Evaluation des capacités lors de la « toilette
Transcript of Evaluation des capacités lors de la « toilette
IFPEK Rennes
Institut de Formation en Ergothérapie de Rennes
UE 6.5 S6 – Evaluation de la pratique professionnelle et recherche
Marine PATY
Promotion 2016-2019
Evaluation des capacités lors de la « toilette » :
L’influence du contexte sur le choix de l’observation
comme support d’évaluation pour l’ergothérapeute
en réadaptation gériatrique
Conformément au code de la propriété intellectuelle, toute reproduction intégrale ou
partielle faite sans le consentement de l’auteur est illégale.
IFPEK Rennes
Institut de Formation en Ergothérapie de Rennes
UE 6.5 S6 – Evaluation de la pratique professionnelle et recherche
Sous la direction de Madame PERON Véronique, formatrice à l’IFE de Rennes.
En vue de l’obtention du diplôme d’Etat d’ergothérapeute
Marine PATY
2019
Evaluation des capacités lors de la « toilette » :
L’influence du contexte sur le choix de l’observation
comme support d’évaluation pour l’ergothérapeute
en réadaptation gériatrique
Remerciements
Je tiens à remercier Véronique Péron, ma directrice de mémoire pour sa patience, son accompagnement et ses conseils,
Les professionnels ayant participés aux entretiens,
Ma famille qui a su être présente, m’encourager et pour leurs relectures,
Ludivine et nos très longues soirées de travail,
Les ergothérapeutes de mon dernier stage pour leur soutien et leurs encouragements.
Merci à la promotion 2016 – 2019 et aux formateurs de l’IFE pour ces trois années.
« Nous avons tous tendance à projeter sur les autres nos propres désirs,
nos propres besoins, sans trop nous préoccuper des leurs.
Or il ne s’agit pas d’appliquer des techniques particulières […] à des adultes un peu âgés,
mais d’adapter des soins et des techniques aux besoins
et aux désirs de telle personne âgée. »
Hélène Barrère (1993)
Nom - Prénom : PATY Marine
« Evaluation des capacités lors de la « toilette » : L’influence du contexte sur le choix de
l’observation comme support d’évaluation pour l’ergothérapeute en réadaptation gériatrique »
Résumé :
Lors de son admission dans un établissement tels que les Soins de suite et de
Réadaptation (SSR), la personne âgée en situation de dépendance peut voir sa vie intime
dévoilée aux professionnels de santé incluant/dont l’ergothérapeute. Ce dernier peut être
amené à intervenir dans le cadre des soins d’hygiène : la « toilette », afin d’évaluer les
capacités de la personne dans ses activités de vie quotidienne.
Ce travail de recherche s’intéresse à l’observation de l’activité « toilette » par
l’ergothérapeute comme moyen d’évaluer la situation de dépendance chez la personne
âgée en SSR. L’objectif de cette étude est de mettre en évidence des éléments déterminant
le choix et la réalisation de cette mise en situation. Les apports théoriques ainsi que les
entretiens menés auprès d’ergothérapeutes et d’une aide-soignante ont permis de révéler
l’influence du cadre institutionnel et des représentations sociales des différents acteurs du
soin sur les conditions de réalisation de l’évaluation. Ce travail de recherche a permis de
faire émerger des pistes de réflexions quant à la manière dont est abordée l’évaluation, aux
alternatives pouvant être mises en place préalablement à l’observation de la toilette.
Mots-clés : Toilette – Ergothérapie – Vieillissement – Réadaptation – Evaluation
Abstract :
When elderly persons encounter limitations surrounding their daily living activities due
to a trauma or a disease, they often end up in care in a rehabilitation center. During this stay,
their intimacy can be exposed to health professionals including the occupational therapist.
Regarding their abilities, those professionals can assess functional and cognitive capacities
during daily living activities such as personal care.
This research had, as a focal point, the occupational therapist’s observation of personal care
as an assessment of the elderly persons’ abilities within rehabilitation centers. The aim of
the study is to investigate the factors affecting this assessment and how it is carried out. The
results of the interviews with several occupational therapists and a caregiver showed the
influence of the institutional framework and the health professionals’ social perceptions on
the assessment. This research work also lead to reflections about the alternative to the
observation as primary assessment tool of activities of daily living.
Keywords : Personal-care - Occupational therapy – Aging – Rehabilitation - Assessment
INSTITUT DE FORMATION EN ERGOTHERAPIE DE RENNES
12 rue Jean-Louis Bertrand, 35 000 RENNES
TRAVAIL ECRIT DE FIN D’ETUDES – Années 2018 - 2019
Sommaire
Introduction ........................................................................................... 1
1 Problématique .................................................................................. 2
1.1 Situation d’appel ....................................................................................................... 2
1.2 Questions de départ ................................................................................................. 3
1.3 Développement ........................................................................................................ 3
1.3.1 Intimité. ......................................................................................................... 3
1.3.2 Les professionnels intervenant lors de la toilette ........................................... 4
1.3.3 Le professionnel et le soin face au corps du soigné ...................................... 5
1.3.4 Déficiences et incapacités, Autonomie et indépendance ............................... 7
1.3.5 La toilette : hygiène et propreté ..................................................................... 7
1.3.6 Analyse des entretiens exploratoires ............................................................. 8
1.4 Question de recherche et hypothèses ....................................................................... 8
2 Cadre théorique ............................................................................. 10
2.1 Le vieillissement ..................................................................................................... 10
2.1.1 D’un point de vue biologique ....................................................................... 10
2.1.2 D’un point de vue sociologique .................................................................... 11
2.1.3 D’un point de vue démographique ............................................................... 12
2.2 Les Soins de Suite et Réadaptation ........................................................................ 12
2.2.1 Rôle et fonctionnement des SSR ................................................................. 13
2.2.2 Selon un cadre institutionnel ........................................................................ 14
2.2.3 Professionnels de santé présents et projet de soin ...................................... 15
2.2.4 La relation soignant-soigné au sein de l’institution ....................................... 16
2.3 La toilette ................................................................................................................ 17
2.3.1 La toilette dans l’Histoire ............................................................................. 17
2.3.2 Le concept de représentation ...................................................................... 18
2.3.3 Les différentes représentations de la toilette ............................................... 19
2.3.4 La toilette comme un besoin ........................................................................ 20
2.3.5 Toilette et hospitalisation ............................................................................. 20
2.4 L’ergothérapie ......................................................................................................... 21
2.4.1 L’ergothérapie : une profession occupation-centrée .................................... 21
2.4.2 L’autonomie : un objectif majeur pour l’ergothérapeute ............................... 22
2.4.3 Intervention ergothérapique auprès des personnes âgées .......................... 22
2.4.4 Evaluation des capacités fonctionnelles et cognitives en ergothérapie ........ 23
3 Cadre d’analyse : recueil de données et méthode ......................... 25
3.1 Rappel de la question de recherche........................................................................ 25
3.2 Choix de la méthode ............................................................................................... 25
3.3 Public cible ............................................................................................................. 25
3.4 Passation des entretiens ......................................................................................... 26
3.5 Analyse des données ............................................................................................. 27
3.5.1 Méthode d’analyse .................................................................................. 27
3.5.2 Professionnels interrogés ............................................................................ 27
3.5.3 Admissions et séjours en SSR gériatrique ................................................... 28
3.5.4 Représentations des soignants ................................................................... 28
3.5.5 La toilette lors du séjour en SSR ................................................................. 29
3.5.6 Intervention de l’ergothérapeute .................................................................. 30
3.5.7 Déroulé de l’évaluation de la toilette ............................................................ 32
3.5.8 Transmissions ............................................................................................. 32
3.6 Limites .................................................................................................................... 33
4 Discussion ..................................................................................... 34
4.1 Retour sur les hypothèses ...................................................................................... 34
4.2 Pistes de réflexion .................................................................................................. 37
4.2.1 Intimité et Soins de suite ............................................................................. 37
4.2.2 Recueil des habitudes de vie ....................................................................... 38
Conclusion .......................................................................................... 41
Bibliographie ....................................................................................... 42
Table des annexes ................................................................................. I
1
Introduction
Lors de son admission dans un service de soins de suite et de réadaptation,
la personne âgée se retrouve plongée dans un nouvel environnement dont elle ne
sait rien si ce n’est que son séjour est temporaire. On lui fait faire un rapide tour
du service afin qu’elle essaie de prendre ses marques. « Le déjeuner est servi à
partir de 12h15, le dîner vers 18h30 ». Des professionnels se succèdent,
l’examinent, la questionnent, lui expliquent ce qu’ils peuvent lui apporter. « Etes-
vous capable de vous laver seul(e) ? de vous habiller seul(e) ? Si ce n’est pas la
cas, un(e) aide-soignant(e) pourra venir vous aider le matin à faire ce que vous ne
pouvez pas.
Subvenir à son hygiène personnelle, à ce qu’on appelle communément la toilette,
peut parfois devenir difficile et nécessiter l’aide d’un tiers. Lorsque la personne
âgée souhaite pouvoir réaliser seule tout ou partie de cette activité,
l’ergothérapeute peut être amené à intervenir et notamment à évaluer les
capacités de la personne grâce à l’observation lors d’une mise en situation de la
toilette. Des aménagements ou des compensations pourront être préconisés et
mis en place. Quels sont les facteurs qui influencent le choix de l’observation
comme support d’évaluation ? Dans quelles circonstances cette évaluation lors de
la toilette est-elle réalisée ?
Ce travail de recherche vise à interroger le choix systématique de l’observation
pour évaluer la situation de dépendance d’un personne âgée lors de l’activité
« toilette ».
Dans un premier temps, les circonstances et réflexions préliminaires ayant
menées à ce sujet seront présentées. Les principaux concepts relatifs au
questionnement que sont le vieillissement, l’institution que sont les soins de suite
et de réadaptation (SSR), la toilette ainsi que l’intervention de l’ergothérapeute,
seront abordés. Dans un second temps, les résultats de l’enquête de terrain qui a
été menée seront détaillés et analysés en lien avec les données théoriques
exposées précédemment. Enfin, les pistes de réflexion qui se sont dégagées de
l’ensemble de cette étude seront évoquées.
2
1 Problématique
1.1 Situation d’appel
Lors de ma deuxième année de formation en ergothérapie, j’ai réalisé deux stages en
SSR (soins de suite et réadaptation) à orientation gériatrique. Pendant ces derniers, j’ai
souvent été sollicitée pour évaluer les capacités fonctionnelles et cognitives de patients sur le
temps de la toilette. Ces bilans sont parfois appelés « toilettes évaluatives ». Le support
d’évaluation était, dans les deux structures, un bilan « maison », c’est-à-dire créé par des
ergothérapeutes de l’établissement, détaillant les différentes tâches composant l’activité
« toilette » et spécifiant la cotation à utiliser selon le niveau de dépendance (« sans aide »,
« avec stimulation/surveillance », « avec aide », « fait par un tiers »).
C’est à l’occasion de l’une de ces évaluations que mes premiers questionnements sont
apparus. En effet, une femme âgée avait été admise dans la structure et la prescription du
médecin demandait une « évaluation de l’autonomie dans les AVQ ». A son entrée, j’avais
donc rencontré Madame afin de faire un point sur sa situation et d’établir un plan d’intervention.
Cette personne âgée avait fait une chute peu de temps après la pose de sa prothèse de
hanche. Ses principales plaintes concernaient ses douleurs à la mobilisation et la marche. Une
fois l’entretien terminé, je retournais dans le bureau pour faire un point avec une des
ergothérapeutes. Afin d’évaluer les répercussions de la douleur sur les mouvements pendant
la toilette et de répondre à la demande du médecin, une toilette évaluative avait donc été
programmée le lendemain matin. J’étais allée voir Madame pour l’avertir de ce bilan et recueillir
son consentement. Le matin suivant, je me présentais à la chambre et représentais le déroulé
de l’évaluation. Elle s’était dirigée vers la salle d’eau pour commencer sa toilette. Alors qu’elle
ôtait ses vêtements, elle m’a regardé dans le miroir et m’a dit : « Donc je me déshabille et vous
allez me regarder faire ma toilette ? ». Cette phrase, résumant pourtant assez bien la situation,
m’a gênée. J’avais l’impression qu’elle faisait de moi une observatrice passive, une
« voyeuse » en quelque sorte. C’était la première fois que je ressentais une telle gêne et que
je remettais en cause la pertinence de cette évaluation. L’évaluation a pourtant suivi son cours
et le fait que la patiente n’ait besoin d’aucune compensation humaine ou matérielle n’a fait que
renforcer mon malaise et mon incertitude face au choix du bilan. En effet, la patiente n’avait
jamais soulevé de difficultés survenant lors de la toilette, les aides-soignantes du service
n’étaient jamais intervenues pour l’aider et n’avaient jamais émis de doutes quant à ses
capacités à réaliser les soins d’hygiène.
3
1.2 Questions de départ
Pourquoi m’étais-je immiscée dans son intimité ? Pour répondre à quel objectif ou à quel
besoin cette évaluation devait-elle être réalisée ? Je me suis également interrogée sur le fait
que c’était la première fois que je ressentais de la gêne pendant ce type d’évaluation et qu’un
patient manifestait, aussi clairement en tout cas, son malaise face à ma présence.
1.3 Développement
Mes recherches se sont en premier lieu tournées vers la notion d’intimité. Sur le respect
de l’autre, de sa pudeur et notre posture lorsque nous, soignants, sommes confrontés à la
nudité lors d’un soin ou d’une évaluation.
1.3.1 Intimité
Lors de la toilette, la personne expose sa nudité et doit en quelque sorte mettre de côté
sa pudeur. Cette dernière peut être définie comme « une disposition à éprouver de la gêne
devant ce qui peut blesser la décence, devant l’évocation de choses très personnelles »
(Larousse.fr). Cette définition soulève bien le côté subjectif et individuel de la pudeur. Elle est
« variable d’un être à l’autre » (Claude, 1992). Elle est dépendante des représentations et du
vécu de l’individu. La pudeur est une réaction émotive visant à préserver nos secrets. Elle
serait une protection de notre intimité, cette dernière caractérisant ce qui est intime, profond,
intérieur, ce qui est relatif à la vie privée (Larousse.fr). J’ai par la suite orienté mes recherches
vers l’intimité.
J’ai tout de suite associé « intimité » et « sphère intime ». Cette sphère intime s’inscrit dans la
notion de « proxémie ». Il s’agit notamment de l’analyse de la distance physique que deux
personnes établissent lors de leurs interactions (Hall, 1966). Cette distance dépend des
normes culturelles de chacun, de sa vision de soi mais aussi du contexte de l’interaction
(interlocuteur, lieu, type d’interaction, …). Il définit également quatre zones qu’il nomme :
publique, sociale, personnelle et intime, selon la possibilité qu’ont les interlocuteurs de se saisir
par les mains.
Ainsi, la distance publique se situe au-delà de sept mètres et la distance sociale s’estime à
environ deux bras tendus mis bout à bout. Elles n’impliquent aucun contact physique et les
interactions qui les induisent peuvent rester impersonnelles et détachées. La distance
personnelle est définie par un bras tendu, le contact est possible mais pas systématique si les
interlocuteurs bougent. Les détails de l’autre comme les expressions des yeux, les aspérités
de la peau sont visibles. C’est le dernier rempart avant que l’autre s’immisce dans notre
4
« bulle », notre intimité. La distance intime se mesure à la longueur de l’avant-bras. On la
retrouve lors des accolades entre amis ou proches, elle relève d’un certain niveau de confiance
car le contact, s’il n’est pas présent, semble inévitable. Néanmoins, une dernière barrière nous
isole de l’autre : nos vêtements (Hall, 1966). Ce franchissement de la distance intime est
généralement admis lorsqu’il s’agit de soins nécessaires à la santé de l’individu même si ces
derniers imposent une nudité partielle et totale du patient.
Un médecin qui ausculte un patient, une infirmière qui fait un pansement, un soignant qui
réalise une toilette. Ce sont des gestes médicaux, des soins, qui relèvent d’une technique et
d’un apprentissage. Ils sont effectués par des professionnels ayant été formés, qui réalisent
ces même gestes à maintes reprises sur de nombreuses personnes différentes. Leurs objectifs
sont thérapeutiques et dans l’intérêt du patient. Pour autant, lorsqu’un soignant entre dans la
sphère intime d’une personne soignée, la réciproque s’applique et c’est aussi s’exposer à son
regard. Objectiver un soin reviendrait à ne mettre en pratique que la composante technique
du soin, à se détacher de la proximité humaine avec le patient et donc à ne plus s’impliquer
émotionnellement dans la relation soignant-soigné.
1.3.2 Les professionnels intervenant lors de la toilette
Trois professions complémentaires du fait de leur formation et leurs compétences
peuvent intervenir sur le temps de la toilette : les infirmiers, les aides-soignants et les
ergothérapeutes. Il s’agit ici de détailler leurs rôles dans l’accompagnement de la personne
pendant la réalisation de cette activité.
Le rôle de l’infirmier est de dispenser les soins nécessaires à l’entretien du corps et des
fonctions supérieures et de compenser partiellement ou totalement les éventuelles incapacités
et/ou la perte d’autonomie d’une personne. Il réalise également des actes infirmiers pour
assurer le confort de la personne et son éducation voire celle de son entourage. Cela
comprend notamment les soins d'hygiène et de propreté corporelle, la surveillance de
l'équilibre alimentaire, la vérification du suivi du traitement, … (infirmiers.com ; Ministère des
Solidarités et de la Santé, 2012). Lorsqu’un infirmier intervient pendant la toilette, il stimule les
capacités de la personne, compense ses déficiences fonctionnelles et/ou cognitives, surveille
l’état cutané et trophique du corps et veille à l’hygiène corporelle. Il s’agit aussi d’un temps
d’écoute, d’échange et d’observation (Soin infirmier sur rôle propre : décret 2004-802/2004
Article R. 4311-5).
L’aide-soignant quant à lui collabore et est sous la responsabilité de l’infirmier dans
l’accompagnement des personnes lors des activités de vie quotidienne. Il assure ce qu’on
appelle les soins de confort et d’hygiène c’est-à-dire l’accueil dans le service, l’installation dans
5
la chambre, la toilette, la prise des repas et les transferts des personnes. L’aide-soignant veille
au bien-être des patients et au maintien voire à la récupération de leurs capacités en les
stimulant (infirmiers.com ; Ministère des Solidarités et de la Santé, 2012). Si la toilette est avant
tout un acte infirmier, il est souvent délégué aux aides-soignants. Ces derniers sont formés à
l’écoute et aux soins dits « de base ». Leurs cours contiennent également des précisions sur
le matériel à préparer, les étapes à suivre ainsi que les attitudes à adopter pendant ce soin
(Arrêté du 22 octobre 2005 relatif au DE d’aide-soignant modifié par arrêté du 28 septembre
2011-article 2 R. 4311-3 à R. 4311-5 du code de la santé publique).
Enfin, l’ergothérapeute, par une approche holistique, intervient auprès de personnes de tout
âge présentant des déficiences fonctionnelles et/ou cognitives, innées ou acquises, limitant la
réalisation d’activités de la vie quotidienne, les déplacements, la communication ou tout autre
activité importante pour ces personnes. Ce professionnel du paramédical se base sur des
entretiens, des bilans validés et des observations pour établir des objectifs adaptés aux
besoins et aux capacités de la personne. L’intervention ergothérapique vise à maintenir ou à
restaurer l’indépendance et l’autonomie de la personne en cherchant la récupération des
capacités antérieures grâce à des médias variés principalement orientés vers les activités
ayant du sens pour elle. Si cela n’est pas possible ou si des limitations subsistent,
l’ergothérapeute peut préconiser des compensations : aménagements de l’environnement
(domicile, voiture, …), aides techniques et/ou humaines (Référentiel d’activités, Arrêté du 5
juillet 2010, Ministère de la santé et des solidarités).
1.3.3 Le professionnel et le soin face au corps du soigné
La distanciation du professionnel lors du soin était une des hypothèses expliquant que
les autres toilettes évaluatives réalisées ne m’avaient pas fait ressentir ce malaise. Sur le
moment, je n’avais pas su l’expliquer autrement que par mon intrusion dans la sphère intime
de la personne. En effet, aucune autre toilette évaluative réalisée auparavant ne m’avait
perturbé comme celle-là. J’ai donc cherché des réponses dans les retours d’expériences de
professionnels ayant été confrontés à ce genre de situation. S. Le Moal (2007), une infirmière
a analysé des témoignages qu’elle a recueilli auprès de soignants réalisant des toilettes auprès
des personnes âgées. La gêne qu’ils ressentaient provenait de la projection de leur propre
avenir sur le corps de la personne et sur le fait que ce corps était abîmé, parfois décharné. Il
exposait la réalité de la vieillesse, une réalité qu’on n’est pas toujours prêt à accepter pour soi
et par extension pour les autres.
Ce chapitre m’a éclairé sur la perception que l’on a d’un corps. Le Moal (2007) a interrogé des
infirmières sur « ce que représentait pour elles le corps nu de la personne âgée, de façon
générale elles ont répondu « un corps comme les autres » et une infirmière a répondu
6
« rien » ». Cette expression se veut générale et tend à mettre tous les corps à un même
niveau. Je me suis reconnue dans cette généralisation du corps nu. Lors de certains
accompagnements à la toilette, cette banalisation m’a permis de me détacher de mes
émotions car j’avais peur qu’elles impactent négativement mon intervention. Mais c’est là que
se trouve toute la nuance : « le corps est une entité liée à la personnalité et à l’identité de
l’individu, donc, par la même, propre à chacun » (Le Moal, 2007). Si le soignant reste
« professionnel », dans le sens commun du terme, dans la réalisation de son acte, c’est-à-dire
qu’il n’exprime ni désir, ni jugement envers le corps du soigné, celui-ci, de par son individualité
(son âge, ses antécédents, son vécu, sa personnalité) requiert une attention et une posture
adaptées à l’ensemble des composantes de sa personne. Dans les soins, les protocoles, les
dosages, les moyens de communication varient selon les caractéristiques des individus. Il
semble donc incorrect de ne pas reconnaître la spécificité de chaque corps.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette banalisation du corps par le professionnel. Avec
l’expérience le soignant peut être amené à ne considérer le patient que comme « un corps »
et ne plus voir que ses incapacités, à le considérer le corps comme un objet devant être réparé
(Le Moal, 2007). Ou bien le soignant pourrait chercher un moyen de se protéger, évitant ainsi
les contre-transferts et de ressentir de la sympathie et non de l’empathie. Lorsqu’un patient
effectue un transfert sur un soignant, il projette, par un processus psychologique inconscient,
des émotions personnelles influencées par son histoire et ses expériences personnelles. Le
terme « contre-transfert » définit ce même mécanisme chez un soignant (Natanson, 2001).
L’empathie peut être définie comme un phénomène descendant, autrement dit, dans un
premier temps, le soignant comprend ce que ressent le patient parce qu’il saisit ce qui arrive
au soigné, ce qu’il perçoit, son point de vue. Par la suite, en comprenant la situation, le soignant
peut ou pas ressentir les mêmes émotions. La sympathie que l’on éprouve pour un patient est,
quant à elle, d’abord basée sur un mimétisme des émotions, la recherche des raisons de ces
sentiments n’arrive que dans un second temps. C’est un processus ascendant (Jorland, 2006).
En repensant aux autres toilettes évaluatives que j’avais pu faire je me suis rendue compte
que je n’étais pas gênée par la nudité en elle-même ou en tout cas pas exclusivement. Ce
sentiment était plutôt induit par la sensation de ne pas avoir de raison légitime d’être là. J’en
suis donc revenue à la 2e question évoquée plus haut : Pour répondre à quel objectif ou à quel
besoin cette évaluation devait être réalisée ? Pourquoi avoir choisi ce type d’évaluation ?
L’indépendance et/ou l’autonomie de cette personne lors de la toilette était-elle réellement
remise en question ?
7
1.3.4 Déficiences et incapacités, Autonomie et indépendance
Selon la Classification Internationale du Fonctionnement, les déficiences
correspondent « à toute perte ou altération d’une structure ou fonction psychologique,
physiologique ou anatomique » et les incapacités sont le résultat d’une déficience c’est-à-dire
« une réduction partielle ou totale de la capacité d’accomplir une activité dans les limites
considérées comme normales par un être humain ». Couramment, les termes « autonomie »
et « indépendance » sont utilisés, à tort, comme des synonymes. Cependant, là où être
indépendant implique d’avoir la capacité physique de se débrouiller seul, l’autonomie, du grec
« autos qui signifie « soi-même », sous-entend d’être en capacité de choisir par soi-même.
Une personne est autonome lorsqu’elle peut décider et gérer sa vie sans aide (dictionnaire
des soins infirmiers, 3e édition, Ed Masson, Belgique, 2007). On peut donc être autonome et
dépendant c’est-à-dire vouloir faire quelle chose et physiquement ne pas pouvoir le faire ou
être indépendant mais pas autonome, c’est-à-dire être en capacité physique de se laver mais
ne pas savoir comment faire (Winance 2007).
1.3.5 La toilette : hygiène et propreté
Pour répondre à mon questionnement sur le choix de la toilette comme support de
l’évaluation des capacités, ma première hypothèse reposait sur le fait que la toilette est acte
quotidien et essentiel. Pour être propre et en bonne santé, une certaine hygiène serait donc
nécessaire. Dans un premier temps, il a fallu définir hygiène et propreté. Ainsi, l’hygiène « du
grec hugienon qui veut dire santé, est une partie de la médecine qui vise à préserver ou
favoriser la santé. Elle est l’ensemble des soins apportés au corps pour le maintenir » (Le Petit
Larousse, 2005). Par propreté on entend ici ce qui est « net, sans trace de souillure »
(CNRTL).
Si on envisage la toilette comme un acte essentiel, lorsque qu’une déficience est responsable
d’une incapacité entraînant une perte d’indépendance et/ou d’autonomie, des professionnels
comme les infirmiers ou les aides-soignants interviennent pour accompagner la personne et
pallier les difficultés qu’elle rencontre. Il paraît donc intéressant de savoir comment ces
soignants qui agissent au cœur de la toilette et d’autres qui ne la réalisent pas (médecin,
kinésithérapeute par exemple) envisagent ce soin. Une aide-soignante l’évoque
l’enchaînement de ces actes et la charge de travail que cela demande. Une infirmière quant à
elle, exprime le manque de valorisation de ce soin, qui n’est parfois même pas considéré
comme tel. Il est d’ailleurs souvent attribué aux stagiaires et peut être vécu comme une
punition par certains soignants (Rajablat, 2007). Parmi les professionnels de santé qui ne
participent pas aux toilettes, un médecin présente la toilette comme un soin indispensable,
8
faisant partie du traitement. Selon lui, ce soin permet la prévention d’infection et est un bon
outil médical pour surveiller l’état cutané et trophique du patient. Il est source de stimulations
motrices et d’échanges entre le soignant et le soigné. La toilette serait également une réponse
à un besoin : celui d’être accepté par les autres (Rajablat, 2007).
1.3.6 Analyse des entretiens exploratoires
Deux entretiens exploratoires ont été réalisés auprès d’un ergothérapeute et d’une
aide-soignante, tous les deux travaillant en SSR auprès d’adultes et personnes âgées. Les
informations générales issues de ces entretiens ont été retranscrites en annexe.
L’entretien avec l’ergothérapeute révèle sa représentation de la toilette comme étant une
« activité élémentaire », « universelle ». C’est cette idée qui, associée à la demande du
médecin, lui suggère que la toilette serait un bon support pour une évaluation des capacités
car « c’est un bilan complet, autant des capacités fonctionnelles que des capacités
cognitives ». Il s’agit également d’un choix pratique compte-tenu parfois du manque de
matériel pour réaliser d’autres mises en situation. Cette observation est réalisée en structure,
la plupart du temps selon des bilans qualifiés de « maison », car créé par le professionnel pour
son service, ou selon une partie d’un bilan plus complet comme « la MH1AVIE ». L’entretien
révèle la diversité des outils pouvant être utilisés et surtout le besoin des soignants de se créer
un outil qui réponde à leurs attentes. L’aide-soignante, quant à elle, valorise le travail de
l’ergothérapeute et met en avant le recul et « le temps » qu’il a pour observer différemment
ainsi que les « adaptations » qu’il met en place pour la personne. Elle évoque le fait que sa
pratique est plus centrée sur le « maintien des capacités » et la « compensation ».
1.4 Question de recherche et hypothèses
L’évaluation de la situation de dépendance d’une personne âgée par
l’ergothérapeute en SSR doit-elle être systématiquement réalisée par
l’observation de l’activité « toilette » ?
Les hypothèses ont été élaborées afin de chercher à répondre à la question sous trois
angles : l’environnement de l’évaluation, l’activité évaluée et l’approche du professionnel
pour évaluer.
1 MHAVIE : Mesure des Habitudes de VIE
9
❖ Hypothèse 1 : Le cadre institutionnel conditionne l’évaluation de la toilette.
❖ Hypothèse 2 : Les représentations sociales de la toilette influencent le déroulement
et les critères de l’évaluation.
❖ Hypothèse 3 : L’évaluation de l’activité « toilette » est abordée de la même manière
que les autres activités de vie quotidienne.
Les concepts développés dans le cadre théorique auront pour objectif d’apporter un éclairage
grâce à des recherches bibliographiques afin d’approfondir ces hypothèses. Seront donc
abordés le vieillissement, l’institution que sont les Soins de suite et de réadaptation, la toilette
et l’intervention de l’ergothérapeute auprès des personnes âgées dans le cadre de la toilette.
10
2 Cadre théorique
2.1 Le vieillissement
La vieillesse fait partie intégrante de la vie. Il s’agit de la dernière étape de ce voyage
pleins de rebondissements et d’incertitudes, de joies et de peines, de rencontres et de
découvertes. Mais qui sont vraiment ces « vieux » ? Ces « futurs nous » aux traits marqués,
témoins d’une vie d’expériences et reflets d’événements passés ?
2.1.1 D’un point de vue biologique
Au niveau biologique, le vieillissement est universel et inexorable. Il se caractérise par
une accumulation de dommages cellulaires tout au long de la vie. Pourtant les effets de ce
phénomène ne sont pas évidents dans un premier temps, ils n’apparaissent que lorsque que
le corps, grâce à la croissance, n’arrive plus à surpasser ou juste à compenser les pertes
(Trouvé, 2009). L’âge ne se mesure donc pas en année mais plutôt en regard de l’état
psychologique et de l’aptitude ou l’inaptitude à être relativement indépendant dans les activités
de vie quotidienne. Ainsi, les capacités cognitives et mentales déclinent progressivement et le
risque de maladie est majoré (Organisation Mondiale de la Santé, 2018). Si le vieillissement
n’est pas une maladie, il s’apparente pourtant à une polypathologie. En effet, lorsqu’une
personne souffre de polypathologie, plusieurs systèmes de son organisme sont touchés
(vasculaire, pulmonaire, musculaire, nerveux, …) (Trouvé, 2009). Quand un être humain vieillit
c’est l’ensemble de son corps qui est concerné, aussi bien fonctionnellement que
cognitivement. L’équilibre devient plus précaire, la marche est moins sûre, les gestes sont plus
ralentis, les sens et la mémoire s’altèrent (Trouvé, 2009). Ces troubles physiologiques vont
amener deux plaintes majeures : la douleur et la fatigue.
Avec le vieillissement, le corps humain est plus susceptible de développer des maladies
chroniques multiples. « Elles seraient soit la conséquence soit la manifestation clinique des
défaillances liées au vieillissement » (La fragilité des personnes, 2013). L’ensemble de ces
bouleversements physiologiques peuvent amener des limitations fonctionnelles. Elles peuvent
notamment concerner les déplacements, les changements de position (couché-assis, …).
Lorsque les compensations de ces déficiences ne sont plus possibles, « l’état de vieillesse »
s’implante (Boutinet, 2010). Dans l’avancée en âge, des états de santé dits complexes
n’entrant pas dans des catégories de maladies distinctes peuvent apparaître. « C’est ce qu’on
appelle couramment les syndromes gériatriques, parmi lesquels figurent la fragilité,
l’incontinence urinaire, les chutes, les délires et les escarres » (OMS, 2018). Si certains sont
clairement définis dans la littérature, le concept de fragilité, lui, est présenté comme un
11
syndrome gériatrique multidimensionnel. La fragilité serait liée à un déclin fonctionnel et
rendrait la personne âgée plus vulnérable. Une approche phénotypique, relative à des traits
physiquement observables chez un individu, a été proposée par Fried et al. (2001). Ainsi, une
personne présentant au minimum trois manifestations physiques comme une vitesse de
marche plus lente, de l’épuisement ou une perte de poids non intentionnelle sera désignée
comme étant fragile. Une seconde approche plus holistique a été présentée par Rockwood et
al. (2011). Elle prend en compte, en plus de l’aspect physique, l’aspect cognitif,
l’environnement physique et social, les capacités et les comorbidités (La fragilité des
personnes). De cette deuxième approche, on apprend le grand nombre ainsi que la variété de
facteurs influençant la condition d’une personne âgée. Le vieillissement physiologique
s’exprime donc différemment selon les individus.
2.1.2 D’un point de vue sociologique
Le terme « personne âgée » se veut respectueux car neutre, impersonnel, lissant toutes
les différences inter-individuelles relatives aux histoires de vie. « Il s’agit en fait d’un
euphémisme qui désigne la vieillesse sans la nommer comme celui de mobilité réduite gomme
le [handicap] » (Heslon, 2008, p.2). Si initialement les adjectifs « vieux et vieille » sont définis
par le fait d’être très avancé en âge (Larousse.fr), ils ont aujourd’hui une connotation péjorative
(Heslon, 2008). En réalité, la vieillesse, tout comme la jeunesse, sont des concepts relatifs,
tout dépend du référentiel.
Dans le langage courant, on est plus jeune ou plus vieux que quelqu’un. C’est notamment pour
cette raison qu’il est difficile de définir les limites de la vieillesse. Si le paradoxe de Pareto
confirme cette idée en disant « qu’on ne sait pas à quel âge commence la vieillesse, comme
on ne sait pas où commence la richesse » (Bourdieu, 1978, p.1), sociologiquement, le passage
d’« adulte » à « personne âgée » est couramment marqué par le départ à la retraite. En effet
il s’agit d’un moment dans la vie d’un adulte où les rôles changent, c’est le « passage de
l’activité à l’inactivité, des enfants à la maison aux enfants installés et dispersés, d’un réseau
relationnel centré sur la profession à un autre centré sur le voisinage, puis sur la
descendance » (Ennuyer, 2011, p. 132). Cette assimilation peut aussi s’expliquer par le fait
qu’il y a 50 ans, l’espérance de vie ne dépassait pas 70 ans. Ainsi lorsqu’une personne, à 65
ans, passait d’active à retraitée, la proximité entre ces deux âges faisait automatiquement
d’elle une personne âgée. Si l’année de départ à la retraite sert de repère chronologique, le
changement de l’âge légal de la retraite influe donc sur les personnes à inclure dans la
population dite âgée. Ceci est également à mettre en parallèle avec l’augmentation de
l’espérance de vie. Celle-ci étant plus importante de nos jours, la vieillesse, comme période
de la vie, s’étale sur un plus grand nombre d’années. Le vieil homme d’avant est devenu le
12
jeune retraité d’aujourd’hui. Celui qui avait 60 ans n’était qu’à quelques années de la mort et
représentait l’ancienne génération dans sa famille, le 3ème âge. A présent, il fait partie d’une
« génération pivot », il est sollicité par ses enfants, ses petits-enfants et ses parents très âgés
(Bourdelais, 1993). Il est encore très actif, ses centres d’intérêt et ses consommations ont
seulement évolué : loisirs, voyages, sorties. La vieillesse se retrouve donc scindée en deux :
le 3ème âge correspondant aux nouveaux retraités et le 4ème âge, celui de la dépendance. Ce
dernier mobilise de ressources notamment en services de soin et accompagnement social
(Grand et al., 2000).
2.1.3 D’un point de vue démographique
S’il est difficile de déterminer à partir de quel âge une personne est considérée comme
âgée pour estimer la part qu’occupent les personnes âgées dans la population, un âge seuil
doit être défini. Le rapport Laroque (1962) estimait qu’une personne était âgée à partir de 65
ans. L’OMS, qui indiquait le même chiffre, précise à présent que cette population concerne les
60 ans et plus. Cependant, même si un consensus semble avoir été établi, des rapports
statistiques récents, publiés notamment par l’Insee ou l’Observatoire des territoires, utilisent
encore les deux chiffres. Ainsi, leurs études démographiques récentes ont montré, qu’en 2015,
en France, les plus de 65 ans représentaient 18,8 % de la population (contre 14,9 % en 1995)
et aujourd’hui la proportion de personnes âgées continue encore de croître. Cela concorde
avec le fait que l’espérance de vie ait largement augmenté en France. En 2018, elle était, pour
les femmes et les hommes de plus de 65 ans, respectivement de 23,2 et 19,4 années. Pour
compléter l’estimation de l’espérance de vie (EV), d’autres statistiques de l’Insee concernant
cette fois le nombre d’années sans incapacité, aussi appelé EVSI, ont été publiées.
Actuellement, ces chiffres montrent qu’après 65 ans, l’augmentation de l’espérance de vie
sans incapacité se fait parallèlement à celle de l’EV et donc que le nombre d’années
d’incapacité reste stable. En effet, bien que 17% des 65 ans et plus aient des difficultés pour
les soins personnels et 44% pour les tâches domestiques, une tendance à l’équilibre entre
l’EV et l’EVSI est observée. Cela peut s’expliquer par le fait que les limitations fonctionnelles,
cognitives et sensorielles sont plus facilement compensées aujourd’hui et que par conséquent,
leur présence n’impacte plus ou alors peu la réalisation des activités de la vie quotidienne
(Sécurité sociale, 2014).
2.2 Les Soins de Suite et Réadaptation
La durée de la vie et la prise en charge des incapacités des personnes vieillissantes sont
interdépendantes. De fait, l’amélioration de l’accompagnement des personnes âgées
13
(nouvelles techniques médicales, technologies, …) a contribué à l’allongement de l’espérance
de vie et ce, en préservant au maximum leur qualité de vie. Par conséquent, le nombre de
personnes âgées avec des déficiences est plus important et nécessite une meilleure
organisation des soins. Le SSR (Soins de Suite et de Réadaptation) à orientation gériatrique
s’inscrit dans cette démarche d’accompagnement et tend à rendre autant que possible la
personne actrice de son projet de vie.
2.2.1 Rôle et fonctionnement des SSR
Les Soins de Suite et de Réadaptation sont des structures accueillant des personnes
sortant de l’hôpital (intervention chirurgicale, affection aigue, …) pour une continuité des soins
ou bien des personnes débutant le parcours de rééducation. Leurs objectifs sont de « prévenir
ou de réduire les conséquences fonctionnelles, physiques, cognitives, psychologiques ou
sociales des déficiences et des limitations de capacité des patients et de promouvoir leur
réadaptation et leur réinsertion » (Art. R. 6123-118 CSP, légifrance.fr). Les soignants présents
dans ce type de structures administrent les traitements curatifs ou palliatifs, assurent les soins
médicaux ainsi qu’un suivi en rééducation et réadaptation, mettent en place des actions
d’éducation thérapeutique et de prévention. Les patients bénéficient d’un accompagnement
social et sont préparés et soutenus dans la reprise d’un emploi, dans le réinvestissement de
leurs rôles sociaux et plus généralement dans leur réinsertion dans la société (fhp-ssr.fr, n.d.).
On distingue plus précisément trois missions principales dans le parcours de soin de la
personne en SSR : la rééducation, la réadaptation et la réinsertion. La rééducation vise la
restauration au maximum des capacités antérieures qu’elles soient physiques, cognitives ou
psychologiques. Il s’agit donc de permettre au corps de la personne de fonctionner de façon
optimale. La réadaptation intervient lorsqu’il subsiste des incapacités limitant la réalisation de
toutes ou d’une partie des activités de la personne. Elle apprend donc à réinvestir ce nouveau
corps, à s’adapter à ses limites et à trouver des moyens de les contourner. La réinsertion va
au-delà des soins médicaux et permet à la personne de reprendre sa vie (professionnelle,
familiale, sociale, …), en s’approchant au maximum des conditions de vie antérieures ou bien
en transposant ses nouvelles compétences. C’est la dernière étape d’un processus de soin
personnalisé (Fiche descriptive de l’indicateur de qualité et de sécurité des soins, HAS, 2019).
Ces objectifs sont généraux et forment une ligne de conduite pour l’ensemble des soins de
suite et de réadaptation quelles que soient leurs spécialités. En effet, les SSR peuvent être
polyvalents c’est-à-dire accueillir des personnes de tout âge présentant tout type d’affections
ou bien ils peuvent être spécialisés. La catégorisation peut se faire en lien avec l’âge et/ou la
pathologie. On retrouve ainsi les SSR pédiatriques polyvalents pour les enfants et/ou les
adolescents et les SSR adultes polyvalents pour les personnes âgées. Ainsi certains
14
établissements sont spécialisés en neurologie, dans le traitement des pathologies cardio-
vasculaires ou encore en « affections des personnes âgées polypathologiques, dépendantes
ou à risque de dépendance » (fhp-ssr.fr, ND). Les SSR orientés dans la prise en soin de cette
dernière catégorie d’affections correspond à ce qu’on appelle les SSR gériatriques.
Les personnes âgées qui sont orientées vers ce type de structures présentent un état de santé
complexe. Le vieillissement est souvent associé à l’apparition de comorbidités (hypertension,
diabète, …). La complexité peut s’expliquer par les pathologies dont souffrent les patients dans
ces SSR car plusieurs systèmes organiques peuvent être concernés, et par d’autres facteurs
comme une dépendance physique importante, une situation sociale instable, un état
psychologique fragilisé, … (Soins de suite et réadaptation, solidarites-sante.gouv.fr, 2017).
2.2.2 Selon un cadre institutionnel
Dans le cadre d’un séjour en hospitalisation complète ou de jour, les patients doivent
bénéficier d’au moins deux heures par jour de prise en soin pluriprofessionnelle avec différents
paramédicaux. Pour répondre à leurs objectifs d’intervention, les Soins de Suite et de
Réadaptation sont des structures qui nécessitent certains équipements et aménagements.
Ainsi dans le cahier des charges détaillé par la Fédération des Hôpitaux Privés, il est stipulé
que les locaux doivent être adaptés à la population accueillie : des chambre avec des lits
électriques à hauteur variable, des systèmes de transfert et des salles de bain avec des
douches à siphon de sol, accessibles aux personnes à mobilité réduite. Les couloirs et autres
espaces de circulation doivent être équipés de main courante. Un SSR gériatrique doit
également pouvoir disposer d’un plateau de rééducation équipé : escaliers, table de
verticalisation, barres mais aussi salle d’appareillage, etc. pour que les professionnels puissent
réaliser les actes nécessaires à la prise en soin des patients (circulaire n°DHOS/O1/2008/305).
Si tous ces éléments favorisent la rééducation, la réadaptation et la réinsertion, il est toutefois
difficile de déterminer le temps que durera la prise en soin. En effet, si la Haute Autorité de
Santé estime la durée moyenne de séjour à 35,6 jours, cela dépend du patient et de l’atteinte
des objectifs fixés. Cependant, le SSR est transitoire et l’objectif principal reste une sortie dans
les meilleures conditions. Les soignants doivent tout de même s’assurer que la personne âgée
puisse sortir en toute sécurité, le plus souvent pour retourner à son domicile où elle sera suivie
par d’autres services (équipes mobiles, hospitalisation à domicile). Cette valorisation de l’offre
de soin à domicile s’intègre dans une stratégie globale de « déshospitalisation » (atih.sante.fr,
2013) qui vise à écourter voire à éviter les séjours hospitaliers grâce au développement de
toutes les alternatives possibles comme les services à domicile, l’auto-rééducation ou bien
l’utilisation de la technologie (télémédecine). Il s’agit également de permettre aux personnes
d’être coupées moins longtemps de leur environnement (atih.sante.fr, 2013).
15
2.2.3 Professionnels de santé présents et projet de soin
Au sein des SSR gériatriques, différents professionnels de santé exercent ensemble.
L’équipe pluriprofessionnelle au minimum composée d’un médecin gériatre et d’un certain
nombre de professionnels comme des infirmiers, des kinésithérapeutes, des ergothérapeutes,
des psychologues, des diététiciens et des assistants des services sociaux, auxquels peuvent
s’ajouter un médecin formé en médecine physique et de réadaptation, des orthophonistes ou
des pédicures-podologues par exemple (article D6124-177-50 CSP, 2008). Généralement on
retrouve aussi des aides-soignants assistant les infirmiers pour l’accompagnement des
personnes âgées lors des actes de vie quotidienne (repas, toilette, …) (Ministère des
Solidarités et de la Santé, 2017).
Selon l’article D6124-177-1 (2008) du Code de la Santé Publique, « l'équipe pluridisciplinaire
réalise pour chaque patient un bilan initial et élabore avec lui un projet thérapeutique » qui est
personnalisé. A l’entrée du patient, les objectifs du séjour sont établis de même que sa durée
qui est estimée selon les informations dont disposent les professionnels à la suite de leurs
évaluations. La date de sortie ainsi que les objectifs pourront être ajustés en fonction de
l’avancée dans le processus de soin. Pour définir tous ces paramètres relatifs au parcours de
la personne dans le SSR, chaque soignant, dans le domaine de ses compétences, lui fait
passer des bilans pour dresser son profil aussi précisément que possible. Toutes ces
évaluations, une fois rassemblées, permettront de former une « évaluation gériatrique globale
(médicale, psychologique, sociale et fonctionnelle) » (circulaire N°DHOS/O1/2008/305).
Dans le cadre d’une prise en soin adaptée et d’une rééducation coordonnée, l’HAS (2009)
recommande que le projet thérapeutique soit basé sur un certain nombre d’éléments devant
être renseignés dans le dossier patient : « un examen médical d’entrée », « une évaluation de
l’autonomie », « une évaluation sociale », « une évaluation psychologique ». Doivent
également être retranscrits, les réunions pluridisciplinaires, le projet de soin en lui-même ainsi
que le projet de vie. Toujours selon l’HAS, le projet de soin comprend les objectifs en lien avec
la récupération des capacités de la personne âgée qu’elles soient cognitives, physiques ou
psychologiques. Il vise l’indépendance et l’autonomie du patient. Le projet de vie, quant à lui,
fait directement le lien avec la réinsertion de la personne âgée après son séjour. Il s’agit de
prendre en compte l’environnement dans lequel elle sera : entourage, lieu de résidence, ….
Cette prise en soin globale a pour objectif de permettre à la personne de retourner dans son
lieu de vie d’origine (circulaire N°DHOS/O1/2008/305).
16
2.2.4 La relation soignant-soigné au sein de l’institution
Pendant son séjour aux soins de suite et de réadaptation, la personne âgée va être en
relation avec d’autres personnes en soin mais aussi et surtout des professionnels de santé.
Historiquement, en France, les relations soignant-soigné peuvent être assimilées à du
paternalisme. Ce terme se base initialement sur la notion de bienveillance et sur la volonté
qu’ont les professionnels de santé de protéger les personnes qu’ils soignent. Suzanne Rameix
illustre le paternalisme par l’exemple de la relation médecin-patient où « le patient est comme
un enfant que le médecin soutient et protège et qu’il décharge de la responsabilité de décision ;
le patient […] fait confiance au médecin comme l’enfant à ses parents […]. Il existe une forme
de contrat implicite où le bien voulu par le médecin est le même que celui qui est voulu par le
patient » (repris par Clavreul, 2019, p.35). Les connaissances dont dispose le médecin ou plus
largement les soignants les rendraient plus aptes à savoir ce qui est le mieux pour la personne
soignée. En 2008, Manoukian évoque d’ailleurs que « les diplômes sont les garants de
compétences et de savoirs » et que cela hiérarchise la relation entre le soignant et la personne
soignée. Lors d’une hospitalisation, les relations initiales établies entre la personne âgée et le
professionnel peuvent être qualifiées d’asymétriques. En effet, la personne âgée devient un
« patient ». Par ce terme, son rôle social change de même que son environnement. Elle est
dans cet établissement pour recevoir des soins, des conseils (Formarier, 2007). Elle doit
s’habituer aux nouvelles règles qui régissent la structure, à l’organisation des lieux, des
journées mais aussi à un autre langage. L’hospitalisation est, pour elle, synonyme de
bouleversement des habitudes de vie et de perte d’intimité : horaires de repas fixes, parfois
des chambres doubles, etc..
Le rôle des soignants est de favoriser l’adaptation à ce nouvel environnement et de
l’accompagner afin que ce nouveau rôle de patient ne le rende pas passif (Formarier, 2007).
De cet accompagnement, le professionnel de santé enrichit son expérience et il développe
ainsi des connaissances et des compétences qui s’étendent au-delà de l’évaluation des
capacités et des besoins de la personne. Mais même avec cette vision holistique, le soignant
peut rester dans une optique de « prise en charge » c’est-à-dire « de supporter […], d’assumer
[leur] devoir d’attention envers autrui », ici le patient (Favetta, Feuillebois-Martinez, 2011).
Prendre le temps d’écouter et de faire paraît contradictoire avec les objectifs d’économie et
d’efficacité qui sont demandés aux soignants en institution (Argoud, Puijalon, 2003). Pourtant,
dans les textes officiels concernant l’accompagnement et l’accueil de cette population et dans
les documents propres aux établissements, l’écoute des souhaits des personnes âgées en
leur laissant le choix est devenue redondante. Ces « libres choix » ont donc pris une grande
importance dans les prises en soin des personnes âgées en situation de handicap ou de
17
dépendance. Cela se traduit notamment par la recherche systématique du consentement (Loi
du 4 mars 2002 relative aux droits des malades, chap. 2, art. 11), et de l’implication de la
personne dans sa rééducation. Cependant, en pratique, lorsqu’un soignant soumet plusieurs
propositions qu’il a présélectionnées ou une suggestion que la personne âgée doit ou non
approuvée, le choix n’est pas vraiment entier. En effet une partie des possibilités a déjà été
écartée soit par le soignant qui souhaite orienter la réponse soit par le cadre institutionnel qui
de par son fonctionnement limite le nombre d’options envisageables (contraintes
organisationnelles, budgétaires, matérielles, …). Ces dernières impactent notamment
l’intervention des aides-soignants lors de la toilette. Les possibilités de l’institution rendent les
recommandations faites par l’ANESM (2009) difficiles à mettre en œuvre pour l’ensemble des
patients, puisqu’il est préconisé de permettre à la personne de décider du moment et des
modalités de la toilette.
2.3 La toilette
Chaque jour, nous respirons, mangeons, buvons, …. En bref, nous vivons. Chacune de
activités citées précédemment sont nécessaires pour survivre. D’autres activités non
physiologiques mais néanmoins importantes comme communiquer, être entouré, se déplacer
font partie intégrante de notre vie. Qu’en est-il de la toilette ?
2.3.1 La toilette dans l’Histoire
En 1995, Georges Vigarello exprime le fait que chaque civilisation se considère comme
propre. Pour lui, seuls les critères évoluent.
Dans l’Antiquité, les Grecs ont associé le besoin de santé à celui de la beauté et pratiquaient
un véritable culte du corps afin de se rapprocher de celui des Dieux. Pour eux, la beauté était
intimement liée à la santé. Ils ont donc commencé à se baigner après la pratique intensive du
sport afin de détendre leurs muscles après l’effort et de se purifier (Le centre d‘information de
l’eau, cieau.com, n.d.). On retrouve cette idée de la purification dans les ablutions religieuses
et ce, à travers les âges. L’eau, symbole de pureté, permet de se débarrasser de la saleté, de
la souillure (Braustein, 2015). C’est dans cette optique que des bains publics gérés par l’Eglise
ont été créés en Occident au VIIe siècle. Puis à la fin du Moyen Âge, l’eau publique a été
considérée comme vecteur de maladie avec l’apparition de graves maladies comme la peste.
L’accès aux bains a alors été restreint et préservé uniquement comme indication
thérapeutique. Les « non-malades » réalisaient alors une toilette sèche pour littéralement
assécher le corps : utilisation du parfum pour les odeurs, poudrage des cheveux. Seules les
parties visibles étaient nettoyées c’est-à-dire les mains et la bouche. Le visage était essuyé et
18
fardé tout cela dans l’objectif d’empêcher la maladie d’entrer dans le corps. Au XIXe siècle,
avec la recherche de la compréhension du fonctionnement du corps, les vertus constrictrices
de l’eau froide et dilatatrices de l’eau chaude ont été découvertes. Les bains sont donc
redevenus populaires et des leçons sur l’hygiène corporelle sont enseignées à l’école. L’eau
est de nouveau utilisée massivement et on y ajouta du savon pour qu’il purifie. La toilette telle
qu’on la connaît, réalisée dans la salle de bain, est en fait assez récente (Batikhy, 2009).
Au-delà des notions de propreté et de bien-être physique que les bains publics apportaient, ils
étaient également un lieu de rencontre. Pour les Romains, ils occupaient un place
prépondérante dans leur vie sociale : c’était l’occasion de se retrouver et de se montrer (Le
centre d‘information de l’eau, n.d.). La toilette a donc très tôt été associée à l’image que la
personne renvoie, à son appartenance à un groupe et plus généralement à sa participation à
la société.
2.3.2 Le concept de représentation
Filion (2005) distingue différents types de représentations : individuelles, collectives et
sociales. Les représentations individuelles sont, comme leur dénomination l’indique, propres
à chaque individu et sont construites en interaction avec son environnement physique mais
aussi social, … (Piaget, 1947). Les représentations collectives ou culturelles définissent un
mode de pensée, un langage propre à un groupe social, basées sur des référentiels communs
à ce groupe (Durkheim, 1898). Elles ont une certaine constance puisqu’elles sont notamment
basées sur des valeurs transmises par les générations précédentes. Enfin les représentations
sociales, elles illustrent un processus dynamique d’échanges entre des individus et/ou
groupes. Les pratiques de ces individus participent à la création de ces représentations. Ces
dernières sont donc amenées à être modifiées avec l’apparition de nouveaux concepts ou de
nouvelles techniques impactant les pratiques. Selon Fischer (1999), les représentations
sociales sont « la construction sociale d’un savoir ordinaire élaboré à travers les valeurs et les
croyances partagées par un groupe social […] et donnant lieu à une vision commune des
choses, qui se manifeste au cours des interactions sociales. »
Pour qu’un terme soit considéré comme un objet de représentation sociale, il doit être un
référentiel communément admis et régulièrement utilisé dans le langage courant d’une
majeure partie de la population (Filion, 2005). Ainsi plusieurs facteurs tels que l’environnement
et l’appartenance à un groupe social influencent les représentations. En outre, l’âge d’une
personne est également un élément déterminant. De fait, les représentations des personnes
âgées d’aujourd’hui sont différentes de celles des plus jeunes car elles ne se basent pas sur
le même contexte. Certaines choses dont les nouvelles générations disposent couramment
19
étaient beaucoup plus rares quelques décennies auparavant comme par exemple avoir de
l’eau courante à son domicile ou bien posséder une voiture (Bourdieu, 1978).
2.3.3 Les différentes représentations de la toilette
Les différentes représentations de la toilette sont donc grandement influencées par
l’historique de la toilette dont une partie est détaillé précédemment. Dans le cadre d’une
hospitalisation, plusieurs représentations se confrontent, notamment celle de la personne
âgée et celle des soignants. La première peut être qualifiée d’individuelle car établie d’après
sa propre expérience et ses interactions avec son environnement. Elle est tout de même basée
sur l’éducation que la personne a reçue (représentation collective). Malgré l’évolution des
méthodes et la démocratisation des équipements autrefois réservés à l’élite (eau courante,
douche, …), certaines personnes, et a fortiori, les personnes vieillissantes sont très attachées
à leurs pratiques et à leur routine adaptées à leur environnement d’origine. Cette volonté de
préserver les routines en place peut s’expliquer par le fait que le vieillissement limite la rapidité
d’apprentissage tout en confortant la personne dans ses compétences acquises et répétées
durant toute une vie (Boutinet, 2010). Concernant la représentation des soignants, elle est
logiquement différente de celle de la personne soignée. D’une part parce que chaque
professionnel a aussi sa propre représentation et qu’il a également été influencé par une
représentation collective transmise par son éducation. D’autre part parce qu’il a reçu une
formation incluant des connaissances médicales et techniques qui ont participé à remodeler
sa représentation de la toilette (Moscovici, Hewstone, 1983 ; Salès-Wuillemin et al, 2007).
Ainsi pour la majeure partie de la population, la représentation culturelle de la toilette renvoie
à l’hygiène corporelle. Cette dernière, de par les éléments culturels qui s’y rapportent dans
notre société occidentale, est associée à la propreté c’est-à-dire à l’absence de traces de
souillure (E. Salès-Wuillemin et al, 2007). Dans le corps soignant, chaque profession soignante
de par la spécificité de sa formation a également fait évoluer sa représentation de la toilette .
Ainsi, d’après E. Salès-Wuillemin (2007), les aides-soignants associent les actes d’hygiène
corporelle à la notion de propreté : « se laver correctement », « prendre sa douche tous les
jours », « mettre des habits propres ». Les infirmiers, eux, l’associent plutôt aux protocoles de
soins : « respecter les protocoles », « mettre des gants, « faire des toilettes ». Si des points
communs subsistent entre la représentation populaire et celle des professionnels de santé,
certains référentiels ont été modifiés. Leur représentation de la propreté n’est plus seulement
définie par ’absence de traces de souillure mais aussi par l’absence de microbes, la
désinfection, … (Moscovici, Hewstone, 1983 ; E. Salès-Wuillemin et al, 2007). Une troisième
représentation peut intervenir lors de la prise en soin : celle de l’entourage. Il peut s’agir du
conjoint ou bien de celle des enfants ou petits-enfants. L’environnement social de la personne
âgée peut être très varié tant au niveau de l’âge que du milieu de vie (ville ou campagne), de
20
la profession ou de groupe social. Autant de facteurs qui influencent les représentations. Plus
le nombre d’acteurs impliqués est important plus les divergences entre les représentations
peuvent être importantes.
2.3.4 La toilette comme un besoin
Le besoin de se laver a été très tôt considéré comme un besoin fondamental pour
l’Homme (Maslow, 1956, 2008). D’après la pyramide de Maslow (annexe ?), il s’agit d’un
besoin physiologique, situé à la base de son schéma, qui doit être assouvi avant de pouvoir
répondre aux besoins situés aux niveaux supérieurs. Pols (2014, p46) évoque également sa
primauté en indiquant que « se laver et d’habiller sont des prérequis à la réalisation […] des
choses qui comptent vraiment ». Winance (2007, p89) reprend Pols en mettant en lien le
besoin d’hygiène avec celui d’indépendance et d’autonomie, « dans la mesure où pour pouvoir
réaliser des activités qui en valent la peine comme travailler, avoir des relations sociales, […]
pour ouvrir la possibilité d’activités plus valorisantes ». Malgré cette récurrente hiérarchisation
des besoins situant la toilette en bas de l’échelle, il est tout de même intéressant de noter que
Maslow la remet en question, du moins partiellement. En effet, il précise que selon les
individus, leur mode de vie, leur environnement, leur éducation, etc., les besoins prioritaires
peuvent ne pas être ceux situés en bas la pyramide. Par exemple pour une personne ayant
toujours été très entourée, le besoin d’appartenance sera primordial, donc situé à la base de
la pyramide, et devra être comblé pour lui permettre de s’épanouir. Faire sa toilette ne serait
donc pas nécessairement un besoin universellement priorisé.
2.3.5 Toilette et hospitalisation
Le besoin d’ « être propre, soigné et protéger ses téguments » est aussi évoqué dans le
soin par Henderson (1947). Lors d’une hospitalisation, le rôle du soignant est donc de subvenir
à ce besoin lorsque la personne n’en est plus capable (Winance, 2007). L’aide qui lui est
apportée est prodiguée par des professionnels de santé formés aux soins d’hygiène : aides-
soignants et infirmiers. Ces derniers ont appris à accompagner lors de la toilette selon un
protocole, un enchainement d’étapes et le matériel a utilisé est également précisé (Soins-
Infirmier.com, 2016). Dans une fiche consacrée à la toilette des patients, le centre de
coordination de la lutte contre les infections nosocomiales (CCLIN) Sud-Est considère la
toilette comme un soin d'hygiène répondant à des critères stricts et permettant de lutter contre
le risque d'infection, si les règles sont respectées. Au cours de leur formation, les aides-
soignants et les infirmiers apprennent également à prendre en compte les besoins de la
personne, ses habitudes de vie et à la stimuler. Toutefois, l’apport de cette aide est nuancé
par le fait que retirer à une personne, même momentanément, ses responsabilités et certaines
21
activités le rend passif et favorise l’apparition d’incapacités. C’est ce qui peut se produire lors
d’une hospitalisation. Permettre à une personne de garder certaines occupations « basiques »
comme se laver la rendrait moins passive (Pols, 2014). L’objectif serait donc de rétablir ou
préserver l’indépendance de la personne, c’est-à-dire lui permettre de réaliser seule ses
activités quotidiennes. Favoriser l’autonomie, au sens de capacité à s’auto-déterminer et à
décider par soi-même, est également un objectif majeur récurent lors des hospitalisations.
Pour atteindre ce but, il s’agirait de laisser la personne choisir les modalités de la toilette (lieu,
moment, matériel, …) et cela « [supposerait] une certaine tolérance pour la saleté » (Winance,
2007, p88). Il y a cependant une limite à la reproductibilité des habitudes de vie de la personne
compte tenu des normes d’hygiène qui sont en vigueur au sein des institutions.
2.4 L’ergothérapie
Au carrefour des concepts développés précédemment, l’ergothérapeute, en tant que
professionnel travaillant à partir de l’activité humaine, se retrouve au carrefour de tous les
concepts développés précédemment. Il peut travailler au sein de soins de suite et réadaptation
à orientation gériatrique. Il peut également être amené à intervenir dans le cadre de la toilette
puisqu’il s’agit d’une activité.
2.4.1 L’ergothérapie : une profession occupation-centrée
L’ergothérapeute est un professionnel intervenant dans le domaine du sanitaire et social.
Il accompagne des personnes de tout âge présentant des incapacités qui les placent en
situation de handicap dans leur vie quotidienne (Portail pour les personnes âgées et leurs
proches, 2018). Il est un acteur à part entière de la prévention pour maintenir l’indépendance
et l’autonomie, et intervient dans la rééducation, la réadaptation et la réinsertion des usagers
au travers de leurs activités (Arrêté 5 juillet 2010 relatif au DE d’ergothérapeute). Il prend en
compte les habitudes de vie et fait le lien entre la personne accompagnée, son environnement
et ses activités. Ses actions visent à « maintenir, […] restaurer et […] permettre les activités
humaines de manière sécurisée, autonome et efficace » (ANFE, 2019). La traduction
anglosaxonne d’ergothérapeute, « occupational therapist », met en avant le concept central
de la profession que sont les occupations. Elles peuvent être définies comme « un groupe
d’activités, culturellement dénommées, qui ont une valeur personnelle et socioculturelle et qui
sont le support de la participation à la société » (Meyer, 2013). Elles englobent notamment les
soins personnels, les déplacements, les loisirs, le travail ainsi que toutes les tâches qui ont de
l’importance pour un individu et permettent sa participation dans la société. Ces activités
peuvent être qualifiées de signifiantes « lorsqu'[elles ont] un sens pour la personne » et de
significatives « lorsqu'[elles ont] un sens pour l'environnement social (Leontiev, cité par M.-C.
Morel, 2006). Elles sont un moyen et un objectif pour la pratique de l’ergothérapie.
22
2.4.2 L’autonomie : un objectif majeur pour l’ergothérapeute
Comme dit précédemment, un des objectifs de l’ergothérapeute est de favoriser
l’autonomie de la personne. Il en est de même dans la prise en soin des personnes âgées en
soins de suite et réadaptation. Winance (2007) met en avant le fait que favoriser l’autonomie
d’un individu passe par la diminution de la dépendance. De fait, recouvrer les capacités de
faire une activité nous laisse le choix de la réaliser ou non. Si des déficiences empêchent la
réalisation de cette activité alors la personne n’a pas le choix : l’activité ne sera pas réalisée.
Viser l’indépendance d’une personne n’aurait pas seulement pour objectif de réaliser ses
activités seule mais également de maintenir son autonomie, ce qui est un objectif majeur de
l’intervention en ergothérapie auprès de la population âgée. La recherche de solutions face à
une ou des dépendances de la personne âgée demande une remise dans le contexte. Lorsque
la dépendance s’installe, on doit déterminer qui est dépendant de qui et/ou de quoi. La
dépendance est tout à fait relative selon le regard qu’on lui porte et est intégrée dans un
système où se côtoient la personne en demande, le moyen de compensation (humain et/ou
matériel) ainsi que l’objet de la compensation. Ce dernier fait le plus souvent référence à une
action ne pouvant être effectuée (Kalfat, dans Ergothérapie en gériatrie, 2009). Memmi définit
la dépendance comme « une relation contraignante plus ou moins acceptée, avec un être, un
objet, un groupe ou une institution […] et qui relève d’un besoin » (repris par Kalfat, dans
Ergothérapie en gériatrie, 2009, p89).
Identifier les éléments composant la relation de dépendance permet « une intervention sur la
dépendance tout en […] incitant à respecter d’autres dépendances, dont la résolution relève
plus d’une représentation du [tiers (professionnel, aidant)] que d’un besoin intrinsèque du
dépendant. Cette idée de connexions entre les dépendances nécessite de la part du
professionnel de santé de chercher plus loin et de prendre en compte les besoins exprimés
par la personne (Kalfat, dans Ergothérapie en gériatrie, 2009). Parfois l’intervention d’une
tierce personne pour l’habillage ou la toilette n’est peut-être plus pertinente car la dépendance
physique n’est plus d’actualité mais la personne âgée peut chercher à compenser un autre
besoin, celui de contact humain ou de valorisation par exemple. L’autonomie pourrait alors
être définie par « la capacité à se développer et à choisir son projet de vie, ce qui peut impliquer
de déléguer à d’autres la réalisation pratique de certaines activités nécessaires» et non par
« la capacité à faire-soi-même ce que l’on peut » (Winance, 2007, p89).
2.4.3 Intervention ergothérapique auprès des personnes âgées
La pratique de l’ergothérapie se base sur des modèles conceptuels. Qu’ils soient spécifiques
à cette profession ou non, ils orientent l’intervention des professionnels selon les concepts qui
les caractérisent et sont associés à des outils d’évaluation. Depuis quelques années, en
23
France, l’ergothérapie s’est tournée vers des modèles systémiques permettant une vision
globale de la situation et tenant compte de l’impact des facteurs intrinsèques et extrinsèques
comme l’environnement (Clavreul, 2019). L’utilisation de ces modèles est d’autant plus
pertinente en gériatrie car « les personnes âgées ont des problématiques complexes,
multifactorielles et fortement contextualisées » (Margot-cattin dans Ergothérapie en gériatrie,
2009, p99). Les évaluations en ergothérapie permettent de mieux comprendre les difficultés
que l’usager rencontre lors de la réalisation de ses activités et de mettre en évidence les
ressources et les obstacles présents dans son environnement (Kalfat dans Ergothérapie en
gériatrie, 2009).
Un diagnostic ergothérapique est établi afin d’orienter la suite de l’accompagnement. Pour se
faire, un premier recueil de données indirectes est effectué. Les hypothèses qui en résultent
oriente le thérapeute dans le choix des évaluations à venir (Dubois et al, 2017). Afin de mieux
connaître la personne et ses caractéristiques identitaires, l’ergothérapeute la rencontre lors
d’un entretien. Il recueille les difficultés exprimées par l’usager ainsi que ses demandes et
celles de son entourage proche (Kalfat dans Ergothérapie en gériatrie, 2009). D’autres
évaluations sous forme de bilans ou d’observations sont ensuite réalisées. Les résultats
obtenus permettent l’établissement d’un diagnostic et d’un plan d’intervention personnalisé et
adapté à la personne.
2.4.4 Evaluation des capacités fonctionnelles et cognitives en
ergothérapie
Selon Margot-Cattin (2009), on peut classer les évaluations selon trois catégories : les bilans
standardisés, les bilans « maison » (c’est-à-dire créé par un professionnel pour sa propre
utilisation et son service) ainsi que les observations réalisées selon un protocole plus ou moins
précis. Quelles qu’elles soient, elles ont toujours pour objectif « d’identifier les problèmes de
l’usager, de les comprendre et de les expliquer, de les coter et les interpréter » (Margot-cattin
dans Ergothérapie en gériatrie, 2009, p99). Tout comme les modèles, ces outils évaluatifs
peuvent être, ou non, propres à l’ergothérapie. Afin de faciliter la communication entre les
ergothérapeutes et les autres professionnels de santé, l’utilisation de bilans fonctionnels
interdisciplinaires comme la Mesure de l’Indépendance Fonctionnelle (MIF) ou d’outils
ergothérapiques validés avec des cotations précises (Kalfat dans Ergothérapie en gériatrie,
2009). Mais peu importe l’outil utilisé il est toujours le reflet d’un contexte précis et d’un modèle
de pratique adopté par le professionnel qui l’utilise (Margot-cattin dans Ergothérapie en
gériatrie, 2009).
Les évaluations sélectionnées par l’ergothérapeute peuvent cibler la pathologie c’est-à-dire la
mise en évidence des déficiences et les incapacités qui en découlent. L’intervention visera la
24
réduction des limitations repérées. Dans ce cas, l’objectif final sera de retrouver l’autonomie
et l’indépendance antérieures de la personne dans ses activités sans toutefois chercher à
transposer dans leur contexte de réalisation (Sorita, 2016). Nicole Sève-Ferrieu (1996) évoque
leur importance afin d’identifier un trouble précis mais cette spécificité limite également leur
utilisation. D’une part parce que des bilans pour l’ensemble des troubles devraient être réalisés
sans quoi une atteinte pourrait ne pas être décelée et d’autre part parce qu’ils sont conçus
pour certaines professions, l’interprétation des résultats peut donc être imprécise et aléatoire.
Les évaluations peuvent également cibler l’occupation, au sens de réalisation d’activités ayant
du sens pour la personne. Cette dernière déterminera selon ses plaintes, les activités évaluées
en priorité afin de repérer les obstacles en regard des interactions entre ses capacités, les
exigences de l’activité et celles de l’environnement, restreignant sa performance (Sorita,
2016).
Les mises en situation sont souvent utilisées par les ergothérapeutes et notamment comme
support d’évaluation parce qu’elles permettent une vision d’ensemble. Elles répondent au
même principe que celui évoqué précédemment. Autrement dit, cette observation peut avoir
pour objectif de mettre en évidence des troubles ou bien le retentissement sur la vie
quotidienne et les freins à la participation de la personne (Sorita, 2016). Lorsque l’occupation
est la cible de l’évaluation, les mises en situation permettent de rester centré sur des activités
qui ont du sens pour la personne et d’observer la personne en interaction avec
l’environnement. Il s’agit d’un bon moyen d’ « envisager concrètement les conséquences
fonctionnelles […] et offre un espace relationnel indispensable à toute prise en [soin] efficace »
(Sève-Ferrieu, 1996, p.19).
Lorsqu’une activité est observée par l’ergothérapeute, différentes composantes de l’activité
peuvent être observées : la planification, l’organisation (chronologie des étapes et leur durée),
les habiletés, les fonctions et structures physiologiques sollicitées. Ces éléments peuvent être
considérés comme stables c’est-à-dire indépendants des conditions de réalisation ou bien
situationnels. Par conséquent, seront également pris en compte le matériel utilisé,
l’environnement physique et l’environnement social. Les composantes observées sont celles
directement liées à la plainte exprimée par l’usager (Meyer, 2013).
25
3 Cadre d’analyse : recueil de données et méthode
3.1 Rappel de la question de recherche
Le cadre théorique a permis de développer les principaux concepts relatifs à la question
de recherche par des recherches documentaires. Il s’agit à présent de confronter cette théorie
à la pratique, à la réalité du terrain. Afin de resituer le contexte, voici un rappel de la question
de recherche et des hypothèses.
L’évaluation de la situation de dépendance d’une personne âgée par
l’ergothérapeute doit-elle être systématiquement réalisée par l’observation de
l’activité toilette ?
❖ Hypothèse 1 : Le cadre institutionnel conditionne l’évaluation de la toilette.
❖ Hypothèse 2 : Les représentations sociales de la toilette influencent le déroulement
de l’évaluation.
❖ Hypothèse 3 : L’évaluation de l’activité « toilette » est abordée de la même manière
que les autres activités de vie quotidienne.
3.2 Choix de la méthode
Afin de recueillir les données qualitatives relatives à l’évaluation de la toilette par
l’ergothérapeute en Soins de Suite et Réadaptation gériatrique, des entretiens semi-directifs
ont été réalisés. La grille d’entretien utilisée est composée de questions ouvertes formulées
pour guider, sans suggérer, les personnes interrogées tout en leur laissant la liberté de
développer leurs réponses. Des idées complémentaires peuvent ainsi être évoquées et
approfondies lors de l’entretien selon leur lien avec le sujet.
3.3 Public cible
Les personnes interrogées sont des soignants intervenants sur le temps de la toilette en
SSR gériatrique : deux ergothérapeutes ainsi que deux aides-soignantes. Le critère se
rapportant au lieu d’exercice des professionnels a été défini en lien avec la problématique.
Une partie des compétences des ergothérapeutes peut les amener à évaluer les capacités
d’un patient lors de ses activités de vie quotidienne parmi lesquelles la toilette. Ils ont été inclus
dans la population cible afin d’en apprendre plus sur leurs pratiques en SSR et lors de la
toilette. Les aides-soignants étant formés dans l’accompagnement des personnes
26
hospitalisées au quotidien, et notamment pendant la toilette, les interroger a notamment
permis d’apporter un éclairage sur leur intervention auprès des patients et sur le
fonctionnement de leur service.
Ces professionnels ont été sélectionnés pour leur métier, leur lieu d’exercice. Les
représentations étant interrogées, il semblait intéressant de choisir des soignants d’âges et
d’expériences différentes puisque ce sont des facteurs pouvant les influencer.
• E1 : ergothérapeute depuis 2011, avec une expérience principalement en gériatrie,
seule ergothérapeute travaillant dans ce SSR gériatrique depuis 1 an et demi.
• E2 : ergothérapeute dans ce SSR gériatrique depuis 12 ans et ayant exercé
principalement en rééducation et réadaptation adultes. Sur le site du SSR il y a d’autres
établissements (EHPAD, …), elles sont trois ergothérapeutes à y travailler. Elle a le
projet de se former au AMPS (Assessment of Motor and Process Skills).
• A1 : aide-soignante ayant travaillé depuis près de 30 ans en gériatrie, travaillant depuis
plus de 25 ans dans le même SSR gériatrique que E1.
3.4 Passation des entretiens
Les questions composant la grille d’entretien sont basées sur les hypothèses de
recherche ainsi que sur les concepts développés dans la partie théorique à savoir : le contexte
en lien avec le cadre institutionnel du SSR, leur représentation du vieillissement et de la
toilette. Des questions relatives à leurs pratiques respectives lors de la toilette et sur la
collaboration interprofessionnelle ont été posées. Le guide d’entretien avec l’ensemble des
questions posées est disponible en annexe.
Les entretiens ont été réalisés par téléphone pour des raisons d’organisation (temps de trajet,
emploi du temps). Les prises de contact initiales ont eu lieu grâce des professionnels
m’accompagnant ou m’ayant accompagné lors d’un stage ainsi qu’à des relations familiales.
Les entretiens ont été précédés de la signature d’un formulaire de consentement éclairé
envoyé par mail et a duré en moyenne trente minutes. Chaque appel a été enregistré avec le
consentement des interlocuteurs, retranscrit et est disponible en annexe.
27
3.5 Analyse des données
3.5.1 Méthode d’analyse
Les données retranscrites à la suite des entretiens ont d’abord été analysés dans un tableau
en regroupant les réponses selon les questions. Cette méthode n’étant pas efficace puisque
les questions en elles-mêmes ont varié selon les dires des personnes interrogées. Les
différentes retranscriptions ont été imprimées et les données en lien avec un même thème ont
été surlignées d’une même couleur. Les thèmes explorés sont en lien avec les concepts
développés dans le cadre théorique. L’objectif de cette étude est de mettre en lumière tous les
éléments influant sur l’intervention de l’ergothérapeute dans le cadre de l’évaluation de
l’autonomie et de l’indépendance lors de la toilette en soins de suite et réadaptation gériatrique.
3.5.2 Professionnels interrogés
Afin de situer le contexte d’intervention des professionnels interrogés et les facteurs pouvant
influencer leurs représentations (âge, formation, expérience), voici un tableau récapitulatif
reprenant les informations les présentant :
ENTRETIEN N°1 ENTRETIEN N°2 ENTRETIEN N°3
Profession Ergothérapeute (E1) Ergothérapeute (E2) Aide-soignante (AS1)
Expérience En EHPAD pendant 6
mois de fin 2011 et
après de 2012 jusqu’à
fin 2017 en Equipe
Spécialisée Alzheimer
donc du domicile.
Plusieurs structures de
Médecine Physique et
Réadaptation
essentiellement, auprès
d’adultes
principalement, en
neurologie, en
orthopédie, en
traumatologie.
Début en faisant des
remplacements tant
qu’agent de service en
SSR gériatrique en
1986.
Obtention du diplôme
d’aide-soignante en
1989. Plusieurs
remplacements en
SSR gériatrique et en
maison de retraite,
ainsi qu’un emploi
dans un service à
domicile.
Structure SSR Gériatrique n°1 depuis fin 2017
SSR Gériatrique n°2 depuis 2007
SSR Gériatrique n°1 depuis plus de 25 ans
28
3.5.3 Admissions et séjours en SSR gériatrique
Les personnes âgées accueillies dans les structures où travaillent les trois
professionnels interrogés, l’ont été pour de « multiples raisons » (E2). Les « chutes » semblent
être la cause principale d’admission dans le service de AS1 et d’E2. Elles peuvent avoir
provoqué un traumatisme physique nécessitant une prise en charge « orthopédique » ou être
le symptôme d’un « maintien à domicile difficile » et/ou de « troubles cognitifs » (E2, AS1). La
pose de « prothèse » (E1), le suivi oncologique (E1, AS1), les « décompensations » (E2, AS1)
ou bien les « accidents vasculaires cérébraux (AVC) » (E2) sont également des causes
d’admission au sein des SSR gériatriques.
Les séjours en SSR des personnes âgées durent entre « quinze jours et quatre mois » (AS1).
Ces variations de durée peuvent s’expliquer de plusieurs manières, notamment selon les
causes d’admissions (E1, E2, AS1). Ainsi après la pose d’une « prothèse de hanche », le
séjour dure « à peine 3 semaines » (E1) comme pour une « décompensation cardio-
respiratoire » (E2) alors que « ceux qui n’ont pas le droit à l’appui peuvent rester près de 6
semaines » (E1). Une personne ayant eu un « AVC » peut rester « trois-quatre mois » (E2).
La présence de « troubles cognitifs » (E1) peut également prolonger le séjour sur « plusieurs
mois » (E1) s’il faut trouver « une place en EHPAD (Etablissement d’Hébergement pour
Personnes Âgées Dépendantes) » (E1). L’aide-soignante interrogée (AS1) a évoqué le
raccourcissement des séjours. Auparavant l’ensemble des soins étaient effectués pendant
l’hospitalisation complète dans le SSR et la sortie était prévue une fois qu’une « revalidation »
(AS1) confirmait que la personne n’avait plus besoin des soins fournis dans l’établissement. A
présent, « le séjour se raccourcit » car certains soins peuvent finir d’être prodigués « à domicile
ou en hospitalisation à temps partiel (HTP) » (AS1) et pour un aspect « financier » (AS1). La
sortie de la personne est prévue quand des aides nécessaires sont mises en place et que
cette dernière « peut rentrer chez elle en sécurité » (AS1).
3.5.4 Représentations des soignants
3.5.4.1 Représentations concernant les personnes âgées
Il n’y a pas de consensus concernant l’âge à partir duquel la personne peut être considérée
comme âgée : « vers 80 ans » pour AS1, « plus de 70 ans » pour E2 ou « plus de 65 ans »
pour E1 qui ajoute la notion de « fragilités ». L’aide-soignante soulève le fait que l’âge n’est
pas un déterminant suffisant, « on voit des gens de 90 ans qui sont très bien […] et d’autres à
70 ans qui peuvent être considérés comme des personnes âgées ». Il s’agirait alors de prendre
en compte « les difficultés dans l’autonomie globale » (AS1) s’illustrant par des « capacités
dans la vie quotidienne perturbées ou diminuées » (E1). Ces personnes « âgées » présentent
29
souvent « des difficultés à se mouvoir » (AS1) ou une limitation cognitive avec « des pertes de
mémoire » (AS1).
3.5.4.2 Représentations concernant la toilette
La « toilette » peut être définie comme le fait de « subvenir à ses soins personnels,
réaliser ses soins personnels d’hygiène » (E2). E1 décrit les étapes de la toilette comme le
« lavage du visage », la « toilette du haut », la « toilette du bas », « les pieds si la personne le
peut » ainsi que « soins dentaires » et capillaires. AS1 met en lien « la propreté » avec « le
bien-être » et « une meilleure estime de soi ». Elle note aussi son influence sur le « regard des
autres ». Afin de réaliser ce soin d’hygiène, l’utilisation du « gant » devant le « lavabo » est le
premier élément qui est cité par l’ensemble des professionnels interrogés, puis vient « la
douche » (E1, E2, AS1) et « le bain » (E2, AS1). Des « aides techniques » (E1) peuvent
également être utilisées lorsque des compensations sont nécessaires.
La fréquence de la réalisation de la toilette dépend « des habitudes de vie de la personne »
(E1, E2). La pratique d’ « exercice physique » (E1), la « transpiration » (E1) et l’
« incontinence » (AS1) sont des raisons pour lesquelles une personne se lave « tous les
jours » (E1, AS1) voire plusieurs fois par jour (AS1).
Les personnes âgées ont des habitudes de vie variables qui dépendent notamment de « leur
contexte de vie » (E2). Certains se lavent « tous les jours ou d’autres non » (E2), certains
prennent « des douches » (E2), d’autres se lavent « au lavabo » (E2). Les professionnels
expriment généralement le fait que les « personnes âgées n’aiment pas trop la douche » (E1),
« se négligent […], ne vont pas se changer » (AS1). D’après leurs expériences, elles feraient
plutôt une « toilette au lavabo tôt le matin » (E1, E2), notamment dans un contexte rural (E2).
3.5.5 La toilette lors du séjour en SSR
3.5.5.1 Intervention des aides-soignants
Les aides-soignants « réalisent les soins d’hygiène de la personne » (E1) âgée
hospitalisée. Ils interviennent pour « aider », « faire », ou « amener la personne à faire » (AS1)
en la stimulant. L’accompagnement se fait selon « la personne, son handicap, […] ses
habitudes de vie » (AS1). Leur intervention se déroule selon « un protocole » (E1, E2) , une
manière de faire qui leur a été apprise pendant leur formation (E1, E2, AS1), laver « du plus
propre au plus sale » (AS1). « Les habitudes de vie étaient moins prises en compte » (AS1)
dans les anciennes formations, maintenant « c’est un peu moins technique » (AS1) et plus
adapté à la personne.
30
3.5.5.2 Contexte de l’accompagnement
Chaque service au sein des SSR où travaillent les professionnels interrogés a une
capacité d’accueil de d’environ 20 lits. Leurs horaires de travail sont programmés selon un
roulement afin que les aides-soignants soient « deux le matin » (E1, AS1) et « une le soir »
(E1, AS1). Le premier commence à 6h30 et termine à 14h30, le deuxième travaille de 8h à
16h et le troisième de 13h30 à 21h (AS1).
La planification des accompagnements à la toilette se fait après un « entretien avec la
personne » (AS1), afin de connaître ses habitudes de vie et d’ « essayer de faire selon leur
rythme […] même si on est dans un établissement » (AS1). L’aide-soignante a cependant
relevé que les personnes ne pouvaient pas prendre de bain car le service ne possède « pas
de baignoire ». Le créneau est également adapté afin que les personnes « soient propres »
pour assister aux « séances de rééducation » prévues « le matin » (E1, AS1). Sont également
prioritaires les « gens déambulants qui se sont déshabillés pendant la nuit » (AS1) et ceux qui
se sont souillés. Si la personne peut se débrouiller seule, « elle va commencer par son visage,
son buste, ses bras, ses mains, […] puis la toilette intime, le lavage des dents » (AS1). Certains
accompagnements ne se font que « pour un dos » (AS1) ou pour une étape particulière, dans
ces cas-là les personnes « sonnent » (AS1) pour demander de l’aide. L’adhésion aux soins
serait conditionnée par le « comportement » (E1) de la personne et dépendrait de l’aide-
soignant(e) réalisant les soins. La participation de la personne serait également influencée par
la temporalité de la réalisation, « certains jours la personne âgée va faire un effort et d’autres,
elle va appuyer tout le temps sur la sonnette » (E1).
L’aide-soignante (AS1) met en avant le fait que ses collègues et elle disposent d’une variété
d’équipements (« gants », « verticalisateurs », « lève-malades », etc.) permettant
d’accompagner au mieux les personnes. Cependant, ils disposent de « très peu de temps »
(AS1) et de « personnel » (AS1), ce qui les oblige à agir avec « empressement » (AS1). Les
sonnettes qu’utilisent les personnes pour demander leur aide les accompagnent en chambre
ce qui les « envahit » (AS1) car elles « sonnent sans arrêt » (AS1).
A l’issue des accompagnements à la toilette, les aides-soignants inscrivent sur le logiciel de
transmissions si la personne a eu « besoin d’aide » (E1), les actes pour lesquels elles ont
aidés et si la compensation était totale ou « partielle » (E1).
3.5.6 Intervention de l’ergothérapeute
L’ergothérapeute intervient pour effectuer un bilan d’autonomie dans les activités de
vie quotidienne sur prescription (E1, E2, AS1). Cette dernière est faite par le médecin
« systématiquement à toutes les entrées » (E2). Il arrive que l’ergothérapeute elle-même en
31
fasse la demande (E1) par exemple lorsqu’une personne présente des « troubles cognitifs »
(E1) ou des « pathologies » induisant une dépendance (E1).
Les objectifs de prise en soin sont établis « selon le projet de la personne » (E2) au cours d’un
« entretien » où sont questionnées les habitudes de vie selon une trame de questions propre
au service, cela peut être une récupération « de l’autonomie » dans l’objectif d’un « retour à
domicile » ou bien « dans une activité définie » par la personne (E2). Ce recueil de données
peut permettre à l’ergothérapeute d’estimer « si le lendemain il va y avoir besoin d’intervenir
ou pas » (E1). Différentes « mises en situation » peuvent être réalisées afin d’évaluer « les
activités élémentaires » telles que « la toilette », « les transferts, les déplacements et le
repas » (E2) ou alors un seul « bilan de la toilette » (E1) global, aussi appelé « bilan de
l’autonomie » (E1), comprenant toutes les activités citées précédemment sauf le repas. Selon
les besoins, des « bilans cognitifs et des visites à domicile » (E2) peuvent également être
prévus.
La toilette est choisie comme support d’évaluation car il s’agit « généralement » d’ « une
activité significative pour la personne » (E2), du « deuxième acte que l’on fait en se levant »
(E1). C’est « une activité de vie quotidienne » (E1, E2) qui entre donc dans le champ de
compétences de l’ergothérapeute (E1, E2). Elle est « facile à mettre en place dans le contexte
hospitalier » (E2) tout en se rapprochant le « plus possible du contexte de vie de la personne »
(E2).
L’intervention sur le temps de la toilette par l’ergothérapeute n’est pas systématique (E1, E2).
L’ergothérapeute E1 aimerait cependant « proposer une évaluation à la toilette pour chaque
personne qui arrive » mais cela n’est actuellement pas possible car elle est seule pour quatre
services.
L’évaluation lors de la toilette se fait lorsque l’ « entretien et les éléments fournis par le médecin
et l’entourage » (E2) suggère un besoin, qu’il y a un « décalage entre les capacités de la
personne » en rééducation et l’accompagnement en chambre (E1) car les soignants suppléent
plus que nécessaire (E1, AS1) notamment parce cela prend « moins de temps de faire à la
place » (AS1). Les aides-soignants peuvent solliciter l’ergothérapeute quand ils rencontrent
des difficultés (E1, AS1). Les personnes âgées sont rarement à l’origine de la demande pour
le bilan de la toilette (E1). En effet, s’il semble qu’elles demandent d’elles-mêmes de l’aide
pour des activités telles que « le repas ou les loisirs » (E1) ou « l’habillage » (E1), ce n’est pas
le cas pour la toilette. La plupart du temps se sont donc les soignants qui proposent à la
personne que l’ergothérapeute vienne (E1, AS1) ou bien cette dernière va « spontanément »
« tous les voir » (E2).
32
3.5.7 Déroulé de l’évaluation de la toilette
Avant chaque bilan, un premier entretien est toujours réalisé (E1, E2) et le
« consentement » est recueilli (E2). Ce dernier est souvent obtenu car les personnes âgées
« sont là en rééducation » (E1), il n’y a « donc pas eu de refus » « pour l’instant » (E1).
L’évaluation se passe « dans la chambre de la personne » (E1, E2) pour « une demi-heure au
moins » (E2) voire « 45 minutes » minimum (E1) « le matin » (E1, E2) car c’est « plus
significatif » que l’ « après-midi » (E2). Les premières observations sont effectuées à l’arrivée
de l’ergothérapeute sur son lieu de travail soit « 9h » (E1, E2), « des fois ce n’est pas assez
tôt » (E1) pour les personnes âgées qui « préfèreraient vers 7h30 » (E1). Le professionnel est
souvent seul (E1, E2, AS1) pour évaluer ou alors accompagné de « stagiaires aides-soignants,
infirmiers ou ergothérapeutes » (E1, E2, AS1). Les aides-soignants n’y participent pas par
manque de temps (E2) et parce que leur présence pourrait influencer la participation de la
personne âgée (AS1) bien que « cela pourrait être intéressant » (AS1) pour leur pratique.
Pendant ce créneau, l’ergothérapeute se base sur « l’observation » (E1) et laisse la personne
faire selon « ses habitudes » (E2), identifie les erreurs et les éventuelles « stratégies de
compensation » (E1). Le professionnel peut aussi évaluer l’ « utilisation des aides
techniques » proposées (E1). Tout ce qui est observé peut être décrit dans un bilan narratif
(E1) selon différentes catégories telles que « déplacements, transferts, toilette du haut, toilette
du bas, habillage, chaussage, continence » en lien avec des grilles pluridisciplinaires type
« AGGIR2 ou ADL3 » (E1) afin que cela soit compréhensible « pour tout le monde médical,
médico-social » (E1). La « MHAVIE4 » peut également être utilisée en reprenant « les items »
« qui intéressent la personne » (E2) et les critères associés : « avec ou sans aide technique,
avec difficultés, sans difficultés, réalisé, non réalisé, … » (E2).
L’évaluation par l’ergothérapeute permet un gain de temps pour les aides-soignantes (E1)
parce que le créneau réservé à l’évaluation est long, temps que les AS n’ont pas (E1) et que
l’ergothérapeute va pouvoir « choisir un déroulé […] qui permette aux soignants de passer le
minimum de temps avec la personne » (E1). Il s’agit également d’un regard extérieur car les
aides-soignants n’ont parfois « plus de recul » (AS1) sur les capacités d’une personne.
3.5.8 Transmissions
« Quelques jours après », les aides-soignants transmettent si les préconisations
conviennent ou bien la personne est revue (E1).
2 Grille AGGIR (Autonomie Gérontologie Groupes Iso Ressources) 3 Grille ADL (Activities of Daily Living) soit en français, « Activités de la vie quotidienne » 4 MHAVIE (Mesure des HAbitudes de VIE)
33
Les aides-soignants prennent connaissance du résultat de l’évaluation sur le logiciel de
transmission (E1, AS1) ou grâce à un pictogramme qui est laissé en chambre. Ils n’ont
cependant « jamais été curieux » de savoir quel outil a mené à ces conclusions (AS1). Des
synthèses ont également lieu chaque semaine (E1, AS1) afin d’échanger sur les progrès de
la personne et les « résultats des bilans » (E1, E2, AS1) ainsi que pour déterminer si une
intervention sur la réalisation de la toilette a besoin d’être mise en place par l’ergothérapeute
(E2). Les échanges avec les aides-soignants sont très importants car ceux-ci voient les
personnes hospitalisées tous les jours et peuvent ainsi distinguer les évolutions (E1).
3.6 Limites
Malgré le grand nombre de ressources explorées, très peu de documents ayant un lien
direct avec le sujet, l’évaluation de la « toilette » en ergothérapie en rééducation/réadaptation,
ont pu être exploités. La plupart des références traitent donc pour la plupart d’une partie du
sujet, d’une notion abordée, comme l’évaluation en ergothérapie ou bien la toilette.
La population concernée par la recherche était les personnes âgées. Comme il l’a été
démontré dans la partie théorique, il n’y a pas de consensus déterminant précisément les
critères d’inclusion pour cette population. Afin de dépasser cette difficulté et ne pas faire
d’approximations, l’étude s’est concentrée sur les personnes âgées en séjour en soins de suite
et réadaptation gériatrique.
Les personnes âgées évaluées lors de la toilette par un ergothérapeute n’ont pas été
interrogées car le cadre juridique de la recherche aurait rendu complexe leur participation aux
entretiens. Il aurait cependant été pertinent de questionner leurs propres représentations du
vieillissement, de la toilette ainsi que leur ressenti concernant l’intervention des soignants
(aides-soignants, ergothérapeutes, …) lors de cette activité.
L’enquête réalisée était de type qualitatif restreignant, compte-tenu du temps imparti, le
nombre de personnes participantes. Les trois professionnels interviewés sont de deux corps
de métier différents, ergothérapeute et aide-soignant, et travaillent dans deux structures
distinctes afin d’exploiter au mieux le faible nombre d’entretiens réalisés. Aucune aide-
soignante du même établissement que E2 n’a pu être interrogée pour des raisons de
disponibilités. Il aurait été intéressant de pouvoir associer le point de vue d’une aide-soignante
à celui de la deuxième ergothérapeute et également de le comparer à celui de l’autre aide-
soignante.
Les aides-soignants reprenant une partie des compétences et tâches des infirmiers, interroger
ces derniers auraient pu permettre un point de vue complémentaire d’autant qu’ils peuvent
être amenés à accompagner lors de la toilette. Cependant ce soin n’étant pas celui qu’ils
34
réalisent le plus, la participation des aides-soignants à l’enquête paraissait plus pertinente et
a donc été préférée.
Ayant peu d’expérience dans la passation d’entretiens, certains points évoqués par les
professionnels interrogés n’ont pas fait l’objet d’une reformulation ou d’un éclaircissement et
n’ont donc pas plus être pleinement exploités. Il est également important de préciser que les
données recueillies ne sont pas exhaustives ni généralisables même si elles apportent à
l’étude une vision plus concrète du sujet grâce à la pratique sur le terrain.
4 Discussion
4.1 Retour sur les hypothèses
La première hypothèse concernait le conditionnement de l’évaluation de la toilette par le
cadre institutionnel.
D’après les entretiens, il apparaît que différents facteurs en lien avec l’environnement
hospitalier ont un impact la réalisation de l’évaluation des capacités lors de la toilette. Les
professionnels ont évoqué le fait que si les horaires de cette dernière étaient,
assez logiquement, restreints à ceux où l’ergothérapeute travaille, un autre paramètre est pris
en compte comme lors de la réalisation de la toilette par les aides-soignantes. En effet, les
personnes âgées doivent suivre un certain nombre de séances de rééducation par jour lors de
leur séjour (cahier des charges de la FHP, fhp-ssr.fr) et les professionnels interrogés ont
évoqué un principe tacite selon lequel les personnes devraient être « propres » et donc avoir
fait leur toilette avant d’aller à ces rendez-vous. Ces dernières étant souvent le matin dans les
structures des professionnels interrogés, cela constitue une contrainte supplémentaire pour la
planification de l’évaluation.
Ces derniers ont d’ailleurs tous rapportés et soulignés l’importance de prendre en compte les
habitudes de vie dans la réalisation des soins des personnes hospitalisées (HAS, 2009), même
si le contexte institutionnel (organisation, collectivité, environnement…) ne permet pas toujours
de les appliquer pleinement. Le recueil de données concernant les habitudes de la personne
ne se base pas sur un outil validé mais sur une trame de questions établie en interne.
L’utilisation d’un support dédié aux habitudes de vie tel que la MHAVIE, qui est actuellement
utilisée comme outil d’analyse de l’observation par une des ergothérapeutes interrogées,
permettrait d’explorer l’ensemble des activités « courantes » de la vie quotidienne
(Fougeyrollas et al, 2004).
L’environnement physique n’est pas apparu comme étant une contrainte lors de la réalisation
de l’évaluation dans le cadre de la toilette. Le cadre était même favorisant pour une mise en
35
situation de cette activité puisque chaque chambre est équipée d’une salle d’eau qui, selon
les représentations des professionnels interrogés, dispose de l’équipement nécessaire pour
reproduire au mieux les conditions naturelles de réalisation.
Concernant la durée de séjour en soins de suite et réadaptation, un raccourcissement a été
évoqué par l’aide-soignante retranscrivant la stratégie de « déshospitalisation » (atih.sante.fr,
2013). Elle a en effet expliqué que la sortie est prévue dès que les activités dites élémentaires,
telles que manger, boire, éliminer, se laver, s’habiller, etc., peuvent être assurées par la
personne elle-même ou un tiers (aidant naturel ou service d’aide domicile). Le reste des soins
de rééducation et/ou de réadaptation peuvent continuer à être prodigués en externe
(atih.sante.fr, 2013). Toutefois ce raccourcissement des séjours n’a été relevé que par l’aide-
soignante et ne semble donc pas avoir une influence significative sur la temporalité de
l’évaluation.
La deuxième hypothèse supposait que les représentations des soignants et plus
particulièrement celles de l’ergothérapeute influençaient l’évaluation de la toilette.
Les différents propos recueillis lors des entretiens montrent des liens entre les représentations
des soignants et une relative influence sur la réalisation de la toilette et son évaluation lors de
l’hospitalisation. Il en est ressorti une représentation culturelle commune concernant les
modalités de la toilette. Selon les professionnels interrogés, la toilette se ferait plutôt le matin
et aurait pour objectif d’être propre en se lavant grâce à l’eau. De nos jours, la quasi-totalité
des logements en France étant pourvus d’un accès à l’eau courante et ce, depuis quelques
dizaines d’années, cela peut expliquer la présence de l’eau dans les représentations de la
toilette. L’utilisation de l’eau lors de la toilette serait un phénomène culturel en France, établi
par la généralisation de l’eau courante et transmis de générations en générations (Bourdieu,
1978).
L’aide-soignante a, quant à elle, ajouté la notion d’estime de soi et le lien entre la propreté et
le regard des autres. Se laver selon les « normes » de la société actuelle correspondrait à une
représentation sociale de la toilette, c’est-à-dire pouvant être influencée par les pratiques de
la population (Filion, 2005) et aurait une réelle influence sur l’image que la personne renvoie
et par extension sur son intégration dans la société. Faire sa toilette répondrait donc à un
besoin d’estime de soi et aussi à un besoin d’appartenance (Maslow, 1956, 2008).
Les représentations sociales concernant les personnes âgées et leur manière d’assurer leurs
soins d’hygiène sont également sensiblement les mêmes d’un soignant interrogé à l’autre. En
effet, les données recueillies mettent en avant que la routine la plus courante serait, lorsque
la toilette est réalisée, de se laver au gant devant le lavabo. Ces représentations sociales
seraient issues de leurs représentations culturelles plutôt similaires de la toilette ayant été
36
influencées par divers facteurs tels que : leur formation professionnalisante, qui n’avaient
certes pas exactement le même contenu mais visait tout de même à faire d’eux des
professionnels de santé ainsi que leurs expériences dans le cadre de leur travail en gériatrie
(Moscovici, Hewstone, 1983 ; Salès-Wuillemin et al, 2007).
Concernant leur vision de la personne âgée, les professionnels ne se sont pas accordés sur
un âge seuil, car le vieillissement affecterait différemment chacun. Une personne serait alors
considérée comme âgée, lorsque les effets délétères de la dégénérescence diminueraient les
capacités de déplacement et de réalisation des activités de vie quotidienne. Les
caractéristiques définissant cette population seraient donc très relatives et plutôt liées à des
atteintes physiologiques limitant la participation (Organisation Mondiale de la Santé, 2018). Du
fait de ces restrictions, les personnes âgées auraient besoin d’aménagements ou d’aide
extérieure, dont le SSR peut estimer les besoins (Art. R. 6123-118 CSP, légifrance.fr)
notamment grâce à l’intervention de l’ergothérapeute, afin de maintenir leur autonomie et leur
indépendance (ANFE, 2019).
La troisième hypothèse soutenait que l’évaluation de la toilette était abordée de la même
manière que les évaluations d’autres activités de vie quotidienne.
Une différence entre les autres évaluations des activités de vie quotidienne et celle réalisée
dans les cadre de la toilette concerne l’initiateur de la demande. Il a été relevé lors des
entretiens, l’intervention de l’ergothérapeute lors de la toilette se faisait principalement suite à
la demande d’un professionnel de santé (médecin, aide-soignant) ou à l’estimation des
besoins de la personne par l’ergothérapeute grâce à une recueil de données préliminaires
(Kalfat dans Ergothérapie en gériatrie, 2009). L’évaluation des capacités lors de la toilette
répondrait-elle donc à un besoin de la personne ou un besoin des soignants de se rassurer
quant à la « bonne » réalisation des soins d’hygiène ? Cette évaluation serait donc plutôt
effectuée dans une logique paternaliste, dans laquelle les soignants savent ce qui est le mieux
pour la personne hospitalisée (Rameix repris par Clavreul, 2019). Ce paternalisme serait donc
partagé par les professionnels de santé et la personne âgée.
Parfois l’évaluation révèle des réelles difficultés dont la personne a conscience, on peut alors
s’interroger sur les raisons qui ont empêché la personne de solliciter de l’aide pour trouver des
solutions pour la toilette puisque pour les autres activités, les demandes sont apparemment
fréquentes. La personne préfère-t-elle qu’un tiers l’accompagne ou bien n’ose-t-elle pas peut-
être parce que cela concerne sa vie intime ?
L’entrée dans l’intimité de la personne lors de cette évaluation n’a pas été soulevée, peut-être
parce qu’il n’y a jamais eu ou alors très peu de refus. Le consentement est évidemment
toujours recueilli (Loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades, chap. 2, art. 11) avant
37
chaque évaluation cependant son obtention systématique pourrait être interrogée. Est-ce en
lien avec le paternalisme évoqué précédemment ? Le manque d’adhésion à d’autres soins a
été exprimé par une ergothérapeute cependant les causes de ces refus sont principalement
imputées au comportement de la personne hospitalisée ou bien à la relation du soignant avec
cette dernière. Une autre possibilité serait-elle que ces soins ne seraient pas en accord avec
le projet de vie de la personne ? Si l’initiative est majoritairement prise par un tiers, d’après les
entretiens, l’évaluation des capacités lors de la toilette quant à elle tendrait à respecter le plus
possible les habitudes de vie de la personne.
Concernant les conditions de réalisation, cette mise en situation d’une activité de la vie
quotidienne étant parfois la seule, il est impossible de la comparer à d’autres évaluations en
situation. Cependant son objectif exprimé par les professionnels interrogés était le retour à
l’autonomie c’est-à-dire la récupération des capacités, ce qui est le but principal d’un séjour
en soins de suite et réadaptation selon l’HAS (2009). La formulation de cet objectif tendrait à
illustrer une intervention plutôt basée sur les déficiences cependant, l’utilisation d’outils comme
la MHAVIE traduirait une évaluation s’orientant vers l’occupation c’est-à-dire prenant en
compte les interactions entre la personne âgée, l’activité et l’environnement (Sorita, 2016).
Les outils utilisés par les ergothérapeutes sont soit créés par les ergothérapeutes dans leur
service soit non spécifiques à l’ergothérapie (bilan descriptif de l’activité ou MHAVIE). Selon
les ergothérapeutes interrogées, ces choix ont été faits afin de répondre à leurs besoins et
pour faciliter la communication entre les professionnels intervenant auprès des personnes.
Cependant l’utilisation de la MHAVIE comme outil d’évaluation d’une observation soulève un
autre questionnement. Ce questionnaire relatifs aux habitudes de vie peut être rempli, quand
son état le permet, par la personne elle-même ou par un proche. L’observation de cette activité
doit-elle être faite entièrement et en première intention, autrement dit l’ergothérapeute doit-il
forcément en par là pour accompagner la personne dans une réalisation de l’activité « toilette »
satisfaisante pour elle ?
4.2 Pistes de réflexion
4.2.1 Intimité et Soins de suite
Dans sa pyramide des besoins, Maslow (1956,2008) évoque les besoins d’estime et
d’appartenance. Ce premier besoin est notamment dépendant de l’image que la personne a
d’elle-même et la valeur qu’elle y accorde. Le regard des autres a également une influence
sur la manière dont la personne se perçoit (Fiat dans Gérontologie et société n°122, 2007).
C’est pour cette raison qu’avoir de la considération pour le soigné lors des soins importe tant.
Le respect de la personne âgée commence par le respect de son corps et de toutes ses
38
caractéristiques et ses singularités car il a été et reste le témoin de toute une vie (Fiat dans
Gérontologie et société n°122, 2007). Il s’agit d’un préalable à la bientraitance (Moulias et al.
dans Gérontologie et société n°133, 2010), Afin de répondre à son besoin d’appartenance, la
personne tend à s’intégrer dans un groupe. Cela implique d’établir des relations, lesquelles
reposent sur le partage. Être membre d’une communauté repose donc sur ce que l’on choisit
de dévoiler aux autres, c’est pour cette raison que l’on accorde généralement autant
d’importance à la manière dont on se présente à autrui, les vêtements pouvant servir à
dissimuler ce que l’on ne veut pas montrer (Fiat dans Gérontologie et société n°122, 2007).
Lorsque la dépendance apparaît et que la personne âgée n’est plus en capacité d’assurer
certains actes, elle se voit obliger de demander et d’accepter l’aide d’un tiers. Mais autoriser
l’entrée dans son intimité peut être un préalable indispensable pour l’accompagnement comme
pour« l’activité de nursing [qui] se distingue précisément par cette nécessité de
rapprochement » (Gardien, 2008, p.188). Dans le contexte de l’institution, que ce soit d’un lieu
de vie ou d’une structure de rééducation et/ou réadaptation, l’aide est fournie par des
professionnels de santé. La personne « doit [alors] accepter d’être touchée par tout soignant
ou rééducateur dans l’exercice de ses fonctions » (Gardien, 2008, p185) « sans pouvoir choisir
la personne qui [la] touchera, et encore moins maîtriser la façon dont il sera touché » (Gardien,
2008, p.187). Elle n’est plus en mesure de « contrôler l’accès à son intimité » (Gardien, 2008,
p.187) d’autant plus que le nombre d’intervenants est important et qu’ils sont partagés avec
d’autres personnes soignées (Gardien, 2008).
Le principe même de l’intervention des professionnels de santé dans ces établissement de
soins repose sur l’entrée dans l’intimité pour disposer de connaissances sur la personne pour
établir la relation thérapeutique, sur ses habitudes et ses données médicales pour mieux la
prendre en soin (Darnaud dans Gérontologie et société n°122, 2007). Cette intrusion, bien que
justifiable, n’en reste pas moins une nouvelle atteinte à la pudeur. Cette notion, souvent
associée à l’intimité, vient en fait du latin « pudere » signifiant honte (Fiat dans Gérontologie
et société n°122, 2007). Si ces deux notions sont distinctes, il suffit de peu de choses pour que
la pudeur devienne honte. Le regard d’autrui et son manque de considération peuvent être ce
déclencheur (Fiat dans Gérontologie et société n°122, 2007).
4.2.2 Recueil des habitudes de vie
L’utilité de l’observation a été mainte fois démontrée (Sorita, 2016). Elle est d’ailleurs un outil
très largement utilisé par les ergothérapeutes. Lors d’une mise en situation pendant la toilette,
l’ergothérapeute observe la réalisation et les interactions personne-activité-environnement
avec l’objectivité d’un professionnel de santé, cependant un élément non négligeable entre en
jeu : l’intimité. Si bon nombre d’activités de la vie quotidienne peuvent être réalisées en public,
39
celle-ci fait partie de la sphère intime, c’est-à-dire qu’elle n’est pas partagée avec tout le monde
et le plus souvent est effectuée seul. L’entrée dans l’intimité de la personne hospitalisée ne
peut donc pas être prise à la légère et le recours à l’observation de la toilette ne devrait se
faire que lorsque cela est réellement nécessaire. La réflexion porte sur le recueil des habitudes
de vie comme première évaluation des capacités et préalable incontournable à la mise en
situation.
Bossaert (2009) a dit que « pour savoir ce que le patient est capable de faire lorsqu’il est à
l’hôpital, un entretien oral est insuffisant ». Il est vrai que les mises en situation permettent une
vision globale et d’étudier les facteurs situationnels influençant la réalisation de l’activité. Il
s’agit également d’un bon moyen pour trouver des leviers pour la rééducation et la
réadaptation, ainsi que pour élaborer des stratégies afin que la personne puisse réaliser ses
activités de vie quotidienne efficacement, en sécurité avec le minimum d’effort et peu d’aides
(Sorita, 2016). Mais certains outils utilisés au préalable pourraient permettre de recueillir les
demandes et d’estimer, à défaut d’évaluer, les capacités des personnes âgées hospitalisées
sans qu’une mise en situation de la toilette et de toutes ses étapes soit nécessaire. Il s’agirait
de s’assurer que l’objet de l’observation ne puisse être évalué autrement que par une mise en
situation.
L’une des ergothérapeutes interrogées a évoqué l’utilisation d’une partie du questionnaire de
la MHAVIE comme outil d’évaluation de l’observation. Cette mesure des habitudes de vie a
pour objectif de rassembler des informations sur les activités « courantes » réalisées par la
personne dans son quotidien au travers d’un questionnaire (Fougeyrollas et al, 2004).
Ce questionnaire s’adresse prioritairement à la personne mais peut également être rempli par
un de ses proches ou un professionnel de santé. L’intérêt de l’auto-questionnaire est que la
personne est, normalement, la plus apte à répondre à ces questions. Le niveau de satisfaction
qu’elle exprime permet de suggérer des leviers sur lequel l’ergothérapeute peut s’appuyer pour
son intervention et ainsi répondre à une demande émanant vraiment de la personne
hospitalisée.
Pour faire le lien avec la toilette, la section qui s’y réfère est dénommée « hygiène corporelle ».
Y sont détaillées les tâches suivantes : prendre un bain ou une douche, laver et essuyer le
bas du corps, laver et essuyer le haut du corps, se laver les cheveux, se sécher les cheveux,
se coiffer, se brosser les dents, se raser, se moucher, se nettoyer et se couper les ongles, se
maquiller, entretenir ses prothèses ou autres accessoires (lunettes, dentiers, appareils auditifs,
…) (Fougeyrollas et al, 2004). Cette évaluation vise l’occupation et non l’identification des
déficiences (Sorita, 2016). Les fonctions physiologiques ne sont donc pas détaillées puisque
ce ne sont pas les causes qui sont recherchées mais plutôt leur répercussion sur la
participation de la personne. Les critères d’évaluation de la participation sont le niveau de
40
réalisation, le type d’aide requis ainsi que le niveau de satisfaction exprimé par la personne.
La limite de ce questionnaire serait que la personne âgée a été hospitalisée et donc que ces
habitudes ont été bouleversées par la cause de l’admission mais aussi par l’hospitalisation
elle-même. N’ayant pas pu reprendre toutes ses activités, elle ne serait donc pas forcément
consciente de ses « nouvelles » capacités. Concernant la toilette, la personne aura pu
réessayer de réaliser cette activité donc cette limite ne serait pas applicable.
Bien évidemment cet outil ne peut se substituer à une mise en situation, cependant les
informations recueillies permettent d’établir un premier état des lieux et d’orienter l’intervention
de l’ergothérapeute sur une ou plusieurs activités et sur une ou plusieurs tâches les
composant. En se basant sur les habitudes de vie de la personne afin d’établir avec elle ses
objectifs lors du séjour en SSR , l’ergothérapeute ne serait plus dans une pratique paternaliste
mais dans une relation plus horizontale et égalitaire (Clavreul, 2019).
41
Conclusion
Avec la dégénérescence physiologique due au vieillissement, une personne se trouve
fragilisée. La survenue d’une chute ou d’une pathologie peut occasionner une perte
d’indépendance et/ou d’autonomie restreignant sa participation dans ses activités parmi
lesquelles la « toilette ». Il s’agit d’un acte ayant toujours été présent dans les pratiques des
populations, seules les modalités de réalisation évoluent. Dans le cadre d’un séjour un service
de soins de suite gériatrique, un projet de soins est établi et l’évaluation de l’indépendance et
de l’autonomie de la personne âgée fait partie des préalables à l’établissement d’objectifs
adaptés.
L’évaluation des capacités lors de l’activité « toilette » est dépendante d’un certain nombre de
facteurs liés aux modalités de réalisation. En effet, les concepts théoriques développés ainsi
que l’analyse des entretiens menés tendent à montrer que le contexte institutionnel oriente les
interventions des professionnels de santé vers cette évaluation pour des raisons pratiques
(environnement, horaires). Cependant ces même raisons conditionnent les modalités de
réalisation, contraignant parfois les ergothérapeutes à s’écarter des habitudes de vie de la
personne.
Les représentations en lien sur les pratiques liées à la toilette et sur la façon dont les personnes
âgées se lavent, ont également un impact sur les critères d’évaluation lors de l’observation.
La fréquence de l’activité, les étapes et leur ordre de même que le niveau de propreté attendu
sont basées sur des représentations propres à chaque individu. Lors de cette évaluation, il est
donc important, en tant qu’ergothérapeute, de se rappeler les objectifs de l’intervention qui est
de répondre aux demandes de la personne et de porter un regard objectif sur l’activité. En tant
que soignant intervenant dans l’intimité corporelle de la personne âgée, il s’agit également de
faire preuve de considération envers la confiance qu’elle nous accorde en nous laissant l’aider
et d’être conscient de ce qu’elle implique.
Un des apports personnels les plus importants de ce travail de recherche est l’absolue
conviction que sans la confiance de la personne, l’intervention des ergothérapeutes est vaine.
Cette affirmation semble évidente et pourtant, je pense que cette confiance peut être
facilement prise pour acquise et que nous, soignants, n’avons pas toujours conscience de ce
qu’elle implique, notamment lors d’interventions dans le cadre de la toilette où la personne se
met littéralement à nu.
42
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I
Table des annexes
Annexe 1 : Retranscriptions des entretiens exploratoires ....................................II
Annexe 2 : La pyramide des besoins de Maslow ................................................... III
Annexe 3 : Extraits de la MHAVIE .......................................................................... IV
Annexe 4 : Guides d’entretien ................................................................................ VI
Annexe 5 : Retranscriptions des entretiens ........................................................ VIII
II
Annexe 1 : Retranscriptions des entretiens exploratoires
Entretien exploratoire 1 : Avec un ergothérapeute travaillant en SSR adulte
Questions/réponses
« Voyez-vous systématiquement les patients en évaluation à la toilette ? »
Oui
« Pourquoi faites-vous systématiquement une évaluation à la toilette ? »
Le fait que la toilette soit une activité universelle la désigne comme un bon moyen de médiation. Pendant
cette activité, une intimité est créée et la personne peut se confier sur ses difficultés, ses habitudes de
vie. C’est également pratique comme mise en situation à l’hôpital étant donné que chaque chambre
équipée d’une salle de bain. C’est une évaluation qui permet d’évaluer l’indépendance et/ou l’autonomie
selon les objectifs. C’est un bilan complet, autant des capacités fonctionnelles que des capacités
cognitives.
« Pour répondre à quel(s) besoin(s) cette évaluation est-elle réalisée ? Qui la demande ? »
Le plus souvent le médecin fait une prescription demandant une « évaluation des capacités de la
personne dans ses activités quotidiennes » ou bien il prescrit des séances d’ergothérapie. Dans les
deux cas, commencer par la toilette est cohérent car c’est une activité de base.
« Quels outils sont utilisés ? »
Le plus souvent des « bilans maison » créé par les professionnels d’une structure et commun à tous les
services mais d’autres bilans en ergothérapie peuvent être utilisés comme la MHAVIE (Mesure des
habitudes de vie) qui contient un encart sur cette activité de vie quotidienne.
Entretien exploratoire 2 : Avec une aide-soignante travaillant en SSR adulte
Questions/réponses
« Quel est l’intérêt que l’ergothérapeute réalise une évaluation à la toilette ? »
L’ergothérapeute a un regard extérieur car ce soin n’est pas une intervention prépondérante dans la
pratique de son métier. Il a le recul et le temps nécessaire pour laisser la personne faire et discuter plus
longuement avec elle.
Il est en capacité de trouver des adaptations ou autres techniques pour maximiser l’autonomie de la
personne. « Aujourd’hui, je ne me verrais pas travailler sans ergothérapeute ».
« Pour répondre à quel(s) besoin(s) cette évaluation est-elle réalisée ? Qui la demande ? »
Les aides-soignants manquent de temps pour réellement prendre le temps de laisser faire la personne.
Ils ont tendance à pallier ou à faire à la place car ils spéculent sur les difficultés de la personne. Il nous
donne des informations sur ce que la personne est en capacité de faire afin que les aides-soignants
puissent adapter au mieux leur soin.
III
Annexe 2 : La pyramide des besoins de Maslow (1956)
Source : https://my-psychologie.com/2018/06/20/faut-il-oublier-la-pyramide-de-maslow/
IV
Annexe 3 : Extraits de la MHAVIE
V
Source : https://ripph.qc.ca/wp-content/uploads/2017/10/32_14-99_Formulaire-detaille_francais.pdf
VI
Annexe 4 : Guides d’entretien
ENTRETIEN AVEC UN ERGOTHERAPEUTE
Contexte / SSR :
• Depuis combien de temps travaillez-vous dans cette structure ?
• Avez-vous exercé un autre poste avant celui-ci ? si oui dans quel type de structure ?
• Actuellement quelles sont vos amplitudes horaires lors de vos journées de travail ?
• De combien de lits dispose votre structure ? Combien d’ergothérapeutes y a-t-il ? D’aides-
soignants ?
• Quelles sont les causes d’admission dans la structure ?
• Quelle est la durée moyenne de séjour ?
Vieillissement :
• Selon vous, que vous évoque le terme de personne âgée ?
• Selon vous, comment les personnes âgées font leur toilette (rituel, modalités) ?
Toilette :
• Qu’est-ce que l’expression « faire sa toilette » vous évoque ?
• Pour vous, à quelle fréquence une personne doit-elle se laver et comment ?
(Pourriez-vous citer plusieurs moyens pour faire sa toilette ?)
• Quel lien est-ce que vous faites entre ergothérapie et toilette ?
Ergothérapeute :
• Concernant votre intervention au sein du SSR, comment définissez-vous vos objectifs ?
• Qui est ce qui initie les demandes de bilan d’autonomie dans les activités de vie quotidienne ?
• Pour vous quels sont les facteurs qui motivent le choix de la toilette plutôt qu’une activité de vie
quotidienne comme support d’évaluation de l‘indépendance ? Votre intervention sur le temps de
la toilette est-elle systématique ?
• Complétez-vous votre bilan de l’autonomie avec des évaluations d’autres activités de vie
quotidienne ? si oui lesquels ?
• Sur quels critères vous basez-vous pour définir qui a besoin d’être évalué à la toilette ?
• Quel support utilisez-vous lors de cette évaluation ?
• Dans quelles conditions réalisées ces évaluations (temps, lieux, autres professionnels) ?
Pourquoi ces conditions-là ? Que pensez-vous de ces conditions de réalisation ?
• Est-ce que vous intervenez aussi à la demande de la personne ?
Aide-soignant :
• Concernant les aides-soignants, pour vous, en quoi consiste l’intervention de l’aide-soignante
dans le cadre de la toilette (protocole) ?
• En quoi les interventions des ergothérapeutes et aides-soignantes sont complémentaires ?
VII
ENTRETIEN AVEC UN AIDE-SOIGNANT
Contexte / SSR :
• Depuis combien de temps travaillez-vous dans cette structure ?
• Avez-vous exercé un autre poste avant celui-ci ? si oui dans quel type de structure ?
• Actuellement quelles sont vos amplitudes horaires lors de vos journées de travail ?
• De combien de lits dispose votre structure ? Combien d’ergothérapeutes y a-t-il ? D’aides-
soignants ?
• Quelles sont les causes d’admission dans la structure ?
• Quelle est la durée moyenne de séjour ?
Vieillissement :
• Selon vous, que vous évoque le terme de personne âgée ?
• Selon vous, comment les personnes âgées font leur toilette (rituel, modalités) ?
Toilette :
• Qu’est-ce que l’expression « faire sa toilette » vous évoque ?
• Pour vous, à quelle fréquence une personne doit-elle se laver et comment ?
(Pourriez-vous citer plusieurs moyens pour faire sa toilette ?)
Aide-soignant :
• Comment planifiez-vous les toilettes ?
• Comment accompagnez-vous une personne âgée lors de sa toilette ?
• Comment choisissez-vous la manière de l’accompagner à la toilette ?
• Comment déterminez-vous les étapes de la toilette et la chronologie ?
• Que pensez-vous des conditions de réalisation de la toilette dans le service ?
• Etes-vous, en tant qu’aide-soignante, formée pour réaliser les toilettes ? Si oui de quelle
manière ?
Ergothérapeute :
• Concernant l’ergothérapeute, selon vous quel est son rôle au sein du SSR ?
• Selon vous, qui demande l’intervention de l’ergothérapeute ?
• Savez-vous quels supports utilise l’ergothérapeute pendant son évaluation lors de la
toilette ?
• Vous communique-t-elle ces résultats ? Si oui, comment ?
• L’accompagnez-vous lors de ses évaluations ?
VIII
Annexe 5 : Retranscriptions des entretiens
ENTRETIEN TELEPHONIQUE AVEC ERGOTHERAPEUTE 1 :
Etudiante en ergothérapie : Pour commencer je voudrais juste situer le contexte. Depuis
combien de temps travaillez-vous dans cette structure ?
Ergothérapeute : En SSR ça fait 1 an et demi, je suis là depuis décembre 2017
Dans quel autre type de structures avez-vous travaillé ?
En EHPAD pendant 6 mois de fin 2011 et après de 2012 jusqu’à fin 2017 en Equipe Spécialisée
Alzheimer donc du domicile.
Actuellement quelles sont vos amplitudes horaires lors de vos journées de travail ?
9h-12h30 et 13h15-16h45 les lundis, mardi, jeudis vendredi.
De combien de lits dispose votre structure ?
80 lits répartis sur 4 services.
Combien d’ergothérapeutes ?
1 seule
Combien d’aides-soignants ?
En roulement, elles sont deux par services donc entre 8-9. Le matin elles sont entre 8-9 aides-soignants.
Certains jours, elles sont autour de 10 ou 12, ça dépend de la répartition des horaires. L’après-midi, il y
a 1 aide-soignante avec 1 infirmière par service. Pareil pour la nuit.
Quelles sont les causes d’admission dans la structure ?
On a 4 services chacun avec sa spécialité : troubles cognitifs diagnostiqués ou en cours de diagnostic,
traumatologie/orthopédie (prothèses de hanche ou de genou), oncologie, soins palliatifs.
Concernant les deux premiers services, pouvez-vous m’indiquer la durée de séjour en
moyenne ?
C’est différent entre les deux. Troubles cognitifs cela peut durer plusieurs mois car c’est en attente d’une
place en EHPAD, donc ce sont des personnes qui vont rester facilement 3-4 mois. C’est une moyenne,
parfois c’est plus long, parfois on a des places plus facilement. En orthopédie, c’est différent car certains
n’ont pas le droit à l’appui, ils peuvent rester à peu près 6 semaines en moyenne entre ceux qui n’ont
pas le droit à l’appui et ceux qui viennent pour une prothèse de hanche où ça dure à peine 3 semaines.
Les prochaines questions vont concerner le vieillissement. Selon vous, que vous évoque le
terme de personne âgée ?
Personne âgée pour moi… c’est une personne de plus de 65 ans qui voit ses capacités dans la vie
quotidienne perturbées ou diminuées. Personne avec des fragilités.
IX
Selon vous, comment les personnes âgées font leur toilette (rituel, modalités) ?
En général, les personnes âgées n’aiment pas trop la douche donc en général ça va être une à deux
douches par semaine. Ça va être beaucoup de toilette au lavabo le matin. C’est rare qu’il y ait une
toilette le soir, dans leurs habitudes j’entends. C’est ce que j’observe et puis beaucoup, en fonction de
l’état de sante de la personne, les personnes âgées font leur toilette de bonne heure.
Concernant la toilette, qu’est-ce que l’expression « faire sa toilette » vous évoque ?
Pour moi faire sa toilette, c’est réaliser le lavage du visage, du haut du corps, la toilette intime, les pieds
si la personne le peut. Ça englobe le visage, soins dentaires, soins au niveau des cheveux. Voilà toilette
du haut, toilette du bas, ce qu’on observe aussi.
Pourriez-vous me citer plusieurs moyens pour vous de faire sa toilette ?
Soit ça va être des personnes qui font leur toilette au lavabo donc elles vont plutôt utiliser les gants ou
les gants jetables, des fois des aides techniques qu’on apporte soit la douche.
Pour vous, à quelle fréquence une personne doit-elle se laver ?
En fonction des habitudes de la personne, en fonction de si c’est une personne qui transpire facilement,
qui fait de l’exercice physique, qui a des pansements, pour moi c’est tous les jours. Pour moi ça dépend
de son activité. Pour moi, faut respecter au maximum les habitudes de la personne, une personne qui
n’a pas l’habitude prendre des douches, on ne va pas travailler la douche.
Concernant l’ergothérapie, est-ce que vous intervenez sur le temps de la toilette ?
Oui.
Est-ce que c’est systématique ?
Non, l’intervention en soit n’est pas systématique. On fait le point avec les soignants, à l’entrée de la
personne les soignants font un recueil de données sur l’autonomie de la personne et ça me permet de
voir si le lendemain il va y avoir besoin d’intervenir ou pas. Mais en général, j’interviens surtout quand
les soignants aident complètement la personne et que j’ai remarqué qu’il y a un décalage entre ses
capacités en kiné. Mais non, je ne les vois pas systématiquement les personnes en bilan d’autonomie.
Quel lien est-ce que vous faites entre ergothérapie et toilette ?
Cela concerne la vie quotidienne et c’est le deuxième acte de la vie quotidienne qu’on fait en se levant,
le petit déjeuner puis la toilette . Pour moi c’est ça, vu que l’ergothérapeute travaille essentiellement
pour la vie quotidienne et assurer les gestes de la vie quotidienne.
Qui est ce qui initie les demandes de bilan d’indépendance dans les activités de vie
quotidienne ?
Le médecin du service peut faire une prescription de lui-même mais ça peut arriver que ce soit moi qui
demande une prescription.
Comment est-ce que vous définissez vos objectifs d’intervention ?
Pour moi, la toilette c’est une évaluation. Suite à l’évaluation je fais un descriptif du bilan entre les
X
capacités et ce que la personne ne peut pas faire. Cela va aussi être un temps d’évaluation sur
l’utilisation des aides techniques et après soit je revois la personne quelques jours après ou bien souvent
je fais le lien avec les aides-soignantes qui me disent si ça convient ou pas.
Vous servez vous d’autres bilans que la toilette pour évaluer l’indépendance dans les AVQ ?
Non pas d’autres bilans. Les bilans de la toilette, on appelle ça des bilans de l’autonomie dans le sens
ou on ne voit pas que la toilette, on voit l’habillage, les transferts, les déplacements. Après c’est si ça
concerne un bilan que toilette, moi je suis plus sur un bilan narratif je pars de l’observation, j’observe si
la personne se trompe, je la laisse se tromper pour voir si elle met en place des stratégies de
compensation. C’est souvent toilette au gant, la sécurité quand la personne est devant le lavabo, quand
je vois la personne à la toilette c’est plus une question de mobilité de transfert, un fauteuil roulant devant
le lavabo ou plutôt une échelle.
Quel support utilisez-vous lors de cette évaluation ?
Mon support de base ça va être : autonomie, déplacement, transferts, toilette du haut, toilette du bas,
habillage, chaussage, continence, on utilise des grilles dans les logiciels de soin parce que ça parle à
tout le monde (médical, médico-social) utilisées pour pouvoir remplir la grille AGGIR ou ADL, si la
personne rentre à domicile par exemple ça parlera à l’assistante sociale.
Pour vous quels sont les facteurs qui motivent le choix de la toilette plutôt qu’une activité de vie
quotidienne comme support d’évaluation de l‘indépendance ?
Parce qu’ en général, au niveau de la cadence de l’activité des aides-soignants c’est-à-dire qu’une
évaluation de la toilette habillage ça va nous prendre plus de temps, ça va prendre du temps
globalement. Pour moi, vaut mieux que ce soit l’ergo qui prenne ce temps pour pouvoir dire aux
soignants vu qu’ils ne sont pas beaucoup, il faut le dire, pour choisir un déroulé de la toilette et de
l’habillage qui permette aux soignants de passer le minimum de temps avec la personne pour avoir
aussi du temps pour les autres. Et il y a aussi le fait que les personnes sont en rééducation/réadaptation
pour des soins infirmiers ou kinésithérapie, donc c’est vrai qu’il faut que les personne soient prêtes pour
aller en séances de kiné donc on pense tout de suite toilette et habillage et c’est que par la suite qu’on
va penser mise en situation pour le repas, pour le transfert dans la voiture, …
Dans quelles conditions réalisées ces évaluations (temps, lieux, autres professionnels) ?
En général c’est le matin dans la salle de bain de la chambre. C’est souvent le matin et même moi qui
commence à 9h le matin, des fois c’est pas assez tôt . Je me laisse facilement 45 min pour cette
évaluation avec la personne. Parfois avec des aides-soignants, des stagiaires aides-soignants ou
infirmiers qui s’occupent de cette personne. Dans les situations un peu délicates, j’ai un aide-soignant
avec moi, ou un stagiaire ergo.
Pourquoi ces conditions-là ?
Parce que les gens font leur toilette le matin. A 9h parce que je commence à 9h. Après ça peut être
plus tard, mais pour certains 9h c’est trop tard, ils préféreraient vers 7h30. Ça dépend aussi des
disponibilités des soignants qui vont m’accompagner. Mais ça dépend de la personne quand même.
XI
Qu’est-ce que vous pensez de ces conditions de réalisation ?
Dans l’idéal, si par exemple j’avais une autre collègue ergo, je pense que ce serait faisable de proposer
une évaluation à la toilette pour chaque personne qui arrive ici. Là pour l’instant, je n’ai pas le temps, je
ne me permets pas d’y consacrer tout mon temps car il y a d’autres choses à faire. Je prends le temps
de la faire avec la personne pour qui on a choisi de faire cette évaluation.
Concernant les aides-soignants, pour vous, en quoi consiste l’intervention de l’aide -soignante
dans le cadre de la toilette ?
Quand on va évaluer des personnes qui sont plus au lit, au début on ne sait pas trop comment gérer la
toilette pour les transferts. Les soignants demandent à être présent pour voir la manière de faire.
Que savez-vous de leur protocole pour la toilette ?
Sur le logiciel, elles ont tout le déroulé, par rapport à l’aide, je les aide à compléter tout ça . Elles notent
si y a besoin d’aide pour l’habillage, la toilette, si c’est partiel...
Par rapport à l’enchainement des étapes de la toilette, est ce que vous savez comment elles s’y
prennent ?
On en parle en synthèse où l’on parle souvent de l’autonomie de gens mais d’une aide-soignante à une
autre ça peut changer, ça dépend du comportement de la personne âgée des fois ça passe mieux avec
une aide-soignante qu’avec une autre. Certains jours la personne âgée va faire un effort et d’autres
jours, la personne va appuyer tout le temps sur la sonnette pour être aidée par l’aide-soignant.
En quoi les interventions des ergothérapeutes et aides-soignants sont complémentaires ?
L’aide-soignante a plus de connaissances dans le déroulé d’une toilette standard même si c’est pas les
habitudes de la dame, elles ont des protocoles qu’elles ont appris que nous, ergothérapeutes
apprenons, avec l’expérience ou avec elle. Nous on leur montre que la personne elle peut le faire avec
les bonnes aides techniques, c’est beaucoup sur les petites astuces du quotidien. Notamment pour les
personnes hémiplégiques. Elles pensent que la personne ne peut pas faire alors que si. C’est ce côté
qui peut leur manquer et qu’on leur apporte avec des petites astuces en faisant le bilan ou en discutant
avec nous. Après y a des choses qu’elles savent faire que moi non. Tout ce qui est sonde urinaire par
exemple, leur apporter des infos sur les soins dentaires. Je ne suis pas là tous les jours, les aides-
soignants la côtoient tous les jours alors que nous on les voit à un instant t alors c’est vrai que nous on
peut dire que la personne le fait et l’aide-soignante va pouvoir le travailler avec la personne à court
terme sauf si l’ergothérapeute a du temps pour tout le monde pour travailler tout ça. Les aides-
soignantes elles connaissent leur boulot aussi, nous on apporte aussi la stratégie par où commencer,
par où finir, pour gagner du temps, ne pas se faire mal au dos, … C’est ce qu’elles demandent aussi.
Sur quels critères vous basez-vous pour définir qui a besoin d’être évalué à la toilette ?
Pour moi, c’est notamment des personnes qui au début sont alités, avec toilette au lit et en discutant
avec la kinésithérapie je vois que la personne elle peut marcher avec une aide technique. Pour moi si
la personne peut faire quelques pas alors elle peut faire sa toilette intime debout au lavabo. C’est ça qui
va permettre de dire que des fois tout n‘est pas cohérent. Le bilan d’autonomie vient aussi remettre un
XII
peu de cohérence dans tout ça et permet d’avoir une continuité avec la rééducation, et permettre à la
personne de transposer dans une activité de vie quotidienne. Moi si je vois qu’une personne qui a fait
un AVC ou des troubles cognitifs, je vais demander à faire un bilan d’autonomie car les aides-soignants
ont tendance à « faire à la place de » alors qu’il pourrait suffire de stimuler. C’est compliqué pour un
soignant de rester à côté d’une personne et de ne rien faire physiquement alors qu’en la guidant on
permet à le personne de garder ses capacités gestuelles. L’aide-soignante a souvent l’impression de
rien faire alors qu’au contraire. Et le médecin prescrit souvent pour une personne avec des troubles
cognitifs important une évaluation de l’autonomie. Pour les pathologies où l’on sait que la personne va
forcément devenir dépendant, je les vois en toilette à l’entrée, en bilan intermédiaire et à la sortie pour
préparer le retour à la maison ou l’entrée en institution.
Est-ce que vous intervenez aussi à la demande de la personne ?
En général c’est plus les soignants qui disent aux personnes qu’il y a une ergo qui peut leur donner des
astuces et c’est là que les personne disent si elles sont d’accord ou pas. Mais j’ai rarement eu des
personnes ou alors pas pour la toilette pour les autres gestes de la vie quotidienne oui, les personnes
vont le demander d’elles-mêmes pour tout ce qui est repas ou activités de loisirs mais pas pour la
toilette, plus pour l’habillage, les personnes peuvent me demander : « je n’arrive pas à mettre mes
chaussettes et j’aimerais bien le faire parce qu’il n’y a que ça que je n’en peux pas faire ». C’est plutôt
les soignants ou les médecins qui demandent et qui ont proposé aux personnes. Elles sont là en
rééducation donc je n’ai jamais eu de refus pour l’instant. Je propose toujours aux personnes, je viens
la veille dans leur chambre pour leur dire que demain matin je viendrais, c’est moi qui serai là avec vous.
J’ai jamais eu de refus jusque-là.
Avant de faire cette évaluation il y a un bilan d’entrée de fait par l’ergo ?
Le bilan d’entrée est plus fait soit seule soit avec le kiné ou même en présence du médecin et on va
plus parler habitudes de vie, le logement comment il est fait, le matériel à domicile, les aides humaines
au domicile pour pallier certaines activités de la vie quotidienne. Après je fais un bilan en chambre pour
voir les transferts et les déplacements. On est en lien avec les kinés pour en parler, à l’entrée ? Ça peut
être… c’est pas toujours fait le jour même ça peut être le lendemain. L’évaluation à la toilette se fait
après.
XIII
ENTRETIEN TELEPHONIQUE AVEC ERGOTHERAPEUTE 2 :
Etudiante en ergothérapie : Depuis combien de temps travaillez-vous dans cette structure ?
Ergothérapeute : Depuis 2007 donc ça va faire douze ans.
Avez-vous exercé un autre poste avant celui-ci ? si oui dans quel type de structure ?
Oui j’en ai fait plusieurs structures de MPR essentiellement. Plutôt adultes, neuro, orthopédie,
traumato.
Actuellement quelles sont vos amplitudes horaires lors de vos journées de travail ?
9h-17h quatre jours par semaine.
De combien de lits dispose votre structure ?
Le SSR que nous on appelle PAPD a 20 mais on tourne à 19 généralement
Combien d’ergothérapeutes y a-t-il ?
Sur toute la structure en comptant les EHPAD, on est l’équivalent de 3,5 ETP onc 4 ergo. Sur les 3
SSR de l’hôpital on est 2 ergos. En gériatrie je suis seule.
D’aides-soignants ?
5 ou 6. En équivalent temps plein je peux pas vous dire mais ça vous donne une idée.
Quelles sont les causes d’admission dans la structure ?
Elles sont multiples. Y a de la décompensation, y a la chute, des maintiens à domicile difficiles sur
troubles cognitifs. Des AVC là on en a pas mal notamment. Donc chute, décompensation et puis
maintien à domicile difficile sur troubles cognitifs.
Au niveau de la durée moyenne de séjour ?
Ça varie. Du plus petit séjour ça va être de 2 à 3 semaines et ça peut aller jusqu’à 3-4 mois. Je vous
donne une amplitude plutôt qu’une moyenne. Une décompensation cardio respi ça va être deux trois
semaines, les AVC plutôt 3-4 mois.
Quelques questions sur le vieillissement. Selon vous, que vous évoque le terme de personne
âgée ?
Plus de 70 ans.
Selon vous, comment les personnes âgées font leur toilette (rituel, modalités) ?
Ça varie en fonction des personnes et de leur contexte de vie, y en a qui vont se laver tous les jours et
d’autres non, y en a qui vont prendre une douche une fois par semaine et d’autres qui vont se laver au
lavabo. Au SSR, sachant qu’on est dans un contexte rural, on a une population qui n’a pas forcement
l’habitude de faire des grandes toilettes tous les jours, même voire jamais de douche, c’est plutôt la
toilette au lavabo.
XIV
Qu’est-ce que l’expression « faire sa toilette » vous évoque ?
C’est subvenir à ses soins personnels, réaliser ses soins personnels d’hygiène.
Pour vous, à quelle fréquence une personne doit-elle se laver et comment ?
C’est compliqué comme question parce que tu ne peux pas donner une définition comme c’est chacun
qui fait comme il l’entend.
Pouvez-vous citer plusieurs moyens pour faire sa toilette ?
Y a la toilette au lavabo, la douche, le bain.
Quel lien est-ce que vous faites entre ergothérapie et toilette ?
Ben la toilette comme on s’est dit si on la définit comme un activité qui permet de subvenir à ses soins
personnels d’hygiène c’est une activité de vie quotidienne, une activité élémentaire et du coup en tant
qu’ergo on a un rôle si la personne est en difficulté.
Concernant votre intervention au sein du SSR, comment définissez-vous vos objectifs de prise
en soin ?
Selon le projet de la personne. Donc ça peut aller de permettre de retrouver une autonomie antérieure
pour avoir un retour à domicile, retrouver une autonomie, une indépendance juste pour une activité,
déplacements, une activité définie par la personne dans son projet.
Qui est ce qui initie les demandes de bilan d’autonomie dans les activités de vie quotidienne ?
C’est le médecin sur prescription médicale. C’est un médecin qui le fait systématiquement pour toutes
les entrées.
Pour vous quels sont les facteurs qui motivent le choix de la toilette plutôt qu’une activité de vie
quotidienne comme support d’évaluation de l‘indépendance ?
C’est une activité significative pour la personne généralement et dans le contexte hospitalier, c’est une
activité facile à mettre en place en essayant de se rapprocher le plus possible du contexte de vie de la
personne.
Votre intervention sur le temps de la toilette est-elle systématique ?
Non, fréquente mais pas systématique.
Complétez-vous votre bilan de l’autonomie avec des évaluations d’autres activités de vie
quotidienne ? si oui lesquels ?
Oui. Si on reste sur les activités élémentaires c’est tout ce qui est transferts déplacements et repas. Et
après si on est sur des activités instrumentales, MES, bilans cognitifs et je peux compléter par des
visites à domicile.
Sur quels critères vous basez-vous pour définir qui a besoin d’être évalué à la toilette ?
… Je me base sur les habitudes de vie de la personne en fait. Suite à un entretien et aux éléments
déjà fournis par le médecin et par l’entourage.
XV
Quel support utilisez-vous lors de cette évaluation ?
Moi du coup j’utilise les critères de la MHAVIE. Je prends juste les critères qui intéressent la personne
et que je peux évaluer. Disons que je reprends certains items et j’utilise la grille d’évaluation avec ou
sans aide technique, avec difficultés, sans difficultés, réalisé, non réalisé
Dans quelles conditions réalisées ces évaluations (temps, lieux, autres professionnels) ?
Généralement je suis toute seule avec la personne et ça se passe dans la chambre. Je fais ça le matin
et je compte une demi-heure au moins. La veille j’inscris pour les aides-soignantes les personnes que
je souhaite voir, dans quelle situation, dans quel contexte et puis le matin directement je vais voir la
personne.
Pourquoi ces conditions-là ?
Pour éviter que les aides-soignantes aillent voir la personne. Moi je fais vraiment la situation ou j’aide la
personne à se lever à se laver. C’est plus significatif de faire ça le matin avec la personne je vais pas
faire la toilette à quatre heures de l’après-midi généralement.
Qu’est-ce que vous pensez de ces conditions de réalisation ?
Ben après on s’adapte en fonction de l’environnement donc c’est pas toujours idéal mais après j’essaye
de voir avec la personne pour me rapprocher le plus possible de son contexte de vie après t’es jamais
à 100% dans la même situation, donc déjà t’essaye ... ne serait-ce que par rapport au côté du lever,
l’installation devant le lavabo donc t’essaie de te rapprocher le plus possible mais t’es jamais…. Dans
un contexte hospitalier, la personne est fragilisée donc ça peut être perturbant.
Est-ce que vous intervenez aussi à la demande de la personne ?
Disons qu’elles n’ont pas forcément à le faire puisque spontanément je vais déjà vers elles. Après je
recueille toujours le consentement. Disons que voilà … y a pas forcément de sollicitation, comme ils
sont tous prescrits, les personnes je vais forcément tous les voir.
Enfin quelques question concernant les aides-soignants. Pour vous, en quoi consiste
l’intervention de l’aide-soignante dans le cadre de la toilette ?
Disons qu’elles réalisent les soins d’hygiène de la personne. Elles ont des protocoles d’hygiène, des
façons de faire que moi je ne fais pas du tout.
En quoi les interventions des ergothérapeutes et aides-soignantes sont complémentaires ?
On a pas on a pas forcément le même objectif quand on fait l’activité. Moi je suis enfin elles elles sont
là pour accompagner et aider la personne à faire les soins d’hygiène que moi je suis plus dans un
échange j’ai envie de dire avec la personne.
Pouvez-vous développer ?
Les aides-soignantes elles ont un protocole, on leur apprit à faire, faire de cette façon et commencer
par là machin, faire ça comme ça, que moi je pars de la personne de ce qu’elle fait d’habitude souvent
je lui dis faites comme vous avez l’habitude de faire moi je vais pas vous changer vos habitudes, que
XVI
l’aide-soignante elle va plus être dans son protocole.
Une fois l’évaluation faite, il y a un retour qui leur est fait ?
On en discute et puis y a un pictogramme la salle de bain de la personne. Disons que moi en fonction
des modalités que j’ai vu avec la , de ses capacités, donc soit elle a besoin de rééducation et de
réadaptation et du coup je continue à voir ça avec elle soit on a retrouvé le niveau antérieur d’autonomie
qui correspond à ses habitudes de vie et dans ces cal la je valide pour que les aides-soignantes pour
qu’elles continuent à faire selon ce qui est défini avec la personne.
S’il y a besoin que vous interveniez à la toilette c’est vous qui prenez en charge la rééducation
sur ce temps-là ?
Oui
Est-ce que les aides-soignantes viennent parfois avec vous ?
Non
Comment l’expliquez-vous ?
Parce qu’elles sont occupées à autres choses, souvent les étudiants infirmier ou aides-soignants
viennent voir la personne avec moi mais mes collègues non parce qu’elles sont occupées à autre chose.
XVII
ENTRETIEN TELEPHONIQUE AVEC AIDE-SOIGNANTE 1 :
Etudiante en ergothérapie : Pour commencer je voudrais juste situer le contexte. Depuis
combien de temps travaillez-vous dans cette structure ?
Aide-soignante : J’ai commencé si vous voulez en 86 en tant que remplaçante j’ai commencé ce en
étant agent de service, donc à l’époque j’étais étudiante et je faisais des remplacements d’été entre
autres et après j’ai passé mon examen d’AS en 89 et donc j’ai refait des replacements dans la structure
où je suis. Entre deux j’avais fait un peu de domicile et autrement j’avais fait un peu de replacement en
maison de retraite. C’était plutôt des personnes âgées, même si actuellement dans la structure, la panel
de patients qu’on reçoit des patient de 18 à plus d’âge tout en sachant que les personnes sont plutôt
âgées mais a l’heure actuelle on reçoit des personnes un peu plus jeunes notamment dans le cadre de
la fin de vie de l’oncologie.
Actuellement quelles sont vos amplitudes horaires lors de vos journées de travail ?
Soit je suis du matin donc je fais 6h30-14h30 d’après midi c’est 13h30-21h et autrement je peux faire
8h-16h.
Pourquoi ces horaires changent-ils ?
Par étage on est comment dirais-je deux aides-soignantes voire trois c’est plutôt c’est rarement trois
donc y en a une commence à 6h30 il en faut une le matin et une l’après-midi et une de 8h à 16h parce
qu’on est deux le matin et une le soir donc c’est un peu pour ça et après c’est reparti entre c’est équilibré
entre nous, tant de matins par personne, tant de soir par personne, c’est équilibré quoi.
De combien de lits dispose votre service ?
22 lits en médecine / ortho.
Combien d’ergothérapeutes travaille dans la structure ?
Une seule ergo, elle fait tous les services.
Quelles sont les causes d’admission dans la structure, je veux dire autre que l’orthopédie ?
Il peut y avoir c’est vrai alors attendez ouais c’est quand même plus de l’ortho c’est souvent suite à des
chutes, une remobilisation suite à une chute, il y a pas de principalement de plâtre, ou d’opération, ça
peut être une revalidation suite à une chute donc c’est plutôt de l’ortho, on peut avoir aussi des maladies
d’Alzheimer mais ça, c’est aussi combiné avec une chute, la personne a chute et elle a en plus une
maladie d’Alzheimer. On peut avoir aussi de la fin de vie plutôt en rapport avec une chute parce qu’elle
glisse, elle glisse, elle glisse.
Concernant les deux premiers services, pouvez-vous m’indiquer la durée de séjour en
moyenne ?
Je dirais que les séjours se raccourcissent je dirais 15 jours après y a une personne ça fait 4 mois qu’on
l’a mais grosso modo 15 jours – 3 semaines.
XVIII
Qu’est-ce que vous voulez dire par « les séjours se raccourcissent » ?
Oui, on gardait les gens beaucoup plus longtemps avec une revalidation complète que maintenant on
entame la validation enfin elle est bien…, la revalidation est bien entamée mais elle se fait après, la fin
de revalidation se fait à domicile ou en htp (hospitalisation à temps partiel). Des fois la personne revient
en kiné des jours bien précis. Dès qu’il y a possibilité de lettres des aides en place à domicile et que la
personne peut rentrer chez elle en sécurité, le séjour se raccourcit chez nous.
Quelles en seraient les causes ?
Je pense que c’est financier, les médecins doivent avoir un cadre à respecter … quelque part ...
Selon vous, que vous évoque le terme de personne âgée, qu’est-ce qui la caractérise ?
Des difficultés dans son autonomie globale déjà des difficultés à se mouvoir, des difficultés entre
autres… oui à se mouvoir. C’est toujours dans le cadre du mouvement en particulier.
Donc cela serait une notion de limitation physique ?
Ça peut être mental aussi ça dépend, maintenant les gens vieillissant sont beaucoup perturbés et ça
peut aller jusqu’à la maladie d’Alzheimer, des fois ça peut être des pertes de mémoire, sans penser
forcément à la maladie d’Alzheimer, qui limitent. Elles viennent dans nos établissements parce que le
maintien à domicile est compliqué.
Pourriez-vous dire à partie de de quel âge considérez-vous une personne comme étant âgée ?
Ça c’est très variable selon la personne a l’heure actuelle les gens vieillissent beaucoup plus vieux on
voit des gens de 90 ans qui sont très bien que je pourrais même pas considérer comme personne âgée
qui sont sur leur tablette qui font plein de choses et d’autres à 70 ans qui peuvent être considéré comme
personne âgée. A l’heure actuelle la personne est âgée vers 80, le vieillissement est beaucoup plus
tard je trouve quand même.
Selon vous, comment les personnes âgées font leur toilette (rituel, modalités) ?
On a tout l’un tout l’autre on a des personnes âgées qui se négligent, beaucoup, qui font pas leur toilette
qui vont juste faire le bout du nez, qui vont pas se changer, changer leur linge. Et y en a d’autre qui
garde une propreté extrême qui vont se laver très bien ou alors qui nous demande on voit bien qu’ils
ont eu l’habitude de faire leur toilette correctement quoi.
Qu’est-ce que l’expression « faire sa toilette » vous évoque ?
La propreté, le bien-être, une meilleure estime de soi quelque part et puis un regard des autres différent
aussi.
A quelle fréquence une personne doit-elle se laver ?
Tous les jours ou plusieurs fois par jour s’il y a incontinence au niveau de la petite toilette s’il y a une
incontinence à chaque change.
XIX
Pourriez-vous citer plusieurs moyens pour faire sa toilette ?
La toilette au lavabo, la douche, le bain on en donne pas particulièrement on a pas de baignoire mais
ça peut être le bain si la personne est au domicile.
Comment planifiez-vous les toilettes ?
A l’arrivée déjà on a un entretien avec la personne si elle l’a fait seule si elle l’a fait pas seule, on lui
pose surtout ces questions-là et puis après on planifie dans notre établissement selon si elle a du kiné
le matin. A quelle heure elle se lève aussi parce qu’il y a des personnes qui dorment le matin. On va
pas les réveiller à 7h pour leur dire : « on fait la toilette », quoi on essaye de faire selon son rythme aussi
à la personne même si on est dans un établissement on essaye de voir quand elle est disponible.
C’est selon le patient, ses habitudes de vie, y en a qui sont levés très tôt qui ont besoin d’être levés très
tôt, on commence par leur toilette et on les lève. Les gens qui se souillent pour qu’ils soient propres
pour petit-déjeuner ou déjeuner. Les gens déambulants qui se sont déshabillés pendant la nuit, le matin
on les retrouve tous nus ou pas habillés correctement ou ils ont fait pipi alors on commence par ces
toilettes là pour qu’ils soient à l’aise pour manger , certains sont lavés après le petit-déjeuner parce
qu’ils désirent être levé plus tard. Et puis y a des gens qui peuvent aller tous seul au lavabo qui ont
seulement besoin de nous pour un dos ou l’habillage du bas, ils sonnent pour nous dire qu’ils ont besoin
de nous.
Comment accompagnez-vous une personne âgée lors de sa toilette ?
On est là pour l’aider, faire ce qu’elle ne peut pas faire ou l’aider ou l’amener à essayer de faire. Si elle
peut faire on la laisse faire. Les chose qu’elle ne peut pas faire soit on l’aide soit on fait à sa place mais
en général on essaye de la stimuler pour qu’elle le fasse.
Comment choisissez-vous la manière d’accompagner ?
Selon la personne, son handicap, c’est surtout ça. Selon ses habitudes de vie qu’elle avait auparavant,
je pense que c’est tout je pense pas à autre chose.
Comment déterminez-vous les étapes de la toilette et la chronologie ?
Selon son handicap aussi, une personne qui ne peut pas tenir debout, on va faire la toilette au lit, faire
l’habillage du bas, la lever et terminer au lavabo, si c’est une personne qui ne se lève pas du tout on fait
le toilette complète au lit, donc on commence pas le plus propre et on va vers le plus sale et si elle est
souillée on commence par là puis du plus propre au plus sale.
Et si la personne peut tenir debout ?
Si elle peut faire elle-même, elle va commencer par son visage, son buste, ses bras, ses mains, nous
on va faire le dos, puis la toilette intime, le lavage de dents ensuite et le maquillage ou une crème selon
et puis après l’habillage du haut.
Que pensez-vous des conditions de réalisation de la toilette dans le service ?
Souvent dans l’empressement, on a souvent très peu de temps, un temps limité, on a aussi le bip pour
répondre à nos sonnettes on est envahie par le bip qui sonne sans arrêt quand on est à faire la toilette
XX
donc c’est pas des conditions idéales.
Et au niveau de l’environnement physique ?
On est pas si mal loties, on a des lits a hauteur variable, des verticalisateurs, des lève-malades, des
rails dans trois chambres donc ça c‘est le top du top pour une personne qui ne se lève pas du tout pour
nous au niveau ergonomique c’est mieux. On a des sièges de douches à hauteur variable, qui se
bascule. Au niveau matériel de toilette on a des gants à usage unique, des produits d’hygiène, des
changes. La seule chose le seul point noir c’est toujours le personnel, des fois pour faire une toilette
complète d’une personne lourde ben on est toute seule parce que la collègue fait autre chose et on peut
pas se retrouver à deux et on a plusieurs patients à faire à deux, et si on les fait vraiment à deux on va
manquer de temp pour faire les autres patients.
Etes-vous, en tant qu’aide-soignante, formée pour réaliser les toilettes ?
Oui mais c’est vieux hein 89 c’est vieux… on nous a appris d’ailleurs c’était très très strict la formation
était très stricte on prenait pas en compte vraiment comment vous dire le patient était pas au centre de
notre formation enfin c’est pas ce que je veux dire, c’était du plus propre au plus sale, les habitudes de
vie étaient moins prises en compte. C’était ça la priorité du plus propre au plus sale, on nous a vraiment
montré comment faire, pour la toilette intime on partait du pubis du plus propre vers le plus sale,
l’intérieur des cuisses, le plus propre, le haut du ventre, puis du pubis vers la vulve c’était vraiment très
technique. Maintenant les jeunes collègues c’est un peu moins technique y a plus d’adaptation je dirais.
Concernant l’ergothérapeute, selon vous quel est son rôle au sein du SSR ?
Par rapport à nous les aides-soignantes c’est un complément, elle vient en complément même des fois
elle a un autre regard que nous, vis-à-vis de, entre autre des soins d’hygiène, nous des fois on est
tellement dans les toilettes enfin entre autre parce qu’on fait beaucoup de choses mais surtout les
toilettes on a plus le recul, des fois on fait les choses, je vais pas dire à la chaine parce que j’aime pas
ça, mais on a plus de recul on est tellement dedans qu’on ne le laisse pas la personne faire c’est plus
de temps que de faire nous-même, c’est ça qui manque des fois. Ça c’est pas perçu dans notre
profession des fois, on a tant de toilette à faire donc faut faire donc vous vous débrouiller, y a des
personnes qu’on pourrait autonomiser plus rapidement, l’ergo avec ses bilans elle vient nous dire ; il est
capable de faire ça et ça. C’est plus un complément pour mettre en place du matériel, on va vers elle :
telle ou telle personne est mal installée, elle vient, elle corrige, par rapport à un positionnement dans le
lit, c’est un complément un outil.
On devrait bosser en collaboration même par rapport à une visite à domicile c’est vrai que l’ergo a des
études en fonction, elle a fait des études pour justement dans le handicap réadapter les chose, nous
qui connaissons les patients tous les jours ça pourrait être intéressant. Des fois ça pourrait être bien on
les voit tous les jours dans leurs difficultés, ça pourrait être positif. Si un service a domicile doit intervenir
aussi. L’ergo nous apporte énormément de choses elle a des idées de matériel des choses auxquelles
on pense pas, chacun est là pour aider l’autre.
Selon vous qui demande l’intervention de l’ergothérapeute ?
Des fois le médecin, ente autre un retour à domicile pour réadapter par rapport au handicap connu
XXI
comment réadapter le domicile et nous, quand on a des difficultés pour telles ou telles choses. Et l’ergo
ici essaye de les voir à l’entrée, en systématique pour voir les pathologies, aller les voir même des fois
je pense aux enfiles-bas je pense aux personnes qui se débrouillent mais qui ne peuvent pas mettre
leurs bas : est ce que tu pourrais voir pour un enfile bas ça serait plus facile pour elle pour chez elle, ou
pour des fauteuils qu’on trouve trop bas, ...
Savez-vous quels supports utilise l’ergothérapeute pendant son évaluation lors de la toilette ?
Non on a jamais été curieux de lui demander c’est vrai.
Vous communique-t-elle ces résultats ? Si oui, comment ?
Oui, elle a dans les transmissions ciblées un petit item ergo et donc on peut aller voir dans les
transmissions ciblées ou alors on a des synthèses tous les lundis, et elle y est présente tous les lundis
bien souvent les bilan en ergo sont demandés pendant cette synthèse là.
L’accompagnez-vous lors de ses évaluations ?
Non, et ça, ça pourrait être intéressant. Parce que la personne elle nous connait nous l’aide-soignante,
l’ergo elle la connait moins, devant le fait accompli quand la personne ne la connait pas elle va peut-
être faire plus de choses que quand c’est nous. Pour réellement voir la réelle autonomie de la patiente
ça serait préférable que l’ergo soit seule et qu’elle nous redise après. Souvent quand elle intervient c’est
que nous on a un petit doute quoi, elle fait pas mais elle pourrait peut-être faire, je pense qu’il y a déjà
un questionnement sur la personne.
Il pourrait tout de même y avoir un côté positif ?
Pour nous oui pour la personne je sais pas mais pour nous oui certainement.