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Table des matières

Préface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . , . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .7

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . , . . . . . . . . . . . . .8 Déclaration desjeunes participants à Fedetico Mayor, Directeur général de l’UNESCO........................11

Les grandes lignes d’action m Donner aux jeunes le goût des études

et des professions saentifiques en leur présentant des modèles. . . Marie Curie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . l’institut Curie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Modèles d'aujourd'hui: les scientifiques invités: . Claudie André-Deshays, astronaute . . . . . . . . . . . . . . . Christopher Llewellyn Smith, physicien........... H.G.B. Casimir, les innovations du 20’ siècle . . . . . . Federico Mayor, Directeur général de l'UNESCO . . . Autres participants scientifiques..................

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16 16 20 21 22 23

v Ouvrir le dialogue entre jeunes et scientifiques en créant des occasions d’échange et de débat entre les générations ....................................... .25 Les ateliers.. .......................................................... 26

A propos du développement durable: le débat après les ateliers ...... 28

Trouver des solutions ensemble: la table ronde.. ................... ..2 9

m Accroître la proportion de femmes dans le monde scientifique en changeant les mentalis et en ciblant l’enseignement scientifique. . . . . .31 «Les femmes et la science)) débat avec Geneviève Fraisse et Rénée Clair ........................ ..3 2

Paroles de filles ....................................................... .33 La médaille Marie Cutie ............................................... .34 Statistiques sur «les femmes et la science». .......................... .35

m Promouyoir les ap de la science par &

lications éthiques et humanistes coopération et la solidarité internationales . . . . . . . . . . . . 37

Ce qu'ils en disent: l'avis des participants.............................3 8

Une vie sociale et culturelle stimulante .............................. .39

La science en action: Visites à Paris, en Normandie et en Suisse .......................... ..3 9

Le Laboratoire européen pour la physique des particules (CERN) ...... .41

Les suites de la rencontre ........................................... ..4 2

Couverture par les médias ............................................ .44

La campagne continue: lignes directrices.............................4 5

De Paris à Budapest ................................................... 46

Conférence Mondiale sur la Science, Budapest, juin 1999 ........... ..4 7

Remerciements et contacts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ...48

Note aux lecteurs Les sigle5 suivants sont fréquemment utilisés. Leur signification est la suivante: CNRS: Centre national de la recherche scientifique (National Centre of Scientifc Reseorch) CERN: Laboratoire européen pour la physique des particules (European Laboratory of Particle Physics) UNESCO: Organisation des Nations Unies pour L’éducation, la science et la culture (United Nations Educational, Scient@ and Cultural Organization)

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3Au mois d'avril 1998,140 adolescents accompagnés de leurs professeurs de science rencontraientau siège de l'UNESCO,à Paris,des scientifiques de renomméeinter- nationale,dansle cadred'une réunion exceptionnellesur le thème « les scientifiques du futur:des femmes et des hommes». Agés de 14 à 18 ans,ils venaient de 31 pays diffé- rents, des îles Fidji au Brésil, de l'Afrique du Sud à la Lituanie. Filles et garçons étaient présents en nombre égal. Cette rencontre était organisée par le Secteur des sciences et le Réseau dusystèmedes Écolesassociées duSedeurdel'éducation (RéSEAU)del'UNESCO, en collaboration étroite avec les Commissions nationales française et polonaise pour l'UNESCO, le Haut Comité national français pour le centenaire de la découverte de la radio- activité, un comité d'organisation composé de spécialistes éminents et des partenaires prestigieux. La liste complète des personnes et organismes quiontcontribué au succès de cette rencontre figure en de brochure. Cet événement unique n'est pas resté sans suite. Il a marqué le début de la campagne «Scientifiques du futur», nouvelle initiative vitale de l'UNESCO destinée à encourager les jeunes eten particulier les filles à setournervers les études et les professions scien- tifiques. La rencontre de Paris a ainsi fourni le schéma directeur de l'action future à l’échelle locale et mondiale.

Les quatre grandes lignes d'action de la campagne «Scientifiques du futur» visent à permettre aux jeunes: l d'être nombreux, parmi les filles en particulier, à choisir des études et des carrières

scientifiques: l de dialoguer avec des scientifiques sur les problèmes cruciaux de la science et de la

société; l de comprendre l'importance croissante de la dimension éthique et humaniste de la science: l de participer à la Conférence mondiale sur la science pour le XXI' siècle organisée à

Budapest en juin 1999 et de prendre part aux activités de suivi de cette conférence.

La présente brochure a été conçue pour les professeurs de science du secondaire dans le cadre du Réseau du Système des écoles associées de l'UNESCO. Elle contient à leurinten- tion des informations, des idées et des exemples d'activités et d'actions à entreprendre à l'occasion de la campagne «Scientifiques dufutur».Nousavons l'espoirqu'ils sauront, avec leurs élèves, relever le défi d'une application rationnelle et éthique de la science au service du bien-être de l'humanité et de l'avenir de notre planète.

Elizabeth Khawajkie, Coordinatrice internationale,

Renée Clair,

Réseau du Système des Écoles associées, Responsable du projet «Les femmes, la science et la technologie»,

UNESCO Division des sciences fondamentales, UNESCO

Pour que les 6 milliards d'habitants de la planète - 12 milliards demain -

aient droit au XXI' siècle à des ressources et à un environnement

convenables, il nous faudra changer considérablement nos modes de vie.

Quelsera le rôledela science etdelatechnologie dans ces changements?

Les progrès de la médecine et de la biologie profiteront-il partout à

chacun, et de quelle manière ? La mondialisation des télécommunications

nous permettra-t-elle de vivre plus harmonieusement les uns avec les

autres? L'espace deviendra-t-il un refuge pour une Terre surpeuplée?

Ces domaines de réflexion et bien d'autres s'ouvrent à nous aujourd'hui.

La réflexion sur le rôle de la science dans la société est devenue la

responsabilité de chacun. Promouvoir un développement durable exige

dans le siècle à venir la participation des hommes et des femmes.Or,trop

de jeunes, et en particulier de filles, restent à l'écart du domaine

scientifique. Il y a trop de peu de femmes dans la recherche ou dans

l'enseignement scientifiques. Seulement 5 à 10% des responsables de

politiques scientifiques sont des femmes, et11 prix Nobelseulementsur

444. Il faut absolument encourager les jeunes, les filles surtout, à faire

des études scientifiques et à choisir des carrières scientifiques. La

rencontre de Paris sur le thème «les scientifiques du futur» a ouvert la

voie en proposant aux jeunes des modèles scientifiques d'hier (Pierre et

Marie Curie) et d'aujourd'hui (l'astronaute Claudie André-Deshays, le

physicien Christopher Llewellyn-Smith et le bio-chimiste Federico Mayor).

Le dialogue a débuté entre jeunes et scientifiques renommés durant les

six ateliers tenus à Paris et les visites organisées sur des lieux d'intérêt

scientifique. Leurs échanges ont mis en lumière l'importance

d'applications éthiques et humanistes de la science. Une exposition

~Science et société» a réunissait d'autre part le matériel apporté parles

élèves et les enseignants dans le cadre du Réseau du Système des écoles

associées. Pour semerles germes de la coopération internationale entre

les scientifiques de demain, les jeunes participants ont été invités à

apprendre ensemble,à apprendre l'un de l'autre, à partager des activités

sociales etculturelles.La Déclaration

qu'ils ont remise au Directeur

général de l'UNESCO, Federico

Mayor,à la fin de la rencontre,

témoigned'unegrande maturité

et d'un engagement résolu

enverslesidéaux de dialogue,

d'éthique et de solidarité.

resptMlsables* Szfqt-fiupéy a dit cette tri3.s 6efle pbmse: «nous sommes st&bh!& ~mptwtds par la même ptanclte, dqmipage d’un m@me navhw. -- C’est ce que jfai ressenti dans la

---

statiun orbitale. 1yous les astmnautes, nous étions tous tr&s attent# au bon jkwtfonnement de notre rÉavire. Les sfx milHards d”hdbitants de la Terre devrafer& prendre le m&rne sofn de leur valsseau, ta Plan&e Terre.

Desyi Indriani d’lndonesie. accompagnée de Rodolphe Berthon. France. et de Adeline Yameogo. Burkina Faso, lit la Déclaration des jeunes au Directeur général de l’UNESCO.

-----_------_-----__---------------------------------------------------------------------------------------- Il -----.

Déclaration des jeunes à Federico Mayor,

Directeur général de l’UNESCO

Un groupe représentant les élèves de différentes parties du monde, réuni à l'issue

de la rencontre de Paris, a résumé les grandes questions débattues et rédigé la

déclaration suivante, approuvée par tous les jeunes participants et présentée à

Fedetico Mayor, Directeurgénéralde l'UNESCO.

Monsieur le Directeur général,

Lesjeunesici réunis placent leurs espoirs en l'UNESCO. Nous demandons à l'Organisation de mobiliser tous ses moyens et son expertise technique pour aider nos actions à porter leurs fruits.

L'éducation est le fondement du savoir. Elle devrait être offerte de la même façon aux garçons et aux filles. Les élèves devraient être motivés à choisir les disciplines scienti- fiques grâce à des bourses universitaires, dont le nombre devraitaugmenteret non dimi- nuer. L'enseignement devrait s'adapter aux besoins de la société. La sensibilisation aux sciences devrait débuter dès le primaire, et les études interdisciplinaires au niveau du secondaire.

Internet devrait réduire le fossé entre le Nord et le Sud. En finançant un accès et une formation â Internet dans les bibliothèques du Sud, le Nord pourrait gagner le pari de la mondialisation.

Le pouvoir de la science étant illimité, un code international d'éthique devrait être établi sans tarder, en particulier pour expliquer les risques liés à la radioactivité et au génie génétique. Les consommateurs ont le droit de savoir si les produits qu'ils achètent ont été génétiquement modifiés.

Lair et l'eau étant indispensables à la santé, les pays du Nord devraient aider les pays du Sud à combattre la pollution et à préserver ces ressources sans prix.

Nous sommes des citoyens de la Terre et nous devrions tous être conscients de la fragi- lité de notre planète. Une campagne de sensibilisation mondiale devrait être lancée avec le concours ptincipaldu Réseau du Système des Ecoles associées de l'UNESCO. L'UNESCO devrait également créer un comité scientifique et culturel international de la jeunesse.

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m Donner aux jeunes le goût des études et des professions scientifiques en leur présentant des modèles

Marie Curie Comment intéresser les jeunes à L’exigeante pratique

(1867-1934) de la science, en particulier dans des pays qui manquent des équipements indispensables? L’un des nombreux moyens est de leur montrer les réussites des hommes

et des femmes qui ont fait avancer les recherches et les découvertes scientifiques. A l’occasion du centenaire de la découverte de la radioactivité, Barbara Despinet-Zochowska, chercheuse polonaise, a rendu hommage lors de la rencontre de Paris à sa compatriote Marie Curie, dont elle a retracé la vie à l’intention des jeunes participants. En découvrant le radium, Marie Curie a ouvert la voie à la physique nucléaire et au traitement du cancer. Née de parents polonais, elle fut non seulement une femme de science mais une femme de courage, d’une grande humanité doublée d’une volonté sans faille. Ses travaux de recherche lui ont coûté la vie.

Marie CU+~ ionnière L mps, un .

lb.

en son exemple

pour aujourd’htii Marie Curie, ou plutôt Maria Sklodowska, naît à Warsaw le 7 novembre 1867 dans une famille d'enseignants marquée par le sens du devoir et les difficultés tïnan- cières. Elle rêve d'une carrière scientifique, rêve presque irréalisable pour une femme de son temps. En 1891, Maria arrive à Paris. Autodidacte ambitieuse, elle n'a qu'une obsession:

apprendre. ELle passe brillamment sa Licence de physique,etenchaîne sur une licence de mathématiques. Un ami polonais lui présente alors un jeune homme timide et introverti, Pierre Curie. En 1895, ce libre-penseur dont on loue les travaux sur la cristallographie et le magnétisme devient son mari. Un an auparavant, il lui avait écrit: «Ce serait cependant une belle chose à laquelle je n'ose croire, que de passer la vie l'un près de l'autre, hypnotisés dans nos rêves:votre rêve patriotique, notre rêve humanitaire et notre rêve scientifique».

Du rêve scientifique... Pionnière, Marie Curie l'est lorsqu'elle décide en 1897 de devenirdocteuren physique. Henri Becquerelvientde découvrir,en étudiant les rayons X, que les sels d'uranium laissent une trace surune plaquephotographiquepourtant enveloppée d'une protection. Quel meilleur sujet d'étude et d'expérimentation pour Marie que ce nouveau rayonnement? Elle se met au travail, maniant des tonnes de minerai. Elle remarque qu'une autre substance, le thorium, est «radioactive»; le terme est d'elle. Avec Pierre, elle démontre que la radioactivité n'est pas le résultat d'une réac- tion chimique,maisune propriétédel'éément et, plus précisément, de l'atome. C'est une découverte majeure. Marie découvrira ensuite d'autres substances radioactives, dont le polonium, baptisé en l'honneur de son pays natal, et le radium, dont elle prouve l'exis- tence en 1989. Pierre observe les propriétés du rayonne- ment tandis que Marie se charge de purifier les éléments radioactifs. Leurs conditions de vie sont difficiles autant que singulières. Leur laboratoire n'est qu'un hangar. Un chi- miste de passage note: «Cela tenait de l'écurie et du cellier à pommes de terre». Marie, elle, parle de l'émotion et du ravisse- ment ressentis le soir dans leur «domaine» à la vue des silhouettes faiblement lumineuses des tubes et des capsules qui abritent leurs

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le rayonnement d’un institut

précieux produits. En dépit de leurs difficul- tésà obtenir des prêts ou des avances, Marie et Pierre refusent de déposer un brevet qui leur apporterait la sécurité financière; ils préfèrent laisser aux scientifiques la latitude de découvrir des applications à la radioacti- vité. Pierre a testé le radium sur sa peau: une brûlure, puis une lésion sont apparus. Les effets du radium sont prouvés. Dès lors, on va I'utiliser pourtraiter les tumeurs malignes: la «curiethérapie» est née. En 1903, Marie soutientsathèse. La même année, les Curie reçoivent avec Henri Becquerel le prix Nobel de physique pour la découverte de la radio- activité naturelle. Leur bonheur sera de courte durée. En 1906, Pierre, surmené et affaibli par les radiations, est renversé par une voiture. Marie élèvera seule leurs deux filles et reprendra la chaire de Pierre, pre- mière femme à être admise à la Sorbonne. Marie devra aussi affronter les préjugés de son temps: xénophobie, antisémitisme et sexisme, qui l'empêche en 1911 d'entrer à l'Académie des Sciences. Elle reçoit pourtant cette année-là un second prix Nobel, celui de chimie, pour avoir déterminé le poids atomique du radium. Mais elle ne désire vraiment qu'une chose:soulager la souffrance humaine. La création par L'Institut Pasteur et l'Université,en 1914, de l'Institut du Radium, va lui permettre de réaliser son idéalhuma- nitaire.

. . . au rêve humanitaire La guerre a éclaté. «Il faut agir, agir», dit Marie, encourageant sa fille Irène à la suivre. Les rayons X aideront à localiser balles et éclats d'obus, facilitant le travail des chirur- giens; il faut bouger les blessés le moins possible. Alors, elle crée les voitures radio- logiques, les «petites Curie» qu'elle conduit avec sa fille, et elle équipe des hôpitaux en services de rayons X. Contre les rayons, la seule protection à cette époque est consti- tuée d'un écran métallique et de gants de

A quelques pas du Panthéon, un t Le nom de Curie. Avec mission de plinatit4 entre la physique, ta ch médecine, il se consacre ô la préuc au traitement du cancer. Quetqu employées dans son département dansson d&partementde médednc La biologie moléculaire et cetlu gènes, les mécanismesimmunitair le développement de nouvelles m L'institut abrite également le mu! moment de ma visite»,a écrit un dinaire de me trouver là où quel travailIé,d'entrer dans son bureau toire où elle a fait des découverte!

itut porte désormais mouvoir t'interdisci- e, la biologie et la ,on, au diagnostic et 100 personnes sont ! recherches et 900 !Lies y travaillent sur e des tumeurs, les etsurla synthèse et cules. Curie: «le meilleur

!w. «C%tait extraor- rn d'aussi célèbre a de visiter le labora- tssi importantes».

tissu. Tout ce qu'elle a à faire, c'est deconvaincredesmédecinsréticents et de trouver du personnel qualifié. Elle forme elle-même 150 manipula- trices. Après la guerre, Marie retourne travailler dans le laboratoire de recherche de son institut, Irène à ses côtés. Elle meurt de leucémie au mois de juillet 1934, épuisée, presque aveugle, les doigts brûlés, stigmatisée par «son» cher radium. A 67 ans, elle a été exposée à des doses de radiation énormes. D'autres chercheurs après elle, dont sa fille, en paie- ront le prix. Irène, qui travaillera dans le même laboratoire, avec la même détermina- tion, découvrira la radioactivité artificielle.

Le bureau de Marie Curie, à Paris

Elle recevra elle aussi le prix Nobel, avec son mari Frédéric Joliot, en 1935.

D'après Florence Raynal o Ministère des Affaires étrangères

Modèles d’aujourd’hui: les scientifiques invités Bachelière à 15 ans et titulaire

de son diplôme de médecine à 24 ans,

Claudie André-Deshays est spécialisée

et biologie, en médecine du sport,

en aéronautique,en médecine de l'espace,

en rhumatologie, en biomécanique

et en physiologie du mouvement.

Elle a soutenu en 1992 une thèse

de doctorat sur les neurosciences.

Au mois d'août 1996, Claudie André-

Deshays a passé 16jours à bord

de la station russe MIR, première Française

dans l'espace. Sa mission, baptisée

Cassiopée, comportait différentes

expérimentations dan le domaine

des sciences de la vie,de la physique

des fluides et de la technologie.

Elle couronnait des années de sélection

rigoureuse, de travail et de préparation

intensive.

Elle a préparé ensuite la mission franco-

russe MIR de février 1999 tout en

s'occupant d'une petite fille née

en février1998.

Pour Claudie André-Deshays, l'exploration

de l'espace est«une des plus grandes

aventures du vingtième siècle».

Elle a fait partager cette aventure aux

jeunes participants qui,impressionnés,

l'ont écouté parler des rêves,des devoirs

et des responsabilités de ce domaine

particulier de la science.

~Lhumanité a toujours eu le désir d'acquérir de nouvelles connaissances. C'est le moteur de la science: connaître, découvrir, com- prendre L'univers où la vie humaine a pu se développer.

Rêver est important. C'est une caractéris- tique de l'être humain. Mais il faut aider ces rêves à se réaliser en mettant notre vie en conformité avec nos ambitions. Pour cela, il faut faire des études et choisir un métier. Je crois que nous avons tous en tête un projet. Nous devons être assez motivés et assez forts pour réussir ce projet de notre vie.

Nous avons tous une bonne étoile quelque part: il faut la découvrir, la faire briller. Nous devrions tous être capables de nous en rapprocher. Cela demande beaucoup de passion, de force et de détermination. Quand on estjeune, on a tout cela.

La conquête est le propre de l'espèce humaine. On a d'abord conquis de nouveaux territoires, la terra incognita des anciennes cartes. On a conquis et exploré les océans. Enfin, au vingtième siècle, on a commencé à conquérir l'air, et puis plus haut, l'espace... La conquête de la Lune, c'était en 1969. Cela peut vous sembler très ancien. J'avais moi- même 12 ans à cette époque, et cela m’a donné envie d'aller dans l'espace. Je me suis dit: pourquoi n'en ferais-je pas mon métier? Et j'ai eu la chance de pouvoir le faire.

L'humanité sera peut-être obligée, dans un avenir proche, d'aller sur d'autres planètes. Nous aurons peut-être besoin d'autres sources d'énergie... nous irons peut-être coloniser d'autres planètes. Cette perspec- tive pour le XXI'siècle et les siècles à venir est née de la prise de conscience de la fra- gilité de notre propre planète, sans doute un peu grâce aux images de la Terre prises de l'espace».

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«La Terre est une petite planète isolée dans un cosmos très obscur, protégée par une toute petite couche d'atmosphère. Je peux en témoigner pour l'avoir vue de l'espace. L'atmosphère et l'eau, comme d'autres res- sources, sont limités: il faudra savoir les gérer le mieux possible. Nous devrions tous nous sentir citoyens de la Terre. Quand j'était en orbite autour de la Terre, j'ai vu une planète sans frontières ni nationalités.

japonaise, canadienne, européenne, sans compter les autres pays plus petits qui par- ticipent à sa réalisation. Imaginez une gigantesque infrastructure de 400 tonnes en orbite. En 2003, un équipage de 6 ou 7 astronautes vivra à bord en permanence. Tous les sys- tèmes ont été prévus - climatisation, contrôle de température - pour leur per- mettre de survivre dans des conditions

r

Claudie André-Deshavs

«Je voudrais rendre hommage aux pionnières - nous avons parlé de Matie C&e - qui ont

su montrer leurs camp ftences et se hisser aux plus hauts niveaux de renommée internationale. A nos mkes et nos grands- méres qui nous ont entrouvert certaines portes: un grand nombre de chemins ont dQ*ia été tracés pour nous, jeunes femmes d’aujourd’hui, et pour vous plus encore. Nous continuons B essayer d’ouvrir grand ces portes».

Cette planète est la nôtre et nous en sommes tous responsables. Saint-Exupéry a dit cette très belle phrase: «nous sommes solidaires, emportés par la même planète, équipage d'un même navire». C'est ce que j'ai ressenti dans la station orbitale. Nous les astronautes, nous étionstoustrès attentifs au bon fonctionnement de notre navire. Les six milliards d'habitants de la Terre devraient prendre le même soin de leur vaisseau, la planète Terre.

La construction d'une station spatialeinter- nationale a commencé. Elle ne sera pas russe ou américaine: elle sera russe, américaine,

hostiles. Comme vous le savez, dans l'es- pace il y a un vide. Il faut se protéger d'énormes variations de température. Au dehors, la température passe de 150°C à -150°C. Il faut se protéger des radiations cosmiques. Il faut se protégerde la dépres- surisation. Il faut savoir réagir vite.

L'aventure scientifique nous pousse à dépasser Les limites connues. Il y a les limites techniques, bien sûr, et il y a aussi des limites humaines. Le progrès technique a permis à des êtres humains de survivre dans l'espace. Mais comment se prépare-t-on,

physiquement et physiologiquement, à un tel environnement?

Aller dans l'espace reste difficile. Ce n'est pas du tourisme. L'entraînement pour une mission peut durer des mois, voire des années. Il faut se préparer à des symp- tômes désagréables: le mat de l'espace, la redistribution des fluides dans l'organisme... A bord, il faut faire de l'exercice physique pour maintenir son corps en bonne condi- tion en vue du retour à la gravité. Toutes ces limites physiologiques ont été vain- cues pour des orbites autour de la Terre à 400 km environ. Mais le problème n'est pas résolu pour des explorations planétaires plus lointaines.

Les limites psychologiques aussi doivent être vaincues. Pour un équipage qui va sur Mars, les délais de liaison avec la Terre sont d'au moins 20 minutes. Quand vous posez une question, vous devezattendre la réponse 20 minutes avant de prendre une décision! Ce n'est pas tout à fait pareil que d'être en communication audio, vidéo ou informatique en permanence. Nous avons dépassé beaucoup de limites, il en reste encore. Vous participerez à ces progrès.

Ce qui est merveilleux dans l'espace, c'est L'apesanteur. Elle a ouvert un champ de recherches considérables sur le rôle de la gravité dans la structure des êtres vivants, animauxouvégétaux.Cegenrede recherches exige du chercheur beaucoup de curiosité, pour poser des questions qui n'ont pas de réponse au sol. Il n'y a aucun moyen au sol de faire disparaître les effets de la gravité. Seul le travail dans des laboratoires en orbite permet de répondre à ces questions. Il faut repenser la science. Des progrès considérables ont été réalisés ainsi non seulement en recherche fondamentale mais dans les applications de la recherche spatiale sur terre, dans l'industrie ou en médecine. Le risque est une composante de l'aventure.

Le scientifique qui sort des sentiers battus prend un risque. Cela fait partie du rôle du chercheur.

Dans l'espace, le risque zéro n'existe pas. Quelques soient les efforts des ingénieurs, quelques soient les progrès accomplis, il y a toujours une part de risque. Nous devons limiter ce risque au maximum, et savoir gérer la petite part qui reste. D'un côté il nous faut contrôler ce risque, de l'autre l'assumer. Nous ne vivrons jamais dans une société sans risque. J'ai eu la chance d'aller au bout de l'aventure que je m'étais fixée, mais je n'aurais pas pu le faire sans les équipes de scientifiques et d'ingénieurs qui travaillaient avec moi. Ce travail d'équipe, c'est aussi ce qui fait la force de la science

L'aventure est quelque chose de rare. Rares sont les élus. C'est une grande joie et un épanouissement, mais c'est aussi une lour- de responsabilité, car toute une équipe compte sur vous. Quand vous faites partie de ces élus, vous avez le devoir d'expliquer, de partager ce savoir, de Le transmettre. C'est tout aussi important pour ceux qui sont directement concernés que pour les autres, plus loin de nous et moins au courant. Notre devoir de chercheurs, d'aventuriers de la recherche, est de faire profiter les autres de nos connaissances.

Etre bien informé et avoir une culture scientifique vous donne un droit de regard sur les choix et les révolutions à venir. La science et la technologie vont si vite que les choix faits aujourd'hui engagent toutes les générations futures. Nous devons êtres vigilants. Si on ne connaît pas les choses, on n'a pas d'avis à porter.

Les mentalités sont en train de changer. L'internationalisation des projets me semble un progrès important: les grands accéléra- teurs de particules, les grands télescopes,

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la station internationale, les sondes spa- tiales... Nous devons unirnosefforts parce que ces matériels sont chers et longs à construire. Quand j'étais à la Cité des étoiles de Moscou pour préparer ma mis- sion, j'ai vécu avec des collègues chinois, américains, européens et russes; partager leur culture était très enrichissant. Que vous, jeunes du monde entier, puissiez vous retrouver ici cette semaine, c'est le début d'une démarche nouvelle et intéressante.

De nouveaux pays arrivent dans domaine spatial: l'Inde a des satellites très perfor- mants pour observer la Terre, le Brésil par- ticipe à la station internationale. Beaucoup de pays sud-américains sont en train de fabriquer des satellites de recherche et de communication. Ce mode d'observation nous permet de prévoir les catastrophes naturelles ou d'améliorer les conditions de vie en Afrique ou en Inde. Tout le monde devrait avoir accès à «l'espace utile». Il ne doit pas être l'apanage des pays industria- lisés. Cette utilisation de l'espace pourrait nous mettre tous sur un pied d’égalité, avec la même information. Cela doit être un but. Votre but.

Je suis médecin et chercheur. J'ai été responsable de programmes scientifiques internationaux.J'aieu beaucoup de chance d'être choisie pour cette aventure: je suis la seule femme en France et l'une des rares femmes en Europe. Aux Etats-Unis, on commence à avoir davantage de femmes dans ce domaine. Je voudrais rendre hom- mage aux pionnières - nous avons parlé de Marie Curie - qui ont su montrer leurs compétences et se hisser aux plus hauts niveauxde renomméeinternationa1e.A nos mères et nos grands-mères qui nous ont entrouvert certaines portes: un grand nombre de chemins ont déjà été tracés pour nous,jeunes femmes d'aujourd'hui, et

pour vous plus encore. Nous continuons à essayer d'ouvrir grand ces portes.

Aujourd'hui, en médecine, dans la recherche, en ingénierie, les filles sont presque aussi nombreuses que les garçons. En matière d'égalité des chances, il y a eu beaucoup de progrès. En ce qui concerne les astro- nautes, noussommes 15 à 20%defemmes. Mais c'est un domaine où on va faire appel de plus en plus à des médecins, des cher- cheurs, des informaticiens... le pourcentage de femmes devait donc augmenter dans les années à venir.

Les femmes ont davantage accès aux for- mations, mais moins aux métiers et aux responsabilités, parce qu'elles restent très impliquées dans les tâches domestiques et l'éducation des enfants, sans parler des barrières culturelles et religieuses. Je m'adresse aux garçons ici présents. Je crois que L'évolution va passer par eux, car les jeunes hommes acceptent plus volontiers aujourd'hui de partager des tâches consi- dérées traditionnellement comme des tâches féminines. Cette évolution vers une complémentarité entre les hommes et les femmes qui est, je pense, en train de se faire, apportera plus d'égalité sur le plan social et professionnel. Les femmes doivent conserverleursvaleurs féminines spécifiques et les transmettre à leurs enfants; c'est une richesse pour l'avenir. Pour l'instant, vous faites tous des études mais, bientôt, vous élèverezvous-mêmes des enfants. Là aussi, les femmes ont un rôletrèsimportantàjour. Je suis cosmonaute et mon mari aussi. Nousavons une petite fille de deux mois et demi. Donc, il est possible de garder une vie de famille. Dans la prochaine mission avec nos collègues russes,je serai la «dou- blure» de mon mari; je prendrai la relève en cas de problème. Nous allons partir en Russie avec notre petite fille. On peut trouver une organisation. Il y a des choix à faire, mais c'est possible!»

Christopher Llewellyn Smith, directeur général du CERN

M. Llewellyn Smith est convaincu que notre future prospérité dépend du recrutement de jeunes talents dans les branchesscientifiques et technologiques, ainsi que d'une meilleure compréhension des chances et des risques qui leur sont liés et des responsabilités des scientifiques eux-mêmes.

Il faut faire la distinction entre la science (les connaissances)et la technologie (les moyens

Physicien de renommée mondiale, d'application de ces connaissances),etentre

Christopher Llewellyn Smith a d'abord différents types de science. La science fonda- mentale est motivée par la curiosité; la

enseigné la physique dans son pays science appliquée cherché à répondre à des natal, le Royaume -Uni, questionsspécifiques. J.J. Thomson (inventeur

à l'Université d'Oxford. de l'électron) aimait à rappeler que les rayons Xavaientété découverts dans le cadre de la

Il dirige aujourd'hui recherche pure sur la nature de l'électricité. ILS le Laboratoire européen ne l'auraient pas été dans le cadre de recherches

pour la physique des appliquées visant à soigner des lésions.

particules (CERN), le plus Les plus grands bienfaits de la science fonda-

grand laboratoire mentale sont ses apports à la culture: les grandes

international de recherche

existant et l'un des

principaux partenaires

de la rencontre de Paris. Claudie André-Deshays Le CERN emploie 3000

personnes et accueille

6500scientifiquesde

80 nationalités différentes.

Ses accélérateurs

et détecteurs de particules sont un fisqua @la fiit par-

des monuments dela science du Wsiècle. tie du r#e du chencheur.

Pour M. Llewellyn Smith, la science

a beaucoup apporté à la culture. \ Dans la plus pure tradition oxfordienne,

\ il a commencé son discours aux jeunes

participants par ces vers:«In selling découvertes, l'impulsion donnée à l'industrie, le the importance oftechnological "fruits': niveau d'instruction nécessaire. La physique des

do notforgettheimportance of a healthy particules, par exemple, a donné naissance

tree and rootsx (si vous vantez les aux accélérateurs, aux détecteurs de parti- cules, à l'informatique, à la supraconductivité

"fruits" de la technologie, n'oubliez pas et à bien d'autres avancées (cryogénie,tech- de soigner l'arbre et ses racines). nique du vide, électrotechnique, géodésie...).

Le rfsque est une compo- sante de l’aventure. Le

Christopher Llewellyn Smith

scientijfque qui sort des sentiers battus prend

21 -----------------___------------------------------------------------------------------------------------,

Les applications de la recherche auiourd’hui Le développement d'un produit prend de 3 à 5 ans, mais les recherches ont généralement commencé bien avant. Ainsi, l'industriede la biotechnologie fait appel à des techniques d'ADN misesau point dans les années 70; les télécommunications (révolutionnées par le laser et la fibre optique) reposent sur la recherche des années 60 et 70 ; les sys- tèmes de localisation GPS(utilisés dans les transports et les loisirs) doivent tout aux recherches sur la relativité générale: enfin, le développement d'Internet a été rendu possible par les travaux sur la physique des particules réalisés au CERN à la fin des années 80.

Les développements futurs Pour M. Llewellyn Smith, des progrès sont à

attendre dans l'indus-

* trie des semi-conduc- teurs, dans l'industrie pharmaceutique etdans les traitements médicaux. Mais il peut y avoir des développements inat- tendus (témoins les exemples qui viennent d'être données) et qui seront sans doute au moinsaussiimportants. Qui aurait imaginé l'ex- plosion d'Interneti1 y a dix ans?

La recherche fonda- mentale, a insisté M. Llewellyn Smith, est un bien public qui

devrait (au même titre que la défense) être soutenu par le gouvernement.«Le finance- ment de la recherche fondamentale est important pour toute la société, mais les découvreurs en récoltent rarement les bénéfices», a-t-il conclu.

On peut se demander si tes tran- sistors auraient été inventés par des gens qui ne travaillaient pas sur ta mkanique ondulatoire ou la théode quatique des solides.. . On peut se demander si les cir- cuits intégr& des ordinateurs auraient été inventés par des gens qui voufalsnt construire des ordinateurs. Èn fait, ils ont été inventés dans tes années trente par des physiciens qui devaient compter des particules, parce qu’ils s’intéressaient à la physique nucléaire... On peut se demander s’il y aurait eu L”énergie nucléaire parce que les gens voulaient d’autres sources #énergie ou si la néces- sité d’autres sources d’énetpie aurait conduit à la decouverte du noyau atomique... On peut se demander si les bobines à induction des voitures auraient pu Ptre fabriquées par des gens qui voulaient motoriser le transport. Mais tes bobines à induction ont &té inventées par Faraday des dizaines #années plus tôt... Ou peut se demander si, par nécessite d’an&iorer Ces commu- nications, on aurait dkouvert les faisceaux hertziens, ils n’ont pas été deCouverts ainsi, puisqu’ils l’ont été par Hertz, qui chantait Ces beautés de la physique. On ne peut guère trouver une innovation du vingtième siècle qui ne soit redevable à sa façon à La recherche fondamentale.

KG. 6. Casimir dfé pur Chrîsfapher Ueweflyn Smith

Federico Mayor

Federico Mayor. Directeur géneral de I’UNESO Le Directeurgénéralde l'UNESCO,

Federico Mayor, est lui-même un

scientifique, ainsi qu'il L'a expliqué aux

jeunes participantsde la rencontrede Paris,

en puisant de nombreux exemples

dans sa vie professionnelle.

Spécialisé dans la pharmacie et

la biochimie, il a dirigé plusieurs

facultés de sciences dans son pays

natal, l'Espagne, avant de devenir

en 1981 ministre de L'Education

et des sciences de ce pays.

Il a également été membre du

Parlement européen. Directeur

génétaladjointde l'UNESCO de 1978 à 1981, membre de 26 académies

et sociétés scientifiques,ila été

élu Directeur général en 1987.

En ce moment même, la terre souffre. Vous savez qu'en Amazonie, la forêt a brûlé. Nous ne sommes pas préparés à sauver notre sol. Nous ne sommes pas préparés à défendre la dignité humaine. Nous sommes pris dans l'inertie d'une culture de la force, d'une cultu- re de la violence, d'une culture de la coerci- tion. Nous devons abandonner cette culture de la coercition pour uneculturedudiafogue. Pour y parvenir, nous avons deux espoirs: l'un est précisément la rigueurscientifique. Il nous en faut pour conseiller les décideurs. Dans des domaines comme le génome humain, la biotechnologie, l'environnement ou l'énergie, nous devons leur fournir des éléments offrant la garantie de la rigueur scientifique.

Notre second espoir est la prévention. De notre observatoire, nous devons tous garder les yeux tournés vers I'avenir. Savoir veut dire prévoir, prévoir c'est prévenir, Nous devons prévenir la souffrance. Nous devons connaître les causes des conflits, de la pau- vreté et de maux pires que la pauvreté: la discrimination, la consommation de drogues et les maladies qui auraient pu être évitées si nous avions investi davantage dans la science et moins dans la destruction. Nous devons prévenir tout cela. La prévention est notre espoir. On ne sSmprovise pas scientifique. La science n'est pas un don, comme la liberté n'est pas un don, ni la parole, ni la justice. Chaque jour, dès que nous ouvrons les yeux, nous devons travailler sans relâche à repenser, à réinventer notre avenir. Je suis heureux d'être parmi vous aujourd'hui et j'ai écouté très attentivement vos propositions. J'ai trouvé très intéressant que l'on dise «com- mentez par l'éducation ». Savez-vous pour- quoi? Parce que l'éducation est beaucoup plus que l'information. L'information est un outil. Etre connecté à Internetesttrès bien; avoir des ordinateurs est parfait. Mais ce ne sont que des outils. Après, il vous faut une faculté que seuls les êtres humains possèdent.

Je suis moi-même biochimiste. En espagnol, nous avons deux verbes différents pour dire ce que nous sommes et où nous sommes. Yo estoy: je suis à l'UNESCO, en tant que Directeur général. Yo soy: je suis un biochi- miste. Mon domaine est la biochimie. Aujourd'hui, nous pouvons prévoir le com- portementdesinsectes. Nous connaissons le langage de la vie. Nous connaissons le langage de la génétique, et nous savons décrypter l'activité du vivant. Mais il appa- raît que l'être humain possède,inscrite dans ces structures biologiques, une extraordinaire faculté. Une faculté incommensurable. Car on ne peut mesurer la capacité d'inventer, la capacité d'innover, de créer. Cette capacité est porteuse d'espérance. Si, parfois, nous

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23 --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------.

nous sentons pris dans un cercle vicieux, enfermés dans la routine, l'inertie, la mono- tonie, nous savons que toutestpossible car nous sommes capables d'inventer de nouveaux modèles, de nouvelles pistes, de nouveaux chemins, de nouvelles voies pour l'avenir, La science, mes amis, n'est pas une question de moyensoud'équipement.Lasciencetient à la capacité de créer, d'inventer, de penser. J'ai eu la très grande chance de travailler avec un prix Nobel de biochimie. Juif allemand, il avait dû quitter son pays en 1993, pour les raisons que vous imaginez. Il a poursuivi sa carrière en Angleterre, sans jamais perdre son accent. Un soir, ce professeur, M. Krebs, vient me voir et me dit: «Qu'est-ce que vous faites là? Pourquoi est-ce que vous travaillez aussi tard?» Je lui réponds: «Ah, ici il y a des instruments que je ne peux pas avoir dans mon pays, je tiens à en profiter». Alors, il s'est exclamé: «Mais non! Les ins- truments, c'est important, mais la recherche, c'est de voir ce que les autres ne voient pas. La science, c'est penser autrement, c'est avoir des idées que les autres n'ont pas eu. C'est interpréter la réalité différemment». Voilà ce qu'est la science: le reflet de cette activité suprême.

f h

Claudie André-Deshays 1 La science et lu technuhgie vont si vite que tes choix faits auidurd’hui efimamt g

0

La science et lu techn&gie vont si vite que tes choix faits aujuutihui engagent g

toutes les généra- g p a * tions futures.

Nous devons être vigilants. Si on ne connaît pas les choses, on n’a pas

Les autres scientifiques invités René Bimbot est secrétaire général du Haut comité français pour le centenaire de la découverte de la directeur de recherches au CNRS. Après son doctorat à l'Institut de physique nucléaire d'Orsay, il a entrepris des recherches sur les col- lisions d'ions lourds et les faisceaux radioactifs, les interactions ion- matière et les applications biomé- dicales des ions lourds. Il a à son actif 100 publications scientifiques originales, ainsi qu'une dizaine d'articles scientifique et huit films scientifique.

Renée Clair est responsable du projet René Bimbot

«Femmes,scienceettechnologie»à la Division des sciences fondamentales de l'UNESCO. Après des études supérieures en physique, elle a été enseignante et formatrice d'ensei- gnants pendant 15 ans. Elle a été l'organi- satrice des Entretiens de la Villette entre éducateurs, chercheurs et industriels sur les innovations scientifiques. Avant de prendre ses fonctions actuelles, elle était conseiller technique pour les sciences à la Commission nationale française pour l'UNESCO.

Pierre Lasserre, directeur de la Division des Sciences écologiques de l'UNESCO, est un spécialiste de la biologie marine; il est titulaire d'un doctorat de l'Université de Bordeaux. Il a enseigné et a été chercheur dans des établissements presti- gieux de France et des Etats-Unis. Depuis 1982, il est professeur à l'Université de Paris VI et dirige dans le nord-ouest de la France la station biologique de Roscoff, l'un des principaux laboratoires de recherches marines. Il a publié de nombreux travaux sur différents aspects de la biologie marine.

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Ouvrir le dialogue entre jeunes et scientifiques en créant des occasions d’échange et de débat entre les générations Les six ateliers proposés ont fourni aux jeunes participants une occasion unique de parler des grands problèmes de la science et de la

lisite du tunnel société avec des scientifiques renommés venus de différentes

le l’accélérateur disciplines. Si de la réflexion jaillit la lumière, comme l'a fait IeparticulesduCERN, remarquer un observateur, les discussions menées dans les I 100 m de profondeur, ateliers en ontété la preuve brillante. ienève Du génie génétique à l'exploration de l'espace, du pour ou

contre la radioactivité à la protection des ressources en eau de la planète, les scientifiques présents ontabordétous les aspects possibles en encourageant les jeunes et leurs enseignants à participer. Après avoir présenté sous ses différents angles chaque question, ils ont répondu aux questions et engagé le débat. Les langues officielles étaient le français et l'anglais, mais des interprètes informels sont intervenus pourtraduire questions et réponses dans les autres langues, notamment L’espagnol et le polonais.

Dialogue entre étudiants et scientifiques sur les interactions essentielles science-société aujourd’hui

Les ateliers Le centenaire de la découverte de la radio- activité constituait l'occasion idéale pour jeter un regard neuf sur ses applications et sur son utilisation responsable. Les jeunes présents à cet atelier étaient curieux et désireux de s'informer, regrettant que ce domaine soit si peu abordé à l'école. Ils ont envisagé les aspects positifs et néga- tifs des applications médicales, militaires et agricoles de la radioactivité en remar- quant que les médias parlent rarement, si ce n'est jamais, des aspects positifs. La question des déchets nucléaires a été soulevée comme un problème urgent, de même que les risques d'accidents nucléaires, symbolisés par la catastrophe de Tchernobyl et l'inquiétude mondiale qu'elle a provoquée. Toutefois, les jeunes Ukrainiens présents venus de Tchernobyl ont refusé une attitude alarmiste qui engendrerait la peur.

Selon l'opinion partagée que «la radioactivité n'a pas de frontières», l'éthique est apparue comme le thème majeur de l'atelier. Le fac- teur de risque, choisi ou imposé, a été mise en cause, les participants étant unanimes à penser qu'il faut peser les besoins et les

risques dans la perspective d'un développe- ment durable. L'un des participants a rappelé que la construction de barrages au Burkina Faso obligeait le pays voisin, la Côte d'ivoire, à construire des centrales nucléaires pour s'alimenter de façon autonome.

L'importance d'un enseignement interdisci- plinaire a été soulignée, afin que les jeunes comprennent «les vrais problèmes de la société)) et leurs conséquences pour la science, et puissent se faire une idée claie du rôle des scientifiques. Les participants ont déploré le fossé existant entre l'éduca- tion et la «vraie vie». Parmi les recommandations proposées figurent l'utilisation de l'énergie dégagée par les déchets nucléaires, l'emploi de techniques de détection nucléaires pour trouver de l'eau et l'incitation de la com- munauté internationale à plus de vigilance, la prévention des accidents nucléaires étant une responsabilité internationale. Et avant tout de ne pas succomber à une «radiophobie» post-Tchernobyl.

A l'atelier sur le climat, la préoccupation majeurea portésurlaréduction desémissions de dioxyde de carbone et des gaz respon- sables de l'effet de serre. Les participants ont estimé urgent de développer de nouvelles technologies pour remplacer les techniques «polluantes». Seule la science peut répondre au problème en trouvant des solutions «non polluantes», pour les moyens de transport par exemple. Un participant a fait observer que les populations ne sont pas assez édu- quées dans le domaine de l'écologie: «elles pourraient persuader les gouvernements de réduire la présence de dioxyde de carbone dans l'atmopshère)). L'éducation est décidé- ment la clef de la prévention ou d'une limi- tation des changements climatiques: chez les jeunes enfants («on devrait familiariser les enfants plus tôt à ces problèmes»), chez les femmes («si les femmes connaissaient mieux L'écologie, elles pourraient transmettre leurs

id <i 4 K Q 5 II 2 :[ ‘,, r; i ,,I ;j 2; g ; ! f$ ? ; 1’” 2 Z\( \ ,.- u

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connaissances à leurs enfants») et chez les élèves d'un certain âge, qui pourraient, a-t-il été suggéré, collecter des données scientifi- quement valables dans le cadre d'une initia- tive mondiale pour surveiller les changements du climat. Cet atelier a permis de formuler diverses recommandations dont la création d'un système mondial de surveillance, de contrôle et de réduction des émissions de «gaz à effet de serre» et de dioxyde de car- bone, le développement du recyclage pour limiter le volume de déchets, la sensibilisa- tion aux questions climatiques et écologiques par l'éducation et la mise au point de procé- dés moins chers et plus propres de produc- tion d'énergie.

Du «non» unanime au clonage humain à la nécessité de définir la responsabilité des scientifiques et au rôle de la science en général, l'atelier génétique et santé n'a rien laissé au hasard. Lidée du clonage humain a été rejetée au nom des droits de l'homme. Parmi les dangers d'une telle technique, les participants ont souligné celui de «traiter l'être humain comme un objet» et d'être uti- lisée dans un but de sélection ethnique. Le clonage d'organes ou de cellules peut être, par contre, bénéfique à la personne et à la société, tant qu'il n'entraîne pas de préjudice. La responsabilité du scientifique a été évo- quée en ces termes: «pas de responsabilité sans liberté». Le rôle des scientifiques devrait être traité plus en profondeur dans le cadre de tables rondes accueillant des éthiciens. Les participants ont abordé par ailleurs la question du fossé technologique entre le Nord et le Sud, en proposant des solutions pour corriger le déséquilibre. Autre thème de cet atelier, la nécessité de vulgarisation scientifique. Les participants se sont montrés partisans de solutions pra- tiques, terre-à-terre: rendre la science plus accessible en créant des «pôles d'informa- tion scientifique»ou des bases dedonnées; réduire le fossé technologique entre le Nord et le Sud en organisant des réseaux sur

télécopie, Internet et courrier électronique pour mettre en commun les connaissances scientifiques: sensibiliser à l'importance de la science pour le développement; améliorer l'enseignement des sciences dans les pays en développement. En toile de fond de la dis- cussion, le refus du clonage d'êtres humains.

Les ateliers LA RADIOACTIVITÉ: BIENFAITS ET DANGERS J. M. Besnier (CNRS), M. Pollak et L.Sabatier (CEA), P. Vikas (CERN)

QUEL CLIMAT POUR LES ANNÉES A VENIR? J. Boutin (CNRS),G. Holland (UNESCO)

GENETIQUE ET SANTÉ R. Clair (UNESCO), M. Duverger (CSI), M. Kutukdjian (UNESCO), A. Munnich (INSERM), T. de Oliveira (researcher), P. Slominski (CNRS)

DES ORIGINES DE L’UNIVERS A LA CONQUÊTE DE L’ESPACE A. Cirou (Ciel et Espace), H. Przysieniak et N. Calder (CERN), L. Petitbon (consultant)

VERS UNE COMMUNICATION PLANÉTAIRE M. Gourgeot (CSI) et D. Lamiche (France Télecom)

CEAU, SOURCE DE VIE: COMMENT LA PRÉSERVER? A. Jaity, 5. Bouhlassa, C, Coudrain-Ribstein et L. Robaux (OIE)

Enfin, l'atelier a permis d'aborder les réper- cussions de la physique, de la chimie et de la biologie sur la médecine, en particulier pour l'éradication des maladies. Les partici- pants se sont interrogés sur les progrès à attendre dans un futur proche et les tech- niques efficaces mais coûteuses qui les ren- draientaccessibles au plus grand nombre. La lutte contre les nouvelles maladies et la pollution, dès lors qu'elle est scientifiquement possible, devrait figurer parmi les priorités de la communauté scientifique. La théorie du big bang et l'accumulation de débris dans l'espace étaientdeuxdesthèmes abordés à l'atelier sur l'univers et l'espace (physique des particules), où l'on a aussi

parlé de philosophie, de cosmologie et de mythes grecs. L'histoire de l'univers, son passé, son présentetson avenir, constituait un point de départ logique, mais le big bang a suscité le scepticisme pour être trop sim- pliste et pas assez prouvé. Dire que l'univers est en expansion est un lieu commun. Mais, ont demandé les participants, est-il vraiment infini? Et s'il ne l'est pas, queva-t-ilse passer? De l'avis général, l'observation et l'expéri- mentation sont plus que jamais nécessaires. Du «quoi»etdu «comment» au «pourquoi», il n'y avait qu'un pas, et L'atelier a exploré les domaines de la philosophie et de la cos- mologie. Les participants ont demandé que les jeunes du monde entier soient informés des avantages et des risques de la recherche spatiale. Ils ont suggéré la nécessité de mettre en commun les ressources de tous les pays pour faire progresser la recherche, de protéger la Terre contre les menaces internes et externes comme les collisions de satel- lites et de débris, et de légiférer pour que tous les pays soient informés des dangers. Ces réflexions sur l'espace ont débouché sur des conclusions bien terrestres: «Après tout, a remarqué un des participants, notre planète est la seule du système solaire où la vie telle que nous la connaissons est possible». Et pour que la vie soit possible sur Terre, il faut préserver L'air et l'eau, ses ressources les plus précieuses, réduire la pollution, et protéger la vie végétale et animale de ses écosystèmes.

Tout aussi importantes étaient les questions traitées par les deux autres ateliers. Les nou- veaux outils de télécommunication (télévi- sion, téléphone portable, Internet, etc.) devraient en théorie améliorer la compré- hensioninternationale,ontconvenutous les participants à L'atelier sur la communica- tion planétaire. Comme elles restent le pri- vilège des pays industrialisés, elles semblent malheureusement aggraver le fossé entre le Nord et le Sud. Les participants ont exprimé l'espoir que ces outils soient bientôt mis à disposition des pays défavorisés, afin qu'ils

puissent combler leur retard technologique. Les connaissances scientifiques ettechnolo- giques seraient ainsi accessibles aux élèves sur Internet.

Les participants à L'atelier sur L’eau se sont montrés avides d'information sur une res- source vitale et inégalement partagée. Le spectre de la pénurie a été évoqué. On a cherché des réponses à des questions telles que: «comment s'élaborent nos ressources en eau? comment se renouvellent-elles? La discussion s'est poursuivie sur le enjeux sociaux, écologiques et économiques des politiques de l'eau et des idées ont été formulées sur la façon de gérer l'eau sur une base durable en tant que patrimoine com- mun,etde protéger les espèces qui y vivent.

Apropos du developpement durable: le débat awès les ateliers

m

«Six milliards d'hommes et de femmes: la place de la science et des futurs scientifiques dans la recherche d’un développementdurablew tel était le thème débattu par les scientifiques et le groupe de six jeunes représentant chacun un atelier. Animé par une journaliste scientifique chevronnée, Marie-Odile Monchicourt, le débat a fait le tour des grandes questions abordées à la rencontre de Paris. La préoc- cupation dominante de tous les ateliers concernait cependant la fragilité de la pla- nète Terre et le bien-être des générations futures, donc le développement durable.

«Veau n'est pas une ressource illimitée». Jeunesetscientifiques ontexercéleuresprit sur cette autre problématique et suggéré des recommandations quant à la qualité de l'eau

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et à son utilisation rationnelle, aux activités de sensibilisation et à un contrôle plus strict des produits agricoles et autres à l'origine de la pollution de l'eau. «Améliorer l'éducation, améliorer l'accès à l'information>>. Internet est pour beaucoup la réponse au fossé qui sépare le Nord et le Sud en matière de communications, et un moyen d'encourager rapidement le progrès de l'éducation. «Oui à l'éthique, non au clonage»: cette formule a résumé l'attitude du plus grand nombre. La placedesfemmes dans la science, sujet parfois houleux, n'a été abordée que par l'atelier climat. Chacun des participants, en tant que scientifique et <<citoyen de la Terre», aura à affronter de difficiles défis. Une interaction plus poussée entre les diffé- rents domaines de la science, trop souvent compartimentée, aiderait les scientifiques et le grand public à relever ces défis.

Trouver des solutions ensemble: la table ronde Marie-Aimée Randot-Schell a présidé cette table ronde au cours de laquelle Pierre Lasserre, directeurdela Division des sciences écologiquesde l'UNESCO,aévoquéle dilemme de la souveraineté face à l'écologie. D'accord avec les jeunes participants sur la nécessité de pénaliser les pays pollueurs, il s'est néan- moins interrogé sur la mise en cause du sacro-saint principe de souveraineté de l'Etat-nation, des problèmes comme l'effet de serre ou la déforestation se posant à l'échelle mondiale. M. Lasserre a souligné que dans certains pays du Sud, la déforesta- tion était souvent le fait d'autres pays plus favorisés.

Mm' Randot-Schell ayant rappelé le slogan «les forêts sont les poumons de la Terre», M. Lasserre a précisé que 70% de l'oxygène de notre planète est produit parles océans, dont la biodiversité est supérieure à celle des écosystèmes forestiers, en particulierdansles récifs coralliens. Les océans et le littoral ont un rôle essentielàjouer dans notre avenir.

Les scientifiques, hommes et femmes, doivent renforcer leur esprit de coopération, avec le soutien des politiciens, du grand public et des organisations internationales, a déclaré M. Lasserre. Les questions débattues à cette table ronde, a-t-il ajouté, ont déjà été posées, mais les réponses ont été plus évasives.

Claudie André-Deshays la Terre est une petite planète is&e dans un cosmos tr&s obscur,

protégée par une toute petite couche d’atmosphère. Je peux en témofgner pour ravoir vue de l’espace. L’atmosphère et l’eau, comme d’autres ressources, sont limités: ii faudra savoir tes gérer le mieux possible.

I:

L'inégalité entre les pays affirmée dans la déclaration des jeunes participants est un bon point de départ:«les grandes questions humanitaires doivent être posées et de plus en plus, vous serez appelez à y répondre».

31 --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Accroître la proportion de femmes dans le monde scientifique en changeant les mentaliiés et en ciblant l’enseignement scientifique «La science c’est le pouvoir et le pouvoir, dans presque toutes les sociétés, appartient aux hommes». Cette évidence a été rappelée à la rencontre de Paris par Geneviève Fraisse, Déléguée interministérielle aux droits des femmes et directeur de recherches au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), lors d’un débat sur les femmes et la science.

Combattre les préjugés à l’égard des femmes et promouvoir la parité entre les Geneviève Fraisse. CNRS

sexes est particulièrement important dans le domaine scientifique. En ce sens, les organisateurs de la rencontre avaient veillé à ce filles et garçons soient présents en nombre égal. Dans le cadre de la campagne «Scientifiques du

futur», l’UNESCO propose d’organiser des concours sur le thème «Allez les filles!» (Corne on Girls), destinés à récompenser des projets scientifiques conçus par celles-ci. Des initiatives doivent être prises concrètement pour cibler les filles dans l’enseignement scientifique; si L’on améliore cet enseignement ainsi que leur orientation professionnelle, les filles devraient être plus nombreuses à choisir les sciences. Le vrai

progrès, toutefois, passera par un changement des mentalités quant au rôle Renée Clair, UNESCO

des femmes dans la société et par une coopération plus étroite entre les hommes et les femmes. Geneviève Fraisse et Renée Clair, responsable du projet «Les femmes, la

science et la technologie» à la Division des sciences fondamentales de l’UNESCO, ont évoqué leur propre expérience en parlant des femmes, de la science et du pouvoir politique. Renée Clair présidait le débat avec Elizabeth Khawajkie, coordinatrice internationale du Réseau du Système des Ecoles associées de l’UNESCO.

Débat: les femmes et la science. aujourd’hui ét demain Geneviève Fraisse Entré dans les mœurs comme en France ou inexistant comme dans beaucoup de pays, renseignement mixte n‘est pas une garantie d'égalité, a fait observer Mm' Fraisse. Néanmoins, il peut aider à créer les condi- tions de cette égalité. Les filles sont sou- vent meilleures que les garçons à l'école et auxexamensdefin descolarité.Mais cela ne suffït pas, a-t-elle ajouté en faisant allusion aux difficultés que rencontrent ensuite les femmes pour conjuguer leur vie profession- nelle et leurs engagements familiaux: le succès doit être là aussi sur le plan social et scientifique. Les filles devaient être plus nombreuses dans des professions ont elles pourraient utiliser leurs connaissances scientifiques. A cet égard, l'orientation professionnelle est cruciale. Mm' Fraisse reconnaît avoir été influencée par le nom de l'établissement où elle a fait ses études, le Lycée Marie Curie;

Claudie André-Deshays

ce nom lui a permis de s'identifier à une femme et à une scientifique. L'absencedesfemmesen politiqueestregret- table. «Comment espérer que les sciences deviennent accessibles aux femmes si tous les postes de décision leur sont fermés?» La société et la science seraient-elles diffé- rentes si les femmes et les hommes y étaient représentés à part égale? «Je crois les femmes capables d'allerjusque- là, a conclu Mm' Fraisse. Nous pouvons nous demander, dès lors, comment elles transfor- meront la science. Il ne leur faudra pas seu- lement être bonnes élèves. Nous devons entrer dans le XXI’ siècle avec l'idée que les femmes doivent accéder non seulement à la théorie mais, ce qui est essentiel, à la pra- tique scientifique».

Renée Clair Tranchant sur l'optimisme des autres partici- pants de la rencontre de Paris quant à L'éga- lité des chances entre filles et garçons, Renée Clair a montré, statistiques à l'appui, que cette égalité est loin d'être une réalité dans certaines régions du monde. En biologie, on trouve un nombre égald'étu- diants et d'étudiantes. Les filles sont même quelquefois majoritaires. Mais dès qu'il s'agit de postes à responsabilité, elles restent une minorité. Avec 16%, leur proportion est en France relativement élevée.

Je suis cosmonaute et mon “. mari tu&. Nous avons une petite fille de deux Jnois et L

demi. Donc, il est po&Me de garder une ! vie de famille. Dans la prochaine miMon avec nos collègues russes, je serai la «doublure» de mon mot+: je prendroi la nel&e en cas de prob&by~ Nous ~~&MIS parti”r en Russie avec notre @te jWee On peut ~qww uloe ~~~~~Sa~~. Il y a des choix à faim ma& C@H pss&&!

Claudie André-Deshays est décorée de la médaille Marie Curie par le Directeur général de l’UNESCO

Autre exemple:six seulement des 59 lauréats de prix scientifiques décernés par l'UNESCO sont des femmes. «Nous ne sommes pas là simplement pour nous faire de la publicité, a dit M"' Clair. Ce n'est qu'un début. Regardez autour de vous» (Il y avait natu- rellement autant de filles que de garçons). «Aux réunions scientifiques, je regarde sys- tématiquement autour de moi, et je vois toujours 5, 10 ou 15% de femmes. Autant dire que je compte sur vous!» Présentant le travail du projet «Les femmes, la science et la technologie», qui organise des forums régionaux pour déterminer les causesd'uneinégalitévatiabled'un continent à l'autre, Mm' Clair a expliqué que l'UNESCO s'efforçait de se faire une représentation pré- cise de chaque région avant la Conférence mondiale sur la science, afin de lancer des initiatives visant à améliorer renseignement scientifique à l'intention des filles. Mm’ Clair s'est adressée aussi aux garçons. Ce sont les mentalités qui doivent changer, a-t-elle affirmé; il ne suffit pas de dire aux filles: allez-y! Il faut anticiper les difficultés, professionnelles et autres. «Donc, allez-y! a-t-elle conclu. D'autres l'ont fait. Je l'ai fait moi-même. Allez-y, et si nous pouvons avancer à l’échelle internationale, nous n'au- rons pas perdu notre temps!»

Paroles de filles Les filles présentes à la rencontre avaient leur mot à dire sur l’égalité entre les sexes. Extraits. A l’école, les filles travaillent souvent mieux que les garçons: «Même si je suis malade, en rentrant je vais me débrouiller pour terminer mon cours, Les garçons sont très jaloux,ils ne supportent pas qu'une fille soit meilleure qu'eux. Ils me disent: tu sais que demain tu vas te marier, avoir un mari, fiche-nous la paix au lieu de ramasser les meilleures notes» (Adelin Yameogo, Burkina Faso). «Dans mon école les filles sont plus nombreuses en sciences. Les garçons ne travaillent pas assez pour arriver à notre niveau» (Nadine Scotland, Ste-Lucie).

Loin de rejetertoute la faute sur une société sexiste, les filles admettent leur part de responsabilité. «Les filles ont peur. Elles pensent que la science, c'est trop com- pliqué» (Bryone Vermeuln, Afrique du Sud). «Les filles se sous-estiment un peu. Les garçons ont plus ten- dance à essayer, même s'ils n'ont pas les capacités tout de suite. Les filles se disent: je nevais pas en être capable, doncje n'essaye pas» (Hélène Scour, France). «J’ai choisi de défier les gar- çons:poureux, une fille ne peut pas réussir en terminale C» (Adeline Yameogo, Burkina Faso).

Toutes reconnaissent que les parents ont un rôle déterminant en les encourageant dans une voie difficile. «J'ai la chance d'avoir des

Comme Nadine Scottand de Saint- Lucia. beaucoup d’étudiants ont amené leur costume national à la rencontre de Paris

La médaille Marie Curie «Il s’agit de La 43@ m&daiUe r(éalisée par YUN ESCO, mais de la prem@re consacrée 8 l’twvre d‘une femme», a fait observer Federko Maya, Mrecteur général de l’UNESCO, en remettant la m6dailCe Marie Curie à Claudie~ An&Meshays, cosmonaute française, à GeneMve Fraisse, Léguée intermi- nistérielle aux droits des femmes et directeur de recherches au CNRS et - prkisant qu’ecle n’était pas réservée aux femmes - a Ren6 Bimbot, secré- taire général du Haut Comit6 national f+ançais pour le centenaire de la découverte de la radioactivité. Les médailles ont &é prksentées Le 24 avrif 1998 à la cérémonie de clâture de la rencontre Snterna- tionale de Park

parents qui veulent que je travaille et que je fasse quelques chose de bien» (Asra Sabeen, Pakistan).«Mes parents sont très fiers de mon choix» (Balkhissa Konate, Côte d'ivoire). «Mes parents m'ont laissé choisir. Il n'y avait pas de différences entre garçons et filles dans la famille» (Maha Rizk, Egypte).

Ont-elles conscience d'avoir plus de choix que leurs mères? «De plus en plus de filles s'inté- ressent aux sciences. Nous sommes 39 en classe, c'est la première fois qui'1 y a autant de filles dans une première C» (Colombe N'zore, Côte d'ivoire). ((D'habitude en termi- nale Ciln'ya pas defilles.Cette année on est trois sur douze élèves. Les gens disent que c'est un événement» (Adeline Yameogo, Burkina Faso). «Nos mères n'étaient pas moins intéressées; mais elles n'avaient pas autant d'opportunités et il n'y avait pas

autant d'écoles» (Nadine Scotland, Sainte- Lucie). «Dans les villages, beaucoup de femmes intelligentes, qui pourraient réussir, n'ont pas l'occasion de sortir et d'étudier. Mais si vous regardez comment elles tiennent leurmaison,vous comprenezce qu'elles pour- raient faire si on leur en donnait l'occasion» (Asra Sabeen, Pakistan).

Y a-t-il une vocation féminine à aider autrui? Toutes semblent motivées par le besoin d'êtres utiles à la société plutôt que d'avoir un métier prestigieux ou lucratif.«Je pourrais contribuer à diminuer les problèmes de l'eau dans mon pays» (Adeline Yameogo, Burkina Faso).«Jeveux être une bonne gynécologue et m'occuper d'autres femmes, pour qu'elles aient une vie saine, des bébés sains>> (Desyi Indriani, Indonésie).

35 .-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------.

Surtout, les filles d'aujourd'hui ne cherchent à prendre aucune «revanche» sur les garçons. Qu'elles croient ou non à une vision féminine du monde, elles nesevoientpas comme leurs rivales mais plutôt comme leurs alliées. «Je nevois pas une différence énorme de percep- tion entre hommes et femmes. Si on allie le travaildes femmes avec celui des hommes, ça fait plus de scientifiques» (Melissa Adoum, Equateur). «Nous percevons les choses diffé-

Pourcentage de femm 5! scientifique et techno

dans l’enseignement supérieur ,O gique (1990)

remment des hommes. En joignant les deux visions, nous pouvons faire mieux marcher le monde» (Nadine Scotland, Sainte-Lucie).

Le motde la fin revient à Ana Carolina Pontes, du Brésil: «je ne pense pas qu'une femme puisse faire la différence. Mais un groupe, oui».

D’après Nadia Khouri-Dagher, Sources UNESCO, n”103, juillet-août 1998

010 1970 1980 ‘1 1990

Afrique Europe Asie/

de l’ouest Pacifique Europe de l’est

37 .--____-________________________________----------------------------------------------------------------------------

pJlg@g Promouvoir les applications éthiques et humanistes de la science par la coopération et la solidarité internationales

.e «Village» du CERN wec son tunnel le 27 kilomètres le circonférence, à OOm de profondeur, Ibritant le plus Irand collisionneur les particules lu monde

Ce qu’ils en disent L’esprit de coopération et de solidarité internationale qui a marqué la rencontre de Paris a enthousiasmé les jeunes partici- pants. Beaucoup faisaient pour la première fois I’expérience d’une telle réunion inter- nationale. De façon frappante, leurs échanges ont eu lieu pour l’essentiel sous le signe de Ethique et de l'humanisme. Leur Déclaration reflète l’idéalisme de la

Un groupe visitant le CERN à Genève, Suisse

jeunesse: «Le pouvoir de la science étant illimité, un code international d’éthique devrait être établi sans tarder, en particu- lier pour expliquer les risques liés à la radioactivité et au génie génétique».

Zbigniew Jopek et Daniel Paluch, deux élèves polonais de 18 ans, résument très bien cet esprit de solidarité et de coopéra- tion internationale: «La rencontre de Paris nous a permis de voir d'autres jeunes, de discuter de nos préoccupations communes, de connaître d'autres cultures. C'était aussi l'occasion de tester notre niveau en langues étran- gères. Pendant les pauses, nous avons beaucoup parlé de nos pays et comparé nos systèmes scolaires. Nous avons aussi parlé politique ; beaucoup d'entre nous s'intéressaient aux moyens d'aider les pays en développement. Ces discussions nous

ont aidés à comprendre les problèmes de notre propre pays et à comprendre que nous, les jeunes, nous avons aussi une res- ponsabilité. Quoi que nous fassions, nous devons noussouvenirquele moindre effort pour protéger notre planète et ses habi- tants compte. Et nous n'avons pas le droit de rester indifférents à nos semblables.

Pendant cette rencontre, nous avons aussi goûté La cuisine de différents pays, et découvert les habitudes des jeunes d'autres cultures. Nous avons tous échangé nos adresses et nous nous sommes promis de rester en contact. Nous avons vu ici que la couleur de la peau, les croyances ou les opinions politiques n'empêchent pas les jeunes du monde dese comprendre. Le plus important, c'est d'être tolérant et de com- prendre que nous sommes tous égaux et que nous avons tous les mêmes droits. Nous vivons sur la même planète, c'est notre destinée commune, et nous avons le devoir de la protéger. Nous avons compris surtout que l'amitié et la collaboration entre les peuples sont nécessaires pour sauver notre planète».

«La rencontre de Paris m'a donné l'occa- sion de rencontrer de nouvelles personnes et de connaître leur culture», écrit Nadine Scotland, de Sainte-Lucie. «Je me suis découvert des qualités dont je n'avais pas conscience auparavant. J'ai pu parler aux autres de mon pays. J'espère les avoir aidé à mieux connaître les Caraïbes».

«J'ai aimé l'interaction entre les différents pays», dit Bryone Vermelilen, d'Afrique du Sud. «Tout le monde était très amical et c'était intéressant de connaître la vision des autres».

«J'ai compris que l'harmonie mondiale est la clef de l'avenir», ajoute Ali Hisham, élève pakistanais. «Cela m'a plu de ren- contrer des gens et de me faire des amis du monde entier».

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Une vie sociale et culturelle stimulante Une sortie culturelle au Louvre, une visite de Paris « by night» et une réception du ministre français des Affaires étrangères sur la Seine, au cœur de la capitale, ont agrémenté, entre autres, le déroulement de fa rencontre de Paris.

Parmi les autres activités proposées aux participants figuraient un dîner et une réception à l'ambassade polonaise à Paris, dans le cadre raffiné de L'ancienne résidence de Talleyrand, qui a suscité chez certains des élèves le qualificatif de «petit Versailles». Un jeune pianiste polonais, Tomasz Wojak, a donné un récital Chopin. Le dernier soir, à l'occasion d'un repas convivialdans un res- taurant chinois de la capitale, les organisa- teurs ont remis à chaque élève et à chaque enseignant un certificat attentant de leur participation à la rencontre.

L'hébergement avait été prévu pour per- mettre le maximum d'échangesentre partici- pants de diverses régions du monde et créer une ambiance chaleureuse où pourraient se nouer durablement de nouvelles amitiés. «Je n'imaginais pas une ambiance pareille», a dit ensuite un des élèves. «Tout le monde partageait le même intérêt pour la science du futur. Lesjeunes se parlaientdanstoutes les langues, français, anglais, espagnol, arabe... Chacun voulait communiquer et faire parta- ger ses sentiments et ses expériences. J'ai regretté de partir, mais je suis sûr que nous nous reverrons un jour».

L’ambassade

Un certain nombre de visites ont été orga- nisées dans le cadre de la rencontre pour permettre aux élèves et aux enseignants de mieux comprendre par eux-mêmes les enjeux de la science actuelle, et d’imaginer les solutions. Le contact avec d’autres scientifiques faisait partie de l’expérience.

Paris Les participants ont particulièrement apprécié la projection au planétarium refait à neuf du Palais de la Découverte. Sous un ciel étoilé, confortablement ins- tallés dans les sièges inclinables, ils ont écouté le commentateur bilingue les gui- der à travers les constellations, au son de musiques célestes. Il restaitdutemps pour visiter ce monument construit à la fin du siècle dernier pour populariser les grandes découvertes scientifiques auprès des jeunes et du grand public. Un repas médi- terranéen leur a été ensuite offert sur la mezzanine du musée par la Commission nationale française pour l'UNESCO.

l La Cité des sciences et de l'industrie, plus récente dans le paysageparisien,a accueilli un autre groupe dans ses vastes salles d'exposition haute tech- nologie,tandis que d'autres visitaient le Musée Marie

Palais de la Découverte. Paris

Curie sur les lieux mêmes où a travaillé la célèbre scientifique. «C'était extraordinaire d'entrer dans son bureau et de visiter le laboratoire où elle a fait des découvertes

Cité des Sciences et de l’Industrie. Paris

aussi importantes», a écrit ensuite un élève.

Normandie conférence sur l'état actuel de la recherche

D'autres participants ont laissé Paris pour la dans le domaine de la physique des parti-

Normandie, où certains ont exploré la ville cules. Le conférencier s'est montré impres-

de Cherbourg et d'autres ont visité les sionné par la qualité des questions posées

usines COGEMA de La Hague, qui retraitent par les élèves.

des déchets nucléaires venus de France même, des Pays-Bas, de Suisse, de Belgique,

Les participants ont pu descendre à 100 mètres dans le tunnel souterrain abritant le

d'Allemagne et du Japon, stockés dans d'énormes conteneurs de béton. Les élèves

plus grand collisionneurdu monde. Dans cet

se sontfaitexpliquer le processus de vitrilï- anneau de 27 km de circonférence, électrons

cation des déchets, renvoyés ensuite dans et positrons accélérés en sens opposé génè-

leur pays d'origine. rent une énergie de 100 milliards de volts! Les scientifiques cherchent à détecter et

Le groupe de visiteurs de L’Accélérateur «observer» ces collisions électrons-positrons

national d’ions lourds (GANIL) a pu qui ont beaucoup fait progresser notre com-

constater sa contribution au progrès de la préhension des lois de la physique.

connaissance dans les domaines de la phy- sique nucléaire et atomique et de la matière

Elèves et enseignants ont eu, toute une

condensée. L'accélérateur réalise la fission journée durant, une occasion unique de ren-

de l'atome en analysant les explosions contrer des scientifiques de haut niveau.

nucléaires contrôlées qu'elle provoque. Inévitablement, les discussions ont tourné autour de questions aussi fondamentales

L'autre groupe s'est rendu à Caen où il a visité que les origines et le destin de l'Univers. A

le Mémorial de la seconde Guerre mondiale l'étonnement des élèves, les scientifiques

montrant des films et des documents sur le ont admis en toute honnêteté ne pouvoir

confliteten particulier le débarquement de répondre à beaucoup de leurs questions,

Normandie. Lespritdu Mémorialestde com- qu'il y avait plus de choses qu'on ignore que de choses dont on est sûr, et ils ne font

prendre la guerre pour consolider la paix; une galerie y est consacrée aux prix Nobel et

qu'explorer diverses théories.

il possède un «jardin de la paix». Les parti- cipants se sont déclarés heureux de décou-

Frappés par cette remarque, les élèves ont

vrir une autre partie de la France. exprimé à quel point ils se sentaient tous solidaires d'une même quête : pénétrer les secrets de l'univers, les mystères de sa

Genève (Suisse) Un plein car de participants a traversé la domaine couvert par la physique des parti-

frontière pour se rendre en Suisse, oùila été cules, ils ont partagé la passion des scien-

chaleureusement accueilli au Laboratoire tifiques pour leurs recherches.

européen pour la physique des particules (CERN) dansle«village»situéàla périphérie Une brève visite très appréciée de la ville

de Genève. de Genève a clos cette sortie exceptionnelle qui a élargi leur horizon sur un autre pays

Le lendemain, après une brève présentation d'Europe.

de l'importance du laboratoire, les visiteurs se sont rassemblés dans l'un des auditoriums les plus prestigieux du CERN pour une

naissance et peut-être de sa mort. En découvrant l'immensité et la complexité du

Le Laboratoire eurapéen pour la physi ue

des particules ( e ERN) Le LabomWre européen pour. La physique des par- ticules est le plus grand centre de ce type au monde. Cr& en 1954, il s’agissait alors d’une des premières ceentreprises europ.&ennes; il constitue aujourd’hui un magnifique ex&npe de eoopératiun internationale, avec 19 États participants. IL offre aux chercheurs des instaltatfens‘scientMaues de pointe: ac&&ateurs amenant des particules infimes a une vitesse proche de celte de la lumière et d&cteurs rendant ces partMes visible& Le monde doit au CERN des avancées aussi diverses que t’imagerie médicale et La Toile mondiale. Mais les scientifiques respansabks de ces avancées ne s’intéressaient pas à la médecine ni aux ordina- teurs. Leur seule motivation était de progresser dans leurs rectrerches, Les expériences menés au CERN sont uniques dans lWst&a de la xience. Consues et réaLisées par des centaines d4 scienti- tiques, grandes comme des maisons, etles fctnc- tiennent jour et nuit pendant des m&, voire des années.

Visite au Laboratoire européen pour la physique des particules (CERN)

Le CERN emploie presque 3000 perwnnes qui cou- vrent un vaste éventa% de cumpétunces: ing&ieurs, techniciens, artisans, a~~n~~~~~, secrétaires, cttmiers. Pas mdqs de ~~~~~~~, la moitié des sR&iaWes mondiaux k@ ,k #@que das par- ticules, re-tant 500 unis et 80 nationa- Ré5 dW&en&~, y font joue 6qaLement un r6Le im ment, technique supkteur eit’@@rwmt une vaste gamme de formatcons. Le CERN est implanti à La fr&We de La France et de La Suisse, à la sortie de CW&e. Cette impUrta- tien symbolise L’esprit de ~~~~Un internatio- naLe qui est La cLef de sa

source: C&&v

pour les élèves et les enseignants Un questionnaire a été distribué aux élèves et aux enseignants présents à la rencontre de Paris afin d’en évaluer l’impact, de voir si elle les avait poussés à agh- dans leur propre pays et de les inviter à partager leurs vues et leurs idées. Echantillon de leurs réponses.

«Je vais promouvoir la science dans mon école. J'essaierai aussi d'amener des élèves du primaire avec moi dans la réserve de bio- sphère où je fais du bénévolat, pour leur donner un aperçu du travail dans l'environ- nement». «Il faut changer le système pour inscrireau programmedavantagededomaines scientifiques traitant des problèmes actuels de l'environnement. Il faudrait aussi déve- lopper le travail sur le terrain pour mieux se rendre compte. Etilfaudrait des fonds sup- plémentaires». «LUNESCO pourrait proposer aux écoles des protocoles à suivre».

~Les responsables devraient confier aux jeunes une activité de surveillance et leur faire collecter des données scientifiques». Christine Rikley,élève, Canada.

«J'ai toujours été aux côtés de mes élèves

filles, à chaque étape et à tous les instants. Je les encouragerai toujours etpartoutoùje pourrai».

Laima Kalvaitene, professeur, Lithuanie.

«Je vais essayer de faire organiser par mon

école davantage de visites d'installations scientifiques, ainsi qu'une exposition scien- tifique annuelle à laquelle participerait une bonne proportion de filles». «L'UNESCO peut avoir une influence sur les autorités de notre pays en organisant d'autres Rencontres de Paris et en œuvrant pour la culture scientifique dans les pays en développement». «Pour intéresser plus de jeunes à la science, il serait possible d'organiser des échanges internationaux entre élèves. Des élèves de pays développés viendraient deux mois dans un pays en développement pour sensibiliser les élèves de ce pays. Les élèves des pays en développement iraient aussi dans les pays développés pour se familiariser». Ali Hisham, élève, Pakistan.

Les jeunes élèves en science des Écoles Associées de l’UNESCO n’ont pas manqué de se faire des amis à la rencontre de L’UNESCO à Paris

43 -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------.

«Je défendrai un programme de sciences plus adapté et le recrutement de professeurs de sciences dans les écoles primairesde mon pays, etje continuerai à m'améliorer profes- sionnellement pour que mon enseignement soit plus efficace». «La plupart des établissements secondaire ont des laboratoires de sciences peu équipés. Les autorités devraient participer davantage à leur entretien>>. «Les autorités pourraient lancer des pro-

grammes orientés vers les jeunes. Un musée des sciences (pas nécessairement comme celui de Paris)estun bon exemple. La science

est un domaine passionnant qui intéresse naturellement les jeunes enfants. Mais cet intérêt peut vite retomber. Tous les pays sont capables de créer un musée scientifique valable ». David Samuel, professeur, Sainte-Lucie.

«Je suis contente d'avoir vu comment on travaille à un haut niveau. Je me suis rendu compte que ce que nous apprenons à L’école n'est qu'une toute petite partie de l'immen- sité du savoir». «Trop de filles ont peur d'affronter les défis qui nous sont posés du fait de notresexe.Je

parlerai à mes camarades filles pour qu’elles le disent aux autres plus jeunes ; je saisis maintenant l'importance desfemmesdans la société 9. «On devrait faire plus de jeux scientifiques

pour les enfants. Ils apprendraient en s'amu- sant». «Des tas de gens croient qu'ils sont seuls à se battre pour réussir. On devrait faire savoir partout que beaucoup de jeunes relèvent le défi de se qualifier en sciences». Bryone Vermelilen, élève, Afrique du Sud.

«Les élèves qui sont venus à la rencontre de Paris sont vraiment décidés à devenir des scientifiques. Ils ont les connaissances et I'esprit pour cela». «Je n'oublierai pas la fin de la rencontre.

Nous avons assisté à quelque chose de très important, la remise de la nouvelle médaille Marie Curie. Toute l'assistance semblait unie dans un même élan, prête à travailler pour les autres et pour le bien de l'humanité)). «Je rassemblerai les élèves de mon éta- blissement pour leur parler de la rencontre. J'essaierai de transmettre des informations sur celle-ci à d’autres écoles d’Almaty et à la Commission nationale kazakh pourl'UNES0, etje poursuivrai le programme d'éducation écologique et de recherche sur la biodiver- sité de notre club scolaire d'écologie)). Rahima Kuashbayeva, professeur, Kazakhstan.

Nous avons trouvé les débats entre jeunes du monde entier et scientifiques de diffé- rentes disciplines et nationalités très inté- ressants. Un grand nombre de thèmes ont été abordés, mais l'accent a été mis surtout sur le rôle des femmes dans la science du futur. Les ateliers étaient axés sur les grands problèmes de la science et de la société: la radioactivité, l'eau, le climat, etc. Nous avons découvert le point de vue des autres participants et recueilli des informations pointues du groupe de scien- tifiques qui animait les débats. Outre les réunions et les ateliers à L'UNESCO, nous avons visité des lieux de Paris illustrant le thème de la rencontre. A la Villette et au Palais de la Découverte, nous avons vraiment été «touchés» par la science. Chacun sait que la science joue un rôle très important dans notre vie mais après cette visite, nous étions convaincus

que sans progrès scientifiques, la vie serait dure. La réception donnée par l'ambassa- deur polonais en France était une occasion très spéciale pour nous, élèves polonais. Nous avons été fiers d'entendre le récital donné par notre jeune compatriote. Zbigniew Jopek et Daniel Paluch, élèves, Pologne.

J’ai fait une des mes expériences les plus mémorables quand on m'a demandé, ainsi qu'à deux garçons, d'interviewer deux femmes scientifiques. Deux journalistes nous ont d'abord donné des conseils sur le type de questions à poser. Nous croyions être à court de questions mais en fait, nous n'avons pas eu assez de temps pour

posertoutes les questions que nous avions préparées. La sortie en Normandie m'a bien plu aussi. Elle m'a permis de découvrir une autre par- tie de la France. J'ai visité l'accélérateur de particules deGani1, unetechnologieinconnue dans mon pays. La visite de la centrale nucléaire a dissipé mes craintes au sujet de l'énergie nucléaire et j'ai eu un nouvel aperçu des utilisations de la radioactivité. De retour à Sainte-Lucie, je suis passée à la radio pour présenter mon voyage. J'essaie de parler aux professeurs de mon ancienne école des problèmes que nous avons abordés et de les convaincre que les matières scientifiques doivent être plus interactives. Je pense que c'est un aspect essentiel pour qu'elles attirent les élèves. C'était un privilège pour moi de représenter mon pays à la rencontre de Paris; peu ont eu cette chance. Je me suis rendu compte que les adultes s'intéressent aux opinions et aux idées des jeunes. Cela nous aidera à admettre que nous sommes les respon- sables de demain, et que nous ne devons pas forcément atteindre demain pour chan- ger les choses. Nadine Scotland, élève, Sainte-Lucie.

La rencontre La rencontre d@ Paris dans de Paris dans

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scienti~ques franco-chhaisa scienti~ques franco-chhaisa

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45 .----------__-------------------------------------------------------------------------------------------------------

La campagne continue 5 lignes directrices La rencontreinternationale de Paris a mis en lumière L'attention portée parlesjeunes aux problèmes de la science et de la société et leur volonté de prendre part à la campagne internationale de l'UNESCO«Scientifiquesdu futur: les nouvelles frontières du savoir». Les cinq lignes directrices de la campagne sont les suivantes:

I-Instaurer le dialogue avec les scientifiques sur les grands problèmes de la science d'au- jourd'hui et de demain.

II- Mieux connaître les hommes et les femmes à qui nous devons les grandes recherches, explorations et découvertes scientifiques.

III- Réfléchir sur la dimension éthique de la science au service du bien-être de l'humanité et de notre planète.

IV- Visiter des sites scientifiques (laboratoires, centres de recherche, musées, observatoires).

V- Poursuivre desétudes scientifiques pouren faire une profession.

L'UNESCO invite les Etats membres à faciliter la participation de leurs Ecoles associées à la campagne et à entreprendre les activités suivantes:

l Ouvrir le dialogue avec des scientifiques sur les grands problèmes de la science d'au- jourd'hui et de demain.

l Instaurer des partenariats avec des éta- blissements et des musées scientifiques pour menerconjointementdes expériences et des projets.

l Trouver un parrainage de profiladapté pour des prix scientifiques destinés aux des filles.

l Convaincre des personnalités remettre ces prix afin d'assurer la couverture par les médias.

l Organiser des projections de films et de vidéos scientifiques.

l Visiter des lieux d'intérêt scientifique.

l Créer des partenariats avec des maisons d'édition en vue de la production de dossiers thématiques et de publications à thème scientifique.

l Ouvrir un débat sur des sujets concernant la science et la société.

l Lancer un concours scientifique «Allez les filles ! »

l Lancer un concours récompensant des uti- lisationsinventives de ressources quotidiennes et de matériaux recyclés.

l Faire participer les jeunes à tous les évé- nements présentant un intérêt scientifique.

l Rechercherdes donateurs pourfinancerdes bourses permettant aux élèves doués et en particulier aux filles de choisir des études et des métiers scientifiques.

l Organiserdesjournées scientifiques natio- nales ou régionales.

l Jumeler des classes de sciences de pays différents.

l Démarrer un échange d'expériences entre professeurs de sciences et élèves de diffé- rentes écoles.

l «Pleins feux sur la recherche»: promouvoir les recherches réalisées par dejeunes scien- tifiques et en particulier par des femmes.

l Organiserdesactivités pourréunirdesfonds afin d'équiper les établissements scolaires qui ne peuvent se permettre d'avoir un laboratoire de sciences.

l Informer la presse et les autres médias de toutévénementconcernant la campagne.

De Paris à Budapest... . . . d'une rencontre internationale de scienti- fiques du futur à une conférenceintergouver- nementale d'éminents scientifiques.

En juin 1999, l'UNESCO et le Conseilinter- national des unions scientifiques (CIUS) ont organisé à Budapest, Hongrie, en colla- boration avec de nombreux autres parte- naires, une conférence mondiale sur le thème: La science pour le XXI’ siècle, un nouvel engagement. Deux des jeunes participants de la rencontre internationale de Paris ont été choisis pour représenter les jeunes scientifiques à Budapest. Une brochure sur la rencontre de Paris, intitulée «La science, ça compte», y a été également distribuée.

Les participants à cette confé- rence ont fait le bilan des grandes réussites de la science en mesu- rantleurimpactsur le dévelop- pement économique, social et culturel de notre société.

C'était l'occasion de donner un nouvel élan au progrès scienti- fique et technologique au ser- vice du développement, de la protection de l'environnement et de la réalisation d'une culture de la paix. La conférence s'est penchée sur la situation actuelle des sciences exactes et natu- relles, sur leur finalité, sur leur impact social et sur ce que la société attend d’elles. Elle a identifié les efforts nécessaires pour que le progrès scientifique réponde à ces attentes et relève les défis du développement social et humain.

Concernés au premier chef par les straté- gies du prochain siècle, les jeunes ont le droit d'exprimer un avis sur notre avenir, en particulier les adolescents de 14à 16 ans à l'âge des choixcruciaux pour leurs études et leurs carrières.

La rencontre de Paris «les scientifiques du futur», la campagne qu’elle a lancé et les discussions et activités qui s'ensuivront dans les Ecoles associées du monde entier habilitent les jeunes à contribuer à cet important débat. Il faut compter sur la motivation et la maturité mises en lumière à Paris. De nombreux acteurs ont participé à la Conférence mondiale sur la science pour le XXI' siècle, mais s'il est une caté- gorie d'acteurs appelée à tenir un rôle dans notre avenir, ce sont certainement ces futurs scientifiques.

5cience Matters For Girls and Boys

an international encounter and a world campaign

La science, ga compte po”rfillse et garqons

47 .-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Conférence Mondiale sur La Science, Budapest, juin 1999 Une déci a

rande alliance entre communautés scientifiques, eurs politiques et société civile

La Conférence mondiale sur la science, organisée à Budapest en juin 1999 a poséles bases d'une alliance mondiale entre les communautés scientifiques, les déci- deurs politiques et la société civile en vue d'augmenter les ressources pour la recherchescientifique,defavoriser le partage des connaissances et d'amener la science et la technologie à travailler de façon responsable, avec une claire vision éthique, afin de surmonter et de prévenir des problèmes de société potentiellement désastreux.

Intitulée La sciencepourleXW siècle, un nouvel enga- gement,cette conférence a été,durantsixjours, le forum d'un large débat sur les principaux thèmes liés à la science et à la société et a abouti à deux documents une Déclaration et un Agendapourlascience- Cadre d'action, des plates-formes sur lesquelles édifier l'avenir de la science, de la recherche et des relations entre la science et la société au cours du prochain millénaire.

Quelque 1800 personnes del55 pays - dont90 ministres et ministres délégués chargés de la science et/ou de la recherche - ont participé à la Conférence. Des organisa- tions non gouvernementales nationales, régionales, internationales, et intergouvernementales concernées par la science étaient également présentes.

Les participants sonttombés d'accord sur quelques prin- cipes de base et priorités à respecter dans le choix de politiques à tous les niveaux: les implications éthiques de la science; la nécessité de préserver le partage des connaissances malgré les pressions contraires de l'indus- trie; la nécessité de maintenir un équilibre entre la recherche fondamentale et la recherche appliquée; l'amélioration de l'image de la science, ainsi que l'amé- lioration de la participation du public; le renforcement de l'enseignement scientifique et de la recherche partout dans le monde, en particulier dans les pays en dévelop- pement: Yabolition des barrières et des stéréotypes qui

font obstacle à la participation des femmes à la science: la nécessité de mettre la science au service du dévelop- pement durable, de la paix et de la démocratie.

Au cours de la réunion sur le thème «La science: réponse aux besoinsfondamentauxde l'homme», les participants ont appelé la communauté scientifique à s'engager davantage face aux besoins en matière de santé, de sécurité alimentaire, d'approvisionnement en eau, d'énergie et de logement. Ils ont souligné la nécessité pour chaque pays de définir son propre calendrier de développement selon ses besoins spécifiques. Le déficit de culture scientifique de base a été au cœur de la réunion «Enseignement des sciences» qui a mis en relief le lien entre le manque d'une compréhension scientifique de base du public et sa réticence à encourager les sciences. Les participants ont demandé que l'accent soit davantage mis sur tous les niveaux d'éducation scientifique, dès la maternelle.

Les priorités des participants ont trouvé un écho lors de la cérémonie de clôture, dans le discours du Directeur général de l'UNESCO, Federico Mayor: «Nous devons apprendre à pratiquer la démocratie à un niveau nouveau. Un niveau où chaque acteur du parte- nariat science-société est respecté: où il existe une interaction permanente entre sciences naturelles et exactes et sciences sociales, où la communication de la science devient un processus d'échanges dans les deux sens entre la science et la société, entre la science et les hommes politiques». Il a ensuite plaidé pour «un débat d'une intensité, d'une créativité, d'une rigueur morale, et d'une hauteur intellectuelle, telles qu'il puisse être considéré comme une Renaissancesociale, politique [...] et scientifique».

Le Directeur général de l'UNESCO a appelé les jeunes à prendre conscience que la science pouvait être «un support à leuridéalisme, un vecteur pour créer un monde meilleur». Mais «d'abord et avant tout», a-t-il dit, «l'acquis de la Conférence doit trouver une concrétisa- tion dans les politiques nationales». S'adressant aux membres de gouvernement présents, il les a invités à «inscrire durablement la science sur les agendas poli- tiques».

Remerciements Organisateurs UNESCO Haut Comité National français pour le Centenaire de la Découverte de la Radioactivité Commission nationale française pour l'UNESCO (CNF) Commission nationale polonaise pour l'UNESCO

Comité d’organisation A.M. Adiceom (AEFE), R. Bimbot(INZP3/CNRS), P. Boulanger (Pour la Science), M.Bordry (Musée Curie), S. Boyer-King (CIUS), N.Calder(CERN), R. Clair (UNESCO), A. Debbouze (VIAS), N. Degouy(IN2P3/CNRS), B. Despiney-Zochowska (CNRS), M.Guerchon (CNF), E. Khawajkie (UNESCO), C. Keller, C. Lapeyre (MAE), R. Marcellin (CNRS), J.P. Martin (CNF), S. Niedermayer (UNESCO), T. Parturle (CNRS-audiovisuel), M. Pollak (CEA), H. Ratajczak (Académie polonaise des sciences à Paris)

Partenaires Académie polonaise des sciences à Paris Agence pour l'enseignement français à l'étranger(AEFE) ANDRA - Agence nationale française pour les déchets radioactifs CEA - Commissariat à l'énergie atomique CERN - Laboratoire européen pour la physique des particules COGEMA - Compagnie générale des matières nucléaires Conseil International des Unions Scientifiques (CIUS) CNRS - Centre national de la recherche scientifique EDF - Electricité de France Framatome France-Télécom. Division Multimédia Institut Curie Institut National de Physique Nucléaire et de Physique des Particules (IN2P3) Ministère français des affaires étrangères (MAE) Office d'Annonces (Oda) Pour la Science Sécrétariat d'Etat à la coopération, France

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Le réseau du Système des Écoles associées de l’UNESCO (ReSEAU) IL rassemble quelque 5600 écoles de 162 pays du monde pour la réalisation de projets pilotes et d'activités expérimentales visant à promouvoir la compréhension internationale et une culture de la paix. Le RéSEAU dispose de plusieurs moyens d'information pour mobiliser les Ecoles associées: Bulletin, site web, publications. La campagne mondiale ((Scientifiques du futur» sera menée avec le concours du RéSEAU et en collaboration étroite avec le Secteur des sciences de l'UNESCO (Division des sciences fondamentales).

Contacts Elizabeth Khawajkie / Sigrid Niedermayer Renée Clair Système des Écoles associées de l'UNESCO UNESCO, Secteur des sciences 7 place Fontenoy, 75352 Paris 07 SP 1 rue Miollis 75352 Paris15 Tel: (33)1.45.68.10.89 (or 80) Tel: (33)1.45.68.36.10 Fax: (33)1.45.68.56.39 Fax:(33)1.45.68.58.18 E-mail: [email protected] E-mail: [email protected]

Rédaction: Elizabeth Khawajkie - Jean O'Sullivan

Relecture: Sgt-id Niedermayer

Graphisme : Emmanuel Georges

Traduction: Annick Renan

Impression: Gyss imptimeur à Obernai (F) - 992823