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    Concours du second degr Rapport de jury

    Session 2010

    AGREGATION EXTERNE DE

    GRAMMAIRE

    Rapport de jury prsent par

    Monsieur Christian NICOLAS

    Professeur des universits

    Prsident de jury

    Les rapports des jurys des concours sont tablis sous la responsabilit des prsidents de jury

    Secrtariat Gnral

    Direction gnrale desressources humaines

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    L'agrgation a pour vocation prioritaire de recruter des matres de haut niveau, appels exercer leur mtier surtout dans l'enseignement du second degr. Dans certaines disciplines,notamment dans celles qui ne comportent pas de concours internes, elle peut aussi servir l'amlioration des connaissances et la promotion d'enseignants dj en exercice.

    Les uns et les autres, surtout les premiers, trouveront des recommandations pratiques dansles brochures diffuses par le Ministre de l'ducation nationale, de l'Enseignement Suprieur et de laRecherche et dans la rubrique d'information et d'Aide aux concours du second degr du site duMinistre (SIAC) (http://www.education.gouv.fr/siac/siac2).

    Rappelons aussi l'existence d'un Bulletin officiel du Ministre de l'ducation nationale, dont laconsultation rgulire permet d'avoir de nombreux renseignements utiles.

    Quant aux textes officiels rgissant le concours, voici leurs rfrences:

    I Conditions d'inscription requises des candidats1. - Dispositions statutaires et rglementaires Concours externe et interne (article 5 - III du

    dcret modifi n 72-580 du 4 juillet 1972 : version consolide au 30 juillet 2009

    2. - Conditions de diplme

    Arrt du 21 juillet 1993 (J.O. du 21 aot)

    II Modalits des concours de l'agrgationArrt du 12 septembre 1988

    Arrt du 17 mars 2003 (J.O. du 3 avril 2003).

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    SOMMAIRE

    1. Prsentation du concours ....................................................................................................... 4composition du jury .................................................................................................... 5statistiques et commentaires sur la session 2008 ....................................................... 6

    2. Usages et conseils pratiques ................................................................................................... 8

    3. Rsultats et commentaires dtaills des preuves crites ...................................................... 12Composition franaise .............................................................................................. 13Thme grec ............................................................................................................. 21Grammaire et linguistique, preuve principale

    Option A, I, Ancien franais ................................................................................ 26Option A, II, Franais moderne .......................................................................... 36Option B, I, Grec ................................................................................................ 41Option B, II, Latin ............................................................................................... 47

    Grammaire et linguistique, preuve complmentaire

    Option A, I, Grec ................................................................................................ 54Option A, II, Latin ............................................................................................... 58Option B, I, Ancien franais ................................................................................ 63Option B, II, Franais moderne .......................................................................... 71

    Thme latin .............................................................................................................. 76Version latine ........................................................................................................... 80

    4. Rsultats et commentaires dtaills des preuves orales ...................................................... 85Explication franaise sur texte au programme .......................................................... 86Questions de grammaire franaise improvise ......................................................... 89Expos de linguistique, option A, ancien franais ou franais moderne ..................... 90

    Expos de linguistique, option B, grec ou latin .......................................................... 91Explication sur texte ancien au programme, grec ..................................................... 94Improvise, grec ...................................................................................................... 96Explication sur texte ancien au programme, latin ...................................................... 99Improvise, latin ..................................................................................................... 100

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    1. PRSENTATION DU CONCOURS

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    Composition du Jury

    Directoire :M. Christian NICOLAS Professeur de langue et littrature latines l'Universit Jean-

    Moulin-Lyon 3, Universit de Lyon, acadmie de Lyon.Prsident.

    Mme Catherine KLEIN Inspecteur Gnral de Education Nationale.Vice-Prsidente.

    Mme Isabelle BOEHM Professeur de langue et littrature grecques lUniversitLumire-Lyon 2, Universit de Lyon, acadmie de Lyon.Vice-prsidente.

    Mme Jocelyne PEIGNEY Professeur de langue et littrature grecques lUniversitFranois Rabelais de Tours, acadmie dOrlans-Tours.Secrtaire gnrale.

    Autres membres :Mme Carine BARBAFIERI Matre de confrences de littrature franaise lUniversit de

    Valenciennes, acadmie de Lille.

    M. Roger BELLON Professeur de langue mdivale lUniversit Stendhal-Grenoble 3, acadmie de Grenoble.

    Mme Muriel CLAISSE Professeur de lettres suprieures au Lyce Poincar,acadmie de Nancy-Metz.

    M. Laurent GAVOILLE Matre de confrences de latin l'Universit Michel deMontaigne Bordeaux 3, acadmie de Bordeaux.

    M. Jean GOLSE Professeur de chaire suprieure au Lyce Louis-le-Grand,acadmie de Paris.

    Mme Laure HIMY-PIERI Matre de confrences de littrature franaise lUniversit de

    Caen, acadmie de Caen.

    M. Philippe MOREAU Professeur de langue et littrature latines lUniversit deParis 12, acadmie de Crteil.

    Mme Claire POULLE Matre de confrences de langue et littrature grecques lUniversit de Franche-Comt, acadmie de Besanon.

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    Statistiques et observations sur l'ensemble du concours 2010

    Le concours 2010 a t homogne et de bonne tenue. Le nombre dinscrits amalheureusement baiss puisque, si 39 candidats staient officiellement inscrits, seuls 18 onteffectivement compos.

    La rpartition sociologique des 39 inscrits de dpart est classique : un lve de lENS, douzetudiants, un agrg dune autre discipline, seize professeurs certifis, deux professeurs stagiaires,un PLP, deux contractuels du second degr, un assistant dducation, un enseignant tranger nontitulaire, un enseignant du suprieur et un fonctionnaire d une autre administration. Sur cettepopulation, globalement tudiante et/ou enseignante (on se rjouit de voir que lagrgation externe de

    grammaire garde un certain pouvoir attractif sur des personnels qui pourraient sorienter vers uneagrgation interne), prs de la moiti, malheureusement, a renonc avant mme de passer lespreuves. Se sont prsents pour les preuves crites : lenseignant du suprieur, seulement cinqdes seize professeurs certifis inscrits, llve de lENS et onze des douze tudiants. On voit, sanssurprise, que cest la population des tudiants rgulirement prpars aux preuves pendant lannequi est alle tenter sa chance. Sur ces candidats prsents, neuf admissibles ont t retenus : llvede lENS, six tudiants et deux professeurs certifis.

    Les 18 candidats ayant compos (11 hommes et 7 femmes) provenaient de plusieursacadmies. 10 dentre eux venaient des acadmies de la Rgion parisienne ; mais on avait en outre 2candidats de Bordeaux (dont un titre tranger, premier non-admissible), 1 de Lille, 2 de Lyon, 1 deNice, 1 de Rouen et 1 de Strasbourg.

    Restaient retenus ladmissibilit 6 Parisiens (dont les cinq admis), une Lyonnaise, lacandidate de Strasbourg et celui de Rouen. Soit six femmes et trois hommes. Sur ces admissibles,

    cinq (dont deux reus) avaient dj connu ladmissibilit au moins une fois et les quatre autres (donttrois reus) prsentaient le concours pour la premire fois. Une des reues concourait au titre deloption A.

    Tous les candidats ont fait de leur mieux. Mais la session semble stre joue ds lcrit,puisque, malgr des performances contrastes parfois, les cinq premiers aprs lcrit sont les cinq

    reus (avec des changes de places entre tel et tel). Un cart dj sensible avait t fait avec lescandidats suivants qui, malgr un oral satisfaisant pour certains, nont pas pu combler un retard troplourd. Le candidat class premier aprs lcrit a gard son rang et a mme augment son avance.Malgr des rsultats tranchs cette anne, le jury rappelle que le concours est compos de deuxparties quipollentes, qui valent le mme coefficient, et que loral doit tre prpar en mme tempsque lcrit. A partir de la session 2011, loral vaudra mme un corefficient 37, contre 36 lcrit (voir

    ci-dessous le dtail de la modification, p. 11). Les candidats mal entrans, auteurs de performancesmdiocres ou mauvaises, sont (cest la loi du genre) svrement nots loral et perdent touteschances de compenser une ventuelle dfaillance lcrit.

    Voici quelques autres statistiques gnrales. Le seuil dadmissibilit tait 6,60/20, moyennede la candidate classe 9e. Le premier admissible totalisait 531,25 points, soit une moyenne de14,76/20. Seuls les cinq premiers admissibles avaient plus de 10/20 en moyenne. La moyennegnrale des admissibles se montait 9,61, la moyenne globale 7,33.

    Lpreuve de composition franaise reste dterminante. Ainsi aucun des non-admissibles nya obtenu plus de 6/20 ; au contraire, une mauvaise note prs, aucun des admissibles ny a obtenumoins de 8/20 et les reus ont obtenu entre 9 et 17. On peut dire que, une fois encore, cest lvraiment que sest joue ladmissibilit et quil est indispensable, pour bien figurer, de connatreparfaitement son programme.

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    Lpreuve principale de linguistique joue elle aussi (on ne peut que sen rjouir, tant donn laspcificit du concours) un rle primordial. Par exemple les cinq reus sont les seuls y avoir obtenula moyenne et aucun des admissibles na connu l dchec cuisant (entre 6,5 et 16/20). La diffrenceentre la moyenne des admissibles (11/20) et celle des non-admissibles (6,36/20) est nette.

    Lpreuve complmentaire de linguistique reste globalement dcevante, dune session

    lautre. Sauf un seul dentre eux, futurpremier reu, qui obtient la moyenne et mme la meilleure notedans les deux preuves de linguistique, les candidats narrivent pas briller dans les deux pans de ladiscipline, lantique et la moderne. Mais mme dcevante, lpreuve montre les mmes diffrencesentre admissibles et autres. La moyenne des premiers (8,19/20) reste trs suprieure celle desseconds (4,25/20).

    Les trois preuves de traduction montrent du disparate. Cest l quapparaissent su rtout lespics et les creux dans les lignes de notes des admissibles. Sil y a plusieurs rsultats satisfaisants ethomognes, seule une seule candidate (future reue) a obtenu la moyenne dans les deux thmes etdans la version.

    Loral a t de bonne tenuedans lensemble mais na fait que confirmer les rsultats de lcrit.Comme des diffrences trop sensibles staient marques ds les preuves dadmissibilit, les cinq

    premiers admissibles ont (sans le savoir, bien sr) pu grer assez tranquillement leur avance sur leurspoursuivants. Ils ont nanmoins tous les cinq fait un bon (voire excellent) oral. Telle candidate a pu sepermettre un oral moyen 8,63/20, soit seulement la septime performance sur les neuf admissibles,et rester nanmoins dans les bonnes places. Tel autre, avec 9,25 en moyenne (sixime performance),maintient son avantage. Inversement, telle candidate, quune contre-performance lcrit avait laisseun peu trop loin des bonnes places, finit premire recale malgr son oral encourageant 10,04(troisime performance de la session), tel autre, cinquime de loral, ne parvient pas remonter lcartqui le sparait des cinq premiers et finit 7e. Mais on se rjouit de voir aussi des candidats confirmer latrs bonne impression laisse lcrit: le premier admissible russit le meilleur total de loral, avecune excellente moyenne de 14,29 et trois meilleures performances de la session sur quatre

    preuves ; deux autres des cinq premiers de lcrit tirent parfaitement leur pingle du jeu et prennentrespectivement les rangs 2 et 4 de loral, qui les mettaient toutes deux dfinitivement labri.Ici encore, on constate limportance de lpreuve de franais. Les notes sy chelonnent de 4

    14,5, mais les reus sont les auteurs des cinq meilleures prestations en explication franaise surprogramme.

    Lexplication grecque ou latine sur programme a t diversement russie, les notesschelonnant entre 3,5 et 15,5 avec une moyenne gnrale 9,61. Il ny a pas de diffrence sensibleentre les rsultats de grec (9,90) et ceux de latin (9,25) en moyenne.

    Les diffrences saccusent un peu plus avec lpreuve dimprovise, qui clturetraditionnellement les preuves, et lors de laquelle les candidats qui ont eu faire du grec finissentavec 7,25 de moyenne contre 9,8 ceux qui ont improvis en latin. Mais on voit, comme souvent, que

    quand le grec expliqu russit mieux que le latin expliqu, cest linverse qui se produit lors delimprovise, en sorte quon peut conclure que les diffrences ne viennent pas des langues elles-mmes, mais des candidats, qui sont solidairement bien ou mal prpars la fois en grec et en latin.

    La leon de linguistique, enfin, schelonne de 4 16. Deux candidats passaient au titre deloption A et rcoltent une moyenne spcifique de 8, les sept autres au titre de loption B avec unemoyenne spcifique de 10,38. La moyenne globale est de 9,83 (8,75 en 2009).

    On se reportera au rapport de chaque preuve pour les dtails.

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    2 USAGES ET CONSEILS PRATIQUES

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    Les preuves crites se droulent dans quelques centres en province et Paris. Leprogramme du concours, fix chaque anne, est publi au B.O.E.N., avant les vacancesuniversitaires, au mois d'avril, mai ou juin prcdant la session. Il est fortement recommand auxcandidats de prendre connaissance des uvres mises au programme avant la rentre universitaire.

    Lecture et traduction des textes doivent tre entreprises le plus tt possible, avant mme la reprisedes enseignements. Le programme est renouvel chaque anne entirement pour les auteurs detextes franais et par moiti pour les auteurs de textes grecs et latins.

    Lcrit du concours se droule en mme temps que ceux des agrgations externes de lettresmodernes et de lettres classiques, pendant toute une semaine, du lundi au vendredi. Cette semainecorrespond gnralement une semaine de vacances scolaires pour au moins une zonegographique, en avril.

    Il va de soi que la prparation au Concours de l'agrgation commence bien avant l'anne ol'on s'y prsente. Cette remarque, qui vaut pour toutes les disciplines, concerne plus particulirementla linguistique. On ne s'improvise pas grammairien : dans ce domaine au moins, une formationintensive devrait tre entreprise ds la licence.

    Lagrgation de grammaire est un concours trs technique. Lpreuve qui y passe pour moinstechnique nest certainement pas la moins mthodique et cest assurment la plus exigeante en termede prparation et la plus ingrate en terme de rendement, puisque le programme y est annuel : il sagitde la composition franaise, avec son fort coefficient. Elle se droule en sept heures, depuis quelquessessions le dernier jour des preuves. Elle ncessite la meilleure prparation possible.

    Pour le reste des preuves de lcrit, il sagit bel et bien dexercices techniques : hormis lespreuves de linguistique, qui se droulent ordinairement le mercredi (composition principale le matin,en 4,5 h, savoir ancien franais et franais moderne pour loption A, grec et latin pourloption B, etcomposition complmentaire laprs-midi, en 2,5 h, savoir grec et latin pour loption A, ancienfranais et franais moderne pour loption B), les candidats ont traiter avec trois preuves de

    traduction : version latine (gnralement le vendredi), thme latin (le jeudi) et thme grec (le mardi).Toutes ces preuves se prparent bien en amont, ds les premires annes universitaires voire plustt. On peut ajouter que, comme la bicyclette, les comptences acquises ne soublient pas et peu ventservir chaque anne, ce qui encourage la rcidive en cas dchec ; mais, comme la bicyclette de hautniveau, la russite implique sans doute un entranement rigoureux et constant et on ne peutquencourager les candidats tudiants se forcer faire le maximum dexercices proposs ; pour lesautres, notamment pour les candidats qui sont dj en poste dans le secondaire, lentretien de ce typede savoirs et techniques est plus difficile. Mais le CNED par exemple propose des formationsadaptes qui se rvlent souvent efficaces.

    Les preuves crites sont corriges par le jury qui procde une double correction de chaquecopie. La runion dadmissibilit est fixe en gnral au dbut du mois de juin et les rsultats aussitt

    mis en ligne. Les candidats retenus pour loral sont convoqus par courrier.Les admissibles sont runis en une seule fois ; le jury se prsente eux et prcise le

    droulement des preuves orales.Chaque candidat tire au sort, lors de cette runion daccueil, un numro qui sera son n umro

    doral (lequel na rien voir avec son numro danonymat). Cest ce numro qui dtermine lordre etlhoraire des preuves quil va passer; entre autres, cela prcise sil fera son explication ancienne engrec ou en latin et, partant, son improvise dans lautre langue que celle de lexplication surprogramme. En revanche, pour les optants B, cela ne prdtermine en rien la langue ancienne dutexte quils tireront au sort pour la leon de linguistique.

    A chaque preuve, le candidat commence par tirer au sort le sujet de son preuve du jour. Unmembre du jury est l pour laccueillir, ainsi quun appariteur. Une fois son sujet tir au sort, il reoit lelivre du programme quil lui faut pour traiter son sujet, ventuellement accompagn dune photocopiedu texte traiter ; il suit alors lappariteur qui le conduit dans la salle de prparation o sont exposs

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    les documents mis sa disposition pendant la dure de la prparation. Le billet de tirage, comprenantles rfrences du texte et, le cas chant, lnonc du sujet, est remis au jury en dbut de passage,dat et sign par le candidat.

    La dure de prparation (2 heures pour les trois premires preuves, une demi-heure pourlimprovise qui clture traditionnellement la session doral) est effective : le temps du tirage et du

    transport dune salle lautre ne sont pas comptabiliss dans ce temps imparti, qui est donc bien celuide la prparation.

    Les oraux, qui sont publics, se droulent en commissions de trois jurs. Parmi eux, lun est leconcepteur du sujet ; cela nempche pas les deux autres membres de participer aux dbats et deposer des questions si ncessaire. Le candidat a donc intrt prendre tout le jury en compte et tcher de capter lattention globale de la commission.

    Le candidat a intrt exploiter au mieux le temps qui lui est imparti (et quil ne peut en aucuncas dpasser). Il doit tendre vers le maximum autoris de son temps de parole, sans, videmment,faire de remplissage.

    Les membres de la commission ignorent le rang du candidat quils interrogent. Les candidatssont certes jugs les uns par rapport aux autres dans chacune des commissions, mais non pas parrapport ce quon attendrait deux en vertu dune connaissance pralable de leur classement.

    Le candidat ne peut donc rien infrer de lattitude du jury son gard.Aprs la dlibration finale, le prsident fait la proclamation et le jury reoit dans la foule les

    candidats admis, admissibles et autres (y compris de futurs candidats) pour profrer flicitations,encouragements et consolations. Cette phase, appele traditionnellement confession , est utile etlon voit souvent des candidats malheureux y glaner des conseils qui leur permettent de revenir plus

    forts lanne suivante.

    On trouvera dans les pages qui suivent des rapports dtaills, destins apporter auxcandidats des indications et prcisions indispensables preuve par preuve.

    ATTENTION : partir de la session 2011 il y a une modification sensible pour lpreuve de laleon de linguistique (option A et option B) puisque sy greffera dornavant une question sur le

    thme Agir en fonctionnaire et de faon thique et responsable ).

    Cette modification a des incidences sur la dure de prparation, la dure de lexpos et sur lecoefficient global des preuves orales, qui passera de 36 37, donnant aux preuves dadmissionune pondration lgrement suprieure aux preuves dadmissibilit (qui restent coefficientes 36).

    La description des preuves est dsormais la suivante (selon le texte paru au JO le 6 janvier2010) :

    Section grammaire

    Epreuves prparatoires (crites)1 Un thme latin (dure : quatre heures ; coefficient 5).2 Un thme grec (dure : quatre heures ; coefficient 5).3 Une version latine (dure : quatre heures ; coefficient 5).4 Une preuve option de grammaire et linguistique (sur les textes du programme rduit)

    comportant deux compositions ( chaque option correspondent une composition principale et unecomposition complmentaire) :

    a) Premire composition (composition principale) :Option A : franais ancien et moderne ;Option B : grec et latin.

    (Dure : quatre heures trente ; coefficient 8.)b) Deuxime composition (composition complmentaire) :Option A : grec et latin

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    Option B : franais ancien et moderne.(Dure : deux heures trente ; coefficient 4.)5 Une composition franaise sur un sujet se rapportant un programme dauteurs indiqu

    lavance (dure : sept heures ; coefficient 9).Les textes ncessaires sont mis la disposition des candidats.

    Epreuves dfinitives (orales)1 Explication prpare dun texte de franais moderne tir des auteurs du programme (dure

    de la prparation : deux heures ; dure de lpreuve : trente minutes ; coefficient 12).2 Explication prpare dun texte latin ou dun texte grec tir des auteurs du programme, selon

    tirage au sort (dure de la prparation : deux heures ; dure de lpreuve : trente minutes ; coefficient9).

    3 Explication improvise, sans dictionnaire, dun texte de latin ou de grec, selon tirage au sort,choisi hors du programme (dure de la prparation : trente minutes ; dure de lpreuve : quinzeminutes ; coefficient 6).

    4 Lpreuve se droule en deux parties. La premire partie est note sur 15 points, laseconde sur 5 points (dure de la prparation : trois heures ; dure de lpreuve : une heure ;coefficient 10).

    Premire partie : expos de grammaire et linguistique propos dun texte duprogramme ; le candidat subit obligatoirement lpreuve orale correspondant loption choisie lcrit :

    Option A : franais ancien ou franais moderne ;Option B : Grec ou latin.(Dure de lexpos vingt-cinq minutes ; entretien : quinze minutes.)Seconde partie : interrogation portant sur la comptence Agir en fonctionnaire de

    lEtat et de faon thique et responsable (prsentation : dix minutes ; entretien avec le jury :dix minutes).

    Le candidat rpond pendant dix minutes une question, partir dun document qui luia t remis au dbut de lpreuve, question pour laquelle il a prpar les lments de rponsedurant le temps de prparation de lpreuve. La question et le document portent sur lesthmatiques regroupes autour des connaissances, des capacits et des attitudes dfinies,pour la comptence dsigne ci-dessus, dans le point 3 les comptences professionnellesdes matres de lannexe de larrt du 19 dcembre 2006. Lexpos se poursuit par unentretien avec le jury pendant dix minutes.

    Chaque explication et lexpos sont suivis :1. Dune interrogation de grammaire consacre des questions simples que le jury propose

    ce moment au candidat (dure de linterrogation : dix minutes) ;2. Dun entretien entre le jury et le candidat consacr lensemble de lpreuve (dure de

    lentretien : cinq minutes).Avant le commencement des preuves orales, un tirage au sort prcisera si le candidat doit,

    pour les preuves 2 et 3, faire une explication improvise latine et une explication prpare grecque,ou inversement.

    Pour la premire partie de lpreuve 4, propos dun texte choisi dans le programme rduit, lecandidat expose une ou plusieurs questions de linguistique ou de grammaire ; il a la facult demontrer, au-del des exemples du texte, ses connaissances gnrales de la langue.

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    3. COMMENTAIRES DTAILLS DES PREUVES CRITES

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    RAPPORT SUR LPREUVE DE COMPOSITION FRANAISE

    tabli par Mme Carine BARBAFIERI

    Sur les 18 copies de composition franaise, les notes stablissent comme suit :-1 copie blanche obtient 0-7 copies obtiennent entre 2 et 4-2 copies obtiennent 5 ou 6-3 copies obtiennent 8 ou 9-5 copies obtiennent plus de la moyenne

    La moyenne de lpreuve se situe 6,88 (elle tait de 6, 72 en 2009 ; de 7,3 en 2008). Cersultat sexplique au plan arithmtique par le zro apport par la copieblanche, dautant plus lourdque le nombre de copies tait cette anne en lgre diminution par rapport lanne 2009 (quicomptait 22 compositions franaises). Par ailleurs, 7 copies sont extrmement faibles et neressemblent en rien des copies du niveau de lagrgation. Enfin, parmi les 5 copies au-dessus de lamoyenne, deux sont rellement bonnes (un 17, un 15), trois sont honntes. Le nombre de copiesobtenant entre 0 et 5 constitue la moiti de leffectif total. Le bilan est moins bon encore que ce lui desannes 2009 et 2008, o le nombre de copies au-dessous de 5 reprsentait plus du tiers (mais moinsde la moiti) de lensemble. Beaucoup dtudiants ne connaissent pas luvre, bavardent, cousentensemble des morceaux de leurs cours ou tentent de faire illusion par un coup d esbroufe culturelle. Faute de bien connatre les Aventures de Tlmaque, une copie pense sduire le jury parune longue citation en hongrois, la fois en introduction et en conclusion du devoir. Inutile de dire que

    la stratgie du candidat sest avre contre-productive.

    Les causes de ces mdiocres rsultats sont doubles. Dune part, luvre au programme nestpas connue avec suffisamment de prcision. Rappelons que connatre luvre ne signifie pas lavoirsimplement lue, mais bien lavoir lue et relue crayon en main, jusqu ce que ltudiant soitvritablement imprgn de son texte. Or huit copies ne connaissent pas le Tlmaque, tel point quele jury peut lgitimement douter que le candidat ait une connaissance de premire main du texte. Maisle plus souvent, il manque dans les copies des exemples prcis de clichs , dans le sens donn lexpression par Philippe Sellier, et mme des exemples de poncifs, pour illustrer la diffrence entreles deux termes. Le candidat doit, lors de lanne de prparation, se constituer un florilge dunetrentaine de citations, quil apprendra par cur. Tout paragraphe doit comporter une citation de

    Fnelon, pour donner de la chair la dmonstration. Rappelons quune phrase de Fnelonjudicieusement choisie et explique est prfrable au rsum de tel ou tel critique, si clbre soit-il.

    Dautre part, le propos de P.Sellier na pas t tudi dassez prs, si bien que toutes lesformes de rptitions convenues ont abusivement t considres comme des clichs. Le propostend ainsi tre nivel, pour devenir un loge paradoxal du lieu commun us. La rflexion deP. Sellier tait beaucoup plus prcise. Non seulement le clich tait comprendre uniquement au plande la dispositio(il importait ainsi de le distinguer nettement du lieu commun), mais P. Sellier nidentifiepas le clich une figure de style particulire. Le clich peut reposer sur une mtaphore ( prssems damarantes , teint de lys et de roses ), mais aussi sur lhyperbole ( jarrivai dans desdserts affreux : on y voit des sables brlants raconte Tlmaque prisonnier en Egypte), la

    priphrase ( la sombre demeure des morts ), la comparaison (la mer levant ses vagues commedes montagnes ), ou encore lantithse (Idomne, aprs avoir t saisi de frayeur, est transport

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    de joie ). Il est donc inexact de dfinir le clich comme une mtaphore cule, voire une franchecatachrse.

    Au plan de la mthodologie de la dissertation, le jury a t surpris de constater une vraiemaladresse dans la pratique de lexercice. Lintroduction pche tout particulirement : le correcteur

    ntant pas cens, par convention, connatre le sujet, lintroduction de la copie doit non seulement lefaire figurer sil nest pas trop long (et le jugement de P. Sellier Il existe.... tait suffisammentconcis pour tre recopi), mais encore lexpliquer prcisment. Or, dans de nombreuses copies,lanalyse de la citation est trop rapide, certains aspects sont oublis ou encore le candidat nedistingue pas ce qui constitue le nud du sujet des nuances annexes, quil conviendra nanmoins

    dexaminer. Il fallait prciser le type dapproche critique de P. Sellier, la fois stylistique et fond surune tude de la rception. Il fallait galement montrer que le noyau de la citation (le succs duTlmaquetient au charme du clich qui sopre sur des lecteurs adolescents) tait fortement nuancpar une modalisation qui porte plusieurs niveaux : au plan de la rception, lexpression en partie suggre que le lecteur cultiv ne se lasse pas forcment des charmes du clich fnelonien ; et au plandu style, P. Sellier admet que le clich nest pas le seul ingrdient du succs de luvre (la fluidit delcriture fnelonienne doit galement tre prise en considration)... sans compter que quelquesclichs apparaissent mme dpourvus de charme ( il existe un charme du clich, ou en tout cas denombreuxclichs ). Laffirmation de Ph. Sellier est donc la fois forte et nuance : il importe que lecandidat ne la caricature pas, en accusant, comme le fait une copie, le critique d incohrences dans sa pense. Le mme candidat, ne reculant devant aucune audace, crivait aussi : Sellier napas compris que ... . Rappelons quil estcavalier dappeler une personne vivante par son seul nomde famille : il convient donc de dsigner le critique par son prnom (qui peut tre abrg linitialeaprs avoir t cit une fois en entier) suivi de son patronyme. Par ailleurs, il est imprudent de penserque lon va dbusquer en sept heures les failles de la pense quun docte universitaire aura mis desannes laborer. Une modestie minimale dans la prsentation nest jamais malsante.

    Les transitions sont souvent inexistantes ou rduites leur plus simple expression : latransition de fin de partie doit la fois rsumer brivement la partie qui sachve (en usant duneformulation nouvelle) et annoncer celle qui suit.

    Enfin - remarque dimportance - la langue est souvent trop peu chtie (certains candidatsemploient mme des expressions trs familires, en croyant que la pratique des guillemets lesabsout), le registre apparat trop peu soutenu, la syntaxe, lmentaire, rpugne souvent lemploi dessubordonnes. La composition franaise est un exercice acadmique qui ncessite de manier unelangue prcise, ferme et lgante. Pour ce faire, le candidat doit imprativement sentraner rdigerentirement des dissertations au cours de lanne, dans les conditions du concours.

    Nous proposons dans les pages qui suivent une possible organisation de la rflexion, enempruntant et l aux candidats.

    Expliquer le succs de Tlmaquepar une stylistique du clich peut paratre paradoxal unlecteur du XXIesicle avide doriginalit et de nouveaut, et pour qui la singularit et lexception sontles garants du gnie dun auteur. Cest pourtant ce quoi semploie Philippe Sellier dans uneperspective qui mle approche de la langue franaise et tude sur la rception : Il existe un charmedu clich, ou en tout cas de nombreux clichs. Ce charme ne se dissipe, en partie, qu partir dumoment o le lecteur dispose dune lecture qui lui rende dsagrable ce perptuel dj vu. Si LesAventures de Tlmaqueont enchant des gnrations dadolescents, qui en gotaient laisance sanslennui, elles le doivent certainement la fluidit de lcriture fnelonienne, mais aussi aux sortilgesdu clich . A la suite de M. Riffaterre, P. Sellier entend le terme clich dans une acception trs

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    prcise, qui runit trois caractristiques essentielles : la rptition dun discours connu devenu banal(le clich na pas de vritable valeur informative, de mme que le lieu commun), lappartenance lasurface signifiante du texte (trait qui distingue clich et lieu commun), la fonction ornementale(caractristique propre au clich seul). A laune de ce point de vue stylistique, P. Sellier propose unjugement sur la fortune critique de louvrage : le succs des aventures de Tlmaqueconcerne avant

    tout des gnrations dadolescents et sexplique par ce que lon pourrait appeler leur virginit enmatire de culture littraire : chez eux, lmerveillement devant le clich ne sest pas encore mouss.Le succs du Tlmaque de Fnelon, son charme , ses sortilges , son enchantement ,trouverait son origine dans la rencontre entre une criture du clich et un public de trs jeunes gens.Le caractre systmatique de cette affirmation est toutefois nuanc par une modalisation qui porte plusieurs niveaux : au plan de la rception, lexpression en partie suggre que le lecteur cultiv nese lasse pas forcment des charmes du clich fnelonien ; et au plan du style, P. Sellier admet que leclich nest pas le seul ingrdient du succs de luvre. Il nest pas ncessaire (la fluidit de lcriture

    fnelonienne joue aussi un rle), ni mme suffisant ( il existe un charme du clich, en tout cas denombreux clichs ). Sur la thse centrale du clich, les questions sont nombreuses : le charme deluvre tient-il vraiment au clich ou se dploie-t-il au contraire malgr lui ? Le clich peut-il avoir uneautre vise, notamment une vise morale, ou est-il ce par quoi le projet fnelonien se libremomentanment de la perspective didactique et pdagogique ? Le clich ne risque-t-il pas desubvertir le projet didactique de Fnelon dans la mesure o il se contente de revtir une fonctionornementale ? Ne signe-t-il pas le triomphe du sensible l o Fnelon essaie dimposer le rgne de lamorale ?

    On sinterrogera dabord sur la faon dont Fnelon travaille le clich pour en faire un ornement

    de la narration. Comme dautres figures de rptition, il participe pourtant aussi du projet didactiquede Fnelon, tendu vers lducation du futur prince. Nanmoins sa spcificit ornementale en fait peut-tre aussi un instrument prilleux qui, sil charme le lecteur, peut aussi devenir un dangereux sortilge .

    Comment Fnelon travaille-t-il le clich pour en faire un ornement de la narration, un lieuprivilgi de la posie du texte ? Le travail du clich chez Fnelon participe dun travail delornementation. Fnelon suit en cela le conseil que donnait, quelque vingt ans plus tt, le P. BernardLamy, expliquant dans LArt de parleren ces termes la force et lagrment du clich : Cela touchedune autre manire que les expressions communes, quand un pote vient parler de la Guerre etquil dit Bellone, Desse de la Guerre, porte la terreur et lpouvante dans toute une arme, que ledieu Mars anime lardeur des soldats ; ces manires de dire les choses font une bien autre impressionsur les sens que celles-ci dont on se sert dans lusage ordinaire. Toutefois le clich est surtout lasource des Aventures de Tlmaqueen ce quil est un trait caractristique de la posie antique et

    confre luvre de Fnelon un vritable charme, notamment dans les passages descriptifs.Le choix du clich est li un choix thmatique, qui a proprement trait linventio des

    Aventures de Tlmaque: Fnelon puise son sujet dans la littrature antique, plus particulirementchez Homre dontLOdysse sert de point de dpart, de cadre, et de ligne de fuite aux prgrinationsde Tlmaque et Mentor. Or la posie homrique regorge de ce que P. Sellier qualifierait de clichs , par le biais en particulier de lpithte de nature ( le bouillant Achille ). Comme le clich,lpithte homrique a pour caractristique dappartenir la surface signifiante du texte, elle na eneffet pas de sens particulier : le bouillant Achille ne slectionne pas un Achille parmi dautres Achilles,et ladjectif ne constitue dailleurs pas toujours une caractristique pertinente en contexte (le porcher

    Eume, quon retrouve au livre XVIII de Tlmaque, est qualifi de meneur dhommes, ce qui nesemble gure appropri son statut social). De mme, on trouve chez Fnelon des caractristiquesstrotypiques qui ne constituent pas forcment un lment informatif essentiel pour la narration. Larcurrence de ladjectif courageux pour qualifier le hros au combat, de doux pour dmontrer

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    sa mesure, de charmant pour dsigner ses qualits de conteur ou dorateur nous ramne aussi une elocutio antique orne. Fnelon, non content de sinspirer des thmes antiques, reprendgalement des traits du style des anciens, dont il avait pu simprgner intimement lors de la traductionde plusieurs chants de LOdysse destine au prceptorat du duc de Bourgogne. Cet usage du clich,et notamment des pithtes de nature, participe du style pique quadopte Fnelon dans les

    Aventures de Tlmaquequil prsente, de manire loquente, comme une narration fabuleuse enforme de pome hroque.

    Le clich apparat comme un marqueur de la posie, qui fleurit tout particulirement dans ladescription, la peinture des paysages ou des combats, les portraits. La grotte de Calypso est ainsiberce par les doux zphyrs , des fontaines y coulent avec un doux murmure sur des prssems damarantes et de violettes , formant des bains aussi purs et aussi clairs que le cristal . EnEgypte, Tlmaque tait arriv dans des dserts affreux , o on voit des sables brlants aumilieu des plaines , o des neiges qui ne fondent jamais font un hiver perptuel sur le sommet desmontagnes . Et la scne finale transfigure Mentor en une jeune desse aux yeux bleus dunedouceur cleste et dun teint o lon voit la blancheur des lis mls de roses naissantes . Lamultiplication des clichs, Fnelon en attribuant mme parfois des modles anciens qui en taientdpourvus (chez Homre, la grotte de Calypso est entoure de prairies toutes couvertes de violetteset de persil et de sources limpides : point de cristal comme chez Fnelon !), relve bien dunevolont dindiquer que lon entre en posie, et particulirement en posie pique. Le lecteur sapprte vnrer Calliope.

    Comment dfinir ds lors le charme du clich ? Parce quil saisit avant tout ladolescent naf,ce charme sapparente une forme dtonnement, et au sens tymologique, dadmiration. En li sant la douce haleine des zphyrs au second livre du Tlmaque, le jeune public est saisi par la vritde la mtaphore : les vents caressent la peau des hommes comme un souffle humain. Mais siladolescent smerveille devant la beaut dimages qui sont pour lui nouvelles, il nest pas forc quele lecteur cultiv et aguerri ressente de lennui la lecture des clichs. P. Sellier le suggre par

    lexpression en partie . La douce haleine des zphyrs ne manquera pas ainsi de rappeler aulecteur confirm Pyrame jaloux de lair qui touche Thisb dans la tragdie de Thophile de Viau : Mais je me sens jaloux de tout ce qui te touche,De lair qui si souvent entre et sort par ta bouche (IV, 1)Le lecteur expriment perd en partie le charme de la dcouverte, mais pour gagner celui de

    lintertextualit, de la reconstitution rebours des strates du clich. Par ailleurs, Fnelon prcise lui-mme que les adultes prennent plaisir la lecture des fables... et que lennui vient avant tout deshistoires trop longues racontes par un orateur heureux de parler, comme le vieux Nestor : le clichnapparat pas comme la premire cause dennui, loin sen faut.

    Si le clich a bien une fonction dornementation et participe llaboration dun style inspirdes anciens, provoquant ainsi le charme du lecteur, na-t-il pas aussi chez Fnelon une fonctionprotreptique, visant exhorter la sagesse et la vertu ? Au livre I, Mentor enjoint Tlmaque de semfier des compliments et des cadeaux de Calypso. Or le discours de remontrance de Mentorsappuie lui-mme sur des clichs : Gardez-vous dcouter, dit-il son protg, les paroles douceset flatteuses de Calypso, qui se glisseront comme un serpent sous les fleurs . Ds lors, les beautset les charmes du clich ne sont-ils pas avant tout comprendre comme le miel destin permettre lenfant davaler un breuvage amer? Le clich ne participe-t-il pas de cette rhtorique fnelonienne olenseignement, sil use des ornements de la fable et des figures, doit rester tendu vers sa visedidactique ?

    De nombreux clichs sinscrivent assez nettement dans la vise pdagogique de Fnelon, quiassocie, dans un tableau repoussoir, le faste, la richesse aux plaisirs des sens et la mollesse. Car siles clichs sont frquents dans les descriptions de pays idylliques aux lois vertueuses, comme

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    Salente, ils se trouvent tout aussi nombreux pour donner des couleurs prcises au vice. Tyr, le jeune Lydien qui sauve malgr lui Tlmaque, en tant dsign comme ltranger que Narbal avaitemmen dEgypte, Malachon, quoique merveilleusement beau, est mou, effmin, noy dans lesplaisirs . Malachon le voluptueux est perdu par un autre voluptueux, le roi Pygmalion, peint lui aussipar un clich : Pygmalion est le jouet dune femme sans pudeur [Astarb] . Tlmaque recourt un

    clich, la mtaphore du poison agrable, pour peindre son courage qui smousse Chypre et laisseplace au got des plaisirs : Jaimais dj le poison flatteur qui se glissait de veine en veine et quipntrait jusqu la moelle de mes os . En Crte, explique Mentor dans une langue qui multiplie lesadjectifs ornementaux, on ne souffre ni meubles prcieux, ni habits magnifiques, ni festins dlicieux,ni palais dors . Les ornements du discours, au premier rang desquels figurent les clichs,participent largement dune vise pdagogique : montrer la tentation dans ses aspects les plusenjleurs pour permettre llve de la reconnatre et de la repousser. Le clich contribue donnercorps des sductions qui sans lui demeureraient abstraites.

    Par ailleurs, le clich peut aussi avoir une fonction mnmotechnique, qui est thorise parMentor. Celui-ci affirme que, sil lui arrive de se rpter, cest toujours par des tours nouveaux etdes expriences sensibles , pour instruire. Or le clich est bien une espce particulire derptition, qui peut avoir une fonction instructive ; plus prcisment, le clich peut habiller une vritque le narrateur cherche inculquer. La fonction mnmotechnique de lpithte homrique a tdgage au XXe sicle par les travaux de Milman Parry selon lequel le clich chez Homre ne relvepas tant dun jeu stylistique que dun procd de production des hexamtres. La prsence despithtes homriques est en grande partie guide par des raisons mtriques et par le fait que laposie homrique est dabord une posie orale qui a besoin de drainer du discours connu pour

    sengendrer. Lanalogie avec le travail du clich chez Fnelon est certes nuancer, da ns la mesureo les deux textes relvent de deux modes de production diffrents. Nanmoins lide que le clichpuisse avoir une fonction mnmotechnique chez lun comme chez lautre parat possible. Dans laposie homrique, celle-ci est au service de lade ; chez Fnelon, elle est au service de ldification

    du lecteur qui, par la scansion des mmes termes, pourra mieux retenir les leons que lui dispenseMentor. Ainsi, dans le livre II, le bonheur ou le malheur des rois (Ssostris, Bocchoris) est toujoursvoqu travers les mmes modalits de phrase : Heureux le roi qui... ! / Malheureux le roiqui... , quelle soit porte par Mentor qui admire la sagesse de Ssostris, par le prtre gyptien quidplore le malheur dun roi mal conseill, par Tlmaque qui plaint le sort de Bocchoris. Le clich, parson caractre rcurrent, permet disoler plus facilement les lments communs et les lments decontraste entre les diffrents rois que frquente Tlmaque.

    Le clich toutefois nest pas le seul truchement de la rflexion morale ; dautres procdsconcourent faire du roman un roman difiant. Ainsi le parallle permet de maintenir un filtrehermneutique moralisateur sur lensemble des voyages de Tlmaque : Pygmalion sera compar Ssostris, la Crte sera compare lle de Chypre, pour lui tre prfre. Le portrait des mchants

    comporte des constantes stylistiques : ils sont farouches , ils ont lil furieux , tandis que lesfemmes concupiscentes (Calypso, Eucharis, Astarb) brillent toutes par lclat de [leur] beaut et le feu qui sortait de [leurs] yeux . Lallgorie peut aussi servir un discours moral : la description, quisemble prendre vie, du bouclier de Tlmaque la fin du livre XIII pourrait sembler gratuite si ntaitgrave sur le bouclier (dans la premire version) la lutte fratricide dEtocle et Polynice, prsente endes termes trs proches de ceux qui avaient t utiliss pour critiquer la guerre. On lisait dans le livreXIII : Les hommes sont tous frres, et ils sentredchirent : les btes farouches sont moins cruellesqueux . Or sur le bouclier apparaissent Etocle et Polynice pleins de rage qui sentredchiraient .La leon que Fnelon essaie dinculquer son lve est ainsi mise en perspective par des effetsdchos et de rptitions, sans quon puisse dire que le clich en est llment principal.

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    Le clich pourrait tre un des truchements du message moralisateur que Fnelon essaiedinculquer son lve, sassociant pour ce faire dautres procds de rptition : comparaisonsrcurrentes, allgorie dclinant la leon plusieurs niveaux... Cependant le clich se distingue de cesprocds de rptition par son caractre trs faiblement informatif : comment pourrait-il ds lorsdlivrer un message ? Ne peut-il parfois au contraire tre un des biais par lesquels le roman chappe

    sa finalit morale ? Lexpression de P. Sellier sortilges du clich semble suggrer des effetspeu louables : les sortilges sont en effet bien plus le fait de Vnus que de Minerve, et le clichpourrait tre dangereux pour la morale, tant il enchante les sens.

    Parmi les adolescents qui ont lu avec avidit et passion les Aventures de Tlmaque setrouve Chateaubriand, qui crit dans les Mmoires dOutre-tombequEucharis chez Fnelon ou Didonchez Virgile ont aliment ses dsirs juvniles. Tout se passe ainsi comme si une victoire du sensiblesur lintelligible restait bel et bien possible, alors mme que le sensible, selon la rhtorique de Mentorqui sappuie sur des exemples sensibles pour difier Tlmaque, ne devrait tre quune simpletape du cheminement intellectuel et moral. Le clich qui participe lornementation du rcit et desdescriptions risque alors de maintenir le lecteur dans une fascination qui ne dbouche pas sur desactes meilleurs et une vie plus mesure. Le risque de la fascination est lobjet dun important

    dveloppement dans le livre I, lors de la description de la grotte de Calypso, avec son apparence desimplicit rustique . Mentor met en garde Tlmaque contre les douceurs fallacieuses de Calypso : Craignez ses trompeuses douceurs plus que les cueils qui ont bris votre navire . Le clich nerelve-t-il pas ds lors dune esthtique de lapparence ? Les beauts captieuses de la figure de stylesont moralement condamnables, disaient les jansnistes de Port-Royal. Que dire a fortiorides figuressi russies quelles se figent en clich ? Et le clich peut devenir encore plus suspect quand il se paredattributs qui sont ailleurs dnoncs comme des vices : Salente, Mentor promet que, grce auxrformes entreprises, Bacchus, foulant ses pieds les raisins, fera couler, du penchant desmontagnes, des ruisseaux de vin plus doux que le nectar et la joie des sujets dIdomne est tellequ on aurait cru voir le dieu Pan avec une foule de Satyres et de Faunes mls parmi les nymphes

    et dansant, au son de la flte, lombre des bois . Le vin coulant flot et les satyres, par lesquels lenarrateur signifie le bonheur des Salentins, ne sont-ils pas en dfinitive immoraux, surtout si lon serappelle que les satyres, lubriques, ont un membre viril perptuellement dress ? Le clich, loin dtreun ornement innocent, ne se rvle-t-il pas souvent une image bien quivoque pour un chrtien ?

    Le caractre transgressif du Tlmaque par rapport la morale quil prche est encorerenforc par le choix de certains thmes : la peinture de la passion sur lle de Chypre ou sur lle deCalypso fait courir Tlmaque et au lecteur le risque de sattard er dans le sensible. Tout autant quede clichs stylistiques, le charme trouble du Tlmaque se nourrit de thmes potentiellementsulfureux, ainsi que de la fluidit de lcriture fnelonienne. Limage du fluide, les verbes couler , insinuer , trs frquents, traduisent, a-t-on souvent dit, lapaisement de lme. Certes, maislcriture de Fnelon, loin dtre purement abstraite, tend rgulirement vers leffusion, marque par

    lextrme frquence de ladjectif plein ou de lindfini tout . Les objets, ou plutt les affects quilssuscitent, atteignent une telle perfection que le sens investi na plus rien dsirer. Par cette plnitude,le lecteur est invit une sorte de contemplation sensorielle. Lcriture de Fnelon sattache

    pleinement en effet limpression ressentie : au livre IV, quand Tlmaque retrouve enfin Mentoraprs le songe, il scrie : O Dieux, vous le savez, quelle fut ma joie quand je sentis que mes bras letouchaient ! Et ct de sentir apparaissent trs frquemment les verbes entendre , couter , toucher , goter . La fluidit de lcriture fnelonienne, loin dtre pure abstractionet mise distance, est aussi la batitude des sens combls.

    Pour dsamorcer les appts sensibles du clich, renforcs par le thme de lamour charnel etla fluidit du style, on en vient donc souhaiter, paradoxalement, que le charme du clich nopreplus. Cette possibilit est suggre par P. Sellier, qui convient que le charme du clich nest que celuide nombreux clichs . Le clich, par dfinition ornemental, laisserait la place au sublime, sansapprt, inoffensif au plan moral. Il sagirait de remplacer lornement par le sublime, dfini non comme

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    le style sublime, le grand style, mais bien comme leffet sublime, dans le sens o lentend Boileau entraduisant le pseudo-Longin. La mfiance de Fnelon lgard de lornement parcourt tout leTlmaque mais, comme ornement spcifiquement stylistique, elle nourrit tout particulirement laLettre lAcadmie: si Cicron, que Fnelon dit pourtant admirer plus que personne, est infrieur Dmosthne, cest qu on remarque quelque parure dans son discours. Lart y est merveilleux, mais

    on lentrevoit, tandis que Dmosthne fait preuve dune rapide simplicit . Lornement sduit,mais il est toujours trop visible et la plus belle prose, la plus potique est, comme Junie vue parNron, celle qui apparat belle, sans ornement . Tel est le propre du sublime, qui peut surgir aucur du style simple, dnu de figures et dornements.

    La force de lanalyse de Philippe Sellier tient au fait quelle isole un procd dfini trsprcisment en termes stylistiques pour en faire un principe dexplication du succs du roman deFnelon auprs de nombreuses gnrations dadolescents. Cette cl de lecture quest le clich permet de rendre compte dune part de limitation des anciens et en particulier dHomre dans ladimension pdagogique de luvre, dautre part de son caractre ventuellement transgressif, dans lamesure o le clich en tant qulment la signification fige peut attirer lattention sur lornement etlinessentiel. Lesthtique du clich nest nanmoins pas toujours suffisante pour dcrire les ressorts etla vise des Aventures de Tlmaque: le clich semble pouvoir tre envisag dans une esthtiqueplus globale de la rptition, dont il nest quune des facettes.

    Sil demandait une trs bonne connaissance du Tlmaque, le sujet ne comportait nanmoinspas de difficults particulires. Les belles copies de cette anne ont propos une dmonstration fermeet bien mene o la connaissance de luvre au programme se mlait sans cesse celle desproblmatiques littraires fondamentales. Ces copies riches et rigoureuses ont offert un grand plaisirde lecture au jury.

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    THEME GREC

    Dure : 4 heures

    Les dictionnaires franais-grec Alexandre, Feuillet et le dictionnaire Hatier-Belin (groupe de professeurs agrgs des lyces deParis) ainsi que les dictionnaires grec-franais Bailly, Georgin et Magnien-Lacroix sont autoriss.Lusage de tout ouvrage de rfrence, de tout dictionnaire et de tout matriel lectronique est rigoureusement interdit.

    Dans le cas o un(e) candidat(e) repre ce qui lui semble tre une erreur dnonc, il (elle) le signale trs lisiblement sur sacopie, propose la correction et poursuit lpreuve en consquence.De mme, si cela vous conduit formuler une ou plusieurs hypothses, il vous est demand de la (ou les) mentionnerexplicitement.NB: Hormis len-tte dtachable, la copie que vous rendrez ne devra, conformment au principe danonymat,

    comporter aucun signe distinctif, tel que nom, signature, origine, etc. Si le travail qui vous est demand comporte

    notamment la rdaction dun projet ou dune note, vous devrez imprativement vous a bstenir de signer ou de

    lidentifier.

    Entrons dans le dtail de la comparaison, et mettons par exemple en parallle Mithridate avecZnobie, Romulus avec Didon, Caton dUtique1avec Lucrce, dont lun se donna la mort pour la pertede sa libert et lautre pour celle de son honneur [...], et tant dautres hrones de tous les temps avecles plus grands hommes, nous trouverons la vrit que le nombre de ceux- ci lemporte infinimentmais en rcompense nous verrons dans lautre sexe des modles aussi parfa its dans tous les genresde vertus civiles et morales. Si les femmes avaient eu autant de part que nous au maniement desaffaires et aux gouvernements des Empires, peut-tre auraient-elles pouss plus loin lhrosme et lagrandeur de courage et sy seraient-elles signales en plus grand nombre. Peu de celles qui ont eu lebonheur de rgir des tats et de commander des armes sont restes dans la mdiocrit ; elles sesont presque toutes distingues par quelque endroit brillant qui leur a mrit notre admiration. Il senfaut bien quon en puisse dire autant de tant de monarques qui ont gouvern les nations ; combien yen a-t-il [...] dont le nom ne mrite de se trouver ailleurs que dans les tables chronologiques o ils nesont que pour servir dpoque ? Je le rpte, toutes proportions gardes, les femmes auraient pudonner de plus grands exemples de grandeur dme et damour de la vertu, et en plus grand nombreque les hommes nont jamais fait, si notre injustice ne leur et ravi avec leur libert toutes le soccasions de les manifester aux yeux du monde.

    Jean-Jacques Rousseau, Mlanges de littrature et de morale [Sur les femmes].

    1 Traduire Caton le Jeune .

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    RAPPORT SUR LPREUVE DE THMEGREC

    tabli par par Mme Jocelyne PEIGNEY et Mme Claire POULLE

    Dix-huit candidats ont compos en thme grec la session de 2010 et la moyenne delpreuve est de 06,74. Elle est suprieure la moyenne de 2009 qui stablissait 06,45. Les notessur vingt schelonnent de 0,1 15,5 :

    de 0,1 1,9 : 4 copies

    de 02 04,9 : 2 copies

    de 05 06,9 : 4 copies

    de 07 09,9 : 2 copies

    de 10 11,9 : 4 copies

    15 : 1 copie

    15,5 : 1 copie

    Le texte de J.-J. Rousseau qui tait propos a permis un tiers des candidats dobtenir unenote gale ou suprieure 10 / 20. Nous soulignerons cette anne encore que les erreurs qui portentsur la morphologie, sur la syntaxe grecque classique ou sur lusage de la prose attique celles aussiqui pnalisent le plus les candidats sont parfois fort nombreuses, ce qui explique les notes trsfaibles.Une connaissance mal assure de la morphologie verbale se traduit par des tourderies (augmentomis lindicatif, ou au contraire indment ajout aux autres modes), par des barbarismes latroisime personne du pluriel de laoriste indicatif actif en , ou par des formes incorrectes departicipes au fminin pluriel. ces erreurs quun bon entranement doit permettre dliminer sajoutentcelles quamnent la mconnaissance de la convention du thme et lemploi de formes inusites enprose attique comme pour laoriste indicatif de -: les textes emploient pour laoriste etpour le parfait et .

    Il faut tout autant attirer de nouveau lattention sur la morphologie des pronoms : plusieurscopies ignorent que et sont les seules formes de gnitif pluriel employes tous lesgenres dans la dclinaison de ou de ; et lon doit redire que laccentuation dterminela valeur ou la nature du mot quand il sagit de ou de et par exemple. Il convient ensuite debien employer les adjectifs picnes (notamment les composs comme , ), et deserreurs se rencontrent toujours dans la dclinaison des noms, en particulier dans la dclinaisonathmatique, au datif pluriel. Le jury a apprci de voir correctement transcrits en , -,, -, , -, les noms propres Romulus, Caton, Lucrce (tous figuraient dans ledictionnaire Bailly, de mme que ), et correctement dclin , comme ; les

    constructions adoptes exigeaient soit laccusatif , soit le datif ; il ntait passouhaitable dutiliser ici une priphrase, mme quand elle tmoignait dune certaine culture comme , non plus que de dire plus loin la femme dont abusa Tarquin au lieu de

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    Lucrce.Il nest pas acceptable de conserver lnumration dlments juxtaposs pour ces exemples

    de la premire phrase : les diffrents couples doivent tre coordonns par et rpt, ou par ,ou mme encore par annonc ou non par plac selon lusage. Il ne convenait pas plus deconserver lordre qui ouvre le texte (Entrons) suivi sans coupure nette dun verbe au futur

    ( nous trouverons). Donner au contraire une premire phrase organise en subordonnehypothtique lventuel ( ou bien ) et double principale, ctaitmontrer quon sait combien la traduction doit se refuser au dcalque des structures du franais. Lesdeux systmes conditionnels du passage ( Si les femmes avaient eu ; les femmes auraient pudonner), lirrel du pass, demandaient videmment lemploi de laoriste de lindicatif dans

    lhypothtique et de laoriste indicatif accompagn de dans la principale. Les candidats, quiaffectionnent lemploi de linfinitif substantiv, oublient parfois que le groupe ainsi ouvert par un articleneutre au singulier doit tre intgr la phrase comme tout groupe nominal ou que la tournureobserve des rgles prcises pour la ngation (toujours ) et pour le cas du sujet. Enfin, sil est vraique le grec construit trs librement des groupes substantivs, il faut veiller autant leur fonction dansle membre de phrase o ils sont employs qu leur cohrence interne (un article pluriel avec linfinitif

    ou avec un adjectif neutre singulier ne donne pas de sens).

    Le texte ne prsentait pas de grandes difficults grammaticales, mais certaines formulesdemandaient une bonne comprhension de la langue de J.-J. Rousseau et un effort de transpositionrel. Toutes les traductions qui allaient dans ce sens ont bnfici au moins de lindulgence du jury.Le tout dbut entrer dans le dtail de la comparaison ne revient pas comparer avec acribie ;la difficult vient de lide mme du dtail de la comparaison (l. 1) : il sagit non de partiesdistingues dans une dmonstration mais dexemples concrets, et lobjet de la comparaison lesmrites dans lhistoire des femmes et des hommesnest pas exprim. On pourrait songer uneformule comme : . Il fallait

    rflchir ce qutait l honneur (l. 3) perdu de Lucrce pour recourir dans la traduction etaux apparents ou bien au passif d, mais non pas ou . Plusieurs fois larelative du franais dont lun se donna la mort pour la perte de sa libert, lautre pour celle de sonhonneur (l. 2-3) a t fort bien rendue avec un paralllisme , ( , noppose pas deux lments dfinis). Notons que deux participes circonstanciels au passif accordsaux deux sujets exprimeraient parfaitement la cause du suicide : , (ou ) Lide du caractre illustre (, voire ) tait retenirpour les plus grands hommes (l. 4) autant que celle de la puissance rendue par . Trouver et voir (l. 4 ; l. 5) se traduisent par (avec participe) et, si lon veut, - (avec participe)et non par des verbes qui signifient penser, estimer, montrer . Pour traduire tous les genres devertus civiles et morales (l. 6), on pouvait proposer, dans la seconde principale de la premire

    phrase : [] (voir Thucydide I, 83, 98, 109, III, 81) . Avoirautant de part que nous (l. 7) peut se rendre en recourant + gn. Lagrandeur de courage (l. 8, et non la grandeur du courage) dsigne la fermet dme et est unsynonyme de magnanimit au sens ancien (voir Montaigne, Lettre I ; Essais, I, 30 ; III, 1). Si convient donc trs bien, , appliqu aux femmes, comme le fait Sophocle (lectre,v. 983), traduirait ici l hrosme (l. 8), en cho employ plus haut pour les hrones (l. 4) au lieu de ou de , dj. Le comparatif [pousser] plus loin (l. 8) rendmalais lemploi de + gn. ( + gn. signifierait plus loin que), et lon peutassez simplement dire parvenir un plus haut degr de en jouant des valeurs de .- implique plus la russite que la chance offerte alors que limpersonnel + dat.dsigne ce qui choit quelquun , soit ventuellement le bonheur quon a de faire quelquechose (l. 9). Cest la syntaxe laquelle il fallait prendre garde en traduisant Il sen faut bien quon en

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    puisse dire autant (l. 11-12) : ne peut tre directement construit avec ou unverbe pouvoir : le grec demande une tournure personnelle (mais , avec un impersonnel, est bien sr possible, cf. Platon, Protagoras, 341d). Dans laquestion des lignes 12-14, les listes de rois ( ou ), sur le modle des listesdarchontes, rpondent aux tables chronologiques , et la fin pouvait tre ainsi transpose :

    (ou ) (ou ), (ou ,cf. Thucydide, V, 20) . Lincise Je le rpte (l. 14) lattaque de la phrase revient uneprincipale en grec ; on trouve ainsi une construction correcte : ' accompagn dun complment au gnitif pour indiquer le point de rfrence dans le raisonnementtraduisait la formule toutes proportions gardes (l. 14). Enfin, rendre avec leur libert (l. 16-17)par + gn. dans lexpression si notre injustice ne leur et ravi avec leur libert toutes lesoccasions est videmment fautif.

    Comme chaque anne, nous conclurons en rappelant les exigences de lexercice. Il rclameune connaissance de la langue grecque classique suffisamment assure pour que les candidatsretrouvent et manient des formules courantes la fois mieux connues deux et figurant chez lesauteurs ; il rclame aussi une volont vritable de traduire le texte propos en le lisant bien, dunepart, en noubliant pas les dcalages qui sparent le grec du franais, dautre part. Nous avons trouvlune et lautre dans les copies assez souvent pour que ce soit un encouragement rel donn tousceux qui se prparent lpreuve de thme grec.

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    COMPOSITION PRINCIPALEOPTION A : FRANAIS ANCIEN ET MODERNEOPTION B : GREC ET LATIN

    Dure : 4,5 heures

    Lusage de tout ouvrage de rfrence, de tout dictionnaire et de tout matriel lectronique est rigoureusement interd it.

    Dans le cas o un(e) candidat(e) repre ce qui lui semble tre une erreur dnonc, il (elle) le signale trs lisiblement sur sacopie, propose la correction et poursuit lpreuve en consquence.De mme, si cela vous conduit formuler une ou plusieurs hypothses, il vous est demand de la (ou les) mentionnerexplicitement.NB: Hormis len-tte dtachable, la copie que vous rendrez ne devra, conformment au principe danonymat,

    comporter aucun signe distinctif, tel que nom, signature, origine, etc. Si le travail qui vous est demand comporte

    notamment la rdaction dun projet ou dune note, vous devrez imprativement vous abstenir de signer ou de

    lidentifier.

    Option A :I Ancien franais

    TEXTE

    2681 Devant lui vint* en mi la cort,2682 et li rois Lac aprs li cort ;2683 chevalier corent qui mialz mialz :2684 il ni remaint juenes ne chauz,2685 naille savoir et demander2686 sil an voldra nul dax mener;2687 chascun san porofre et presante,2688 mes il lor jure et acreante2689 quil nan manra ja conpaignon,2690 se sa fame solemant non.2691 Ensi dit quil en ira seus ;

    2692 molt an est li rois angoisseus :2693 Biax filz, fet il, que viax tu fere ?2694 Moi doiz tu dire ton afere,2695 ne me doiz nule rien celer ;2696 di moi quel part tu viax aler,

    * le sujet du verbe est Enide

    2697 que, por rien nule que te die,2698 ne viax que an ta conpaignie2699 escuiers ne chevaliers aille.2700 Se tu as anprise bataille2701 seul a seul contre un chevalier,2702 por ce ne doiz tu pas lessier2703 que tu nan mainz une partie,2704 por solaz et por conpaignie,2705 de tes chevaliers avoec toi :2706 ne doit seus aler filz de roi.2707 Biax filz, fai chargier tes somiers,

    2708 et mainne de tes chevaliers2709 .XXX. ou .XL., ou plus ancor ;2710 si fai porter argent et or,2711 et quanquil covient a prodome.

    (Chrtien de Troyes, Erec et Enide, d. M. RoquesChampion, vv.2681-2711)

    QUESTIONS

    1- Traduire le texte en franais moderne (4 points).

    2- Phontique (4 points) :

    Etudier, depuis le latin jusquau franais moderne, lvolution de lessier (v. 2702, latin : laxare) et demainne(v. 2708, latin : *mina) .

    3- Morphologie (4 points) :Dcrire la formation et lvolution du paradigme de doit (v. 2706), depuis les origines jusquau franaismoderne.

    4- Syntaxe (4 points) :Les pronoms personnels rgimes (sauf anet i) dans tout le passage.

    5- Vocabulaire (4 points) :Etudier dans une perspective diachronique et synchronique escuier(v. 2699) et covenir(covient, v. 2692).

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    COMPOSITION PRINCIPALE

    Option A

    I

    RAPPORT SUR LPREUVE DANCIEN FRANAIS

    tabli par M. Roger BELLON

    Sujet :Texte : Erec et Enide, vv.2681-2711)1) Traduction.2) Phontique : lessier(latin : laxare) et de mainne(latin : *mina).3) Morphologie : Formation et volution du paradigme de doit.4) Syntaxe : Les pronoms personnels rgimes (sauf anet i) dans tout le passage.5)Vocabulaire : escuieret covient.

    Commentaire de la session :

    Cette anne, 4 candidats ont remis une copie au titre de loption A, proportion assezimportante compte tenu du nombre de candidats au concours 2010, plus importante en tout cas quelanne prcdente : 5 candidats sur 22 en 2009 (soit 23,72 %) et 4 candidats sur 18 en 2010(28,58 %).

    Les notes obtenues en ancien franais sont : 3 : 8,5 ; 9,5 et 12. Le jury se flicite que cesrsultats aient permis aux 2 candidats dont la note est suprieure 9 dtre admissibles car lpreuveavait t prpare avec srieux. La copie note 3 se limite une traduction moyenne, le restenayant dvidence pas t prpar, et la copie note 8,5 offre la meilleure traduction (quelquesmaladresses, mais aucune erreur grave), nanmoins il est manifeste que le temps a manqu, et celaest fcheux, pour traiter les autres questions ! Cest donc loccasion de rappeler aux candidats quecest un point essentiel et que la matrise de temps ne peut tre acquise que par les exercices en

    temps limit.

    Recommandations gnrales sur les preuves des deux options

    Pralable : Comme les annes prcdentes, le jury attire lattention des candidats des deuxoptions A et B sur lintrt quils ont lire les deux rapports (composition principale et compositioncomplmentaire), qui sont envisager en complmentarit : afin dviter les redites, commentaires etrecommandations ne sont pas rpts. Pour nuancer, on ajoutera que la perspective des sujets nestcependant pas exactement similaire, les questions poses aux candidats de loption A imposant untraitement approfondi. Enfin, il convient de le rappeler ici, le rapport du jury na pas pour objectif defournir aux candidats un corrig-modle complet du sujet propos ; il sagit plutt de dresser le bilancritique de ce qui a t lu dans les copies corriges et aussi de formuler clairement les attentes du jury lintention des candidats de la session venir.

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    1) Le cadre de lpreuveIl est stable puisque les candidats sont invits traiter cinq questions :a) Traduction : le jury rappelle que si en gnral lensemble du passage propos est

    traduire, il est galement envisageable que lexercice ne porte que sur un extrait de ce passage. Ilimporte, dans cette question comme dans les suivantes, de lire attentivement le libell afin de ne pas

    perdre un temps prcieux.b) Phontique : Etude de lhistoire phontique dun mot (option B) ou de deux mots (option A)

    pris dans le texte. Les tymons, donns dans le sujet en 2010 pour les deux options, ne sont passystmatiquement indiqus.

    c) Morphologie : tude en diachronie de la formation et de lvolution dun paradigme courant(nominal, adjectival, verbal ou pronominal) ; ici encore ltymon peut apparatre dans le sujet, sansque ce soit une obligation.

    d) Syntaxe : souvent, comme en 2008 et 2009, les candidats ont eu traiter une question desynthse conduisant tudier un corpus doccurrences releves dans la totalit ou dans un extrait dutexte. A cette question peuvent sadjoindre, comme ce fut le cas lors des sessions 2007 et 2006 duconcours pour les options A et en 2009 pour les options B, une ou deux questions ponctuelles, portantsur une tournure, un syntagme ou une phrase particulirement intressants. Il est galementenvisageable que la question de syntaxe ne porte sur ltude que de points particuliers. Les questionsne sont pas forcment lies entre elles.

    e) Vocabulaire : tude de lhistoire smantique dun mot (option B) ou de deux mots (optionA), choisis dans lextrait traduire. Le nombre des termes proposs peut tre accru, par exemple pouraborder un champ notionnel. Les tymons ne sont jamais donns.

    Le jury nimpose pas que les rponses suivent lordre du sujet, mais il demande que lanumrotation des questions soit respecte et clairement indique dans la copie ; il dconseillefortement le traitement clat dune unique question (un mot de phontique la suite de la traduction, lautre entre un peu de morphologie et un peu de vocabulaire par exemple). Cette pratique prive en

    effet le dveloppement de toute continuit. Elle interdit en outre au candidat de procder par renvoisynthtique des commentaires prcdemment noncs, ce qui contraint des rptitions et donc une perte de temps. De surcrot, travailler dans un premier temps la traduction vite de grossireserreurs dans les rponses suivantes.

    Ainsi conue, lpreuve dancien franais peut tre fort gratifiante pour les candidats qui ontaccompli un travail rgulier de prparation, seul moyen pour les futurs agrgs de grammairedaccder la connaissance des tats de langue du Moyen Age, et donc seule voie pour apprhenderlhistoire de la langue franaise dans son ensemble.

    2) Quelques principes de notationEn 2010, chacune des questions a t note sur 4, comme lindiquait le barme. Cette

    rpartition des points nest pas immuable. Comme le sujet est un ensemble, conu pour tre traitdans le temps imparti, le traitement de certaines questions peut requrir moins de temps que celuincessaire pour dautres questions. Il appartient au candidat de faire preuve de jugement et de savoir

    discerner rapidement, pour sy consacrer, les points les plus intressants. Les correcteurs attirentlattention sur le fait quune question qui parat brve peut ncessiter un traitement approfondi.

    La note globale sobtient par addition des notes partielles; cest dire combien il importe de nedlaisser aucun des domaines dinterrogation, mme si on a fait le choix den privilgier certains. Il vade soi que, si la seule question note par soustraction est la traduction, nous sanctionnonsngativement les erreurs grossires dorthographe, comme, par exemple la courtau premier vers oules chevaux de somes, v.2707 ! Lexigence dune relecture srieuse et attentive nous parat, pour unconcours du niveau de lagrgation, devoir tre acquise et la qualit de la rdaction en une languefranaise correcte et lgante est bien entendu directement prise en compte.

    Le jury attend des explications claires et fermes, sans imposer aucune thorie ni aucune cole

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    - le recours au simple calque : ni jeune ni chauve(2684) ne convient pas ! On pouvait resterproche de loriginal en traduisant tous sans exception, jeunes et vieux;

    - la limite entre traduction et adaptation : le vers 2704 ne pouvait tre traduit par pourlagrment et la compagnie! La bonne formule est venue dune copie : pour te divertir et constituer tonescorte;

    - des erreurs sur les bases de lancien franais : traduire biax filz(2693) par beau doux filsconstitue une mconnaissance grave du vocabulaire de lancien franais ; de mme les erreursdidentification morphologique se payent comptant pour le subjonctif de dieet limpratif de fai!

    -les termes dlicats : lemploi de escuiers (2699) proximit de chevaliers oriente lacomprhension vers le sens spcifique jeune noble non encore adoub chevalier et effectuant unservice dapprentissage la cour dun roi et la traduction par jeune noble rendait le mieux cettevaleur ; nanmoins cuyer a t accept avec sa valeur historique de jeune combattant ; pourprodome (2711), prudhomme et gentilhomme ne conviennent pas, le premier parce quarchaquedans ce sens, le second parce quhistoriquement dcal ; homme de valeur constitue la meilleureformule.

    Les quatre copies corriges ont propos une bonne et mme parfois pour lune delles unetrs bonne traduction, preuve que les exhortations des rapports prcdents ont t entendues ! Lescandidats savent maintenant que les correcteurs, parfois, peuvent tmoigner leur satisfaction enattribuant un bonus, qui rcompense une traduction particulirement prcise et lgante ou lareconnaissance dun fait de langue peu frquent.

    B- Phontique :Il convient de rappeler ici les points de mthode : il faut tout dabord transcrire ltymon en

    alphabet phontique (Bourciez, Bourciez avec adaptation G. Zink ou API, au choix), ensuite fairefigurer sur cet tymon laccent tonique ainsi que (chaque fois que cest possible) la quantit desvoyelles et enfin retracer lhistoire du mot de manire chronologique. chaque tape, il est

    indispensable de nommer le (les) phnomne(s) essentiel(s) et de le (les) dcrire rapidement, lasimple numration des formes relies par le signe > tant tout fait insuffisante ! La chronologierelative doit tre scrupuleusement respecte et les dates des principales transformations desphonmes depuis le latin jusqu lancien franais doivent galement tre connues, mais le jury admettoutes les datations proposes par les diffrents manuels utiliss par les candidats, condition que lachronologie relative soit scrupuleusement respecte. Lvolution doit tre poursuivie au-del delancien franais jusqu la forme actuelle du mot et partir de lancien franais chaque tape delvolution doit comprendre un commentaire dtaill des graphies, celui du texte dtude mais aussicelles des autres graphies attestes.

    1) A titre dexemple, traitement du premier mot :Transcription : laxare, [laksre] > AF lessier[lsy r] > FM laisser[l s ] ;

    - en latin classique, linfinitif prsent laxare est un mot de trois syllabes dans lequel legraphme xtranscrit la suite phonique [ks] ; le [a] de la syllabe pnultime libre tant long, la syllabe-xa- est longue et sa voyelle porte laccent ;

    - Au IIIe s., le [k] en position implosive devant [s] se spirantise en [c] et la consonne dentalelattire jusqu yod ( yod-consonne ) ; au contact de ce yod, la sifflante se palatalise lgrement en[s] : [laysre] ;

    - Dans la seconde moiti du Ve s., le [] tonique libre prcde de la consonne palatalise [s]subit linfluence fermante de la consonne palatalise qui prcde (phnomne appel loi de Bartsch, trs bien expliqu dans Phontique historique du franaisde G. Zink, p.115-16) : il se ferme dabordde 2 degrs en [ ] ferm qui, sous laccent, se ferme dans la premire partie de sa tenue, do unediphtongaison en [ ] : [lays re] ;

    - Au VIIes., la voyelle finale samut : [lays r] ;

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    - Au Xe s., se produit la dpalatalisation : la semi-palatale [s] perd sa palatalit et revient [s], tandis que le yod (yod consonne) se vocalise en un [ ] diphtongal qui forme avec la voyelle initialeune diphtongue de coalescence [a ] : [la s r] ;

    - Au dbut du XIIes., linfluence du [ ] se fait sentir dans la diphtongue initiale (non tonique)sur le premier lment qui se ferme dun degr, do le passage de la diphtongue [ ] ; linfluence

    analogique de lvolution de cette diphtongue en position accentue entrane ensuite la monophtongaison en [] : [ls r] : trois graphies se rencontrent alors : lessier, leissier ou laissier, lapremire tant qualifie de phontique et les deux autres tant analyses comme refltant unstade phontique antrieur.

    - Dans la deuxime moiti du XIIes., se produit la bascule de laccent dans la syllabeaccentue : laccent se dplace vers llment le plus ouvert de la diphtongue : [ ] > [i ], et le premierlment de la diphtongue, devenu atone, volue en la semi-consonne correspondante [y] : [i ] > [y ] :[lsy r] ;

    - Au cours du XIIIe s., le yod a tendance disparatre : [ls(y) r], par analogie avec les verbesmangier ou cherchier o leffacement du yod est dorigine phontique aprs [ ], [ ], [ ] et [ ]; lesgraphies lessier, leissier ou laissier persistent jusquau MF, concurrences par lesser, leisser oulaisser;

    - En MF le yod samut dfinitivement : [les r], on rencontre sporadiquement des formeslaissier jusquau XVIIe sicle, mais la graphie laisser simpose : dans le grand mouvement derelatinisation des graphies, le digramme airappelle la voyelle radicale ade ltymon latin ;

    - au XVe s., le [r] final ne se fait plus entendre, sauf pour les monosyllabes : [ ls (r)] ; ce [r]final sera rtabli, la demande des grammairiens, plus tard, au cours du XVIIe s., avec sa nouvellearticulation dorso-vlaire [R], pour toutes les formes dinfinitif sauf prcisment pour les formes en -erpour lesquelles il nest rtabli quen cas de liaison trs troite.

    2) pour le second mot (mainne) je me contenterai de remarques sur ce qui a pos problme

    aux candidats :- les tapes de la nasalisation de la voyelle tonique [ ] (en latin vulgaireen toute position >[ ]) doivent tre et sont gnralement connues : au VIes. la prsence de la consonne nasale nexerceaucune influence sur le processus de la segmentation spontane de [ ] en [ ], au Xes., le secondlment de la diphtongue se nasalise prmaturment au contact de la consonne nasale qui suit(phnomne danticipation articulatoire) : [ ] > [] puis au XIes., la nasalisation gagne le premierlment de la diphtongue qui est ainsi entirement nasalise : [] > [ ] : [m n ] ; cest la formephontique du moment dans notre texte. Les deux tapes suivantes (simplification de la diphtonguepar perte de son lment atone, puis ouverture de la voyelle nasalise) sont de faon unanime datesdu XIIIes. pour la langue populaire et cette prononciation [m n ] ne sera adopte par la languesavante (qui exerce un freinage conservateur) quau cours du XVIe sicle.

    - le phnomne dit dallgement de nasalit (phnomne appel parfois de faon improprednasalisation) est bien dat (dbut du XVIIes.) mais il est bien souvent mal analys : dans le groupeconstitu par une voyelle nasalise et une consonne nasale, lallgement se fait en fonction de la

    position de la consonne nasale : si cette dernire est en position implosive ou finale (cest le cas dans[fr n] < frnum, elle sefface mais elle est conserve dans la graphie comme marque visuelle de lanasalisation : [fR ], graphie frein; dans ce cas on ne peut pas parler de dnasalisation, ou alorsseulement de dnasalisation partielle du groupe ; si la consonne nasale est en position explosive(ici devant le e final qui devient caduc cette poque, mais sert indiquer clairement que la consonneprcdente est prononce), elle se maintient et la voyelle nasale est dnasalise : elle passe lavoyelle orale correspondante [ ] : [m n], graphie mne.

    - lanalyse de la graphie mainnepour [m ne] est souvent inaboutie ; ce nest pas une graphierefltant le stade phontique de la fin du XII es., stade antrieur la monophtongaison (cette graphiephontique meinnenest pas atteste dans Erec), cest une graphie dchange, emprunte des mots

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    comme main, dont ltymon latin (manum) comportait une voyelle [a] suivie dune consonne nasale :ce mot volue rgulirement en [man] au XIes. puis au XIIes. en [m n], par fermeture du premierlment de la diphtongue (influence du second lment trs ferm), la graphie restant main, graphiequi reflte le stade phontique antrieur ; on a donc lpoque du texte (avant la simplification de ladiphtongue nasalise) une seule diphtongue nasalise [ ] ayant deux origines diffrentes et deux

    graphies tymologiques diffrentes : face main [m n], tymon manum, on a plain [pl n], tymonplenum; il se produit alors des changes de graphie (on parle aussi de graphie rapporte ouemprunte) et on rencontre frquemment meinet frain; ainsi plainepeut tre la graphie pour la formeissue rgulirement de plenam ( remplie ) et pour la forme issue de planam ( qui est plat ou qui est dcouvert, non bois ) ; ici nous avons donc la graphie emprunte mainnepour [m ] ;ds le moyen franais les graphies conformes ltymologie prvaudront et de ces changes il nerestera que terrain(< terrenum).

    - il ne faut pas oublier dexpliquer le redoublement graphique de la consonne nasale dansmainne: il sagit dune faon originale pour les scribes de noter la nasalisation de la diphtongue [ ] :le premier n est indice de nasalisation, le second note la consonne nasale, comme cela apparat dansainment (1518) o on distingue clairement le trigramme ain pour noter la diphtongue nasale et legraphme simple mpour la consonne nasale !

    - il faut galement analyser la graphie du FM mneet la replacer dans le cadre plus large delalternance vocalique / (en franais standard) pour les verbes comportant un e caduc dans la basenon accentue ; aprs hsitations et tentatives diverses, le franais classique a utilis soit lalternancee accentu / e simple (mne / menons) soit le redoublemenbt de la consonne (il appelle / nousappelons) : la graphie mnene comporte donc plus aucune trace de la dipthongue mdivale, ladiffrence de pleineou aime.

    Les candidats doivent savoir que lanalyse des graphies nest pas une tape facultative, cestune obligation pour toute tude phontique ; la plupart des candidats lont bien compris et certainsdonnent aux correcteurs loccasion de lire de fines analyses des graphies mdivales, source de

    bonus au moment de lvaluation finale de la copie !

    C- Morphologie :Les candidats devaient travailler sur un sujet classique, mais les copies pchent le plus

    souvent par insuffisance de mthode dans la prsentation des rsultats de leurs analyses : il fautcombiner un cadre chronologique strict et une analyse non pas fragmente forme par forme, maisarticule sur la distinction essentielle entre base et dsinences ; les changements phontiques doiventtre indiqus, mais ils ne doivent pas constituer laxe directeur de lexpos ni lessentiel de ltude ; partir de lancien franais il faut toujours soigneusement oprer deux distinctions essentielles : dabordentre les changements phontiques rguliers et les changements dus une rfection analogique,ensuite entre les changements phontiques et les changements graphiques.

    En guise dintroduction il est indispensable didentifier la forme, de donner le paradigmeauquel elle appartient et den faire lanalyse : doiest la P1 du prsent de lindicatif de devoir; il sagitdun verbe du groupe 3 (donc sans -e en P2 et 3), trois bases et le paradigme est :

    - doi analyser en doi- - dois doi(v) -s- doit doi(v) - t- devons dev-ns- devez dev-e- doivent doiv -e-ntLanalyse oppose personnes fortes (P1, P2, P3, P6) et personnes faibles (P4, P5), dans

    lesquelles laccent porte, hors de la base, sur le morphme de personne; do une base atone B1 etune base tonique B2. P1 prsente une base spcifique B3, non phontique.

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    I) Le paradigme en latinA) en latin classique :Pour commencer , on pouvait rappeler le paradigme latin du prsent de lindicatif de db re:d bo, d bes, dbet, db mus, db tis, d bentOn constate la mobilit de laccent : il frappe la voyelle radicale en P1, P2, P3 et P6 et la

    voyelle de la dsinence en P4 et P5.

    B) en latin vulgaire :il faut distinguer les volutions rgulires (la voyelle du LC > en position tonique

    comme en position initiale) et un changement la P1 d linfluence analogique dehbo: danscette forme leyod issu de la vocalisation du []en position atone et en hiatus assimile, en raison delusure de la forme demploi frquent, la consonne labiale qui prcde et on a alors la forme [yyo] ; ona donc en LV pour la P1 [ ], ce qui constitue une rupture de lunit du paradigme.

    II) Du latin classique lancien francais :La structure accentuelle mixte a perdur et sest maintenue en ancien franais. Elle est

    phontiquement lorigine de lopposition entre les trois bases du verbe et de leur rpartition :A) les bases :

    1) aux P2, 3, et 6 (Base Forte), le [ ] accentu en syllabe libre sest normalementdiphtongu en [ ] au VIes. : sil nest pas ncessaire de donner tout le dtail de la segmentationspontane, en revanche il faut donner la forme phontique et la forme graphique de lpoque dutexte : [w ], graphie oi;le [b] intervocalique volu rgulirement en []puis[] > [v] ; cette consonnefinale de radical sest conserve devant voyelle (P6) et sest amue lorquelle tait implosive devantconsonne (P2, 3) ; on a donc une premire base forte [dw ], graphie doi(v)-;

    2) la P1 (seconde Base Forte), sous laccent et en contact avec un yod, le [ ] formeavec la voyelle [i] issue de la vocalisation de ce yod une diphtongue de coalescence [ ] qui volue

    comme la diphtongue cre par segmentation spontane : on a donc en P1 lpoque du texte [dw ],graphie doi; mais il nest pas exact de dire quil sagit de la mme base (Base Forte) quaux P2, 3, et6 : dans ce cas on aurait la forme *doif, jamais atteste dans les textes !

    3) aux P4 et 5 (base faible), le [ ] atone sest maintenu et la bilabiale sonoreintervocalique [b] a volu en [v] comme aux P2, 3 et 6 : [ -], graphie dev-.

    B) les dsinences :1) aux formes fortes :

    a) En P1, le [o] final a disparu au VIIe sicle.b) En P2 et P3, le [e] final du latin sest galement amu ; derrire voyelle, les consonnes -set

    -t, hrites du latin, se maintiennent phontiquement et graphiquement jusquau XIIIesicle, dautant

    plus quelles fonctionnent comme des morphogrammes valeur distinctive.c) En P6, le morphme -ent[- ]ne peut, de mme, sexpliquer phontiquement partir de la

    dsinence latine -ent: la voyelle (autre que a) aurait d samur; il est d lextension analogique delaboutissement phontique de -antou/et au souci dviter une suite de consonnes.

    2) aux formes faibles :En P4 et 5, les morphmes -onset -ezne peuvent sexpliquer phontiquement partir des

    dsinences latines - mus et - tis : il ny a pas daboutissement phontique de -emus reprsent enancien franais et celui de -etisen -eizpuis -oizest limit aux dialectes de lest pour le prsent delindicatif; -ons [- ] et -ez [- ] sont ici dus une extension analogique opre partir desaboutissements respectifs de -amuset de -atis(dsinences attaches lindicatif prsent des verbesen -are, ou relevant du subjonctif prsent des autres verbes) gnraliss presque ds les premierstextes comme marques de ces personnes 4 et 5.

  • 8/8/2019 agregextgram_158366

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    III) de lancien franais au franais moderne :

    A) les bases :Lopposition des deux bases, forte et faible, sest maintenue pour le verbe devoir en raison

    sans doute de sa frquence ; on a donc en FM une Base Forte [dw(v)], graphie doi(v)-et une basefaible [dv-], graphie dev-; il nest pas indispensable de noter dans le dtail les volutionsphontiques rgulires.

    B) les dsinences :1) lextension, purement graphique, de -scomme marque de personne (en distrib