BILAN DE LA CAMPAGNE 2015© par Magister. -Agréo : un outil de traçabilité : le logiciel Agréo...

29
BILAN DE LA CAMPAGNE 2015 Magister 5 rue Henri Martin 51 200 EPERNAY Tél : 03 26 51 34 30 – Fax : 03 26 51 50 97 E-mail : [email protected] www.reseau-magister.fr Jaulgonne - Photo D. Parfait

Transcript of BILAN DE LA CAMPAGNE 2015© par Magister. -Agréo : un outil de traçabilité : le logiciel Agréo...

Magister, bilan technique 2015

1

BILAN DE LA

CAMPAGNE 2015

Magister

5 rue Henri Martin 51 200 EPERNAY

Tél : 03 26 51 34 30 – Fax : 03 26 51 50 97

E-mail : [email protected]

www.reseau-magister.fr

Jaulgonne - Photo D. Parfait

Magister, bilan technique 2015

2

SOMMAIRE INTRODUCTION 3

1. L’équipe 2015 5

2. Chronologie des événements de la campagne 2015 6 3. Stades phénologiques 7 4. Données météorologiques 7 5. Comptages de grappes 8 6. La campagne 2015 en quelques mots 9

LES MALADIES 10 1. Le mildiou 10 2. L’oïdium 11 3. La pourriture grise 13 4. Le brenner 13 5. Le black-rot 14 6. Les maladies du bois 14 7. Les maladies virales 14

LES RAVAGEURS 15 1. Les tordeuses de la grappe 15 2. Les mange-bourgeons 16 3. La pyrale 16 4. Les cicadelles 17 5. Les cochenilles 18 6. Le gribouri 18 7. Les acariens rouges 19

LES AUXILIAIRES 20 1. Les typhlodromes 20 2. Autres auxiliaires 20

LES PHENOMENES CLIMATIQUES OU PHYSIOLOGIQUES 21 1. Le gel 21 2. La grêle 21 3. Autres phénomènes : coulure, millerandage, échaudage, chlorose 21

SYNTHESE DES PRATIQUES D’ENTRETIEN DES SOLS 22

SYNTHESE DES PRATIQUES DE TRAITEMENT 24 1. Nombre moyen de traitements, Calcul de l’IFT 24 2. Synthèse sur les programmes de traitements 26

CONCLUSION 29

Magister, bilan technique 2015

3

INTRODUCTION

Fondé en 1991, Magister a pour objectif de promouvoir la protection raisonnée et d’améliorer les pratiques viticoles dans un souci de protection de l’environnement. Le GIE (Groupement d’Intérêt Economique) Magister est présidé depuis 2000 par Jean-Paul Morel. Un conseil d’administration regroupant les membres de la prescription (AVC, CIVC et FDGPC), de la distribution (Cohésis Vigne, CSGV et Compas), une coopérative (le Centre Vinicole Nicolas Feuillatte) et une maison de Champagne (MHCS, représenté par la Maison Veuve Clicquot Ponsardin) est chargé de définir les grandes orientations de la structure. Depuis le mois de juillet, Stéphane Martin succède à Mathieu Liebart au poste de Directeur. Delphine Parfait assure désormais la gestion technique de la structure et de l’équipe.

D’avril à juillet, une équipe composée de dix techniciens réalise le suivi des parcelles et anime des réunions de conseil sur le terrain avec les vignerons.

En 2015, 1792 réunions « bout de parcelles » ont été animées par l’équipe Magister pendant la campagne. En moyenne, 299 adhérents ont participé chaque semaine aux réunions. Le graphique présenté ci-dessous indique le taux de fréquentation hebdomadaire à ces réunions pendant la campagne. Plus de 84 000 observations et comptages ont été réalisés cette année, sur un réseau de 539 parcelles (voir tableau ci-dessus).

Marne Aisne Aube TOTAL

Nombre de parcelles 453 23 63 539

Nombre de communes 123 14 30 167

Nombre de réunions « bout de parcelles » hebdomadaires

90 10 12 112

Magister, bilan technique 2015

4

Une offre de services en évolution…

Un élan vers la viticulture durable : Désireuse d’accompagner ceux qui souhaitent s’engager dans une démarche de viticulture durable, l’équipe Magister a assuré plusieurs services permettant de mieux répondre aux attentes des vignerons et aux exigences du référentiel « Viticulture Durable » :

- Les formations Viticulture Durable : cinq formations collectives ont été organisées en 2015, permettant à près de 80 personnes de remplir l’autodiagnostic de leur exploitation et de construire leur plan de progrès.

- L’accompagnement individuel : les vignerons souhaitant être accompagnés dans un projet de certification de leur exploitation ont pu bénéficier de l’accompagnement individuel proposé par Magister.

- Agréo : un outil de traçabilité : le logiciel Agréo de Smag, utilisé par Magister depuis 2014 comme base de données, est en cours de test depuis cet été pour être proposé aux vignerons comme outil de traçabilité. Adapté plus particulièrement aux besoins des exploitants et des prestataires, le logiciel sera disponible en début d’année 2016.

- L’aide au réglage du pulvérisateur : organisé de façon individuelle ou collective, ce service a

permis d’optimiser la pulvérisation sur 21 pulvérisateurs en 2015.

- Les prélèvements de terre : en partenariat avec Magister, 67 prélèvements de terre ont été envoyés au laboratoire CAMA (laboratoire agréé) dans le cadre de la campagne de fertilisation 2014-2015.

Magister, bilan technique 2015

5

Mathieu LIEBART Monthelon, Morangis,

Oeuilly

❶. L’équipe 2015

L’équipe permanente :

L’équipe temporaire :

Magister, bilan technique 2015

6

❷. Chronologie des événements de la campagne 2015

Magister, bilan technique 2015

7

❸. Stades phénologiques

stades phénologiques Chardonnay Meunier Pinot Noir Moyenne

2015

03 Bourgeons dans le coton 10-avr. 15-avr. 13-avr. 12-avr.

05 Pointe verte (débourrement) 14-avr. 20-avr. 17-avr. 17-avr.

06 Ecartement des feuilles 18-avr. 23-avr. 21-avr. 20-avr.

07 Première feuille étalée 21-avr. 27-avr. 24-avr. 24-avr.

09 Deux à trois feuilles étalées 23-avr. 1-mai 30-avr. 28-avr.

12 Cinq à six feuilles étalées 5-mai 14-mai 11-mai 10-mai

15 Grappes séparées 13-mai 21-mai 17-mai 17-mai

16 Huit à neuf feuilles 19-mai 26-mai 23-mai 22-mai

17 Grappes développées 24-mai 1-juin 30-mai 28-mai

18 Onze à douze feuilles 30-mai 7-juin 3-juin 2-juin

19 Début fleur 8-juin 10-juin 9-juin 9-juin

21 25% des capuchons tombés 9-juin 15-juin 9-juin 10-juin

23 50% des capuchons tombés 10-juin 16-juin 12-juin 12-juin

25 75% des capuchons tombés 16-juin 17-juin 16-juin 16-juin

27 Nouaison 19-juin 23-juin 20-juin 20-juin

29 Grains de grenaille 25-juin 28-juin 25-juin 26-juin

31 Les grappes pendent 3-juil. 3-juil. 2-juil. 3-juil.

33 Fermeture de la grappe 12-juil. 11-juil. 12-juil. 12-juil.

Suite à des températures clémentes dans la deuxième quinzaine d’avril, la vigne prend deux ou trois jours d’avance. Mais ensuite, la phénologie restera conforme à la moyenne des dix dernières années pendant une grande partie de la campagne. Les fortes chaleurs enregistrées en juin et juillet permettront de gagner trois ou quatre jours d’avance en fin de campagne.

❹. Données météo - Avril à septembre 2015

Diagramme ombro-thermique : La campagne se caractérise par une faible pluviométrie et des températures moyennes élevées, particulièrement en juin et en juillet. Les mois d’août et de septembre sont les plus arrosés.

Magister, bilan technique 2015

8

Carte des pluies :

La carte ci-dessous (source Comité Champagne), représente le cumul des pluies enregistrées entre avril et septembre. L’année se caractérise par une pluviométrie inférieure à la normale (375 à 400 mm) sur une grande partie du vignoble. Les secteurs les plus arrosés se situent dans l’Aisne au Nord-Ouest de Château-Thierry, dans le Bar-Séquanais et dans le Vitryat.

❺. Comptages de grappes (effectués en juin)

Chardonnay Meunier Pinot noir MOYENNE

Nombre moyen de grappes par pied

12,6 7,9 11,2 10,9

Magister, bilan technique 2015

9

❻. La campagne 2015 en quelques mots…

Un mois d’avril plutôt calme… C’est avec un peu de fraîcheur et beaucoup de sérénité que débute ce mois d’avril. Les bourgeons, moins concernés par les attaques de noctuelles et de boarmies que de coutume se développent tranquillement. Sauf cas particuliers, ils sont également épargnés par le gel. La remontée des pyrales vers les jeunes pousses est signalée mi-avril. Les tordeuses démarrent leur vol le 22 avril (source Comité Champagne) et les premiers œufs sont découverts le 27 avril. Les températures se réchauffent dans la deuxième quinzaine du mois et font prendre à la vigne, deux ou trois jours d’avance.

Mai : le réveil de l’oïdium... Les conditions pluvieuses et venteuses des premiers jours de mai, limitent les pontes des tordeuses de première génération. La maturité des œufs de mildiou est acquise le 5 mai en laboratoire (source Comité Champagne). Les contaminations primaires ont lieu la première semaine de mai et les taches qui en sont issues sont observées le 12 mai (hors réseau Magister). Le 13 mai, des symptômes d’oïdium sur feuilles sont décelés sur des parcelles sensibles (hors réseau Magister). Les modèles annoncent d’entrée une année à pression élevée. La protection contre ces deux maladies débute conjointement. La situation est plus calme du côté des ravageurs : même si la fréquence de parcelles occupées par des pyrales est importante, les populations sont modérées. Les tordeuses sont peu présentes. Coté phénologie, le développement de la vigne se situe dans la moyenne des dix dernières années.

En juin, le mois de la soif... Les mois de juin se suivent et se ressemblent ! Pour un peu, on se croirait de retour en 2014. Chaleur et sécheresse en sont les caractéristiques. La floraison se déroule dans de bonnes conditions. Le manque d’eau se fait progressivement ressentir et n’est pas sans conséquences au vignoble : la vigne pâlit, les plantes adventices sèchent, le mildiou se meurt, les vols et les pontes de tordeuses de deuxième génération sont perturbés, les vignerons et les techniciens ont soif ! Seul l’oïdium trouve les conditions à son goût et fait office de survivant face à cette capitulation générale.

Juillet, l’oïdium attaque tandis que le mildiou abdique... Juillet se révèle également chaud et sec. Les pontes des tordeuses de deuxième génération sont rares. Privé d’eau, le mildiou est définitivement K-O car même les jeunes feuilles du haut du feuillage et les entre-cœurs sont sains cette année. La vigne souffre de cette contrainte hydrique, qui se traduit parfois par un jaunissement des feuilles du bas du cep. L’oïdium, insensible à cette ambiance générale, n’en finit plus de déployer ses symptômes gris sur les grappes, tout au long du mois de juillet. A ce stade, on compte trois ou quatre jours d’avance sur la moyenne décennale.

En août : des pluies très attendues… Mis à part les parcelles touchées par l’oïdium, l’état sanitaire du vignoble est exceptionnel début août. La présence des tordeuses, du mildiou et du Botrytis est très limitée, voire anecdotique. Des pluies, bénéfiques à la maturation surviennent enfin courant août.

Septembre : un beau millésime ?… Même si les premiers coups de sécateurs sont donnés dès le 27 août, les vendanges débutent en moyenne le 7-8 septembre et se déroulent dans de bonnes conditions malgré quelques journées pluvieuses. Dans les parcelles touchées par l’oïdium, le tri est de rigueur mais dans l’ensemble, la récolte est saine et les degrés sont élevés. La qualité est là, même si la quantité n’est pas toujours au rendez-vous dans certaines parcelles. Le niveau de l’appellation est de 10 000 kg/ha cette année.

Magister, bilan technique 2015

10

LES MALADIES

❶. Le mildiou

Un départ dans les temps…

C’est sur un scénario très classique que débute l’épidémie de mildiou cette année : la maturité des œufs d’hiver est acquise le 5 mai en laboratoire (source Comité Champagne) et les premières contaminations sont réalisées dans la foulée, probablement à la faveur des pluies des 3-4-5 mai. Les premières taches sont observées dès le 12 mai au vignoble (hors réseau Magister) et le 15 mai sur notre réseau, sur les communes de Verzy et de Polisy. L’épidémie démarre « tranquillement » et quelques taches apparaissent régulièrement courant mai. Au début du mois de juin, on compte seulement 10% de parcelles concernées par des taches de mildiou sur feuilles, essentiellement observées en Côte des Blancs, dans le Sézannais, dans le Vitryat et dans la Côte des Bar.

Le mildiou en perte de vitesse… L’expression de la maladie va ensuite s’essouffler très rapidement : en effet, les conditions sèches et ensoleillées des mois de juin et juillet vont définitivement avoir raison du mildiou. Les taches présentes sèchent et même les jeunes feuilles des brous et des entre-cœurs, qui abritent habituellement la maladie en fin de campagne sont très saines cette année. Au cours du mois de juillet, seulement 1% des parcelles sont concernées par quelques taches sur feuilles. Aucune des parcelles suivies ne présente d’attaque importante (14% de ceps touchés sur la parcelle la plus atteinte). Sur grappes, la situation est exceptionnelle puisque de très rares symptômes ont été signalés au cours de la campagne sur 0,6% des parcelles. Sur l’ensemble de la campagne, la présence de mildiou a été signalée dans 25% de parcelles (taches éparses dans la grande majorité des cas). Les derniers comptages réalisés début août indiquent une présence anecdotique de la maladie, proche de 0% de parcelles touchées.

Magister, bilan technique 2015

11

Peu de mildiou et pourtant… La pression mildiou a été particulièrement faible cette année. Elle peut être comparée à la campagne 2011 où la présence de cette maladie avait été également très limitée. En 2011, 5,9 passages anti-mildiou avaient été effectués avec un IFT de 5,2. Or cette année, pour une pression mildiou équivalente, voire plus faible en fin de campagne, on compte 6,8 passages et un IFT de 6,2. Est-ce la crainte du développement de symptômes tardifs qui a poussé les vignerons à traiter davantage ? Les données techniques ne sont pas toujours prises en compte en priorité pour gérer la protection. La fin de campagne 2014 caractérisée par du mildiou tardif est encore dans les mémoires et a pu influencer les comportements. La forte pression d’oïdium a probablement contribué à multiplier le nombre d’anti-mildiou : peu de vignerons découplent la protection. Les renouvellements sont calés sur les anti-oïdium ce qui entraine un raccourcissement des cadences parfois exagéré par rapport à la pression mildiou observée.

❷. L’oïdium

Un envahisseur indésirable… Au milieu d’une campagne bien calme, l’oïdium a été le principal sujet d’inquiétude cette année. Décelées sur feuilles le 15 mai sur une parcelle très sensible de notre réseau (soit au stade 6 à 7 feuilles étalées), les premières taches ne passent pas inaperçues et les symptômes sur feuilles apparaissent régulièrement dans les semaines qui suivent. Très vite, il devient évident que l’oïdium est présent de manière significative sur certains secteurs. L’indicateur oïdium, notre outil de prévision des risques, décolle dès le départ (voir figure ci-après). Les techniciens donnent l’alerte. Peu avant la floraison sur notre réseau, on compte 10% de parcelles abritant des symptômes sur feuilles. Les chardonnays sont les plus concernés mais la maladie touche également dans une moindre mesure quelques pinots noirs et même des meuniers. Et comme nous l’ont appris les leçons

Magister, bilan technique 2015

12

% moyen

de feuilles

touchées

% moyen

de grappes

touchées

intensité

moyenne

sur grappes

Chardonnay 4,7 12,8 2,2

P. Meunier 0,7 1,7 0,3

P. Noir 0,7 2,5 0,4

TOTAL 2,3 6,6 1,1

tirées des années précédentes : la présence importante de symptômes sur feuilles, avant floraison et sur les trois cépages, présage d’une année à forte pression. Pour protéger les grappes, des traitements intercalaires sont conseillés et les cadences de traitement sont raccourcies sur les secteurs concernés par la maladie (principalement la Côte des Blancs, la région d’Epernay, le Sézannais, Mailly, Ecueil, Nogent-l’Abbesse et Villers-Marmery). De nombreux vignerons se sont équipés de poudreuses. La période encadrant la floraison est malheureusement marquée par une période de fortes chaleurs et venteuse. Il est parfois difficile de passer dans de bonnes conditions.

Des sorties sur grappes prévisibles…

C’est sans surprise que les premiers symptômes sur grappes sont décelés à Vertus le 16 juin, juste après la fin de la floraison. Fin juin, 10% des parcelles présentent des symptômes sur grappes principalement dans les chardonnays de la Côte des Blancs et du Sézannais. La majorité des symptômes apparait ensuite courant juillet et il faut attendre la fermeture complète de la grappe pour voir la situation se stabiliser. Au final, début août, 45% de parcelles sont concernées par des symptômes sur grappes (50% des parcelles de la Marne et L’Aisne et 10% des parcelles de la Côte des Bar). 21% des parcelles du réseau présentent des attaques supérieures à 10% de grappes touchées (23% dans la Marne et l’Aisne et 2% dans la Côte des Bar). Comme le montre le tableau présenté ci-dessus, le chardonnay reste le plus touché, avec en moyenne sur l’ensemble des grappes observées, 12% de grappes touchées avec une intensité d’attaque (proportion de baies

atteintes par l’oïdium) de 2,2%. Dans l’ensemble, la maladie a été bien gérée et même certaines parcelles très touchées ont pu être vendangées, le tri étant de rigueur. Les parcelles les plus touchées sont situées sur les secteurs du Sézannais (La Celle sous Chantemerle, Saudoy, Vindey, Allemant), de la Côte des Blancs (Avize Oger, Chouilly Bergères

les Vertus), de Vitry le François (Bassuet, Val de Vières), Ecueil, Nogent l’Abbesse, Trépail, Villedommange et Villers-Marmery.

Des traitements intercalaires oui, mais… Cette année, de nombreux traitements intercalaires ont été effectués. Ces traitements complémentaires, conseillés en encadrement de la floraison et ciblés sur grappes, permettent de renforcer la protection au moment où la vigne est la plus sensible.

Magister, bilan technique 2015

13

Mais même ces interventions doivent être raisonnées : elles sont à réserver aux secteurs ou aux parcelles sensibles et méritent d’être appliquées dans de bonnes conditions et au bon moment pour être efficaces. De plus, la lutte contre l’oïdium ne se limite pas à la protection phytosanitaire seule. C’est toute une série de mesures qu’il faut mettre en œuvre pour empêcher ou au moins, limiter l’extension de la maladie : composer un programme de fertilisation adapté pour éviter les parcelles trop vigoureuses, soigner la taille et les travaux en vert pour limiter les entassements de feuilles et de grappes, régler son pulvérisateur pour optimiser la quantité de produit déposé sur la vigne...voici quelques pistes à suivre. « C’est une question de bons sens !», disent certains vignerons. Mais, le dire ne suffit pas. Alors, adaptons nos pratiques à la sensibilité des parcelles et concentrons-nous sur les points à améliorer pour ne pas laisser l’oïdium s’installer durablement dans notre vignoble.

❸. La pourriture grise La faible pluviosité enregistrée au cours de la campagne n’a pas été favorable au développement du Botrytis. Les symptômes sont rares début août et on compte seulement 1,6% de parcelles concernées par la présence de la pourriture grise (contre 77% au même stade en 2014). Comme le montre le tableau ci-dessous, on note peu de différences entre les cépages.

❹. Le brenner Les premiers symptômes du brenner sont repérés cette année le 3 juin à Loches-sur-Ource et à

Fontette. La lutte contre cette maladie débute de façon conjointe avec les luttes anti-mildiou et anti-oïdium en utilisant des spécialités homologuées contre le brenner dans les parcelles à risque. L’expression des symptômes s’est échelonnée pendant les mois de juin et juillet avec des sorties de taches successives sur les étages foliaires 1 à 9. La maladie est présente dans 29% des parcelles de la Côte des Bars (et 3% des parcelles Magister toutes régions confondues) cette année contre 30% en 2014. Les attaques sont restées faibles dans la majorité des cas avec un maximum de 32% de ceps touchés dans une parcelle à Gyé-sur-Seine. Les

communes concernées par la maladie sont : Essoyes, Gyé-sur-Seine, Celles-sur-Ource, Loches-sur-Ource, Noé-les-Mallets, Fontette, Plaines-Saint-Lange dans le Bar Séquannais et Bergères, Bligny et Argançon et Spoy dans le Bar-sur-Aubois.

chardonnay meunier pinot noir total % de parcelles avec présence de Botrytis (stade "fermeture complète de la grappe" à "début véraison")

0,9 3,6 0,6 1,6

% moyen grappes touchées 0,03 0,11 0,01 0,05

Intensité moyenne par grappe 0,01 proche de 0 proche de 0 0,01

Tache de brenner sur pinot noir Photo : V. Boeuf

Magister, bilan technique 2015

14

❺. Le black-rot : le retour Après huit ans d’absence sur notre réseau d’observation, le black-rot pointe le bout de son nez en 2015. Essentiellement localisé dans la Côte des Bar, sa présence sur feuilles, certes timide, a été signalée dans 0,7% des parcelles Magister, tous secteurs confondus (soit 6% des parcelles auboises). Comme le montre la photo ci-dessus, les symptômes sur feuilles sont très caractéristiques (tâches circulaires brunes présentant des petits points noirs, appelés « pycnides »). Aucun symptôme n’a été signalé sur grappes.

❻. Les maladies du bois L’esca et le Black-Dead-Arm (BDA) :

Les premiers symptômes ont été signalés le 13 juillet sur notre réseau, au stade « fermeture de la grappe ». Les notations réalisées entre la fermeture complète de la grappe et l’apparition des premières baies colorées indiquent que ces maladies sont présentes dans 34% des parcelles cette année contre 29% l’année dernière. 34% des parcelles de chardonnay ont exprimé des symptômes contre 40% des parcelles de meunier et 29% des parcelles de pinot noir.

❼. Les maladies virales

Le court-noué : Une observation unique réalisée mi-juin sur notre réseau indique que 19% des parcelles présentent des symptômes de court-noué. Ce chiffre est probablement sous-évalué. Des notations plus régulières, prévues au cours des prochaines campagnes devraient nous permettre d’avoir une idée plus précise de l’étendue de cette maladie. L’enroulement : Une observation réalisée début août au stade « fermeture complète de la grappe » / « tout début véraison » indique que 5% des parcelles présentent des symptômes d’enroulement.

Taches de Black-rot sur feuilles Photo : V. Boeuf

Tache de Black-rot sur feuilles - Photo : V. Boeuf

Magister, bilan technique 2015

15

LES RAVAGEURS

❶. Les tordeuses de la grappe

Une première génération peu inquiétante…

Les premiers papillons de tordeuses sont capturés à partir du 22 avril cette année (source Comité Champagne) et les premières pontes sont observées sur notre réseau le 27 avril à Essômes-sur-Marne et à Epernay. Les conditions fraîches et venteuses de début mai ne sont pas favorables au dépôt des œufs. Les populations de tordeuses de cette première génération restent donc limitées. Leur présence est décelée dans 35% des parcelles en 2015 contre 54% l’année dernière. Les glomérules se forment en majorité sur les quinze premiers jours de juin. On compte en moyenne 1,5 glomérules pour 100

inflorescences, toutes parcelles confondues (0,9 glomérules pour 100 inflorescences sous confusion et 2,9 glomérules pour 100 inflorescences hors confusion). Aucune parcelle n’atteint le seuil d’intervention de 30 glomérules pour 100 inflorescences sous confusion ni le seuil d’intervention de 100 glomérules pour 100 inflorescences hors confusion. La cochylis est toujours la plus présente avec 30% de parcelles occupées contre 1% pour l’eudémis. Les secteurs où les populations de tordeuses ont été les plus observées sont la Côte des Bars, le Vitryat, la Vallée de la Marne et l’Aisne.

La chaleur perturbe les papillons de deuxième génération…

Les vols de deuxième génération de cochylis et d’eudémis débutent le 26 juin (source Comité Champagne). Fidèles à la tradition, les techniciens de la préconisation champenoise se lancent à la recherche des 1ers œufs, qu’ils découvrent le 6 juillet à Epernay et à Treslon (source Chambre d’Agriculture de la Marne). Le placement d’un insecticide préventif est aussitôt conseillé dans les parcelles non confusées. Mais les tordeuses jouent de malchance cette année et cette fois, ce sont les fortes chaleurs qui perturbent les vols mais aussi l’activité de ponte. Au total, la présence d’œufs

Magister, bilan technique 2015

16

ou de perforations a été détectée dans 7% des parcelles (contre 16% en 2014). Le nombre moyen de perforations toutes parcelles confondues est de 0,1 pour 100 grappes (0,1 pour les parcelles sous confusion et 0,2 pour les parcelles hors confusion). L’incidence des tordeuses a été faible cette année : aucune parcelle n’est concernée par la présence d’au moins 10 perforations pour 100 grappes dans les parcelles sous confusion. Ce chiffre est de 0,6% pour les parcelles hors confusion. Les chenilles observées sont des larves de cochylis. La présence d’eudémis reste anecdotique. On note en 2015, environ 15 000 ha sous confusion sexuelle contre 13 500 ha en 2014 (source Comité Champagne). Sur le réseau Magister, en 2015, 67% des parcelles sont protégées par confusion sexuelle.

❷. Les mange-bourgeons Moins fréquents au vignoble cette année, les mange-bourgeons (boarmie et noctuelle), se sont manifestés dans 56% des parcelles, contre 83% en 2014. Le seuil d’intervention de 15% de ceps avec au moins un bourgeon mangé a été atteint, comme en 2014, dans 6% des parcelles. Cependant, les taux de population sont restés faibles sur l’ensemble de notre réseau

et aucune parcelle n’apparait sévèrement touchée (33% de ceps touchés au maximum). En moyenne, toutes parcelles confondues, on compte 2% de ceps occupés par au moins un dégât de mange-bourgeon. La boarmie et la noctuelle sont présentes dans des proportions équivalentes, avec un léger avantage pour la boarmie qui occupe 28% des parcelles contre 22% pour la noctuelle. Les dégâts de charançon sont restés anecdotiques.

❸. La pyrale Les larves de ce ravageur occupent 93% des parcelles cette année contre 92% en 2014. 1,9% des parcelles atteignent le seuil d’intervention de 100% de ceps occupés par au moins une pyrale, contre 0,9% l’année dernière. Les dépassements de seuil sur notre réseau, concernent essentiellement certaines parcelles situées dans le Sézannais (Sézanne, Allemant,

Dégât de boarmie sur un bourgeon. Photo J. Chevalier

Magister, bilan technique 2015

17

Fontaine-Denis, Vindey), dans la région des Côteaux du petit Morin (Talus-Saint-Prix, Villevenard) dans le Vitryat (Val-de-Vière) et en Montagne de Reims (Tauxières). En moyenne, 18% des ceps sont occupés sur l’ensemble des parcelles du réseau contre 15% l’année dernière.

❹. Les cicadelles

La cicadelle verte : se fait oublier… Les larves de cet insecte ont été observées cette année dans 72% des parcelles du réseau contre 90% en 2014 (comptage réalisé lorsque les premières baies changent de couleur). En moyenne 10 larves pour 100 feuilles ont été dénombrées contre 18 l’année dernière. Comme le montre la figure ci-contre, les populations de cicadelles vertes sont relativement stables d’une année sur l’autre et n’augmentent pas particulièrement au fil du temps.

La cicadelle de la flavescence dorée : la mal aimée…

La carte ci-après (source Comité Champagne) indique les communes où la cicadelle de la flavescence dorée a été détectée par l’ensemble des organismes techniques, depuis sa découverte en Champagne en 2011. La surveillance de cette cicadelle, inoffensive tant que la maladie de la flavescence dorée n’est pas présente au vignoble, se poursuit. Des prospections menées cet automne sur quelques communes ont permis d’identifier des ceps atteints de jaunisse, ceux-ci ayant fait l’objet d’une analyse. Les résultats se sont tous révélés négatifs « flavescence dorée » (source DRAAF-SRAL). Il s’agissait dans la majorité des cas de bois noir, dont les symptômes sont visuellement identiques à ceux de la flavescence dorée. Rappelons la responsabilité de chacun dans la surveillance des parcelles : toute suspicion de jaunisses doit être signalée à la DRAAF-SRAL ou à un technicien qui relayera l’information. Une application mobile VigiCA, dont la notice est disponible sur l’extranet du Comité Champagne, permet de signaler rapidement et de façon très simple la présence d’un cep suspect. L’utilisation de plants portant la mention ZPd4 est obligatoire. Cette mention, délivrée par France Agrimer indique que les plants peuvent être plantés en Champagne et respectent la réglementation visant à éviter toute introduction de flavescence dorée dans notre vignoble. C’est une des principales mesures préventives dans la gestion du risque.

Magister, bilan technique 2015

18

❺. Les cochenilles retombent dans l’oubli

Après un retour timide en 2014 avec 13% de parcelles occupées, les cochenilles se font de nouveau oublier cette année. En effet, leur présence n’a été signalée que dans 3% des parcelles. Le pourcentage moyen de feuilles occupées est de 0,1% sur l’ensemble des parcelles contre 1,4% l’année dernière.

❻. Le gribouri : quelques traces furtives

Ce petit coléoptère, encore appelé « écrivain », responsable de marquages en forme d’écritures sur feuilles et sur grappes, a été décelé cette année dans 21% des parcelles (contre 33% en 2014). Sa présence a été signalée principalement dans le Massif de Saint-Thierry, la Vallée de l’Ardre, à Ecueil, à Villers-Marmery, et sur quelques communes de la Côte des Blancs, du Sézannais et de la Vallée de la Marne. Sauf cas particuliers, les marquages sur grappes restent de faible intensité.

Magister, bilan technique 2015

19

❼. Les acariens rouges : le gibier des typhlodromes

Toujours au menu des typhlodromes, les acariens rouges ont occupé au printemps, 11% des parcelles contre 19% en 2014. Aucune parcelle de notre réseau n’a atteint le seuil d’intervention de printemps (70% de feuilles occupées par au moins une forme mobile) cette année.

En été, leur présence a été presque anecdotique avec seulement 3,5% de parcelles concernées (contre 3% l’année dernière). 0,6% de parcelles ont atteint le seuil d’été (40% de feuilles occupées par au moins une forme mobile sur les communes de Passy-Grigny, Le Breuil et Mailly. Au final, sur l’ensemble de la campagne, la présence d’acariens

rouges a été décelée dans 13% des parcelles du réseau avec en moyenne 1,8% de feuilles occupées par au moins une forme mobile. La figure ci-dessus montre la colonisation du feuillage par les acariens rouges et par les typhlodromes depuis 2009 sur l’ensemble des parcelles du réseau (Marne, Aisne et Aube).

Les autres acariens…

Aucun acarien jaune n’a été signalé cette année sur notre réseau d’observation. Quelques cas d’acariose ont été observés en 2015 sur les parcelles Magister .

Magister, bilan technique 2015

20

LES AUXILIAIRES

Les auxiliaires regroupent les espèces dont l’action bénéfique de prédation envers certains ravageurs contribue à la protection des cultures.

❶. Les typhlodromes : de bons chasseurs On note toujours une bonne colonisation du vignoble par les typhlodromes : 98% de parcelles sont occupées sur notre réseau, contre 93% en 2014. Le pourcentage moyen de feuilles occupées par des typhlodromes est de 37%, ce qui est supérieur à la valeur observée en 2014 (24,3%) (voir figure précédente dans le paragraphe des acariens rouges).

❷. Les autres auxiliaires Cette année, 241 parcelles de notre réseau, réparties sur 51 communes, ont fait l’objet d’un suivi régulier de quelques auxiliaires de la vigne (voir photos ci-dessous). Le graphique présenté ci-dessous indique le pourcentage de parcelles concernées par les différents auxiliaires suivis sur la période du 30 mars au 7 août 2015.

Magister, bilan technique 2015

21

LES PHENOMENES CLIMATIQUES OU PHYSIOLOGIQUES

❶. Le gel Les dégâts de gel restent anecdotiques cette année sur notre réseau et ont été signalés dans 1% des parcelles.

❷. La grêle Quelques dégâts sur feuilles ont été signalés les semaines du 18 et du 25 mai sur les communes de Treslon, Brouillet, Pouillon, Verneuil, Thill, Bassuet, Crouttes-sur-Marne, Charly-sur-Marne.

❸. Autres phénomènes : coulure, millerandage, échaudage, chlorose

Les observations concernant la coulure et le millerandage ont été effectuées au stade « fermeture de la grappe » :

La coulure : ce phénomène, au cours duquel les grappes prennent un aspect clairsemé suite à une chute importante des baies, a été observé dans 24% des parcelles du réseau (contre 54% en 2014). Ce phénomène naturel, n’a pas donné lieu à des conséquences notables sur la récolte cette année.

Le millerandage : ce phénomène qui se traduit par un développement anormal des baies qui ne grossissent pas, a été observé dans 62% des parcelles (contre 58% en 2014).

L’échaudage : il correspond à un « coup de soleil » des raisins les plus exposés, ce qui se traduit par un brunissement des baies touchées qui se dessèchent puis finissent par tomber. 24% des parcelles (contre 98% en 2014) ont été concernées par ce phénomène dont l’intensité est restée faible à modérée.

La chlorose : elle se traduit par un jaunissement plus ou moins important du feuillage et peut être liée à un excès d’eau lors des printemps pluvieux (carence physiologique) ou à une carence en fer induite sur les sols au taux de calcaire élevé. Sur notre réseau, des symptômes de chlorose ont été notés sur 25% des parcelles.

Magister, bilan technique 2015

22

SYNTHESE DES PRATIQUES D’ENTRETIEN DES SOLS

Cette synthèse a été réalisée à partir de 93 programmes d’entretien des sols (sur les 539 parcelles enregistrées), ce qui représente environ 17% des parcelles du réseau. Nous adressons tous nos remerciements aux adhérents qui nous ont transmis ces données.

Comme le montre la figure ci-dessus, on ne note pas cette année de réelles évolutions dans les pratiques d’entretien des sols comparé à 2014 : Le pourcentage de parcelles ayant reçu au moins un herbicide de pré-levée en plein (étape 0) est comparable à celui enregistré l’année dernière (28% de parcelles concernées contre 25% en 2014). Si on compare les étapes 1 et 2 entre 2014 et 2015, on pourrait penser à un « retour en arrière » des pratiques. En effet, on compte cette année, 39% de parcelles concernées par l’étape 1 (utilisation d’herbicides de pré-levée sous dosés ou d’herbicides de post-levée en plein) contre 19% en 2014 et seulement 22% de parcelles concernées par l’étape 2 (application d’un herbicide uniquement sous le rang) contre 48% en 2014. Même si on ne peut pas exclure que l’utilisation de certains herbicides (notamment pré-levée sous-dosés) a pu être supérieure en 2015, la grande différence observée entre les deux années peut également s’expliquer par la différence du panel de parcelles analysées entre 2014 et 2015. L’étape 3 correspondant aux parcelles ne recevant aucun herbicide connait peu de changement avec 12% de parcelles concernées contre 8% l’année dernière. Le nombre de parcelles ayant reçu au moins une application d’herbicide varie peu avec 89% de parcelles concernées contre 92% en 2014. Le désherbage chimique en tache a été effectué dans 28% des parcelles contre 21% l’année dernière à raison d’une ou deux applications dans la campagne.

On compte en moyenne cette année, 3,1 interventions (chimiques et/ou mécaniques) par parcelle dont 2,2 interventions chimiques (2,4 en 2014) et 0,9 intervention non chimique (1,1 en 2014).

L’IFT herbicide est de 1,3 pour 2015 (contre 1,4 en 2014).

Magister, bilan technique 2015

23

Techniques alternatives au désherbage chimique :

La figure ci-contre ne montre pas d’évolution particulière des techniques alternatives au désherbage chimique depuis l’année dernière. On peut considérer que le pourcentage de parcelles enherbées reste stable, même si seulement 46% des parcelles sont enherbées contre 55% en 2014. En réalité, le panel de parcelles analysées (soit 93 parcelles) compte moins de parcelles enherbées cette année, ce qui explique cette différence.

En réalité, si on considère l’ensemble des parcelles du réseau Magister, 57% d’entre-elles sont enherbées. L’enherbement hivernal suscite peu d’intérêt avec 0% de parcelles concernées. 25% des parcelles sont désherbées de façon mécanique contre 28% l’année dernière.

Cas des parcelles non enherbées et non désherbées chimiquement : elles représentent seulement 2% des cas et sont uniquement entretenues par travail du sol (charrue, griffage, interceps…).

Cas des parcelles enherbées : elles sont enherbées tous les rangs dans 84% des cas, un rang sur deux dans 13% des parcelles ou bien enherbées uniquement dans les rangs de passage du matériel (3% des parcelles). Le pâturin des prés et le pâturin commun sont les espèces semées les plus fréquentes (50% des parcelles enherbées) mais les vignerons laissent également s’implanter la flore naturelle (dans 50% des parcelles enherbées). La maîtrise de la bande enherbée se fait par tonte ou par défanage.

Gestion du rang de vigne (parcelle enherbée ou non) : cette gestion s’effectue essentiellement à l’aide des interceps.

Conclusion : une situation stable Les tendances observées depuis plusieurs années sur notre réseau varient peu :

- Le nombre d’intervention chimiques est stable (2,2 interventions par parcelle cette année) et celles-ci sont de plus en plus souvent sous-dosées (77% des interventions, contre 75% en 2014),

- La proportion d’interventions non chimiques est stable ou augmente en tendance (0,9 interventions par parcelle cette année, ce qui représente environ 30% des interventions d’entretien des sols),

- Le nombre de parcelles enherbées augmente (57% des parcelles sont enherbées sur l’ensemble du réseau Magister).

Magister, bilan technique 2015

24

Nombre moyen IFT moyen IFT moyen

de passages

(hors confusion)(hors confusion) (avec confusion)

Mildiou 6,8 6,2 6,2

Oïdium 8,8 8,3 8,3

Botrytis 1,3 1,3 1,3

Erinose 0,01 0,02 0,02

Tordeuses 0,2 0,2 0,9

Pyrale 0,03 0,03 0,03

Acariens 0 0 0

Cicadelle 0 0 0

Mange-bourgeons 0,01 0,01 0,01

Herbicides pré-levée 0,8 0,5 0,5

Herbicides post-levée 1,4 0,8 0,8

Total 19,4 17,4 18,1

FONGICIDE

INSECTICIDE

HERBICIDE

SYNTHESE DES PRATIQUES DE TRAITEMENTS

Cette synthèse a été réalisée à partir de 212 programmes de traitements complets soit près de 40% des parcelles en suivi. Nous remercions les adhérents qui nous ont communiqué leur programme de traitement et sans qui cette synthèse n’aurait pas été possible.

❶. Nombre moyen de traitements / IFT (Indice de Fréquence de Traitement)

Nombre moyen de traitements :

Avec 19,4 passages en moyenne (hors confusion), 2015 se situe légèrement en dessous de la moyenne décennale (20,9) représentée par la courbe rouge sur le graphique ci-dessous.

En moyenne, 19,4 traitements ont été réalisés par parcelle cette année soit 0,2 interventions de moins qu’en 2014. En 2015, le nombre d’interventions contre le mildiou a été moins important (6,8

Magister, bilan technique 2015

25

contre 7,5 en 2014), par contre, le nombre d’anti-oïdium a été plus important (8,8 contre 8 en 2014). Le nombre moyen d’interventions visant les autres maladies et ravageurs reste comparable à l’année dernière. le nombre de passage « herbicide » est de 2,2 contre 2,4 en 2014.

L’IFT : L’indice de fréquence de traitement L’IFT est un indicateur qui permet de quantifier l’utilisation des produits phytopharmaceutiques. Il présente l’avantage de prendre en compte les pratiques de réduction ou d’adaptation de doses. Il peut permettre de visualiser dans le temps l’évolution des pratiques phytosanitaires. On le calcule grâce à la formule suivante :

L’IFT = Somme ((dose appliquée/dose homologuée) X surface traitée) = IFTherbicide + IFTfongicide + IFTinsecticide

Les applications d’engrais ou d’adjuvants ne sont pas prises en compte dans ce calcul. D’après le tableau présenté page précédente, le nombre moyen de traitements (19,4) est supérieur à l’IFT (18,1). Ceci est dû aux réductions et aux adaptations de doses effectuées, qui ont permis d’économiser 1,3 traitements cette année. Des réductions de doses ont été mises en œuvre dans les cas de figure suivants :

ajustement des doses de fongicides à la hauteur de végétation présente en adaptant les réglages du pulvérisateur,

sous dosage des fongicides,

dans les programmes de désherbage : sous dosage et désherbages localisés sous le rang

Magister, bilan technique 2015

26

❷. Synthèse sur les programmes de traitements

MILDIOU : fréquence d’utilisation des différentes substances ou familles chimiques : Cette année, l’utilisation des QiI/QoSI (23%) est comparable à 2014 (22%). C’est la famille la plus utilisée en 2015. Les phosphites (fosétyl-Al) ont été moins utilisés (14% contre 22% en 2014). L’application des phosphonates (10%) en association avec les QiI dans les produits fait que l’utilisation de cette substance n’est pas négligeable. On note dans l’ensemble, une bonne alternance des substances. L’application de produits de contact à base de folpel, valiphénal, mancozèbe, métirame-zinc et cuivre

représente 31% des substances utilisées. La faible pression mildiou a fait que certaines substances ont été utilisées avec davantage de modération que de coutume : c’est le cas du fluopicolide (5%), des CAA (4%) ou encore du cymoxanil (7%). 6,8 interventions anti-mildiou ont été appliquées en moyenne contre 7,5 l’année dernière.

OÏDIUM : Fréquence d’utilisation des différentes substances actives ou familles chimiques : Depuis deux ans et malgré la forte pression oïdium enregistrée cette année, les recommandations visant à éviter l’utilisation des spécialités contenant des IBS1 (9%), des QoI (9%) ou des AZN (3%), concernées par des phénomènes résistances ont été bien suivies. L’utilisation de ces trois familles chimiques est restée modérée. En compensation, le soufre a été largement utilisé sous forme de soufre mouillable (22%) et de soufre poudre (5%), celui-ci étant plus particulièrement réservé aux traitements intercalaires. La spiroxamine (17%) et la métrafénone/pyriofénone (14%) ont été employées dans des proportions comparables à 2014. Le méptyldinocap, souvent appliqué en traitement intercalaire a été un peu plus employé cette année (8% ), alors que les SDHi, associés aux

Magister, bilan technique 2015

27

QoI dans les produits ont été modérément utilisés. Le cyflufénamid (6%) a également été peu employé. Au total, 8,8 traitements anti-oïdium ont été appliqués en moyenne cette année contre 8 en 2014.

BOTRYTIS : Fréquence d’utilisation des produits anti-Botrytis (% des interventions réalisées) :

Tous stades d’applications confondus les spécialités Géoxe WG /Safir WG (41%) sont les spécialités anti-botrytis les plus utilisées, suivi de Teldor/Lazulie (21%). Les spécialités à base de SDHi (Luna Prime/Privilège et Cantus) ont été davantage employées cette année (18% contre 11% en 2014). Pour les autres produits, les tendances restent les mêmes qu’en 2014.

Fréquence d’utilisation des produits en fonction du stade d’application A, B ou C :

Au stade A, trois familles chimiques sont principalement utilisées : Géoxe WG - Safir WG restent les spécialités les plus appliquées avec 53% des parcelles traitées. Les spécialités Luna Prime/Privilège (23%) détrônent cette année le Teldor / Lazulie (16%). Au stade B Teldor et Lazulie (16%) sont les spécialités les plus utilisées suivies par le Sekoya (14%) puis par Scala-Toucan-Babel 400-Fleurus-Japica (10%) et Géoxe WG-Safir WG (8%).

Magister, bilan technique 2015

28

STRATEGIE% parcelles

concernées

Stratégie sans anti-botrytis 13

Stratégie traitement A seul 41

Stratégie traitement B seul 5

Stratégie traitement AB 39

Stratégie traitement BC 0

Stratégie traitement AC 1

Stratégie traitement ABC 1

D’après le tableau ci-après, parmi les parcelles ayant reçu au moins un traitement anti-botrytis, les applications au stade A (fin floraison) sont les plus importantes puisqu’elles ont été effectuées dans 95% des parcelles (ce qui est supérieur aux valeurs de 2014 et 2013). Aux stades B et C, les

pourcentages de parcelles traitées sont conformes à ceux enregistrés en 2014 avec respectivement 51% et 3% de parcelles traitées.

Répartition des différentes stratégies de traitement contre le Botrytis :

Cette année, 87% des parcelles ont reçu au moins une intervention anti-botrytis contre 84% en 2014. 13% des parcelles n’ont reçu aucun fongicide anti-Botrytis. Cette année, la stratégie à une seule intervention en A est la plus représentée avec 41% de parcelles concernées (contre 33% en 2014). Elle est suivie de près par la stratégie à deux interventions en AB (39% de parcelles concernées contre 42% en 2014). Les autres types de stratégies restent marginales. En 2015, 1,3 interventions ont été réalisées en moyenne contre le Botrytis.

RAVAGEURS: % de parcelles traitées – % de parcelles sous confusion sexuelle :

% de parcelles traitées

Mange-bourgeons 0,5

Pyrale 3

Tordeuses de la grappe 18 (hors confusion)

Acarien rouge 0

Cicadelle verte 0

En 2015, 0,2 interventions insecticide (hors confusion) ont été réalisées en moyenne (voir tableau page 24 pour le détail des interventions).

Le pourcentage de parcelles sous confusion sexuelle est de 67% cette année sur notre réseau contre 60% en 2014.

2013 2014 2015

% de parcelles traitées au stade A 82 77 95

% de parcelles traitées au stade B 62 51 51

% de parcelles traitées au stade C 4 3 3

Magister, bilan technique 2015

29

CONCLUSION La campagne 2015 restera dans les mémoires comme une année sèche, chaude et sans mildiou, seulement marquée sur certains secteurs par la présence d’oïdium. Le nombre moyen de passages de 19,4 est en dessous de la valeur de la moyenne décennale (20,9) et l’IFT de 18,1 a permis de gagner 1,3 traitements. Mais ces valeurs auraient pu encore être optimisées, notamment dans la lutte contre le mildiou. Il est regrettable de constater que la faible pression mildiou n’a pas toujours été prise en compte dans le raisonnement des interventions surtout en fin de campagne, alors que la maladie était quasiment absente du vignoble. Heureusement, d’autres avancées ont été réalisées cette année, concernant notamment la viticulture durable. Grâce aux formations collectives ou à l’accompagnement individuel, vous êtes nombreux à avoir établi des plans de progrès en remplissant votre autodiagnostic. Quelques pionniers ont même entrepris et réussi le projet de certification « Viticulture Durable » de leur exploitation. Et ce n’est qu’un début…Ces démarches ne peuvent que faire honneur à la Champagne, toujours en quête de nouveaux challenges. Le classement récent au patrimoine mondial de l’humanité en est le reflet. Souvent cités comme référence, notre vignoble et nos pratiques se doivent d’être à la hauteur de cette réputation. Toute l’équipe Magister se tient à votre disposition pour vous accompagner sur le chemin du progrès. Auteur : Delphine Parfait / Relecture : Stéphane Martin

Le GIE Magister est agréé par le Ministère chargé de l’Agriculture pour son activité de conseil indépendant à l’utilisation de

produits phytopharmaceutiques sous le N° CA01672.