Évaluation d’institutions de microfinance en milieu rural à Madagascar (AFD/2008)
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8/6/2019 valuation dinstitutions de microfinance en milieu rural Madagascar (AFD/2008)
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AFD 2008
Srie valuation et capitalisation
Dpartement de la Recherche
Division valuation et capitalisation
valuation dinstitutions de microfinanceen milieu rural Madagascar
Alain RIES, division de lEvaluation, AFD
Grgoire CHAUVIERE LE DRIAN, Secteur financier et appui au secteur priv, AFD
Agence Franaise de Dveloppement
5, rue Roland Barthes 75012 Paris < France
www.afd.fr
exPostExPost
n 13juillet 2008
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Avertissement
Les analyses et conclusions de ce document sont formules sous la responsabilit
de ses auteurs. Elles ne refltent pas ncessairement le point de vue officiel de
lAgence Franaise de Dveloppement ou des institutions partenaires.
Directeur de la publication : Jean-Michel SEVERINO
Directeur de la rdaction : Jean-David NAUDET
ISSN : 1958-590X
Dpt lgal : juin 2008
Mise en page : Vif-Argent
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que cette offre de crdits profite de prfrence aux mnagesmoyens ou aiss qui acquirent une vritable capacit de
production. Toutefois, la microfinance classique montre ses
limites pour poursuivre laccompagnement de ces catgories
mergentes qui sinscrivent dans un march naissant : la
msofinance.
De plus, le secteur de la microfinance Madagascar est en
pleine volution, avec larrive de nouveaux acteurs et de
stratgies concurrentes qui peuvent perturber la relative sta-
bilit des institutions dj implantes alors quelles peinent atteindre leur quilibre financier. Des contraintes psent sur
la gestion des ressources humaines, les dbauchages pou-
vant fragiliser les institutions. Un risque de captation des
meilleurs clients menace galement les IMF qui, plus quune
stratgie dextension, dveloppent un vritable accompagne-
ment de leurs clients. La coordination des bailleurs et des
oprateurs doit donc tre renforce. Les IMF pourraient sta-
biliser ces pratiques autour dune charte de bonne conduite.
Madagascar dispose des instances de coordination nces-
saires pour mener bien ce travail dans le cadre de sa stra-tgie nationale de la microfinance (SNMF), qui cre un
contexte national porteur et dont la vision est clairement affi-
che (2008-2012) :
Disposer dun secteur de microfinance professionnel,
viable et prenne, intgr au secteur financier malgache
offrant des produits et services financiers diversifis et inno-
vants la population rurale et urbaine, tout en assurant une
couverture satisfaisante de la demande sur lensemble du
territoire, et oprant dans un cadre lgal, rglementaire, fis-cal et institutionnel adapt et favorable.
Enfin, si la microfinance est un outil pour rpondre aux
besoins du milieu rural, elle nen est pas la panace. Elle doit
sinscrire dans une vraie stratgie de dveloppement qui
sappuie sur lamlioration des techniques agricoles mais
aussi sur le dveloppement des infrastructures ce qui,
Madagascar, est crucial pour fluidifier le march agricole,
amliorer les circuits de distribution et limiter les risques
pesant sur ce secteur. La microfinance apparat comme unoutil au sein dune chane de valeur pour le dveloppement
dune filire intgre de lagriculture associant secteurs priv
et public.
Aprs avoir dfini les lments favorables au dveloppe-
ment de la microfinance (section I), les auteurs abordent les
limites et les contraintes du secteur Madagascar (sec-
tion II). Pour que la microfinance continue dappuyer le dve-
loppement de lagriculture et, de faon gnrale, du milieu
rural, elle devra toutefois relever un certain nombre denjeux(section III). Les auteurs analysent ensuite en profondeur
loffre actuelle (section IV), avant de sinterroger sur la pren-
nit financire de ces produits (section V). Deux problma-
tiques transversales font lobjet dun dveloppement spci-
fique : la fixation des taux et les instruments de financement
(annexe H).
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1. Des conditions favorables au dveloppement de la microfinance rurale
Peu intensif, le secteur agricole malgache a dimportants
besoins de financement. Selon le recensement national agri-
cole 2004/2005, 85 % des exploitations ne pratiquent pas la
fertilisation, lutilisation de semences amliores est loin
dtre gnralise, la culture attele est encore rare et legros matriel agricole nest prsent que dans les greniers
riz du pays.
Le secteur peut toutefois sappuyer sur le dynamisme des
acteurs de la microfinance : implantation des premires IMF
en milieu rural au dbut des annes 1990, forte extension des
rseaux partir de 1996, dbut aujourdhui dune nouvelle
phase avec larrive dacteurs qui se lancent directement
dans une activit de microfinance sans passer par la phase
du projet de dveloppement et concurrence accrue entrerseaux. Ce dynamisme est relay par une politique nationa-
le agricole qui pousse lintensification le Plan daction pour
Madagascar (MAP)1 et la SNMF qui se met en place et se
dcline progressivement2, avec une libert des taux.
Le secteur se dveloppe autour de produits adapts mis au
point par les caisses dpargne et de crdit agricole
mutuelles (CECAM) qui se diffusent progressivement dans
les autres IMF. Ces produits sinscrivent dans une gamme
cohrente articule autour des besoins des paysans : crditproductif pour accrotre la production (intrants, semences,
main-duvre, petit matriel), crdit GCV pour valoriser au
mieux la production, crdit LVM pour soutenir linvestisse-
ment, crdit social et produits dpargne. ce stade, les cr-
dits spcifiques pour lhabitat et les produits dassurance
sont encore absents.
Lune des cls de cette russite est ladaptation des outils
et des remboursements cals sur le cycle cultural. Les outils
sinscrivent dans une trajectoire de crdit (un prt GCV peut
permettre de rembourser un crdit productif, de financer des
cultures de contresaison) quil faut prserver.
Lexprience du crdit GCV est trs intressante pour lesproduits agricoles qui connaissent de fortes fluctuations des
prix pendant la priode de soudure ce qui est en gnral le
cas du riz. Ce crdit doit sappuyer sur une bonne anticipa-
tion des prix agricoles (grce aux observatoires locaux). Le
GCV est utilis par les producteurs pour stocker leur rcolte
et le riz achet par ailleurs (taux diffrencis CECAM). Le
crdit LVM, oprationnalis par les CECAM et dvelopp
aujourdhui par dautres IMF, est lui aussi tout fait intres-
sant par son exemplarit au niveau international. Dailleurs,
cet outil ne finance pas uniquement les besoins de lexploi-tation agricole (voir lenqute CECAM auprs de
500 mnages).
Cette gamme cohrente permet de mettre en place des tra-
jectoires vertueuses de crdit : on assiste alors lmergen-
ce de microentrepreneurs ruraux, qui amliorent et diversi-
fient leur exploitation puis accumulent du capital. Ces
classes mergentes sont accompagnes dans leur parcours
conomique par les IMF, qui y trouvent une source de renta-
bilit (volumes de crdits croissants par client et risquesrduits).
1 Le MAP (rpublique de Madagascar, 2007) prvoit dans lengagement4 relatif au dveloppement rural et, plus prcisment au dfi 3, de lancer unervolution verte durable pour doubler le rendement moyen du riz, qui sesitue actuellement autour de 2 tonnes/ha(http://www.map.gov.mg/index.php/les-8-engagements/engagement-4/defi-3/).
2 Loi 2005-016 sur la microfinance et ses dcrets dapplication (rpublique deMadagascar, 2005).
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Tous ces facteurs provoquent une explosion de lencoursde crdit : selon les donnes les plus rcentes, les IMF
compteraient 306 000 adhrents et clients pour un encours
global de crdit de 49 milliards dariary (MGA) dont un peumoins de la moiti (22 milliards MGA) en milieu rural.
2. confrontes cependant certaines limites
Face ce dveloppement, les IMF se heurtent toutefois
un certain nombre de contraintes, car les besoins restent trsimportants et sont insuffisamment couverts. La SNMF
2008/2012 se fixe un objectif de 856 000 emprunteurs et
162 milliards MGA dencours de crdit en 2012. La couvertu-
re territoriale demeure incomplte : deux rgions sont
dpourvues de points de service mais, surtout, le dvelop-
pement des caisses et agences des IMF se fait essentielle-
ment le long des axes goudronns et des pistes rgulire-
ment entretenues, pour des raisons videntes de cot. Le
nombre de socitaires/clients parat faible par rapport au
nombre dagriculteurs des zones desservies : il reste unemarge importante pour des actions de densification des
rseaux.
La microfinance rurale nest quun lment parmi dautres
permettant le dveloppement du secteur agricole. Citons
notamment, car il sagit dlments primordiaux
Madagascar, la scurit foncire et les rseaux routiers ainsi
que les autres infrastructures (greniers pour le stockage des
rcoltes dans certaines zones). Sy ajoutent galementlamlioration des techniques agricoles, lorganisation des
approvisionnements en intrants et de la commercialisation
des produits, des prix dachat durablement rmunrateurs
Par ailleurs, certaines zones sont soumises des crises ali-
mentaires rcurrentes. Comment, dans ces conditions, faire
accepter un crdit un paysan si sa rcolte est totalement
tributaire dlments climatiques ou dpidmies quil ne ma-
trise pas et, partant, alatoire ?
Ainsi, la viabilit financire des IMF reste fragile en milieu
rural enclav mais envisageable avec un taux mensuel du
crdit de lordre de 4 4,5 % et sous rserve dune stricte
matrise des cots de fonctionnement et des impays et
dune dlgation dune partie du travail des bnvoles. En
outre, le cot de la ressource doit rester trs faible, ce qui
imposera parfois lappui de bailleurs de fonds qui accom-
3. et plusieurs enjeux
Ces diffrentes contraintes amnent considrer les
enjeux entourant lavenir de la microfinance en milieu rural
Madagascar. Lun dentre eux concerne la formation et la
politique de ressources humaines : Madagascar connat une
forte expansion du secteur mais qui ne peut sappuyer sur un
nombre suffisant de personnes formes. Cette raret des
ressources est encore plus accentue en milieu rural. Les
IMF doivent donc investir lourdement pour former leurs
agents mais avec un risque toujours possible de dbaucha-
ge. Cette situa tion concerne autant les salaris que les lus,
pour les systmes mutualistes, le cot de formation tant
souvent sous-estim et structurellement rcurrent alors quil
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a une valeur de bien public. Le besoin de formation sinscritdans le long terme et mrite dtre soutenu par un mcanis-
me national appropri impliquant la profession et soutenu
par les bailleurs de fonds.
Il faut galement poursuivre la professionnalisation des IMF
travers la dfinition de procdures claires et rgulirement
mises jour, lintroduction de systmes dinformation et de
gestion rapides et fiables, un contrle interne performant et
une poursuite de linnovation financire pour sadapter
lvolution des demandes de la clientle.
Pour rpondre ces besoins, des centrales de services ou
des structures fatires ont t mises en place. partir dun
certain niveau de dveloppement en effet, le besoin de pro-
fessionnalisation des rseaux soulve ncessairement la
question dune structure fatire. Limpratif technique de
cette centrale est en gnral bien admis, en dpit des rti-
cences sur le transfert de pouvoir que cela implique. La prin-
cipale question est celle du cot dune telle structure et de la
capacit du rseau le supporter. Les subventions initialesdes bailleurs sont ncessairement dgressives et des ten-
sions peuvent apparatre partir du moment o les presta-
tions sont pleinement refactures. Seuls les rseaux impor-
tants peuvent financer une telle structure. Pour remdier ce
problme de taille, des centrales non ddies un rseau
pourraient tre mises en place.
La viabilit financire des IMF fait elle aussi partie des inter-
rogations. Cette viabilit est une condition du maintien en
milieu rural et cela dautant plus que la concurrence se ren-force dans les zones les plus porteuses et auprs des
meilleurs clients. Un code de bonne conduite pourrait tre mis
en place entre les diffrents acteurs sous lgide de la pro-
fession.
De toute vidence, les oprateurs ont tendance aller vers
le milieu urbain, jug plus rentable et capable dassumer la
viabilit de lorganisation. Mais cette volution reprsente un
risque de drive par rapport la mission initiale en milieu
rural de lIMF, qui insiste sur la ncessit dun contrepouvoir.Dans tous les cas, il faut adapter les procdures dinterven-
tion en milieu rural au milieu urbain.
Il convient aussi de sinterroger sur le financement de la
croissance : les plans daffaires des IMF reposent tous sur
des volumes de crdit en trs forte croissance, cohrents
avec la demande potentielle et le dynamisme du march. La
disponibilit de ressources adaptes en volume et en cot
est donc un enjeu majeur pour les IMF qui doivent faire face
aux problmatiques suivantes :
lpargne collecte en milieu rural reste de faible mon-
tant, peu en phase avec les besoins en ressources pour
lactivit de crdit. Ce service est coteux, do des
dpts faiblement rmunrs ce qui amne lpargne
sinvestir sur de meilleures opportunits. En milieu
urbain, il y a une logique de collecte de dpts unitaires
importants notamment auprs de structures vocation
sociale (ONG). Au-del de la rduction du cot de la res-
source, cette politique rpond une volont de rduire ladpendance de lIMF vis--vis des crdits externes ;
les refinancements auprs des banques malgaches se
dveloppent : cest un signal fort de la maturit atteinte
par certains rseaux. Les IMF ont tout intrt disposer
dune offre globale : lignes de crdit globalises, lignes
adosses des produits spcifiques (LVM par exemple),
autorisations de dcouvert pour lisser la trsorerie. Les
banques ont besoin dun outil de partage de risque tel
que le propose lAFD avec ARIZ (assurance pour le
risque des investissements).
Le rle des bailleurs de fonds doit voluer avec le march.
Il faut en effet enrichir la gamme des produits pour accom-
pagner les IMF dans leur volution : subventions au dmar-
rage, prt en monnaie locale bonifi en phase de croissance
en contrepartie dobjectifs de dveloppement spcifiques,
garantie des banques locales pour les IMF matures. Enfin, il
convient de rflchir ladditionnalit permise par les sub-
ventions dans un contexte de concurrence accrue entre IMF.
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4. Une offre de produits adapts aux besoins du secteur rural malgache
4.1. Les conomies rurales et leurs besoins de services financiers
De nombreuses tudes se sont dj intresses aux co-
nomies rurales malgaches3. Il ne sagit pas ici den faire une
nouvelle synthse mais didentifier quelques grandes carac-
tristiques du milieu rural et de lagriculture malgaches per-
mettant dclairer la demande de services financiers.
A. Une agriculture domine par la culture du riz
Madagascar est une conomie dominante agricole dont
lun des moteurs essentiel est la culture du riz. Celle-ci a t
au centre des politiques publiques conduites par le pass et
continue dy occuper une place privilgie (rhabilitation de
primtres rizicoles notamment).
Cette culture marque les paysages : le riz est cultiv partout
et a une place prpondrante dans toutes les rgions, lex-ception de lextrme sud du pays. La riziculture occupe 60 %
de la surface cultive et 87 % des exploitants agricoles la
pratiquent. Plusieurs systmes de production avec des
calendriers spcifiques coexistent selon les zones agro-co-
logiques.
En dehors du riz, Madagascar dispose dune grande varit
de productions agricoles : mas, manioc, pommes de terre
mais aussi caf, vanille, letchis, haricots verts, coton, sucre
Les cultures destines lalimentation sont largement auto-
consommes. Lenqute ralise auprs des mnages en
2004 rvle ainsi que 45 % de la rcolte de riz paddy sont
consomms par les riziculteurs et 18 % sont stocks pour
faire face des imprvus. Seuls 27 % sont destins tre
commercialiss. Les filires letchis , vanille et cre-
vettes mais aussi haricots verts sont trs orientes vers
le march international. Le sucre, le coton et le caf se rpar-
tissent entre le march local et lexportation.
Enfin, llevage bovin est pratiqu partout Madagascar,
avec une importance sensiblement variable selon les
rgions. Dans le sud, considr comme une zone pastorale,
les zbus jouent un rle particulier en termes de capitalisa-
tion mais aussi sur le plan social. La production de lait sedveloppe dans les zones proches de la capitale avec une
forte intgration autour de deux industriels.
B. Les enjeux de la croissance dmographique
La population malgache est en croissance dmographique
forte : elle est passe de 12,2 millions de personnes en 1993
17,5 millions en 2006. Cette tendance est appele se
poursuivre, entranant des besoins alimentaires croissants :
les projections des Nations unies (PNUD, base de donnes
sur la population rvision 2004), prvoient en hypothsemoyenne une population de 27 millions en 2020. Estims
300 000 en 2005, les nouveaux arrivants sur le march du
travail vont augmenter de manire exponentielle pour
atteindre prs de 530 000 en 2020.
La population reste trs majoritairement rurale. Des esti-
mations ralises en 2005 montrent que les trois quarts des
Malgaches vivent en zone rurale, contre les 5/6 en 1960. Le
secteur agricole a donc t capable jusqu prsent dabsor-
ber une grande partie des jeunes entrant sur le march dutravail.
Pendant les 20 dernires annes, le nombre dexploitations
agricoles a augment des deux tiers, passant de 1,5 million
en 1984-1985 2,4 millions en 2004-2005. Sur la mme
3 Voir notamment Pierre Bernard, A., R. Ramboarison, L. Randrianarison et L.Rondro-Harisoa (2007). La prsente analyse sappuie largement sur cedocument de synthse tabli dans le cadre du programme RuralStruc, uneinitiative conjointe de la Banque mondiale et de la coopration franaise(http://go.worldbank.org/VZ3YM438G0).
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priode pourtant, la superficie totale agricole ne sest accrueque de 18 %. Ainsi, laugmentation du nombre dexploitations
sest faite au dtriment de leur superficie, qui passe en
moyenne de 1,2 ha/exploitation en 1984-1985
0,86 ha/exploitation en 2004-2005.
Cette diminution de leur taille moyenne entrane une viabi-
lit de plus en plus incertaine des exploitations. Les paysans
sadaptent en diversifiant leur production agricole et en dve-
loppant de nouvelles activits non agricoles (fabrication de
charbon de bois, production de briques, petit transport parbicyclette ou charrette, divers petits boulots). Lobjectif
prioritaire est dassurer la scurit alimentaire de la famille
par une combinaison dactivits agricoles et non agricoles.
De vritables petits entrepreneurs ruraux font paralllement
leur apparition, avec un capital dexploitation important et
diversifi. Ils disposent de plusieurs dizaines dhectares de
terre et se sont diversifis dans llevage (vaches laitires,
levage bovin extensif, volaille, porcs) ou dans dautres
activits (vers soie notamment) en ayant recours desmtayers et des saisonniers, offrant ainsi des opportunits
demploi en milieu rural ceux dont les terres nassurent plus
la survie.
Les migrations de population entre rgions sont de faible
ampleur : elles sont limites certains groupes tels que les
Antandroy dans le sud ou concernent des zones trs faible
densit de population dans le Moyen-ouest et le Centre-
ouest. Des migrations saisonnires ont lieu, par exemple
pour la rcolte des letchis sur la cote est. De nouveaux typesde migrations temporaires ont galement vu le jour vers des
zones minires (pierres prcieuses, or) mais leurs cons-
quences sur les conomies rurales sont mal connues.
C. Un besoin de scurisation foncire et de rhabilitation
des infrastructures
Le paradoxe entre lexistence de vastes tendues de terre
non cultives et ltroitesse des exploitations sexplique en
partie par le manque de scurit foncire.
La procdure dimmatriculation foncire est longue, com-plexe et coteuse. Le titrage des terres na t effectu que
dans les zones agricoles les plus riches et autour des
grandes villes. Ainsi en 2006, 10 % seulement du territoire
national est dot de titres et certificats fonciers. Ailleurs, lin-
scurit foncire est gnralise, pnalisant linvestissement.
Ce point ayant t identifi comme une contrainte majeure
au dveloppement agricole, une rforme foncire est en cours
dans le cadre du programme national foncier (2004-2015).
Cette rforme se fonde sur la mise en uvre dune gestionfoncire dcentralise au niveau des communes par le biais
de guichets fonciers. Le MAP prvoit que 75 % des parcelles
agricoles seront scurises en 2012, contre 7 % actuellement.
La construction et la rhabilitation du rseau routier sont
lun des leviers majeurs de dveloppement des zones
rurales Madagascar, dont le relief et le climat (cyclones
rguliers sur la cote est) ne favorisent pas les dplacements.
Des efforts ont t accomplis ces dernires annes. Certains
axes goudronns et des pistes ont t rhabilits avec lap-pui de laide extrieure. Un fonds dentretien routier aliment
partir de ressources nationales est devenu oprationnel.
La volont de dsenclaver certaines rgions comme lAnosy
ou la SAVA (Sambava, Antalaha, Vohmar et Andapa) est
vidente. Cependant, en dehors de quelques grands axes,
les possibilits de dplacement sont toujours trs limites au
sein des rgions. Ce point ressort nettement des visites
effectues auprs des IMF implantes dans le sud du pays
mais aussi dans le Menabe.
Les primtres rizicoles ont reu depuis longtemps de nom-
breux investissements pour la construction et la rhabilitation
des ouvrages et des rseaux hydro-agricoles qui correspon-
dent, avec les pistes, la premire demande des paysans
vis--vis de la puissance publique. Ces programmes se
poursuivent actuellement travers par exemple le program-
me bassins versants primtres irrigus mis en place
par ltat avec le soutien de la Banque mondiale et de
lAgence franaise de dveloppement (AFD).
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D. La formation des prix agricoles et les modes de com-mercialisation
Dans les annes 1960 et 1970 et dans une volont dassu-
rer la satisfaction des besoins des populations, ltat contr-
lait les prix des produits alimentaires, notamment le riz, au
moyen dimportantes subventions. partir de 1972, un
monopole public de la collecte, de la transformation et de la
commercialisation du paddy a t mis en place, avec un prix
dachat unique sur tout le territoire. Il en a rsult une dcon-
nexion des prix aux producteurs et des cots de production,
conduisant une baisse de la production. Les premiresmesures dajustement prises ds le milieu des annes 1980,
avec le soutien du Fonds montaire international (FMI) et de
la Banque mondiale, visaient doper la production qui ne
parvenait plus satisfaire les besoins par laugmentation
des prix au producteur puis la libralisation progressive des
prix et des circuits de commercialisation.
Le dsengagement de ltat de la commercialisation a
entran une multiplication du nombre dintervenants et din-
termdiaires entre producteurs et consommateurs un ph-nomne particulirement marqu dans la filire du riz. Les
prix sont dsormais fixs par le jeu de loffre et de la deman-
de, avec des limites pour les filires monopoles ou oligo-
poles (sucre, coton, haricots verts). Les prix du riz sali-
gnent sur les prix limportation. Il nexiste plus de prix
unique sur le territoire mais plusieurs prix du riz qui dpen-
dent de lenclavement de la zone de production et du niveau
de comptition entre rseaux de collecte, de la saison (sou-
dure ou rcolte) ainsi que de la varit du riz. Ltat est
cependant rest prsent dans la filire riz par le biais de laconstitution de stocks, des oprations dimportation et de la
politique fiscale (taxes et TVA limport). Il favorise actuelle-
ment la constitution de plateformes telles que lobservatoire
du riz.
E. Une agriculture peu productive avec des besoins din-
vestissement
Lagriculture malgache reste en gnral une agriculture tra-
ditionnelle avec un faible degr dintensification.
Le recensement national agricole de 2004-2005 fait ressor-tir que 85 % des exploitations nont recours aucune fertili-
sation. La seule province se distinguer est celle de la capi-
tale, o le morcellement excessif des parcelles oblige les
paysans intensifier leur production en utilisant du fumier de
zbu mais, mme l, le recours aux intrants ne touche que
45 % des exploitations. Seuls 15 % de la surface rizicole
totale sont fertiliss (engrais organiques, minraux et
mixtes).
Lutilisation de semences amliores est loin dtre gnra-lise malgr les progrs raliss dans le cadre de la politique
nationale semencire.
La mcanisation est galement trs faible. La bche (anga-
dy), la faucille et la machette sont les principaux outils de tra-
vail des paysans. La culture attele est peu prsente, avec
une herse pour sept exploitations et en moyenne une char-
rue pour quatre exploitations. La taille moyenne des exploi-
tations ne ncessite pas toujours leur possession et les pay-
sans prfrent, quand ils en ont la possibilit, louer le mat-riel. Lutilisation de gros matriels agricoles est rserve aux
grandes exploitations que lon ne trouve que dans les gre-
niers riz du pays (Alaotra, Marovoay, Moyen-ouest).
Cette situation fait ressortir des besoins dinvestissement
relativement importants dans le secteur agricole malgache.
Ceux-ci portent sur les intrants, les quipements agricoles
mais aussi lacquisition de btail et de terres.
Cest lun des dfis du MAP que de faire voluer cette situa-tion en amliorant la productivit par llargissement de la
mcanisation agricole et lapplication de nouvelles tech-
niques agricoles ainsi que par la fourniture et lassistance en
semences et engrais4. travers une rvolution verte, lob-
jectif affich du MAP est de parvenir doubler en moyenne
4 Voir notamment lengagement 4, dfi 3.
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le rendement moyen de riz, qui se situe aujourdhui autour de2 tonnes par hectare. Laccs au financement rural est un
lment cl pour relever ce dfi5.
F. Face la demande rurale, plusieurs canaux de finance-
ment
Loffre en financement rural est limite. Selon une tude sur
le financement de lUnion europenne (UE) (accs des
ruraux aux services financiers, 2005), cette offre slevait
31,8 milliards MGA en 2004, soit moins de 0,5 % du PIB
alors que lagriculture reprsente 30 % du PIB. Cette esti-mation ne tient pas compte de loffre dusuriers ni des pra-
tiques de vente de rcoltes sur pied, largement rpandues.
Une premire source de financement du milieu rural est
constitue par des programmes et projets dont le plus impor-
tant est le projet de soutien au dveloppement rural (PSDR)
lanc en 2001 et qui se termine. Ce projet avait pour objectif
daccrotre la productivit et les revenus des petits agricul-
teurs dans les diffrentes rgions du pays, dappuyer le
dveloppement des organisations de producteurs et groupescommunautaires ainsi que de rduire la pauvret en milieu
rural et de prserver les ressources naturelles de base. tra-
vers sa composante dappui aux investissements productifs
et activits agricoles, le PSDR alloue des fonds sans intrt
des organisations paysannes, leur remboursement devantservir des oprations communautaires. Le suivi du rem-
boursement et de la ralisation des investissements commu-
nautaires sur un grand nombre doprations (plus de 9 000)
se rvle particulirement difficile.
Les banques prives au premier rang desquelles la Bank
of Africa (BOA anciennement BTM), qui conserve un
rseau important en milieu rural, mais aussi la Banque natio-
nale de lindustrie (BNI) interviennent galement dans le
financement du milieu rural mais de manire plus cible(clients offrant un bon niveau de garanties mme si celles-ci
donnent lieu un niveau de formalisation moindre que pour
une activit bancaire classique ; accord avec des agroindus-
triels ; refinancement dIMF). Les rseaux publics de la
Caisse dpargne de Madagascar (CEM) et de la Poste
apportent galement des services financiers en milieu rural.
La dernire source de financement rural provient des IMF.
Avant 1990, elles taient totalement absentes de
Madagascar. Profitant des crneaux laisss libres par le sec-teur bancaire et acceptant de relever le dfi du financement
de lactivit agricole juge haut risque, les IMF implantes
se sont dveloppes rapidement en milieu rural pendant les
annes 1990.
4.2. La rponse des IMF aux besoins de services financiers en milieu rural
La rponse des IMF aux besoins de services financiers est la fois quantitative et qualitative, avec le dveloppement
dune gamme complte de produits adapts aux besoins.
Cette gamme comprend deux produits phares : le crdit GCV
et un crdit de moyen terme pour linvestissement, la loca-
tion-vente.
A. Lmergence des IMF Madagascar
Lmergence des IMF en milieu rural a t favorise par
laction conjugue :
doprateurs techniques spcialiss, qui ont assur len-cadrement technique des IMF en sappuyant sur leurs
expriences en Afrique et ailleurs. Il sagit entre autres du
Centre international de dveloppement et de recherche
(CIDR), de Dveloppement international Desjardins
(DID), de la Fondation pour lpanouissement et le renou-
veau de la terre (FERT), de lInstitut de recherches et
5 Il est reconnu comme tel dans le MAP (engagement 4, dfi 2).
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dapplications des mthodes de dveloppement (IRAM),du Conseil mondial des coopratives dpargne et de cr-
dit (WOCCU) et, plus rcemment, du Groupe de
recherches et dchanges technologiques (GRET) ;
des bailleurs de fonds (Banque mondiale, UE, AFD,
coopration allemande, Intercooperation Suisse...) qui
ont mis en uvre plusieurs programmes ;
du gouvernement, qui a initi une politique en faveur de
ce secteur avec le concours de la Banque mondiale,
travers le projet dexcution PATFR/ADMMEC (Projet
dassistance technique aux finances rurales/Associationpour le dveloppement du mouvement mutualiste
dpargne et de crdit) jusquen 1997 puis le projet de
microfinance (PMF) pour une phase de deux ans (1998-
1999) et lAGEPMF (Agence de gestion du programme
de microfinance) depuis lors. Ce programme a fait lobjet
en 2007 dune ultime prolongation, pour une dure de
deux ans.
En raison de leur implantation rurale de dpart, notamment
agricole, les IMF mutualistes sont les plus importantes avec :
les CECAM implantes partir de 1993 dans la rgion du
Vakinankaratra avec lappui de la FERT ;
les rseaux de la mutuelle dpargne et de crdit OTIV
(Ombona Tahiry Ifampisamborana Vola), dont loprateur
technique est DID et qui ont dmarr leur implantation
dans les rgions de Toamasina et du lac Alaotra ;
les Associations dpargne et de crdit autogres
(AECA) mises en place par le CIDR dans la rgion de
Marovoay ; le rseau des caisses mutuelles dpargne et de crdit
TIAVO (Tahiry Ifampisamborana Aminny Vola), dvelop-
p dans la rgion de Fianarantsoa avec le WOCCU puis
lIRAM et maintenant lInternationale de crdit agricole
rural (ICAR), qui regroupe la FERT et des caisses rgio-
nales du Crdit agricole (CA) en France ;
lAction pour le dveloppement et le financement des
micro-entreprises (ADFI) dans la rgion dAntsirabe avec
lappui technique dACEP dveloppement.
LAssociation professionnelle des institutions financiresmutualistes (APIFM), cre en 1997, couvre lensemble des
institutions mutualistes. Les institutions non mutualistes sont
regroupes au sein de lAssociation des institutions de
microfinance non mutualistes (AIM), cre en 1999.
Dans cette dernire catgorie figurent :
la Socit dinvestissement pour la promotion de lentre-
prise Madagascar (SIPEM) cre en 1990
Antananarivo par le Groupement des entrepreneurs mal-gaches (GEM) avec une vocation urbaine et priurbaine ;
lAssociation pour la promotion de lentreprise
Madagascar (APEM) dont la cration date de 1987 et qui
intervient par des participations et des partenariats sur
Antananarivo et Tular ;
Vola Mahasoa ( Largent qui apporte du bien ), cre
en 1993 et implante dans la partie sud de lle, Tular,
avec la matrise douvrage de lAPEM et la matrise
duvre du CIDR ;
Entreprendre Madagascar (EAM), initie sous forme deprojet en 1990 par le Programme des nations unies pour
le dveloppement (PNUD) et le Bureau international du
travail (BIT) et transforme en association de droit mal-
gache en 1996 ayant plusieurs activits dont le microcr-
dit.
Depuis 1996, une phase de croissance trs importante a
t engage, marque par lextension et la consolidation des
rseaux prexistants :
OTIV : extension des activits avec louverture de nou-
velles caisses dans la zone priurbaine de la capitale
Antananarivo et du Nord-est (SAVA) en 1996 puis dans la
zone urbaine dAntananarivo en 2000 ;
CECAM : premire extension du rseau ds 1996 dans
les rgions dAmoroni Mania, Vakinankaratra et
IvonImerina sur les Hautes-Terres centrales. En 1998, le
rseau sest install dans le Moyen-ouest (Bongolava et
Itasy), le nord-ouest (Sofia) et sur la cte ouest (Menabe) ;
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15exPostexPost AFD 2008
TIAVO : extension du rseau en 1999 dans le sud-est Manakara et Farafangana ;
AECA : installation Ambato Boeni en 1998.
On observe aussi le dmarrage en 2005, avec le GRET, de
Mahavotse dans lAndroy, au sud de Madagascar.
Mahavotse est issue du volet microcrdit du projet Objectif
sud (OS), conu au dpart pour tre prennis.
Une nouvelle phase est en train de dbuter avec larrive
de nouveaux acteurs (Aga Khan, Microcred, AccsBanque)qui se lancent directement dans une activit de microfinan-
ce, sans passer par une phase de projet de dveloppe-
ment.
B. Des encours de crdit et un nombre de socitaires en
croissance exponentielle
La microfinance malgache a connu ces dix dernires
annes une croissance trs importante, qui sest traduite par
lextension de la couverture territoriale tant en milieu rural
quurbain, laugmentation du taux de pntration et le dve-loppement des activits. Cette croissance sest poursuivie
malgr la crise politique de 2002.
Au plan national, les IMF mutualistes et non mutualistes
regroupaient au 30 juin 2007 plus de 307 000 membres,
dont 38 % de femmes. De 1998 juin 2007, le nombre de
membres pour les institutions mutualistes a t multipli
par six, passant de 47 476 291 878. Pour les institutions
non mutualistes, le nombre de bnficiaires de crdit avait
atteint 15 413 au 30 juin 2007. En considrant une moyen-ne de cinq personnes par mnage et une population de
17,5 millions dhabitants, le nombre de mnages
Madagascar serait de lordre de 3 500 000. Environ 8,8 %
des mnages malgaches seraient donc bnficiaires des
services financiers offerts par ces institutions de microfi-
nance, contre moins de 1 % il y a 15 ans. Ce chiffre tho-
rique doit tre considr comme un maximum, les IMF
comptant des membres inactifs selon une proportion non
connue.
De 1998 juin 2007, les encours dpargne des mutua-listes sont passs de 1,3 milliard MGA (0,5 million deuros6
[EUR]) plus de 31 milliards MGA (12,4 millions EUR). Cela
concerne uniquement les mutualistes, car les institutions non
mutualistes ne collectent pas dpargne, du moins pour le
moment.
Toujours sur la mme priode, les encours de crdit se sont
accrus de 3,3 milliards MGA (1,3 million EUR) 43,8 mil-
liards MGA (17,5 millions EUR) pour les mutualistes, soit un
accroissement de plus de 13 fois. Les encours de crdit desIMF non mutualistes slvent 5,2 milliards MGA (2,1 mil-
lions EUR) au 30 juin 2007.
Les donnes les plus rcentes font ressortir la situation sui-
vante par rseau.
Ces donnes sont globales pour lensemble des IMF. Les
CECAM, TIAVO, OTIV et AECA sont trs orientes vers le
secteur rural alors quADFI travaille surtout en zone urbai-
ne et priurbaine. Parmi les IMF non mutualistes, VolaMahasoa est la plus oriente vers le secteur rural. La SIPEM
a une part dactivit en priurbain puisquelle couvre une
zone de 30 kilomtres autour des ses implantations
Antananarivo et Antsirabe.
Il ny a pas de statistiques disponibles concernant les parts
respectives de lurbain et du rural dans lactivit des IMF.
Sur la base dune estimation par IMF7, leurs encours de
crdit en milieu rural slveraient 22 milliards MGA(8,8 millions EUR), soit environ la moiti des encours glo-
baux.
6 Sur la base de 1 EUR = 2 500 MGA.
7 CECAM (80 %), TIAVO (60 %), OTIV (50 %), AECA (100 %), ADEFI (10 %),Vola Mahasoa (30 %), SIPEM (10 %).
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Nom de lunion Localisation
Nombre de
caisses/agences Nombre dadhrents Encours de crdit (1)
URCECAM*
VAKINANKARATRA Antsirabe 32 16 307 1 733,8
MENABE Morondava 13 7 535 280
AMORONI MANIA Ambositra 25 12 540 1 894,5
BONGOLAVA Tsiroanomandidy 14 9 549 957,7
ITASY Miarinarivo 24 11 455 2 672,1
IVONIMERINA Ambatolampy 18 8 006 799,1
ANALAMANGA Antananarivo 26 13 974 2 442,9
SOFIA Antsohihy 17 12 350 485 4
ALAOTRA Ambatondrazaka 12 4 701 2 094,5Sous-total 181 96 417 13 359,9
TIAVO
FITIA Fianarantsoa 59 33 481 2 256,9
Sous-total 59 33 481 2 256,9
OTIV
ANTANANARIVO Antananarivo 41 61 583 4 013,3
TOAMISINA Toamasina 13 28 527 4 148,1
AMBATONDRAZAKA Ambatondrazaka 12 19 082 5 616,8
DIANA Antsiranana 12 22 123 784,5
SAVA Sambava 18 19 177 1 732,3
Sous-total 96 150 492 16 295,1
AECA
TAFITA Marovoay (rive droite) 20 2 299 11,1
AVOTRA Marovoa (rive gauche) 13 986 21,9
Sous-total 33 3 285 33
ADFI 42 8 203 11 874
Sous-total 42 8 203 11 874
TOTAL 411 291 878 43 818,9
* Union rgionale des caisses dpargne et de crdit agricole mutuelles. (1) en millions MGA.
Source : APIFM.
(1) en millions MGA.
Source : AIM.
Nom de lIMF non mutualiste Nombre de clients (encours) Encours de crdit (1)
CEFOR 4 547 314,2
VOLA MAHASOA 6 498 814,2
SIPEM 1 441 3 867,1
SOAVITA 75 15,5
SAF FJKM 476 11,4
APEM PAIQ 2 376 149,6
TOTAL 15 413 5 172
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valuation dinstitutions de microfinance en milieu rural Madagascar
17exPostexPost AFD 2008
C. Une gamme complte de produitsParmi les IMF soutenues par les concours de lAFD, les
CECAM constituent assurment une exprience unique et
atypique au niveau international. En effet, une gamme com-
plte de produits articule autour des besoins du paysannat
a t mise en place : le crdit productif pour accrotre la pro-
duction (intrants, semences, main-duvre, petit matriel),
le prt GCV pour valoriser dans les meilleures conditions
cette production et le crdit LVM pour soutenir linvestisse-
ment. Si le crdit bail est une technique connue, sa mise en
uvre effective en milieu rural par les CECAM constitue uneinnovation au niveau des pratiques de la microfinance inter-
nationale.
Ces produits sinscrivent dans une certaine trajectoire de
crdits : ainsi un prt GCV pourra permettre de rembourser
un crdit productif et de financer des cultures de contre-sai-
son, alors que le crdit LVM permet de soutenir une diversi-
fication des activits et le dveloppement de la productivit
agricole8.
La force de loffre CECAM est de partir des besoins du pay-
san et darriver adapter la mise en place et les rembourse-
ments sur le cycle cultural. Les produits CECAM sont dfinis
au niveau national dans leurs caractristiques gnrales
mais avec un calendrier spcifique par rgion et une dcision
doctroi prise au plus prs du terrain par un comit de crdit
constitu de socitaires. Ainsi, il est possible dintgrer, dans
une certaine mesure, les spcificits agro-cologiques
locales qui vont conduire, par exemple, une, deux voire
trois rcoltes de riz par an et donc des dures de crditsdiffrentes.
Cette offre de crdits lis lactivit conomique est ren-
force par des prts permettant de satisfaire les besoins
sociaux mais il nexiste pas doffre de crdit spcifique pour
lhabitat (construction ou amlioration). Des produits
dpargne (compte vue non rmunr, compte terme,
compte pargne) compltent la gamme. En revanche, aucun
produit dassurance (maladie, conomique) nest propos.
Les deux produits phares et innovants des IMF malgaches le crdit GCV et la LVM mritent un dveloppement sp-
cifique.
D. Le crdit GCV
Le crdit GCV est un crdit de stockage visant aider le
producteur agricole commercialiser ses produits un
moment o les prix dachat lui seront les plus favorables. Il
existait avant (exprience franaise mene dans les annes
1930 ou exprience malgache conduite par la BTM), mais il
est devenu pleinement oprationnel grce au rseauCECAM dont cest le produit phare (7 milliards MGA octroys
en 2006, soit un tiers de lactivit crdit). Ce modle se diffu-
se et ses modalits sont reprises par dautres, que ce soit
Vola Mahasoa, TIAVO ou dautres institutions.
Le GCV est un produit intressant lors des fortes fluctua-
tions de prix pendant la priode de soudure. Cest le cas pour
le riz Madagascar, lexception de 2005 o le processus a
t perturb par un stockage massif du riz et des importations
bas prix qui se sont retrouves simultanment sur le mar-ch la soudure, entranant une chute des cours et des diffi-
cults de remboursement des crdits GCV. Le crdit GCV est
en train dtre tendu dautres spculations (manioc, mas,
girofle) mais avec certaines difficults : ainsi pour le mas du
sud-ouest stock cette anne et dont la valeur baisse au lieu
daugmenter. Lenjeu du GCV est donc une bonne anticipa-
tion des prix agricoles (passant notamment par la consolida-
tion des observatoires des prix agricoles).
Ce type de crdit ne connat que trs peu dimpays car lespaysans rcuprent normalement plus la vente que le
montant de leur crdit (les CECAM prtent 75 % du prix de
vente estim pour le riz et 65 % pour les autres produits +
intrts) si le march a bien augment. Le produit stock sert
en outre de garantie pour lorganisation.
8 Lenqute auprs de 500 mnages ralise par les CECAM en 2006 montreque 19 % des socitaires ont recours au moins quatre produits diffrents ;35 % utilisent trois produits avec pour combinaisons les plus frquentes lescrdits productif-GCV-social et les crdits productif-GCV-LVM ; 30 % dessocitaires ont deux crdits avec un crdit productif associ soit un GCV, soit un crdit social ; 11 % nont quun crdit et 5 % des socitaires nen ont pas.
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Le crdit GCV va toucher les producteurs qui dgagent unsurplus commercialisable, dont la vente va leur permettre de
subvenir une grande partie de leurs besoins. Il concerne
moins les exploitants qui natteignent pas ou qui sont la
limite de lautosuffisance en temps normal et dont la probl-
matique est de conserver des stocks pour leur alimentation
et non pour la vente.
Le crdit GCV nest pas utilis uniquement pour stocker les
rcoltes. Il sert galement dans certains cas stocker du riz
achet. Cette pratique concerne des agriculteurs quiempruntent au dpart avec leur riz puis achtent du riz sur le
march et contractent un nouveau prt GCV. Elle peut aussi
concerner des collecteurs professionnels. Les IMF mutua-
listes sefforcent dtre vigilantes sur ce point pour viter tout
phnomne spculatif. Certaines IMF pratiquent des taux
diffrencis9. Signalons galement que le manque de gre-
niers aux normes dans certaines zones freine la mise en
place des crdits.
Au final, le crdit GCV semble constituer un bon outil pourmaintenir les rcoltes sur le lieu de production et donc am-
liorer la scurit alimentaire locale. Il contribue la rgulation
du march et a un impact favorable sur les revenus des pay-
sans qui disposent dun excdent de production commercia-
lisable.
Le savoir-faire de lIMF sexprime travers sa capacit
bien dfinir les prix de rfrence des produits permettant
dasseoir le montant du crdit et mettre en place les crdits
au bon moment pour lagriculteur. Les observatoires locauxdes prix de crdit et des agents de crdit ont un rle dter-
minant jouer cet gard.
E. La LVM
La LVM (appele aussi LVE dans des structures non
mutualistes) sappuie sur une procdure classique de crdit
bail10. Lexprience de LVM dmontre que le crdit bail
adapt la microfinance est une innovation permettant de
financer linvestissement agricole une chelle significative
pour le dveloppement. Conjugu des procdures rigou-reuses daccs et de suivi, le mcanisme de crdit bail per-
met dobtenir un niveau satisfaisant de scurisation du cr-
dit11.
Le crdit bail est un rel lment de dynamisme dans le
monde rural. Ainsi, le rseau CECAM a mis en place prs de
2 400 LVM en 2006 pour un montant de 3,4 milliards MGA.
La LVM est utilise pour financer une large gamme dinves-
tissements allant de 60 000 MGA 17 millions MGA, avec
une dure de crdit de deux 36 mois (20 mois en moyen-ne en 2006). Lobjet du financement volue dans le temps.
Ainsi, la comparaison des rsultats des enqutes menes
par les CECAM auprs de 500 mnages en 2003 et 2006 fait
apparatre une rduction des utilisations de la LVM pour lac-
quisition dquipements agricoles au profit de lachat dani-
maux (vaches laitires notamment) et dquipements non
agricoles. En revanche, la part des quipements mnagers
financs avec des LVM reste stable. Ces donnes sont diffi-
cilement extrapolables tant donne la taille de lchantillon
mais elles suggrent des tendances.
Ce produit participe laccumulation de capitaux et
lamlioration des capacits de production dans le milieu
rural. Il soriente plus vers des mnages moyens et aiss12,
9 La CECAM pratique des taux dintrt distincts pour les producteurs (3 %par mois) et pour les oprateurs conomiques (3,5 % par mois).
10 Le rseau CECAM acquiert un bien choisi par le socitaire qui en fait lademande. Celui-ci en devient locataire, moyennant un apport personnel,une garantie dun montant quivalant une fourchette allant de 50 150 %
de la valeur du bien et le versement rgulier dun loyer, avec un taux din-trt de 2,5 3,5 % par mois. Le rseau reste propritaire du bien jusquce quil soit entirement rembours. En cas de dfaut de paiement du loyer,le rseau peut reprendre son bien, sans procdure spcifique de conten-tieux.
11 Wampfler, B., E. Bouquet et E. Ralison (2007).
12 Ltude mene par le Centre de coopration internationale en rechercheagronomique pour le dveloppement (CIRAD) souligne galement desmodalits dimpact diffrencies selon les catgories dusagers des ser-vices financiers. Pour les mnages pauvres, limpact se traduit plutt entermes de rduction de la vulnrabilit conomique, damlioration de lascurit alimentaire et daugmentation ponctuelle de la capacit de pro-duction, via notamment le produit GCV. Pour les mnages moyens etaiss, limpact se traduit plutt en termes daugmentation des investisse-ments et donc damlioration moyen et long termes de la capacit de pro-duction et daccumulation.
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valuation dinstitutions de microfinance en milieu rural Madagascar
19exPostexPost AFD 2008
avec de lemploi induit en milieu rural (fourniture de fourra-ge, journaliers).
Le crdit investissement se dveloppe en cohrence avec
lmergence de microentrepreneurs souligne plus haut. Ceux-
ci sont accompagns par les IMF (en particulier les CECAM,
Vola Mahasoa et TIAVO) dans leur trajectoire conomique. Les
IMF y trouvent une source de rentabilit avec des volumes de
crdit croissants par client et des risques se rduisant avec la
diversification des activits et des actifs possds.
F. Les limites au dveloppement de la microfinance rurale
Si lon reprend une division du pays en 20 rgions agro-
cologiques13 telles que dfinies par le projet dappui la
microfinance (PAMF) (statistiques au 30 juin 2003), on ne
trouve que deux rgions sans point de service (Betsiboka et
Melaky). Cependant, plusieurs restent trs peu couvertes
par des IMF offrant du crdit (Atsimo-Andrefana, Mangoro,
Tolagnaro, Atsimo-Atsinana, Horomb) et les disparits entre
rgions sont importantes (CGAP, 2005).
Cette relativement bonne couverture apparente ne doit pas
faire oublier que les caisses et agences des IMF se dve-
loppent essentiellement le long des axes goudronns et des
pistes rgulirement entretenues, pour des raisons vi-
dentes de cot du service. Par ailleurs, le nombre de soci-
taires/clients parat faible par rapport au nombre dagricul-
teurs dans les zones desservies : il y a de la marge pour
conduire des actions de densification des rseaux.
Notons galement dans certaines zones frappes par descrises alimentaires rcurrentes la difficult de financera prio-
ri toute forme dagriculture : un paysan peut-il accepter un
crdit si sa rcolte est totalement alatoire, du fait de fac-
teurs climatiques ou dpidmies quil ne matrise pas ? Il
convient de souligner ici la dmarche engage par
Mahavotse dans lAndroy.
Cette rgion au sud de Madagascar est rgulirement tou-
che par des crises alimentaires (kr). Sa population est
rpute pour la force et la richesse de ses traditions et sabonne cohsion sociale, ce qui donne une assise aux inter-
ventions solidaires mais sur quel type de solidarit se
baser et quels produits faut-il mettre en uvre ?
Confie une jeune anthropologue, une premire tude14
a t ralise pour mieux comprendre les structures cono-
miques familiales, les logiques et les stratgies des habitants
de lAndroy face aux situations de crise et les modalits de
gestion de la trsorerie familiale (pargne, recours au crdit).
Ce travail sarticule avec une seconde tude plus classiquede clientle15 qui analyse les usages de crdit, apprhende
la satisfaction de la clientle, propose une typologie socio-
conomique permettant de segmenter la clientle et, enfin,
examine les raisons de non-adhsion. Ces deux travaux ont
t complts en juin 2007 par une tude du directeur scien-
tifique du GRET16 dont lobjet est de contribuer une
meilleure adaptation des mthodes et du mode opratoire de
Mahavotse dans son contexte, travers trois axes de travail :
amliorer les mthodes de gestion des risques, affiner la
rflexion sur linnovation produit et capitaliser sur lesmthodes de gestion de crise sur la base de lexprience du
kr en 2006. Ces tudes ont permis didentifier plusieurs
pistes pour des produits innovants, en particulier concernant
laccompagnement des sorties de crise.
Dans un autre registre, il est remarquable de constater que
le rseau CECAM ne finance pratiquement plus les organi-
sations paysannes (OP) alors quelles ont eu un long par-
cours commun. Les prts aux OP ont donn lieu des
impays importants et les IMF considrent que la profes-sionnalisation de leur gestion na pas suivi. Pourtant, le
besoin de financement des OP demeure.
13 La division administrative comprend 22 rgions.
14 Bidaud-Rakotoarivony, C. (2007).
15 Manach, J. (2007).
16 Lavigne Delville, P. (2007).
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20 exPostexPost AFD 2008
Des partenariats de type projets agricoles et IMF exis-tent en milieu rural (Mahavotse Vola Mahasoa, TIAVO) mais
ils ne sont pas toujours faciles mettre en uvre, notam-
ment lorsquil y a des logiques diffrentes face la prenni-
sation : pour une IMF, cette prennisation sera financire
alors quun projet agricole peut sintresser avant tout aux
dynamiques cres.
Enfin, il est intressant de noter que le dbat sur la bonifica-
tion des taux dintrt revient dans lagenda politique mal-
gache17
alors que la position de la communaut financire yest plutt dfavorable (voir par exemple CGAP, 2005). Une
bonification dintrts pour des intrants agricoles a t mise en
place depuis trois ans. Cette question mriterait dtre value
plus prcisment en dehors de tout a priori idologique. Il
serait aussi intressant de mieux capitaliser sur une exprien-
ce de bonification avec des crdits dquipement (moiti des
intrts pris en charge par TIKO pour lachat de vaches lai-
tires sur ses parcours de collecte de lait) qui peut rpondre
des critres dadditionnalit et de bnfice rciproque.
4.3. Une prennit de loffre actuelle encore fragile
Lensemble de ces points pose plus largement la question
de la prennit de loffre actuelle. La fragilit de la microfi-
nance malgache est un thme qui revient de manire rcur-
rente (CGAP, 2005). Les structures lorigine de la crois-
sance exponentielle de lactivit sont-elles viables ?
Cette question mrite dtre tudie au niveau national
(stratgie, organes de contrle) et au niveau des institu-
tions de microfinance (gouvernance interne, viabilit finan-
cire et concurrence entre IMF). Celles-ci pourront-elles
financer leur croissance ? Ne vont-elles pas tre tentes de
se dvelopper sur de nouveaux marchs plus rentables ?
4.4. Un contexte institutionnel favorable
Le secteur de la microfinance Madagascar est en pleine
volution, avec la mise en place dune stratgie nationale en
juin 2004, actualise en octobre 2007 lissue dune valua-
tion mi-parcours, et ladoption dun nouveau cadre lgislatif
(loi 2005-016 du 29 septembre 2005 et ses dcrets dappli-cation) qui doit tre complt par des instructions sur la sant
financire des IMF, la mise en conformit des institutions ce
nouveau cadre ainsi que le renforcement des capacits de
contrle de la Commission de supervision bancaire et finan-
cire (CSBF) et de suivi de la Coordination nationale de la
microfinance (CNMF). Aujourdhui, la libert des taux existe,
ce qui est un lment favorable dans la perspective de lau-
tonomie financire : les IMF peuvent, si elles le souhaitent,
appliquer des taux leur permettant dquilibrer leurs activits.
A. Une stratgie nationale de la microfinance qui vient
dtre actualise
La SNMF a t approuve et valide par le gouvernement
en juin 2004. Elle faisait suite un diagnostic et un tat des
lieux raliss en aot 2003, en concertation avec les acteursde lpoque. Le secteur de la microfinance prsentait alors
les faiblesses suivantes :
absence de cadre lgal et rglementaire, de politique
nationale adquate pour le secteur et de vritable coordi-
nation au niveau national ;
17 Le colloque organis Paris par la Fondation pour lagriculture et la rurali-t dans le monde (FARM) en dcembre 2007 a abord cette question enprsentant plusieurs exemples de bonifications de taux (Brsil,Madagascar).
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valuation dinstitutions de microfinance en milieu rural Madagascar
21exPostexPost AFD 2008
couverture gographique incomplte, surtout en milieurural un problme aggrav par ltat des infrastructures
routires ;
absence de professionnalisation du secteur et manque
dappuis pour y faire face ;
insuffisance des sources de refinancement sur le moyen
et long termes et difficult datteinte de lautonomie finan-
cire.
Forte de ce diagnostic, la SNMF 2004/2009 sest fix plu-
sieurs grands objectifs :
amliorer le cadre conomique, lgal et rglementaire pour
un dveloppement harmonieux et scuris du secteur ;
offrir des produits et services adapts, diversifis et en
augmentation de faon viable et prenne notamment
dans les zones non encore couvertes par des IMF pro-
fessionnelles ;
organiser le cadre institutionnel de manire permettre
une bonne structuration du secteur, une meilleure infor-
mation et communication entre les acteurs, une coordi-nation efficace du secteur et une conduite efficiente de la
SNMF.
Ces principaux objectifs constituent les trois axes strat-
giques de la SNMF 2004/2009 qui sont ensuite dclins en
objectifs spcifiques et traduits en actions. La ralisation de
ces actions devait se traduire par un nombre demprunteurs
actifs de lordre de 296 000 et un encours de crdit atteignant
120 milliards MGA (48 millions EUR) en 2009.
Une actualisation de la SNMF (2008/2012) a t ralise
en octobre 2007, la suite dune revue mi-parcours de ses
rsultats.
Ce nouveau document confirme les principes gnraux
retenus pour la SNMF 2004/2009, savoir :
le rle prminent accord au secteur priv et aux IMF
dans loffre de produits et de services financiers ;
labsence dexcution directe de programmes de microfi-nance par le gouvernement ;
lorientation vers le march des politiques financires et
de crdit.
Ces principes sont conformes aux bonnes pratiques pour le
secteur de la microfinance dfendues par le Groupe consul-
tatif dassistance aux pauvres (CGAP).
Par rapport aux trois axes voqus ci-dessus, les ralisa-
tions peuvent se rsumer ainsi :
le cadre macro-conomique a t amlior et une nou-
velle loi sur la microfinance publie. Des mesures com-
plmentaires sont cependant ncessaires (voir infra) ;
les actions pour le renforcement de la professionnalisa-
tion des IMF sont poursuivre et intensifier (voir
point 2, supra) ;
les acteurs du pilotage et de la coordination prvus par la
SNMF devraient affirmer leur leadership dans la conduite
du plan daction.
Comme pour la stratgie initiale, une dclinaison sous
forme dactions a t ralise et annexe dans la SNMF
2008/2012. Des objectifs quantitatifs ambitieux ont t
nouveau fixs : 856 000 emprunteurs et un encours de cr-
dit de 162 milliards MGA (64,8 millions EUR) en 2012.
Ce type de dmarche et les opportunits de march qui
existent constituent videmment un contexte favorable pour
les IMF qui souhaitent se dvelopper Madagascar.
B. Un nouveau cadre lgal et rglementaire oprationna-
liser
Avant les annes 1990, le secteur financier tait largement
public et se composait de banques sectorielles (une banque
agricole, une banque pour lindustrie). Comme nous
lavons vu propos du secteur agricole, le systme bancaire
a t libralis et privatis au dbut des annes 1990, avec
les encouragements du FMI et de la Banque mondiale. Les
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Srie Evaluation et capitalisation n 13
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banques nationales ont t privatises et, cette occasion,rachetes par des groupes trangers (la BTM par la BOA, la
BNI par le Crdit lyonnais, la BFV par la Socit gnrale).
Par rapport dautres pays en dveloppement, Madagascar
dispose dun secteur bancaire relativement solide et en plein
essor : on dnombrait la fin de lanne 20 tablissements
de crdit dont huit banques territoriales, cinq tablissements
financiers et huit institutions financires mutualistes.
Une premire rglementation, adopte en 199618, a donn
la responsabilit de la supervision bancaire la CSBF de labanque centrale. Elle limitait lexercice de la microfinance
aux structures mutualistes ou associatives. largi en 2005,
ce cadre juridique autorise dsormais des socits prives,
SA ou SARL, exercer la microfinance.
La nouvelle loi distingue trois niveaux dIMF, progressifs en
fonction de la taille, de la complexit et du volume des op-
rations et selon quelles collectent ou non les dpts de leurs
membres ou du public (annexe E).19
Cette loi a t complte par le dcret 2007-012 fixant les
formes juridiques des IMF et les modalits de leur immatricula-
tion au registre du commerce et des socits ainsi que par ledcret 2007-013 portant fixation du capital minimum des ta-
blissements de crdit et de la valeur nominale des titres de par-
ticipation (rpublique de Madagascar, MEFB, 2007a et 2007b).
Ce cadre reste finaliser par des instructions complmen-
taires concernant la sant financire des IMF : modalits pr-
cises de calcul des provisions pour crances douteuses,
dtermination des actions entreprendre dans le cas de
dpassements de seuils critiques en matire dimpays
Pour assurer une surveillance adquate dun secteur en
pleine croissance, les capacits de la CSBF doivent tre ren-
forces. La mise en place progressive dune centrale des
risques est galement envisage, en commenant par traiter
les lments dinformation qui font consensus. Ce point est
sensible, compte tenu du dveloppement de la concurrence
dans certaines zones.
Enfin, lun des grands enjeux est la mise en conformit des
IMF avec le nouveau cadre lgal et rglementaire ce qui pose indirectement la question de lamlioration de leurs
capacits et de leurs modes de gouvernance internes.
4.5. Des gouvernances internes en progrs
Lanalyse de la gouvernance a port sur deux rseaux
mutualistes (CECAM et TIAVO) et deux structures non
mutualistes (Vola Mahasoa et Mahavotse). Lexamen aconcern le double niveau du mode de gouvernement et du
mode de gestion mis en place par ces institutions.
Si les modes de gouvernement sont par nature diffrents
entre tablissements mutualistes et non mutualistes, il est
remarquable de constater que, dans la pratique, leur inter-
vention en milieu rural se fonde sur des valeurs communes
de solidarit. Lun des enjeux partags est limplication des
lus et des responsables aux cts des salaris.
Des procdures claires, un systme dinformation fiable et
rapide pour prparer les dcisions et rendre compte de lac-
tivit, un systme de contrle efficace sappuyant sur cesinformations et des niveaux appropris de comptences
chez les salaris sont galement des lments cls dune
bonne gouvernance. ce niveau, des progrs importants ont
t raliss. La gestion se professionnalise avec pour princi-
pal enjeu la cration de centrales de services et de structures
fatires prennes.
18 Loi 95-030 du 22 fvrier 1996 relative lactivit et au contrle des tablis-sements de crdit, dite loi bancaire (rpublique de Madagascar, 1996).
19 Loi 2005-016.
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23exPostexPost AFD 2008
A.. Des modes de gouvernement qui se rapprochent Madagascar, les rseaux mutualistes se sont dvelopps
sur la base de produits de crdit individuel. Lapproche
mutualiste faonne une solidarit financire qui sopre tra-
vers le versement de parts sociales fixes ou variables. Ces
rseaux reposent sur des lus locaux, reprsentatifs de la
population paysanne, assists de salaris pays par le sige
de linstitution. La gestion revient aux salaris, tandis que les
dcisions appartiennent aux lus.
Ce mode dorganisation, qui requiert ladhsion des luspour toute prise de dcision, est susceptible de gnrer des
lourdeurs dans le processus de dcision. Des divergences
peuvent apparatre entre les stratgies dinstitutionnalisation
des salaris et les stratgies interventionnistes des lus.
Toutefois, on observe dans le rseau CECAM un rapproche-
ment des points de vue entre techniciens (qui font la part des
choses) et lus (qui apprhendent mieux la ncessit dqui-
librer lactivit au plan financier) sur, par exemple, lintrt
des gros crdits en milieu urbain la suite dimpays. Des
tensions sont nanmoins apparues lors de difficults rencon-tres par les caisses rgionales du Menabe et de Sofia (arrt
de lactivit ou restructuration).
Madagascar abrite plusieurs formes de structures non mutua-
listes : ONG, associations malgaches ou trangres, tablisse-
ments financiers. Les structures tudies (Vola Mahasoa et
Mahavotse) appuient leur intervention en milieu rural sur une
garantie solidaire au sein dun groupe de personnes.
Le crdit individuel est galement propos mais il sadres-se une population ayant dj contract plusieurs crdits
solidaires ou prsentant, le plus souvent en milieu urbain,
des garanties solides. Mahavotse tente dvoluer vers un
crdit individuel, mais la question de la connaissance des
clients est pose pour valuer de faon pertinente les
demandes de crdit et les garanties.
Toutefois, le crdit assis sur des groupes solidaires prdo-
mine en milieu rural pour ces structures non mutualistes ce
qui permet davoir une meilleure information sur les bnfi-ciaires et de limiter les cots. Par ailleurs, on constate une
tendance soutenue de crer au-dessus de ces groupes une
structure souveraine qui runit ces entits au sein dun orga-
nisme solidaire qui na pas forcment dexistence juridique
relle. Cest le cas des intergroupes Vola Mahasoa, qui
sarticulent autour de sept groupes et assurent les dcisions
de crdit ainsi quune caution mutuelle entre ses membres.
Par dfinition, les modes de gouvernance entre mutualistes
et non mutualistes sont diffrents. Nanmoins, desdmarches similaires de cautionnement mutuel ont pu tre
mises en avant, que ce soit par le mutualisme, au niveau de
la structure mme ou via la structure fatire, ou par des
structures non mutualistes telles que Vola Mahasoa, qui
assure une caution mutuelle entre les groupes par des inter-
groupes qui sont parties prenantes de la dcision doctroi.
On assiste ainsi un rapprochement entre un mutualisme
qui pratique le crdit individuel (arrt des prts aux OP) et un
crdit solidaire qui se consolide par le cautionnement mutuel(intergroupes de solidarit). Ds lors, les organisations se
distinguent nettement moins par leur forme de gouvernance
que par les activits pratiques (crdit, collecte de
lpargne) et les montants octroys. Lapproche de la nou-
velle loi sur la microfinance devient dautant plus cohrente
que la classification des IMF se fait selon leur activit et non
selon le type dorganisations (mutualistes et non mutualistes)
et avec la volont de crer une association des IMF.
B. Entre intrt et intressement : comment impliquer leslus et les responsables ?
Pourquoi un lu va-t-il consacrer une partie de son temps
la gestion dune caisse en milieu rural ? Est-ce lhonneur de
llection et de la reprsentation ? Pourquoi un responsable
dun groupe solidaire va-t-il se sentir investi dune mission au
sein dun intergroupe dans un village ?
Les expriences tudies rapportent des vcus divers mais
tmoignent dun rel intrt pour organiser et diriger ces
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24 exPostexPost AFD 2008
rseaux et pour concourir au dveloppement local. Notonsque lune des IMF tudie rmunre la participation de ces
responsables ( hauteur dun pourcentage des intrts
chus), tandis que les autres se contentent de rembourser
les frais occasionns (dplacements), en sappuyant plus
largement sur le bnvolat et lattrait des formations qui y
sont associes.
Ces lus et ces responsables se retrouvent au sein dautres
organisations, comme les OP notamment. Ils insistent gale-
ment sur les apports quils retirent sur un plan personnel desformations reues et des contacts quils nouent avec le
monde extrieur.
C. Lenjeu de la formation et des ressources humaines
Dans un contexte de concurrence accrue pour des comp-
tences rares, la question des ressources humaines apparat
dautant plus stratgique Madagascar. Dans les deux types
dorganisation tudis, le recrutement de salaris comp-
tents est un enjeu majeur. Des stratgies de dbauchage
drgulent quelque peu le march et larrive de nouveauxacteurs aux stratgies et objectifs diffrents (Microcred, Aga
Khan, AccsBanque) entrane de nouveaux risques.
Dans ces conditions, les rseaux aliments sur des
logiques de projets ont tendance payer plus et capter une
certaine ressource, tandis que les rseaux qui sont dans une
stratgie dinstitutionnalisation auront tendance payer des
salaires moindres mais valoriser la formation interne et les
constructions de carrire. Cependant, en cas de difficults
conjoncturelles, les dpenses de formation sont souvent lespremires tre rduites.
Les structures mutualistes connaissent une difficult sup-
plmentaire : la ncessaire formation de leurs lus. Ce
cot, souvent sous-estim et structurellement rcurrent,
prend toutefois une valeur de bien public. En effet, ces lus
forms vont participer et ils y sont encourags lani-
mation ou la direction dautres structures, dautres orga-
nisations. Cela pose la question des moyens : cette forma-
tion se rvle coteuse dans la ralit, les parrainagestant ncessairement limits du fait de leur cot (missions
rciproques France/Madagascar) et la disponibilit de
bons acteurs tant par dfinition rare, donc onreuse. Dans
cette dernire problmatique, il est intressant de noter
lexprience dICAR et de ses neuf caisses rgionales du
rseau Crdit agricole, qui se spcialisent dans un appui
technique prcis, avec une relle stratgie de complmen-
tarit. Cela pse moins sur leurs propres ressources
humaines et permet de sappuyer sur des personnes moti-
ves dans le rseau.
On voit par l que la formation est un vritable enjeu pour
la microfinance Madagascar. Elle sinscrit dans le long
terme et mrite dtre soutenue par un mcanisme national
appropri favorisant la mise en place et le financement de
formations professionnelles adaptes aux besoins de la
microfinance (techniciens et lus).
D. Des systmes de gestion et un contrle interne qui se
professionnalisentLes institutions qui interviennent en milieu rural, quel que
soit leur mode de gouvernance, doivent sappuyer sur un
corps de procdures solide servant de rfrence pour len-
semble du personnel. Trois manuels sont en gnral dispo-
nibles : le manuel de procdures oprationnelles, le manuel
de procdures comptables et financires et le manuel dau-
dit interne. Lorsque linstitution intervient en rseaux, il
apparat ncessaire duniformiser ces procdures en dve-
loppant la concertation, afin quelles soient bien intgres
par le personnel ou les membres du rseau. Par ailleurs, ilconvient de veiller leur actualisation rgulire, afin de les
amliorer sur la base de lexprience et de ne pas les
considrer comme figes. Les IMF tudies sont toutes
bien avances dans la mise en place de manuels de pro-
cdures. Il sagit dsormais de favoriser lappropriation des
manuels par les agents, notamment loccasion des mises
jour. Certaines institutions organisent des ateliers de
concertation qui permettent de faire voluer les procdures,
partir de discussions en interne. Le processus reste
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nanmoins long, pouvant fragiliser les IMF dans un contex-te de dveloppement de la concurrence o la ractivit est
essentielle.
Les IMF en milieu rural Madagascar sont toutes confron-
tes des difficults de communication et de transmission
de linformation. Lutilisation de systmes dinformation et de
gestion (SIG) efficaces devrait permettre de faire face ces
difficults inhrentes lintervention en milieu recul. Il sagit
en particulier de limiter les saisies manuelles et, ce faisant,
les risques derreurs. De nouveaux SIG sont en cours dedploiement dans les quatre IMF tudies. Trois dentre elles
ont retenu un logiciel dvelopp par une socit locale. La
dernire a recours un logiciel import avec un appui dis-
tance qui lui donne satisfaction. travers leur SIG mais aussi
grce des enqutes auprs des mnages, les CECAM dis-
posent dune vritable mmoire dorganisation et dune base
de donnes utilisable pour orienter la stratgie et initier des
tudes dimpact.
Pour une bonne gestion, la mise en place dun systme decontrle et dinspection efficace, qui accompagne la dcen-
tralisation propre lintervention en milieu rural, se rvle
indispensable. Ainsi, des procdures de contrle doivent tre
dfinies, sur la base de contrles rguliers contradictoires et
de contrles inopins. Ces inspections doivent viser res-
ponsabiliser les bureaux locaux, favoriser la dcentralisa-
tion et donc lextension gographique des rseaux. Les
corps dinspection sont une priorit des IMF qui y voient ga-
lement des viviers pour de futurs responsables opration-
nels.
Ces lments permettent de limiter le risque li lloigne-
ment et la dcentralisation des IMF implantes en milieu
rural. Se pose nanmoins la question de leur structuration et
de la mise en commun des moyens.
Rappelons toutefois que le cot de la mise en place de SIG
et le cot de linspection correspondent des dpenses que
toutes les IMF ne sont pas en mesure dassumer.
E. Les enjeux dune centrale de servicesLe besoin de professionnalisation des rseaux conduit
ncessairement la question dune structure fatire partir
dun certain niveau de dveloppement. Si la ncessit tech-
nique dune telle structure est en rgle gnrale bien admi-
se, en dpit des rticences sur le transfert de pouvoirs quel-
le implique, la principale question est celle de son cot et de
la capacit du rseau le supporter. On constate
Madagascar que la plupart des rseaux sappuient ou cher-
chent sappuyer sur une structure fatire dont la mission
est technique et financire (INTERCECAM pour les CECAM,projet FITIA pour TIAVO).
Dans ces conditions, il est ncessaire davoir un certain
volume dactivits pour quilibrer lexistence de telles struc-
tures si bien que les bailleurs de fonds sont sollicits pour
couvrir au dmarrage une partie de leurs cots. Les subven-
tions ainsi accordes par les bailleurs de fonds, qui visent
lautonomie financire des IMF, sont ncessairement dgres-
sives. Des tensions apparaissent partir du moment o les
prestations sont pleinement refactures aux caisses qui enmesurent ds lors le cot vritable. Ainsi, seuls les rseaux
importants peuvent soffrir une telle structure.
Pour atteindre la taille critique, la question se pose de crer
une centrale de services qui ne serait plus ddie une IMF
particulire mais qui proposerait ses services la carte plu-
sieurs clients. Ce choix de diversit implique un risque pour
lIMF qui y a recours, puisque la centrale est susceptible dvo-
luer vers des crneaux plus rentables, perdant ainsi sa finalit
originelle20. Cependant, in fine, la contrainte dune structurefatire quilibre financirement demeure essentielle.
Cette question doit amener une rflexion sur la constitu-
tion dalliances entre rseaux dinstitutions rgionales de
microfinance, intervenant la fois en milieu rural dans une
optique principale de prteur et en milieu urbain comme col-
lecteur dpargne.
20 Ce risque peut tre illustr par le cas dune structure de refinancement qui setransformerait en banque classique et renoncerait au refinancement de lIMF
qui en est lorigine si de meilleures opportunits se prsentaient ailleurs.
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26 exPostexPost AFD 2008
4.6. Une viabilit financire limite dans un contexte de concurrence accrue
Lintervention des IMF en milieu rural est associe des
cots de structure importants, lis la fois aux transports et
lindispensable processus de dcentralisation. De plus, les
IMF en milieu rural sadressent une cible de population
dfavorise, donc majoritairement avec des petits crdits
dont le cot marginal de gestion est de fait important. La
question de la prennit de lintervention en milieu rural est
donc pose et ce, dautant plus que la concurrence entre
rseaux ne cesse de crotre.
Ds lors, des stratgies de prquation entre zones
urbaines et zones rurales se mettent en place. Les IMF qui
taient initialement implantes en milieu rural ouvrent des
agences en milieu urbain ou priurbain. Un mouvement
parallle semble galement sesquisser chez les IMF initiale-
ment cres en milieu urbain et disposant de ressources
excdentaires, certaines tant tentes par le dveloppement
dune clientle crdit en milieu rural.
A.. La viabilit financire limite des IMF en milieu rural
Pour des interventions dans un milieu rural recul ou
enclav, selon dautres terminologies qui ne peuvent pas
sappuyer sur une densit de population de type urbaine, suf-
fisante pour des interventions moins coteuses et plus ren-
tables, la structure deviendra viable Madagascar condi-
tion de pratiquer la dmarche suivante :
un taux mensuel des crdits octroys de lordre de 4
4,5 % ; une matrise extrmement rigoureuse des cots de fonc-
tionnement mais aussi travers une limitation au strict
ncessaire des investissements dont lamortissement
peut se rvler coteux, ce qui implique des dispositions
spcifiques pour les caisses recules et difficiles daccs ;
une intervention en crdit solidaire, permettant de limiter
les cots dinformation et de dlguer aux groupes une
partie du travail des agents de crdit (estimation des
garanties, collecte individuelle et limitation des recouvre-
ments qui sont extrmement coteux pour les structures,
la fois en termes de procdures associes que de cots
dopportunit dans un contexte de forte demande) ;
un gros effort sur le recouvrement, avec une bonne impli-
cation des groupes :
- utilisation de la pression sociale,
- adaptation des outils ;
un cot de la ressource faible et donc une politique de
subvention des bailleurs de fonds dans un premier tempsqui accompagne une stratgie forte de maintien en milieu
rural (mais qui ne limpose pas) porte par le conseil
dadministration de la structure.
La prennit de la structure est conforte par un rseau
mutualiste, si tant est que celui-ci bnficie dune vritable
implication financire de ses membres (souscription de parts
sociales fixes ou variables, dpts de garantie). Cest gale-
ment le cas pour des rseaux non mutualistes intervenant en
crdit de groupe, lorsquun niveau supplmentaire et solidai-re est constitu entre les groupes et lIMF (intergroupes). Ce
type de rseau permet de scuriser la structure en cas de
dfaillance ou de disparition dun groupe.
B. Le dveloppement de la concurrence
Comme nous lavons vu, les premires IMF sont apparues
au dbut des annes 1990 dans plusieurs rgions de
Madagascar, partir de projets soutenus par laide interna-
tionale et linitiative de diffrents oprateurs. Une phase de
croissance trs importante a t initie ds le milieu de cettedcennie. Elle sest traduite par la consolidation de ces
rseaux et leur extension dans des zones rurales non cou-
vertes ainsi quen priurbain. Une nouvelle phase est en train
de dmarrer, avec larrive de nouveaux acteurs qui se lan-
cent directement dans une activit de microfinance, principa-
lement en milieu urbain, sans passer par un projet de dve-
loppement et en sappuyant sur de nouvelles techniques de
commercialisation de leurs produits.
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Ces institutions financires ont beau ne pas tre directe-ment concurrentielles sur le secteur de la microfinance en
milieu rural, cette situation suscite des interrogations.
En effet, dans la stratgie daccompagnement de leur clien-
tle, les institutions de microfinance dj installes rehaus-
sent peu peu les plafonds de crdit. Larrive de nouveaux
acteurs ayant une stratgie de pntration peut dvelopper
des phnomnes de captation de leur clientle haute,
quelles accompagnent souvent depuis de nombreuses
annes. Le dveloppement de la concurrence est favorable cette clientle dentrepreneurs ruraux qui diversifient pro-
gressivement leurs activits et accumulent des biens, ce qui
les rend moins vulnrables aux alas de la production agri-
cole. La captation de cette clientle rentable et faible risque
fragilisera cependant les IMF en place en milieu rural, alors
quelles peinent pour la plupart atteindre lquilibre finan-
cier.
Paralllement cette concurrence sur la clientle, on
observe galement une concurrence sur les ressourceshumaines, qui peut tre trs pnalisante pour les IMF
implantes en milieu rural qui ont dj du mal recruter et
affecter du personnel dans certaines zones difficiles.
Linflation constate des salaires est bien entendu favorable
aux agents concerns mais peut, l encore, dstabiliser des
IMF lquilibre financier prcaire et donc les conduire se
recentrer sur lurbain et le priurbain au dtriment des zones
rurales enclaves. Des dbauchages de cadres et dagents
de crdit sont constats. Ils ont un cot important pour les
institutions qui ont investi dans leur formation.
On assiste galement une concurrence gographique
entre rseaux, au moins dans les zones les plus favorables.
C. Complmentarit des interventions en milieu rural et en
milieu urbain : vers un systme de prquation ?
Lun des constats des valuations ralises concerne la
tendance observe se tourner vers le milieu urbain, jug
plus rentable et capable dassumer la vi