Développement local en HAÏTIDéveloppement local en HAÏTI · picales (malaria, chykungunya,...

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Kanpé Kanpé Magazine de l’AFHAD N°54 Décembre 2015 Association France Haïti Développement Développement local en HAÏTI Développement local en HAÏTI

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Kanpé Kanpé

Magazine de l’AFHAD

N°54

Décembre 2015 Association France Haïti Développement

Développement local en HAÏTIDéveloppement local en HAÏTI

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EDITO :EDITO :EDITO :

Changements climatiques et le Développement local en HAÏTI

La COP21 nous interroge sur les impacts

des changements climatiques dans le dé-

veloppement local en Haïti.

Ces changements, causés par les activités

des hommes et un partage inéquitable

des ressources, ont des conséquences im-

portantes pour les populations des pays

du Sud, qui pourtant en sont les moins

responsables.

Les effets se mesurent en 3 points :

· La sécheresse et la rareté de l'eau, pota-

ble et agricole, cette dernière affectant

directement la sécurité alimentaire.

· Les inondations et les ouragans, les pays

tropicaux étant fragilisés par la destruc-

tion des infrastructures, l’atteinte des ré-

coltes et la précarité des habitations

(bidonvilles et zones côtières).

· L’augmentation des cas de maladies tro-

picales (malaria, chykungunya, dengue)

et les infections gastro-intestinales dues à

la contamination de l'eau potable par les

inondations.

Pour notre association de coopération

internationale, la réponse est dans l’inté-

gration de ces risques climatiques à tout

projet de développement. Bien se

connaître, identifier et partager les diffi-

cultés, faire évoluer les projets.

Une telle mobilisation se fera par une

démarche commune avec les partenaires

haïtiens dans des relations de confiance.

Les objectifs sont d’abord, de sensibiliser,

ici et là-bas, les populations et les acteurs

locaux aux enjeux des changements cli-

matiques, puis de former et promouvoir

les bonnes pratiques d’adaptation dans

les secteurs agricoles et énergétiques en

particulier.

Pour l’AFHAD, cette prise de conscience

partagée est un préalable aux réalisations

techniques à venir.

Sommaire :

Le Parrainage scolaire

Le Plan Communal de Développement

La coopération décentralisée avec Desdunes

Les bonnes pratiques de coopération internationale

Le vaudou

Nos prochaine évènements

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Photo de couverture : Habitations au village de Modèle, dont l’une des problématiques est l’accès à l’eau, agricole et domestique.

««« DeboutDeboutDebout » en Créole haïtien» en Créole haïtien» en Créole haïtien

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Parrainage Scolaire

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Cette convention tripartie (AFHAD –

Alter Aide – CIG) délègue à l’associa-

tion haïtienne Alter Aide la fonction de

chargé de projet pour ce partenariat.

Elle prend effet à cette rentrée scolaire

2015/2016, pour une durée de 3 ans.

Nous sommes heureux de souligner la

réussite du patient travail, réalisé depuis

2007 avec l’AFHAD Desdunes. Ce qui

permet une plus grande autonomie, un

rôle plus actif et responsable des bénéfi-

ciaires. Cela renforce la pérennité du

partenariat et garantit nos engagements

près des donateurs.

Le parrainage scolaire de l’AFHAD n’est

pas un parrainage d’élèves mais de 6

écoles publiques. Il soutient l’ensemble

des actions pédagogiques : formation

des maîtres, matériels didactiques, four-

nitures, etc.

La dotation de la rentrée 2015 s’élève à

1.000$us par école ; elle est financée

exclusivement par les dons réguliers des

parrains.

La rentrée scolaire à Desdunes s’est dé-

roulée normalement, comme les années

précédentes, avec un décalage d’un

mois, après la date officielle du 7 sep-

tembre 2015. Les effectifs sont stables

avec une moyenne de 40 à 50 élèves

par classe.

Le fait le plus marquant de cette rentrée

est la signature d’une nouvelle conven-

tion de partenariat avec les écoles, ras-

semblées dans le Comité Interscolaire

de Gestion (CIG) qui coordonne le par-

rainage et le fonctionnement des canti-

nes scolaires. Cette convention vient

remplacer celle qui nous liait à l’AF-

HAD Desdunes, arrivée à son terme en

juin 2015.

Le CA de Nantes, s’appuyant sur l’expé-

rience et la proposition des enseignants,

a décidé de travailler directement avec

le CIG. L’objectif est de simplifier le

fonctionnement du parrainage.

Depuis 2012, nous avons engagé un partenariat avec l’association nantaise

KLALI Le Partage, au profit de l’école de Descahos, dont elle assure l’intégrali-

té du parrainage (1.000$us par an).

En outre, elle étudie son engagement sur le projet d’aménagement et d’amé-

lioration du cadre scolaire élaboré par le Comité de Gestion de l’école de Des-

cahos.

Cette école primaire se situe dans un quartier très pauvre accolé au centre ville

de Desdunes. Ses bâtiments sont délabrés, et l’Etat haïtien n’a pas prévu de

programme de rénovation.

Ce projet a pour objectifs de créer des classes séparées et sécurisées dans le

bâtiment actuel et de finaliser la clôture de l’école. Son exécution fera appel à

la main-d’œuvre et aux entreprises locales.

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Devenez parrain

d’une école pour

10€ par mois

Coût annuel

après déduction

fiscale = 40€

Partenariat avec KLALI - Le Partage

Un projet d’aménagement de classes séparées et plafon-nées pour l’école de Descahos, en collaboration avec

l’association nantaise partenaire KLALI

Préparation des repas à la cantine de Grand Islet

Carole JEAN, directrice de l’école de Modèle

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Le Plan Communal de Développement de Desdunes

(PCD) se clôture en décembre 2015. Il est le fruit d’un

long travail participatif visant à planifier le développe-

ment de la commune au niveau local. Ce plan a été

élaboré dans le cadre des règlements ministériels haï-

tiens.

Concrètement, ce plan permet d’intégrer un diagnostic

de la situation de la commune et de ses potentialités,

une analyse des problèmes et des orientations du dé-

veloppement à suivre, conduisant à l’élaboration de

projets et au cadrage de l’investissement.

Le GAFE s’est appuyé sur son expé-

rience acquise dans l’élaboration du

PCD de la commune de Kenscoff,

ainsi que sur son expertise dans les

domaines de la planification, de l’en-

vironnement et de l’éducation.

En particulier, le GAFE apporte une

vision géographique aux PCD, en

basant la description du territoire et

la planification du développement

sur des outils cartographiques et d’a-

nalyse spatiale.

Pour réaliser le PCD, le Groupe

d’Action Francophone pour l’Envi-

ronnement (GAFE) a monté des

structures intégrant les représentants

du gouvernement central, des auto-

rités locales et de la société civile.

Ceci a permis d’organiser les proces-

sus de collectes d’informations et de

planifications par le Comité de Ges-

tion Communale (CGC) et les Comi-

tés Locaux de Coordination.

L’identification des problèmes et des

opportunités de développement ont

été réalisées par secteurs d’activité,

en intégrant les acteurs locaux les

plus pertinents dans des tables secto-

rielles et en suivant une méthodolo-

gie participative.

Deux années d’enquêtes, d’expressions et d’analyses

Plan Communal de Développement de Desdunes

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L’AFHAD,

cofinanceur avec

l’Union

Européenne, se

félicite d’avoir été

à l’initiative de ce

grand mouvement

de démocratie

participative

Election du Comité Locale de Concertation du village de La Hatte Desdunes

Concertation avec la population du village de Modèle

Crédit photos : GAFE

Formation des membres du Comité Communal de Gestion aux politiques publiques

Type de visuel illustrant le rapport du PCD de Desdunes

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La planification en elle-même, réalisée par les

acteurs locaux et basée sur les informations

produites dans le diagnostic, afin d’orienter

les actions de développement de la commu-

ne pour la prochaine décennie.

Le document du PCD de Desdunes comprend

trois parties :

Une présentation de la méthodologie mise

en place par le GAFE avec les acteurs locaux

afin d’obtenir les informations par secteurs et

de planifier les réponses aux problèmes iden-

tifiés.

Un diagnostic de la situation sociale, écono-

mique et environnementale de la commune

permettant d’identifier et de décrire les prin-

cipaux problèmes mais également les oppor-

tunités de la commune.

Un outil de travail et de référence pour 10 ans

Le PCD de Desdunes constitue un outil indispensable au développe-

ment de la commune et, de façon plus concrète, à l’amélioration des

conditions de vie de ses habitants.

Ainsi, la population de Desdunes demeure maîtresse de son dévelop-

pement et fait l’expérience d’une méthodologie de planification

qu’elle pourra appliquer de nouveau à plus long terme.

Un plan de planification pour la commune

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Réhabilitation de 800m d’irrigation pilotée par le Comité de Gestion Communal

C’est la 1ere fois que la diaspora est associée aux projets de développement de Desdunes

Election du Comité Locale de Concertation de La Hatte

Crédit photos : GAFE

Formation du CGC à l’aménagement du territoire

Implication et mobilisation des responsables locaux dans le PCD

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Les objectifs d’une Coopération Décentralisée (Coop Déc) entre deux

collectivités territoriales se résument par le partage d’expériences Nord/

Sud et Sud/Nord, la découverte, les échanges sur des valeurs commu-

nes : l’environnement, le vivre ensemble, la fraternité, les échanges

culturels, le jumelage d’associations, les animations sur le territoire, etc.

L’AFHAD a anticipé la réalisation du Plan Communal de Développe-

ment (PCD) de Desdunes, en recherchant une collectivité de l’agglomé-

ration nantaise susceptible d’engager une coopération décentralisée

avec la mairie de Desdunes. Nous en présentons ici l’historique, les ré-

sultats et les perspectives.

Il est apparu un décalage d’échelle

entre les dimensions deux villes et une

non-préparation de la municipalité de

Desdunes à rentrer et conduire une

Coop Déc.

La Ville de Nantes réfléchissait à

concrétiser une Coop Déc avec une

commune en Haïti.

L’AFHAD évaluait alors, avec le servi-

ce de coopération internationale de la

Ville de Nantes, le projet de rénova-

tion du réseau de distribution d’eau

potable de la ville de Desdunes. Une

coopération décentralisée rendait ac-

cessible un financement spécifique

pour l’eau potable et l’assainissement

dit : « loi Oudin ».

Dans cette optique, l’AFHAD a ac-

compagné à Desdunes une délégation

conduite par deux élus de la Ville de

Nantes.

2007 / 2009

Notre démarche pour une Coopération Décentralisée

avec Desdunes

La Ville de Nantes s’est finalement associée avec plusieurs villes de

l’ouest français pour engager une Coop Déc avec l’Association des

Maires du département de la Grande Anse en Haïti (AMAGA).

La Mairie de Desdunes, l’AFHAD et le GAFE ont entrepris l’élabo-

ration d’un projet de PCD.

Parallèlement, l’AFHAD engage des contacts et des actions de plai-

doyer auprès de municipalités de « Nantes Métropole ».

Des rencontres d’informations et de réflexions sont menées avec

les élus des Sorinières.

2010 / 2012

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Une COOP DEC

est un partage

d’expériences et

d’échanges sur

des valeurs

communes.

Réunion publique d’information aux Sorinières

Schéma du réseau d’eau potable commun aux deux communes : L’Estère et Desdunes

Echanges Nord / Sud à Nantes en 2008

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Le processus du PCD a débuté à Desdunes. L’AFHAD

et la Mairie des Sorinières ont poursuivi leur ré-

flexion commune. Au retour d’une mission de l’AF-

HAD en Haïti, une réunion publique est organisée

aux Sorinières en mars 2013.

La rencontre avec le service de Coopération Interna-

tionale de la Ville de Nantes a confirmé une vision

commune sur le développement et la gouvernance

locale. La coopération AFHAD / GAFE dans l’accom-

pagnement de la Mairie de Desdunes constitue un

exemple concret d’une action de partenariat Nord /

Sud. Les élus de Nantes Métropole sont sensibilisés à

la réflexion de l’AFHAD en vue d’une Coopération

Décentralisée entre Desdunes et une commune de

l’agglomération.

décision des élus français, pour qui

seuls des élus légitimes haïtiens peu-

vent être des interlocuteurs valables.

L’échéance des élections municipales

de mars 2014 en France a différé la

concrétisation d’un engagement, mê-

me de principe, vers une Coop Déc

ou un jumelage. Une telle décision

appartiendrait à la nouvelle équipe

municipale.

Par ailleurs, le retard apporté aux

élections municipales en Haïti a en-

traîné la nomination, par le prési-

dent Martelly, d’agents remplaçant

les maires élus. Ceci a eu comme

conséquence d’inhiber toute prise de

Report d’engagement :

Pour engager une Coop Déc, une collectivité locale française

attend de ses interlocuteurs haïtiens qu’ils soient aptes à for-

muler des demandes techniques précises. Ces demandes doi-

vent correspondre au « cœur du métier » d’une municipalité :

Etat civil, entretien de voiries, collecte des ordures, fiscalité,

etc.

Le document du PCD sera l’outil argumenté de ces deman-

des. Sa publication sera le moyen de relancer la recherche

d’une Coop Déc auprès d’une commune nantaise.

Perspectives :

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Seuls des élus

haïtiens légitimes

peuvent être des

interlocuteurs

valables d’une

COOP DEC.

Quelles installations sportifs et de loisirs ? Des équipements publiques définis au PCD et porter par la

mairie de Desdunes

Réunion de travail avec les responsables du service de la Coopération Internationale de la Ville de Nantes

2013 / 2015

L’aménagement de la place publique en février 2015 Le lieux des animations du centre ville de Desdunes

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L’AFHAD a participé aux Rencontres

Nantaises de la Coopération Internatio-

nale, depuis le 25 juin 2015, organisées

par la Ville de Nantes.

Son objectif est de renforcer la synergie

entre les acteurs : institutions, entreprises,

mouvements de jeunesse ou de diaspora,

associations de coopération internationa-

le ou de promotion des droits humains,

porteurs de projets culturels, écoles et

universités, centres de recherche.

Nous vous présentons la contribution de

l’AFHAD à cette réflexion collective sur

les thèmes retenus :

Tenir compte d’un contexte local.

Mener une coopération durable.

S’appuyer sur le retour d’expériences

d’actions analogues est indispensable.

D’où l’intérêt d’être en réseau thémati-

que, en France et en Haïti. L’expertise

française doit appuyer l’expertise locale

et la renforcer.

Les partenaires s’accordent sur le dossier

de projet et les procédures (dépenses,

calendrier, pilotage, suivi, conséquences

du non respect des engagements, etc) en

définissant les droits et les devoirs de cha-

cun. Ainsi leur coresponsabilité débute

dès le diagnostic initial et le montage de

projet.

(Suite page 9)

Etant donné les grandes différences

(environnements sociaux, culturels, éco-

nomiques et politiques) entre les partenai-

res, il y a risque de réaliser des actions

inopérantes, voire préjudiciables pour les

bénéficiaires.

Notre expérience de 20 ans en Haïti nous

a permis de valider quelques bonnes pra-

tiques de coopération :

Partir d’une demande exprimée des par-

tenaires, en vérifier la source (Groupe

d’intérêts ou implication de la commu-

nauté), l’intérêt et la faisabilité. Ce dia-

gnostic initial doit impliquer les deman-

deurs, les autres membres de la commu-

nauté, les notables et les autorités locales,

en fonction de leur crédibilité et leur re-

présentativité.

Rencontres Nantaises de la Coopération Internationale.

Tenir compte d’un contexte local.

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La finalité de nos

projets est de

renforcer les

compétences et

l’autonomie

d’acteurs locaux.

L’AFHAD n’a

aucune légitimité

à penser, décider

et agir à la place

des autorités

locales et des

partenaires

Haïtiens

Evaluation commune des besoins réels des bénéficiaires

Coresponsabilité par l’implication des bénéficiaires et des acteurs d’un projet

Travailler en partenariat avec les compétences locales

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Mener une coopération durable

Un développement

durable tient

compte des enjeux

économiques,

sociaux et

environnementaux.

« Durable » signifie

également que les

actions sont

pérennes.

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Trouver de réels besoins communs qui

permettent d’inscrire une interaction dans

la durée. Le partage d’une vision commu-

ne est un préalable à un partage des inté-

rêts.

Assurer la pérennité sociale en s’appuyant

sur la demande des bénéficiaires et la pri-

se en compte des exclus et opposants

éventuels au projet. Vérifier que les inté-

ressés sont « intéressés » et que les désé-

quilibres initiaux régresseront.

La finalité d’un projet est qu’il soit viable

économiquement, socialement et que les

bénéficiaires se l’approprient. Cela suppo-

se une 1ère

phase préalable de sensibilisa-

tion et de formation.

S’assurer que les techniques mises en œu-

vre correspondent aux capacités locales,

ainsi qu’au matériel disponible et utilisé

dans le pays.

Donner la priorité au transfert de compé-

tences (plutôt que de matériels) est essen-

tiel. Un projet doit renforcer l’économie

et les compétences locales, non pas les

concurrencer.

Elaborer un projet progressif : La 1ère

pha-

se « sociale » de sensibilisation, de mobili-

sation et de formation permet de définir

les critères qui feront l’objet d’une 2ème

,

voire d’une 3ème

phase plus « technique ».

Imaginer comment le projet peut être

reproductible et incitatif pour les

« exclus » afin d’initier une dynamique

locale autour de sa thématique.

En cours d’exécution du projet, toutes les

parties prenantes restent en relation étroi-

te par la mise en place d’un pilotage

conjoint et d’évaluations continues des

actions. Cette implication directe renforce

les capacités des acteurs locaux.

L’évaluation finale et sa capitalisation doi-

vent être conjoin-

tes et faire l’objet

d’une publication

en France et en

Haïti.

Les partenaires définissent et contractuali-

sent en commun les choix, priorités, mé-

thodes et rythme du projet. Un projet est

aussi un moyen d’évolution partagée des

pratiques et des mentalités. Des chargés

de projets locaux, ayant la double culture

Nord/Sud, favorisent ces échanges.

La pérennité d’un projet repose sur l’anti-

cipation de l’appropriation du projet par

les bénéficiaires (échéance, résultats atten-

dus, continuation après l’action en coopé-

ration).

(Suite de la page 8)

Une communication locale claire, compréhensible de toute la population.

Répondre à des besoins réels pour un fonctionnement pérenne.

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Officiellement plus de 50% des Haïtiens sont

catholiques et environ 25% sont protestants,

toutefois tous les Haïtiens sont imprégnés de la

culture et des traditions vaudou (y compris s’ils

se déclarent adeptes d’un rite chrétien). La pra-

tique de cette religion est cependant réservée

aux initiés.

Le vaudou haïtien est la synthèse entre des

croyances de divers peuples d’Afrique de

l’Ouest (majoritairement de la région du golfe

du Bénin) mis en esclavage en Haïti, de certai-

nes pratiques des premiers habitants de l’île et

du catholicisme.

Le mot vaudou vient de « vodu » qui, dans la

langue fon (parlée au Bénin), signifie « divinité »

au sens large, « ce qui est mystérieux pour

tous ».

LE VAUDOU

Nombreux en Haïti sont ceux qui croient que les

« Oungan » (prêtres vaudou) ont le pouvoir de res-

susciter les morts. Le « Oungan » dérobe l’âme du

cadavre qu’il réanime en un automate sans conscien-

ce ni volonté : le Zombi. Cette créature misérable

est sensée devenir l’esclave absolu de son maître. Les

prétendus Zombis sont de fait des gens drogués par

un sorcier, déclarés morts et maintenus sous l’empri-

se de la drogue pendant la durée de leur esclavage

sur une exploitation agricole.

A chaque saint catholique correspond un lwa (loa)

vaudou (Legba est le pendant de Saint Pierre).

Il n’existe qu’un Dieu mais il existe des milliers de

divinités vaudou : les « Lwa » (Loa : esprit, ange ou

« mystère ») dans la religion vaudou. Quelques

exemples : Legba (qui détient les clés de l’Enfer et

du Paradis), Ezili (Dieu de l’amour), Gu (Dieu de la

guerre), Sakpata (Dieu de la maladie), Hebieso

(Dieu de l’orage et de la foudre).

Le vaudou a également servi de

prétexte pour la scission du pays

en deux pôles : d’un côté, les

paysans « non civilisés » constitués

par les noirs qui pratiquent le vau-

dou et de l’autre, les mulâtres qui

composent la bourgeoisie des vil-

les. L’histoire politique d’Haïti est

marquée par cette pratique : Fran-

çois Duvalier a su utiliser tout l’i-

maginaire vaudou pour asseoir son

pouvoir, en se proclamant « Baron

Samedi », esprit de la mort.

Au début, le vaudou a été l’élé-

ment fédérateur des esclaves

contre leurs maîtres. Victime de

persécution de la part des esclava-

gistes, cette religion a longtemps

été réprimée et diabolisée, même

après l’indépendance. En 1826, le

code pénal haïtien prévoit amen-

des et emprisonnements pour les

pratiquants du vaudou. Il ne sera

dépénalisé qu’en 1987.

Le vaudou a eu une grande impor-

tance dans la révolte et l’émanci-

pation des esclaves avec la célèbre

cérémonie vaudou de Bois Caïman

qui amorça l’insurrection des escla-

ves, le 22 août 1791, menée par le

leader marron Boukman.

Surprenant

Un brin d’histoire

Temple Vaudou à la sortie de Desdunes

Cérémonie Vaudou sur l’estran au village de Hatte Desdunes

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Même si l’image du vaudou colle fortement à

Haïti, sa présence n’est pas forcément très faci-

le à percevoir. Il est également difficile d’accé-

der aux cérémonies. On peut éventuellement

assister à des cérémonies pour non initiés. Il

s’agit alors d’une manifestation de type folklo-

rique.

Les cérémonies ont lieu la nuit, en grand secret,

dans les temples vaudou « Ounfò », où les

« Lwa » disposent de leurs cases propres « kay

mistè » et reçoivent les hommes, leurs servi-

teurs.

Sous la direction d’un « Oungan » ou d’une

« Mambo », les fidèles y viennent pour entrer

en relation avec les « Lwa ». Au centre du péris-

tyle, véritable salle de danse où les « Lwa » se

manifestent, de nombreuses danses circulaires

sont effectuées autour d’un serpent réputé

connaître le passé et l’avenir.

Diverses offrandes ou nourritures sont dispo-

sées autour du socle de « poto mitan » (un trait

d’union emblématique entre l’homme et l’invi-

sible). Sur l’autel sont disposés les objets rituels

des « lwa » : des cruches habillées à leurs cou-

leurs, des bouteilles ou des « potè » (pots de

terre) dans lesquelles sont enfermées des âmes

maintenues proches des « Lwa » afin d’obtenir

leur protection.

Les figures symboliques tracées sur le sol, les

« Veve », attirent les « Lwa » qui prennent alors

possession des fidèles. On dit qu’ils les

« chevauchent ». Durant la transe, le fidèle se

conforme au comportement attribué au

« Lwa » : s’il est chevauché par Gu, il se mon-

trera menaçant.

La ville de Saut d’eau (département du Plateau

Central) est communément appelée Ville Bon-

heur. En juillet, se déroule aux pieds des chutes

d’eau un grand pèlerinage vaudou.

L’excitation, l’agitation

se mêlent à l’inquiétude

liée à la présence des

esprits. Dans les eaux

écumantes au pied de la

cascade, dans les rires,

les cris et les invocations,

on se baigne à demi-nu.

On se croise, on s’entrai-

de sur les rochers glis-

sants, on s’enivre de la

violence des chutes. On

se baigne aussi dans la boue, limon originel et

fécond d’où est sortie la vie. Les corps s’y plon-

gent, pris d’étranges convulsions.

L’eau permet de se fondre, de s’oublier, de

tuer symboliquement les maux du quotidien et

de « laver sa déveine ».

Si vous allez en Haïti

A chaque saint

catholique

correspond une

divinité vaudou

Temple Vaudou entre l’Estère et Aux Sources

A Desdunes, les combats de coqs se déroulent dans l’arène

« gagè » du temple vaudou

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Prochains évènements à Nantes

La Compagnie NELLY DAVIAUD est heureuse

de vous présenter pour sa 56ème saison la

comédie de Daniel Wilder, adaptation de

Maurice Risch :

DRÔLES DE PARENTS !

La Compagnie joue au profit de l’AFHAD :

Salle Vasse, 18 rue Colbert, NANTES

- Samedi 23 janvier à 20h30

- Dimanche 28 février à 15h00

Pensez à réserver auprès de Gérard Fribault,

le trésorier de l’AFHAD

Théâtre

Concert de chant choral

Gens qui chantent - Gens qui rient

C’est une chorale nantaise pétillante. Son répertoire est coloré, de Mozart

à Gainsbourg, d’Haendel à Bécaud ou Anne Vanderlove.

« Notre plaisir est de découvrir des styles variés à travers des époques diffé-

rentes, classiques ou modernes, en français ou en langues étrangères. Nous

nous attardons un peu plus dans la variété de la chanson contemporaine. »

Dimanche 20 mars 2016

16h00 - Salle Bretagne

23 rue Villebois Mareuil

Nantes

Kanp

é

N°54 D

écem

bre 20

15

AFHAD

6 place de la Manu

44000 - NANTES

02.40.29.06.13

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Directeur de publication: Alain GARAUD - CPPAP 77009AS - Publication gratuite - Crédit photos AFHAD

Rédaction: P. LAILLE, G. GUILLET, Thérèse NOMBRET, P. DUPENOR, Lude DAVOUST, JF. TOURNADE