Emergence#2

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La revue des artistes émergents

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International Emerging Artist Award

Les galeries

FN Designs

Dubaï

The Empire Project

Istanbul

Galerie Gourvennec Ogor

Marseille

Vue privée

Singapour

En mars 2013 a eu lieu la sélection de la deuxième édition du prix international des

artistes émergents de Dubaï.

International Emerging Artist Award est le premier concours ouvert à la fois aux artistes

émergents des Emirats arabes unis et aux artistes étrangers. Basé à Dubaï, International

Emerging Artist Award a été créé dans le but d’offrir une reconnaissance mondiale aux

artistes émergents ainsi que de leur permettre de présenter leur travail en leur offrant

une exposition internationale. Dubaï est devenue une des villes les plus importantes du

Moyen-Orient et cherche à développer depuis ces six dernières années la

reconnaissance du travail des artistes émergents par l’ouverture de nombreuses

galeries et d’institutions artistiques. Les œuvres des lauréats sont ainsi exposées à Dubaï,

Singapour, Istanbul et Marseille dans des galeries d’art contemporain de renom.

Parmi les lauréats nous retrouvons de nombreux français. L’an dernier, lors de la

première édition, Emerging Artist Award avait sélectionné dix lauréats dont cinq artistes

français, les deux premiers prix étant attribués à des artistes français. Cette année, les

artistes français sont encore bien présents avec deux lauréats sélectionnés au sein du

« Golden 10 ».

Nous avons tenu à mettre plus en avant le travail de ces artistes français émergents sur

le devant de la scène artistique internationale en leur consacrant exclusivement ce

numéro.

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Couverture :

Julie de Waroquier, Retour à la réalité.

Remerciements :

Séverine Bourgeois, Jérôme Clair, Julie de Waroquier, Jérémie Lenoir, Florian Ruiz.

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Lauréats édition 2011 - 2012 /////////////////////// 06

Lauréats édition 2012 - 2013 //////////////////////// 07

Séverine Bourgeois /////////////////////////////// 08 - 13

Jérémie Lenoir //////////////////////////////////// 14 - 19

Jérôme Clair ////////////////////////////////////// 20 - 25

Julie de Waroquier /////////////////////////////// 26 - 31

Florian Ruiz /////////////////////////////////////// 32 - 37

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Lauréats édition 2011-2012

1er

JULIE DE WAROQUIER

France

2e

OLIVIA LERICHE &

VINCENT GOUTAL

France

3e

NAOHIRO NINOMIYA

Japon

4e

RICHARD ALLENBY-PRATT

Emirats arabes unis

5e

JEROME CLAIR

France

6e

JEREMIE LENOIR

France

7e

PHILIPPE ARACTINGI

Lebanon

8e

SEVERINE BOURGEOIS

France

9e

SERGEY LUTSENKO

Russie

10e

GHASAN SAID

Australie

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Lauréats édition 2012-2013

1er

PABLO DE LABORDE

LASCARIS

Mexique

2e

THIEMO KLOSS

Allemagne

3e

LUCAS DAVIDSON

Australie

4e

ZACHARIE GAUDRILLOT-ROY

France

5e

JESSE OLWEN

Canada

6e

ROBERT LEE DAVIS

USA

7e

FLORIAN RUIZ

France

8e

MASATO SHIGEMORI

Japon

9e

SEMA OROUK

Emirats arabes unis

10e

ALEXIS AVLAMIS

Grèce

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Séverine Bourgeois

Présentant son travail en France et

à l’étranger, elle expose à Paris et

dans le sud de la France, ainsi

qu’aux Etats-Unis. Elle remporte la 8e

place d’Emerging Artist Award en

2012 en présentant une série de

photographies utilisant le montage

numérique. Intitulée Handhead,

cette série nous montre des scènes

de la vie quotidienne de corps

hybrides, dont la tête n’exprime plus

les sentiments par les expressions

d’un visage mais par les gestes.

L’expression corporelle est ici

poussée à son paroxysme comme

pour souligner son importance.

Diplômée en 2011 de l’Ecole Supérieure d’Art d’Avignon après cinq ans d’études,

Séverine Bourgeois développe un univers artistique à mi-chemin entre le monde médical

et l’organique. Pratiquant dans un premier temps le dessin et la peinture, elle découvre

le travail en volume lors de créations effectuées dans les ateliers de réalisation du

carnaval de Nice, marquant une nouvelle approche dans son processus de création.

Toujours à la recherche de nouvelles formes d’expressions, elle poursuit ses investigations

à travers un grand nombre de médiums tels que la photographie, le dessin

contemporain, la sculpture ou encore la sérigraphie.

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Puzzle

2012

Linoléum découpé

« La douleur […] me confronte à une langue dont je n’ai pas l’usage, à des mots que je ne

pourrai jamais exprimer. Souffrante, je ne me sens pas capable d’en parler aux autres. Il

faudrait pour cela inventer un nouveau langage. »

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Lés de papiers peints, 3 tirages de 150 x 50 cm

Occulomoteurs, 2013, lés de papiers peints. Organes, 2011, lés de papiers peints

Séverine Bourgeois joue avec le corps et explore sa perception. Ses

expérimentations s’articulent autour de la différence, cherchant à comprendre les

caractéristiques des barrières imaginaires qu’elle établit et les raisons pour lesquelles elle

peut paraître effrayante.

Dans son travail apparait un profond paradoxe, celui de l’ajout qui soustrait. Ce

paradoxe est traduit par la création d’extensions au corps, de compléments qui

cependant ôtent quelque chose, de la liberté de mouvement aux repères usuels des

proportions humaines, modifiant les échelles et les rapports au corps. Séverine Bourgeois

créée ainsi des hybrides, jouant toujours sur une double lecture de l’image et de l’objet.

Et lorsque le corps paraît absent physiquement de l’œuvre, il se ressent dans la forme et

dans le choix des matériaux qui renvoie directement à lui. Les formes et les objets

véhiculent une idée, sont porteurs d’une fonction. Pourtant ces derniers ne sont jamais

employés en tant que véritables outils, leur utilité reste de l’ordre de l’hypothèse, posant

une question essentielle pour l’artiste : et si ?

On constate dans le travail de Séverine Bourgeois un lien très fort avec l’univers médical.

L’artiste aspire profondément au besoin de contraindre le corps comme pour accomplir

une sorte de thérapie personnelle. C’est en malmenant le corps au travers d’outils, de

matériaux liés aux techniques de la chirurgie ou de la contention physique. L’art est pour

elle un moyen de rendre visible les dégradations qui sont habituellement hors de portée

du regard. Cette notion du regard est omniprésente car c’est au cœur de la vision que

réside la constatation de la différence.

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Cardiacus (spécimen)

2012

Série de 6 dessins

Mine de plomb sur papier

30 x 45 cm

La plupart des idées donne lieu à la production d’une minisérie. Il est très rare que l’artiste

conçoive une pièce unique. Il semblerait que la pluralité des créations lui permette

d’explorer au maximum son concept, de le définir et de le circonscrire au mieux au fur et à

mesure de la mise en réalisation du concept.

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« Je suis la maladie, parce qu’elle est à moi seule, et mon corps lui appartient, elle le possède.

Il lui est dédié afin qu’elle puisse exercer toute sa cruelle fantaisie, qu’elle puisse me

surprendre, dépasser mes prévisions, se nicher là où je ne l’aurai pas cherchée.

Elle est à moi. Elle est moi. Ma singularité, ma morphologie, mes défauts et mes qualités, mon

caractère, tout fait signe, hurle son existence. Et moi qui l’héberge, à chaque regard dans un

miroir, je ne peux m’empêcher de voir ce qui se cache sous le masque.

Paradoxalement, j’aime dire que je ne suis pas la malade. Je ne suis pas une hôte de

passage, elle n’est pas une invité temporaire. Sans le savoir, nous nous sommes toujours

côtoyés. Nous avons toujours cohabité. Depuis que j’existe, que je suis, elle existe en moi, elle

est à travers moi. »

Maladie, Séverine Bourgeois

Cactus irruption

2012

Série de 6 dessins

Mine de plomb sur papier

37 x 37 cm

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Joute de déambulateurs

2011

Déambulateurs et tiges de béquilles

60 x 80 x 240 cm

Harnais

2010-2011

Cuir et rivés

350 x 150 x 20 cm

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Jeremie Lenoir

Jérémie Lenoir est diplômé de l’Ecole Polytechnique de l’Université de Tours et de l’Ecole

Supérieure d’Art et Design d’Orléans. Ses photographies retranscrivent les paysages,

proposant un voyage singulier et sensible. Si l’homme est peu présent dans son œuvre,

l’artiste s’intéresse aux traces laissées par l’homme et leur rapport avec la matière.

Travaillant au format numérique, on remarque dans les photographies de Jérémie Lenoir

une influence indéniable de la peinture. Il aborde le paysage à la manière d’un peintre

plus que d’un photographe, redessinant les paysages avec son appareil photo comme

s’il prenait des croquis. L’artiste tient à faire émerger dans l’image les influences

picturales qu’il puise dans la peinture et s’approprie ainsi pleinement les lieux.

Profondément influencé par les artistes de la Kunstakademie de Düsseldorf et par

l’approche des paysages de Jürgen Nefzger ou d’André Mérian, il est avant tout

influencé dans la construction de ses images par la peinture abstraite de Barnett

Newman, Pierre Soulage, Piet Mondrian , Joan Miro, William Turner, ou encore par les

gravures de Raoul Ubac.

Exposant en France et en

Europe. Jérémie Lenoir est

sélectionné parmi les lauréats

pour l’Emerging Artist Award

de 2012 en présentant la

série de photographies Entre

Loire et Océane. Il remporte

la même année le Prix

Chapitre Nature dans la

catégorie Beau livre pour son

ouvrage publié chez

Filigranes, Transfiguration, ainsi

que le prix A.M.E.

Circuit, Montreuil-Juigné, 2011

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Jérémie Lenoir travail en altitude. Il shoot toujours à 1500 pieds en avion, c'est-à-dire à

environ 450 mètres du territoire visé, dans le but d’obtenir une certaine régularité et

une grande précision dans le traitement des échelles entre chaque photographie. Il

est important que les détails ne soient pas identifiables trop rapidement et que

conjointement les effets de matière et le rapport à la taille humaine soient clairement

visibles. S’appuyant sur les rythmes des lignes et les effets chromatiques plutôt que sur

les jeux d’ombres, l’artiste photographie l’espace lorsque le soleil est au zénith afin

d’obtenir une colorimétrie aussi neutre que possible. Car ainsi la lumière écrase tous les

reliefs, toutes les ombres, toutes les couleurs, les images ont un rendu uniforme et

extrêmement plat, mettant l’accent sur le sens du lieu photographié plutôt que sur sa

représentation.

Toiture

Beaucouzé

2011

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Chantier

Angers

2011

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Chantier, Beaucouzé, 2011 Serres, Les Ponts-de-Cé, 2011

Le projet Entre Loire et Océane, projet lauréat de la bourse de la fondation

Mécène et Loire en 2010, aboutit sur une série de photographies réalisées en 2011.

Plus qu’une sélection d’images, le projet a été organisé autour d’une quarantaine de

lieux retenus autour de la ville d’Angers, plus précisément le long de l’espace

géographique entre la Loire et l’autoroute A85/Océane. En choisissant de se

déplacer en avion plutôt qu’en hélicoptère, il a été possible de réaliser un grand

nombre de survols de chaque espace (au moins une quinzaine) dans le but de suivre

leur évolution tout au long d’une année. Chaque session permettant d’affiner des

cadrages, parfois de quelques millimètres, et de redessiner petit à petit les paysages.

Pour l’artiste, le paysage contemporain, produit des processus politiques et

économiques, évolue aujourd’hui jusqu’à disparaître dans son assujettissement. Les

« tiers paysages » ou les « non lieux » de Marc Augé se multiplient avec analogie à

grande échelle, alors que les périphéries saturées des villes se cloisonnent dans des

architectures impersonnelles et déshumanisées. « Lorsqu’un paysage a perdu sa

cohérence, disait Alain Buttard, le seul sens que puisse lui donner un photographe,

c’est celui de la cohérence perdue ! ». Le projet « Entre Loire et Océane » propose de

questionner les relations politiques, économiques et culturelles à l’œuvre entre les

hommes et les paysages. Se déroulant le long d’un axe de circulation « historique et

naturel », la Loire, et celui de sa parallèle « contemporaine et bâtie », l’autoroute

A85/Océane, l’étude se focalise sur un entre-deux temporel et géographique autour

d’Angers d’environ 100 km de long sur 20 km de large.

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Au sein de cet espace vernaculaire, microscopique à l’échelle du territoire, « Entre Loire

et Océane » tente de renouveler les postulats émis par la DATAR et le géographe

américain John B. Jackson dans les années 80. Les prises de vues qui le composent

n’ont pas de sujet propre, pas d’intention particulière visant à une représentation

objective d’une « vérité » du paysage. Composant une mise à distance ontologique, le

point de vue aérien est utilisé comme outil et non comme finalité, permettant ainsi, au

travers d’un parti pris pictural très fort, de se dégager des codes de la discipline.

S’inscrivant dans la sérialité, les photographies font sens et corps sans individualité grâce

au respect d’un protocole de réalisation rigoureux, à la sélection précise des lieux

capturés, et au dessin de cadrages volontairement désorientant. L’abstraction, la

platitude et la neutralité sont ici revendiqués comme interfaces entre le fond et la forme

des sujets, construisant minutieusement ce que Barthes nommait des « photographies

pensives ».

Bassin, Cornillé-les-caves, 2011 Carrière, Brissac-Quincé, 2011 Surface agricole, Les Rosiers-sur-Loire,

Cette transfiguration du paysage enregistré en tableau abstrait conduit tout d’abord à

remettre en question le médium photographique dans sa capacité à retranscrire le réel.

L’instauration d’une véritable confusion entre photographie et peinture invite à porter sur

les paysages un regard nouveau, singulier et sensible. La suppression d’éléments majeurs

– le ciel, la ligne d’horizon ou les infrastructures identifiables – nous perd dans un univers

irréel que nous ne parvenons plus à reconstituer mentalement de notre point de vue

familier. Dès lors, il ne reste de la réalité que des géométries radicales ou des textures

indécises, des lignes totalitaires ou des frontières confuses. Pour quitter la dialectique

imaginaire des formes et des couleurs, nous devons décrypter l’image afin d’accéder à

la compréhension de sujets issus d’un monde que nous savons réel, mais que nous ne

pouvons immédiatement accepter.

2011

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Dans un second temps, la conjugaison du point de vue aérien et de l’abstraction permet

d’interroger la capacité de nos territoires contemporains à délivrer une quelconque forme

d’intelligibilité. Que regardons-nous ? Que faisons-nous ? Que construisons-nous ? Le choix

des lieux et de leur représentation nous oblige à ne pas rester simple spectateur. Le « non-

sens » produit par ces « non-lieux » nous renvoie à la contemplation aveugle et fascinée du

chaos, tout en proposant, dans leur rendu, une tentative de réconciliation avec une

possibilité du paysage. Dénigrés comme « lieux » à part entière, les espaces ici capturés se

transforment en objets portant dans leur forme une critique sociale et révélant, comme

dans les productions d’Holger Trülzsch, « une matrice » de notre société. En dévoilant

l’absence totale d’inscription des paysages à un principe d’identité, le corpus

photographique aspire à mettre en lumière l’inéluctable dissolution du vernaculaire. Ainsi,

entre la nécessité de capturer le réel et celle de sa transfiguration en tableaux, « Entre

Loire et Océane » tente d’apporter à notre territoire contemporain un réalisme nouveau.

Bassin

La Jumelière

2011

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Jérôme clair

Diplômé en 2007 de l’Ecole Supérieure d’Arts Plastiques et de Design Mestre Mateo de

Santiago de Compostela, en Espagne, ainsi que de l’Université de Bordeaux en 2004,

Jérôme Clair expose principalement en France et en Espagne. Il remporte le premier prix

du concours photographique « Galicia en Branco e Negro » en 2006. Primé par la

Commission Européenne lors du concours "Cultures on my street", il expose aux Rencontres

Internationales de la Photographie d’Arles en 2009 et devient lauréat au concours SFR

Jeunes Talents. En 2012, il fait partie des lauréats de l’International Emerging Artist Award

en présentant une série de photographies intitulées Génération Isolée.

Esther,

2007

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Génération isolée est nourrie par une réflexion sur le thème du vieillissement.

L’artiste s’est intéressé à ces personnes dont le grand âge rime aujourd'hui avec

isolement. Traitée dans la légèreté d'une situation mise en scène par l'installation d'une

cage de cristal, l'image crée à la fois le lien et la distance. C'est cette dualité que

questionne le travail de Jérôme Clair. Pas de jugement, seulement un constat, la

photographie d'un temps à deux vitesses. A la limite de l’art documentaire, l’artiste tente

la "mise sous cloche" de ces icônes archaïques d'une société en pleine mutation, en

donnant à ses modèles la visibilité et le statut d'éternité des pièces de musée.

Giacomo et la Papamobile

Dernière photo de la série sicilienne, cette image transcende totalement le concept de

l’artiste, faisant de l'isolement une grande fête populaire.

« Cette version dérisoire de la papamobile est absolument désopilante et délicieuse, tout

comme est truculent le personnage à béret qui joue au Saint Père d’occasion.

L'ambiance, les lumières sont très bien saisies, l'ensemble parfaitement cadré pour une

jolie proposition de reportage sur un fait infime mais qui en dit long, avec sympathie, sur

une expression populaire. »

Christian Caujolle

Giacomo et la Papamobile,

2008

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Jérôme Clair envisage sa pratique de la photographie avec l’objectif de développer

des rencontres extraordinaires avec des gens ordinaires. Les images sont des prétextes

qui lui permettent d'oser franchir les portes de l'intime d’inconnus qu’il n’aurait

probablement jamais été amené à rencontrer s’il ne les avait pas cherchés. Car

photographier des personnes qui vivent l'esseulement est un défi. Jérôme Clair procède

alors à une véritable recherche, se rapprochant d'intermédiaires de ces inconnus, ces

derniers étant leurs derniers liens avec la société, tels que leur facteur, le boulanger

ambulant et surtout le personnel de santé (médecin, infirmière et aide à domicile). Ces

personnes introduisent l’artiste auprès d’eux.

Jérôme Clair leur présente son projet et c'est l'Humain qui œuvre. Il est important pour lui

que chacun de ses modèles accepte volontairement et consciemment le projet. Les

participants lui racontent alors leurs 80 années d'histoire en une demi-journée et c’est en

fonction de cela que l’artiste choisit l'endroit qui les reflète le mieux.

Plus que le visuel, c'est l'histoire de ces portraits d’hommes et de femmes qui

ont cheminés dans la vie qui donne du poids à la démarche photographique. Elle se

veut bienveillante mettant une lumière là où elle ne vient plus à mesure de

l'esseulement.

La série Génération isolée est un work in progress, c'est une collection de rencontres qui

s'agrandit. La démarche est commune à toutes les images de la série, mais chacune est

singulière et raconte sa propre histoire. Grave ou légère, triste ou optimiste.

Benjamin,

2009

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« Je mets en scène sans jugement un fait social grandissant en Europe

utilisant l'artifice de la vitrine de musée. C'est en quoi nous pouvons avoir du

mal à classifier ce travail comme artistique ou documentaire, certainement

un peu des deux. Cette situation composée avec les éléments appartenant

aux personnes dans un lieu qui leur est proche crée quelque chose de

souvent gênant, les mettant parfois mal à l'aise. C'est ce qui je pense

explique en partie la relation que peut avoir le public face à ces photos.

Certains saluent la performance d'autres trouvent cela honteux d'enfermer

les anciens dans des aquariums. C'est vrai, le positionnement est compliqué.

La démarche est bienveillante mais l'image, elle, peut être rude. Elle renvoi à

chacun sa position face à ce thème, car chacun d'entre nous connait une

personne qui s'approcherait d'un de mes modèles. »

Nino

2008

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« Une de mes premières images réalisée à 15km de Saint-Jacques de Compostelle en

Espagne et pourtant l'une des plus emblématiques de ma démarche. Helena est une de

ces grands-mères au caractère bien trempé. Lucia son "aide de vie" passe deux fois par

semaine l'aider dans les tâches du quotidien qu'elle ne parvient plus à faire seule. Pas

question d'être plus assistée tant que sa santé le lui permet. Remarquez cette bouteille de

vin blanc pour sa cuisine, elle garde ses habitudes et elle ne se plaint pas, jamais. Elle a deux

grandes filles toute deux mamans qui ont des "bons métiers" l'une à Barcelone et l'autre aux

environs de Madrid. Cet éloignement géographique fait qu'elles ne se rencontrent plus que

très rarement mais pour Helena c'est très bien comme ça, au moins elles échapperont à la

misère qu'elle a pu vivre à certains moments de sa vie. La Galice est une région pluvieuse,

l'intérieur de sa pièce à vivre est sombre et humide. Les moisissures dues à ce climat

s'accumulent sur les murs. A l'étage, la plupart des fenêtres sont cassées ou abimées laissant

rentrer encore un peu plus d'eau. Les réparations sont impossibles, il y'a trop de travaux pour

la petite retraite d'une paysanne qui n'a cotisé que sur la fin. Pourtant aucune de ses filles

qui ne s'entendent plus vraiment ne souhaite investir dans la réparation de la maison, la

succession n'ayant pas été clairement définie. Cet écran visible à droite est le cadeau de

noël de l'une d'entre-elle, cette récente attention occupe bien Helena car elle doit rallumer

avec sa télécommande son téléviseur qui s'éteint toute les trois minutes. Trop humide a dit le

réparateur. Helena reste pour autant forte et digne. »

Helena,

2007

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« Issu de la série sicilienne, Alfredo est bien connu à Isnello. Il est l'ami du comptoir et aime

la bonne boisson. Ces nombreux excès font que pas mal de villageois se sont peu à peu

détournés de lui. Il n'a pas accepté de me recevoir chez lui, le bar ne me convenait pas, il

m'a alors proposé une grotte. Une idée illuminée, l'aventure m'a tentée. J'ai installé la

structure et suis remonté le chercher. La descente en sa compagnie vers la grotte a été

un vrai spectacle, il criait au loup de deux compères qui voulaient assister amusés à la

performance. Alfredo installé dans la vitrine et très agité, je tentais d'allumer le générateur

qui m'avait été prêté. Impossible, il ne voulait rien entendre. Je lui ai donc confié une

lampe à pétrole et la magie a opéré. Ce visage, c'est ça, c'est ce qui me paraît être le

reflet de cette rencontre.

En remontant, il était très lucide, le changement était radical, il m'expliquait que quand il

travaillait plus jeune, il enfermait les cochons avec son frère dans cette grotte, ils avaient

construit un mur en brique à peu près où je me situais pour prendre la photo. J'ai donc

capté la face visible de l'iceberg, mais quel personnage... »

Alfredo,

2008

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Julie de waroquier

Photographe autodidacte depuis 2008, Julie de Waroquier étudie la philosophie à l’Ecole

Normale Supérieure de Lyon 3. Lauréate de nombreux concours et festivals

photographiques en 2011 et 2012, elle se distingue en 2012 en remportant plusieurs prix

nationaux et internationaux, se voyant décerner la Médaille d’argent du Prix de

photographie de Paris, catégorie « Fine Art », la Médaille d’or de l’Egypt International

Photo Contest, ainsi que la mention honorable de l’International Photography Awards et

termine lauréate du prix SFR Jeunes Talents. La même année, elle remporte le premier prix

de l’International Emergent Artist Award en présentant une série de photographies

intitulée Les faux-semblants, (Chimeras).

En 2013, Julie de Waroquier est également lauréate de plusieurs concours et se voit

nominée par les prix internationaux Arte Laguna et [F] Awards.

Elle expose en France et à l’étranger, représentée par plusieurs galeries d’art, et ses

travaux ont fait l’objet de nombreuses publications dans le monde. En 2012, elle publie

son premier livre Rêvalités aux éditions Knowware, rassemblant soixante-trois

photographies réalisées au cours des quatre dernières années.

publie

Les faux-semblants,

2011

Page 27: Emergence#2

Les faux-semblants,

2011

Page 28: Emergence#2

Discipline,

2013

Page 29: Emergence#2

Julie de Waroquier recherche

le rêve, le mystère, la surprise. Elle essaie

de faire en sorte que chacune de ses

images soit comme échappée de

l’imagination, dérangeant les catégories

du monde concret comme pour nourrir

l'œil de visions inhabituelles et pourtant

familières. Ainsi, Julie de Waroquier

essaie de sonder l’inconscient dans ce

qu’il a de plus poétique. Chaque

photographie est à voir comme la

capture d’un rêve qui serait devenu

réalité et que l’appareil serait venu saisir.

Questionnant le monde en montrant ce

que la société n’admet pas toujours

comme étant une vérité, ce qui relève

du conte, de la légèreté et du rêve, et

qui fait pourtant partie intégrante de

notre réalité. A travers son œuvre,

l’artiste tente de montrer les limites du

pessimisme post-moderne, en rappelant

la valeur et la profondeur de l'être

humain. C'est pourquoi, par le biais du

symbolisme notamment, elle explore

tout l'invisible qui constitue l'esprit et le

cœur de l'homme. Ses craintes, ses

désirs, ses passions. Par sa démarche

purement poétique, elle interroge le

monde et l'homme qui l'habite,

recherchant le sens là où l'on voudrait

nous montrer l'absurde ou le vide.

Mauvaises nouvelles,

2012

Le poids des gémissements,

2011

Haunting fears,

2012

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Abysses,

2012

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The approach est issue de la série intitulée Strangers, illustrant le premier contact entre

deux êtres qui ne se connaissent pas. Le concept est inspiré par les philosophes Thomas

Hobbes et Jean-Jacques Rousseau qui décrivent « l’état de nature ». Selon Hobbes,

l'être humain est profondément égoïste, de sorte que quand il rencontre quelqu'un, il n'a

pas confiance et ne ressent aucune sympathie. Au contraire, Rousseau pense que

l'homme est innocent et sincère à l'état de nature.

Dans cette série, les animaux et les humains se positionnent donc entre confiance et

méfiance, entre la curiosité et la peur. Certains des animaux semblent menaçants,

d'autres sont plutôt avenants. L’artiste les photographie dans leur environnement naturel

et tente de représenter le premier contact entre deux inconnus que tout oppose,

interrogeant la nature humaine afin de savoir si elle se prédispose à être bonne ou

mauvaise envers les autres.

The approach,

2012

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Florian Ruiz

Florian Ruiz vit et travaille au Japon. Procédant par séries, il photographie le monde qu’il

perçoit en Asie, parcourant la Chine, le Japon, la Mongolie ou encore le Pakistan.

Son travail porte sur les univers sociaux confrontés au désespoir, des univers marqués par la

souillure et la désillusion. Il s’attache à traduire les sensations face à des univers frappés par

le trouble.

Dans sa démarche, l’artiste français cherche à saisir les entre-deux, les univers à la limite,

les vies et les lieux à la marge à travers le prisme déformant et granuleux d’appareils

argentiques rudimentaires pour laisser transparaître l’imprévu, l’accident et la déformation

comme le moyen d’expression d’une réalité multiple. Dernièrement, Florian Ruiz privilégie

les sténopés, moyen technique de saisir des paysages dans le déploiement du temps.

Florian Ruiz expose dans des festivals internationaux, notamment en Europe et en Asie. Ses

photographies ont fait l’objet de nombreuses publications sur tous les continents. En 2013,

sa dernière série de photographies, Fukushima, le mal invisible, remporte la deuxième

place du Sony World Photography dans la catégorie Conceptual, sélectionnée parmi plus

de 122 000 artistes en provenance de 170 pays, et fait partie des lauréats de l’International

Emerging Artist Award.

Fukushima, le mal invisible,

Autumn,

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Fukushima, le mal invisible,

Winter

Page 34: Emergence#2

Fukushima, le mal invisible,

Spring

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Fukushima, le mal invisible

Dans cette série de vingt photographies réalisée en 2012, Florian Ruiz a photographié le

mal invisible de la radioactivité dans la nature et dans la périphérie des villes de la

préfecture de Fukushima. Suivant le rythme des saisons, comme dans les estampes

japonaises traditionnelles, l’artiste s’est inspiré de leur stylistique épurée, dans la volonté

de saisir les impressions fugitives, la mobilité des phénomènes climatiques ou encore la

perception changeante de la nature. Une nature qui est le lieu où se fixe le plus la

radioactivité.

Interrogeant la perception, l’artiste a utilisé des sténopés en favorisant des temps

d’exposition longs afin de fixer dans la durée la présence de ce mal. Il a mesuré à

l’aide d’un dosimètre la quantité de rayonnement radioactif en microSivert (μSv) reçu

durant le temps de l’exposition. Mesurant à chaque fois la quantité fixée sur son film, il

incorpore ce résultat sur chacune des photos. Florian Ruiz a accumulé sur une même

photographie des fragments d’images du même lieu pris sous des angles différents, La

superposition d’images décalées lui permet de créer une vibration, une déformation du

réel saisi dans l’objectif, révélant la présence de la radioactivité dans la photographie.

Ce procédé réinvente et tord le paysage afin de produire une sorte de vertige, de

malaise lié à la palpitation de l’invisible.

« J’ai voulu, à travers ce sujet, rechercher un équilibre et une

organisation de l’image dans un monde chaotique et instable

tout en soulignant la permanence de la beauté. J’ai également

cherché à interroger la photographie en essayant de traduire par

une image ce qui n’est pas perceptible à l’œil en utilisant le

temps et la distorsion. »

Page 36: Emergence#2

Fukushima, le mal invisible,

Summer

Page 37: Emergence#2

Fukushima, le mal invisible,

Autumn,