De l anthropologie du corps à l anthropologie du malheur ...
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De l’anthropologie du corps à l’anthropologie du malheur : du déchet aux virus émergents
Alain Epelboin
CNRS-MNHN Paris médecin anthropologue [email protected]
EDTS M1 CSMG
Février 2013
Corps - santé - mal - maladie - malheur -remèdes – guérissage
u Fluides corporels, déchets, ordures u Anthropo épidémiologie des maladies transmissibles u Construc8on de la personne et du genre : les âges de la
vie, de la concep8on à l'après mort u Pygmées et peuples fores8ers u Anthropologie du malheur et du guérissage u Anthropologie et aporie des soignant
u saturnisme et pollu.ons u clinique : pédiatrie, PMI, maladies infec.euses, maladies
chroniques, soins pallia.fs, psychopathologies réac.onnelles u FHV
L’éthique : une norme humaniste à dimension variable selon les temps, les lieux, les sociétés et les personnes ?
Un lieu de projec.ons idéologiques et culturelles, conscientes et/ou inconscientes ? Le difficile dépassement de l’ethnocentrisme et/ou de la distance sociale et/ou religieuse ? Confusion avec les bonnes pra.ques locales, na.onales, religieuses… « SOS ethnomédecine » et éthique : à propos de quelques situa8ons cliniques parisiennes
Culturalisme, ethnocentrisme, discrimina8ons et racisme Le renvoi à la culture, notamment celle du migrant ou du descendant de
migrant africain (ou autre) : - sert trop souvent d’alibi, politique, économique et social (logement, statut administratif, chômage, discriminations, racisme,…) ;
- masque souvent des manques de moyens et de personnels (parfois des défauts), voire les dysfonctionnements des institutions médicosociales.
La distance culturelle est souvent un écran de fumée qui empêche de penser une action médico-sociale humaniste ordinaire, sachant s’adapter à la personnalité de son interlocuteur et de sa famille.
L’invocation de la distance culturelle révèle souvent des déficits d’attention et de communication, liés à l’ethnocentrisme et à la distance sociale, que viennent renforcer une apparence et un mode d’expression différents
Inversement, le culturalisme, même « pavé de bonnes intentions », peut être discriminant, humiliant, voire franchement raciste. Souvent, il produit des clichés exotiques dépassés, notamment quant à la soumission de l’individu à l’ordre social et familial.
Méthodologie • évènements ordinaires, évènements extraordinaires : vie quotidienne,
alimentation, hygiène, petite enfance, âges de la vie, • histoires de maladies et de malheurs : reconstitution et
accompagnement des itinéraires diagnostiques et thérapeutiques, des consultations des médecins et devins-guérisseurs,…
• histoires de personnes et histoire de sociétés, • allers et retours des marges aux centres : entretiens en situation, avec
des informateurs privilégiés des 2 sexes, adultes et enfants : malades, familles de malades, individus «contacts», survivants, autorités, marginaux, …) ;
• à domicile, dans la rue, dans les lieux publiques et dans les lieux institutionnels (hôpitaux, administrations, OMS, ONG, …)
• in situ et à partir des notes, photos, vidéos
Le regard anthropologique • La pluridisciplinarité (ethnographie, écoanthropologie, ethnolinguistique, histoire, histoire
des sciences, ethnosciences, psy, médecine, épidémiologie,…) • L’attention à la langue : langue(s) du pays, français dialectal et discours corporel • L’accompagnement, l’observation participante, les entretiens en situation, … • Le pas de côté /le décentrement : la « schizophrénie professionnelle » • Le point de vue de l’autre : réduction de la distance sociale et/ou culturelle • Un éclairage différent • Un changement de regard • Les interactions des « cultures » des soignés et des soignants • Une déconstruction de quiproquos • Une déconstruction du racisme et de la distance sociale
Dieudonné Ekoukou, pra.cien hospitalier, St Denis : « Les sta.s.ques, c’est comme le « strip tease », ça montre quelque chose d’intéressant, mais ça cache toujours quelque chose d’essen.el.» Le 16/11/06 Colloque périnatalité à la Bourse du travail St Denis
Ethnographie d’un domicile 1
- Les "codes d'entrée" (de l'espace publique à la chambre) - Le domicile et ses objets : un langage de la personne et du corps social, conscient et non-conscient du dit et du non-dit -> cf. Georges Pérec - Organisation de l'espace et orientation spatiale : sale, propre, impur, devant, derrière, droite, gauche, masculin, féminin, sec, humide, haut, bas … - Les lieux de la vie quotidienne : endormissement, sommeil, toilette, alimentation, soins du corps, puériculture, ménage, gestion des déchets et ordures, loisirs...
Ethnographie d’un domicile 2
• Les odeurs • Les traces et les déchets • L’orientation de l’espace (TV, Mecque, soleil, vent,…) • les parois : du grattage aux graffitis • Du sol lavable aux moquettes • L’organisation des toilettes • Les meubles, objets, photos, … (mémoire de lieux de
personnes, d’émotions) • Les lieux et objets consacrés
Ethnographie d’un domicile 3
• Usages des langues autochtones et des variantes du français de la francophonie
• Frappe à la porte • Essuyage des pieds et/ou déchaussage • Proxémie et salutation : du salut verbal au baiser • S’asseoir et où ? • La gestion du regard • Le partage de nourriture • Les dons et contre dons • Jeux de rôles au sein d’une équipe
La construction de la personne : de la petite enfance à la mort
– Façonnage du corps et polydyades fondatrices : propreté, pureté, saleté, souillure haut, masculin, bas, droite, gauche, féminin, amont
– Ethnographie des fluides et déchets corporels aux différents âges de la vie (phanères, salive, urine, fèces, sang, sang menstruel, dent de lait, cadavre, souillure mortifère, linges corporels)
– Techniques du corps : hygiènes, bercements, alimentation et soins de la petite enfance, toilettes et massages des corps, apprentissages passifs et actifs
– Ages de la vie, genre, corps individuel, corps social et environnement : grossesse, naissance, dation de nom, objets, parures, bijoux, amulettes, objets transitionnels., cicatrices/“mutilations” corporelles (perçages d’oreilles, scarifications, circoncision, excision, cicatrices), rites funéraires, …
Représentation des fluides corporels et souillure: gauche, droite, haut, bas, devant, derrière, masculin, féminin…
Représentations des fluides féminins - l’urine : essuyage ou toilette - Le sang de l’hymen - Le sang menstruel - Les métrorragies - Les fluides de l’accouchée - Les fluides sexuels féminins et le sperme - Les représentations de la fécondation et de la vie in utero : principes
masculins et féminin - L’annonce de la grossesse - Durée de la grossesse
• Ethnologue et sociologue française, Yvonne Verdier publie en 1979 Façons de dire, façons de faire ...
Théories de la souillure et exemple de la circoncision : enjeux idéologiques
Docteur Mouhamadou Bamba Ndiaye, ancien interne des hôpitaux de Dakar, pédiatre à Thiès, recteur de l'Université virtuelle "La Sagesse" de la Fondation Serigne Babacar Sy Ihsaan-Bienfaisance RFI : "En réalité, tout ce que Dieu recommande est bénéfique pour l’homme, même si on en ignore le fondement. … L’exemple de la circoncision est là et plus qu’évocateur. Pour ce qui est du vin, du tabac et des autres drogues, la cause est entendue depuis très longtemps. Pour ce qui est de la bête trouvée morte, l’infection au virus Ebola confirme. Et à l’évidence, le porc qui est interdit explicitement ou implicitement par toutes les religions monothéistes (Judaïsme, Christianisme, Islam) ne devrait pas échapper à la règle.
-> contraception -> avortement -> AMP
Sexualité et contrôle social • Les jeux de rôle des genres • Dissociation sexualité/fécondité , • L’éducation sexuelle : formelle et informelle • Les règles du mariage
– Virginité ou fécondité d’épreuve – La prohibition de l’inceste et les mariages préférentiels – La dot – Polygamie et polyandrie diachronique et synchronique – Le lévirat – Alliance paramatrimoniale : amants/conjoints esprits (mamiwata, djinns, …) – La jalousie et la sorcellerie
• Les alliances para matrimoniales
• La construction de la libido (esthétique du corps, embonpoint, pilosité, ceintures, encens et parfums érotiques, scarifications, tatouages, chéloïdes, circoncision, excision, labret, plateaux de bouche, alimentation,…)
• selon le genre : • Les pratiques sexuelles
– sexualités formelle, informelle, illicite, délinquante – l’amidon de Vénus – La fleur, l’argent et le téléphone: le « commerce social » – dry sex – La circoncision/l’excision : propreté, saleté, pureté, odeur,
masculin, féminin, sec, humide…
Coexistence de sociétés à régulation des naissances différents
Diversité des Afriques, centrales et de l’Ouest : nations, ethnies et religions : Sénégal, Mali, Guinée, Mauritanie, Côte d’Ivoire, Bénin, Togo, Cameroun, Congo, RDC, diasporas
-‐> Exemple du Sénégal oriental : les Peuls bandé, les Malinké et la gourde de
miel, les Tenda et la sexualité d’épreuve -‐> excision, castes, mariage préférentiel, dot, polygamie, divorce, -> sexualité hors mariage, après ménopause, IST, stérilité… -> les représentations de l’inféconditér
Les Pygmées Aka de RCA Sexualité d’épreuve contrôlée : la chambre de la jeune fille
Sexualité dans la même classe d’âge Vie génésique et alimenta.on : les kila
-‐> ToileWe masculine après l’acte sexuel ? Mombaka 2002 Epelboin A. Projet d’enfant et interdits kìlà chez les Pygmées aka ; l’avortement provoqué de Mambi “Reproduc.on, fécondité, projet d'enfant : réflexion interdisciplinaire et transculturelle ». L’autre, cliniques, cultures et sociétés, 2002, vol 3 , n°2, pp227-‐246
Sexualités des adolescentes et adolescents
• Selon la personnalité • Abs.nence sexuelle • Fécondité d’épreuve • Mariage • Sexualité avec les égaux/ des adultes • Violences sexuelles • Avortements et suicides
Revue rapide des méthodes de régulation de la fécondité des origines à nos jours
• Contrôle social formel et informel de l’exercice de la sexualité, y compris durant le sommeil
• Sacralisation de la virginité • Abstinence sexuelle hors « mariage » (mono et/ou poly) • Contraceptifs locaux traditionnels, retrait • Charmes et amulettes contraceptives et/ou protectrices des IST • Interdits régulants la sexualité durant l’allaitement : contrôle de l’intervalle
intergénésique et abstinence • La mortalité maternelle et infantile périnatale • La mortalité infantile • Les stérilités (IST, bilharziose, séquelles d’accouchements, avortements,
virus, médicaments iatrogènes, iatrogènes, pollutions)
Perceptions des méthodes « scientifiques » de régulation des naissances /fécondité
• Méthode Ogino et thermomètre • L’auto-examen de la glaire cervicale • Les dispositifs intra utérins • Les contraceptifs oraux • Les contraceptifs injectables • Les préservatifs masculins • Les préservatifs féminins • Ligature des trompes, des déférents
Perceptions des méthodes de régulation de la fécondité par avortement
• Les fausses couches/avortements par agression maléfique – d’autrui – de soi même
• Les avortements provoqués par des remèdes « traditionnels » • Les avortements provoqués par incantations et amulettes • Les avortements provoqués par absorption de substance industrielle
(nivaquine, pétrole, misoprostol, …) • Les avortements médicaux licites et illicites • Les diagnostics anténataux et les interruptions provoquées de grossesse :
handicaps et genre -‐
Les chocs diachroniques et synchroniques des cultures sexualité, fécondité, contraception, avortement, AMP…
• Idéologies hypernatalistes/ « néomalthusiennes » • Anthropologie de soi, anthropologie de l’autre
• Construction sociale de « l’amour conjugal» • Le commerce social de la sexualité • Les normes de la circulation des enfants • Sociétés à sexualité/fécondité d’épreuve et sociétés à mariage précoce • Polyandrie et polygamie diachronique et synchronique • Homosexualités et troisièmes genres
-> sexualité et fécondité : dissociation ou non ? -> le contournement des interdits -> les constructions du genre ->les systèmes de représentation
de la fécondité
Ethnographie des mondes non visibles
• Les rabs du Cap vert, l’univers de Yango Diallo : les esprits des pierres, de l’eau, des termitières, des arbres
• Les esprits de la forêt centrafricaine : cf. les ruptures d’interdits alimentaires • Les esprits de l’eau et les mamiwata en Afrique et à Paris • Les esprits djerma songhay, vaudous, bwiti, … en Europe • Les voyages dans l’au delà induits par des substances psychotropes et/ou par des
techniques du corps (prière, jeune, danse, transe, alcool, tabac, chanvre, iboga, ayahuasca, …)
• Ethnographie du rêve
• Anthropoépidémiologie du non visible scientifique : particules, virus, bactéries, parasites, chamignons, toxiques, métaux lourds….
Anthropologie du malheur (anthropologie médicale, anthropologie religieuse, ethnomédecine,
anthropologie de la maladie…)
• Ethnolinguistique verbale et non verbale • Ethnographie du corps et de ses techniques, de la vie quotidienne, des
âges de la vie, de la conception à l’après mort • Ethnographie des déchets humains, de la souillure, de la
contamination, des formes élémentaires de l'événement • Ethnographie des univers non-visibles, du rêve, des états modifiés de
conscience • Histoires de vie : organisation sociale, religions et cultures du “ pays ”
natal à l’instant présent: récits d’évènements relatifs à la : santé, mal, maladie, malheur, infortune, mort
• Reconstitution et accompagnement des itinéraires diagnostiques et thérapeutiques : disease, illness, sickness : Sémiologie et nosologies autochtones, populaires et savantes, des maux, maladies et malheurs : symptôme, maladie, syndrome autochtone, épidémie
• le sens du mal et les usages de la causalité du malheur et de la mort : diagnostic, prédiction, voyance
• Anthropologie des remèdes
Anthropologie du malheur (anthropologie médicale, anthropologie religieuse, ethnomédecine,
anthropologie de la maladie…)
Sémiologies et nosologies des maux, des maladies et des malheurs
• Modèles biomédicaux – virus, bactéries,
molécules… – génétique – statistique – prise de risque – les maladies
annoncées au stade asymptomatique par la biomédecine
• Modèles « culturels » – « Dieu » – jaloux, ennemis,
malfaisants, sorciers dévoreurs
– esprits non humains, djinns, mamiwata « diables », ancêtres
– ruptures d’interdits – …/…
Sens du mal et modèles explica8fs de la causalité de la maladie et du malheur
• Les explications biomédicales (écoépidémiologiques, statistiques et génétiques), surtout lorsqu’il n’y a pas d’effets ressentis dans le corps, ne répondent pas de façon satisfaisante aux questions que se posent l’individu et la société confrontés à la maladie et au malheur :
– Pourquoi le passage de la séropositivité à la maladie ? – Pourquoi des affections opportunistes diversifiées ? – Pourquoi à cette heure ? Pourquoi moi et pas l’autre ? Pourquoi une sérodiscordance dans un
couple ? – Quel est le sens du mal ? Quelles causalités du malheur sont en jeu ?
• Les « médecines » (familiales, populaires, savantes, homéopathiques, alternatives, religieuses, mystiques, autochtones, exotiques,… ) proposent des sémiologies et nosologies « médicales » spécifiques. Elles offrent non seulement des remèdes, mais aussi des modèles explicatifs intelligibles aux accidents, aux maladies et plus généralement à l’infortune. Même avec traitement et vaccin, le modèle biomédical n’est qu’un modèle explicatif parmi d’autres.
• Le choix d’un modèle explicatif, le sens qui est donné au mal, sert toujours des usages sociaux du malheur, conscients et inconscients, dits et non dits, licites et illicites, individuels et collectifs, honnêtes et malhonnêtes.
• La gestion du malheur, biologique ou non, est un enjeu de savoir et de pouvoir, souvent une confrontation idéologique et religieuse, de sciences et de « parasciences », du Nord et du sud ».
Le nganga aka, un devin-‐guérisseur de minorité culturelle entre culte et discrimina8on
Interna.onal Conference on Congo Basin Hunter-‐Gatherers 22-‐24 September 2010, Montpellier (France)
Alain Epelboin médecin anthropologue CNRS UMR 7206 - MNHN USM 104) Paris et
Chroniques vidéo aka 1987-‐2008 In Online Video Library « SMM » "Health, sickness, misfortune"
Encyclopédie des Pygmées Aka 1981-‐2010, Edit
Peeters-‐SELAF. Techniques, langage et société
des chasseurs-‐cueilleurs de la forêt centrafricaine (Sud-‐Centrafrique et Nord-‐Congo).
Jacqueline M.C. THOMAS, Serge BAHUCHET, Alain EPELBOIN et Susanne Fürniss, éditeurs
de S. Arom, S. Bahuchet, F. Cloarec-‐Heiss, A. Epelboin, , H. Guillaume, É. MoWe-‐Florac, C. Sénéchal et J.M.C. Thomas,
avec des documents de L. Demesse
Les plantes chez les Pygmées Aka et les Monzombo de la Lobaye. 1982
Edit Peeters-‐SELAF, Élisabeth MOTTE-‐FLORAC
Des personnes et des peuples discriminés • Des Quart Mondes au milieu de Tiers-mondes, dans des écosystèmes
menacés par la déforestation et la chasse intensive • Des victimes en bout de chaîne des crises économiques mondiales (café,
cacao, …) • Le regard des autres :
– un chaînon manquant de l’humanité, entre homme moderne et préhistorique ; des humains entre animaux et esprits ; des simplets incapables de sortir de leur univers, de parler le français et d’utiliser des technologies modernes
– le phénotype, les mode de vie et d’habillement, les « mutilations corporelles », des traits comportementaux (la timidité, tabagisme, alcoolisme), les résistances à la sédentarisation,
• Des victimes de discriminations et d’atteinte aux droits de l’homme multiformes (cf rapports COOPI, Italie) :
– paternalisme, injures racistes relatives aux odeurs corporelles animales, travail forcé, chasseurs non propriétaires de fusils ; accusations de « charlatanisme » souvent pas d’état civil,.
– boucs émissaires, justice expéditive, maltraitances, parfois viols (féminin et masculin) et meurtres
• « Pygmée » : un terme discriminant, détesté ou revendiqué, mêlant fierté et humiliation (cf. « pygmitude » (Odambo/Césaire/Senghor),
Des bénéficiaires de discrimina8on posi8ve
Les privilèges : -‐> dons d’objets, d’argent, salaires, indemnités, voyages -‐> protec8on en cas de besoin (faim, maladie, mort) et d’injus8ce -‐> accès privilégié à certaines structures de santé et écoles -‐> pouvoir économique et pres8ge social intra et extra communautaires -‐> En tant que sociétés, de leur « découverte » à nos jours, un patrimoine
immatériel de l’humanité reconnu, privilégié récemment par les organisa8ons interna8onales et na8onales
• Les musiciens-‐chanteurs-‐danseurs (Égypte -‐ cérémonies na.onales – tournées interna.onales)
• Les clients de patrons : chasseurs valeureux (sans fusils personnels), les escaladeurs d’arbres (miel, noix de palmes), les forts travailleurs de planta.ons
• Les informateurs des autorités coutumières et na.onales, • Les favoris des Européens et des chercheurs • Les rares salariés des entreprises fores.ères • Les auxiliaires des ONG de développement et de préserva.on de l’ environnement • Les conver.s à une église • Les thérapeutes et les devins-‐guérisseurs, tantôt réprimés, tantôt valorisés
ngàngà, une personne et un système de décryptage et de
traitement des maladies et du malheur • (N : 1/2 = mò / bà) devin-‐guérisseur (personne individualisée) • (N : 1/2 = Ø / bà) devin-‐guérisseur (individu dans sa fonc.on) (n. gén.) • (N : 5B/8 = Ø / mà) thérapeu8que, médecine (ensemble indissociable) • (N : 9/8 = bò. / mà) soin, traitement, thérapeu8que (générique)
• (N : 1/2 = Ø / bà) reine de Trigone {Ka} • Mouche (sp.) ( non id.), “sen8nelle de l’entrée de la ruche d’une Trigone sp
• -‐> terme commun bantou, langues à classes nominales
Caractères spécifiques du ngàngà aka – .boi, soigneurs ; ngàngà, devin-guérisseur ; tuma, maître de chasse ; .mbàì, aîné ; .Eto,
femme ; kulu, pouvoir projectif ; .lèmbà, sorcier ; Tonzanga, guérisseur mythique ; – Rituels de chasse et de prospérité : .zÒbÒkÒ, .nzòlè, .ndàmbò, .sà, .kondi – Sémiologie et nosologie sp : cf pìàmO, kOnO , souffrance, maladie ; pòsà, kòse,
accident, malchance – Une vaste phyto et zoopharmacopée, commune et savante, féminine et
masculine : .àngà, .OlO, .kOdi, .mbùtù, .mbili, .kìninì – Des rituels divinatoires et thérapeutiques privés et publics : toko, instillation,
pàkà, .ndàngì, objet et technique divinatoire, pàkà-.a-dì.kOngO, divination par la sagaie, .kete, .bondo, foyer divinatoire, mbòndo, rituel divinatoire avec iboga, sEmo sEmo, réparation par la salive
– Un répertoire de modèles de causalité du malheur où les ruptures d’interdits kila jouent un rôle prépondérant, mais aussi, les esprits .dio, .zio, mamiwata, les mauvaises paroles, les sorciers, .lepì, .lèmbà, les esprits des morts insatisfaits.
– Le diagnostic et l’extraction d’objets maléfiques : .mbùmà, mauvais sang ; pàsì, animalcules ; .ndòngà, ndOki, objets maléfiques ; .mbòngà, germe de sorcellerie
– De longs apprentissages marqués par l’observation du maître et de ses clients, mais un style et un répertoire propre à chaque guérisseur.
– des temps « initiatiques », lors de cérémonies intimes et publiques, induits par le recours à des états modifiés de conscience (musique, danse, instillations oculaires, alcool, tabac, chanvre, iboga).
– La maîtrise de techniques d’illusionisme attestant leurs pouvoirs mystiques (extraction d’objets maléfiques, manipulation de feu sans brulure, animation d’objets,,…
Caractères communs aux guérisseurs issus de minorités culturelles discriminées
-> des savoirs et des pouvoirs différents selon le sexe -> liés à des écosystèmes originauxs et à une alliance avec leur habitants « surnaturels » -> hérités de traditions familiales et ethniques, -> apprentissages auprès de divers « maîtres », humains et non-humains -> souvent initiés par une « différence », parfois un handicap, une maladie, un malheur de soi-même ou de proches
-> un répertoire de techniques diagnostiques et thérapeutiques, exécuté selon les cas en privé ou en publique, original et en même temps commun à différentes cultures
-> Une connaissance approfondie des états du corps et de l’esprit, des sémiologies et des nosologies autochtones, ainsi que des ethnopharmacopées locales, populaires et savantes
-> Une fonction d’annonciateur de la causalité du malheur des individus et des sociétés, par l’identification de leurs propres agissements, mais aussi de ceux d’esprits de terroirs, d’ ancêtres, de sorciers, d’ennemis, de jaloux…,
-> Un rôle actif, discret ou affiché, dans le maintien de l’ordre social : allié aux pouvoirs en place ou constituant des contre-pouvoirs ; des auxiliaires de justice dénonçant les sorciers meurtriers, mais susceptibles d’être à leur tour accusés de sorcellerie par les parties adverses
-> Une fonction valorisée ou réprimée, voire diabolisée, selon les temps et les points de vue idéologiques, (associations nationales de tradipraticiens, IST, sida, Ebola,..)
-> Des guérisseurs des fins fonds, de fortes personnalité, souvent originales, pratiquant l’hébergement de leurs patients
-> La constitution d’une clientèle satisfaite cosmopolite : voisins et notables de la capitale
Conclusion • Un archétype de guérisseur des confins, réputé en contact direct avec un
environnement menacé, héri.er de savoirs et de pouvoirs antéchré.ens ou musulmans
• Des personnages sacralisés de façon paradoxale au regard des discrimina.ons dont leur société est l’objet et de la dégrada.on leur environnement : nganga et chasse
• le Pygmée en voyage, un guérisseur malgré lui • Des héritages pygmées, mais aussi des emprunts à des guérisseurs étrangers, à
d’autres popula.ons : comme la langue, la musique : – Représenta.ons de la sorcellerie – divina.on par scruta.on d’objets brillants : du copal à l’ampoule – Divina.ons par ques.on et réponses binaires: fer de hache, iboga – extrac.ons matérielles et symboliques d’objets maléfiques sous forme de
produits de la forêt – des spécialistes de la réussite à la chasse – l’usage des carbo ossium et des scarifica.ons
• Valorisa.ons mys.ques, parascien.fiques et afrocentristes, corrélées aux incer.tudes et échecs de la biomédecine et du développement
• Les impostures au nom des Pygmées • Les dangers de la discrimina.on posi.ve et de la sacralisa.on
Anthropologie des remèdes ou penser l’efficacité, indépendamment du contenu
pharmacologique • Ethnopharmacologies : de la pierre noire à l’amulette-écorce • aliments, alicaments : les plats de régime de la petite enfance • médicaments, drogues • poisons et objets maléfiques • talismans, rituels thérapeutiques et guérissage • Emprise, illusionnisme et extraction matérielle et symbolique • du mal • états modifiés de conscience
Entre an8rétroviraux et autres remèdes
• Représentations des traitements biomédicaux et des effets secondaires : - > ex douleurs localisées, enflures, constipation, diarrhée
• Les recours aux médecines, populaires, savantes et alternatives européennes (homéopathie, phytothérapie, …), autochtones, religieuses, mystiques, ….
• Les fonctions du devin guérisseur : entre cure symptomatique et cure étiologique : -> typologie
• Remèdes et rituels préventifs et/ou curatifs, sans principe pharmacologique actif : de l’écorce de saule à l’amulette
– analogiques, – « extractifs » : purgatifs, émétiques, » illusionismes » – Objets religieux, amulettes et liquides « bénis » – Produits et techniques inducteurs d’états modifiés de conscience, – L’adhésion à une église ou à un culte
Bijoux, jouets, amulettes, objets transitionnels