Analyse de prescriptions médicamenteuses dans un hôpital ...
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Analyse de prescriptions médicamenteuses dans unhôpital de jour gériatrique
Edouard Degeorges
To cite this version:Edouard Degeorges. Analyse de prescriptions médicamenteuses dans un hôpital de jour gériatrique.Sciences pharmaceutiques. 2017. �hal-01932200�
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UNIVERSITE DE LORRAINE
2017 _______________________________________________________________________________
FACULTE DE PHARMACIE
ANALYSE DE PRESCRIPTIONS MEDICAMENTEUSES DANS UN HÔPITAL DE
JOUR GERIATRIQUE
THESE Présentée et soutenue publiquement
Le 15/12/2017
pour obtenir
le Diplôme d'Etat de Docteur en Pharmacie
par : Edouard Degeorges
né le 30 juillet 1987 à Thionville
Membres du Jury
Président : Mme Brigitte LEININGER-MULLER Professeur des universités. Juges : Mme Anne MAHEUT-BOSSER Docteur en Médecine,
Professeur associé.
Mme Michèle AKTOP Pharmacien.
Mme Véronique BASARAN Pharmacien.
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UNIVERSITÉDELORRAINEFACULTÉDEPHARMACIE
Annéeuniversitaire2016-2017
DOYENFrancinePAULUSVice-Doyen
BéatriceFAIVREDirecteurdesEtudesVirginiePICHON
ConseildelaPédagogiePrésident,BrigitteLEININGER-MULLER
Collèged'EnseignementPharmaceutiqueHospitalierPrésident,BéatriceDEMORE
CommissionProspectiveFacultairePrésident,ChristopheGANTZERVice-Président,Jean-LouisMERLINCommissiondelaRecherchePrésident,RaphaëlDUVAL
ResponsabledelafilièreOfficine BéatriceFAIVREResponsablesdelafilièreIndustrie IsabelleLARTAUD,
Jean-BernardREGNOUFdeVAINSResponsabledelafilièreHôpital BéatriceDEMOREResponsablePharmaPlusENSIC Jean-BernardREGNOUFdeVAINSResponsablePharmaPlusENSAIA RaphaëlDUVALResponsablePharmaPlusENSGSI IgorCLAROTResponsabledelaCommunication Marie-PauleSAUDERResponsabledelaCelluledeFormationContinue BéatriceFAIVREetindividuelle ResponsabledelaCommissiond'agrément BéatriceFAIVREdesmaîtresdestage ResponsableERASMUS MihaylVARBANOV
DOYENSHONORAIRES ChantalFINANCE ClaudeVIGNERON PROFESSEURSEMERITES JeffreyATKINSON Jean-ClaudeBLOCK MaxHENRY AlainMARSURA ClaudeVIGNERON PROFESSEURSHONORAIRES MAITRESDECONFERENCESHONORAIRES
PierreDIXNEUF MoniqueALBERTMarie-MadeleineGALTEAU MarietteBEAUDThérèseGIRARD GéraldCATAUMichelJACQUE Jean-ClaudeCHEVINPierreLABRUDE JocelyneCOLLOMBVincentLOPPINET BernardDANGIENJanineSCHWARTZBROD Marie-ClaudeFUZELLIERLouisSCHWARTZBROD FrançoiseHINZELIN
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Marie-HélèneLIVERTOUX
BernardMIGNOT
Jean-LouisMONALASSISTANTSHONORAIRES BlandineMOREAU
DominiqueNOTTERMarie-CatherineBERTHE ChristinePERDICAKISAnniePAVIS Marie-FrancePOCHON
AnneROVEL
GabrielTROCKLE
MariaWELLMAN-ROUSSEAU
ColetteZINUTTI
ENSEIGNANTS SectionCNU* Disciplined'enseignement
PROFESSEURSDESUNIVERSITES-PRATICIENSHOSPITALIERS
DanièleBENSOUSSAN-LEJZEROWICZ 82 ThérapiecellulaireJean-LouisMERLIN 82 BiologiecellulaireAlainNICOLAS 80 ChimieanalytiqueetBromatologieJean-MichelSIMON 81 Economiedelasanté,LégislationpharmaceutiqueNathalieTHILLY 81 SantépubliqueetEpidémiologie
PROFESSEURSDESUNIVERSITES ChristineCAPDEVILLE-ATKINSON 86 Pharmacologie
IgorCLAROT 85 ChimieanalytiqueJoëlDUCOURNEAU 85 Biophysique,Acoustique,AudioprothèseRaphaëlDUVAL 87 MicrobiologiecliniqueBéatriceFAIVRE 87 Biologiecellulaire,HématologieLucFERRARI 86 ToxicologiePascaleFRIANT-MICHEL 85 Mathématiques,PhysiqueChristopheGANTZER 87 MicrobiologieFrédéricJORAND 87 Eau,Santé,EnvironnementIsabelleLARTAUD 86 PharmacologieDominiqueLAURAIN-MATTAR 86 PharmacognosieBrigitteLEININGER-MULLER 87 BiochimiePierreLEROY 85 ChimiephysiquePhilippeMAINCENT 85 PharmaciegaléniquePatrickMENU 86 PhysiologieJean-BernardREGNOUFdeVAINS 86 ChimiethérapeutiqueBertrandRIHN 87 Biochimie,Biologiemoléculaire
MAITRESDECONFÉRENCESDESUNIVERSITÉS-PRATICIENSHOSPITALIERS
BéatriceDEMORE 81 PharmaciecliniqueAlexandreHARLE 82 BiologiecellulaireoncologiqueJulienPERRIN 82 HématologiebiologiqueMarieSOCHA 81 Pharmacieclinique,thérapeutiqueetbiotechnique
MAITRESDECONFÉRENCES
SandrineBANAS 87 ParasitologieXavierBELLANGER 87 Parasitologie,MycologiemédicaleEmmanuelleBENOIT 86 CommunicationetSanté
4
IsabelleBERTRAND 87 MicrobiologieMichelBOISBRUN 86 ChimiethérapeutiqueFrançoisBONNEAUX 86 ChimiethérapeutiqueArianeBOUDIER 85 ChimiePhysiqueCédricBOURA 86 PhysiologieJoëlCOULON 87 BiochimieSébastienDADE 85 Bio-informatiqueDominiqueDECOLIN 85 ChimieanalytiqueRoudaynaDIAB 85 PharmaciegaléniqueNatachaDREUMONT 87 Biochimiegénérale,BiochimiecliniqueFlorenceDUMARCAY 86 ChimiethérapeutiqueFrançoisDUPUIS 86 PharmacologieAdilFAIZ 85 Biophysique,AcoustiqueAnthonyGANDIN 87 Mycologie,BotaniqueCarolineGAUCHER 86 Chimiephysique,PharmacologieStéphaneGIBAUD 86 PharmaciecliniqueThierryHUMBERT 86 ChimieorganiqueOlivierJOUBERT 86 Toxicologie,SécuritésanitaireENSEIGNANTS(suite) SectionCNU* Disciplined'enseignement
AlexandrineLAMBERT 85 Informatique,BiostatistiquesJulieLEONHARD 86/01 DroitenSantéChristopheMERLIN 87 MicrobiologieenvironnementaleMaximeMOURER 86 ChimieorganiqueCoumbaNDIAYE 86 EpidémiologieetSantépubliqueMariannePARENT 85 PharmaciegaléniqueFrancinePAULUS 85 InformatiqueCarolinePERRIN-SARRADO 86 PharmacologieVirginiePICHON 85 BiophysiqueSophiePINEL 85 InformatiqueenSanté(e-santé)AnneSAPIN-MINET 85 PharmaciegaléniqueMarie-PauleSAUDER 87 Mycologie,BotaniqueGuillaumeSAUTREY 85 ChimieanalytiqueRosellaSPINA 86 PharmacognosieSabrinaTOUCHET 86 PharmacochimieMihaylVARBANOV 87 Immuno-VirologieMarie-NoëlleVAULTIER 87 Mycologie,BotaniqueEmilieVELOT 86 Physiologie-PhysiopathologiehumainesMohamedZAIOU 87 BiochimieetBiologiemoléculaire
PROFESSEURASSOCIE
AnneMAHEUT-BOSSER 86 Sémiologie
PROFESSEURAGREGE
ChristopheCOCHAUD 11 Anglais
³Enattentedenomination *DisciplinesduConseilNationaldesUniversités:
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80:Personnelsenseignantsethospitaliersdepharmacieensciencesphysico-chimiquesetingénierieappliquéeàlasanté81:Personnelsenseignantsethospitaliersdepharmacieensciencesdumédicamentetdesautresproduitsdesanté82:Personnelsenseignantsethospitaliersdepharmacieensciencesbiologiques,fondamentalesetcliniques85;Personnelsenseignants-chercheursdepharmacieensciencesphysico-chimiquesetingénierieappliquéeàlasanté86:Personnelsenseignants-chercheursdepharmacieensciencesdumédicamentetdesautresproduitsdesanté87:Personnelsenseignants-chercheursdepharmacieensciencesbiologiques,fondamentalesetcliniques
11:Professeuragrégédelettresetscienceshumainesenlanguesetlittératuresanglaisesetanglo-saxonnes
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SERMENT DES APOTHICAIRES
Je jure, en présence des maîtres de la Faculté, des conseillers de l’ordre des pharmaciens et de mes condisciples :
D’honorer ceux qui m’ont instruit dans les préceptes de mon art et de leur témoigner ma reconnaissance en restant fidèle à leur enseignement. D’exercer, dans l’intérêt de la santé publique, ma profession avec conscience et de respecter non seulement la législation en vigueur, mais aussi les règles de l’honneur, de la probité et du désintéressement. De ne jamais oublier ma responsabilité et mes devoirs envers le malade et sa dignité humaine ; en aucun cas, je ne consentirai à utiliser mes connaissances et mon état pour corrompre les mœurs et favoriser des actes criminels.
Que les hommes m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses. Que je sois couvert d’opprobre et méprisé de mes confrères si j’y manque.
7
« LA FACULTE N’ENTEND DONNER AUCUNE APPROBATION, NI IMPROBATION AUX OPINIONS EMISES DANS LES THESES, CES OPINIONS DOIVENT ETRE CONSIDEREES COMME PROPRES A LEUR AUTEUR »
8
REMERCIEMENTS À mon président de thèse,
Madame Brigitte LEININGER-MULLER,
Je vous remercie d’avoir accepté ma présidence de jury de thèse. Merci également pour
votre sympathie et vos enseignements au cours de mon cursus.
À ma directrice de thèse,
Madame Anne MAHEUT-BOSSER,
Je vous remercie d’avoir accepté la direction de ma thèse. Je vous remercie également
pour votre patience, votre investissement et votre aide précieuse au cours de ce travail.
À mes juges,
Madame Michelle AKTOP et Madame Véronique BASARAN,
Merci d’avoir accepté de faire partie de mon jury de thèse. Merci Mme AKTOP pour cette
année à Saint-Charles en votre compagnie et toujours dans la bonne humeur. Merci Mme
BASARAN pour votre précieuse formation de sixième année qui a définitivement impacté
ma vie professionnelle et qui me permet de m’épanouir aujourd’hui à l’officine.
À mes parents,
Merci pour votre soutien, votre patience et votre confiance tout au long de mes études. Le
résultat n’aurait jamais été le même sans vous.
À mes frères,
Merci pour votre patience et votre présence depuis toujours.
9
À mon oncle et parrain Marc,
À ma tante et marraine Bernadette,
À mes grands-parents Sacha et Michelle, à mon grand-père Quirin,
À Maria,
Merci pour ton soutien et ta motivation qui m’ont permis de terminer ce travail.
À toute ma famille,
À mes amis que j’ai pu rencontrer durant mes années à Nancy et à Paris, vous êtes bien trop nombreux pour que je vous cite tous ici.
10
Table des matières
Listedesabréviationsetacronymes...........................................................................................11
Tabledestableaux.....................................................................................................................12
Tabledesillustrations................................................................................................................13
Tabledesannexes......................................................................................................................14
Introduction...............................................................................................................................15
Rappels......................................................................................................................................171. Le Sujet Agé..............................................................................................................................17
I. Définition.........................................................................................................................................17II. Aspects démographiques.............................................................................................................17III. Prévalence des maladies chez les personnes âgées..........................................................18IV. Concept de fragilité du sujet âgé............................................................................................18V. Polymédication..............................................................................................................................20VI. Iatrogénie médicamenteuse....................................................................................................20
2. Modifications métaboliques du médicament liées à l’âge................................................23I. Généralités.....................................................................................................................................23II. Modifications pharmacocinétiques liées à l’âge........................................................................23III. Modifications pharmacodynamiques liées à l’âge................................................................32
Etude.........................................................................................................................................351. Introduction..............................................................................................................................352. Lieu de l’étude..........................................................................................................................363. Présentation de l’enquête.......................................................................................................38
I. Objectif de l’étude..........................................................................................................................38II. Méthodologie.................................................................................................................................38
4. Présentation des résultats.....................................................................................................39I. Description de la population........................................................................................................39II. Valeur moyenne de la fonction rénale........................................................................................41III. Classes thérapeutiques...........................................................................................................42IV. Bilan de la prise en charge en hôpital de jour......................................................................63
5. Discussion................................................................................................................................68
Conclusion..................................................................................................................................73
Références.................................................................................................................................74
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Annexes.....................................................................................................................................80
Liste des abréviations et acronymes
AINS : Anti-Inflammatoire Non Stéroïdien
ALD : Affection de Longue Durée
AMM : Autorisation de Mise sur le Marché
DFG : Débit de Filtration Glomérulaire
EHPAD : Etablissement d'Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes
EIM : Effets Indésirables Médicamenteux
HAS : Haute Autorité de Santé
HDJ : Hôpital de Jour
IEC : Inhibiteur de l'Enzyme de Conversion
INSEE : Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques
IPP : Inhibiteur de la Pompe à Protons
ISRNA : Inhibiteur Sélectif de la Recapture de la Sérotonine et de la Noradrénaline
MRC : Maladie Rénale Chronique
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
PMI : Prescription Médicamenteuse Inappropriée
PPS : Plan Personnalisé de Santé
RCP : Résumé des Caractéristiques des Produits
REIN : Réseau Epidémiologie Information Néphrologie
SFGG : Société Française de Gériatrie et de Gérontologie
USLD : Unité de Soins de Longue Durée
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Table des tableaux Tableau I - Influence de l'âge sur le métabolisme des médicaments [MCLEAN, LE
COUTEUR, 2004] ........................................................................................................ 27 Tableau II - Modifications liées à l'âge, et impact clinique sur les différents processus
pharmaceutiques. D'après [MANGEREL, ARMAND-BRANGER, RHALIMI, 2011] ..... 31 Tableau III - Nombre de lits par service au sein de la Maison Hospitalière Saint-Charles .. 37 Tableau IV - Organisation d'une journée type à l'hôpital de jour Saint-Charles .................. 38 Tableau V - Description de la population ............................................................................ 40 Tableau VI - Valeur moyenne du MDRD dans notre population et par sexe ...................... 41 Tableau VII - Proportion des personnes avec un DFG inférieur à 70 dans notre population
et par sexe ................................................................................................................... 42 Tableau VIII - Nombre et proportion d'hommes et de femmes traités par des médicaments
à visée cardio-vasculaire dans notre population .......................................................... 46 Tableau IX - Nombre de prescriptions par classe thérapeutique à visée cardio-vasculaire 47 Tableau X - Nombre de personnes et proportion, par sexe, traitées par des
antihypertenseurs en mono, bi, tri et quadrithérapie .................................................... 49 Tableau XI - Nombre et proportion d'hommes et de femmes traités par des psychotropes
dans notre population ................................................................................................... 50 Tableau XII - Nombre de médicaments psychotropes par patient selon le sexe ................ 50 Tableau XIII - Nombre de personnes par sexe traitées avec un anxiolytique seul, un
antidépresseur seul, ou par une association anxiolytique/antidépresseur. .................. 53 Tableau XIV - Nombre et proportion d'hommes et de femmes traités par IPP dans notre
population ..................................................................................................................... 54 Tableau XV - Nombre et proportion d'hommes et de femmes traités par antalgiques dans
notre population ........................................................................................................... 57 Tableau XVI - Nombre de prescriptions par classe thérapeutique d'antalgique .................. 58 Tableau XVII - Nombre et proportion d'hommes et de femmes traités par médicaments
hypolipémiants dans notre population .......................................................................... 59 Tableau XVIII - Nombre de prescriptions par classe thérapeutique de médicaments
hypolipémiants ............................................................................................................. 59 Tableau XIX - Nombre et proportion d'hommes et de femmes traités par médicaments à
visée neurologique dans notre population ................................................................... 60 Tableau XX - Nombre de prescriptions par classe thérapeutique de médicaments à visée
neurologique ................................................................................................................ 60 Tableau XXI - Les différents problèmes iatrogènes relevés au cours de l'étude ................ 65
13
Table des illustrations Figure 1 - Pyramide des âges en 2060 [INSEE, 2016] ....................................................... 17 Figure 2 - Nombre de maladies déclarées en 2010 [INSEE,2016] ..................................... 18 Figure 3 - Bon usage des médicaments chez le sujet âgé [BLAIN, RAMBOURG, LE
QUELLEC et al., 2015b] ............................................................................................... 21 Figure 4 - Concentrations plasmatiques après pose d'un patch transdermique de fentanyl
chez le jeune adulte et chez la personne âgée [CUSACK, 2004] ................................ 24 Figure 5 - Relation entre l'âge et la glomérulosclérose chez l'humain [NEUGARTEN,
GALLO, SILBIGER, et al., 1999] .................................................................................. 28 Figure 6 - Evolution de la clairance rénale en fonction de l'âge [MCLEAN, LE COUTEUR,
2004] ............................................................................................................................ 28 Figure 7 - Les différents stades de la maladie rénale chronique [HAS, 2012]. ................... 29 Figure 8 - Maison Hospitalière Saint-Charles à Nancy – Crédit photo : AKTOP M. ............ 36 Figure 9 - Proportion d'hommes et de femmes dans l'échantillon ....................................... 40 Figure 10 - Provenance des Patients .................................................................................. 41 Figure 11 - Pathologies les plus rencontrées dans notre population .................................. 43 Figure 12 - Répartition des classes thérapeutiques dans notre population ........................ 44 Figure 13 - Répartition d'antihypertenseurs par classe thérapeutique ................................ 48 Figure 14 - Taux de consommateurs de psychotropes [CNAM, 2000] ............................... 50 Figure 15 - Répartition des psychotropes par classe thérapeutique ................................... 52 Figure 16 - Répartition des médicaments du système gastro-entéro-hépatique par classe
thérapeutique ............................................................................................................... 55
14
Table des annexes Annexe 1 - Rappel des formules de calcul de la clairance rénale ........................................... 80 Annexe 2 - Critères STOPP/START ................................................................................... 81 Annexe 3 - Prise en charge de l’hypertension artérielle de l’adulte, hors grossesse .......... 84
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Introduction
Les progrès de la médecine au cours du siècle dernier ont permis d’accroître
fortement l’espérance de vie. Les gens vivent plus longtemps et avec une meilleure qualité
de vie, grâce aux médicaments d’une part, mais également grâce à l’hygiène de vie qui
s’est améliorée, et notamment l’alimentation.
Toutefois, on constate que vivre plus vieux s’accompagne souvent d’une
augmentation des prises médicamenteuses. Au-delà de 60 ans, il n’est pas rare de croiser
des patients avec plusieurs médicaments en traitement d’une ou plusieurs pathologies
chroniques.
Les effets indésirables médicamenteux représentent une problématique majeure de
santé publique. Dans la population âgée, les principaux facteurs de risque sont la
prescription médicamenteuse inappropriée et la polymédication.
Ceci n’est pas sans danger. En effet, l’avancée en âge s’accompagne de
modifications métaboliques avec des retentissements possibles sur la pharmacocinétique
et la pharmacodynamie des médicaments, ce qui impose une réflexion en terme
« bénéfice-risque » systématique à chaque prescription chez le sujet âgé. On sera d’autant
plus prudent avec les nouvelles molécules commercialisées qui dans leurs essais cliniques
avant l’autorisation de mise sur le marché ont fait, certes l’objet d’évaluation, de tests de
tolérance sur volontaires sains puis sur des malades selon un protocole particulièrement
rigoureux, mais dont les personnes âgées sont souvent exclues.
L’adage « primum non nocere » reste le principe fondamental qui trouve toute sa
résonance en gériatrie et doit conduire à des démarches de soins bien systématisées, des
prescriptions « raisonnées » et des évaluations régulières des prescriptions dans un
objectif précis de prévention de la iatrogénie.
L’hôpital de jour gériatrique comme nous allons le voir joue un rôle important dans la
prévention des effets indésirables des médicaments. Il est aujourd’hui un maillon essentiel
du parcours de soin, et un lieu privilégié de réévaluation clinique et thérapeutique.
L’approche pluridisciplinaire qu’il permet et la concertation entre les différents spécialistes,
le pharmacien et le médecin traitant représentent indiscutablement une garantie de la
qualité des soins.
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Dans ce travail nous vous proposons, après un rappel théorique, de présenter une
analyse des prescriptions rencontrées dans un hôpital de jour gériatrique et de proposer
des axes de prévention à développer ou à renforcer pour éviter les prescriptions
inappropriées. Quoiqu’il en soit la conciliation médicamenteuse qui tend à se développer
dans les hôpitaux et dans les officines apparaît comme essentielle dans le dispositif de
réduction des prescriptions inappropriées en gériatrie.
17
Rappels
1. Le Sujet Agé I. Définition
Selon la définition donnée par la Haute Autorité de Santé, est considéré comme âgé
tout sujet de plus de 75 ans ou de 65 ans poly-pathologique [HAS, 2005].
II. Aspects démographiques
D’après l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques, il y a au 1er
janvier 2016, 6 386 793 personnes de plus de 75 ans en France, ce qui représente environ
10% de la population totale [INSEE, 2016].
Au 1er janvier 2060, si les tendances démographiques observées jusqu'ici se
prolongent, la France métropolitaine comptera presque 74 millions d'habitants. En 2060,
23,6 millions de personnes seraient ainsi âgées de 60 ans ou plus, soit une hausse de
80 % sur une cinquantaine d'années. L'augmentation est la plus forte pour les plus âgés (le
nombre des 75 ans ou plus passerait quasiment à 12 millions et celui des 85 ans ou plus à
plus de 5 millions) comme le montre la figure 1.
Figure 1 - Pyramide des âges en 2060 [INSEE, 2016]
18
Concernant l’espérance de vie, elle est de 78,4 ans pour les hommes et de 84,1 ans
pour les femmes [INSEE, 2007].
III. Prévalence des maladies chez les personnes âgées
Il est important d’introduire le concept de dépendance. En effet l’espérance de vie
sans incapacité se stabilise, elle est en 2012 de 63,5 ans pour les femmes et de 61,9 ans
pour les hommes, quand en 2013 elle était de 63,3 ans pour les femmes et 62,7 ans pour
les hommes [INSERM, 2012]. En revanche avec l’avancé en âge, le risque de dépendance
augmente. On estime le nombre de personnes âgées dépendantes à 1,2 million [DREES,
2016].
A partir de 65 ans, on compte en moyenne 6 pathologies par patient [INSEE, 2016]
comme nous pouvons le voir sur la figure 2.
Figure 2 - Nombre de maladies déclarées en 2010 [INSEE,2016]
IV. Concept de fragilité du sujet âgé
Définition
Une définition de la fragilité a été adoptée par la Société Française de Gériatrie et de
Gérontologie en 2011, puis reprise par la HAS en 2013 :
« La fragilité est un syndrome clinique. Il reflète une diminution des capacités
physiologiques de réserve qui altère les mécanismes d’adaptation au stress. Son
expression clinique est modulée par les comorbidités et des facteurs psychologiques,
sociaux, économiques et comportementaux. Le syndrome de fragilité est un marqueur de
19
risque de mortalité et d’événements péjoratifs, notamment d’incapacités, de chutes,
d’hospitalisation et d’entrée en institution. L’âge est un déterminant majeur de fragilité mais
n’explique pas à lui seul ce syndrome. La prise en charge des déterminants de la fragilité
peut réduire ou retarder ses conséquences. Ainsi, la fragilité s’inscrirait dans un processus
potentiellement réversible. » [HAS, 2013]
En 2001, Linda Fried a déterminé 5 critères cliniques chez les personnes de plus de
65 ans, qui sont utilisés dans le repérage des personnes fragiles de façon précoce :
• Perte de poids involontaire de plus de 4,5 kg (ou ≥ 5 % du poids)
depuis 1 an
• Fatigue ressentie par le patient
• Ralentissement de la vitesse de marche
• Diminution de la force musculaire
• Sédentarité.
Un patient est considéré comme fragile s’il présente au moins trois de ces critères et
pré-fragile s’il en a 1 ou 2. [PIAU, NOURHASHEMI, 2017]
Intérêt
Environ 10% de la population des plus de 75 ans, vivant à domicile, perd son
autonomie chaque année, pour une des activités de base de la vie quotidienne. Ce déclin
n’est pas toujours irréversible et des mesures de prévention peuvent le retarder. Il est donc
important de repérer ces sujets fragiles pour :
• Retarder la dépendance dite « évitable »
• Prévenir la survenue d’événements défavorables.
Le syndrome de fragilité est un marqueur de risque d’événements péjoratifs
d’incapacités, de chutes, d’hospitalisations plus fréquentes, des durées de séjour
multipliées par deux et un risque de ré hospitalisation plus important.
Il est donc important de repérer les sujets fragiles, d’évaluer précisément la situation
dans une approche médico-psychosociale selon une démarche rigoureuse conduisant à
une proposition de Plan Personnalisé de Santé. Le Plan Personnalisé de Santé s’inscrit
dans une séquence « repérage – évaluation – planification – suivi – révision » parfaitement
détaillé par la Haute Autorité de Santé. Le pharmacien reste un acteur de soins
20
incontournable du parcours de soins de la personne âgée fragile comme le rappelle la
Haute Autorité de Santé. « Le PPS est un plan d’action participatif de proximité associant le
plus souvent, outre le médecin traitant, un Infirmier diplômé d’état (IDE) libéral ou de
SSIAD, un pharmacien d’officine, mais aussi un kinésithérapeute, voire un coordonnateur
d’appui pour les cas complexes. » [HAS,2014]
V. Polymédication
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, elle se définit en théorie comme «
l’administration de nombreux médicaments de façon simultanée ou par l’administration d’un
nombre excessif de médicaments. » Le seuil quotidien de 5 médicaments et plus pris de
manière chronique est celui fixé et retenu par la HAS. [IRDES,2014]
VI. Iatrogénie médicamenteuse
Définition Egalement appelée Effet Indésirable Médicamenteux (EIM), elle se définit selon
l’OMS comme « toute réaction nocive et non voulue d’un médicament se produisant aux
posologies normalement utilisées chez l’homme pour la prophylaxie, le diagnostic ou le
traitement » [AFSSAPS,2011] mais aussi comme « l’ensemble des effets indésirables
directement liés à l’effet pharmacologique d’un médicament lors de son utilisation » selon la
section 13 du code de Santé publique.
Les médicaments potentiellement inappropriés et guides de prescription
La iatrogénie médicamenteuse est un problème de santé publique fréquent en
gériatrie. Elle présente un coût humain et économique très élevé. Chez les personnes
âgées de 65 ans et plus, on comptait en 2011 plus de 115000 hospitalisations iatrogènes et
7457 décès. [ASSURANCE MALADIE, 2017]
Les médicaments potentiellement inappropriés sont des médicaments avec un rapport
bénéfice/risque défavorable pour le patient ou dont l’efficacité est faible et l’utilisation
potentiellement dangereuse.
21
La loi du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique a pour objectif de
réduire les effets indésirables médicamenteux chez le sujet âgé, en créant un indicateur de
qualité et un guide de prescription médicamenteuse en gériatrie. [MINISTERE DE LA
SANTE, 2004]
Beers fut le premier auteur, aux Etats-Unis, à publier une liste de MPI en gériatrie en
1991. [BEERS, OUSLANDER, ROLLINGHER et al., 1991] Cette liste est remise à jour
régulièrement et dont la dernière date de 2015.
H. Blain et coll. proposent un outil de prescription similaire au travail de Beers. Dans
cet article les règles générales du bon usage des médicaments chez la personne âgée sont
rappelées comme nous le montre la figure 3. [BLAIN, RAMBOURG, LE QUELLEC et al.,
2015a] De la même façon, Marie-Laure Laroche a publié également une liste de
médicaments potentiellement inappropriés. [LAROCHE, CHARLES, MERLE, 2007]
Figure 3 - Bon usage des médicaments chez le sujet âgé [BLAIN, RAMBOURG, LE QUELLEC et al., 2015b]
L’HAS, en 2014 propose des recommandations pour améliorer la sécurité des
prescriptions en gériatrie en rappelant l’intérêt d’une approche pluri professionnelle
(médecins, infirmiers, pharmaciens) avec une démarche bien systématisée, à savoir :
« Étape 1. Repérer les patients à risque d’EIM
Étape 2. Identifier les situations à risque et mettre en place des alertes
Étape 3. Revoir la prise en charge thérapeutique
22
Étape 4. Adapter la surveillance clinique et biologique des médicaments
Étape 5. Sécuriser la gestion des médicaments par le patient
Étape 6. Gérer les situations à risque et les alertes » [HAS, 2014]
Une fois de plus, l’HAS précise bien la place du pharmacien incontournable dans
l’optimisation des traitements et la prévention des EIM.
Cependant, plusieurs études démontrent l’impossibilité de prescrire de façon quasi-
sûre pour le généraliste ou le gériatre. Une cohorte de 2001 de 389 patients (68,9% de
femmes, moyenne d’âge de 79 ans) nous montre que 107 patients ont eu une prescription
ne respectant pas les critères de Beers, avec un total de 131 évènements indésirables
graves (EIG). En revanche, selon l’avis des experts et au cas par cas, le non-respect des
critères de Beers ne représentait que 12 cas. [RUSCIN, 2006]
La prescription médicamenteuse inappropriée (PMI) résulte soit de la prescription
inappropriée d’un médicament ou soit de l’omission d’une prescription nécessaire.
[O’CONNOR, GALLAGHER, O’MAHONNY, 2012] Un seul outil à ce jour prend en compte
ces deux volets de la PMI, c’est la liste STOPP (Screaning Tool of Older Persons
Potentially Inappropriate Prescriptions) /START (Screaning Tool to Alert Doctors to Right
Treatment). Développée en 2008, cette liste propose d’une part des critères de prescription
potentiellement inappropriée (versant STOPP), et d’autre part des critères d’omission
potentielle (versant START). Une version française a été adaptée de l’anglais et validée en
2015 (ANNEXE 3). Ces critères prennent en considération les dernières recommandations
et l’arrivée sur le marché des nouveaux médicaments. Ils font l’objet d’un intérêt croissant
depuis 2008 et sont fréquemment rencontrés dans les dernières études. Cependant, ils ne
sont pour le moment pas associés aux aides informatisées à la prescription. Leur
informatisation permettra de favoriser et de faciliter leur utilisation. [LANG, DRAME,
GUIGNARD, et al., 2015]
En conclusion, plusieurs outils de prescription comme la liste de Beers, la liste de
Laroche, les critères STOPP/START sont à la disposition des prescripteurs afin d’éviter un
maximum les EIM et les MPI. Il va de leur initiative d’utiliser un de ces outils pour optimiser
au mieux leurs prescriptions.
23
2. Modifications métaboliques du médicament liées à l’âge I. Généralités
Le vieillissement s’accompagne de modifications pharmacocinétiques et
pharmacodynamiques.
Avec l’âge, la survenue des changements de l’anatomie et du fonctionnement des
organes peut modifier la pharmacocinétique et l’activité des médicaments.
L’utilisation de certains médicaments est à adapter à la situation individuelle de
chaque patient, notamment à la fonction rénale et à l’état de nutrition.
Enfin d’autres médicaments ne devraient pas être utilisés chez le patient âgé, en
raison d’un mauvais rapport efficacité/tolérance comparés à d’autres alternatives
thérapeutiques.
II. Modifications pharmacocinétiques liées à l’âge
La pharmacocinétique est l’étude quantifiée du devenir des médicaments dans
l’organisme. Elle permet de déterminer les paramètres caractérisant l’absorption, la
distribution et l’élimination (comprenant le métabolisme et l’excrétion).
Concernant les modifications de certaines fonctions physiologiques essentielles :
• L’absorption orale :
De façon générale, elle est peu modifiée, avec une hypochlorhydrie chez 5 à 10% des
patients, ce qui peut influer sur la biodisponibilité des médicaments ou certaines formes
galéniques.
L’acidité digestive est réduite avec l’âge, limitant l’absorption du fer et du calcium et
augmentant la prolifération bactérienne digestive. La modification du pH gastrique interfère
sur l’absorption de certains médicaments. [MANGEREL, ARMAND-BRANGER, RHALIMI,
2011a]
La vidange gastrique et la motilité du tube digestif sont ralenties. Cela implique une
diminution de la biodisponibilité orale de molécules telles que le propranolol, la nifédipine,
les vitamines, le calcium et le fer. [MANGEREL, ARMAND-BRANGER, RHALIMI, 2011b]
Cela implique également un ralentissement du transit de façon générale, et donc un risque
de constipation et de fécalome. [BLAIN, RAMBOURG, LE QUELLEC et al., 2015c]
24
Le vieillissement agirait plus sur la vitesse d’absorption que la quantité absorbée. A
titre d’exemple, le Tmax (temps pour atteindre la concentration maximale) est allongé pour
la digoxine, le chlordiazépoxide, le nitrazépam et la gabapentine. Par ailleurs, l’absorption
des formes orales liquides semble moins altérée que celle des solides de par leur
délitement plus lent et souvent incomplet avec le vieillissement. [MANGEREL, ARMAND-
BRANGER, RHALIMI, 2011c]
• L’absorption cutanée :
La sècheresse cutanée et la réduction de la microcirculation provoquent un retard
d’absorption pour certains composés comme l’absorption du fentanyl illustrée figure 4, ce
qui pose le problème des patchs transdermiques.
Figure 4 - Concentrations plasmatiques après pose d'un patch transdermique de fentanyl chez le jeune adulte et
chez la personne âgée [CUSACK, 2004]
• La distribution :
L’albumine sanguine diminue d’environ 10% chez le sujet âgé :
Cette diminution s’associe d’une augmentation d’environ 10% de la fraction libre de
nombreux médicaments. [LAFUENTE-LAFUENTE, BAUDRY, PAILLAUD, 2013a]
Les risques de surdosages sont plus fréquents :
25
- avec les médicaments qui sont fortement liés à l’albumine (>90%) comme
l’amiodarone, les antiépileptiques, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), les
antivitamines K, le diazépam, la digoxine, l’hormone thyroïdienne, la phénytoïne et les
sulfamides hypoglycémiants
- avec le phénomène de compétition quand on associe plusieurs médicaments liés à
l’albumine. [MANGEREL, ARMAND-BRANGER, RHALIMI, 2011d]
Pour des valeurs d’albuminémie plus faible, la réponse clinique de certains anticorps
monoclonaux est plus pauvre alors qu’à valeur d’albuminémie normale, la réponse clinique
est normale. C’est le cas de l’infliximab (anticorps monoclonal anti-TNF). [LAFUENTE-
LAFUENTE, BAUDRY, PAILLAUD, 2013b]
La masse grasse augmente de 20 à 50%. Cela favorise l’accumulation et le relargage
des molécules liposolubles et donc une augmentation de la rémanence de leurs effets
[BLAIN, RAMBOURG, LE QUELLEC et al., 2015d] (augmentation du volume de distribution
et de la demi-vie de ces molécules). Parmi ces molécules on retrouve les antidépresseurs
tricycliques, l’amiodarone, les benzodiazépines, la prazosine, la téicoplanine, ou encore le
vérapamil. [MANGEREL, ARMAND-BRANGER, RHALIMI, 2011e]
La réduction du volume d’eau corporel de 10 à 15% :
Cela implique une tendance à la sarcopénie et la déshydratation, augmentant l’effet
des molécules hydrosolubles par diminution de leur volume de distribution. Citons à titre
d’exemple sans caractère exhaustif, l’aspirine, la cimétidine, la digoxine, la famotidine, la
gentamicine, le lithium, la morphine, le paracétamol, la phénytoïne, le sotalol, la
théophylline dont les effets peuvent être majorés. [MANGEREL, ARMAND-BRANGER,
RHALIMI, 2011f]
Le risque d’hypotension orthostatique augmentant avec l’âge, a fortiori dans le cadre
de pathologies comme la maladie de Parkinson, tout médicament exposant au risque
d’hypotension artérielle doit faire l’objet d’une surveillance accrue. [BLAIN, RAMBOURG,
LE QUELLEC et al., 2015e]
La tolérance cérébrale des médicaments psychotropes ou inducteurs d’anomalies
métaboliques (hyponatrémie par exemple) est diminuée chez le sujet âgé, surtout en cas
de maladie neurologique dégénérative, ce qui augmente le risque de confusion, malaise et
26
chute. Ici encore, ces médicaments doivent faire l’objet d’une surveillance accrue. [BLAIN,
RAMBOURG, LE QUELLEC et al., 2015f]
• Le métabolisme hépatique :
Le foie est le principal organe de métabolisation des médicaments. Les métabolites
formés sont en général moins actifs que la molécule mère, et éliminés par les reins.
Le foie intervient au premier passage hépatique, ou alors au moment de la
métabolisation terminale, avant l’élimination.
Avec l’âge, on peut observer une réduction du flux sanguin hépatique (de 0,3 à 1,5 %
par an à partir de 25 ans), une réduction de la masse hépatique (de 25 à 35%) ainsi qu’une
réduction du pouvoir de métabolisation hépatique (de 40%). [MANGEREL, ARMAND-
BRANGER, RHALIMI, 2011g]
Les effets de l’âge sur le métabolisme hépatique des médicaments ainsi que
l’adaptation posologique au niveau des personnes âgées sont difficilement évaluables et
applicables dans la pratique clinique. [MANGEREL, ARMAND-BRANGER, RHALIMI,
2011h] Il n’existe pas de test simple permettant de l’explorer et un bilan sanguin hépatique
reste normal avec l’âge dans la quasi-totalité des cas, à l’exception de l’albumine, qui perd
20% de sa valeur entre 20 et 70 ans. [LAFUENTE-LAFUENTE, BAUDRY, PAILLAUD,
2013c]
Nous pouvons classer la métabolisation hépatique des médicaments en deux groupes
différents :
- Les médicaments à clairance élevée (supérieure à 70% du flux sanguin
hépatique), la clairance dépend de façon linéaire du flux sanguin ;
- Les médicaments à clairance faible (inférieure à 30% du flux sanguin
hépatique), la clairance dépend de la formule suivante « fu x cl. int. » soit
fraction libre (fu) x clairance intrinsèque (cl. int.) qui est elle-même
proportionnelle à l’activité des enzymes concernées par cette métabolisation.
[LAFUENTE-LAFUENTE, BAUDRY, PAILLAUD, 2013d]
Les études in vivo ont montré une réduction de clairance des médicaments « flux-
dépendants ». C’est le cas des médicaments avec un fort effet de premier passage
(propranolol, vérapamil). Dans le cas où les médicaments sont à la fois fortement liés à
27
l’albumine et métabolisé par un système flux dépendant, il y a un risque de toxicité au pic
en cas d’hypoalbuminémie avec un accroissement de l’exposition. [LAFUENTE-
LAFUENTE, BAUDRY, PAILLAUD, 2013e]
Tableau I - Influence de l'âge sur le métabolisme des médicaments [MCLEAN, LE COUTEUR, 2004]
Influence de l’âge sur le métabolisme des médicaments
Métabolisme hépatique réduit
(Diminution de la clairance d’environ 30 à 40%)
Métabolisme inchangé
Morphine
Propranolol
Vérapamil
Imipramine
Théophylline
Warfarine
Paracétamol
Isioniazide
Acide salicylique
Oxazépam
Acide valproïque
• L’élimination rénale :
Sur un plan anatomique, au niveau microscopique, on constate une fibrose tissulaire,
une atrophie tubulaire et artériosclérose avec une perte de 20 à 30% des glomérules
rénaux comme l’indique la figure 5.
28
Figure 5 - Relation entre l'âge et la glomérulosclérose chez l'humain [NEUGARTEN, GALLO, SILBIGER, et al.,
1999]
Sur le plan physiologique, beaucoup d’études s’accordent sur une baisse de la
fonction rénale avec l’âge. La figure suivante illustre l’évolution de la clairance rénale en
fonction de l’âge, avec une diminution très nette au fur et à mesure que l’on avance en âge
comme nous pouvons le voir sur la figure 6.
Figure 6 - Evolution de la clairance rénale en fonction de l'âge [MCLEAN, LE COUTEUR, 2004]
Toutefois, à l’échelle individuelle, cette baisse est très variable d’une personne à
l’autre. Les données de la cohorte de Baltimore [LINDEMAN, TOBIN, SHOCK, 1985] (suivi
de plus de 250 sujets sur 25 ans entre 1985 et 2000) ont montré un déclin moyen de 40%
de la clairance de la créatinine, de 0.75 ml/min/an, mais pas de réduction de cette clairance
chez un tiers des sujets. Cette étude met en évidence la notion de vieillissement différentiel
rénal avec une importante variabilité interindividuelle.
29
En pratique clinique, la fonction rénale est évaluée à partir de la créatinine sérique à
l’aide de formules permettant d’estimer le débit de filtration glomérulaire ou DFG (formules
CKD-EPI et MDRD simplifié) et la clairance de la créatinine (formule de Cockcroft & Gault).
Les conclusions de l’évaluation des formules permettant d’estimer le DFG par la HAS
en 2011 sont les suivantes :
« Pour le diagnostic précoce et le suivi de l’insuffisance rénale chronique d’une
population adulte, le diagnostic doit reposer sur une estimation du DFG obtenue avec
l’équation CKD-EPI qui présente les meilleures performances en termes d’exactitude. Le
facteur de correction ethnique de l’équation n’est pas applicable en France. Dans l’attente
de l’appropriation de cette nouvelle équation par les professionnels de santé, la formule
MDRD peut être utilisée. La HAS ne peut pas se prononcer sur la validation de cette
équation chez les patients : âgés de plus de 75 ans ; présentant un poids extrême ou des
variations de la masse musculaire ; recevant une alimentation pauvre en protéines
animales ou dénutris. » [HAS, 2012]
En ce qui concerne l’adaptation posologique, la HAS rappelle que formule de Cockroft
& Gault reste la référence, comme indiqué dans les résumés des caractéristiques des
produits (RCP). Elle ajoute que l’utilisation dans les RCP, de l’équation CDK-EPI est
souhaitable (ANNEXE 1).
Figure 7 - Les différents stades de la maladie rénale chronique [HAS, 2012].
Cela nous amène, dans le cas des médicaments éliminés de façon importante par le
rein sous forme active, de considérer :
o Les effets de l’âge : excrétion ralentie, exposition augmentée et risque
potentiel accru d’effets indésirables
30
o L’importance d’un suivi personnalisé, avec contrôle de la fonction
rénale à l’instauration d’un traitement, contrôle de la fonction rénale en cours de
traitement, contrôle des concentrations sanguines de métabolites actifs et adaptation
de la posologie à chaque patient par rapport à sa fonction rénale (exemple les
aminosides, le lithium, la digoxine).
On constate également que l’altération de la fonction rénale avec l’âge serait plus liée
aux pathologies associées (diabète, hypertension) qu’à l’effet propre du vieillissement.
31
En résumé :
Tableau II - Modifications liées à l'âge, et impact clinique sur les différents processus pharmaceutiques. D'après
[MANGEREL, ARMAND-BRANGER, RHALIMI, 2011]
Processus Modifications liées à l’âge Impact clinique
Absorption
Augmentation du pH gastrique
Faible
Ralentissement de la vidange gastrique
Réduction du péristaltisme du tube digestif
Réduction du flux sanguin du tube digestif
Réduction de la surface d’absorption
Distribution
Diminution du poids corporel
Modéré
Augmentation de la masse grasse
Diminution de l’eau corporelle
Réduction de l’albuminémie
Métabolisme
Réduction de la masse hépatique
Modéré Réduction du flux sanguin hépatique
Réduction de l’activité métabolique
Elimination
rénale
Réduction du débit de filtration glomérulaire
Important Réduction du flux sanguin rénal
Réduction de la sécrétion tubulaire
32
III. Modifications pharmacodynamiques liées à l’âge
La pharmacodynamie est l’étude de l’effet des médicaments sur l’organisme.
Le vieillissement physiologique s’accompagne de modifications
pharmacodynamiques, c’est à dire « la capacité des organes cibles à répondre aux
médicaments ». [LEGRAIN, LACAILLE, 2005a]
La sensibilité et le nombre de récepteurs à des médicaments sont modifiés entraînant
une altération de la liaison au récepteur, de l’action au niveau post récepteur et/ou des
systèmes de contre-régulation. La réponse aux médicaments peut être augmentée ou
diminuée. [MANGEREL, ARMAND-BRANGER, RHALIMI, 2011g]
Citons ici quelques exemples :
– la diminution du nombre de barorécepteurs provoque une augmentation de la
réponse hypotensive aux antihypertenseurs, ce qui contribue à l’augmentation du risque de
chute et de malaise ;
– la sensibilité du système nerveux central aux psychotropes contribue à majorer le
risque confusionnel ;
– le vieillissement du cœur, en particulier la perte du contingent de cellules nodales,
peut entraîner une plus grande sensibilité à certains médicaments (troubles voire blocs
conductifs) ;
– la réponse bronchodilatatrice à la théophylline est diminuée. [MANGEREL,
ARMAND-BRANGER, RHALIMI, 2011h]
33
Pour conclure, l’âge entraine de nombreuses modifications physiologiques. Ces
modifications augmentent le risque d’effets indésirables médicamenteux difficiles à prévoir.
En effet, l’inclusion des personnes âgées dans les essais cliniques est encore trop
faible à l’heure actuelle. En 2000, seulement 3,45% des 8945 essais cliniques concernait
des personnes de plus de 65 ans [NAIR BR., 2002]. Par exemple, dans le cas des
médicaments à visée cardio vasculaire, il y a eu seulement 9% des plus 75 ans inclus dans
les essais cliniques entre 1990 et 2000 (37% des malades) [MCLEAN, LE COUTEUR,
2004]. Dans le cas des traitements du cancer du sein, il y a eu 9% d’inclusions lors des
essais cliniques alors que les plus de 65 ans représentent 50% des malades [MCLEAN, LE
COUTEUR, 2004].L’âge est un critère d’exclusion dans 35% des études, sans justification
[MCLEAN, LE COUTEUR, 2004].
Les conditions d’utilisation et les effets des médicaments chez les personnes âgées
ne sont peu ou pas établis. On peut dire que l’emploi d’un médicament nouveau chez la
personne âgée est considéré comme « terra incognita » [PIETTE F., 2002].
34
35
Etude
1. Introduction
L’article 15 de l’arrêté du 6 avril 2011 relatif au management de la qualité de la prise
en charge médicamenteuse et aux médicaments dans les établissements de santé précise
que :
« Le pharmacien doit assurer dans son intégralité l’acte de dispensation du
médicament, associant à sa délivrance : l’analyse pharmaceutique de l’ordonnance
médicale si elle existe, la préparation éventuelle des doses à administrer, la mise à
disposition des informations et les conseils nécessaires au bon usage du médicament. Il
doit, par des conseils appropriés et dans le domaine de ses compétences, participer au
soutien apporté au patient. Les médicaments peuvent être délivrés globalement à l’unité de
soins en renouvellement d’une dotation adaptée, préalablement définie par le pharmacien
et le médecin responsable de l’unité de soins ou à défaut celui désigné par l’ensemble des
prescripteurs concernés, cela dans l’attente de la mise en place d’une informatisation pour
permettre à la pharmacie à usage intérieur l’accès aux informations nécessaires à l’analyse
pharmaceutique des prescriptions... Les établissements médico-sociaux disposant d’une
pharmacie à usage intérieur relèvent de l’arrêté du 31 mars 1999 relatif à la prescription, à
la dispensation et à l’administration des médicaments soumis à la réglementation des
substances vénéneuses. »
De plus, le manuel de certification V 2010 des établissements de santé (révision avril
2011) ajoute que :
« Le manuel de certification identifie la démarche de qualité de la « Prise en charge
médicamenteuse » du patient comme une pratique exigible prioritaire PEP » (référence 20).
C’est dans ce contexte, en 2013, que m’a été confiée lors de mon stage à la Maison
Hospitalière Saint-Charles, la mise en place de la délivrance nominative journalière à
l’hôpital de jour de cet établissement. Dans le cadre de cette mission, j’ai été amené à
recueillir les ordonnances des usagers et à repérer des prescriptions médicalement
inappropriées. L’équipe médicale m’a alors proposé de réaliser une étude rétrospective sur
l’année afin de mieux préciser le profil des patients admis en hôpital de jour et leurs
traitements.
36
2. Lieu de l’étude
L’étude s’est déroulée auprès des patients du service d’hôpital de jour de la Maison
Hospitalière Saint-Charles à Nancy.
Figure 8 - Maison Hospitalière Saint-Charles à Nancy – Crédit photo : AKTOP M.
La Maison Hospitalière Saint-Charles est un établissement de santé gériatrique privé
à but non lucratif, participant au service public hospitalier. Elle possède un hôpital de jour
spécialisé dans la prise en charge non médicamenteuse et le diagnostic de pathologies
neurologiques de type démences.
L’établissement possède 5 services avec un total de 226 lits ; 20 lits en service de
MCO Médecine, chirurgie, obstétrique), 5 à l’Hôpital de Jour, 51 lits en SSR (Soins de suite
et réadaptation) dont 4 lits de soins palliatifs, 60 lits en USLD (Unité de soins de longue
37
durée) et 90 lits en EHPAD (Etablissement d’Hébergement pour les Personnes Agées
Dépendantes).
Tableau III - Nombre de lits par service au sein de la Maison Hospitalière Saint-Charles
• Activité de l’Hôpital de Jour :
Sur l’année 2013, l’hôpital de jour a enregistré 1709 séjours entrées pour 110 sorties
de patients (patients qui n’ont plus été pris en charge sur l’année à l’HDJ) et 108 nouveaux
patients (patients n’étant jamais venus à l’HDJ), soit un total de 218 patients. Le nombre de
patient moyen par jour est de 7,7 patients. Dans 2/3 des cas, les patients sont adressés à
l’hôpital de jour par un médecin généraliste ou spécialiste, et dans 1/3 des cas, il s’agit d’un
médecin coordonnateur (maison de retraite, EHPAD).
• Missions de l’Hôpital de Jour :
Il prend en charge l’évaluation et le suivi de patients âgés fragiles et/ou déjà
dépendants. L’objectif étant de prévenir l’aggravation de la dépendance, d’éviter des
hospitalisations à répétition, de soutenir les aidants familiaux et de retarder l’entrée en
institution.
- Cette structure d’hospitalisation à temps partiel assure l’accueil et le
séjour des patients ainsi que ceux des personnes qui, le cas échéant, les
accompagnent.
- Elle élabore et met en œuvre des projets de soins individualisés.
- Elle assure le repos et la surveillance nécessaire à chaque patient.
Service Nombre de lits Médecine 20
Hôpital de jour 5
Soins de suite et réadaptation 51
Unité de soins de longue durée 60
EHPAD 90
38
- Elle assure enfin l’organisation, la préparation et la mise en œuvre des
protocoles de soins.
Tableau IV - Organisation d'une journée type à l'hôpital de jour Saint-Charles
L’infirmière s’occupe des formalités d’entrée avec le patient et /ou sa famille et de
l’admission informatique à l’hôpital de jour. Elle assure également les soins, l’administration
du traitement après revue d’ordonnance par le pharmacien de l’établissement, et réalise les
examens demandés par le médecin gériatre (bilan sanguin, urinaire, pansements, électro-
cardiogramme…).
Le médecin gériatre est également amené à demander différents examens
complémentaires (imagerie cérébrale, consultations spécialisées…) mais également une
évaluation médico-psycho-sociale dans une approche globale de la personne âgée. Cette
approche médico-psycho-sociale indispensable en gériatrie permet de proposer une prise
en charge personnalisée, de structurer un parcours de soins en lien avec les différents
professionnels de santé voire de préparer une institutionnalisation.
3. Présentation de l’enquête I. Objectif de l’étude
L’objectif de cette étude est d’évaluer l’impact de la revue d’ordonnance en hôpital de
jour d’un point de vue médicamenteux et de déterminer le nombre de prescriptions
médicalement inappropriées dans une population de sujets en hôpital de jour.
Organisation d’une Journée Type à l’Hôpital de Jour
9h Accueil des patients par l’équipe
soignante
9h30 Bilans et activités thérapeutiques
12h Déjeuner
13h Activités thérapeutiques, entretiens
entre le médecin gériatre et la famille/
les proches
17h Départ des patients
39
II. Méthodologie
Profil de l’étude Il s’agit d’une étude comparative d’ordonnances où l’on compare la dernière
ordonnance à jour du patient à son admission à l’hôpital de jour et son ordonnance à sa
sortie. Elle a été réalisée sur les patients primo-arrivants de janvier à décembre 2013 au
sein de l’hôpital de jour de la Maison Hospitalière Saint-Charles à Nancy.
Profil des patients Les patients sont tous venus au cours de l’année 2013 en consultation à l’hôpital de
jour, sur demande de leur médecin traitant ou sur demande du médecin coordonnateur de
la structure où ils vivaient.
Recueil des données Les données concernant les patients (âge, sexe, prescription, synthèse médicale,
bilan sanguin) ont été recueillies auprès de l’équipe soignante de l’hôpital de jour.
Difficultés rencontrées
La principale difficulté rencontrée concerne les données manquantes, soit des
résultats biologiques non retrouvés comme la fonction rénale ou des prescriptions non
retrouvées
40
4. Présentation des résultats I. Description de la population
La population étudiée comprend 108 patients, 30 hommes et 78 femmes soit un sex
ratio de 2,6 femmes pour un homme.
La moyenne d’âge de notre population est de 83,9 ans, elle est de 83 ans pour les
hommes et de 84,2 ans pour les femmes.
Tableau V - Description de la population
Sexe Masculin Féminin Total
Nombre 30 78 108
Age moyen (en années)
83,9
Figure9-Proportiond'hommesetdefemmesdansl'échantillon
72%
28%
Femmes Hommes
41
Dans cette population nous comptons 71 personnes vivants à domicile et 37
personnes vivants en structure de type EHPAD.
Figure10-ProvenancedesPatients
II. Valeur moyenne de la fonction rénale
Les analyses ont toutes été réalisées par le même laboratoire de biologie médicale.
La valeur moyenne du débit de filtration glomérulaire (DFG) calculée selon la formule
du MDRD de notre population (en ml/mn/1,73m2) est de 71,54. Elle est de 70,18 chez
l’homme et de 72,9 chez la femme. Les patients ont donc un DFG dans la fourchette
proche de la normalité.
34%
66%
Personnesenstructure Personnesàdomicile
42
TableauVI-ValeurmoyenneduMDRDdansnotrepopulationetparsexe
Valeur moyenne du MDRD
(ml/mn/1,73m2)
Homme 70,18
Femme 72,9
Population 71,54
Selon les valeurs de DFG calculées selon la formule du MDRD, nous constatons que
8 hommes sur 30, et 21 femmes sur 78, ont un DFG inférieur à 70, ce qui représente au
total 29 personnes de notre population.
TableauVII-ProportiondespersonnesavecunDFGinférieurà70dansnotrepopulationetparsexe
Proportion de personnes avec DFG < 70 (en %)
Homme 26,67
Femme 26,92
Population 26,85
Les résultats ne correspondent pas aux valeurs habituellement retrouvées dans la
littérature où la maladie rénale chronique est 1,7 fois plus élevée chez l’homme que chez la
femme [REIN, 2015]. Ce résultat est sans doute liée à un biais de recrutement des sujets
dans notre étude en soulignant que les patients atteints d’une insuffisance rénale sont
suivis en service de néphrologie.
43
III. Classes thérapeutiques
Pathologies traitées Dans notre population, nous comptons 3,3 pathologies traitées par patient en
moyenne. Il y a 3,23 pathologies traitées par femme, et 3,37 pathologies traitées par
homme, ce qui est en accord avec une enquête Insee-Credes sur la santé et les soins
médicaux 1991-1992, qui a montré que la polypathologie était la règle chez les personnes
très âgées : 93 % des 70 ans et plus avaient au moins 2 maladies, et 85 % au moins 3
maladies. [HAS,2015] Cela est également en accord avec une étude plus récente menée
sur 313 patients entre le 1er mai et le 31 octobre 2009 à Lyon, où le nombre moyen de
pathologies chroniques (selon les prescriptions) était de 3. [BERTHOUX, DUFOUR,
RAHARISONDRAIBE, et al, 2013]
Figure 11 - Pathologies les plus rencontrées dans notre population
Concernant les pathologies les plus rencontrées dans notre population, nos chiffres
sont en accord avec les chiffres retrouvés dans le volet « pathologies et morbidité » de
l’enquête auprès des établissements d’hébergement pour personnes âgées (EHPA) de
2003, réalisé par un médecin auprès de 4500 résidents.
• Dans notre étude nous retrouvons 82,39% de personnes atteintes de
pathologies neuro-psychiatriques, chiffre comparable à la littérature. [DREES,
2006a]
• 78,71% des sujets présentent des pathologies cardiovasculaires ce qui
correspond également aux études menées sur des populations comparables.
[DREES, 2006b]
Pathologies Proportion
Neuro-psychiatriques 82,39%
Dont Troubles anxio-dépressifs 34,25%
Syndrômes démentiels 48,14%
Cardio-vasculaires 78,71%
Gastro-entéro-hépatiques 31,78%
44
• 31,78% des sujets présentent des pathologies gastro-entéro-hépatiques,
résultat qui est également comparable à la littérature. [DREES, 2006c]
Il est nécessaire de rappeler le biais de recrutement en diabétologie et en
pneumologie, deux spécialités qui accueillent les patients sans limite d’âge dans leurs
services hospitaliers respectifs, présentes toutes les deux à hauteur de 23% au sein de
notre population alors qu’un résultat plus élevé est attendu comme nous pouvons le
retrouver dans la littérature. [DREES, 2006d]
Différentes classes thérapeutiques
Nous avons utilisé la classification du guide des médicaments Dorosz.
Figure12-Répartitiondesclassesthérapeutiquesdansnotrepopulation
16%
4%
46%
8%
5%
7%
14%
Psychiatrie Diabétologie Cardiologie
Douleur Neurologie Troublesmétaboliques
Gastro-Entéro-Hépatologie
45
Dans notre population, La moyenne des prescriptions est de 5,8 médicaments
prescrits par patient, chiffre qui est en dessous des chiffres retrouvés dans la littérature où
plus de 10 % des personnes âgées de 75 ans et plus en France prennent quotidiennement
de 9 à 13 médicaments. [IRDES, 2015] Cela est probablement lié à la plus grande
sensibilité des prescripteurs à la polymédication et donc une valeur inférieure par rapport à
la moyenne nationale de médicaments prescrits par patient. Soulignons qu’un tiers des
patients adressés en hôpital de jour viennent de structures gériatriques comme les EHPAD,
structures qui bénéficient toujours de la présence d’un médecin coordonnateur formé en
gériatrie.
Sur une ordonnance type de notre population, le nombre de médicaments prescrits en
moyenne est de :
• 2,31 médicaments à visée cardiologique (comprenant les antihypertenseurs,
les anti-arythmiques, dérivés nitrés et anti-angoreux, ainsi que les anti-ischémiques,
antiagrégants plaquettaires, anti-coagulants et anti-thrombotiques).
• 0,79 médicament à visée psychiatrique prescrit en moyenne (classe définie
selon le guide pratique des médicaments DOROSZ et comprenant notamment et
c’est ce qui est prescrit dans cette étude, anxiolytique, hypnotique, antidépresseur et
neuroleptique).
• 0,77 médicament à visée gastro-entéro-hépatologique (Pansements gastro-
intestinaux, anti-émétiques et anti-reflux, anti-sécrétoires gastriques (IPP, Anti-H2),
Anti-diarrhéiques, Laxatifs, Anti-spasmodique).
• 0,42 médicament à visée antalgique (analgésique d’action périphérique ou
centrale prépondérante, AINS, corticoides).
• 0,32 médicament à visée hypolipémiante (statines seules ou en association,
Fibrates).
• 0,24 médicament de neurologie (anti-épileptiques, anti-alzheimer, anti-
parkinsoniens).
• 0,2 médicament de diabétologie (insulinothérapie, biguanides, sulfamides
hypoglycémiants et incrétinomimétiques) mais il y a là aussi un biais de recrutement,
car les patients diabétiques sont suivis par le service spécialisé quel que soit l’âge.
46
Après cette description d’ensemble des différentes classes médicamenteuses, nous
allons décrire plus précisément les prescriptions.
Les médicaments à visée cardio-vasculaire
Ces médicaments représentent à eux seuls 46% (en moyenne) des spécialités
prescrites par ordonnance. Cela représente donc la première classe de médicaments
prescrite, comme nous pouvons le retrouver dans la littérature. [LO PRESTI, PAYAN,
BEROD, 2017a]
TableauVIII-Nombreetproportiond'hommesetdefemmestraitéspardesmédicamentsàviséecardio-vasculairedansnotre
population
Femmes traitées Hommes traités
Nombre 61/78 23/30
Proportion (en %) 78,2 76,7
Nous constatons dans notre population que les femmes ont plus de traitements
médicamenteux que les hommes, ce qui s’accorde avec la littérature. [FEDERATION
FRANCAISE DE CARDIOLOGIE, 2016]
47
TableauIX-Nombredeprescriptionsparclassethérapeutiqueàviséecardio-vasculaire
Classe thérapeutique Nombre de prescriptions
Antiagrégants plaquettaires 39
Bêtabloquants 32
Anticoagulants et antithrombotiques 26
Inhibiteurs calciques 26
Diurétiques 20
Antiarythmiques 18
Inhibiteurs de l’enzyme de conversion 17
Sartans 15
Vasodilatateurs 8
Anti-ischémiques 4
Antihypertenseurs d’action centrale 3
Anti-angoreux 2
Dérivés nitrés 2
Inhibiteurs du système rénine
angiotensine
1
Activateurs de canaux potassiques 1
Cardiotoniques 1
Les antihypertenseurs représentent la première classe de médicaments à visée
cardio-vasculaire prescrite de notre population (57,67%) comme nous pouvons le retrouver
dans la littérature (62,5%). [BERTHOUX, DUFOUR, RAHARISONDRAIBE, et al, 2013]
48
Figure13-Répartitiond'antihypertenseursparclassethérapeutique
La Société Française d’Hypertension Artérielle et la HAS recommandent de privilégier
les 5 classes qui ont démontré une prévention des complications cardiovasculaires chez les
hypertendus, c’est à dire les diurétiques thiazidiques, les inhibiteurs calciques, les
inhibiteurs de l’enzyme de conversion et les sartans. Les bêtabloquants peuvent être
utilisés comme antihypertenseurs mais ils semblent moins protecteurs que les autres
classes thérapeutiques vis-à-vis du risque d’accident vasculaire cérébral, selon les
dernières recommandations [HAS, 2016]. Cela correspond aux 5 classes
d’antihypertenseurs les plus prescrites au sein de notre population parmi les 7 retrouvées.
β-Bloquant26%
Vasodilatateur7%
Actioncentrale2%
Diurétique17%
IEC
14%
Sartan12%
InhibiteurCalcique22%
β-Bloquant Vasodilatateur Actioncentrale DiurétiqueIEC Sartan InhibiteurCalcique
49
TableauX-Nombredepersonnesetproportion,parsexe,traitéespardesantihypertenseursenmono,bi,trietquadrithérapie
L’enquête French League against Hypertension Survey (FLAHS) faite par voie postale
en 2014 révèle des chiffres similaires à nos résultats tous sexes confondus. Une
monothérapie est utilisée chez 46 %, une bithérapie chez 35 %, une trithérapie chez 14 %
et une quadrithérapie ou plus chez 5 % des patients. [GIRERD X., 2014]
Parmi les patients de l’échantillon, on dénombrera 3 patientes avec une
quadrithérapie à visée antihypertensive :
• La première patiente est traitée par 1 bêtabloquant, 1 diurétique, 1 sartan et 1
inhibiteur calcique.
• La seconde patiente est traitée par 1 bêtabloquant, 2 diurétiques (furosémide
et hydrochlorothiazide) et 1 sartan.
• La troisième patiente est traitée par 1 bêtabloquant, 1 vasodilatateur, 1 sartan
et 1 inhibiteur calcique.
Sur 19 patients, un seul est traité avec 2 diurétiques (1 diurétique de l’anse et 1
thiazidique), les autres patients ayant un diurétique seul ou en association. Les dernières
recommandations préconisent, en cas de pression artérielle non contrôlée en
monothérapie, une association de 2 classes parmi les IEC, les sartans, les inhibiteurs
calciques et les diurétiques thiazidiques (ANNEXE 3). [HAS, 2016]
Sexe Femme Homme
Nombre Proportion (%)
Nombre
Proportion (%)
Antihypertenseurs en monothérapie 25
48,08 9 50
Antihypertenseurs en bithérapie 19
36,53 6 33,3
Antihypertenseurs en trithérapie 5
9,62 3 16,67
Antihypertenseurs en quadrithérapie 3
5,77 0 0
50
Les psychotropes en gériatrie
Les médicaments prescrits en psychiatrie représentent la deuxième classe la plus
prescrite au sein de l’étude avec 16% en moyenne des prescriptions, ce qui est en accord
avec la littérature. [LO PRESTI, PAYAN, BEROD, 2017b]
TableauXI-Nombreetproportiond'hommesetdefemmestraitéspardespsychotropesdansnotrepopulation
Femmes traitées Hommes traités
Nombre 40/78 11/30
Proportion (en %) 51,3 36,7
51,3% des femmes et 36,7% des hommes de notre population consomment des
psychotropes. Nos taux sont très similaires aux taux annuels de consommateurs de
psychotropes de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie, comme nous pouvons le voir
sur la figure 11, qui sont de 53,7% chez les femmes et de 34,5% chez les hommes.
Figure 14 - Taux de consommateurs de psychotropes [CNAM, 2000]
51
TableauXII-Nombredemédicamentspsychotropesparpatientselonlesexe
Les femmes consomment en général plus de psychotropes que les hommes,
tendance que nous retrouvons dans notre population. [AOUIZERATE P. GUIZARD M.,
2001]
Selon la classification du Dorosz, nous diviserons les psychotropes en 4 classes
thérapeutiques : les antidépresseurs, les anxiolytiques (benzodiazépines et
antihistaminique à visée anxiolytique), les hypnotiques et les neuroleptiques.
Nombre de médicaments psychotropes Femme Homme
par patient
Nombre Proportion (en %) Nombre Proportion (en %)
1 23 57,5 3 27,3 2 16 40 7 63,6 3 1 2,5 1 9,1 4 et plus 0 0 0 0
52
Figure15-Répartitiondespsychotropesparclassethérapeutique
Dans notre étude, on dénombre 47% de prescriptions d’antidépresseurs, 32% de
prescriptions d’anxiolytiques, 11% de prescriptions d’hypnotiques et 10% de prescriptions
de neuroleptiques. Un même sujet de notre population pouvant prendre plusieurs
psychotropes en même temps.
• Les résultats de notre étude corroborent la première position des
antidépresseurs en termes de prescription. [ARDIET, MONNIER, POLI, 2013]
• Dans la littérature, la consommation de benzodiazépines chez le sujet âgé
représente 27% de l’ensemble des prescriptions [BOURIN, 2010], proportion proche
de celle de notre population (32%). Il est nécessaire de rappeler que la prescription
des benzodiazépines à visée anxiolytique et hypnotique ne doit être envisagée
qu’après échec des approches non médicamenteuses [HAS,2015].
32%
11% 47%
10%
Anxiolytiques Hypnotiques Antidépresseurs Neuroleptiques
53
• Dans notre population, comme nous pouvons l’observer dans le tableau ci-
dessous, on constate chez la femme plus de prescriptions d’anxiolytiques et
d’antidépresseurs que chez l’homme, tendance retrouvée dans la littérature. [ANSM,
2014]
TableauXIII-Nombredepersonnesparsexetraitéesavecunanxiolytiqueseul,unantidépresseurseul,ouparuneassociation
anxiolytique/antidépresseur.
• La HAS rappelle dans ses recommandations concernant le traitement de
l’insomnie chronique que les hypnotiques n’ont aucune place, en 1ère intention
comme après échec des autres approches (tout comme dans l’AMM) [HAS, 2013].
• Concernant les neuroleptiques, notre population ne présentait aucun cas de
patient à la fois avec un traitement associant anti-alzheimer et neuroleptique. La
HAS rappelle que « l’efficacité des neuroleptiques pour traiter ou prévenir les
troubles du comportement est faible (10-20 % d’efficacité). Les neuroleptiques sont
indiqués pour traiter les psychoses et syndromes délirants avérés. Des études
récentes montrent que, chez ces patients fragiles, les neuroleptiques, qu’ils soient
typiques ou atypiques, sont à l’origine d’effets indésirables fréquents et ou très
sévères : sédation diurne excessive perturbant échanges et qualité de vie au
quotidien, troubles de la marche avec risque de chutes (+ 8 %), survenue
d’accidents vasculaires cérébraux (+ 1,8 %), et décès (+ 1 %). » Elle souligne
l’intérêt des thérapies non médicamenteuses où « les techniques de soins
appropriées « bain au lit » et « douche adaptée » réduisent de 60 % les épisodes
agressifs et d’opposition, très fréquents lors des toilettes. La recherche et la prise en
compte des facteurs stimulant ou apaisant l’agressivité ou l’agitation permettent de
réduire la fréquence et l’intensité de ces symptômes, tout comme les approches de
réhabilitation. » [HAS, 2012]
Traitement Femme Homme Anxiolytique seul 6 1
Antidépresseur seul 17 1 Anxiolytique + Antidépresseur 9 2
54
Les médicaments prescrits en gastro-entéro-hépatologie
Ces médicaments représentent la troisième classe la plus prescrite de l’étude avec
14%, en accord avec la littérature où cette classe est également en troisième position. [LO
PRESTI, PAYAN, BEROD, 2017c]
TableauXIV-Nombreetproportiond'hommesetdefemmestraitésparIPPdansnotrepopulation
Femmes traitées par IPP Hommes traités par IPP
Nombre 44/78 14/30
Proportion (en %) 56,4 46,6
55
Figure16-Répartitiondesmédicamentsdusystèmegastro-entéro-hépatiqueparclassethérapeutique
• Les anti-sécrétoires (inhibiteurs de la pompe à protons et les anti-H2)
représentent à eux seuls 49% des médicaments de la classe prescrits. Dans la
littérature, les valeurs retrouvées sont très variables et ne sont pas comparables
avec la valeur retrouvée dans notre population. Les IPP font partie des classes
médicamenteuses qui ont une fréquence de prescription inappropriée, élevée et
estimée entre 25 à 70%. [FORGACS, LOGANAYAGAM, 2008]
• Nous pouvons trouver comme raisons à cette forte proportion de prescriptions
une méconnaissance par les médecins des recommandations de bonnes pratiques
sur les indications, la dose et la durée de traitement, le renouvellement automatique
des prescriptions, la pression du patient sur le médecin pour obtenir le traitement, le
8%
7%
49% 1%
29%
6%
Pansementsgastro-intestinauxettopiquesantiulcéreuxetantiacidesAntiémétiquesetantirefluxAntisécrétoiresgastriques(IPP,Anti-H2)AntidiarrhéiquesLaxatifsAntispasmodique
56
refus d’interrompre le traitement pouvant provoquer un effet rebond lié à la
pharmacodépendance, ou encore la multiplicité des prescripteurs. L’ANSM rappelle
que « l’association antiplaquettaire-IPP est fréquente en pratique clinique et
recommandée par différentes guidelines chez les patients traités par bithérapie
antiplaquettaire pour prévenir des hémorragies digestives » [ANSM, 2012] et cela
doit donc contribuer à la proportion élevée de prescriptions d’IPP dans notre
population.
• Les laxatifs correspondent à 29% des prescriptions de la classe. Dans 100%
des cas il s’agit de laxatifs osmotiques, ce qui est en accord avec la littérature car ils
agissent de façon progressive, sont efficaces et bien tolérés chez les sujets âgés.
[VAN KEMSEKE, 2014]
• 8% de pansements gastro-intestinaux correspondant à 100% des
prescriptions d’alginate de sodium. Cette classe est avec les antiacides et les règles
hygiéno-diététiques, le traitement en première intention de la dyspepsie (pathologie
fréquente chez le sujet âgé) [DIPANDA, PIORO, BUTTARD et al, 2017] il n’est donc
pas étonnant de retrouver la présence de ces prescriptions au sein de notre
population.
• 7% d’antiémétiques correspondant à 5 prescriptions de métoclopramide pour
nausées. Présente à 100% dans notre échantillon et de façon générale, souvent
prescrite en gériatrie, cette molécule à fort potentiel iatrogène n’est pas
recommandée, au contraire de la dompéridone. [ROUGNY, FAUCITANO,
BERTHOUX-CONTRERAS et al., 2017] Concernant ces prescriptions de
métoclopramide, la lecture des dossiers patients ne nous a pas permis de
documenter l’indication. Il est nécessaire de rappeler que le métoclopramide est
antagoniste dopaminergique et son association avec les agonistes dopaminergiques
et lévodopa provoquent un antagonisme réciproque.
• 6% d’antispasmodiques correspondent à du phloroglucinol pour troubles
fonctionnels digestifs, et une prescription d’oxybutinine dans le cadre d’une vessie
57
instable. La prescription de phloroglucinol est en accord avec les recommandations
car considéré comme alternative aux antispasmodiques ayant des effets
indésirables anticholinergiques. [LAROCHE, BOUTHIER, MERLE et al, 2009]
L’oxybutinine, chez le sujet âgé dans le traitement de l’incontinence urinaire doit être
prescrit avec beaucoup de précautions en raison de ses effets anticholinergiques et
des interactions médicamenteuses possibles avec les antidépresseurs
imipraminiques ou les antiparkinsoniens anticholinergiques. [FRULLANI, 2014]
• Enfin, on retrouve la prescription d’un antidarrhéique, le lopéramide dans le
cadre d’une diarrhée aigüe, molécule bien connue, bien qu’il semblerait que le
racécadotril soit plus efficace chez la personne âgée. [GALLELLI, COLOSIMO,
TOLOTTA, et al., 2010]
Les antalgiques prescrits
Les antalgiques représentent 8% des médicaments prescrits sur les ordonnances. Ce
n’est pas la classe la plus présente au sein de notre échantillon, alors que c’est la première
classe de médicaments vendus en ville. [ANSM, 2014]
TableauXV-Nombreetproportiond'hommesetdefemmestraitésparantalgiquesdansnotrepopulation
Femmes traitées Hommes traités
Nombre 23/78 11/30
Proportion (en %) 29,5 36,7
58
TableauXVI-Nombredeprescriptionsparclassethérapeutiqued'antalgique
Classe thérapeutique Nombre de prescriptions
Analgésiques d’action
périphérique
30
Analgésiques d’action centrale 10
Corticoïdes 5
AINS 1
• 1 seul patient présente une prescription d’AINS (ibuprofène). Les valeurs de
clairance de créatinine ne sont pas disponibles pour cette personne car elle refuse
tout bilan sanguin. L’AINS a été prescrit temporairement (1 semaine) en vue d’une
pause de prothèse au genou droit. Cette unique prescription d’AINS sur 108 patients
montre une totale sensibilité des prescripteurs à la contre-indication des AINS chez
la personne âgée.
• Sur 30 antalgiques d’action périphérique prépondérante, il s’agit à 100% de
paracétamol, ce qui est toujours en accord avec les recommandations de bonne
pratique. Il est en effet conseillé de préférer le paracétamol (palier I) à la posologie
maximale de 3 g/j aux AINS et à l’aspirine (en raison du risque d’ulcère gastro-
duodénal, de poussée d’HTA, d’insuffisance rénale, ou encore d’hémorragie
digestive…). [LEFEBVRE-CHAPIRO, TRIVALLE, LEGRAIN, et al., 2000]
• Il y a 10 prescriptions d’analgésiques d’action centrale. Il s’agit de tramadol
seul (3 prescriptions sur 10) ou associé au paracétamol (6 prescriptions sur 10).
Dans 1 prescription sur 10, il s’agit de nefopam (forme buvable), justifiée par les
problèmes de déglutition rencontrés par le patient qui ne peut avaler les gélules de
tramadol 50mg. Cette proportion plus faible suit également les recommandations de
bonnes pratiques concernant les antalgiques de palier II qui insistent sur la
nécessaire prudence de leur emploi, leur titration et l’association à un traitement
prévenant la constipation. [BLAIN, RAMBOURG, LE QUELLEC et al., 2015g]
59
• Dans les 5 prescriptions de corticoïdes, il s’agit dans 100% des cas d’une
prescription dans le but de calmer des douleurs de type arthrosiques, en accord
avec les recommandations de bonne pratique. [LEFEBVRE-CHAPIRO, TRIVALLE,
LEGRAIN, et al., 2000]
Les médicaments hypolipémiants (troubles métaboliques)
Les médicaments hypolipémiants dans notre étude représentent 7% des
médicaments prescrits sur les ordonnances. Dans d’autres études, ces médicaments sont
souvent inclus dans la famille des médicaments à visée cardiovasculaire, il n’est donc pas
significatif de comparer cette proportion à la littérature.
TableauXVII-Nombreetproportiond'hommesetdefemmestraitésparmédicamentshypolipémiantsdansnotrepopulation
Femmes traitées Hommes traités
Nombre 23 10
Proportion (en %) 29,5 33,3
TableauXVIII-Nombredeprescriptionsparclassethérapeutiquedemédicamentshypolipémiants
Classe thérapeutique Nombre de prescriptions
Statines seules 25
Fibrates 6
Statines en association 3
Les statines représentent la première classe thérapeutique prescrite de notre
population. Cela est en accord avec les dernières recommandations qui précisent que « la
poursuite d’un traitement par statine ou son introduction doivent être envisagées en
fonction des comorbidités et du bénéfice potentiel que peut apporter le traitement. Il est
60
conseillé de poursuivre un traitement par statine après 75 ans chez les sujets déjà traités et
tolérant le traitement. ». [CARIOU, 2016]
Les médicaments à visée neurologique
Les médicaments prescrits en neurologie représentent 5% des médicaments prescrits
sur les ordonnances et concernent les antialzheimer, les antiparkinsoniens et les
antiépileptiques.
TableauXIX-Nombreetproportiond'hommesetdefemmestraitésparmédicamentsàviséeneurologiquedansnotrepopulation
Femmes traitées Hommes traités
Nombre 21 5
Proportion (en %) 26,9 16,6
Nous constatons dans notre population que les femmes sont plus traitées que les
hommes, en accord avec la littérature. [INVS, 2016]
TableauXX-Nombredeprescriptionsparclassethérapeutiquedemédicamentsàviséeneurologique
Classe thérapeutique Nombre de prescriptions
Antialzheimer 25
Antiépileptiques 5
Antiparkinsoniens 1
Egalement en accord avec la littérature, les antialzheimer représentent le plus grand
nombre de prescriptions devant les antiparkinsoniens. [LAGRANGE, 2010]
61
Les autres médicaments
En diabétologie, on notera 0,2 médicaments par patient tout en rappelant le biais de
recrutement ce qui ne nous permet pas de trouver des valeurs concordantes dans la
littérature. Sur 16 patients, nous avons 9 patients sous insulinothérapie, 5 prescriptions
comportant des biguanides, 1 prescription d’un sulfamide hypoglycémiant et 1
incrétinomimétique. Aucun des patients traités sous biguanide n’avait une fonction rénale
anormale.
En pneumologie, 3 patients ont une prescription. Une prescription de
bronchodilatateur, une prescription de corticoïdes en inhalation, une prescription d’une
association bronchodilatateur/corticoïde en inhalation et une prescription d’un
antiasthmatique oral à visée anti-inflammatoire. Ici encore, le biais de recrutement explique
le nombre faible dans notre population étudiée de sujets atteints de pathologies
respiratoires.
En endocrinologie, 14 prescriptions de levothyroxine sont à dénombrer dont 12
femmes et 2 hommes. L’hypothyroïdie est une pathologie plutôt présente chez la femme ce
qui est en accord avec notre population. Le nombre de personnes traitées dans notre
population peut s’expliquer de différentes façons :
• La prévalence des dysthyroïdies augmente avec l’avancée en âge ;
• Les médecins de ville sont en général les primo-prescripteurs, ce qui est en accord avec notre population car les patients viennent en accueil de jour. La proportion de prescription de médecins de ville (1/3 de médecin généraliste, 2/3 de médecins spécialistes) est de 85% en 2012 ;
• La part des hypothyroïdies d’origine iatrogène augmente avec l’âge. L’amiodarone, les antithyroïdiens de synthèse, les agents de contraste radiographique, le carbonate de lithium, les cytokines et le sunitinib peuvent provoquer une hypothyroïdie d’origine iatrogène mais également des produits en accès libre, auxquels les patients auraient pu s’exposer avant leur visite à l’hôpital de jour. On notera par exemple l'alcool iodé, les antiseptiques iodés, d'autres produits riches en iode comme les Dragées Fuca® ou la Jouvence de l'Abbé Soury®, les pommades à la résorcine et des préparations alimentaires riches en iode.[ANSM,2013]
62
Dans le restant des prescriptions au long court, 3 sujets bénéficiaient de traitement
anti-arthrosique symptomatique d’action lente comme les insaponifiables de soja,
médicament qui était largement prescrit avant son déremboursement le 11 juillet 2013 et
qui n’a plus été prescrit.
63
IV. Bilan de la prise en charge en hôpital de jour
Evolution de la prescription
Prise en charge médicamenteuse
Nombre de patients
Proportion (%) Classes thérapeutiques concernées
Nouvelle prescription
24
39,34
• 17 supplémentations en
vitamine D
• 5 traitements antialzheimer
dont 3 instaurations de
rivastigmine et 2
instaurations de mémantine
• 1 antiépileptique (valproate
de sodium)
• 1 neuroleptique
(rispéridone)
Arrêt d’un médicament
14
22,95
• 2 neuroleptiques (loxapine,
rispéridone)
• 3 antialzheimer (2 cas de
donépézil, 1 de
galantamine)
• 1 anxiolytique (alprazolam)
• 1 antihistaminique à visée
anxiolytique (hydroxyzine)
• 1 antidépresseur
(mirtazapine)
• 1 hypnotique (zopiclone)
• 5 antihypertenseurs (1 cas
de périndopril, 5 cas de
furosémide)
64
A l’hôpital de jour, sur l’ensemble de notre étude il y a eu 61 interventions
pharmaceutiques.
Dans 39,34% des cas il y a eu prescription d’un nouveau médicament. Parmi ces 24
nouveaux médicaments, on dénombre :
• 17 supplémentations en vitamine D (37,7%) pour des carences mises en
évidence après bilan biologique. La vitamine D à l’époque de notre étude faisait
l’objet d’un dosage systématique lors du bilan sanguin effectué à l’hôpital de jour
Saint-Charles. Ce dosage remboursé par la sécurité sociale en 2013, sans
recommandations fermes issues de sociétés savantes ou d’autorité sanitaire
définissant les indications du dosage de la vitamine D était en importante
augmentation. [SOUBERBIELLE, 2013] Dans ce contexte, la littérature précise qu’il
ne faut pas doser systématiquement les concentrations plasmatiques de 25-hydroxy-
cholécalciférol, en raison du coût, mais réserver le dosage aux personnes âgées
particulièrement à risque de chute ou de fracture. La littérature conseille également
de prescrire à toute personne âgée de plus de 65 ans vivant à domicile ou en
institution, de la vitamine D, à la dose d’au moins 800-1000 UI/jour, soit en prise
quotidienne, soit en prise d’ampoule buvable dosée de 80 000 à 100 000 UI tous les
2-3 mois [RAYNAUD-SIMON, ROLLAND, SOUBERBIELLE et al., 2014].
• 5 prescriptions d’anti-alzheimer sur avis du médecin gériatre. Les données
cliniques nous permettent de dire que dans chaque prescription de rivastigmine il n’y
avait pas de contre-indication cardiologique.
• 1 antiépileptique (Valproate de sodium)
• 1 neuroleptique (Rispéridone}
Dans 22,95% des cas, il y a eu une suppression de médicament, cela concernait des
prescriptions médicalement inappropriées. Cette valeur est inférieure à ce que nous
pouvons observer dans la littérature, ce qui reflète le fait que les prescripteurs ont mieux
ciblés les traitements nécessaires aux patients. [JEAN-BART, FAURE, OMRANI, et al.,
2014]
65
Iatrogénie médicamenteuse
9 problèmes iatrogènes sont mis en évidence sur la totalité des patients, soit 8,33%
d’évènements iatrogènes au sein de notre étude. Cette valeur est inférieure aux valeurs retrouvées dans la littérature. [DICKO, CAILLET, LAFUENTE-LAFUENTE, et al., 2013] Nous pouvons penser comme auparavant que les médecins sont sensibilisés aux problèmes iatrogènes de certains médicaments et qu’ils en tiennent compte lors de leurs prescriptions.
TableauXXI-Lesdifférentsproblèmesiatrogènesrelevésaucoursdel'étude
Classe thérapeutique Médicament mis en cause Problème iatrogène
Cardio-vasculaire
Inhibiteur de l’enzyme de conversion
Périndopril Insuffisance rénale
Diurétique de l’anse Furosémide Hypotension orthostatique
Hypokaliémie
Système nerveux central
Antidépresseur Mirtazapine Hyponatrémie
Antihistaminique à visée anxiolytique
Hydroxyzine Chute
Antialzheimer Donépézil Troubles digestifs
Rivastigmine Chute
Concernant les médicaments du système cardiovasculaire :
• 2 patients présentent une hypotension orthostatique iatrogène en raison d’un
traitement anti-hypertenseur (furosémide) mal équilibré ce qui est le risque
classique.
• Un patient présente une hypokaliémie induite par le furosémide, diurétique
hypokaliémiant.
• Un patient présente une insuffisance rénale d’origine iatrogène dû au
périndopril d’où la nécessité de surveiller la fonction rénale avec les IEC.
66
Concernant les médicaments du système nerveux central :
• Un patient présente une hyponatrémie d’origine iatrogène induite par la
mirtazapine, complication classique avec cette classe thérapeutique (inhibiteur de la
recapture de la sérotonine et de la noradrénaline ou IRSNA) ainsi qu’avec les
inhibiteurs de la recapture de la sérotonine ou IRS.
• Un patient présentait un risque de chutes en raison de la rivastigmine, effet
indésirable fréquent documenté dans la littérature. Le médicament a été remplacé
dans la foulée par le donépézil qui a été à l’origine de troubles digestifs, effets
indésirables également fréquents et documentés dans la littérature. Le donépézil a
été également arrêté.
• Un patient présente un risque de chutes d’origine iatrogène liés à
l’hydroxyzine. Les effets anticholinergiques et sédatifs de ce médicament sont à
prendre en compte lors de sa prescription en gériatrie.
67
Accompagnement et dépistage
Prise en charge Nombre de patients
Médicale Déclaration d’ALD 7
Démence dépistée 6
Confirmation de démence
avec dépistage antérieur à
la visite en HDJ
1
Dépistage d’insuffisance
rénale après bilan
biologique en HDJ
3
Non médicamenteuse
Prise en soin en accueil de
jour (atelier mémoire,
musicothérapie,
psychologue,
psychomotricien,
kinésithérapeute,
ergothérapeute)
13
Psycho-sociale Mise en place d’une aide à
domicile
1
Demande de protection
juridique
2
Orientation en structures
d’accueil (EHPAD, USLD)
après rupture du maintien à
domicile
6
Les résultats de cette étude sont encourageants avec finalement peu de prescriptions
inappropriées. Par ailleurs il est important de préciser qu’en dehors d’une prise en charge
68
médicale, l’HDJ a également la mission d’accompagnement psycho-social et de prise en
charge non médicamenteuse :
• Dans le cadre de la prise en charge médicale dans notre échantillon, 6
patients ont pu être diagnostiqués atteint d’un syndrome démentiel, dans 1 cas le
syndrome démentiel suspecté a été confirmé. Le bilan biologique a été l’occasion de
repérer 3 insuffisances rénales. Dans le cadre de cette approche, 7 patients ont pu
bénéficier d’une déclaration d’affection de longue durée (ALD).
• En terme de prise en charge non médicamenteuse, 13 sujets ont bénéficié
d’un accueil de jour pour prise en soin non médicamenteuse (musicothérapie, atelier
mémoire, prise en charge psychologique, prise en charge psychomotricienne, prise
en charge en kinésithérapie, prise en charge en ergothérapie).
• En terme d’accompagnement psycho-social, 6 sujets ont été orientés vers des
structures d’accueil (EHPAD, USLD) en raison d’une rupture du maintien à domicile.
Dans un cas les aides à domicile ont été organisées. Dans deux cas, une mesure de
protection des biens et de la personne a été initiée.
69
5. Discussion Cette étude a permis d’une part de mettre en évidence un nombre de médicaments
par patient inférieur à la moyenne et d’autre part une faible proportion d’évènements
iatrogènes.
En pratique, il n’existe pas à l’heure actuelle de standard pour définir la
polymédication. Certaines études de médecine de ville l’ont définie lorsqu’il y a plus de 5
médicaments par prescription alors que pour les EHPAD, le chiffre de 8 médicaments a été
retenu. [MAHER, HANLON, HAJJAR, 2014] Notre étude montre qu’en moyenne les
patients de l’hôpital de jour Saint-Charles prennent 5,8 médicaments. Cette valeur
inférieure aux données que nous pouvons retrouver en France [MINISTERE DES
AFFAIRES SOCIALES ET DE LA SANTE, 2015] reste toutefois élevée et conforte l’analyse
de Petrovic et coll. selon laquelle les patients prenant deux médicaments font face à un
risque d’interactions indésirables. [PETROVIC, VAN DER CAMMEN, ONDER, 2012]
Sur l’ensemble de l’étude, seuls 8 patients sur 108 sont concernés par des
évènements iatrogènes qui se chiffrent à 9 au total. Ces données obtenues nous
permettent de souligner la bonne sensibilité des prescripteurs à la spécificité gériatrique, à
la polymédication et aux recommandations de prescription chez le sujet âgé, ainsi que de
montrer les efforts qu’ils fournissent afin de réduire de façon significative le nombre de
médicaments par ordonnance et d’éviter les médicaments potentiellement inappropriés. En
effet, afin d’améliorer la prescription médicamenteuse chez le sujet âgé, il est nécessaire
de respecter quelques règles.
Il convient d’abord de ne pas prescrire sans analyse diagnostique, on évitera de
répondre à une plainte par un traitement symptomatique (pouvant être source
d’évènements iatrogènes) et on préfèrera un interrogatoire du patient et de son entourage.
Il faut optimiser le rapport bénéfice/risque du traitement en définissant ses objectifs et
en tenant compte de l’âge physiologique du patient et de ses comorbidités.
Il est nécessaire d’établir « des priorités thérapeutiques ». Quand le médecin
préfèrera le traitement d’une pathologie mettant en jeu le pronostic vital, le patient se
focalisera plus sur une pathologie impactant sa qualité de vie au quotidien par exemple.
Il convient également d’apprécier l’aptitude du patient, et dans notre cas, les
syndromes démentiels et troubles mnésiques étant très fréquents, la délivrance du
traitement par une tierce personne, membre de l’entourage ou professionnel de santé, peut
s’avérer indispensable.
70
Il faut choisir une classe thérapeutique et une forme galénique adaptées au patient,
en se basant sur les outils de prescription comme les critères STOPP/START et la liste
Laroche. Il faut faire attention aux médicaments ayant un effet anticholinergique, et aux
inducteurs et inhibiteurs enzymatiques.
Il faut penser la posologie, en fonction du contexte clinique, de la voie d’élimination du
médicament, et des autres prises médicamenteuses. On pensera notamment à l’adaptation
posologique chez l’insuffisant rénal [LEGRAIN, LACAILLE, 2005b].
Les 61 interventions pharmaceutiques ont permis la suppression de 14 médicaments
potentiellement inappropriés (22,95% des cas). Cela n’aurait pas été possible sans la
conciliation médicamenteuse.
La conciliation médicamenteuse se définit comme un « processus interactif et pluri-
professionnel garantissant la continuité des soins en intégrant à une nouvelle prescription
les traitements en cours et habituellement pris par le patient » et qui « favorise la
transmission d’informations complètes et exactes de traitements du patient entre
professionnels de santé notamment à son admission dans un établissement de soins ».
Ses objectifs sont de « sécuriser la prise en charge du patient par la prévention,
d’intercepter et de corriger des erreurs médicamenteuses détectées, de mieux coordonner
les professionnels de ville et d’Hôpital par la diffusion d’informations sur les traitements des
patients ». [ALIBAUD, METADIER DE SAINT-DENIS, METADIER DE SAINT-DENIS, 2016]
Lors de notre étude au sein de l’hôpital de jour, cette conciliation médicamenteuse s’est
révélée être un atout dans l’optimisation des prescriptions des patients. Le recueil des
informations par l’équipe de l’hôpital de jour auprès des EHPAD, des maisons médicales,
des maisons de retraite, des familles, des infirmiers, du pharmacien hospitalier et du
médecin coordonnateur permet d’établir un bilan médicamenteux fiable. Le bilan
médicamenteux a à chaque fois été réévalué par le médecin gériatre comme le met en
évidence notre étude. Le diagnostic est également réévalué voire redéfini, et au besoin, les
prescriptions, la dispensation et l’administration des médicaments ont été optimisés en
prenant en compte le bilan médicamenteux et l’état clinique du patient.
Dans la pratique et d’après la littérature, il peut être plus ou moins facile de mettre en
place une conciliation médicamenteuse, en fonction des situations, et chaque
établissement de santé est amené à avoir son propre mode de fonctionnement afin de
permettre à tous les acteurs du parcours de santé de communiquer au mieux [DEMANGE,
2013].
71
Dans la prescription médicamenteuse chez le sujet âgé, la présence du pharmacien
clinicien est essentielle. Après conciliation médicamenteuse, il doit pouvoir accompagner le
médecin gériatre dans le bilan du traitement du patient ; savoir quel est le traitement
prescrit et le niveau d’observance, évaluer l’impact à moyen terme d’un traitement
chronique mais aussi des traitements aigus et enfin intégrer des alternatives non
médicamenteuses. Le pharmacien clinicien joue également un rôle dans l’optimisation
thérapeutique. Toujours avec le médecin gériatre, il doit avoir une vision synthétique des
problèmes de santé du patient et de leur prise en charge, en situant leur sévérité et les
éléments pronostiques. Le pharmacien doit être capable de faciliter la détection des
problèmes liés aux médicaments, notamment vis à vis des interactions médicamenteuses,
des interactions maladie/médicament et enfin de la prescription sous-optimale (sur-
traitement, sous-traitement et traitement inadapté) [BONNET-ZAMPONI, LEGRAIN, 2015].
Notre étude n’a pas été facile, notamment en raison des biais, au niveau du recueil
des données dont certaines étaient manquantes, mais également au niveau du recrutement
des patients. Toutefois, les valeurs obtenues sont cohérentes avec la littérature, et
l’ensemble de ce travail nous permet de souligner l’importance d’une structure telle que
l’hôpital de jour dans le parcours de soin. Cette structure permet une amélioration de la
prise en charge du patient de façon médicamenteuse, du diagnostic à la prescription, mais
aussi de façon non médicamenteuse. Enfin elle permet de mieux informer la famille du
patient concernant la pathologie.
72
73
Conclusion Les gens vivent de plus en plus vieux. Les situations rencontrées à l’heure actuelle
telles que la polymédication, la iatrogénie médicamenteuse ou encore la prescription de
médicaments inappropriés sont encore trop nombreuses. Les modifications
pharmacocinétiques et pharmacodynamiques chez le sujet âgé rendent difficile la
prescription médicamenteuse. Toutefois, la mise en place d’outils de prescription tels que la
liste Laroche ou les critères STOPP/START de plus en plus utilisés dans la pratique,
comme le confirme la littérature, permettent d’améliorer les prescriptions chez les
personnes âgées.
Notre étude qui a porté sur une population de sujets âgés de plus de 65 ans,
polypathologiques, hospitalisés en accueil de jour spécialisé dans la prise en charge de
patients atteints de troubles mnésiques et de syndromes démentiels, nous a montré qu’une
telle structure jouait un rôle primordial dans l’optimisation de la prise en charge
médicamenteuse, non médicamenteuse et psycho-sociale du patient.
Nous avons pu constater qu’il y avait moins de médicaments prescrits par personne
par rapport aux valeurs de la littérature, qu’il y avait moins de médicaments supprimés des
prescriptions par rapport à la littérature également et qu’il y avait également moins
d’évènements iatrogènes détectés que dans la littérature. Ces trois constats sont liés, et
sont justifiables d’une part par le fait que les prescripteurs sont sensibilisés à la spécificité
des prescriptions gériatriques, et d’autre part que les différents professionnels de santé
travaillant au sein de la Maison Hospitalière Saint-Charles ou directement en lien avec cette
dernière, sont bien sensibilisés à l’importance de la conciliation médicamenteuse.
La place du pharmacien clinicien en tant que spécialiste du médicament est
importante au sein de ce système. Au-delà de la conciliation médicamenteuse, il est chargé
d’accompagner le médecin gériatre lors du bilan du traitement médicamenteux mais aussi
en terme d’optimisation thérapeutique.
Ce système de travail de concert entre pharmacien clinicien et prescripteur est
d’autant plus facile que la proximité est grande. Ce travail est plus compliqué avec le
pharmacien d’officine qui est extérieur à l’établissement, mais son intégration au sein de ce
système permettra de renforcer la qualité de la prise en charge médicamenteuse des
patients.
74
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80
Annexes Annexe 1 : Rappel des formules de calcul de la clairance rénale
Pour rappel, la formule du MDRD simplifié chez l’homme reprise par la HAS est la
suivante (en ml/mn/173m2) :
186 x (créatinine (µmol/l) x 0,0113)-1,154 x âge- 0,203
* ID-MS: Isotopic Dilution Mass Spectroscopy
La HAS reprend la formule simplifiée utilisée par la Société Française de Néphrologie.
- Concernant Cockroft & Gault, la formule est la suivante :
Clairance de la créatinine = ((140-âge en années) x poids (en kg)) / 0,81 x créatininémie (μmol/l) Femme = clairance de la créatinine x 0,85
X 1,21 pour les sujets d'origine africaine (African American)
X 0,742 pour les femmes
X 0,95 si le dosage de la créatinine est calibré ID-MS*
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PAcontrôlée
● Recherche facteurs de risque cardio-vasculaire associés ● Recherche hypotension orthostatique ● Rechercher HTA compliquée ou secondaire
Réduire : ● sédentarité - surpoids ● consommation d’alcool et de tabac ● aliments gras, salés et sucrés
● Risques liés à l’HTA ● Bénéfices de la prise en charge
Avis spécialisé en cas de : ● HTA sévère (PAS > 180 ou PAD > 110 mmHg) d’emblée ● HTA avant l’âge de 30 ans ● HTA avec hypokaliémie ● Autres situations cliniques évocatrices d’une HTA secondaire
Avis spécialisé
● IEC* ou ARA2** ou inhibiteur calcique ou diurétique thiazidique ● Bêtabloquant en second choix ● De préférence en monoprise ● Prescription en DCI : éviter changement de marque
● Association de 2 classes parmi : IEC ou ARA2, inhibiteur calcique, diurétique thiazidique
● IEC ou ARA2 + diurétique thiazidique + inhibiteur calcique
CHEZ TOUS LES PATIENTSSURVEILLANCE RÉGULIÈRE DE LA PA
PRISE EN CHARGE DE L’HYPERTENSION ARTÉRIELLE DE L’ADULTE, HORS GROSSESSESeptembre 2016
Découverte d’une PA ≥ 140/90 persistante dans le temps
Confirmation de l’HTA par AMT ou MAPA
Consultation d’annonce : information du patient/adhésion du patient
Bilan clinique et paraclinique
Moyenne des valeurs de PA en automesure tensionnelle (AMT) ou en mesure ambulatoire de la PA (MAPA) (diurne) correspondant à une HTA
● PAS ≥ 135 mmHg ou PAD ≥ 85 mmHg
Cibles tensionnelles à 6 mois
● PA diurne en AMT ou en MAPA < 135/85 mmHg ● PA < 140/90 mmHg ● Plus de 80 ans : - PAS < 150 mmHg- PAS diurne en AMT ou en MAPA < 145 mmHg
Surveillance selon plan de soins
Plan de soins de 0 à 6 mois ● Consultation mensuelle jusqu’à l’obtention des chiffres cibles ● Mesurer la PA (AMT ou MAPA) ● Rappeler les mesures hygiéno-diététiques ● Expliquer les difficultés de prises quotidiennes ● Vérifier l’adhésion du patient ● Évaluer la tolérance et l’efficacité de la prise en charge
Plan de soins après 6 mois ● Consultation tous les 3 à 6 mois ● Mesurer la PA (AMT ou MAPA) ● Rappeler les mesures hygiéno-diététiques ● Expliquer les difficultés de prises quotidiennes ● Vérifier l’adhésion du patient ● Contrôle biologique (tous les 1 à 2 ans) et ECG (tous les 3 à 5 ans) ● Évaluer la tolérance et l’efficacité de la prise en charge ● Évaluer le risque d’interactions médicamenteuses ● Adapter les posologies médicamenteuses si besoin
PAcontrôlée
PAcontrôlée
PAcontrôlée
Débuter une monothérapieMesure de la PA (AMT ou MAPA) + surveillance selon plan de soins
Débuter une bithérapieMesure de la PA (AMT ou MAPA) + surveillance selon plan de soins
Débuter une trithérapieMesure de la PA (AMT ou MAPA) + surveillance selon plan de soins
Cibles tensionnelles NON atteintes à 6 mois malgré une trithérapie
Rechercher la cause de l’HTA
PA noncontrôlée
PA noncontrôlée
PA noncontrôlée
PA noncontrôlée
INSTAURER DES MESURES HYGIÉNO-DIÉTÉTIQUES Mesure de la PA mensuelle (AMT ou MAPA) jusqu’au contrôle de la PA + surveillance selon plan de soins
* Inhibiteur de l’enzyme de conversion** Antagoniste des récepteurs de l’angiotensine 2
85
86
FACULTE DE PHARMACIE UNIVERSITE DE LORRAINE
DEMANDE D'IMPRIMATUR
Date de soutenance : 15 décembre 20 J 7
DIPLOME D'ETAT DE DOCTEUR EN PHARMACIE
Présenté par: DEGEORGES Edouard
Sujet: Analyse de prescriptions médicamenteuses dans un hôpital de jour gériatrique
Président: Mme Brigitte LEINJNGER-MULLER, Professeur des universités Directeur : Mme Anne MAHEUT-BOSSER, Professeur associé Juges: Mme Michèle AKTOP, Pharmacien
Mme Véronique BASARAN, Pharmacien
Vu et approuvé,
Nancy, le ./1S. \\ . 'Lo +.
Doyen de la Faculté de Pharmacie de l'Université de Lorraine,
·~ .• J
Franci11e 'PAULUS ., 1 '· .;
v<~e 1././
,J
Vu,
Nancy, le -1'3 / A_o/ 6o 1 +
Directeur de Thèse
Vu,
Nancy, le 2 2 r-~J;J , 2017
Le Président de l'Université de Lorraine,
~~ Pierre MUTZENflAR.DT
N° d'enregistr ment : /lO 11 Â ~ ·
87
N° d’identification :
TITRE
ANALYSE DE PRESCRIPTIONS MEDICAMENTEUSES DANS UN HOPITAL DE JOUR GERIATRIQUE
Thèse soutenue le 15 décembre 2017 Par Edouard DEGEORGES
RESUME :
Le vieillissement s’accompagne de modifications pharmacocinétiques et pharmacodynamiques. Les sujets âgés sont peu ou pas représentés lors des essais cliniques médicamenteux, et cela aboutit à la survenue d’évènements iatrogènes et de la présence de médicaments potentiellement inappropriés dans les prescriptions. Le prescripteur pourra s’appuyer sur différents outils de prescription mais ceux-ci restent encore mal connus. L’hôpital de jour de la maison Hospitalière Saint-Charles est une structure spécialisée dans l’accueil de patients ayant des troubles mnésiques ou présentant un syndrome démentiel. Une analyse des prescriptions médicamenteuses au sein de ce genre d’établissement permet de souligner la sensibilité gériatrique des prescripteurs en lien avec cette structure, que ce soit le médecin gériatre coordonnateur de l’établissement, les médecins traitants, ou encore les médecins coordonnateurs des autres établissements (EHPAD, USLD). La conciliation médicamenteuse joue un rôle primordial dans la prise en charge médicamenteuse du sujet âgé. Le pharmacien clinicien jouera un rôle important dans cette prise en charge, ainsi il va participer avec le médecin coordonnateur au bilan médicamenteux mais il va également proposer des alternatives non médicamenteuses.
MOTS CLES : SUJET AGE, HOPITAL DE JOUR, GERIATRIE, IATROGENIE MEDICAMENTEUSE, PHARMACOLOGIE, MEDICAMENTS POTENTIELLEMENT INAPPROPRIES, SYNDROME DEMENTIEL
Directeur de thèse Intitulé du laboratoire
Nature
Mme ANNE MAHEUT-BOSSER
Expérimentale X Bibliographique □
Thème □
Thèmes 1 – Sciences
fondamentales 3 – Médicament 5 - Biologie
2 – Hygiène/Environnement 4 – Alimentation – Nutrition 6 – Pratique professionnelle