CINQUIEME CYCLE D’ANALYSE
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Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC)
CINQUIEME CYCLE D’ANALYSE
Période d’analyse : Octobre 2009 – Juin 2010
Rapport de synthèse
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Côte d’Ivoire
Juin 2010
Site : www.ipcinfo.org
Partenaires globaux de l’IPC
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PARTENAIRES : MINAGRI, MIPARH, Ministère d’Etat, Ministère du Plan et du Développement, Ministère de la Santé et l’Hygiène
Publique, Ministère du Commerce, INS, BNETD, SODEXAM/DMN, FAO, PAM, UNICEF, OCHA, PNUD, OMS
Action contre la Faim, Solidarités, Merlin et IRC.
Carte de la classification intégrée de la sécurité alimentaire (IPC) - Côte d’Ivoire / 5ème cycle d’analyse
(Juin 2010)
Avertissement : Le niveau général de confiance de l’analyse est jugé moyen (R=2) à cause de la dépréciation du degré de fiabilité de certaines données.
Table des matières
1. Contexte .............................................................................................................................. 1
2. Méthodologie ...................................................................................................................... 2
2.1. Organisation de l’atelier .................................................................................................. 2
2.2. Zonage de la Côte d’Ivoire ............................................................................................. 2
2.3. Rappel des modifications méthodologiques de l’IPC ..................................................... 3
2.4. Données utilisées ........................................................................................................... 3
3. Situation des productions agricoles ................................................................................ 4
4. Accessibilité alimentaire ................................................................................................... 6
5. Mortalité, malnutrition et poussées épidémiques ........................................................... 7
6. Déplacement de populations et sécurité civile ................................................................ 7
7. Questions structurelles et dénuement ............................................................................. 8
8. Dangers et Evènements adverses .................................................................................... 9
9. Chocs et stratégies d’adaptation des ménages ............................................................ 13
10. Phases de sécurité alimentaire ..................................................................................... 13
10.1. Zones « généralement en sécurité alimentaire » 1A .................................................. 13
10.2. Zones « généralement en sécurité alimentaire » 1B .................................................. 14
10.3. Zones en « insécurité alimentaire modérée/limite » ................................................... 16
11. Risques de détérioration de la phase de sécurité alimentaire ................................... 18
12. Recommandations ......................................................................................................... 18
12.1. Recommandations à court terme ............................................................................... 18
12.2. Recommandations à moyen et long termes ............................................................... 20
12.3. Recommandations spécifiques au Groupe de travail IPC .......................................... 21
Annexe 1 : Liste des sigles et des acronymes ....................................................................... 22 Annexe 2 : Table de référence de l’IPC ................................................................................. 23
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1. Contexte
Dans le but de répondre aux besoins d’informations sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle, de
proposer, planifier et apporter des réponses appropriées aux populations vulnérables, le Cadre
Intégré de Classification de la sécurité alimentaire (IPC) a été initié depuis juin 2007 en Côte d’Ivoire.
L’adoption de cet outil de consolidation et de synthèse de la situation de la sécurité alimentaire s’est
concrétisée par son ancrage institutionnel au Ministère de l’Agriculture et par sa mise en œuvre
effective par le Groupe de travail IPC issu du Groupe Sectoriel Sécurité Alimentaire et Nutrition.
A travers les quatre précédents ateliers nationaux, depuis juin 2007 à septembre 2009, l’analyse
situationnelle de la sécurité alimentaire, à partir du consensus des principales parties prenantes, a
permis globalement de mettre en exergue deux principales phases : phases 1 « généralement en
sécurité alimentaire » et phase 2 « insécurité alimentaire modérée/limite » et des veilles/alertes de
dégradation de la phase.
Dans le cadre du processus d’appropriation et de pérennisation de l’IPC, engagé véritablement depuis
mars 2009, le cinquième cycle d’analyse IPC, tenu du 23 au 24 juin 2010 à l’Hôtel Ivotel Plateau
(Abidjan), a été organisé pour la troisième fois consécutive par le Ministère de l’Agriculture en
collaboration avec l’Unité de Coordination des Opérations d’Urgence et de Réhabilitation de la FAO,
chargé de faciliter le transfert des compétences.
La présence du CILSS à cette importante rencontre, conformément aux recommandations de l’atelier
de développement de l’IPC qui s’est tenu les 25 et 26 juin 2009 à Johannesburg, a été d’un apport
capital dans la compréhension du développement sous-régionale du Cadre Harmonisé (développé
expérimentalement en 2009 dans trois pays de la sous-région dont la Mauritanie, le Niger et le
Sénégal) et des perspectives d’amélioration des protocoles d’évaluation et d’analyse de la sécurité
alimentaire.
Ce cycle d’analyse couvre la période d’octobre 2009 à juin 2010. Cette période est toujours marquée
par le processus de sortie de crise qui, depuis la signature des Accords de Paix de Ouagadougou, le
4 mars 2007, a permis des avancées notables notamment au niveau du processus de désarmement,
la constitution des listes électorales. Malgré ces éclaircies dans le climat sociopolitique ivoirien et les
légères améliorations des taux de couverture des besoins alimentaires, le profil de la sécurité
alimentaire et de la nutrition du pays demeure toujours fragile, témoin la persistance des poches de
vulnérabilité.
L’objectif principal de ce rapport est de fournir aux parties intéressées une analyse approfondie de la
situation de la sécurité alimentaire qui prévaut actuellement en Côte d’Ivoire.
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2. Méthodologie
2.1. Organisation de l’atelier
L’atelier national du cinquième cycle d’analyse de l’IPC a donné l’occasion au Groupe de travail IPC
de la Côte d’Ivoire d’actualiser et d’analyser les indicateurs techniques de référence dans l’optique de
définir les caractéristiques zonales de la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans le pays, proposer
des interventions appropriées et le cas échéant, lancer des alertes.
Les travaux de cet atelier ont porté sur :
- des rappels méthodologiques des notions de base et des principaux acquis de l’IPC en Côte
d’Ivoire ;
- des présentations relative d’une part aux derniers travaux des experts basés à l’Université de
Tufts (Etats-Unis) concernant les indicateurs de l’IPC, et d’autre part, au Cadre Harmonisé
(CH) ainsi que les liens avec l’IPC au niveau régional ; ces communications ont été
respectivement présentées par Monsieur Patrick David ( Assistant Coordinateur et Analyste en
sécurité alimentaire / Cellule Régionale pour le Suivi de la Sécurité Alimentaire – Opérations
d’Urgence et de Réhabilitation FAO, Dakar) et Monsieur ZOUGRANA Bernardin, Expert
analyste en sécurité alimentaire et accès aux marchés, Centre régional AGHRYMET/CILSS).
- le rappel des résultats du quatrième cycle d’analyse ;
- le passage en revue de la documentation disponible pour ce présent cycle au regard des
nouvelles enquêtes réalisées ;
- l’analyse IPC proprement dite, analyse région par région à l’aide des grilles d’analyse, couplée
avec la présentation à titre indicatif (au cas pour cas) des principaux moyens d’existence des
ménages en Côte d’Ivoire.
2.2. Zonage de la Côte d’Ivoire
Le découpage1 de la zone Centre en deux (Centre et Centre Est), lors du quatrième cycle d’analyse, a
porté le nombre de groupe de régions analysés à dix (10), lesquels correspondent aux principaux
pôles de développement utilisés dans les enquêtes nationales conduites par l’Institut National des
Statistiques (INS).
L’analyse IPC au cours de ce cinquième cycle a uniquement concerné le milieu rural comme l’ont
d’ailleurs été les cycles précédents.
1 Cette subdivision a été faite compte tenu de la disponibilité des données nouvelles, notamment les proportions de ménages
en insécurité alimentaire (EASA juin 2009), et des problématiques différentes des deux zones en matière d’analyse de la
sécurité alimentaire.
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2.3. Rappel des modifications méthodologiques de l’IPC
En attendant la validation des travaux en cours au niveau international sur l’IPC, le Groupe de travail a
considéré les amendements apportés dans la version 1.1 du guide d’utilisation. Pour rappel, il s’agit
principalement de la distinction entre la phase 1A et 1B, ainsi que les principaux changements de
terminologie. Ainsi les anciens termes « insécurité alimentaire chronique » et « niveaux d’alerte
précoce », ont été remplacés par « insécurité alimentaire modérée/limite » et « risque
d’aggravation »2.
En Côte d’Ivoire, le paramètre utilisé pour marquer la distinction entre les phases 1A et 1B est
toujours le seuil de pauvreté de la dernière Enquête sur le Niveau de Vie (ENV) conduite en 2008 par
l’INS. Le taux moyen national de pauvreté de la Côte d’Ivoire fixé à P03 = 0,489.
Phase 1A P0 < 0.489 avec maintien des moyens d’existence durables
Phase 1B P0 > 0.489 avec érosion des moyens d’existence durables
Bien qu’utilisé comme déterminant de distinction de la phase 1 en raison de l’indisponibilité de
données nouvelles en la matière, le Groupe de travail a néanmoins souligné la dépréciation du degré
de fiabilité des données de l’ENV, passé de R=2 à R=3.
2.4. Données utilisées
Les résultats de la mission de suivi de la Saison Agricole et de la Sécurité Alimentaire 2009, effectuée
conjointement par le MINAGRI, le MIPARH, la FAO et le PAM, du 9 décembre 2009 au 22 janvier
2010 à l’échelle nationale, constitue la principale source d’informations nouvelles.
Les données sur le suivi des marchés des produits alimentaires et autres produits de grande
consommation, effectué par le PAM et l’OCPV ainsi que les prix des principales cultures de rente
(café, cacao, anacarde et hévéa), ont contribué à l’actualisation des anciens paramètres
d’appréciation.
Globalement, le niveau préalable de confiance de l’analyse a été réduit (passé soit de R4=1 à R=2 ou
de R=2 à R=3) en fonction des indicateurs d’effets pour apprécier l’évolution de la situation
concernée.
2 Confère manuel technique version 1.1, page 59. 3 P0 représentant le ratio de pauvreté : nombre d’individus pauvres rapporté au nombre total d’individus (ENV 2008). 4 Les preuves directes et indirectes, étayant la classification, ont des degrés de confiance ("R") variables. Chaque élément
de preuve est associé à un score de confiance de 1, 2 ou 3 suivant que cette preuve est très fiable, plutôt fiable ou non confirmée. Ces scores sont pris en considération lors de l’évaluation de la confiance générale de l’analyse.
4
Les grilles d’analyses ont intégrés certaines données urbaines notamment sur la pauvreté, les taux de
scolarisation et les infrastructures hydrauliques.
Les principales sources ci-dessous ont été utilisées dans l’analyse du Groupe de travail IPC :
- Suivi de la Saison Agricole et de la Sécurité Alimentaire 2009, MINAGRI, MIPARH, FAO, PAM,
Mai 2010 ;
- Suivi des prix en zone Centre, Nord et Ouest de la Côte d’Ivoire, PAM, 2007 à mai 2010 ;
- Suivi des prix au Sud de la Côte d’Ivoire, OCPV, Janvier 2007 à mai 2010 ;
- Suivi des prix bord champ et nationaux des productions de café/cacao, hévéa, anacarde –
BCC/ DPEX-MINAGRI, Janvier 2008 à mai 2010 ;
- Analyse de la situation de la prise en charge nutritionnelle et de la sécurité alimentaire des
Personnes Infectées et Affectées par le VIH (PIAVIH) en Côte d’Ivoire, PNN/PAM, Mai 2010 ;
- Enquête Approfondie de la Sécurité Alimentaire des ménages ruraux de Côte d’Ivoire.
MINAGRI – INS – PAM – FAO, Juin 2009 ;
- Enquête nutritionnelle SMART, PNN – UNICEF – PAM, Août 2009 ;
- Etude de l’impact de la hausse des prix sur la situation alimentaire des ménages – Régions
Centre, Nord, Ouest et Sud, PAM – FAO, Mars 2009 ;
- Enquête sur le Niveau de Vie des ménages (ENV 2008), INS, Octobre 2008 ;
- Rapport de Mission de l’Evaluation Nutrition du 1er au 19 Septembre 2008 – ACF, Septembre
2008 ;
- Mission d’évaluation de la situation zoosanitaire dans le Nord de la Côte d’Ivoire. FAO – OIE,
Novembre 2008 ;
- Enquête à indicateurs multiples MICS 2006, INS/UNICEF, Décembre 2006 ;
- Diagnostic des Infrastructures Hydrauliques, Direction de l’Hydraulique Humaine, Octobre
2005 ;
- Divers rapports de mission de terrain (ONUCI, UNHCR, etc.).
3. Situation des productions agricoles
Au niveau de la disponibilité, la situation globale est satisfaisante. Les principales productions
vivrières (igname, manioc, banane plantain et maïs) sont moyennes à excédentaires, et celles dites
secondaires (mil, fonio) couvrent les besoins des populations. Les marchés agricoles en Côte d’Ivoire
sont relativement bien approvisionnés.
Dans les régions du nord-est (Zanzan), du centre-nord (Dabakala et Niakaramadougou) et quelques
localités des Montagnes (Danané), les producteurs ont bénéficié d’une pluviométrie favorable en
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quantité et en répartition, avec des productions et des rendements meilleurs qu’en 2008 pour les
principaux produits vivriers (igname, riz, maïs, mil).
Quoique globalement satisfaisantes, certaines productions agricoles ont été affectées par les
décalages inhabituels de pluies (arrêt des pluies d’un mois en octobre/novembre 2009) notamment
pour le deuxième cycle de production de céréales dans le Bafing ; les impacts ont été relativement
limités dans les régions du sud et du centre (récolte moyenne), mais importants pour l’igname tardif
(faible tubérisation) particulièrement dans les localités de Toumodi, Sakassou et Bongouanou.
D’autres part, la grande campagne de cacao, bien qu’ayant été caractérisée par des prix incitateurs
meilleurs qu’en 2008, a enregistré une production moyenne et surtout un raccourcissement de deux à
trois semaines environs de ladite traite à cause du prolongement des pluies en décembre 2009. Le
manque d’entretien et la destruction des plantations de café au profit de l’hévéa, en fulgurante
expansion, continuent de mettre à mal la relance de la filière.
La situation pluviométrique des cinq premiers mois de l’année 2010, meilleure par rapport à 2009
(mais en deçà de la moyenne de 1971-2000) avec une variation moyenne de quantités de pluies
d’environ 11%, augure une bonne perspective de récoltes sur l’ensemble du territoire à condition que
les décades à venir ne connaissent pas des variations climatiques défavorables au développement
des cultures.
D’autres facteurs comme l’accès aux engrais, la pauvreté des sols notamment au nord, la forte
présence de produits phytosanitaires non homologués sont autant de facteurs qui limitent les
potentialités du système de production agricole de la Côte d’Ivoire. Malgré les subventions de l’Etat
pour la culture cotonnière, l’accès aux engrais est resté difficile, témoin l’augmentation des prix du sac
de 50 kg de NPK, de près de 100%, passant de 18 000 FCFA à 25 000 FCFA,. Le renchérissement
du coût des intrants menace l’activité des petits producteurs de banane et d’ananas dans le sud du
pays, déjà confrontés aux exigences du marché mondial et à la concurrence des producteurs sud
américains.
La mission à mi-parcours de Suivi de la saison Agricole et de la Sécurité Alimentaire 2010, qui se
réalisera probablement en août, permettra d’avoir une idée précise de la tendance des productions
agricoles dans le premier semestre de l’année.
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4. Accessibilité alimentaire
Le constat qui se dégage d’une façon générale est une tendance au maintien des prix à la hausse des
produits alimentaires de grande consommation. En effet, l’analyse du coefficient de corrélation 5de
l’ensemble des marchés du pays (moyenne 0,84) montre la même tendance à la volatilité surtout pour
le riz importé et local dans la période 2009.
Les prix du riz local en 2010 sur les marchés de Man, Guiglo, Duékoué et Odienné ont connu des
hausses respectives de 4%, 2,6%, 4,2% et 5,8% par rapport à l’année, dernière tandis que sur les
mêmes marchés on note une légère baisse des prix du riz importé. Quant au maïs, les prix moyens
des 5 premiers mois de 2010 ont augmenté de 19%, 24% et 13% sur les marchés de Daloa,
Abengourou, Bouaké par rapport à 2009.
Ces constats renforcent la problématique structurelle de l’accessibilité alimentaire en Côte d’Ivoire,
au-delà du caractère conjoncturel de la hausse généralisée de début 2008. La tendance au maintien
des prix élevés serait en partie due à la pression de la demande sur certains produits (riz local par
exemple) et la persistance des tracasseries routières, qui constitue une importante barrière à l’accès
au marché.
Malgré la disponibilité alimentaire et le bon niveau d’approvisionnement des marchés, si cette
situation des prix devait perdurer, elle serait de nature à fragiliser davantage et surtout précocement le
pouvoir d’achat des consommateurs en général et particulièrement ceux qui ont des revenus fixes et
les populations dépendantes des cultures de rente (anacarde, arachide, café, cacao).
Les prix bord champ du cacao ont enregistré une hausse de 61,7%, passant d’une moyenne de 630
FCFA à la grande traite de la campagne 2008/2009 à 1019 FCFA en 2009/2010 ; Le prix du
kilogramme de palmier à huile a augmenté de 14,4% en comparaison des 5 premiers mois de 2010 et
2009, mais une baisse de 3,9% par rapport à la même période de 2008.
Les revenus des producteurs d’hévéa ont connu une hausse avec un prix national d’achat moyen en
2010 de 510 FCFA/kg de caoutchouc naturel, correspondant à une variation de 30% de janvier à mai
2010 et d’environ 124% et 69% par rapport à l’année 2009 et au quinquennat de 2005-2009.
5 Le coefficient de corrélation permet d'analyser la relation qu'il y a entre les variables « prix » d’une spéculation alimentaire donnée sur deux marchés différents. Il est borné entre -1 et 1. Plus le coefficient tendra vers 1 et plus le degré de dépendance entre les deux marchés sera fort. Une hausse des prix dans le marché A entrainera aussi une hausse dans le marché B. Une corrélation de 0 signifie que les deux marchés sont indépendants.
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5. Mortalité, malnutrition et poussées épidémiques
Compte tenu du défaut d’actualisation des données sur la mortalité et la santé, le Groupe de travail
IPC de la Côte d’Ivoire s’est accordé pour ne pas prendre en compte lesdites données dans la
détermination des phases et des alertes ; elles ont cependant été passées en revue.
En revanche, le degré de fiabilité des résultats de l’enquête SMART réalisée au nord et à l’ouest en
2009 par le PNN, en collaboration avec le PAM, la FAO et OCHA, a été déprécié (de R=1 à R=2) car
ces données sont devenues anciennes en 2010 ; cependant, le taux de malnutrition chronique a été
pris en compte dans l’analyse du statut nutritionnel compte tenu de la « durée » de l’affection,
contrairement à la malnutrition aiguë qui est plutôt ponctuelle.
Cette enquête indique que le seuil critique de 40 % de malnutrition chronique globale chez les
enfants de 6 à 59 mois, est dépassé dans toutes les zones étudiées à l’exception de la Région du
Bas-Sassandra. Le caractère « chronique » de cette malnutrition, caractérisée par une alimentation
généralement très peu diversifiée et équilibrée, renseigne sur la détérioration continue des moyens de
subsistance des populations et la faiblesse des revenus des ménages, dont les causes sous-jacentes
et structurelles n’ont pas connu d’évolution majeure les deux dernières années.
Les résultats du SMART 2010 confirmeront l’évolution des tendances au maintien ou à l’évolution des
prévalences de la malnutrition aiguë et chronique.
Pour ce qui est du VIH Sida en 20106, 10,1% des personnes infectées et affectées (estimées à 4,7%
de la population nationale soit 480 000 personnes) sont en insécurité alimentaire, dont 4,1% situation
sévère et 6% modérée.
6. Déplacement de populations et sécurité civile
A la faveur de la mise en œuvre des Accords Politiques de Ouagadougou, les populations peuvent
désormais circuler sans entraves majeures sur l’ensemble du territoire national, aujourd’hui en voie de
sortie de crise.
Au cours de l’année 2009, l’environnement sécuritaire était relativement stable en dépit de quelques
remous sporadiques survenus dans la zone Ouest. Cependant la tenue des prochaines élections
présidentielles suscite quelques inquiétudes en particulier chez les populations allogènes des zones
où la cohésion sociale est encore fragile. Mais cela n’a pas véritablement d’incidence sur les activités
quotidiennes des populations.
6 Note de synthèse de l’Analyse de la situation de prise en charge nutritionnelle et de sécurité alimentaire des Personnes Infectées et Affectées par le VIH (PIAVIH) en Côte d’Ivoire, PNN/PAM, Mai 2010
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Des poches d’insécurité persistent et s’intensifient néanmoins dans certaines zones:
- des cas de braquage, de viols et de coupeurs de route sont fréquents sur certains axes à
l’Ouest (Région des Montagnes et du Moyen Cavally: axe Duékoué-Bangolo, ville de Bangolo
et axe Duékoué-Daloa) et dans les régions des Savanes, du Moyen Comoé (Abengourou), des
Lagunes (l’autoroute du Nord). Ces agressions sont accentuées en période de traite de cacao
ou du coton (dans le nord-ouest, l’ouest et le sud-ouest) mais sans impact majeur sur les
approvisionnements des marchés ;
- dans la région du Zanzan, il a été signalé plusieurs cas d’agression sur les propriétaires de
gros bétail.
Les mouvements de retour se sont poursuivis au cours de l’année 2009 et 2010 à la faveur du
renforcement du climat de paix et des multiples actions en faveur de la cohésion sociale initiées entre
allogènes et autochtones par différents acteurs humanitaires (OCHA, ONUCI, UNHCR, ONG), les
notabilités et les autorités administratives dans les régions. Il s’agit :
- du Moyen Cavally où il est enregistré des retours de populations dans plusieurs villages de
Duékoué (axe Blody-Bagohouo, axe Guéyébly-Diourouzon), à Guiglo (axe Guiglo-Blolequin)
principalement les autochtones, et dans certains campements de Guiglo et Zéaglo ; les retours
de populations allogènes se poursuivent (campements, Sokoura, IFA, Camblesso). Les
mouvements de retour sont estimés à 100 personnes en moyenne par département et par
mois ;
- des Montagnes, où de nombreux retournés récents dans le Zou sont signalés en provenance
de Duékoué, Guiglo, Blolequin, Abidjan, Soubré (retours organisés par des convois UNHCR
ou OIM), à Facobly et Kouibly où les retours sont facilités et encouragés par les cadres locaux
à l’occasion des inscriptions sur les listes électorales.
La situation du retour récent des populations requiert le maintien de la vigilance, de la promotion de la
cohésion sociale et surtout de l’assistance.
7. Questions structurelles et dénuement
En raison de la persistance de la crise sociopolitique avec ses corolaires économique et social, il est
fort probable que la pauvreté se soit tout au moins maintenue, malgré la légère hausse des prix
d’achat des productions de rente (anacarde, hévéa, palmier à huile et cacao). Les problèmes
structurels sont persistants, notamment les difficultés d’accès au crédit formel, le dysfonctionnement
des filières de rente et la faiblesse des investissements dans le secteur vivrier, la faible productivité
des productions agricoles, etc.
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Selon l’Enquête sur le Niveau de Vie 2008 (ENV 2008) de l’INS, 48,9 % de la population en Côte
d’Ivoire vivent en dessous du seuil de pauvreté correspondant à 241 145 F CFA l’an, soit un revenu
mensuel d’environ 20 000 FCFA/mois, en dessous du Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti
(SMIG) national qui est 36 507 FCFA.
La pauvreté est fortement ancrée dans le milieu rural en Côte d’Ivoire. La contribution du milieu rural à
la pauvreté nationale est de 75,4% contre 24,6% en milieu urbain. Le ratio d’extrême pauvreté
(dépense quotidienne de moins de 280 F CFA) est de 14,31% en milieu rural et de 3,81% en milieu
urbain.
L’analyse de la pauvreté par pôle de développement montre que huit (8) pôles sur les dix (10) que
compte le pays présentent un taux de pauvreté supérieur à 50%, notamment : le Nord qui passe de
40,3% en 2002 à 77,3% en 2008, soit une variation exceptionnelle de 91,8% ; le Centre-Nord qui
connaît également une forte variation du niveau de pauvreté de 78,1%, en passant de 32,0% à
57,0% ; le Centre (56,0% en 2008) et le Centre-Est (53,7% en 2008). En ce qui concerne l’extrême
pauvreté, les régions les plus fortement touchées sont celles du Nord (avec un taux d’extrême
pauvreté de 29,62%), du Nord-ouest (18,36%), du Centre-Nord (17,83%), de l’Ouest (14,14%) et du
Centre-Ouest (13,6%).
Selon l’enquête EASA de 2009, les zones touchées par l’extrême pauvreté présentent les taux les
plus élevées de ménages endettés : Montagnes (65%), Savanes (67%), Bafing (77%).
De plus, 35% des ménages ruraux sont classées dans les deux quintiles les plus pauvres contre
seulement 15% dans les deux quintiles les plus nantis (EASA juin 2009). Environ 19% des ménages
pauvres seraient en insécurité alimentaire. Plus d’un ménage sur deux (52,9%) en insécurité
alimentaire modérée est endetté et 27,6% le sont pour des raisons alimentaires alors que ces
proportions sont de 44,9% et 22% pour les ménages en insécurité alimentaire sévère.
8. Dangers et Evènements adverses
Malgré l’atténuation en fin 2008 de la pression internationale sur les denrées alimentaires de grande
consommation, en particulier les céréales, le Groupe de travail IPC a noté un maintien soit à la
stabilité soit à la hausse des prix de détail des denrées alimentaires. Cette situation s’expliquerait par
la hausse des intrants agricoles au niveau local et les tracasseries routières.
10
Cas du riz
Comparés à la moyenne des 5 premiers mois de l’année 2009, le prix du kilogramme de riz local en
2010 a connu globalement une baisse sur les marchés d’Abengourou (-10%), d’Odienné (-7%), de
Duékoué (-16%) tandis qu’il est resté quasiment stable à Daloa et Man.
Cependant, par rapport à la même période de l’année 2008, les prix de cette denrée sont en hausse
sur tous les marchés (4 à 16%) à l’exception des marchés de Duékoué et d’Adjamé où les variations
respectives sont de l’ordre de -14% et -3%.
Le taux d’évolution moyen du riz local entre janvier et mai 2010 est positif sur les marchés d’Odienné
(5%), Katiola (3%), stable à 375 FCFA à Korhogo et à 387 FCFA à Daloa.
Les augmentations de superficies consécutives à la hausse des prix de début 2008 n’ont pas permis
une baisse des prix du riz local compte tenu de la forte demande malgré les relatives améliorations
observées pour le riz importé.
En effet, grâce aux mesures prises par le Gouvernement ivoirien pour juguler la flambée des prix
surtout sur le riz importé de grande consommation, les prix moyens des 5 premiers mois de l’année
2010 ont enregistré une baisse significative (-5 à -25%) sur presque tous les marchés7 (-20% à
Adjamé, -25% à Bouaké, -14% à Katiola, -7% à Man, -11% à Odienné) par rapport à la même période
de 2009, contre respectivement -6%, -12%, -7%, -4% et -18% sur les mêmes marchés, comparés au
même référant de 2008.
A l’opposé, les prix sont maintenus constants à 314 FCFA à Daloa et à 320 FCFA à Abengourou, qui
enregistre les prix les plus élevés pour cette année 2010 en comparaison avec 2008.
Cependant, la baisse du prix moyen de 2010 (303 FCFA/kg) n’a pas encore atteint le niveau de
référence de 2007 (261 FCFA/kg), soit un maintien à la hausse de 16,1%.
Partant du fait que l’ensemble des ménages consacre environ 48,7% de leurs dépenses à l’achat de
nourriture et que plus de 30% des ménages ruraux affectent près de 70% de leur budget à
l’alimentation (EASA 2009), le maintien à la hausse des prix des denrées alimentaires aurait un
impact sur les ressources affectées aux autres besoins de base (santé, éducation ,etc.) .
7 Les données actualisées (2010) du riz importé sont indisponibles pour les marchés de Danané, Duékoué, Ferké, Guiglo et Korhogo.
11
Figure 1 : Evolution du prix (a) du riz local blanchi (b) du riz importé de grande consommation sur différents marchés de janvier 2008 à mai 2010
a)
b)
Sources : PAM, OCPV, mai 2010
12
Cas du maïs grain
La tendance à la hausse du prix du kilogramme de maïs grain (de 2010) est plutôt constatée sur
environ 60% et 70% des marchés couvert par l’OCPV et le PAM, par rapport aux années respectives
de 2009 et 2008.
Figure 2 : Evolution du prix de détail du maïs sur différents marchés de Côte d’Ivoire (2008 à mai 2010)
La comparaison des prix des 5 premiers mois de 2010 par rapport à 2009 montre une hausse de 19%
à Daloa, 24% à Abengourou, 13% à Bouaké, 53% à Duékoué. L’accroissement tendanciel moyen des
prix par rapport à 2008 est de l’ordre de 10%. Sur les trois années consécutives (2008 à 2010), le
marché de Katiola se démarque avec une baisse très significative de 5% et 23% en 2010 par rapport
aux années 2009 et 2008, alors que celui d’Abengourou connait une hausse respective de 13% et
23%. La pression sur la production de maïs pour la fabrication de farine animale à Abengourou, la
plus grande zone d’élevage avicole, expliquerait cette tendance particulière à la hausse.
La baisse globale des prix de 6% sur l’ensemble des marchés par rapport à 2009 serait due à la
baisse de la pression des commerçants des pays frontaliers en relation avec l’augmentation des
productions annoncées des pays sahéliens suite aux programmes agricoles de riposte à la flambée
des prix de 2008.
Par rapport au prix référentiel de 2007, les prix du maïs sont globalement restés en hausse de 70% en
2010 et 61% en 2009.
Le maintien des tendances des prix à la hausse serait un facteur clé de stabilité ou de dégradation du
pouvoir d’achat des ménages, en particulier ceux ne disposant pas de revenus issus des cultures de
rentes (environ 67,3% des ménages ruraux selon l’EASA 2009).
13
9. Chocs et stratégies d’adaptation des ménages
La mission de Suivi de la saison Agricole et de la Sécurité Alimentaire a confirmé que les types de
chocs et les mécanismes d’adaptation n’ont pas été modifiés de façon significative par rapport à
l’année 2008.
En réponse aux grands chocs que sont le maintien des prix élevés, la baisse des prix aux
producteurs, les maladies des cultures et du bétail, les maladies et les décès, la fréquence à laquelle
les ménages ont recours aux mécanismes d’adaptation varie en fonction de la sévérité et de la durée
des chocs.
Généralement, ils ont recours à la substitution des aliments, l’achat d’aliments à crédit, la réduction du
nombre de repas par jour et de la quantité de nourriture, aux aides des parents et des amis, au
recours aux emprunts et à la mise en œuvre de petites activités génératrices de revenus tant en
zones rurales qu’en zones urbaines.
Dans les localités touchées par les impacts pluviométriques de 2009 (stock alimentaire limité), les
populations ont été amenées à dépendre plus des marchés, donc à acheter davantage.
10. Phases de sécurité alimentaire
A partir de l’analyse des grilles d’indicateurs et du tableau de référence de l’IPC, le Groupe de Travail
IPC a classé la Côte d’Ivoire en phase 1 (généralement en sécurité alimentaire) et en phase 2
(insécurité alimentaire modérée/limite).
10.1. Zones « généralement en sécurité alimentaire » 1A
Régions du Sud-ouest (Bas Sassandra) et du Sud (Lagunes, Agnéby, Sud Comoé, Sud
Bandama)
Cette zone est en sécurité alimentaire en général (1A) avec un accès à une alimentation
généralement adéquate et stable et un risque faible de tomber graduellement en phase 2, 3, 4 ou 5.
Cette phase correspond aussi à une situation de maintien des moyens d’existence durables à cause
des principaux facteurs suivants :
• Le sud de la Côte d’Ivoire a été nettement moins affecté par la crise sociopolitique de
septembre 2002 ; au regard de la poursuite des mouvements de retours organisés et
spontanés des populations dans les localités d’accueil et/ou les villages d’origine, la pression
démographiques dans les zones urbaines est en relative baisse ;
14
• Les moyens d’existence des populations, pour la plupart planteurs, sont les cultures de cacao,
de café, d’hévéa et de palmier à huile, dont les productions ont été globalement moyennes ;
les prix d’achat de ces productions sont en hausse à l’exception de ceux du café restés quasi
stables. Les productions vivrières ont été globalement satisfaisantes : bonnes à très bonnes
pour la banane plantain sauf à Agboville (moyenne), moyenne à bonne pour le riz et l’igname ;
• Les approvisionnements sont satisfaisants malgré la persistance des taxes routières illégales,
des cas de braquage récurrents et le maintien des prix élevés au niveau des différents
marchés (légère hausse de 2% pour le riz importé et local).
• Ces Régions sont les moins pauvres (P0 inférieur à 0,489).
10.2. Zones « généralement en sécurité alimentaire » 1B
Régions du Centre Ouest (Fromager, Haut Sassandra et Marahoué)
Cette zone est en sécurité alimentaire en général (1B) avec un accès à une alimentation
généralement adéquate et stable et un risque modéré de tomber graduellement en phase 2, 3, 4 ou 5.
Cette phase correspond à une situation d’érosion des moyens d’existence durables à cause des
principaux facteurs suivants :
• Une partie de la population (32,1% à 37,5%) est constituée de planteurs de cacao, de café,
d’hévéa et de palmier à huile dont les productions ont été moyennes en 2009/2010 et les prix
d’achat sont en hausse (1020 FCA pour la grande traite de cacao soit une hausse 9% par
rapport au prix nationaux) ; cela contribue à atténuer l’impact du maintien des prix élevés ;
• Les récoltes bonnes à moyennes des productions vivrières ont favorisé une bonne disponibilité
de ces produits sur les marchés locaux qui ont globalement enregistré des prix relativement
bas pour la banane plantain, le riz local et importé (réduction respective des moyennes de prix
de janvier à mai de 2010 par rapport à 2009, de 22%, 0,2% et 11% sauf pour le maïs qui
connait plutôt une hausse de 18%).
• Ces Régions ont un taux de pauvreté supérieur au seuil P0= 0,489.
15
Régions du Centre Est (Moyen Comoé), du Centre (Lacs, N’Zi Comoé) et du Centre Nord (Vallée
du Bandama)
Cette zone correspond à la région agro-écologique de transition entre la forêt et la savane (forêts
galeries), permettant la pratique de cultures vivrières et à la fois de l’anacarde, du cacao et du café.
Elle est en sécurité alimentaire en général avec érosion des moyens d’existence durables (1B) à
cause des principaux facteurs suivants :
• Les productions de tubercules ont été bonnes (10 tonnes/ha pour l’igname tardive et 15
tonnes/ha pour le manioc), moyennes à bonnes pour les céréales ; avec la tendance à
l’augmentation des superficies vivrières, les marchés ont été bien approvisionnées par cette
disponibilité ;
• La vente d’un kilogramme de cacao dans la période de la grande traite (octobre 2009 à mars
2010) suffirait à acquérir respectivement 4,7 kg de riz local, 4,5 kg de riz importé et 10,6 kg de
maïs, contre 2,1 kg, 2, 2 kg et 6,7 kg de chaque produits pendant la petite traite ;
• Les premières tendances pluviométriques de l’année 2010 ont été favorables aux mises en
place des cultures ;
• les prix d’achat du kilogramme de caoutchouc naturel ont enregistré une hausse de plus du
double, passant d’une moyenne de 228 FCFA en 2009 dans la période de janvier à mai à 511
FCFA en 2010.
• Cette zone est marquée par une forte proportion de ménages pauvres en 2008 (P0 supérieur à
0,489).
Région du Nord Ouest (Denguélé) et du Nord Est (Zanzan)
Cette zone correspond à la région agro-écologique de savane (avec une particularité forestière dans
le sud du Zanzan), permettant globalement la pratique de cultures vivrières (maïs, riz, igname) et de
rente (anacarde et coton pour la partie savanicole et cacao, café, pour la partie forestière). Cette zone
est en sécurité alimentaire en général avec érosion des moyens d’existence durables et une plus
faible résilience (1B) à cause des principaux facteurs suivants :
• Une meilleure disponibilité des productions vivrières favorisée par des récoltes qualifiées de
bonnes à très bonnes, notamment pour les principales cultures de la zone (tubercules, maïs,
riz, mil, sorgho, arachides) ; contrairement aux deux années antérieures, la pluviométrie
abondante et bien répartie, a été très favorable à la pratique agricole ; le comportement
pluviométrique des quatre premiers mois de l’année 2010 montre que la quantité de pluies
16
(211 mm contre une normale de 239 mm) a permis une bonne mise en place du premier cycle
de production des céréales, de l’igname et augure d’une bonne récolte si aucun choc n’est
enregistré ;
• La faible densité de population favorise une meilleure disponibilité des productions agricoles
pour les ménages ;
• La caractéristique semi-forestière de la zone qui contraste avec la végétation savanicole du
nord en général, est un atout majeur au développement des productions agricoles ;
• Les termes de l’échange de l’Anacarde/riz et l’arachide/riz, en 2010, ont été améliorés de 73%
et 21% à Odienné par rapport à 2009 (chiffres du Zanzan indisponibles);
• La proportion de ménages en sécurité alimentaire est de 90% contre seulement 0,9% en
insécurité alimentaire sévère, le deuxième taux le plus faible du pays (cas du Denguélé) ;
• Cette zone est marquée par une forte proportion de ménages pauvres en 2008 (P0 supérieur à
0,489).
10.3. Zones en « insécurité alimentaire modérée/limite »
Ces zones sont caractérisées par un accès limité à une alimentation adéquate avec un risque élevé et
récurent (en raison de la probabilité des événements adverses et une grande vulnérabilité) de tomber
graduellement en phase 3. Les raisons ci-dessous justifient cette phase.
Région du Nord Ouest (Bafing et Worodougou), Région Nord (Savanes)
• une faiblesse de la capacité de production agricole dans un contexte d’appauvrissement des
terres, de faible mécanisation et de difficultés d’accès aux intrants de qualité ;
• La crise cotonnière limite les sources de revenus des planteurs, pris pour la plupart dans le
cercle itératif de l’endettement (77% des ménages endettés dans le Bafing, 67% dans les
Savanes selon l’EASA) ;
• une trop forte dépendance de la population aux activités commerciales et pastorales au
détriment de la pratique agricole qui a été fragilisée davantage par la clôture du projet soja, les
perturbations de fonctionnement des exploitations sucrières, le déséquilibre des opportunités
de commercialisation des productions maraichères comme l’oignon;
• la faible capacité d’accès à la nourriture en raison de la baisse des fréquences et des
montants des transferts d’argent des migrants ; ses sources de revenus constituent un apport
considérable pour les ménages ruraux dans le Bafing (2,9%, taux le plus élevé des 19 régions
du pays) ;
17
• La forte dépendance des populations aux marchés surtout en période de soudure marquée par
une diminution des stocks alimentaires de céréales du fait des impacts pluviométriques sur le
second cycle de production dans le Bafing ;
• Le prix du kilogramme du maïs grain est resté stable à la hausse (126 FCFA) ;
• la proportion des ménages en insécurité alimentaire est plus élevée parmi les ménages ne
disposant d’aucun niveau d’instruction (14,1%) ou tout au plus n’ayant atteint que le niveau
primaire (13,7%). Le taux d’alphabétisation est bas : 79 à 86 % d’analphabètes selon l’EASA
2009 ;
• Les dégâts récurrents des cultures par les bœufs de transhumance affectent la disponibilité
alimentaire et les sources de revenus des ménages qui ne sont pas dédommagé à la hauteur
des dégâts ;
• La faible présence de l’administration malgré la poursuite du processus de redéploiement ;
Région Ouest (Montagnes et Moyen Cavally)
• Les récoltes de vivriers (maïs et de riz notamment) ont été moyennes à mauvaises pour le
deuxième cycle en 2009 en raison d’une interruption des pluies et du décalage du calendrier
cultural de 1 à 2 mois ;
• Le maintien des prix élevés des denrées alimentaires de première nécessité, des intrants
agricoles continue de fragiliser les ménages vulnérables, en particulier des zones rurales ;
• Les difficultés liées à la main-d’œuvre pour la production agricole, généralement allogène, ne
seront pas améliorées au regard de la méfiance de la population autochtone qui fait face à un
afflux massif des burkinabés en 2010 (menace foncière) ;
• La faible assistance en faveur des retournés récents dans les villages d’origine ;
• La fragilité de la cohésion sociale en raison des problèmes fonciers récurrents engendrant des
tensions intercommunautaires ; les autochtones constituent des groupes de défense afin de
contrer l’occupation des plantations par les allogènes et allochtones et l’exploitation des forêts
classées pour la culture cacaoyère ;
• La pression foncière, avec l’expansion incontrôlée de l’hévéa, a pour principale conséquence
la réduction de la disponibilité de terres destinées aux cultures vivrières, déjà peu développées
dans la zone ;
• les difficultés d’accès aux soins suite à la rupture des assistances dans le cadre du
programme de gratuité des soins aux malnutris (Danané, Bangolo) ;
• Cette zone est la deuxième plus pauvre de la Côte d’Ivoire selon l’ENV 2008 (P0 = 63,2%
dans l’Ouest).
18
11. Risques de détérioration de la phase de sécurité alimentaire
Le Groupe de Travail IPC de la Côte d’Ivoire a lancé trois (3) situations de veilles (surveillances
simples) :
1. Veille sur toute la région du Bafing en raison d’un afflux potentiel (risque indéterminé) des
réfugiés et/ou de retour de populations à la frontière guinéenne en relation avec la tenue des
élections présidentielles en Guinée et du risque de rationnement des stocks alimentaires de
riz lors la période de soudure (impact pluviométrique d’un mois en septembre/octobre 2009
au moment critique de l’épiaison).
2. Deux Veilles dans l’ouest (régions des Montagnes et Moyen Cavally) :
- le long de la frontière du Libéria avec les Montagnes (focus particulier à Danané) eu
égard au contexte de mécontentement des ex-rebelles au Libéria et au refus
d’intégration des ex-réfugiés d’une part et à la situation socio-politique de la Guinée
d’autre part ;
- toute la région du Moyen Cavally à cause de la fragilité de la cohésion sociale
exacerbée essentiellement par les difficultés d’intégration des retournés récents de
2009/2010 (moins assistés par les programmes), les conflits fonciers
allogènes/autochtones, le risque (indéterminé) d’impact de la situation politique en
Guinée, l’afflux massif des populations étrangères pour l’exploitation cacaoyère.
Le nombre de populations affectées au niveau des zones où des alertes ont été lancées ne peut pas
être estimé par défaut de données précises.
12. Recommandations
Les recommandations sont formulées à l’endroit d’une part gouvernement et de l’ensemble des
structures intervenant dans les domaines de la sécurité alimentaire et la nutrition, et d’autre part du
Groupe de travail IPC.
12.1. Recommandations à court terme
Sur l’ensemble du territoire
• Poursuivre la politique de redéploiement effectif de l’administration (politique, judiciaire et
technique), les programmes DDR, de réinsertion sociale et de gestion foncière;
• Renforcer les moyens d’existence des ménages ruraux vulnérables à travers l’organisation des
filières, des programmes de renforcement de leurs productions vivrières pour faire face aux
effets persistants de la hausse des prix, à la paupérisation grandissante et aux aléas
19
pluviométriques localisés (distributions de semences de qualité et d’engrais), le
développement d’AGR, l’amélioration de la production des filières semencières, de l’accès aux
bœufs d’attelage au nord, la réhabilitation de périmètres irrigués couplée à la formation en
gestion desdits périmètres, les programmes de relance de l’économie locale, etc.) ;
• Renforcer l’action des services publiques dans la phase de transition (entre l’humanitaire et le
développement) par la mobilisation des fonds pour assurer l’appui et le suivi des personnes
vulnérables ;
• Finaliser et opérationnaliser le Système d’Alerte Précoce (SAP) à travers le Dispositif National
de Suivi de la Situation alimentaire et Nutritionnelle ;
• Faire un plaidoyer auprès des autorités pour lever les difficultés de commercialisation (taxes
illégales, état des pistes, tracasseries routières, etc.) et faire face à la montée des problèmes
de sécurité sur les routes ;
• Poursuivre le processus électoral pour créer un cadre propice à la relance des programmes de
développement ;
Dans les régions du Nord
• Poursuivre les programmes de prévention et de prise en charge de la malnutrition ;
• Poursuivre la restructuration des filières « anacarde » et « coton » ;
• Améliorer l’accès des populations agricoles aux intrants de bonne qualité, en particulier
l’engrais et produits phytosanitaires ;
• Soutenir les productions d’élevage à travers la poursuite du renforcement des capacités des
services vétérinaires (publics et privés) et de relance de la culture attelée;
• Réhabiliter les infrastructures d’élevage détruites lors la guerre ;
• Améliorer la gestion des conflits agriculteurs-éleveurs par l’application du projet de loi sur la
transhumance ;
Dans les Régions de l’Ouest
• Suivre les indicateurs de la malnutrition et initier des programmes de prévention et de prise en
charge de la malnutrition ;
• Appuyer la Réinstallation/Réinsertion des populations retournées et des jeunes à risques (ex-
combattants, groupe d’autodéfense, etc.) ;
• Poursuivre le programme de gestion des conflits fonciers entre communautés et renforcer les
activités de cohésion sociale ;
• Augmenter la production vivrière des ménages vulnérables ayant accès à la terre par le
renforcement du suivi technique et de la mise à disposition de semences de bonne qualité ;
20
• Développer des programmes de développement des filières cacao et café (lutte contre les
maladies, introduction variétale et vulgarisation, promotion de la qualité, structuration des
organisations paysannes, etc.) ;
• Mettre en place une politique de préservation du patrimoine forestier (classé) contre
l’exploitation abusive ;
12.2. Recommandations à moyen et long termes
Sur l’ensemble du territoire
• Améliorer (réhabilitation/construction) les infrastructures scolaires, sanitaires, routières, les
pompes villageoises et autres infrastructures économiques ;
• Mettre intégralement en œuvre le programme de relance de la production rizicole et les
programmes de relance de la production des autres vivriers afin réduire les effets latents de la
hausse des prix d’une part et réduire la dépendance vis-à-vis des importations ;
• Favoriser les politiques de libre circulation des biens (agricoles et non agricoles) à l’intérieur du
pays;
• Poursuivre la mise en œuvre du programme de sécurisation foncière pour résoudre de façon
durable les conflits fonciers ;
• Développer les politiques de gestion durable des ressources naturelles ;
• Renforcer les capacités des Centres communautaires de prise en charge des malnutris
sévères et les programmes d’éducation nutritionnelle.
En zones Centre, Nord et Ouest
• Poursuivre le redéploiement des agents de l’administration publique notamment de la santé et
de l’éducation ;
• Poursuivre la réhabilitation des écoles et des centres de santé ;
• Poursuivre le redéploiement du tissu bancaire et financier et améliorer davantage l’accès des
ruraux au crédit ;
• Développer des politiques de diversification agricole auprès des producteurs d’anacarde et de
coton ;
• Poursuivre la réactivation des comités de gestion des conflits entre éleveurs et cultivateurs et
faire de la sensibilisation au respect des couloirs de transhumance ;
• Vulgariser les variétés agricoles résistantes aux aléas climatiques et promouvoir l’actualisation
des calendriers agricoles.
21
12.3. Recommandations spécifiques au Groupe de travail IPC
• Initier des requêtes auprès des partenaires techniques et financiers pour la réalisation
périodique des grandes enquêtes de base du type Evaluation approfondie de la sécurité
alimentaire, MICS, SMART et EDS, afin d’actualiser les données de base en Côte d’Ivoire sur
la sécurité alimentaire et la nutrition ;
• Elargir le Groupe de travail ou au besoin servir d’interface avec certaines structures clés
comme le Ministère de la Santé, le CNRA, la Banque mondiale, pour affiner les analyses
causales relatives à la santé, aux maladies des cultures, aux problèmes structurelles, etc. ;
• Mettre en exergue et formaliser les complémentarités au niveau national entre l’IPC et le
Cadre Harmonisé, afin de mieux suivre l’évolution des acquis obtenus à partir des
expérimentations sous-régionales, dégager les besoins réels en matière d’évaluations pour
mieux alimenter le SAP de Côte d‘Ivoire ;
• Elaborer la carte des moyens d’existence de la Côte d’Ivoire, avec tous les pairs intervenant
dans la sécurité alimentaire (inclure le calendrier agricole et le calendrier des revenus, des
opportunités salariales comme la main-d’œuvre avicole, etc.);
• Assurer la collecte permanente et l’analyse des données :
o des termes de l’échange : bétail/denrées de base, cultures de rente/denrées de base,
main d’œuvre/denrées de base ;
o de la pluviométrie ;
o des prix (bord champ et marchés) ;
o des maladies bovines, etc. ;
• Améliorer l’analyse des données relatives aux marchés et prix et des denrées alimentaires de
base et produits de rente et leur impact sur la sécurité alimentaire des ménages;
• Programmer les cycles d’analyses IPC de façon à pouvoir exploiter et présenter les résultats
au cours des deux grandes rencontres annuelles du CILSS (mars et novembre) : ateliers
d’analyse en janvier et septembre;
• Améliorer la communication par une diffusion, voire une présentation ciblée des résultats aux
bailleurs de fond ;
• Renforcer le processus de collecte et d’analyse des données des secteurs de la pêche et de la
santé.
22
Annexe 1 : Liste des sigles et des acronymes
ACF Action contre la Faim BCC Bourse Café-Cacao BNEDT Bureau National d’Etudes Techniques et de Développement CILSS Comité permanent Inter Etats de lutte contre la Sécheresse au Sahel CNRA Centre National de Recherche Agronomique DPEX Direction des Production d’Exportation /Ministère de l’Agriculture EASA Enquête Approfondie de la Sécurité Alimentaire des ménages ruraux en CI EDS Enquête Démographique et de Santé ENV Enquête sur le Niveau de Vie des ménages FAO Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture F CFA Franc de la Communauté Financière Africaine INS Institut National de la Statistique IPC Cade Intégré de classification de la sécurité alimentaire IRC International Rescue Committee kg Kilogramme MICS Enquête par grappe à indicateurs multiple MINAGRI Ministère l’Agriculture MIPARH Ministère de la Production Animale et des Ressources Halieutiques OCHA Bureau de Coordination des affaires humanitaires des Nations Unies OCPV Office d’aide à la commercialisation des produits vivriers OIE Organisation mondiale de la santé animale OIM Organisation Internationale pour les Migrations OMS Organisation Mondiale de la Santé ONG Organisation Non Gouvernementale ONUCI Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire PAM Programme Alimentaire Mondial PNN Programme National de Nutrition PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement SAP Système d’Alerte Précoce SODEXAM/DMN Société d’exploitation et de Développement aéroportuaire, aéronautique et Météorologique/ Direction de la Météorologie Nationale SMIG Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti UNHCR Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés UNICEF Organisation des Nations Unies pour l’Enfance
23
Annexe 2 : Table de référence de l’IPC
24
Risques d’aggravation