ANOUK GRINBERG Pastels -...

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ANOUK GRINBERG Pastels

Exposition 30 MARS > 20 MAI 2012

Vernissage mercredi 29 MARS 2012 | 18H - 21H

Pré-vernissage pour la presse mercredi 29 MARS | 11H

Commissaire de l’exposition : Louis Deledicq

Directrice du projet | SANDRA DELVAUX AGBESSI Coordinatrice du projet | DELPHINE CABU

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Anouk Grinberg

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Photo : Sarah Moon

« Elle peint à domicile, comme Berthe Morisot. Elle peint près de sa cuisine, comme Gaston Chaissac. Anouk Grinberg peint comme Anouk Grinberg, dans « son coin, en cachette ».

Intimement, pour elle, pour elle seule. »

Raphaël Morata, novembre, 2009

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1. INTRODUCTION 2. PRÉSENTATION 3. QUELQUES ŒUVRES PRÉSENTÉES DANS L’EXPOSITION 4. ANOUK GRINBERG 5. LOUIS DELEDICQ 6. GERMAIN VIATTE : Pierre, Paul et Jacques (les dessins d’Anouk Grinberg) 7. Le pastel 8. PRESSE EXPOSITIONS

9. GESTION DU PROJET

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1. INTRODUCTION

« Le vrai dérange, il fait peur. Le monde s’acharne à l’étouffer. Le faux a toutes les chances et le vrai ne surgit que par miracle. » Bram van Velde

J’ai rencontré Anouk Grinberg il y a trois ans à l’initiative de Robert Delpire. (1) Je me suis trouvé devant une artiste d’une grande conviction, engagée dans toute sa vie vers l’inaccessible. Avec ses pastels, on est d’abord devant une énigme. D’où viennent cette émotion directe, ce tremblement intérieur, cet effroi aussi ? D’où viennent ces visages barrés, ces silhouettes simplifiées, rondes ou graciles, ces cicatrices, ces fantômes ? On est agrippé par un regard, une forme, une ligne, une vapeur, un souvenir. S’installe alors en vous le cortège des beautés, des grâces, des douleurs, des joies, des esprits. Les créateurs donnent lumière à la vie. Les œuvres d’Anouk sont sa vie, ses voix intérieures, ni hostiles, ni sourdes et qui ont trop bien perçu le monde. Médium du vivant, envahie, elle ne peut que délivrer ses hôtes de leur obscur anonymat. Qu’on ne s’y trompe pas, ce n’est pas la peinture tragique d’un univers souffrant, c’est le déversement incoercible d’une empathie profonde : des êtres mystérieusement croisés, des espèces inconnues, des « à-peine-nés » et leur premier cri, des penseurs de l’en-deçà, tous demandent à exister dans leur vérité de craie. Le pastel, si fragile, si volatil, se prête à leur capture, à leur révélation. Ni trop lourd, ni trop évanescent, il donne corps et beauté au regard, à la blessure, à l’invisible. Raymond Mason (2), sculpteur disparu en 2010, a écrit : « Ce qu’on appelle la beauté est l’état de grâce atteint quand l’étincelle a été saisie dans la matière. C’est un moment miraculeux. La beauté n’est pas liée à une forme particulière, c’est juste l’état de… la capture. » C’est bien de cela qu’il s’agit dans les œuvres d’Anouk Grinberg. Louis Deledicq

(1) Robert Delpire, éditeur, spécialiste de la photographie (2) Raymond Mason in catalogue des Chemins de la Création Ancy le Franc 1978

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2. PRÉSENTATION

« Je ne crois pas que l’on choisisse réellement ce que l’on fait … »

Anouk Grinberg, mars 2012

Belle de retenue, d’une fastueuse intensité, éclairée par la vie et animée par la bonté, Anouk

Grinberg nous offre avec ses pastels une entrée dans un univers secret et anonyme, un

univers qu’elle découvre et rédécouvre à chaque fois, à même la feuille de papier.

Anouk se laisse emporter par son geste dans des élans de joie et de béatitude qui lui

permettent de reconstituer un certain monde parallèle habité par le bonheur et le plaisir de

pouvoir exprimer ses propres découvertes.

Anouk ne cherche pas à parler, à montrer ou à transmettre, il s’agit d’un accès dans une autre

dimension, celle des émotions dans leur grandeur et leur beauté où chaque sensation trouve

sa place en toute liberté et sans aucune influence. Il n’y a pas de quête, il n’y a pas de

réflexion. Il s’agit de pénétrer dans ce pays où tout est intact, il s’agit d’une belle histoire,

d’une histoire de partage d’un immense bonheur, celui de la liberté retrouvée.

Fine Art Studio présentera en exclusivité, pour la première fois en Belgique, les œuvres

d’Anouk Grinberg. Il s’agit d’une série de pastels réalisés depuis 2010 après sa première

exposition à l’espace Berggruen à Paris en 2009. Anouk Grinberg présente également en ce

moment, et ce jusqu’au 31 mars, une exposition à la Galerie GNG à Paris.

Une rencontre entre Anouk Grinberg et une personnalité du monde culturel autour de l’œuvre

de l’artiste se tiendra au cours d’une soirée exceptionnelle (sur invitation uniquement) durant

l’exposition ‘Pastels’.

'Pastels' est organisé sous le commissariat de Louis Deledicq. Sandra Delvaux Agbessi

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3. QUELQUES ŒUVRES PRÉSENTÉES DANS L’EXPOSITION

[Sans titre] 2011 Pastel sur papier 63 x 48 cm Photo : Xavier Pruvot

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4. ANOUK GRINBERG

. Née en 1963 à Bruxelles | Vit et travaille à Paris

Anouk Grinberg commence le théâtre et le cinéma à 13 ans. Très tôt, le « ton Grinberg » est donné : une étonnante liberté, une manière d’empoigner les rôles avec fièvre, une intransigeance et une humanité peu communes.

Surtout connue pour son travail sur la scène et à l'écran, elle réalise également un travail artistique autour du pastel. EXPOSITIONS SOLO 2009 PASTELS. Espace Berggruen, Paris (France) 2012 Galerie GNG, Paris (France)

« Il n’y a rien de préconçu dans ce qu’offre cette exposition. Ce qui frappe, dans le cas d’Anouk Grinberg, c’est la fulgurance avec laquelle elle est passée d’une peinture d’une apparente naïveté à un champ d’expression totalement autre et autrement plus grave. Anouk Grinberg s’est trouvée comme submergée par le flot d’images qui lui venaient à l’esprit et sous la main. Elle est encore stupéfaite d’être envahie par ces personnages étranges qui pénètrent soudain son univers, et qui s’installent dans son quotidien sans avoir été sollicités. L’inquiétude provoquée par cette invasion une fois dominée, Anouk les reconnaît et les accepte pour ce qu’ils sont, les révélateurs de sa propre nature. Et quand elle met au mur ces pastels hantés, si puissants, si parfaitement achevés plastiquement et si indifférents aux tendances actuelles de l’art, ce n’est pas un jugement qu’elle attend. Elle fait du spectateur le témoin de son étonnement à se découvrir telle qu’elle est. Elle lui propose, modestement, de partager l’aventure avec elle. Car Anouk-aux-talents-multiples a l’œil noir dans le cœur généreux. » Robert Delpire (à propos de la première exposition en 2009 des pastels d’Anouk Grinberg)

« En dessinant, Anouk porte sur les vivants un regard plein de justesse, de douceur, de tristesse et de colère mêlées. Elle est sortie pour reconnaître ces anonymes géants ou minuscules, lisses ou écorchés de nombreux piquants, noués ou aplatis ; elle les a entraînés avec elle, en elle, aimés, mâchés, digérés… […] Ces grands dessins échappent au récit ainsi qu’au témoignage ; ils s’affirment tels quels, se dressent muets, sans attente, issus d’un trop plein, récusant jusqu’au plaisir des craies griffant la feuille. Impossible de leur échapper quand, les quittant, on retrouve nos frères. » Germain Viatte (in catalogue Espace Berggruen, Paris, 2009)

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CINEMA

2011 SEA, NO SEX AND SUN. Réalisation Christophe Turpin 2006 LE FIL ROUGE. Réalisation Sarah Moon 2005 LES FRAGMENTS D'ANTONIN. Réalisation Gabriel Le Bomin 2003 UNE VIE À T'ATTENDRE. Réalisation Thierry Kliffa LA PROPHETIE DES GRENOUILLES. Réalisation Jacques Rémy Girerd 2002 NUIT NOIRE. Réalisation Daniel Colas 2001 ENTRE CHIENS ET LOUPS. Réalisation Alexandre Arcady 2001 LES PETITES COULEURS. Réalisation Patricia Plattiner 2000 DENTI. Réalisation Gabrièle Salvatores 1998 DISPARUS. Réalisation Gilles Bourdos 1995 UN HÉROS TRÈS DISCRET. Réalisation Jacques Audiard 1995 MON HOMME. Réalisation Bertrand Blier

Prix d'Interprétation Féminine au Festival de Berlin 1994 SALE GOSSE. Réalisation Claude Mourieras

Prix d' interprétation féminine au festival de Thessalonique 1992 UN DEUX TROIS SOLEIL. Réalisation Bertrand Blier Nomination aux Césars pour la meilleure actrice 1991 COMME NOUS SERONS HEUREUX. Réalisation Magali Clément 1990 MERCI LA VIE. Réalisation Bertrand Blier Prix SACD Suzanne Bianchetti Prix Arletty Prix Michel Simon Nomination aux Césars 1990 J'ENTENDS PLUS LA GUITARE. Réalisation Philippe Garrel 1988 L'ENFANT DE L'HIVER. Réalisation Olivier Assayas LA FILLE DU MAGICIEN. Réalisation Claudine Bories 1987 LA VALLÉE FANTÔME. Réalisation Alain Tanner 1976 ON NE CONNAIT QU'ELLE. Réalisation Caroline Champetier MON COEUR EST ROUGE. Réalisation Michèle Rosier THEATRE 2012 HAIM. Mise en scène Gerald Garutti 2008 LES FAUSSES CONFIDENCES (Marivaux). Mise en scène D.bezace Prix de la critique pour la meilleure actrice Nomination aux Molières 2006 ROSA, LA VIE. Lecture des lettres de Rosa Luxembourg 2005 GRAND ET PETIT (Botho Strauss). Mise en scène Philippe Calvario 2002 LA PREUVE. Mise en scène Bernard Murat Nomination aux Molières 2001 FEYDEAU TERMINUS (Feydeau). Mise en scène Didier Bezace 2000 MARCEL EN CAMPAGNE. Mise en scène Marc Hollogne 1998 CHAOS DEBOUT (Véronique Olmi). Mise en scène Jacques Lassalle 1991 LE TEMPS ET LA CHAMBRE (Botho Strauss). Mise en scène Patrice Chereau Prix de la critique Nomination aux Molières 1990 LA MAMAN ET LA PUTAIN (Jean Eustache). Mise en scène Martinelli Nomination aux Molières 1989 FAUT PAS TUER MAMAN. Mise en scène Michel Fagadeau Nomination aux Molières 1987 LES VOISINS (Michel Vinaver). Mise en scène: Alain Françon 1985 L'ÉCOLE DES FEMMES (Molière). Mise en scène Bernard Sobel 1984 LA CRUCHE CASSÉE (Kleist). Mise en scène Bernard Sobel 1984 NOISES (Enzo Coreman). Mise en scène Alain Françon 1983 L'ORDINAIRE (Michel Vinaver). Mise en scène Alain Françon et Michel Vinaver

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1982 FAUST OU LA FÊTE ELECTRIQUE (Gertrud Stein). Mise en scène Richard Foreman 1976 REMAGEN (Anna Seguers). Mise en scène Jacques Lassalle TELEVISION 2010 JOSEPH l'INSOUMIS. Réalisation Caroline Glorion 2009 CAMUS. Réalisation Laurent Jaoui 2007 VOICI VENIR L’ORAGE. Réalisation Nina Companeez KAAMELOT. Réalisation Alexandre Astier 2005 LE PROCÈS DE BOBIGNY. Réalisation François Luciani 2004 MA MEILLEURE AMIE. Réalisation Elisabeth Rappeneau 2002 UNE PREUVE D'AMOUR. Réalisation Bernard Stora 2001 MARYLIN ET SES ENFANTS. Réalisation Charlie Beleteau 1994 JULES ET JIM. Réalisation Jeanne Labrune 1992 LE TEMPS ET LA CHAMBRE. Réalisation Patrice Chereau 1989 L'ORESTIE. Réalisation Bernard Sobel 1986 LE RAPPORT DU GENDARME. Réalisation Claude Goretta 1985 LES FORTIFS. Réalisation Marco Pico LECTURES 2011 LA SORCIÈRE DE SALEM (Elisabeth Gaskell) LES CARNETS DE MARYLIN MONROE 2010 LETTRES DE R.LUXEMBOURG 2009 L'INSOUTENABLE LÉGERETÉ DE L'ÊTRE (Milan Kundera) 2008 UNE VIE BOULEVERSÉE (Etty Hillesum) 2007 L’INATTENDU (Fabrice Melquiot) UNE FEMME (Annie Ernaux) 2005 L’INCONCILIABULE (Brigitte Fontaine et Areski) 2002 LES CONTES D’ANDERSEN 2001 LA LANGUE (Olivier Rolin) 2000 LA DOULEUR (Duras) 1995 INCONNU A CETTE ADRESSE (Kreyssmann Taylor) 1991 LES MINUTES DU PROCÈS DE JEANNE D’ARC Edition et traduction 2009 "Rosa, la vie" Choix des lettres de Rosa Luxemburg Documentaires Voix OFF 2012 VIVRE 2011 LES ENFANTS DU GOULAG (Romain Icart) 2010 ROMAIN GARY (Philippe Kholy) 2009 SHOAH PAR BALLES (Romain Icart) 2006 LES ENFANTS CACHES (Robert Bober)

MISE EN SCENE 2007 ANGELIQUE IONATOS « Eros e muerte » DISQUES PINOCCHIO ALICE AU PAYS DES MERVEILLES LOUISE MICHEL HERVÉ GUIBERT

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5. LOUIS DELEDICQ

Créateur dès 1965 d’un des tout premiers Centres d’Art dans le cadre de la décentralisation en France, Louis Deledicq a tout au long de ses activités présenté un panorama très large de l’art dont il était le contemporain et plus largement de celui du XXème siècle. Originaire de Lille, où il avait participé pendant plusieurs années aux activités de l’Atelier de la Monnaie, ce furent d’abord ses amis peintres et sculpteurs du Nord, Leroy, Dodeigne, Pouget entre autres, qu’il présenta dans le Centre d’Art du Château d’Ancy le Franc dans l’Yonne. (Bourgogne) Les expositions s’y succédèrent jusqu’à la création, en 1984, d’un nouveau lieu d’exposition, toujours en Bourgogne, au Château de Tanlay. La liste des artistes exposés, des thèmes traités est longue …Pour n’en citer qu’une partie évoquons Jean Arp, Sonia et Robert Delaunay, l’Avant-garde russe, Herbin, Matisse, Giacometti, Picasso, Miro, Henri Michaux, Victor Brauner, Dubuffet, Cartier-Bresson, Aurélie Nemours…Mais aussi, James Ensor, Roël d’Haëse, Réquichot, Maryan, Soulages, Zao Wou Ki, Raymond Mason, Pierre Bettencourt, Riopelle, Szafran, Béringer, Ortner, Olivier O Olivier, Pierre Edouard…Le constructivisme, le Pastel, les dessins d’écrivains, les collections du musée de St. Etienne, et de très nombreuses expositions collectives où jeunes artistes et « grands noms » se confrontaient. Les arts premiers ont également été présenté dès 1981 (en collaboration avec Jacques Kerchache, Pierre Langlois, Michel Huguenin, Pierre Robin), en 1984, puis en 1997 avec la collaboration de Bernard Dulon pour l’exposition « Lumière Noire » qui rassemblait arts premiers et art contemporain africains. Parallèlement, il était appelé à assurer des commissariats d’expositions dans différents musées ou lieux culturels français et étrangers. En 1997, et jusque 2003, il accepte la direction de la Fondation Jean Dubuffet dont il reste actuellement le vice-président. Il a depuis cette époque une activité de consultant auprès de galeries, et différents commissariats d’exposition. Bernard Ceysson, conservateur du Musée de Saint Etienne en 1994, (Les collections du Musée d’Art Moderne de Saint Etienne à Tanlay), disait dans un entretien avec Alain Coulanges (Conseiller artistique pour la Région Bourgogne ) : « Louis (Deledicq) s’intéresse aux œuvres mais aussi aux artistes et d’une façon particulière, plus affective, intuitive, qu’intellectuelle. Aujourd’hui dans le milieu de l’art, on appréhende les artistes à travers le masque de la médiatisation. Louis les considère comme des personnages mythiques, ou exceptionnels, de cette forme d’exceptionnalité que donnerait le génie…Il est capable de manifester un enthousiasme et un engagement pour un artiste, parce que son œuvre l’a ému… Son idée est de concevoir une exposition d’abord pour soi par rapport à sa propre passion, pour ensuite la faire partager à d’autres. »

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6. GERMAIN VIATTE : Pierre, Paul et Jacques (les dessins d’Anouk Grinberg) D’une voix doucement fêlée qui disait tout son être elle porte depuis longtemps des histoires. Celles des autres, aux mots violents, généreux ou fragiles. Aux enfants elle contait un monde assoiffé de lumière qu’il fallait déchiffrer ensemble, le vent dans des collines piquetées d’arbres orphelins où les champs des hommes semblaient posés comme des tapis orientaux. Le vert y était traversé de paisibles animaux mais les oiseaux fuyaient le ciel et ses nuages ventripotents. C’étaient là histoires familières, de ceux venus de loin, aimés, innocents, exclus, enfouis et pourtant si présents. Parfois les mots ne lui venaient plus, ils étaient comme bloqués, noués sur fond de larynx. Elle pensait parler des siens, et puis elle a réalisé que les autres c’étaient vraiment les siens. Elle a su, peu à peu et intensément comme au sortir d’un rêve, qu’ils étaient tout proches, que c’étaient aussi les nôtres. Elle a glissé dans les rues, le métro, les gares et les cafés, à leur rencontre, comme étouffée par tant d’angoisses, ce trop de soi portes closes, tâtonnante dans l’obscurité ou l’excès de jour, peinant à saisir l’éclair, maladroite comme nous le sommes tous, craignant la joliesse et la sensiblerie qui griment le réel et pourraient tout justifier. Au retour, elle enfouissait son émotion en son terrier, le museau comme souillé ou, de plus en plus souvent, embué de perles luisantes de vérité. Autour d’elle la vie retrouvée, une vie de bonheurs et de peines, une vie ordinaire malgré des moments surprenants de don et d’adulation, des êtres aimés, des déceptions et des joies, des succès et des attentes, la poudre du temps qui passe. Il y eut en sursaut l’urgence. Courir à la maison, y trouver refuge pour rire ou pleurer était-ce assez ? Son monde est tel que sa voix, une craie blanche qui crisse et se brise en poudreuse lumineuse sur le tableau noir. Elle est sortie pour reconnaître ces anonymes géants ou minuscules, lisses ou écorchés de nombreux piquants, noués ou aplatis ; elle les a entraînés avec elle, en elle, aimés, mâchés et digérés. Une manducation qui semblait à la fois interminable et subite, pâteuse et explosive. Se trouver c’est aussi dégorger tout ce qui vous submerge. Que sont devenus leurs visages ? Les voici, brin d’herbe ou feuille tendre mués en fossiles, galet, roc ou souche devenus colosses fictifs et frêles acteurs d‘une métamorphose complice. Il y a du givre dans la nuit et les étoiles s’accrochent au cœur. Les couples se resserrent ou se distendent. Sur le manteau de neige poussent des touffes d’étoupe et des lichens éruptifs qui s’échappent en comètes. Un regard, une orbite font brèche tandis que se fendent les carcasses, partagées et recousues, renvoyées dos à dos, noyées de larmes ou charbonneuses jusqu’à la braise. On trouve ici de la mort et bien des espoirs. Aux gifles du quotidien la tête et le corps, comme fichés sur un piquet, basculés, bâillonnés, déboîtés, mutilés, tout pipés et butés, englués, crachent l’haleine de nos regards comme une peste. Un linge pend renonçant à étancher cet enfer d’indifférence. Au bord de la suffocation l’un est pourtant tout oreilles et mesure en lui l’horizon à venir. Ces grands dessins échappent au récit ainsi qu’au témoignage ; ils s’affirment maintenant tels quels, se dressent muets sans attente, issus d’un trop plein, récusant jusqu’au plaisir des craies griffant la feuille. Impossible de leur échapper quand, les quittant, on retrouve nos frères. Faut-il repousser ce qui nous aveugle, nous frappe d’impuissance ? Tâchons de nous connaître grain de sable, fange ou nappe scintillante ; ne craignons pas de plonger les mains dans le noir pour y pêcher des pierres précieuses, y caresser le poisson qui, gluant, échappe à la prise, y poursuivre le crabe mutin de bordées latérales. Ayant oublié ce qui nous paraissait essentiel, l’apparence et le temps, apprenons le sous-jacent, l’approfondi, le jaillissant ; et à nous complaire au noueux et même au flétri, libre à la main qui est en nous, insistante, de modeler à son gré. Malgré la souffrance, écouter toujours et encore la rumeur des fables d’enfance qui hurlent, braillent, grincent, crépitent, susurrent, bougonnent et clapotent : aller vers ces jeunes « tassés dans le malheur et qui peuvent être révélés à eux-mêmes ».

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Anouk Grinberg choisit ses « copains, pour leur liberté » : Michaux et ses mêlées, Redon et ses noirs, Dubuffet et ses hommes du commun, et tous ceux, avec leurs textes, auxquels elle a prêté sa voix. Elle ne prétend pas les rejoindre « en Grande Garabagne ». Elle les a croisés, aimés, oubliés, approchés, retrouvés, transformés dans ses songes. Ils l’ont nourrie et, avec elle, ils se sont mêlés à la foule innombrable, rendus à l’anonyme, comme libérés de tant de gloses et de malentendus, redevenus soudain des intimes, vecteurs de vérité. Elle peut aujourd’hui reprendre sa marche, dans son « envie d’harmonie ». Pour bien observer l’infini céleste, le mieux est de suivre la vallée à contre courant, entre les plis des sommets, en remontant le torrent vagabond de pierres charriées et d’eau vive. Au sud, le feu de l’adret, les éboulis de rocs brûlants et instables, le cri perçant des marmottes, l’eau qui saute et dévale depuis les neiges ; au nord, l’ombre humide de l’ubac et, selon la saison, la myrtille qui ensanglante les lèvres ou la rousseur mourante des mélèzes. Les esprits des deux rives se confondent à force de se compléter. La poussière d’étoiles sera comme celle des pastels, terne dans leur boîte et, si les brumes se lèvent, capable d’illumination. Anouk Grinberg a cheminé ; elle rejoint l’homme nu de L’état intermédiaire de Fred Deux : « il n’est pas au sommet de la montagne. Il ne s’adresse à aucun. Survient le moment où la distance couverte est aperçue. Il est devant un fleuve puissant, arrêté par un incendie géant ; la douleur à ses pieds. Il peut se croire égaré et, dans le même instant, se dire capable. Deux mots de pierre et de bois. Il n’y a pas de place pour lui entre ces mâchoires. Celle d’en haut le perd. Celle d’en bas l’a rendu combatif ». Germain Viatte

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7. Le pastel

« Je goûtais l’un des plaisirs les plus rares qui soient, celui qui met en jeu des sensations

stéréoscopiques (…). Il est des genres entiers, qui par leur nature même, participent de cette singularité,

tel le pastel. Le pastel fait partie des arts érotiques, et il y a quelque chose de symbolique dans le fait

que son velouté, le prime émail de ses couleurs, soit si prompt à s’effacer. » Ernst Jünger

Note sur la peinture au pastel, augmentée de quelques parenthèses par Jean CLAIR.

Pastel : le mot déjà semble contenir en lui-même son destin. Le sien non seulement mais,

dans sa sonorité, dans l’agencement de ses voyelles et de ses consonnes, le destin aussi de

ce qu’il désigne. Au début ce quelque chose de gras et de lent, l’écrasement doux et

onctueux de la pâte dont il fut formé, la pasta primitive du pastello dont il vient, le matériau

premier dont en tant que vocable et autant que le bâtonnet qu’il désigne, il fut lui aussi pétri.

Puis se fait entendre, dans l’articulation du S et du T, le geste décisif de son tracé sur un

support, fait de chuintements et de crissements. Enfin, et tout d’un coup, cela s’achève sur un

bruit d’ailes qui, à bien l’entendre, ne peuvent être que celles des anges et des papillons qui,

dans l’impondérable d’une nuée colorée, viennent butiner la fleur qui le couronne.

Plus qu’un destin, le mot décrit ainsi, dans l’épelé de ses syllabes, une genèse entière, à

désigner à son début le limon lord et grossier des piments agglomérés et à son terme, le

prisme aérien des poudres libérées, sans toutefois, dans cette déclinaison de divers éléments,

qu’un état intermédiaire se puisse distinguer. A la limite, ce serait presque une eschatologie

qui, d’un côté, nous ramène à la terre préadamique pesante encore et obscure et de l’autre

nous élève vers l’immatérialité de ces corps de lumière qui ont pour nom Daniel ou Ezéchiel.

Il s’agit avec lui d’une création entre terre et air, où la médiation de l’eau n’a pas cours, (et

sans doute, dans ce saut décisif qui l’entraîne de la pâte à l’aile, si le défaut majeur du

pastelliste a souvent consisté à ne pouvoir se dégager du stade en quelque sorte géologique

où les poudres en s’accumulant, loin de s’alléger, et de prendre leur envol, s’alourdissent et

se plombent, son péché capital a toujours été celui de l’angélisme, à vouloir oublier la pâte et

ne considérer que l’aile, jusqu’à, multipliant pour cela les transparences, les gazes et les

soies, aboutir à faire de cet art ce « rien » dont s’enchantait un A. Houssaye au siècle dernier

(1) et qui l’a entraîné depuis dans la décadence que l’on sait. On comprend que la

renaissance aujourd’hui du pastel s’accompagne d’une réaction contre pareille tentation, et

que l’un de ses principaux artisans en France, à l’inverse de la façon dont procédaient les

maîtres du XVIIIe siècle, qui couronnaient les tons soutenus de tons se plus en plus pâles,

s’emploie au contraire à soutenir, couche après couche, la consistance matérielle de chaque

ton, réaffirmant ainsi la nécessité d’un indéfini recommencement (2).)

(In Catalogue exposition « Le Pastel » Centre d’Art du château d’Ancy-le-Franc, 1980)

(1) Cité par Karl Robert, Le Pastel – Traité pratique et complet…Paris, H. Laurens, s.d. : « Le pastel a le

rien qui habille la femme d’un ruban, d’un morceau de gaze, d’un peu de soie qui chatoie, etc. », p.p.

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(2) Cf. Fouad El-Etr, Esquisses d’un traité du pastel, lettre du 13 octobre 1974 in Szafran, cat.

D’exposition, Genève, Galerie Artel, 1974.

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8. PRESSE EXPOSITIONS . PHILOSOPHIE MAGAZINE, n°57, mars 2012, p.98 (Catherine Portevin)

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. ARTENSION, n°112, mars-avril 2012, p.46-47 (Iléana Cornea)

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. AZART, n°55, mars-avril 2012, p.10

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. POINT DE VUE, n°3200, du 18 au 24 novembre 2009, p.36-39 (Raphaël Morata)

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9. GESTION DU PROJET

FINE ART STUDIO a.s.b.l 13 rue des Sablons B-1000 Bruxelles Tél. : + 32 2 514 25 92 [email protected] www.fineartstudio.be COMMISSAIRE DE L’EXPOSITION : Louis Deledicq DIRECTION : Sandra Delvaux Agbessi Belgique : + 32 475 82 52 76 France : +33 6 83 73 03 40 [email protected]

COORDINATION : Delphine Cabu + 32 478 39 66 90 [email protected]

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