compétences informatiques particulières. La mise à jour est facilitée.
Le polymorphisme, la transclusion, la dérivation et la déclinaison sont les techniques utilisées par les chaînes éditoriales pour permettre le contrôle de la rééditorialisation de contenu.
Complément : Retours d'expérienceUn article [Le tutorat instrumenté à distance] paru en 2005 fait le point sur l'avantages des chaînes éditoriales dans le cadre de l'enseignement à distance.
Les hypothèses
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III - Fonctions etapplications deschaîneséditoriales
III
Le polymorphisme 25
La transclusion 30
La dérivation 33
La déclinaison 36
Application dans l'audiovisuelle 38
Vous découvrirez dans cette division les quatre fonctions techniques implémentées dans la chaîne éditoriale Scenarichain ainsi que des expériences de rééditorialisation menées dans l'audiovisuel : éditorialisation d'archives de l'INA et de conférences universitaires.
A. Le polymorphisme
RappelLe document numérique se caractérise par sa constitution en fragments manipulables et recomposables à l'envi. L'écriture numérique utilise ces possibilités manipulatoires nouvelles en pratiquant la rééditorialisation de contenu, c'est à dire la recréation documentaire à partir de ces fragments.
Le polymorphisme est une alternative au copier-coller et au formatage technique de l'information pour chaque support de publication.
Méthode : Le polymorphisme repose sur 4 formes : 1. le polymorphisme s'appuie sur un format pivot écrit en langage XML,
langage permettant la structuration des données et leur manipulabilité. 2. La génération automatique des formes publiée (FP) telles que les reçoit le
lecteur repose sur ce format pivot, appelé forme génératrice (FG)
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3. L'auteur dispose d'une forme éditable (FE) pour saisir son contenu. 4. L'éditeur relit et valide le contenu grâce à une forme de référence (FR).
Exemple 1 : Forme éditable
Exemple 4 : Forme publiée pour un diaporama
Fonctions et applications des chaînes éditoriales
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Exemple 3 : Forme publiée pour le support papier
Fonctions et applications des chaînes éditoriales
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Exemple 2 : Forme publiée pour le web
B. La transclusion
La transclusion est l'alternative proposée par les chaînes éditoriales au clonage ;
La transclusion est réalisée par un passage par référence ; Les contenus intégrables dans un nouveau document par transclusion sont
appelés fragments
RappelLe clonage est réalisé par un passage par valeur.
Exemples d'implémentation de la transclusion dans Scenarichain4.
Fonctions et applications des chaînes éditoriales
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Exemple de transclusion d'un fragment (grain de contenu) dans Scenarichain
AttentionUn fragment transclus ne peut être modifié sans que les modifications ne se propagent à l'ensemble des documents qui l'intègrent.
ConseilLa fonction de transclusion n'est pas la technique appropriée si l'on souhaite apporter des variations au contenu.Il est donc fortement recommandé de n'utiliser la transclusion que dans les cas où l'on souhaite cloner du contenu sans le modifier.
C. La dérivation
La dérivation est l'alternative proposée au copier-coller suivi de modifications ;La dérivation est un processus auctorial opéré a posteriori par l'auteur du fragment dérivé sans limite et sans présumer du contexte éditorial de réutilisation.
Fonctions et applications des chaînes éditoriales
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Méthode : Quatre opérations de dérivation 1. La conservation de contenu 2. La suppression de contenu 3. Le remplacement de contenu 4. L'ajout de contenu
Méthode de la dérivation. Illustration reproduite depuis Crozat (2012, p. 201)
Un avantage de cette méthode est de circonscrire au maximum le clonage.Un deuxième avantage est que le lien entre la source et la cible est conservée de sorte que l'auteur du fragment dérivé est informé de toute variation du fragment source ce qui facilite l'authentification et la maintenance du contenu.
Fonctions et applications des chaînes éditoriales
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Méthode : Gestion du cycle de vie de la dérivation
Gestion des fragments dérivés. Illustration reproduite depuis Crozat (2012, p. 203)
Le fragment source apparaît en rouge et signale à l'auteur du fragment dérivé qu'il doit mettre à jour son contenu. Le fragment passe au vert quand la modification est validée.
AttentionSeule l'opération de remplacement est implémentée dans Scenarichain.La dérivation entraîne un surcoût de gestion.
D. La déclinaison
Tout comme la dérivation, la déclinaison permet d'introduire des variations dans un contenu numérique.La déclinaison est un processus auctoriale opéré a priori sur des pseudo-fragments : il permet à l'auteur du fragment source de programmer en amont les variations qui s'appliqueront automatiquement dans des contextes éditoriaux fixés à l'avance et donc limités.La déclinaison s'apparente au mécanisme des entités déclarées dans une DTD
ExempleUn sous-seing privé de vente d'immeuble suppose un nombre important de variables comme la date de l'acte, l'état civil des contractants, leur domicile, la désignation du bien vendu, les conditions particulières de vente etc. Sont invariables, par exemple, les conditions générales de vente.
Fonctions et applications des chaînes éditoriales
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Méthode : Exemple d'implémentation de la déclinaison dans Scenari
Édition paramétrée du support diaporama
E. Application dans l'audiovisuelle
L'audiovisuelle a constitué et constitue toujours un champ privilégié d'application de la rééditorialisation via les chaînes éditoriales.L'enjeu principal est ici de dépasser le simple archivage à visée consultative (logique de gestion) pour atteindre une véritable ré-exploitation mémorielle des contenus archivés (logique d'éditorialisation)
Fondamental : Une application problématiqueLa rééditorialisation de documents multimédia se heurte à la nature essentiellement graphique et temporelle de ses contenus. Pour surmonter cet obstacle, il faut parvenir à structurer de façon logique :
1. Les flux temporels 2. Les contenus visuels
Le XML permet de traiter des ressources binaires audiovisuelles.
Fonctions et applications des chaînes éditoriales
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Exemple
Représentation XML de flux temporalisé. Illustration reproduite depuis Crozat (2012, p. 212)
La solution envisagée par S. Crozat pour rééditorialiser les contenus graphiques consisterait à permettre d'appliquer aux formes publiables les mécanismes de dérivation appliquée au forme génératrice.
Exemple
Post-traitement de FP orientées esthétique. Illustration reproduite depuis Crozat (2012, p. 212)
Fonctions et applications des chaînes éditoriales
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Exemple : Exemple d'implémentation dans Scenari via le modèle Webmedia.
Exemple d'interface d'éditorialisation de conférence à l'école de philosophie d'Epineuil-Le-Fleuriel. Illustration reproduite depuis Crozat (2012, p. 213)
Le modèle Webmedia2 de Scenari est le modèle utilisé pour la valorisation des archives de l'INA. l'INA et l'écriture multimédia fait l'objet d'une étude de cas [Explorer les possibles de l'écriture multimédia], notamment celui des « fresques multimédia » qui peut être intéressant de consulter.
ComplémentPour approfondir la question de la mémoire comme processus de réinvention dans le cadre de l'usage des archives numériques, vous pouvez consulter cette 2ème partie d'entretien4 accordé en 2011 par B. Bachimont à Alexandre Monnin. Bachimont y développe l'idée qu'il faut passer d'une logique de stockage d'archives
4 - http://www.dailymotion.com/video/xfv1dy_bruno-bachimont-2-2_tech
Fonctions et applications des chaînes éditoriales
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http://www.dailymotion.com/video/xfv1dy_bruno-bachimont-2-2_techhttp://www.dailymotion.com/video/xfv1dy_bruno-bachimont-2-2_tech
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que personne ne consulte (logique actuelle=mémoire morte) à une logique de rééditorialisation des archives comme véritable activité de mémoire vivante.
Fonctions et applications des chaînes éditoriales
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IV - Enjeux etperspectives
IV
Vers une nouvelle littératie 45
Vers une nouvelle cohérence et intelligibilité documentaire 51
Vers une nouvelle collaboration 52
S. Crozat reconnaît qu'en l'état actuel, la complexification de l'écriture via les chaînes éditoriale occasionne un surcoût cognitif au détriment de l'efficacité et risque de voir leur utilisation réservée aux seuls individus en capacité d'intégrer les concepts et les techniques d'une nouvelle littératie numérique. En outre, les techniques de rééditiorialisation tendent à renforcer l'instabilité du document, devenu une agrégation de fragments recomposables à l'envi et non pérennes. Le danger est la perte d'intelligibilité et de contextualité du document.Pour répondre à ces deux problèmes, Crozat envisage des solutions consistant à :
alphabétiser les utilisateurs ; améliorer les interfaces (FE) ; spécialiser les chaînes éditoriales en fonction de contextes éditoriaux ; créer des documents-dossiers ; créer une organisation pour le travail collaboratif.
L'enjeu pour l'auteur-utilisateur est de parvenir à mettre les chaînes éditoriales au service de son objectif d'expression et de communication et non l'inverse.Un autre enjeu est de parvenir à créer un nouveau type d'objet numérique plus stable et qui, sans être un document au sens traditionnel, en possède les caractéristiques indispensables à sa lisibilité.
A. Vers une nouvelle littératie
Développer la littératie numérique est un enjeu de formation et d'expression
Lorsque je parle de l'écriture en tant que technologie de l'intellect, en particulier, je ne pense pas seulement aux plumes et au papier, aux stylets et aux tablettes [...], mais aussi à la formation requise, l'acquisition de nouvelles compétences motrices, l'utilisation différente de la vue, ainsi qu'aux produits eux-mêmes, les livres qui sont rangés sur les étagères des bibliothèques. (Goudy, 2007,
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cité par Crozat, p. 181).
FondamentalL'auteur-utilisateur de chaînes éditoriales devra, lui aussi, acquérir de nouvelles compétences. Il devra passer par une phase d'appropriation des concepts (polymorphisme, transclusion, dérivation, déclinaison) et d'adaptation de ses pratiques d'écriture.
On voit [...] que le support numérique impose ses règles à l'acte d'écriture. Sa dimension calculatoire, et la complexité qui l'accompagne, ne peuvent être totalement ignorées de l'auteur. (Crozat, 2012, p. 208)
RappelA la suite des travaux de Jack Goody, S. Crozat propose la notion de littératie numérique restreinte pour qualifier l'état de nos connaissances sur les potentialités techniques intrinsèques au numérique.Si, comme l'affirme Leroi-Gourhan, la tendance technique s'impose à l'homme, c'est à l'homme qu'il revient « de faire évoluer- voire réinventer- ses pratiques d'écriture [...] » (Crozat, 2012 p. 207) dans un processus d'acculturation.
La littératie numérique passe par une nécessaire alphabétisation
L'écriture de contenus polymorphes implique de renoncer à s'exprimer dans une forme unique et concomitante de son écriture pour accepter l'idée de formes multiples et successives. (Crozat, 2012, p. 207)
1. Le polymorphisme impose, en effet, de renoncer au WYSIWYG pour le WYSIWYM.
2. Le polymorphisme comme la transclusion imposent également à l'auteur une gymnastique intellectuelle qui consiste à imaginer (« projeter »), à défaut de la voir, la forme que prendra son écriture sur les différents supports de publication.
3. Par la transclusion, la rédaction est granulaire et non plus linéaire : il faut apprendre à gérer ces grains de contenu partagés ou potentiellement partagés entre plusieurs documents : écriture, évolution des contenus, mutlicontextes.
4. La dérivation impose à l'auteur :- un effort d'explicitation (je garde, je retire, j'ajoute, ou je remplace tel
ou tel élément de contenu)- un effort de gestion liée à une écriture multicontextes.
5. La déclinaison impose à l'auteur un effort d'anticipation sur les formes
Enjeux et perspectives
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publiables : version courte ou standard dans Scenari.
Définition : Les modèles documentaires dans ScenariUn modèle documentaire Scenari est un modèle conçu avec le programme Scenaribuilder pour correspondre à un type de contexte éditorial. La conception d'un modèle ne revient pas à l'auteur mais l'auteur le choisit et l'utilise en fonction de son objectif éditorial.
ExempleL'utilisateur de Scenari peut choisir par exemple le modèle Opale pour rédiger un contenu pédagogique. C'est le modèle utilisé pour ce module. Il propose des fonctions techniques et un niveau de granularisation adapté a priori à ce type de contexte.
Méthode : Jouer sur les formes éditables et les modèlesActuellement, lorsqu'un grain de contenu est transclus, seule sa référence est visible. (cf. Exemple de transclusion d'un fragment (grain de contenu) dans Scenarichain p 21) L'amélioration envisagée par S. Crozat consisterait à pouvoir afficher dans la Forme éditable le contenu du grain sans avoir à changer d'onglet.S. Crozat propose aussi de faire correspondre le niveau de granularisation aux pratiques de granularisation déjà naturalisées comme la conception de diapositive.
AttentionToutes les fonctions techniques ne sont pas forcément mobilisées dans l'acte d'écriture via les chaînes éditoriales. Aussi, rien n'empêche via la modélisation de limiter - voire d'écarter- certaines possibilités d'écriture comme la transclusion ou la dérivation. Le modèle définit les fonctions techniques qui seront disponibles pour la rédaction. Si une fonction technique n'est pas jugée utile dans tel ou tel contexte, alors elle ne sera pas proposée dans le modèle.
B. Vers une nouvelle cohérence et intelligibilité documentaire
RappelLes formes génératrices à partir desquelles sont générées les formes publiées sont composées de fragments pouvant constituer, par transclusion, dérivation ou déclinaison, des réseaux de ressources numériques.
Ces réseaux de fragments, instables et difficiles à gérer, menacent les conditions d'appropriation des documents c'est à dire leur intelligibilité et leur cohérence. Ce phénomène est appelé par S. Crozat dédocumentarisation.
Fondamental : Le document-dossier
Le document numérique finalement n'existe pas [...]. Il ne peut exister que des constructions numériques [...] qui ne sont pas des documents, mais qui sont propres à engendrer des situations
Enjeux et perspectives
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interprétatives homologues à celles rencontrées avec des documents. (Crozat,2012, p. 187)
Le document-dossier est une de ces « constructions numériques ». Le concept de folder-document, développé ailleurs [Structured and fragmented content in XML publishing chains] par S. Crozat, fixe une forme génératrice, les supports de restitution et leurs métadonnées.
Structure d'un document dossier. Illustration reproduite depuis Crozat (2012, p. 211)
Un document-dossier contient : Une copie de forme génératrice (FG') dans laquelle tous les liens dynamiques entre fragments ont été résolus.Le modèle (M) pour la lecture et l'exécution des transformations vers les FPLes formes publiées (FP) pour la lecture humaineLes métadonnées (MD).
Complément : Éloigner le spectre du livre de sableUne courte nouvelle de Jorge Luis Borges écrite dans les année 70 et intitulée Le livre de sable [Le livre de sable] offre au lecteur la vision frappante d'un livre "magique", sans début ni fin, au contenu si mouvant qu'il en devient aussi insaisissable que des grains de sable coulant entre les doigts. Le narrateur qui avait fait l'acquisition de ce livre, horrifié pas l'objet, finit par le remiser définitivement tout en haut de sa bibliothèque.
C. Vers une nouvelle collaboration
Rappel : Rappel de la problématique
[...] l'auteur devient le producteur et le gestionnaire d'un réseau de fragments vivants, dont il doit maintenir intelligibilité et cohérence. (Crozat, 2012, p. 210)
L'écriture numérique en général et les fonctions techniques des chaînes éditoriales
Enjeux et perspectives
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en particulier génèrent des contenus fragmentés instables dont il est difficile de gérer le cycle de vie. Le problème est accru en contexte de travail collaboratif puisque les modifications sur les fragments partagés peuvent être apportées par de multiples auteurs.
Exemple : Influence de modifications apportées par AL sur le travail de BOB
Fragmentation en contexte collaboratif. Illustration reproduite depuis Crozat (2012, p. 214)
1. Bob a utilisé par transclusion le grain 3 crée par Al sans que celui-ci ne le sache ;
2. AL décide de modifier son grain 3 ; 3. 3 devient 3' ; 4. Le contenu 4 créé par Bob est donc, par propagation, automatiquement
modifié ; Le système doit pouvoir informer Bob de ce changement ;Bob doit pouvoir choisir de référencer la nouvelle version (3') ou la version antérieure (3) ou dériver une nouvelle version 3".
La réponse générale proposée par le projet a été de s'appuyer sur la notion de document-dossier pour proposer d'organiser la collaboration intensive, difficile à gérer par essence, au sein d'ateliers permettant la gestion dynamique des FG, tandis que des documents-dossiers peuvent être extraits pour être gérés dans des bibliothèques. (Crozat, 2012, p. 215)
Enjeux et perspectives
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Organisation atelier-bibliothèque. Illustration reproduite depuis S. Crozat (2012, p. 215)
Des ateliers, fortement contextualisés (projets, équipes etc.) , sont partagés entre les collaborateurs pour accueillir des FG vivantes. Les bibliothèques accueillent par clonage les FG mortes au sein des documents dossiers.
RemarqueL'atelier est déjà implémenté dans Scenarichain4 ainsi que de nombreuses fonctions de gestion collaborative.
Enjeux et perspectives
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V - Mise enperspective
V
Apports 55
Limites 58
A. Apports
1. Une nouvelle définition du document numérique
RappelDe par ses propriétés, le document numérique est un document différent du document traditionnel :
La manipulablilité du document numérique rend possible sa fragmentation et sa recomposition ;
Ce processus de « défragmentation/recombinaison » est à la base de la rééditorialisation des contenus ou « réorientation des données » (Crozat, 2012, p. 190)
S. Crozat postule que ce que l'on nomme document numérique est en réalité un agencement de données plus ou moins structurées auxquelles peuvent être affectées des métadonnées de publication. Il nomme ces documents des ressources (Ibid. p. 216)
Complément : Ressource computationnelleD'autres contributeurs du séminaire de l'Inria ont proposé la notion de ressource computationnelle, en opérant une distinction entre données et ressources documentaires.Les ressources documentaires ne sont en effet que des représentations, aussi artificielles et éphémères que « les interactions qui les génèrent [L'avenir du web au prisme de la ressource] ».
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Donnéisation des ressources et web
Les chaînes éditoriales structurent les ressources, leur adjoignent des métadonnées de publication et permettent de fixer leur contenu.
Elles garantissent ainsi leur interopérabilité, leur lisibilité par l'homme et la machine, leur pérennité et l'identification de leur contexte de publication, recréant de la confiance.
En somme, les chaînes éditoriales favorisent l' intégration et l'échange de ressources numériques dans le web sémantique et le web de données.
Complément : Le projet Linked Data et son application DBpedia
Le projet DBpedia vise à relier les données extraites de Wikipédia (données structurées issues des infobox) à d'autres bases de données ouvertes. Il repose sur les identifiants uniques des ressources (URI) et le langage de description des ressources RDF.Selon le site wikidbpedia.org5, DBpedia décrit actuellement 3,77
millions d'entités.
RemarqueUne version francophone (DBpédia) est actuellement développée par L'Inria.
2. Les chaînes éditoriales facilitent la création et l'utilisation de contenus
Les modèlesLes modèles préexistants constituent pour l'auteur un guide pour la conception de son contenu.
Exemple : Quelques modèles de Scenari Le modèle OptimOffice pour faire des rapports ou écrire un mémoire ; Le modèle DokielGuide pour la documentation logiciel ; Les modèles OpaleStarter ou OpaleAdvanced pour des documents
pédagogiques ;
5 - http://wiki.dbpedia.org/Datasets
Mise en perspective
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Image 2 The Semantik Web Stack. Illustration reproduite depuis Wikipédia
Image 3 Représentation de données libérées et connectées entre elles
http://wiki.dbpedia.org/Datasets
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Le modèle WebMedia2 pour des émissions de webradio, des vidéoconférences, ou la rééditorialisation d' archives audiovisuelles.
Démocratisation de l'écriture multimédiaIl n'est pas utile à l'utilisateur de posséder un haut niveau de maîtrise informatique pour produire des documents multimédias de grande qualité ergonomique et esthétique. Autrefois réservée au professionnel de l'information, la publication de qualité se démocratise.
ExempleLa mise en page est prédéfinie ;L'intégration d'images, de documents vidéos se fait par simple glisser-déposer d'items créés par l'auteur ;Les documents sont facilement enrichis et modifiables sans duplication.
La fonction glisser-déposer d'items dans ScenariChain
L'écriture multimédia en contexte collaboratifLes chaînes éditoriales peuvent être installées en client-serveur et utilisées dans toutes sortes d'organisations pour le travail collaboratif.
ExempleLes collaborateurs n'ont pas à se soucier de la charte graphique qui est unique et assure la qualité du rendu, quel que soit l'auteur ;Les collaborateurs peuvent échanger leur contenu au sein d'ateliers et avoir la maîtrise du cycle de vie des documents partagés ;Des échanges entre organisations différentes sont possibles, échanges inter-universitaires par exemple.
L'interopérabilitéLe format XML garantit la pérennité et l'interopérabilité des documents produits.
Mise en perspective
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ExempleUn module créé dans Scenari peut être intégré facilement dans n'importe quel site web ou ENT d'établissement scolaire ou universitaire ;Par exemple, sur un simple site web personnel comme celui-ci6 a pu être intégré un module de formation sur l'histoire et la nature des comètes.
Conseil : Pour découvrir et se former à ScenariLa plate-forme Scenari7 offre de nombreuses ressources :
Téléchargement du logiciel ; Présentation des chaînes éditoriales ; Documentation sur les différents modèles ; Cours pour l'auto-formation ; Documentation pour les formateurs.
Nous conseillerons également la lecture du manuel de S. Crozat [Scenari, la chaînes éditoriale libre], premier manuel grand public sur un logiciel de chaînes éditoriales.
Complément : Retours d'expérienceEn 2OO5, la chaîne éditoriale ScenariChain a été utilisé au sein de l'université d'Aix-Marseille dans le cadre du programme INTERREG IIIB. Un article [Le tutorat instrumenté à distance] relate les incidences sur la stratégie pédagogique des enseignants et la plus-value pédagogique dégagée en contexte de E-learning.Sur le plan national, l'usage des chaînes éditoriales est encouragé. Cet autre exemple de retour d'expérience de baladodiffusion [Enregistrement de cours en vue de leur baladodiffusion] dans le contexte du projet ParisTech Libres Savoirs fait état de plans nationaux ou régionaux visant à inscrire l'enseignement, en particulier l'enseignement supérieur, dans les réseaux numériques à l'international et à développer l'usage des tic. Les auteurs constatent des développements des chaînes éditoriales et la maturité du public pour les outils numériques.
B. Limites
La concurrence des systèmes de gestion de contenuIl n'est pas nécessaire de passer par un système d'écriture structurée pour publier de façon satisfaisante sur le WEB. Il existe en effet des outils de publication comme les CMS avec lesquels un producteur même peu formé va obtenir d'excellents résultats.De plus, l'incompétence des producteurs de contenu, toujours plus nombreux et souvent ignorants des enjeux informationnels, peut constituer une limite à l'expansion des chaînes éditoriales.
Une adaptation difficileLa pratique de Scenari fait apparaître quelques dérives possibles, du moins pour le débutant.Ces dérives peuvent s'observer dans un usage mal compris ou mal maîtrisé du polymorphisme et dans la difficulté à séparer le fond de la forme.
6 - http://beneherrgott.pagesperso-orange.fr/test/co/module_cometes.html7 - http://scenari-platform.org/projects/scenari/fr/pres/co/
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http://scenari-platform.org/projects/scenari/fr/pres/co/http://beneherrgott.pagesperso-orange.fr/test/co/module_cometes.html
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Rappel : Le polymorphismeLe polymorphisme permet à un même contenu d'être mis en forme automatiquement en fonctions de supports de présentation différents ou de terminaux différents, typiquement écran d'ordinateur, écran de mobile ou impression.
Les problèmes posés par le polymorphismeLe projet initial d'un producteur de contenu n'est pas forcément de publier sur différent supports. Le plus souvent, il a même déjà en tête un type de support qui peut être par exemple :
Un module pédagogique interactif qu'il souhaite mettre en ligne, Un diaporama à commenter face à un public ou à mettre en ligne Un cours destiné à être imprimés et distribués pour une lecture différée, etc.
Il conçoit donc son contenu et projette sa forme en fonction de cet objectif éditorial.Or, pour pouvoir profiter pleinement des avantages du polymorphisme, l'auteur néophyte va être tenté de donner un certain pli à son écriture afin qu'elle puisse s'adapter aux différents supports potentiels.Il va concevoir ses grains de contenu en ayant à l'esprit que son intérêt est de pouvoir les transclure pour les réutiliser dans un autre contexte et sur un autre support.Ce faisant, il contraint son expression et son texte dans une certaine forme alors que les chaînes éditoriales devraient au contraire le libérer des préoccupations de forme.Le résultat est un compromis de contenu qui n'épouse aucune forme publiée de façon entièrement satisfaisante.
Fondamental : Constat de néophyteLe producteur néophyte souhaite profiter des avantages indéniables qu'offre le polymorphisme.
Il va modifier voire sacrifier son style pour qu'il « passe » dans tous les cas de figure ;
Il va « granulariser » ou hacher son texte exagérément ; Il va prendre garde de ne pas trop faire de relations entre les grains car
ceux-ci sont susceptibles d'être ensuite agencés différemment dans un autre contexte.
Ces mésusages peuvent vraisemblablement s'atténuer au fur et à mesure des progrès accomplis dans l'appréhension des concepts et la maîtrise des techniques.
Le recours compulsif à l'aperçuLe producteur débutant éprouve des difficultés à ne pas voir immédiatement la forme du contenu qu'il crée.Du coup, il interrompt fréquemment son acte d'écriture afin d'en vérifier le résultat visuel par un va-et-vient entre onglets qui est préjudiciable à la fluidité de l'expression.Dans Éléments pour une théorie opérationnelle de l'écriture numérique [Éléments pour une théorie opérationnelle de l'écriture numérique], S. Crozat rappelle que l'intention de communication doit se concrétiser dans une forme qui doit être « perceptible corporellement [...] via un support de manifestation » (Crozat, 2011, p. 10)Ne pourrait-on avancer que l'acte d'écriture est un processus qui lui aussi doit être
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perceptible corporellement par l'auteur via un support de manifestation, l'acte d'écriture étant aussi un acte de lecture ?
Remarque
la pratique de l'écriture révèle que la manière d'écrire influe la nature de ce que l'on écrit, les soucis de mise en forme faisant partie de l'expression du contenu. Ce sont des difficultés inhérentes au numérique que l'on retrouvera exacerbées dans les systèmes dit d'écriture structurée (comme les chaînes éditoriales XML ou LaTeX) où les auteurs se voient proposer une logique rationnelle du point de vue du format mais contre-intuitive du point de vue de l'écriture. (Crozat, 2011, p. 19)
On voit que S. Crozat n'ignore pas ces difficultés d'adaptation à l'écriture structurée.Nous sommes cependant au commencement d'une transformation de nos modes d'écriture, dans un état de « littératie numérique restreinte ».Le danger d'être dominé par ces systèmes d'écriture numériques, si danger il y a, est sûrement transitoire.
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VI - Liste de citations VI
Citations extraites du texte étudié 61
Citations extraites d'autres sources 62
Pour enrichir la lecture et éclairer quelques points restés obscurs malgré nos efforts, nous vous proposons ici quelques citations supplémentaires.
A. Citations extraites du texte étudié
La rééditorialisation est finalement la façon dont nous pourrions écrire avec le numérique (Crozat, 2012, p. 180)
La rééditorialisation est une tendance technique du numérique et manifeste l'émergence d'une rationalité "postmoderne" ou raison computationnelle.
Nous parlerons, quant à nous, d'une raison computationnelle pour expliciter le fait que nous pensons différemment avec les outils numériques (Bachimont, 2007, p. 71)
L'intelligence humaine évolue avec ses techniques et ses outils d'écriture. Le « quant à nous » fait référence à Goody et à sa théorie de la raison graphique.
L'invention est un acte d'intelligence qui coïncide avec la tendance (Leroi-Gourhan, 1973, p. 377)
Dans le contexte des propos de S. Crozat sur l'écriture numérique, cela signifie que les chaînes éditoriales instrumentent une nouvelle écriture et cherchent en cela à coïncider avec la tendance technique du numérique, voire à l'anticiper.
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La manifestation la plus évidente du changement est donc la perte de la stabilité du document comme objet matériel et sa transformation en un processus construit à la demande, qui ébranle parfois la confiance que l'on mettait en lui (Roger T. Pedauque, 2003, p. 2)
L'instabilité du document et sa manipulabilité sont des conséquence de la séparation du fond et de la forme. Une des ambitions des chaînes éditoriales et de restaurer cette confiance dont il faut rappeler qu'elle constitue une brique du web sémantique.
La rééditorialisation est donc fondamentalement un facteur de dédocumentarisation. Les FG toujours vivantes sont instables et accroissent la perte du caractère pérenne du document, déjà théoriquement affaibli par le numérique. (Crozat, 2012, p. 210)
On voit là une des limites théoriques des chaînes éditoriales. Pour pallier cet inconvénient majeur, S. Crozat propose l'utilisation des documents-dossiers.
B. Citations extraites d'autres sources
L'étude théorique de l'écriture à partir des propriétés du numérique est la voie que nous explorons ici pour anticiper et éclairer l'usage et la conception des applications informatiques (Crozat, 2011, p. 11)
La théorie doit être opérationnelle c'est à dire qu'elle doit permettre la conception de systèmes en ingénierie documentaire comme les chaînes éditoriales en général, et le système d'écriture Scenari en particulier.
L'idée générale est que les professionnels de l'écriture numérique développent une littératie particulièrement intéressante du fait de leurs contraintes. (Ibid., p. 12)
Cette citation souligne l'importance du processus d'acculturation dans l'appropriation des nouvelles techniques d'écriture via une chaîne éditoriale. Les « contraintes » sont la granularisation et la délinéarisation du contenu textuel ou audiovisuel. Les professionnels de l'écriture numériques sont contraints d'expliciter la signification du contenu via le balisage.
Liste de citations
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Je me couchai mais ne dormis point [...]. Je repris le livre impossible et me mis à le feuilleter. Sur l'une des pages, je vis le dessin d'un masque. Le haut du feuillet portait un chiffre, que j'ai oublié, élevé à la puissance 9. (Jorge Luis Borges, le livre de sable)
Le livre fantastique imaginé par Jorge Luis Borges rejoint l'imaginaire du web d'aujourd'hui, un web cauchemardesque fait d'une infinité de documents en perpétuel développement. Le héros de la nouvelle finit par dissimuler le livre dans un coin de bibliothèque. L'enjeu pour les professionnels de l'information est de proposer des solutions qui rendent le contenu du web retrouvable, accessible depuis divers supports de lecture et pérenne. Il est également de permettre au producteur de ces contenus, qu'il soit professionnel ou issu du grand public, de disposer d'outils d'écriture et de publication adaptés à ces nouvelles exigences. C'est là une des ambitions des chaînes éditoriales.
Liste de citations
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VII - Exercices VII
Objectifs
Ces quelques exercices simples doivent vous permettre de faire le point sur les connaissances acquises au terme de ce module.
Exercice 1[Solution n°1 p 51]
Il est l'auteur d'un article visionnaire paru en 1945 dans lequel est décrit un dispositif appelé Memex proche du Web et de la navigation hypertexte.
Jack Goody
Paul Otlet
Vannevar Busch
Mickael K. Buckland
Exercice 2[Solution n°2 p 51]
Le terme de redocumentarisation désigne :
La numérisation d'un document
Le traitement par un professionnel d'un document
L'éditorialisation d'un document dans un nouveau contexte éditorial
Une seconde documentarisation et la modification de la nature du document.
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Exercice 3[Solution n°3 p 52]
Le terme de documentarisation désigne :
La perte de cohérence et d'intelligibilité du document
Un processus à l'issu duquel sont crées de nouveaux documents à partir de documents existants
Le traitement professionnel appliqué au document : catalogage, indexation etc.
L'omniprésence documentaire dans l'organisation sociale moderne
Exercice 4 : L'une est l'autre sont liées[Solution n°4 p 52]
Quelle invention a entraîné l'émergence de la rationalité moderne ? Quel autre nom J. Goody donne-t-il à cette rationalité moderne ?
Exercice 5 : Il faut raison garder[Solution n°5 p 52]
Crozat, avec Bachimont, part de l'hypothèse que le numérique et ses outils transforment nos modes d'écrire et de penser le monde et par conséquent notre rationalité. Quel nom donne-t-il à cette nouvelle rationalité numérique ?
Exercice 6 : Question de culture[Solution n°6 p 52]
Complétez la proposition suivante !S. Crozat s'appuie sur le concept de littératie restreinte forgé par , pour qualifier de le stade initial dans lequel se trouve l'écriture numérique.
Exercice 7 : La chaîne éditoriale, c'est tendance[Solution n°7 p 52]
La notion de tendance technique a vu le jour sous la plume de ...
Exercices
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Bruno Bachimont
André Leroi-Gourhan
Bernard Stiegler
Stéphane Crozat
Gilbert Simondon
Exercice 8 : Trois fonctions techniques...[Solution n°8 p 52]
Associez chacune des fonctions des chaînes éditoriales à leur définition 1 - Déclinaison 2 - Transclusion 3 - Dérivation
Possibilité de programmer a priori des variations dans le
contenu en fonction de paramètres éditoriaux
Possibilité de réutiliser des fragments documentaire
par référence, sans recopie.
Possibilité de réutiliser des fragments par duplication et modification, mais en contrôlant les évolutions conjointes de la source et
de ses copies.
Exercice 9 : Avec celle-ci, ça fait quatre ![Solution n°9 p 53]
Sélectionnez dans le menu déroulant le terme qui convientLa fonction de [polymorphisme | multisupports] est une technique qui automatise la transformation d'un contenu en plusieurs formes adaptées aux supports de restitution.
Exercice 10 : Gardez la forme ![Solution n°10 p 53]
Choisissez dans le menu déroulant la forme correcteLe polymorphisme s'appuie sur une [forme éditable | forme génératrice | forme de référence | forme publiée] permettant la transformation automatique du contenu dans une [forme génératrice | forme de référence | forme publiée | forme éditable]. L'auteur saisi son contenu dans une [forme éditable | forme de référence | forme génératrice | forme publiée] et l'éditeur valide le contenu grâce à une [forme publiée | forme génératrice | forme de référence | forme éditable].
Exercice 11 : Le foldoc pérennise le document...oui mais comment ?[Solution n°11 p 53]
Que contient un document-dossier ?
Exercices
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Une forme éditable, des formes publiées et des métadonnées
Une forme génératrice, des formes publiées, des métadonnées et un modèle
Une copie de forme génératrice, des formes publiées, des métadonnées et un modèle
Exercices
Bénédicte HERRGOTT48
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Conclusion
La contribution de S. Crozat redessine -voire abolit- les frontières entre document et donnée. « La frontière entre document et donnée est artificielle, elle est une construction intellectuelle qui permet de mieux penser des technologies orientées vers la production et l'interprétation de contenus par des hommes ». (Crozat, 2012, p. 216)Qualifiée d'oxymorique par S. Crozat (Crozat, 2012, p. 187), l'expression "document numérique" ne recouvrirait au terme de son analyse aucune réalité technologique. Il reconnaît cependant au concept son pouvoir opérationnel : celui de penser les technologies telles que les chaînes éditoriales.Aussi peut-il poser en conclusion que le numérique fait se rapprocher deux champs historiquement séparés :
l'ingénierie des données conceptrice des base de données relationnelles ; l'ingénierie documentaire conceptrice des chaînes éditoriales.
L'usage du XML, brique essentielle du web sémantique, est désormais partagé par les deux champs.« Il n'y a pas de différence fondamentale entre un état calculé à partir de tableaux de données et une FP calculée à partir d'une FG, c'est à dire un arbre XML. » (Crozat, 2012, p. 218)Le XML permet la pérennisation et le stockage des ressources sous forme de documents-dossiers dans des bibliothèques.On reconstitue ainsi un fonds documentaire stabilisé dans un processus de documentarisation propre à répondre au besoin de lisibilité et d'intelligibilité pour une lecture interprétative humaine.La standardisation de ces données facilite également l'échange (EDI) entre organisations comme les universités. Reste le problème de la migration des données pour les gros volumes de documents existants insuffisamment structurés ; Conçus le plus souvent avec des logiciels de traitement de texte, les processus d'ETL ne peuvent les convertir automatiquement. Quant aux opérateurs humains, leur coût est rédhibitoire.S. Crozat termine son propos en re-situant l'enjeu des chaînes éditoriale dans le cadre plus large du web sémantique et du web de données.Posant que les les chaînes éditoriales "donnéisent" les documents, il affirme que la « donnéisation »(Crozat, 2012, p. 218) et le « complément exact » (Ibid.) de la documentarisation car elle répond au besoin de lisibilité des machines du web qui, pour améliorer les résultats des requêtes des internautes, doivent pourvoir accéder et traiter automatiquement des information structurées.
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Solution des exercices
> Solution n°1 (exercice p. 45)
Jack GoodyAnthropologue britannique à l'origine de la théorie de la raison graphique
Paul OtletJuriste belge créateur de la CDU et du Mundanéum
Vannevar BuschIl s'agit de l'article "As we may think" [As we may think].
Mickael K. BucklandBuckland a contribué à définir l'information science
Il s'agit donc de Vannevar Busch. Cependant, dans son œuvre Traité de documentation : le livre sur le livre [Traité de documentation : le livre sur le livre] paru en 1934, Paul Otlet développe aussi une vision proche de ce que sera plus tard le Web.
> Solution n°2 (exercice p. 45)
La numérisation d'un documentDésigne effectivement dans une première acception la transformation d'un document non numérique en un document numérique (Jean-Michel Salaün)
Le traitement par un professionnel d'un document
L'éditorialisation d'un document dans un nouveau contexte éditorialManuel Zacklad l'utilise dans ce sens. Cf. son ouvrage [Processus de documentarisation].
Une seconde documentarisation et la modification de la nature du document. Dans le sens que lui donne le collectif Pédauque et S. Crozat, il désigne une seconde documentarisation de la société et une révolution de la nature du document.
> Solution n°3 (exercice p. 46)
Bénédicte HERRGOTT51
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La perte de cohérence et d'intelligibilité du documentOn parlera de dédocumentarisation
Un processus à l'issu duquel sont crées de nouveaux documents à partir de documents existantsIl s'agit du processus appelé rééditorialisation
Le traitement professionnel appliqué au document : catalogage, indexation etc.Il s'agit du sens premier de ce terme
L'omniprésence documentaire dans l'organisation sociale moderne C'est le sens donné par le collectif RT-Pédauque.
> Solution n°4 (exercice p. 46)
L'invention de l'écriture. La raison graphiqueL'invention de l'écriture a eu pour conséquence l'émergence de la « rationalitémoderne » que Goody qualifie de graphique
> Solution n°5 (exercice p. 46)
La raison computationnelle
> Solution n°6 (exercice p. 46)
S. Crozat s'appuie sur le concept de littératie restreinte forgé par Jack Goody, pour qualifier de littératie numérique restreinte le stade initial dans lequel se trouve l'écriture numérique.
> Solution n°7 (exercice p. 46)
Bruno Bachimont
André Leroi-Gourhan
Bernard Stiegler
Stéphane Crozat
Gilbert Simondon
C'est Leroi-Gourhan qui a forgé la notion mais elle a été reprise et développée par tous les autres auteurs proposés dans l'exercice.
> Solution n°8 (exercice p. 47)
Possibilité de programmer a priori des variations dans le contenu en fonction de
Déclinaison
Solution des exercices
Bénédicte HERRGOTT52
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paramètres éditoriaux
Possibilité de réutiliser des fragments documentaire par référence, sans recopie.
Transclusion
Possibilité de réutiliser des fragments par duplication et modification, mais en contrôlant les évolutions conjointes de la source et de ses copies.
Dérivation
> Solution n°9 (exercice p. 47)
La fonction de polymorphisme est une technique qui automatise la transformation d'un contenu en plusieurs formes adaptées aux supports de restitution.Le multisupports désigne la problématique générale à laquelle la technique du polymorphisme apporte une réponse.
> Solution n°10 (exercice p. 47)
Le polymorphisme s'appuie sur une forme génératrice permettant la transformation automatique du contenu dans une forme publiée. L'auteur saisi son contenu dans une forme éditable et l'éditeur valide le contenu grâce à une forme de référence.
> Solution n°11 (exercice p. 47)
Une forme éditable, des formes publiées et des métadonnées
Une forme génératrice, des formes publiées, des métadonnées et un modèle
Une copie de forme génératrice, des formes publiées, des métadonnées et un modèle
Une forme génératrice est théoriquement toujours vivante de par les relations qu'elle peut entretenir avec d'autres FG. C'est la raison pour laquelle il faut faire une copie de FG pour la fixer définitivement « indépendamment de ses relations existantes avec d'autres FG » (Crozat, 2012, p. 210)
Solution des exercices
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Glossaire
Déclinaison
Possibilité de programmer a priori des variations dans le contenu en fonction de paramètres éditoriaux. (Crozat, 2012, p. 192)
Dérivation
Possibilité de réutiliser des fragments par duplication et modification, mais en contrôlant les évolutions conjointes de la sources et des ses copies. (Crozat, 2012, p. 192)
Document
Inscription de contenu sur un support pérenne établit dans un contexte éditorial. (Bachimont, 2008)
Documentarisation
Dans son sens premier, la documentarisation est le traitement que le professionnel applique au document : catalogage, indexation, etc. Désigne l'omniprésence documentaire dans l'organisation sociale moderne (Pédauque).
Document numérique
Le document numérique est [...] un complexe documentaire composé de ressources enregistrées, d'un dispositif de reconstruction du contenu pour l'afficher dans un forme perceptible et intelligible, et finalement des vue reconstruites. (Bachimont, 2007, p. 223-224).
Fragment
Fichier XML qui peut être intégré par transclusion dans d'autres fragments, le tout composant un réseau en vue d'obtenir des formes publiées (FP).
Grain de contenu
Dans Scenarichain, fragment de contenu auquel peut être appliquée la transclusion.
Multisupports
Désigne la documentarisation (au sens de création de document) d'un même contenu sur plusieurs supports différents (web, papier etc.).
Passage par référence
Processus informatique au cours duquel l'adresse de l'espace occupé par un objet original est référencée ce qui permet à deux documents distincts pointant vers
Bénédicte HERRGOTT55
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cette adresse de partager un même contenu.
Passage par valeur
Processus informatique au cours duquel la valeur d'un objet original est dupliquée dans un nouvel espace mémoire.
Polymorphisme
Possibilité de donner plusieurs formes au contenu en fonction du support de restitution. (Crozat, 2012, p. 192)
Pseudo-fragment
A la différence d'un fragment, un pseudo fragment n'est utilisable qu'en lien avec une instanciation des variables qu'il contient.
Redocumentarisation
Désigne dans une première acception la transformation d'un document non numérique en un document numérique (Jean-Michel Salaün). Dans le sens que lui donne le collectif Pédauque et S. Crozat, il désigne une seconde documentarisation de la société et une révolution de la nature du document.Zacklad l'utilise dans le sens de rééditorialisation.
Transclusion
Possibilité de réutiliser des fragments documentaires par référence, sans recopie. (Crozat, 2012, p. 192)
Tropisme
Tendance inhérente aux propriétés fondamentales du numérique, comme la manipulabilité, l'abstraction, l'adressabilité, l'universalité et la clonabilité. (Crozat, 2011, p. 19-21)
Web de données
Le Web des données ou Linked Data est une initiative du W3C visant à favoriser la publication de données structurées sur le Web en les reliant entre elles pour constituer un réseau global d'informations (Wikipedia).
Web sémantique
Le Web sémantique, ou toile sémantique, est un mouvement collaboratif mené par le World Wide Web Consortium (W3C) qui favorise des méthodes communes pour échanger des données. (Wikipedia)
Glossaire
Bénédicte HERRGOTT56
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Signification des abréviations
- ADBS Association des professionnels de l'information et de la documentation (Association des Documentalistes et Bibliothécaires Spécialisés)- CDU Classification décimale universelle- CMS Content Management System. (Système de Gestion de contenu).- EDI Electronic Data Interchange (échange de documents et de données)- ENT Environnement numérique de travail- ETL Extraction, Transformation, Loading.- GED Gestion électronique de documents- INA Institut national de l'audiovisuel- Inria Institut national de recherche en informatique et en automatique- RDF Resource Description Framework- SCENARI Système de Conception de Chaînes Éditoriales pour des Contenus Numériques, Adaptables, Réutilisables et Interactifs- UTC Université de technologie de Compiègne- WYSIWYG What you see is what you get (ce que tu vois est ce que tu obtiendras)- WYSIWYG What you see is what you mean (ce que tu vois est ce que tu veux dire)- XML eXstensible Markup Langage
Bénédicte HERRGOTT57
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Bibliographie
[As we may think] VANNEVAR BUSH . As we may think The Atlantic Monthly , 1945 Accessible en anglais à l'adresse : http://www.theatlantic.com/magazine/archive/1945/07/as-we-may-think/303881/ et dans une traduction français sous forme abrégée à l'adresse : http://mediateur.free.fr/web/hist_aswemaythink_fr.htm
[Document : forme, signe et médium] ROGER T. PEDAUQUE, Document : forme, signe et medium, les re-formulations du numérique. 2003, [en ligne], URL : http://archivesic.ccsd.cnrs.fr/sic_00000511/
[Document et modernités] ROGER T. PÉDAUQUE (collectif). Document et modernités . 2006. http://archivesic. ccsd.cnrs.fr/sic_00001741
[Du mode d'existence des objets techniques] GILBERT SIMONDON . Du mode d'existence des objets techniques . Paris : Aubier, 1958
[Éléments pour une théorie opérationnelle de l'écriture numérique] CROZAT STÉPHANE ET AL., « Éléments pour une théorie opérationnelle de l'écriture numérique », Document numérique, 2011/3 Vol. 14, p. 30. URL : http://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=DN_143_0009
[Enregistrement de cours en vue de leur baladodiffusion] LEMARCHAND SARAH ET OLIVER KATIA, « Enregistrement de cours en vue de leur baladodiffusion » Avis et retours d'expérience des élèves, des enseignants et des internautes, Distances et savoirs, 2009/2 Vol. 7, p. 207-208. URL : http://www.cairn.info/revue-distances-et-savoirs-2009-2-page-205.htm
[Explorer les possibles de l'écriture multimédia] BOUCHARDON SERGEET AL., « Explorer les possibles de l'écriture multimédia », Les Enjeux de l'information et de la communication, 2011/ Dossier 2011, p. 8.
[L'avenir du web au prisme de la ressource] DELAFORGE, NICOLAS, GANDON, FABIEN, MONNIN, ALEXANDRE, L'avenir du web au prisme de la ressource. IN "le document numérique à l'heure du web de données", coord. L. Calderan. ADBS, 2012, p. 241
[La technique et le temps] BERNARD STIEGLER . La technique et le temps . Tome 1 : La faute d'Épiméthée . Paris : Galilée, 1994
[Le document numérique à l'heure du web de données] Le document numérique à l'heure du web de données : séminaire Inria, Carnac, 1er - 5 octobre 2012 / ouvrage coordonné par LISETTE CALDERAN ... [et al.]. Paris : ADBS, 2012. (Sciences et techniques de l'information).
[Le livre de sable] JORGE LUIS BORGES, Le livre de sable, Gallimard, 2011, p. 137-144, Folio
[Les chaînes éditoriales] STÉPHANE CROZAT. Chaînes éditoriales et rééditorialisation de contenus numérique. IN "le document numérique à l'heure du web de données", coord. L. Calderan. ADBS, 2012. URL : http://scenari.utc.fr/~stc/pro/documenta/201302/DOCS/theorie/site/res/crozat2012inria.pdf
[Le tutorat instrumenté à distance] RIZZA CAROLINE, « Le tutorat instrumenté à distance » Une solution à l'articulation entre massification de la formation et individualisation des parcours, Distances et savoirs, 2005/2 Vol. 3, p. 192-195. URL : http://www.cairn.info/revue-distances-et-savoirs-2005-2-page-183.htm
[Milieu et techniques] ANDRÉ LEROI -GOURHAN . Milieu et techniques . Paris : Albin Michel, 1945. 2 e éd. 1973
[Pouvoirs et savoirs de l'écrit] JACK GOODY . Pouvoirs et savoirs de l'écrit . Paris : La Dispute/SNÉDIT, 2007
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[Processus de documentarisation] MANUEL ZACKLAD. « Processus de documentarisation dans les Documents pour l'Action (DopA) : statut des annotations et technologies de la coopération associées ». In : Actes du colloque EBSI-ENSSIB « Le numérique : impact sur le cycle de vie du document pour une analyse interdisciplinaire », Montréal, Québec, 13-15 octobre 2004 [document numérique]. Villeurbanne : ENSSIB, 2004
[Scenari, la chaînes éditoriale libre] STÉPHANE CROZAT, Scenari, la chaîne éditoriale libre. Eyrolles, 2007. Disponible à l'adresse : http://scenari.utc.fr/~stc/res/crozat07eyrolles.pdf
[Structured and fragmented content in XML publishing chains] STÉPHANE CROZAT. « Structured and fragmented content in collaborative XML publishing chains ». In : Proceedings of the 12th edition of the ACM Symposium on Document Engineering, DocEng 2012, Paris, France, 4-7 septembre 2012.
[Traité de documentation : le livre sur le livre] PAUL OTLET . Traité de documentation : le livre sur le livre. Théorie et pratique. Bruxelles : Van Keerberghen, 1934. [Reprod. en fac-sim. : Liège : Centre de lecture publique de la Communauté française de Belgique ; Bruxelles : Ed. Mundaneum-Palais mondial, 1989
Bibliographie
Bénédicte HERRGOTT60
http://scenari.utc.fr/~stc/res/crozat07eyrolles.pdf
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Webographie
[Déprise] BOUCHARDON, SERGE, VOLKAERT, VINCENT, Déprise, Loss of Grasp, Pedersi [en ligne], 2010. [Consultée le 25 mars 2012]. URL : http://deprise.fr/
Bénédicte HERRGOTT61
http://deprise.fr/
A. Question centrale : la production documentaire numérique B. Le contexte historique et scientifique 1. L'imprimerie et la révolution industrielle 2. La révolution numérique
A. Raisons graphiques et computationnelles 1. Raison graphique 2. Raison computationnelle
B. La notion de tendance en philosophie des techniques C. La notion de chaîne éditoriale A. Le polymorphisme B. La transclusion C. La dérivation D. La déclinaison E. Application dans l'audiovisuelle A. Vers une nouvelle littératie B. Vers une nouvelle cohérence et intelligibilité documentaire C. Vers une nouvelle collaboration A. Apports 1. Une nouvelle définition du document numérique 2. Les chaînes éditoriales facilitent la création et l'utilisation de contenus
B. Limites A. Citations extraites du texte étudié B. Citations extraites d'autres sources