David LYNCH - Programme de seconde

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Pistes pédagogiques David Lynch Man Waking from Dream FRAC Auvergne, du 27 janvier au 20 mai Programme de seconde: Le dessin, la matérialité Œuvres Prolongements Le dessin : La forme et l'idée : - esquisse, croquis, ébauche... - processus de l'idée à la réalisations L'observation et la ressemblance : - l'imitation, la représentation produisent des écarts, Le dessin de l'espace, l'espace du dessin : - Le dessin génère son propre espace et révèle son support ou s'en dégage The Paris Suite, VII - 2007 - lithographie, 54 x 54 cm, 30 ex./BFK Rives Cette première suite de 12 estampes tirées sur zinc en 2007 est intitulée : Suite de Paris. C'est l'interprétation agrandie de 12 dessins non datés sélectionnés parmi d'autres, réalisés par Lynch au fil des années sur des pense bêtes (post-it), et dont le lecteur n'a pas les clés de lecture. Imprimée en couleurs (rouge et noir), on peut y voir comme des esquisses, des sensations notées sur le vif, ou encore des micro organismes, vues au microscope de chromosomes, noyaux et autres bactéries (bâtonnets) dont il garde secrètement l'origine. Cet ensemble permet de mettre en évidence le processus créatif en place dans l'œuvre de David Lynch. Cette série est le fruit d'un paradoxe : le Post-it, par définition, est un lieu de mémoire appelé à disparaître dès qu'il s'est révélé inutile. On ne garde pas le nœud d'un mouchoir. L'idée d'éterniser un post-it sous la forme d'une gravure est un bel exemple de contraste esthétique révélateur du travail de David Lynch. On pourra le mettre en regard des photographies de Wim Delvoye de la série Post-it (2000), sur les quelles on peut voir l'un de ces messages personnels, tout à fait anodin, transposé dans une police xxl sur la paroi d'une falaise.

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Pistes pédagogiques David LynchMan Waking from Dream

FRAC Auvergne, du 27 janvier au 20 mai

Programme de seconde: Le dessin, la matérialité

Œuvres Prolongements

Le dessin :La forme et l'idée :- esquisse, croquis, ébauche...- processus de l'idée à la réalisationsL'observation et la ressemblance :- l'imitation, la représentation produisent des écarts,Le dessin de l'espace, l'espace du dessin :- Le dessin génère son propre espace et révèle son support ou s'en dégage

The Paris Suite, VII - 2007 - lithographie, 54 x 54 cm, 30 ex./BFK Rives

Cette première suite de 12 estampes tirées sur zinc en 2007 est intitulée : Suite de Paris. C'est l'interprétation agrandie de 12 dessins non datés sélectionnés parmi d'autres, réalisés par Lynch au fil des années sur des pense bêtes (post-it), et dont le lecteur n'a pas les clés de lecture. Imprimée en couleurs (rouge et noir), on peut y voir comme des esquisses, des sensations notées sur le vif, ou encore des micro organismes, vues au microscope de chromosomes, noyaux et autres bactéries (bâtonnets) dont il garde secrètement l'origine. Cet ensemble permet de mettre en évidence le processus créatif en place dans l'œuvre de David Lynch. Cette série est le fruit d'un paradoxe : le Post-it, par définition, est un lieu de mémoire appelé à disparaître dès qu'il s'est révélé inutile. On ne garde pas le nœud d'un mouchoir. L'idée d'éterniser un post-it sous la forme d'une gravure est un bel exemple de contraste esthétique révélateur du travail de David Lynch. On pourra le mettre en regard des photographies de Wim Delvoye de la série Post-it (2000), sur les quelles on peut voir l'un de ces messages personnels, tout à fait anodin, transposé dans une police xxl sur la paroi d'une falaise.

La matérialité Les propriétés physiques de la matière et de la technique :- tirer parti des qualités physiques des matériaux, supports, médiums,- la technique révèle ces qualités : transparence, opacité...

David Lynch travaillant sur une pierre dans l'atelier Idem

Pour David Lynch, la découverte en 2007 de cet atelier de gravure Idem, et du procédé de la lithographie, ont été des éléments déclencheurs, « ce vaste champ de la lithographie s'est ouvert. Et plein d'idées en sont sorties » déclare t-il. « je dirais que l’atelier Idem a une atmosphère très spéciale, unique, qui encourage vraiment la création. Je pense que le lieu est très important, autrement dit, la même pierre pourrait être déplacée et je pense que le travail qui en sortirait serait différent. Les idées viennent de la combinaison de la pierre, du lieu, des gens et de cette atmosphère »(site: http://idemparis.com)

Connu pour son travail cinématographique, il n'a jamais cessé de s'intéresser aux arts plastiques en réalisant notamment : dessins, aquarelles, mobiliers, photographies, tableaux avec ou sans ajouts de matières organiques. " Avant que je fasse des films, vous savez, je voulais être peintre. J'étais obsédé par la peinture, et l'image fixe. Ensuite, sont venus le cinéma et l'image en mouvement ». (cité dans www.cineclubdecaen.com/peinture/expositions/davidlynchagravelines.htm)

Les pierres sur lesquelles travaille David Lynch ont une histoire comme cet atelier. Elles ont vu les mains des plus grands artistes du XXème siècle, de Matisse à Picasso en passant par Miro. Cette mémoire, que porte en elle la pierre, importe beaucoup pour David Lynch. Elles sont donc réemployées, après effacement par sablage, et certains défauts se retrouvent d'une litho à l'autre. C'est le cas notamment pour Spider Bites Man with Resulting Image / Examination / I See Myself / Smoking. Elles ont ainsi été réalisées sur le même support, comme en attestent les irrégularités visibles aux mêmes emplacements sur les quatre lithographies. Laughing Woman / Dreams / House of Electricity / I Fix my Head sont également exécutées sur une même pierre, elles sont visibles à l'étage dans la dernière salle. Le papier, également, joue un rôle extrêmement important dans la réalisation des lithographies. La porosité du papier japon qui est utilisé ici, élargit les nuances de la seule couleur utilisée: le noir. La caractéristique de ce papier, réalisé selon un procédé ancien, réside dans son irrégularité. Ses fibres non orientées lui donnent une texture particulière, sa solidité et sa résistance au temps.

Le dessin Il doit être confirmé comme une pratique plastique fondamentale et à part entière, qui n'est pas réductible à un simple savoir faire.La forme et l'idée :- processus de l'idée à la réalisation L'artiste dessinant et les « machines à dessiner » :- l'implication du corps- question de l'écriture de la gestualité

D. Lynch dans l'atelier

Girl Dancing - 2008lithographie, 64 x 88,5 cm, 30 ex./japon

La pratique de la lithographie à ce ceci de particulier, dans la catégorie des estampes, que l'artiste est amené à réaliser directement le dessin sur la pierre lithographique. Deux photographies, plus haut, montrent David Lynch dessinant sur la pierre au pinceau ou directement avec ses mains. « le monde est créé par le toucher » dit le poète et sculpteur japonais Takamuro Kôtaro (cité par Chihiro Minato

catalogue de l'exposition D. Lynch lithos 2007-2009). En ce sens, c'est l'essence même du geste artistique qui se concentre dans ces œuvres. Les traces de la main, de la paume au bouts des doigts, sont nombreuses et on pourra les relever sur presque toutes les épreuves. David Lynch dit que la lithographie est un procédé qui « donne le temps de penser sur la pierre. » En passant de la plaque de zinc (pour la série Paris suite) à la pierre lithographique, il abandonne la couleur pour ne travailler qu'avec l'encre noire et toute une gamme de valeurs de gris, jusqu'au blanc. Pour lui la lithographie est « une chose organique en noir et blanc […] j'ai l'impression que la couleur affaiblirait la chose » (entretient avec Dominique Païni catalogue de l'exposition D. Lynch lithos 2007-2009)

Le recours à l'estampe a une constante: c'est l'inversion de l'image. Sur le document ci-contre, on voit David Lynch regardant le dessin sur la pierre au travers d'un miroir, établissant ainsi un renversement de l'image qui lui permet de voir la forme dans le sens où elle apparaitra une fois imprimée sur le papier japon. Dans le hall du FRAC, une pierre lithographique accompagnée d'une épreuve sont présentées. Elle permet de voir ainsi ce renversement de l'image inhérent à toute gravure. Les procédés d'impression engagent la question du statut de l'œuvre d'art comme multiple, question réactualisée, dans la seconde moitié du XXème siècle, par Andy Warhol. Ici on notera que chaque épreuve est numérotée.

MatérialitéDe la matière première à la matérialité de l’œuvre :- diversité des matières : organique, sonore, artificielle- diversité des processus : modelage, collage, assemblage, stratification Six men getting sick /

Six Figures, 1967, David Lynch, Pensylvania Academy of Fine Arts [us]

Dans ce film (cf fiche term) les médiums se combinent pour former une installation. Les images étaient en effet projetées en boucle sur un panneau ou étaient fixés les moulage en plâtre de son visage. Des éléments picturaux et graphiques, mais aussi des formes découpées se meuvent réalisant une première synthèse de la peinture du mouvement et du son. Une radiographie apparaît dans l'image. Ainsi le corps est a la fois figuré de l'intérieur et de l'extérieur. Certaines figures sont composées de collages donnant l'apparence de masques. Au fur et à mesure de la progression du film certains aspect de l'image peinte ou dessinée disparaissent. Les trois corps peints sur la partie droites traduisent l'intérêt marqué de David Lynch pour la peinture de Bacon (cf fiche histoire des arts). D'autres éléments, comme le feu notamment, apparaissent dans ce film et seront récurrent dans les œuvres ultérieures. C'est aussi le cas pour la forte présence du son. Autant d'éléments qui sont utilisés comme des composantes plastiques de l'œuvre.

Le dessinLa forme et l'idée :- esquisse, croquis, étude, schémaL'observation et la ressemblance :- la représentation produit des écartsL'artiste dessinant et les machines à dessiner :- question de l'écriture et de la gestualité

Peter's Heart Swelled when He saw Her - dessin

Le dessin est pour David Lynch un espace de liberté dans lequel il lui est possible de s'exprimer sans se référer à des codes préétablis. I dit: « j'ai ressenti la notion de liberté quand j’étais petit. Ma mère, par exemple, ne me donnait jamais de livres à colorier, mais de simples feuilles de papier. Je lui en suis très reconnaissant. »On notera également que ,contrairement à l'espace saturé des lithos qui renvoie à l'image, qu'elle soit photographique ou cinématographique, on a ici un espace dans le quel la forme, délimitée par la ligne, semble flottée. Les traces laissant apparaître ses empreintes sont nombreuses dans ces dessins, il ne cherche pas à faire une image « propre ». Cet intérêt par la salissure il l'assume pleinement: « Au lycée mes peintures étaient très mauvaises. Pas moche dans le bon sens du terme – j’aime les peintures laides -, mais mauvaises dans le sens ou je savais qu’elles n’étaient pas originales. »(Hors série les Inrockuptibles p10)

Document réalisé par Patrice Leray professeur correspondant culturel auprès du FRAC, permanence le mardi de 14h à 16h tel : 04 73 90 50 00 [email protected] Ensemble adoptons des gestes responsables : n'imprimez ce courriel que si nécessaire !