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Effets du biochar et/ou du champignon mycorhizien sur le cycle de développement larvaire de Spodoptera exigua Hübner, 1808 (Noctuidae) et la protection des plants de Allium cepa L. en champ Zalkohieu Pierre 1 , Madi Ali 2 , Lendzemo Venasius W. 3 , Tchobsala 1 , Philipe Kosma 2 1 Departement of Biological Sciences, Faculty of Science, University of Maroua, P.O. BOX: 814 Maroua, Cameroon 2 Departement of Agriculture, livestock and By-Product, The Higher School of Enginery, University of Maroua, P. O. BOX: 814 Maroua, Cameroon 3 IRAD, Yaounde, Cameroon P.O BOX : 2123 Yaoundé *Corresponding author: [email protected] Abstract The study was carried out in the Far-North Region of Cameroon, in order to measure the effects of biochar based on neem leaves and mycorrhizal fungi on the development cycle of Spodoptera exigua foliar pest of Allium cepa. In breeding, the larvae of Spodoptera exigua were fed onion leaves from seven treatments (T0, T1, T2, T3, T4, T5 and T6). Data analysis using Statgraphics software showed that onion leaves treated with biochar and mycorrhizae were less palatable (T1 = 4.35%, T2 = 4.33%) compared with mycorrhizal treated leaves (T6 = 7.58%) and biochar-treated (T3 = 18.65%, T4 = 18.81%). On the other hand, the leaves which received neither biochar nor mycorrhizae were very much appreciated by the larvae (T0 and T5) with a consumption > 34.76%. This diet has implications for the stretch of the S. exigua development cycle, as larval growth has been slowed with increased passage time from the larval stage to the emergence of the imago passing through 12 days approximately [T5 = 12 ± 0.17 at T0 = 12.10 ± 0.357] for leaves that received neither biochar nor mycorrhizae. It is about 16 days [T3 = 16.50 ± 0.35; T4 = 16.20 ± 0.283] with biochar and 22 ± 0.436 days with mycorrhizae (T6) and about 23 days when the leaves received mycorrhizae and biochar [T1 = 23 ± 0.46; T2 = 23.50 ± 0.349]. The lethality due to these treatments is more marked in T1, T2 and T6 treatments with a rate > 70%. This rate is 20% in biochar treatments (T3 and T4) and < 10% in T0 and T5 treatments. In the field, the results showed that females of S. exigua prefer untreated host plants (T0 and T5) to

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Effets du biochar et/ou du champignon mycorhizien sur le cycle de développement larvaire de Spodoptera exigua Hübner, 1808 (Noctuidae) et la protection des plants de Allium cepa L. en champ

Zalkohieu Pierre1, Madi Ali2, Lendzemo Venasius W.3, Tchobsala1, Philipe Kosma2

1Departement of Biological Sciences, Faculty of Science, University of Maroua, P.O. BOX: 814 Maroua, Cameroon2Departement of Agriculture, livestock and By-Product, The Higher School of Enginery, University of Maroua, P. O. BOX: 814 Maroua, Cameroon3IRAD, Yaounde, Cameroon P.O BOX : 2123 Yaoundé

*Corresponding author: [email protected]

AbstractThe study was carried out in the Far-North Region of Cameroon, in order to measure the

effects of biochar based on neem leaves and mycorrhizal fungi on the development cycle of Spodoptera exigua foliar pest of Allium cepa. In breeding, the larvae of Spodoptera exigua were fed onion leaves from seven treatments (T0, T1, T2, T3, T4, T5 and T6). Data analysis using Statgraphics software showed that onion leaves treated with biochar and mycorrhizae were less palatable (T1 = 4.35%, T2 = 4.33%) compared with mycorrhizal treated leaves (T6 = 7.58%) and biochar-treated (T3 = 18.65%, T4 = 18.81%). On the other hand, the leaves which received neither biochar nor mycorrhizae were very much appreciated by the larvae (T0 and T5) with a consumption > 34.76%. This diet has implications for the stretch of the S. exigua development cycle, as larval growth has been slowed with increased passage time from the larval stage to the emergence of the imago passing through 12 days approximately [T5 = 12 ± 0.17 at T0 = 12.10 ± 0.357] for leaves that received neither biochar nor mycorrhizae. It is about 16 days [T3 = 16.50 ± 0.35; T4 = 16.20 ± 0.283] with biochar and 22 ± 0.436 days with mycorrhizae (T6) and about 23 days when the leaves received mycorrhizae and biochar [T1 = 23 ± 0.46; T2 = 23.50 ± 0.349]. The lethality due to these treatments is more marked in T1, T2 and T6 treatments with a rate > 70%. This rate is 20% in biochar treatments (T3 and T4) and < 10% in T0 and T5 treatments. In the field, the results showed that females of S. exigua prefer untreated host plants (T0 and T5) to deposit their eggs. The highest infestation rate is observed in T0 treatment (28.87%) and T5 (27.82%). Biochar and mycorrhizae stimulate onion plants to synthesize secondly substances that are harmful to larvae and repellent to S. exigua adults.

Key words: effect, biochar, mycorrhizal fungus, cycle, Spodoptera exigua, protection, Allium cepa.

RésuméL’étude a été réalisée dans la Région de l’Extrême-Nord Cameroun, afin de mesurer les

effets du biochar à base des feuilles mortes du neemier et/ou des champignons mycorhiziens sur le cycle de développement de Spodoptera exigua ravageur foliaire de Allium cepa. En élevage, les larves ont été nourries aux feuilles d’oignon issues de sept différents traitements (T0, T1, T2, T3, T4, T5 et T6). L’analyse des données à base du logiciel Statgraphics a montré que les feuilles d’oignon traitées aux biochar et aux mycorhizes étaient moins appétentes (T1 = 4,35 % ; T2 = 4,33 %) par rapport aux feuilles traitées aux mycorhizes (T6 = 7,58 %) et ou traitées aux biochar (T3 = 18,65 % ; T4 = 18,81 %). Par contre, les feuilles n’ayant reçues ni biochar, ni mycorhizes ont été très appréciées par les larves (T0 et T5) avec une consommation >34,76 %. Cette alimentation a des conséquences sur la durée du cycle de développement de S. exigua, car l’on a noté un

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ralentissement de la croissance des larves avec une augmentation du temps de passage du stade larvaire à l’émergence de l’imago qui passe d’environ 12 jours ¿T5=12±0,17 à T0 =12,10±0,357] pour les feuilles n’ayant reçues ni biochar, ni mycorhizes. Il est d’environ 16 jours [T3 = 16,50±0,35; T4 = 16,20±0,283] avec biochar et de 22±0,436 jours avec mycorhizes (T6) et environ 23 jours quand les feuilles ont reçues les mycorhizes et le biochar [T1 = 23±0,46 ; T2 = 23,50±0,349]. La létalité due à ces traitements est plus marquée dans les traitements T1, T2 et T6

avec un taux >70 %. Ce taux est de 20 % dans les traitements au biochar (T3 et T4) et < 10 % dans les traitements T0 et T5. En champ, les résultats ont montré que les femelles de S. exigua préfèrent les plants hôtes non traités (T0 et T5) pour y déposer leurs œufs. Le taux d’infestation le plus élevé est observé dans le traitement T0 (28,87%) et T5 (27,82%). Le biochar et les mycorhizes stimulent les plants d’oignon à synthétiser des substances secondaires nocifs aux larves et répulsives aux adultes de S. exigua.

Mots clés : influence, biochar, champignon mycorhizien, cycle, Spodoptera exigua, protection, Allium cepa.

IntroductionLa culture de l’oignon s’est très bien adaptée dans la zone soudano sahélienne. La Région

de l’Extrême-Nord-Cameroun est une grande zone de production de l’oignon et son importance économique y est indéniable. L’oignon se cultive en irrigué en contre saison (saison sèche). Mais, les entrepreneurs agricoles de cette filière doivent faire face à plusieurs problèmes : de son alimentation hydrique, car l’eau dans cette zone est de disponibilité variable (Moustier et d’Arondel, 1994). Certains auteurs ont trouvé des changements notables du bilan hydrique et de la photosynthèse des cultures d’oignon, de haricots et de coton dans des conditions de salinité (Gale et al.,1967) dus à la mauvaise l’utilisation des intrants chimiques et des pesticides. Ils doivent également faire face aux ravageurs, car chaque année, les insectes ravageurs consomment en moyenne 10 % de la production végétale dans les systèmes naturels et sont responsables de 15 % des pertes de récoltes dans le monde (Schultz, 2002). Ainsi pour subsister dans l’environnement, les plantes ont donc dû mettre en place au cours de l’évolution différentes stratégies leur permettant de réduire ou de minimiser les dégâts occasionnés par leurs ennemis naturels et en particulier par les insectes phytophages. Spodoptera exigua est un lépidoptère de la famille des Noctuidae qui utilise les plants d’Allium cepa comme plantes hôtes au moment de la ponte et de son développement larvaire. La femelle de Spodoptera choisit le meilleur plant d’A. cepa capable de fournir une nourriture de qualité à ses descendances et une assurance sanitaire pour leur cycle de développement. Les larves de S. exigua sont des phytophages très voraces qui, quelques heures après éclosion, se frayent un chemin et va se loger dans la lumière de la feuille d’oignon afin de se nourrir du parenchyme pendant la phase larvaire ; puis, la larve pré nymphale tombe au sol pour sa nidation avant l’émergence de l’imago. Les dégâts causés par ces larves sur les plants d’oignon ont des répercussions sur la production et donc sur les revenues des entrepreneurs agricoles de cette filière. Nous avons noté dans les champs non traites un taux d’infection de plus de 70 %. Afin de réduire l’utilisation des pesticides qui reste sans conséquence sur la santé des consommateurs et de promouvoir une agriculture biologique, nous nous sommes proposé de mener une étude sur les effets du biochar à base des feuilles mortes de neemier (Azadirachta indica) et/ou du champignon mycorhizien du genre Glomus sur le cycle de développement de S. exigua et sur la protection des plants de Allium cepa en champ.

Il s’agit spécifiquement de mesurer l’antiappétence des feuilles d’oignon aux larves en fonction des traitements administrés ; de mesurer les effets de biochar et/ou du champignon sur le cycle de développement de S. exigua (relever de durée de passage d’une phase du cycle de développement à l’autre ; de relever la mortalité pendant cette période) et de mesurer le taux d’infection des plants par les larves en fonction de traitements.

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Matériels et méthodes Localisation de la zone d’étude

L’étude a été réalisée dans la Région de l’Extreme-Nord, Département du Diamaré dans l’Arrondissement de Maroua 1er. Le dispositif expérimental en vu d’obtenir les feuilles traitées a été réalisé sur le site de l’IRAD à Miskine banlieue de la ville de Maroua (Figure 1). Il est situé à environ 7 Km (14° 14’ et 14° 15’ longitude Est et 10° 32’ et 10° 33’ latitude Nord). Son relief est caractérisé par les plaines au sol argilo limoneux qui est favorable à la pratique des activités agricoles. Miskine est l’un des principaux bassins de production maraichère de la région de l’Extrême-Nord. Les principales composantes sociologiques sont en majorités les Guiziga et les Moufou. On y retrouve d’autres ethnies telle que les Toupouri, les Mafa, les Foulbés, les Moudang … compte tenu de cette diversité ethnique, on y retrouve un brassage des religions telle de le christianisme, l’islam et l’animisme.

Les activités socio-économiques pratiquées dans cette localité sont essentiellement basées sur l’agriculture (filière maraichère : légumes, patates douces, oignons, carottes, choux …), l’élevage (des petits ruminants, des porcs, des bovins, la volaille) et des petits commerces.

Figure 1 : carte de la zone d’étude

MéthodeDans l’optique de mener une agriculture biologique et respectueuse de l’environnement,

nous avons choisi d’une part le biochar fait par pyrolyse à base des feuilles mortes des neemier (Azadirachta indica) à cause de sa capacité insectifuge et sa teneur en phosphore qui est élément fondamental pour une bonne bulbification de l’oignon et d’autre part de l’inoculum mycorhizien de genre Glomus qui est un champignon qui développe une relation symbiote avec la plante hôte en lui apportant du phosphore du sol et en retour il prélève les substances carbonées synthétisées par la plante hôte.

Les plants d’oignon portant les œufs de S. exigua ont été isolés en champs à l’aide des sacs à maille fine. A l’éclosion, les feuilles contenant des larves sont récoltées dans des bocaux recouverts par un tamis à maille fine et transportés au laboratoire pour élevage.

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L’élevage s’est fait dans des insectaria. Chaque insectarium est tapissé d’une mousse que l’on imbibe avec de l’eau afin de maintenir ce milieu humide et de servir de substrat de nidation pendant la phase nymphale du cycle de développement de S. exigua. Les larves récoltées ont été reparties par population de dix dans chaque insectarium estampiez de type de traitement des feuilles destinées à leur alimentation et recouvert par un tamis à maille fine. Tous les deux jours, une ration de 150 g de feuilles par insectarium y est déposée et ce jusqu’à la phase pré-nymphale quand les larves arrêtent de se nourrir. Le reliquat de la ration est pesé afin de déterminer la masse de feuilles consommée. Pendant cette phase nous avons relevé le temps de passage de la larve à la nymphe et de la nymphe à l’imago d’une part et le taux de mortalité en fonction de traitements d’autre part. Afin de relever de comportement des adultes femelles lors du choix de la plante hôte sur laquelle les œufs seront déposés, nous avons mis un dispositif expérimental en champ randomisé composé de 07 blocs. Chaque bloc étant constitué de 07 casiers de 2 x 2 m représentant les 07 traitements administrés aux plants : T0 = biochar(-) mycorhize(-) NPK(-) ; T1 = biochar(+) mycorhize(+) NPK(+) ; T2 = biochar(+) mycorhize(+) NPK(-) ; T3 = biochar(+) mycorhize(-) NPK(+) ; T4 = biochar(+) mycorhize(-) NPK(-) ; T5 = biochar(-) mycorhize(-) NPK(+) et T6 = biochar(-) mycorhize(+) NPK(-) . Chaque casier contenait 9 x 9 plants d’oignon. Nous avons marqué au hasard un casier représentant un traitement spécifique dans chaque bloc. Ainsi, nous avons relevé le nombre de plants infectés par les larves afin de souligner le taux d’infection des plants en fonction de traitement et d’en dégager une corrélation entre la masse de feuille consommée en élevage et le taux d’infection des plants en champ.

L’épidémiologie est comme étant l’étude du développement d’une population de ravageurs au sein d’une population hôte (plantes cultivées d’une parcelle ou d’un verger). Toutes les plantes attaquées sur le site expérimental ont été dénombrées afin de calculer le taux d’infestation du ravageur dans le champ et par traitement.

Enfin, nous avons prélevé quelques feuilles portant des œufs de ce ravageur que nous avons transporté au laboratoire pour élevage, afin d’identifier ce lépidoptère et de relever l’effet de différents traitements appliqués aux des plants sur leur cycle de développement.

Analyse statistique L’étude des données a été réalisée à l’aide du logiciel STATGRAPHICS Centurion XVI.I.,

centrée sur les analyses statistiques de base (moyenne, variance, écart-type) et sur l’ANOVA.

Résultats Effets des traitements sur la consommation des feuilles

Le tableau 1 montre l’effet de traitements sur l’appétence des larves du S. exigua. Il ressort que les feuilles des plants ayant reçu les traitements T1, T2 et T6 ont été moins appétentes avec respectivement 4,35 %, 4,33 % et 7,58 % seulement des feuilles consommées et que, les feuilles des plants ayant reçu les traitements T3 et T4 ont été consommées à environ 18,65 % et 18,81 % respectivement. Par contre, les feuilles issues des traitements T0 et T5 se sont retrouvées les plus appréciées par les larves des S. exigua ont été consommées à plus de 34,76 %. Cette préférence différentielle des feuilles des plants traités ou non aux biochar et/ou aux champignons mycorhiziens serait due à la capacité qu’offrent ces inocula aux plants à stimuler la production des substances secondaires qui irriterait les larves et qui rendrait ainsi les feuilles moins appétentes.

Tableau 1 : Masse de feuilles consommée par les larves de S. exigua en élevage Traitement T0 T1 T2 T3 T4 T5 T6

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Masse totale (g) 1200 2550 2550 1650 1650 1200 2400

Masse consommée (g) 418,47 110,94 110,46 307,52 310,39 417,11 181,85

% Consommation 34,87 4,35 4,33 18,64 18,81 34,76 7,58

Toutefois, la qualité alimentaire et leur disponibilité ont des conséquences sur la durée du cycle de développement de S. exigua. Le tableau 2 montre les effets des traitements sur le temps de passage du stade larvaire au stade nymphal (durée larvaire) d’une part et d’autre part le temps de passage du stade nymphal au stade imago (durée nymphale). Il existe une différence significative pour tous les traitements au seuil de 5%.

Tableau 2 : Effets des traitements sur la durée du cycle de développement de S. exigua

Traitements Durée Larvaire (J) Durée nymphale (J) Totaux Moyenne

T0 7,40±0,418c 4,70±0,250b 12,10±0,357c

T1 16,50±0,412a 6,50±0,412a 23,00±0,460a

T2 16,70±0,274a 6,80±0,350a 23,50±0,349a

T3 11,40±0,322b 5,10±0,180ab 16,50±0,350b

T4 11,60±0,218b 4,60±0,218b 16,20±0,283b

T5 7,20±0,392c 4,80±0,326b 12,00±0,170c

T6 15,70±0,405a 6,30±0,391a 22,00±0,436aLes valeurs de la même colonne suivie de la même lettre ne sont pas significativement différentes (p< 0,05)

Le temps de passage du stade larvaire au stade nymphale est plus grand chez les larves nourries aux feuilles d’oignon ayant reçues les traitements T1, T2 et T6. Ce temps est compris entre 15,70±0,405 et 16,70±0,274 jours. Il est plus faible dans les traitements T0 et T5 avec respectivement 7,40±0,418 et 7,20±392 jours. Quand aux traitements T3 et T4, il est respectivement de 11,40±0,32 et 11,60±0,218 jours. Pour ce qui est du temps de passage du stade nymphal à l’émergence de l’imago, nous avons relevé une durée de plus de six (06) jours dans les traitements T1, T2 et T6. Par contre dans les traitements T0, T4 et T5, elle est inférieure à cinq (05) jours. Pour le traitement T3, cette durée est du 5,10±0,180 jours.

En général, le temps global de passage du stade larvaire (de l’éclosion) à l’émergence de l’imago est d’environ 12 jours chez S. exigua. La figure 2 nous montre des résultats similaires dans les traitements T0 et T5. Par contre, l’on relève une hausse d’environ 4 jours dans les traitements T3

et T4 avec une durée respective de 16,50±0,35 et de 16,20±0,283 jours. Dans les traitements T1, T2

et T6, cette hausse sensiblement égale au double de la durée normale qui est de 12 jours environ.

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T0 T1 T2 T3 T4 T5 T60

5

10

15

20

25

12,1±0,357

23±0,46 23,5±0,349

16,5±0,35 16,2±0,283

12±0,170

22±0,436

Traitements

Nbr

e de

jour

s

Figure 2 : Temps de passage du stade larvaire à l'émergence de l'imago

Effets de traitements sur la vie des larves et des nymphes

Il ressort également de nos observations que, la qualité alimentaire n’a pas de conséquence que sur la durée du cycle de développement de S.exigua, mais aussi sur la vie de l’espèce. Le tableau 3 relève les effets de traitements sur la survie des larves et des nymphes.

Chez les larves, nous avons observé un taux de mortalité élevé dans les traitements T1 et T2

avec respectivement 50 et 60 %. Ce taux est inférieur à 40 % dans les traitements T3, T4 et T6 ; et de zéro % dans les traitements T0 et T5.

Chez les nymphes, le taux de mortalité élevé a été observé dans les traitements T1, T2 et T6

avec respectivement 80, 50 et 75,14 %. Aucune mortalité n’a été enregistrée dans les traitements T0, T3 et T4 ; par contre, il est de 10 % dans le traitement T5.

Tableau 3 : Effet de traitements sur la survie des larves et des nymphesTraitement T0 T1 T2 T3 T4 T5 T6

Larvesvivant 10 10 10 10 10 10 10

mort 0 5 6 2 1 0 3

TML % 0 50 60 20 10 0 30

Nymphesvivant 10 5 4 8 9 10 7

mort 0 4 2 0 0 1 4

TMN % 0 80 50 0 0 10 57,14

Imago % 100 10 20 80 90 90 30

TMG % 0 90 80 20 10 10 70

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TML= taux de mortalité larvaire ; TMN= taux de mortalité des nymphes ; TMG= taux de mortalité global Effets des traitements sur le développement larvaire de S. exigua

La figure 3 montre que les traitements T1, T2 et T6 ont des effets létaux sur le développement larvaire de S. exigua. Car il en ressort que plus de 70 % de larves nourries aux feuilles ayant reçues ces traitements n’ont pas atteint le stade imago. Dans les traitements T3, T4 et T5 ce taux de mortalité est inférieur à 20 % et nul dans le traitement T0.

T0 T1 T2 T3 T4 T5 T60

102030405060708090

TML %

TMN%

TMG%

Traitements

Taux

de

mor

talit

é %

Figure 3 : Taux de mortalité des larves et des nymphes de S. exigua

Attaques foliaires par les larves de S. exigua en champDes analyses des données sur les attaques foliaires par les larves de S. exigua en champ sont

consignées dans le tableau 4. En effet, il s’agit des plants qui ont été sélectionnés par la femelle de S. exigua au moment de la ponte. Les femelles de S. exigua ont préférentiellement choisi les plants ayant reçu les traitements T0 et T5 avec respectivement 138 et 133 plants infestés, soit plus de 56 % par rapport aux plants des traitements T3 et T4 avec environ 34,52 %. Les plants les moins infestés parce que n’ayant pas été choisi par les femelles de S. exigua ceux ayant reçus les traitements T1, T2 et T6 avec respectivement un taux d’infestation de 02,30 % ; 01,47 % et 05,02 % seulement (figure 4). Il n’existe de différence significative entre ces trois traitements.

Tableau 4 : Taux d’infestation des plants aux larves de S. exiguaTraitements Nombre de plants attaqués % d’attaques

T0 138 28,87

T1 11 2,3

T2 7 1,47

T3 87 18,2

T4 78 16,32

T5 133 27,82

T6 24 5,02

Totaux 478 100

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T0 T1 T2 T3 T4 T5 T60

20

40

60

80

100

120

140

160

138

11 7

8778

133

24

Nombre de plants attaqués% d’attaques

Traitements

Nom

bre

des p

lant

s atta

qués

%

Figure 4 : Courbe d'infections des plants aux larves de S. exigua

Développement du cycle larvaire de S. exigua en laboratoireS. exigua est une Noctuelle dont le cycle de développement larvaire a une durée d’environ

12 jours : de l’éclosion à la phase pré-nymphale, la larve met en moyenne 7 jours ; et la phase pré-nymphale à l’émergence de l’imago, elle met entre 4 et 5 jours (fig.5). Cette durée du cycle de développement larvaire de la Noctuelle est susceptible à de modifications en fonction de la température ambiante et du type de l’alimentation apporté aux larves et autres facteurs physiques. Dahms en 1972 (b) avait employé le terme antibiose pour désigner les plantes qui ont développé une résistance entrainant des effets défavorables pour la biologie des insectes (le développement et la reproduction).

Larve Larve pré-nymphaleOeuf

Imago Nymphe

Figure 5 : Cycle du développement de la noctuelle: Spodoptera exigua

Discussion Le cycle de développement larvaire peut être susceptible à de modifications dans le temps

et dans l’espace en fonction de la qualité de l’alimentation apporté aux larves, de la température ambiante et autres facteurs physiques. Car le fait que les feuilles issues de certains traitements (T1, T2 et T6) ont été moins appétentes que d’autres serraient dus à la capacité qu’ont ces traitements de

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stimuler les plants d’oignon à synthétiser des substances secondaires qui auraient des effets néfastes sur ce ravageur. Bernays et Chapman (1994) avaient relevé que, la plupart de ces composés ont une action sur le comportement d’un grand nombre d’insectes phytophages par des processus de répulsion ou d’antiappétences. L’azadirachtine, l’une des substances actives du margousier s’est avérée être un antiappétent puissant pour Schistocerca gregaria, ainsi qu’un dérégulateur systémique de croissance ; généralement non toxique pour les vertébrés (Meinwald et al., 1978).

Dahms en 1972 (b) avait employé le terme antibiose pour désigner les plantes qui ont développé une résistance entrainant des effets défavorables sur le développement et la reproduction des insectes. Meinwald et al., (1978) avaient signalé que les extraits des feuilles ou de graines de margousier ou lilas de Perse (neemier), administrés en traitement foliaire ou par incorporation dans la nourriture, auraient des effets néfastes sur le développement d’un certains nombres d’insectes. Ces observations corroborent les modifications relevées dans la durée du cycle de développement de S. exigua lorsque les larves sont nourries aux feuilles ayant reçues les traitements T1, T2 et T6. Les mêmes observations avaient été faites par Isman (1997) travaillant sur l’aspect insecticides du neem, avait isolé une substance appelé azadirachtine qui a une action inhibitrice sur la croissance et la mue des insectes et donc sur le cycle reproductif.

En dehors des cas de mortalité larvaire et nymphale enregistrés, nous n’avons observé aucune anomalie phénotypique chez les adultes. Dahms (1972b) a fréquemment cité comme preuve de l’antibiose, la mortalité à des stades larvaires précoces. Saxena et al. (1981b) ont signalé que l’éclosion des larves de la 5ème mue de la pyrale tigrée du riz, sur des plantes traitées avec un minimum de 12 % d’huile de margousier, a donné lieu au développement de monstruosités aux stades larve/chrysalide. Toutefois, van Dam et al., 2000 avaient relevé que les jeunes chenilles de Manduca sexta, contraintes de se développer sur des plants de tabac dont les systèmes ont été préalablement induits, ont présenté de fortes mortalités et les survivantes ont eu une croissance très aux ralenties.

Les différences observées entre les taux d’attaques foliaires en champ par les larves en fonction de traitement reçu serraient dues à la capacité des plants d’oignon en présence du biochar et/ou de l’inoculum mycorhizien de synthétiser des substances ayant des effets néfastes sur la survie, le développement et la reproduction de S. exigua. Les effets sont plus marqués lorsque le biochar et les mycorhizes sont administrés simultanément. Ces caractéristiques des plants affectant par là, principalement, le comportement de l’insecte adulte femelle lorsqu’il cherche à s’orienter pour trouver une nourriture, un abri ou un site d’accueil pour pondre des œufs. Ces substances ainsi produites par les plants, les rendent moins attrayants ou inacceptables pour le ravageur parce que moins appétant ; limitant par là les phénomènes de colonisation de ces plantes par les insectes (Bernays et Chapman, 1994). Pathak et Saxena (1979), ont indiqué que, dans les cultures repiquées de plein champ, les variétés « non-préférées » des cultures échappent fréquemment aux infestations et que, même lorsque les insectes sont encagés sur des hôtes non préférés, ils ont tendance à pondre moins d’œufs et à produire des populations plus réduites que lorsqu’ils sont installés sur des hôtes sensibles. Ces auteurs vont encore plus loin en soulignant que la présence soit d’un anti-appétant, soit d’un inhibiteur de la croissance larvaire ou d’une association de ces deux éléments peut conférer à la plantes une résistance aux attaques des ravageurs.

En champ, nous avons observé un faible taux d’attaques foliaires dues à S. exigua dans les parcelles ayant reçues du biochar et/ou des mycorhizes par rapport aux parcelles témoins. Il en découle que ces composés ont des effets sur le comportement de la femelle de S. exigua qui au moment de la ponte, choisit les plants capables de fournir une alimentation de qualité nécessaire au bon développement de sa progéniture et à la survie de l’espèce. Johnson et al. (1989) ; Rosenthal et Berenbaum, (1991) ; Duffey et Stout, (1996) et Royo et al. (1999) avaient relevé que la plupart des composés secondaires exerce des influences néfastes sur les ravageurs des plantes agissant

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directement sur les paramètres liés à la fitness des phytophages tels que la croissance, le développement, la reproduction et ou la longévité.

La contribution du biochar et/ou des mycorhizes dans la synthèse des substances protectrices par les plants eux-mêmes ont permis de modifier l’équilibre biologique de Spodoptera exigua dont la larve se nourrit des feuilles d’oignon. Il ressort de nos observations que ces substances ont des effets sur la biologie de ce ravageur. Car nos investigations ont permis de relever d’une part des cas de mortalité dans la population des larves nourrit avec les feuilles ayant reçu ce traitement et d’autre part une prolongation de la durée de leur cycle de développement.

RemerciementsNous sont très redevables aux responsables de l’IRAD de Maroua pour les moyens

matériels et humains mis à notre disposition.Nous sont également reconnaissants aux techniciens de l’IRAD de Maroua pour leurs

disponibilités et leur enthousiasme au travail.

Conclusion et perspectives Cette étude nous a permis de relever les effets du biochar à base des feuilles mortes du

neemier et du champignon mycorhizien sur le cycle de développement larvaire de S. exigua et la protection des plants de A. cepa en champ. Les relations entre les plantes et les insectes phytophages et entomophages sont donc très complexes et en permanente évolution. Il apparaît clairement que les composés secondaires des plantes ont un rôle considérable dans les processus de défense mais également dans l’établissement, le maintien et l’évolution des relations multitrophiques ; car, au cours de l’évolution, tous les êtres vivants, pour leur survie, sont contraints de développer tout un panel de stratégies de défense face à leurs agresseurs. Néanmoins, les agresseurs par le développement de stratégies contre-défensives sont toujours présents. Un équilibre dynamique se crée entre agresseurs et agressés pour le maintien d’une formidable biodiversité.

En effet une étude très poussées mérite d’être faite sur les analyses foliaires afin de dégager la composition chimique des substances secondaires produites par ces plants sous l’action synergique de biochar et des champignons mycorhiziens et de vulgariser cette technique auprès des entrepreneurs agricoles.

Références bibliographiques

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[12] Saxena, R.C., Waldbauer, G.P., Liquido, N.J. et Puma, B.C., 1981b. Effets of Neem seed oil on the rice leaf folder, Cnaphalocrocis medinalis. pp. 278-89. Ibid.

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