A. k- L'Idée de Progrès Chez Kant
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L'idée de progrès chez KantAuthor(s): Alexis PhilonenkoSource: Revue de Métaphysique et de Morale, 79e Année, No. 4 (Octobre-Décembre 1974), pp.433-456Published by: Presses Universitaires de France
Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40901538 .
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Revue
de
Métaphysique
et
de
Morale
L'idée de
progrès
chez
Kant
La
notion de
progrès
chez
Kant
est
particulièrement
edoutable
à
aborder.
D'une
part
Kant
n'a
jamais
rédigé
un texteconcernant
'idée de
progrès
ous
tous es
aspects
épistémologique,
ociologique,
édagogique,
religieux,
olitique
et
la
notion
de
progrès
i
présente
dans
son
œuvre
reste
en
quelque
sorte à
l'état
dispersé.
Il
faut
donc,
pour
en
traiter,
collationneresdifférentsassageset esrelier u sein
d'une
nterprétation1.
On court
donc sans cesse
e
danger
de
dépasser
a
pensée
de Kant. L'unité
entre
es
différents
extes
ne
peut
s'accomplir
que
sous
la
sauvegarde
de
principes
ue
Kant
n'aurait
peut-être
as
reçus
dans
a
systématique
rans-
cendantale.
A
cette
première
ifficultévidente
'en
joint
une seconde
l'idée
de
progrès
évolué
dans la
pensée
kantienne.Ainsi
es
thèses
pro-
posées
dans
l'article
essentiel
ur Vidée
d'une
histoire
niverselle
u
point
de
vue
cosmopolitique
e
sont
plus
reçues
au
niveau
du
Projet
de
paix
perpétuelle.
ette
évolution
n'est
au
demeurant
as
absolue
: le
point
de
vue
de
1784,
par exemple,
éliminéen 1793
et
en
1795
se
retrouve
dans
Le Conflit es facultés e 1798. C'est donc à un effort articulièrement
pénible
que
nous sommes
nvités
en
cherchant
comprendre
'idée de
progrès
hez Kant.
I
Nous
pouvons
tenter
de
nous
frayer
ne voie
vers
a
compréhension
e
cette
dée
en
exposant
out
d'abord ce
que
le
progrès
'est
pas
chez
Kant.
Outre
es
différents
spects
de
la
notion de
progrès
précités,
savoir
es
1. Nous
n'examinerons
as
ici
le
rapport omplexe
du
progrès
t de la
religion.
Disons
implementue
comme
ans
a Doctrine
u
droit
ant
substitue
la révolution
la réforme.♦
Ce
n°
spécial
sur
Kant,
à l'occasion
du
250e
anniversaire e
sa
naissance,
era
suivi
d'un
second
numéro
pécial
1975
I
contenant
es
articles
de
J.
E.
Schlanger,
O.
Reboul,
A.
Murait,
. P.
Druet,
F.
Marty
t
d'un troisième
uméro
pécial
1975
II
contenant
es articles
e
F.
Alquié,
J.
Brun,
P.
Aubenque
t
Kintzler.
433
Revue
de
Méta.
-
N°
4,
1974.
28
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Alexis
Philonenko
aspects
épistémologique,
ociologique, édagogique,
religieux
t
politique,
on peut envisagertrois autres aspects du progrèshumain : l'aspect
linguistique, 'aspect
biologique, 'aspect technique.
Or
à
ces
trois
points
de vue
il
n'y
a
pas
réellement e
progrès
elon
Kant.
Considérons
out
d'abord
la
philosophie
du
langage.
En
dépit
du
fait
que
Herder,
dont
on
connaît
bien es
productions
éniales
en ce
domaine,
ait
été
un élève de
Kant,
nous
devons constater
qu'il
n'existe
aucune
Sprachphilosophie
ans la
pensée
de l'auteur de
la
Critique
de
la
raison
pure
1.
Tandis
que
chez un Rousseau
l'interrogation
ur
e
langage
est,
comme 'a
si
bien montré
Jean
Starobinski,
our
ainsi
dire
e
thermomètre
de la
perfection
umaine
et de la décadence
humaine,
non seulement
Kant n'a jamais rédigéaucun écrit comparable à ceux du philosophe
genevois,
mais
encore
l se
contente
e
fairedu
langage
une des
présuppo-
sitions
ondamentales
u
progrès,
ans
amais
chercher
établir
e devenir
immanent
de cette
présupposition.
'est
ainsi
que
dans
les
Conjectures
sur
les
débuts e
Vhumanité
n
peut
lire
que
le
premier
homme
avait
se
tenir
debout,
parler
et
penser
et
Kant
de citer
la
Bible.
Cela
signifie
clairement
u'on
ne
fera
pas
intervenir
a
notion
de
langage
pour
mesurer
de
façon
sérieuse
e
progrès
de l'homme.
S'agit-il
d'un
refus de toute
spéculation
sur
le
langage,
Kant estimant
par trop
transcendantes
es
recherches e
Condillac
et
de
Rousseau
? Est-ce
tout
au contraire 'affir-
mation
que
le
langage
n'intervient
ratiquement
pas
dans le
progrès
humain
? Les deux
thèses
peuvent
être soutenues
et
l'on
peut
poser
la
question
de savoir
si
agissant
ainsi
Kant ne s'est
pas
fermé
une
porte
décisive
pour
la
compréhension
u
progrès
humain.
Quoi qu'il
en soit le
fait
est
là.
Et tout ce
que
Kant
a dit du
langage
comme
moteur t
aspect
du
progrès
e situe dans
ses
considérations
ur
es
langages
nationaux
et
sur
es
mœurs. C'est
ainsi,
par
exemple, qu'en
France,
la
femme
donne
«
le
ton
»
de la
conversation
t
par
à
même ntroduit
n
esprit
de
politesse
qui,
dans
une certaine
mesure,
contribue
au raffinement
e
la société.
C'estbanal et c'est
bien
peu.
CertesKant
ne
se
perdpas
dans
un
éloge
de
la
langue
allemande dénué de mesurecomme e feraà certains
égards
Fichte
et
il demeure
fidèle la tradition
philosophique
de
l'intelligibilité
par
opposition
ux
courants
ui
animent
e Dichter
néanmoins
on
silence
est
un
point
regrettable.
Kant
refuse
nsuite
très clairement
'idée
d'un
progrès
iologique.
Un
manuscrit
ans
doute
nédit onservé la
fondation
odmer
de Genève
Âdickes
recognovit
et
que
le
Doyen
B.
Gajnebin
nous
a
permis
de
consulter,
st
formel
ur ce
point.
Ce
texte
-
qui
dans
son
ensemble st
délicat
à
lire
s'intitule
Worin
besteht
as Fortschreiten
um
Besseren m
1.
Le
P.
Marty
dans
une
remarquable
hèse
sur V
Analogie
hez Kant
découvre
cependant
ne
philosophie
u
langage
n
examinant
a
Critique
e la
faculté
e
uger,
mais
on ne
peut
dégager
e cette
philosophie
ucuneconclusion
our
e
problème
u
progrès.
434
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Videe
de
pro
rès
hez
Kant
Menschengesctlecht.
itons
e
début
e
ce texte
ui
est
relativement
lair1
« Die Aussicht ann ntweder ieseyn2 asses immer essereMenschen
geben
der
die
Menschen
s
(in
ihrem hun
und
Lassen)
mmer
essere
machen
werden.
n
Ansehung
es
ersteren
ortschreitens
n
welchem
ie
Natur
neue
und
bessere
Racen
ntwickeln
der urch usammenschmelt-
zung zweyer ervorbringen
ürde,
st
wohl nicht
u
hoffen,
eil die
Natur
hre
dem
Bodenund
Clima
ngemessene
ormen
ängst
rschöpft
hat
und die
Bastarter
eugungen,
um
Beispiel
er
amerikanischen
it
der
uropaischen
der
Durser8mit
er chwazen ace die
gutedegradiert
haben
hne
die
schlechtere
roportionnlich
u
heben daher er Gouver-
neur
onMexico
em
Befehl es
spanischen
ofes
ieser.
ermischung
u
begünstigeneislichusgewichen4st. (a). Da also dass immer essere
Menschen
ebohren
erden
ollten,
mithin
ie Naturdes
Menschen
um
Fortschreiten
ollte
werden,
icht
u
erwarten
st,
o
kann
die
Frage
nur
moralisch
eye
.
b)
Kantn'a
amais
crit ntexte
ussi clair condamnant
le
progrès
iologique
t
c'est
pourquoi
n
dépit
e ses
mperfections
l nous
a
semblé on
de e citer.
Kant
repousse
ormellement
out
ugénisme.
n
peut
stimer,
l est
vrai,
omme
otre
mi Poliakov
e
fait,
ue
déclarant
que
le
gouverneur
e Mexico
sagementgi
en
interdisant
e
commerce
des
races,
t
en
affirmant
ue
a
question
u
progrès
'a
qu'un
ens
moral,
le
philosophe'a
vu
que l'aspectpositif
t non
'aspectnégatif e son
propos.
nterdiree métissage'est,
qu'on
le veuilleou non, uvrira
voie à ce
que
'on
a
osé
nommer
n
notre
iècle
l'idée
de
la
préservation
de
a race
et 'on
sait commentette
dée
a
été
et
est
encore
meurtrière.
Donc
nous sommes n droit
'affirmer
ue
dans
ce texte
uniquepar
sa
précision
ant n'a considéré
ue
l'aspectpositif
t
non
'aspectnégatif
le
racisme.On
peut
faire
outefois
ci une
remarque
mportante.
n
admettant
ue
Kant ait commis ne
grave
rreur,
n
peut
toutefois
e
défendren
ndiquant ue
si
ces
ignes
ont
ien
de
sa
main,
l
a
néanmoins
pris
a
précaution
e es
rayer
ur
e manuscrit
ar
trois
rands
raits erti-
caux.C'estdonc nepensée cartée.l demeureu'elle effleuréant.Maisen
quoi
consistaitu
juste
'aspect
ositif
Si nous herchonsbien 'ana-
lyser
ous
découvrirons
es
éléments
usceptibles
e
combattre
'impres-
sion
fâcheuse
ue
laisse
'aspect
négatif.
ant
parle
de
la
«
bonne
race
qui
a
été
dégradée
veut-il,
our
utant,
ire
u'il
y
a des
races
upérieures
aux autres Si
on
prend
es choses
bsolument
l
n'en est
rien
la race
indienne
'est
pas
inférieure
la
race
espagnole
en
admettant
ue
l'on
1. Nous
remercions .
Gueth,
conservateur
e la
bibliothèque
e
Colmar,
pour
l'aide
précieuse u'il
nous
a
apporté
pour
a
lecture
de
ce
manuscrit. a
traduction
des
passages
n
allemand
st donnée la
fin
e
l'article,
.
000.
z. un
peut
ire
aussi
«
seye
».
3.
Sous toute réserve.
4. un peut ire ussi «ausgewiesen.L,a uitedutexte st trèsdifficileutilisert
peut
aisément
tre
remplacée ar
d'autrestextes. Nous
pensons
que
ce
manuscrit
non
daté est
postérieur
la lecture
e
la
Jerusalem
e
Mendelssohn. ous
publierons
e
texte llemand
ntégral
insi
que
la
photocopie
u
manuscrit
uand
nous
en
aurons
l'occasion.
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Alexis Philonenko
puisseparler
de
race
espagnole
t mêmede
race
européenne1,
i
à
une
autre
race ; à direvrai l n'y a qu'une seuleracehumaine.Mais si Tonprend es
choses
relativement
l
n'en
est
plus
de même
chaque
variété
humaine
est mieux
adaptée
à
tel ou tel
climat,
telle
ou
telle
nourriture
le
noir
est
plus
apte
à
supporter
a
chaleur
que
le
blanc,
lui-même
plus
apte
à
supporter
e froid.
C'est là
quelque
chose
que
l'on
peut
dire
sans aucun
«
racisme
et
l'on
peut
même
préciser,
omme
e
fait
Kant,
que
la
nature
a
sagement
dapté
les
races
et
les données
cologiques.
Le
vrai
«
racisme
commence
orsque,
vec
Buffon,
n
porte
l'absolu
des
données
relatives
de
cela
Kant
s'est
toujours
gardé
et sa
condamnation
e
l'eugénisme rend
une
signification lus
correcte
t
à la
limite
dmissible.
Le
danger
néan-
moinssubsiste,Kant n'ayant pas assez nettement ejeté 'aspect négatif
et
pouvant
faire
croire
andis
qu'il
approuve
le
gouverneur
de
Mexico1
que
l'idée de
préservation
e
la
race
ne
lui
est
pas
étrangère.
Kant
dans
ce
manuscrit
éclare
que
le
progrès
e
peut
être
que
moral
et
pourtant
n'existe-t-il
as
aussi
un
progrès
technique,
auquel
il
fait
allusion
en
parlant
de
la culture
toujours
croissante
de la
disposition
technique,
de
la
Kunstfähigkeit
Le
problème
du
progrès
echnique
n'est
pourtant
as
fondamental
hez
Kant
et tout se
passe
comme
'il
n'y
avait
pas
là
un horizon
ssentiel.
Nous ne
connaissons
u'un
biais
pour
atteindre
la véritable
pensée
de
Kant
à ce
sujet
: il
convient
de
faire
bserver
u'il
n'appartientpas
véritablement l'ère industrielle t
qu'il
ne mesure
as
les
étonnantes
éussites
echniques
ui
de son
tempsdéjà
sonten
gestation.
Kant
en
dépit
de
ses
justes
analyses
de
la
Critique
de la raison
pure
n'a
pas
la
moindre
dée
de la
révolution onsidérable
ui
va
s'accomplir
dans
le
domaine
de
l'éclairage
et
de la
lumière un
autre
élément
emarquable
lui
échappe
il
ne voit
pas
le
progrès
ondamental
es
armes
feu
pendant
le
xviii6
siècle
et rien en ce
domaine
ne
paraît
l'avoir
intéressé.
i
nous
accomplissons
une revue
générale
des
progrès echniques,
nous
verrons
que
Kant
n'a
jamais,
si l'on ose
s'exprimer
insi,
accroché
un
point
vérita-
blement érieux.C'est l'hommedes manufacturest nonceluides usines.
Que
l'on recherche ans les écritsde Kant des
développements
étaillés
concernant
es
différentes achines
onnues
de son
temps
-
par
exemple
la machine
à
tisser
-
on reviendra
es
mains
vides.
Sans doute
dans
Théorie
t Praxis
il
y
a
bien
une
allusion
au
voyage
aérostatique
mais
d'une
part
cette llusion
est
un
véritable
ieu
commun
t
d'autre
part
Kant
est
avare de détails.
On
ne
trouvera
amais
quelque
chose
de
bien
consis-
tant
et la
définition
e
l'art
donnée
par
Kant dans la
Critique
e
la
faculté
déjuger
est de
peu
de
poids
en
dépit
de
la
remarquable
inesse
e ses
obser-
vations.
-
Est-ce à
dire
que
la
technique
est
absente
de la
réflexion
e
Kant ? Non,mais e progrès echniquedanstoutesa complexité 'estpas
présent.
Dans
les
Conjectures
ur les débutsde VhumanitéKant fixe e
1.
E.
Adigkes.
Kant als
Naturforscher,
d.
II,
ad
finem.
2.
Nous
ignorons
e nom de ce
personnage.
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Vidée
de
progrès
hez
Kant
moment
echnique
dans
le
progrès
de l'homme en décrivant
'acte
par
lequel l'hommedépouille e mouton de sa peau et s'en revêt. Cet acte
aux
yeux
du
philosopheenveloppe
'essence
de
toute
technique, puis-
qu'aussi
bien l'homme e
pose
comme
'être
dont
a nature
est le
moyen,
c'est-à-dire omme 'être
qui
est
le
centre
du
monde. La
technique
-
même
a
plus
rudimentaire
t
c'est
peut-être
a raison
pour
aquelle
Kant
a si
peu parlé
des
techniques omplexes
révèle 'être
raisonnable
lui-
même.
Il
devient un Moi
qui s'oppose
au
Non-Moi à
partir
de là
peu
importe
dans
la
thématique
du
progrès
es
actes
techniques complexes
ils ne
changent
ssurément
as
ce
rapport
ssentiel.
'est
très
ertainement
en
ces
termes
ue
Kant
a
pensé.
Mais
on voit
bien
qu'actuellement rendre
uniquement
n considératione
rapport
ssentiel st
opérer
une abstrac-
tion considérable.
On
n'entre
amais,
en
lisant
Kant,
dans
les
développe-
ments
caractéristiques
de notre
époque
:
par
exemple,
la
relation de
servitude
ui
peut
s'instaurer
ntre 'homme et
la
machine.
Mille
autres
aspects
du
travail
industriel e seront
pas
analysés.
Concluons
ette
première
émarche
n
posant
que pour
Kant,
e
progrès
ne
possède,
comme l
l'affirme,
u'un
sens
moral et
théorique.
Mais cela
dit,
e mot
«
moral
recouvre
ien des
aspects
qu'il
sera
difficile
e
concilier.
Il
Qui
dit
progrès
dit
aussi
temporalité
et
nous sommes
confrontés
ici à une
difficulté
rès sérieuse
dans la
pensée
de
Kant :
comment
once-
voir
une
autre
temporalité
dans
la
philosophie
ranscendantale
ue
la
temporalité
u
déterminisme Et
comment,
n
fonction e
cette
donnée
qui
conduit
directement
u caractère
ntelligible,
dmettreune
histoire
vécue
comme
un
progrès
u sein de
l'expérience
On
sait assez
quelles
difficultés
encontrèrentes
interprètes
e
Kant au
niveau
de La
Religion
dans les
limitesde
la
simple
raison.
Il
fallait,
pensait-on,
oncilier
deux
choses incompatibles d'une part l'affirmationu caractère intelligible
comme un
fait
immuable et
intemporel
d'autre
part,
puisque
Kant
admet
une conversion
métaphysique,
n
état
antérieur t un
état
postérieur
sans
lesquels
on
ne
peut
parler
de
conversion,
'est-à-dire n
réalité une
temporalité.
Léon
Brunschvicg
t
Jules
Lachelier
ont
buté sur
cette
difficultét les
conséquences
u'ils
en
ont
tiré
mettent
n
danger
a
morale
formulée
ar
Kant
elle-même.
t
en
effet,
cartant ous les
commentaires
obscurs
auxquels
a
donné lieu
l'idée
de
conversion,
etenant
'idée de
caractère
ntelligible
lus
ancienne,
Brunschvicg
osait
que
si
une
trans-
formation
rofonde
t
réelle de
la
conscience
devait
avoir lieu
-
donc
à
la limiteune moraleelle-même la positiondu caractère ntelligible'y
opposait.
Qui
ne
connaît
a
formule
apidaire
de L.
Brunschvicg
«
Le
caractère
ntelligible
st
la mort
de
la
bonne
volonté.
Nous
ne
pouvons
ci
entrer
ans le
détail
du
problème.
Mais
l'on
peut
437
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Alexis
Philonenko
dire
que
la
compréhension
es œuvres
d'Herman Cohen
et
de
Joseph
Bohatec a permis n France d'accomplirun notable progrès.La thèse
de
Jean-LouisBruch
en est
un
signe
cet
auteur,
reprenant
'ailleurs
une
expression
de
Kant,
admet
une durationoumenon.
'est
un
grand
pas,
mais
à
notre
ens il
n'est
pas
tout
à
fait
suffisant.
Si
nous
voulons
résoudre a
difficulté,
e
premier
oint
relever
st
sans
autfun
oute
e
suivant
Kant
ne s'est
jamais
réellement
réoccupé
de
la
difficulté,
e
qui
revient dire
que
celle-ci st
créée
de
toutes
pièces
par
es
interprètes
t
n'existe
pas.
A trois
points
de vue
on
le
peut
montrer.
n
premier
ieu
on
remarquera
vec
quelle
simplicité
Kant
s'installe
dans la
réalité de
l'histoire,
e
la
pédagogie,
de la
religion,
e la
sociologie.
l ne
prend
pratiquement
ucune
précaution,
i ce n'est celle d'indiquer, insi
dans
Le
Conflit
es
facultés,
ue
dans
le
domaine
de
l'histoire,
puisqu'il
s'agit
d'actes
libres,
a
raison
ne
peut
se
placer
au
point
de vue du
soleil
et
qu'elle
est
impuissante
devant
la
tâche
qui
consisterait
accomplir
la
révolution
opernicienne
n
ce
champ.
En
second
lieu,
nous devons
observer
que
la
chose
en
soi,
si étroitement
iée
au caractère
ntelligible,
évolue
dans
la
Critique
e la
raison
pure.
Au
niveau
de
l'esthétique
rans-
cendantale a
chose
en soi
est
pour
e
philosophe ui
contemple
a
limita-
tion de la
sensibilité
ui
ne
se
sait
pas
elle-même omme
imitée
dans
le
langagecommun, bserveKant dans
son
écritconsacré
aux
progrès
e
la
métaphysique
epuis
Wolf,
on
parle
des
phénomènes
ommes'ils étaient
des choses
n
soi.
Mais
déjà
;au
niveau de
l'analytique
transcendantale
es
perspectives
e
modifient
c'est
l'entendement
ui
découvre
a
sensibilité
comme
imitée et
lui
impose
des
limites. La
chose
en soi devient
alors
noumène.
Enfin
u niveau
de la
dialectique
transcendantale
t
de
l'usage
régulateur
de
la
raison,
qui
se veut fondateurdu
savoir
comme
de la
croyance,
a
chose
en
soi trouve
son
apothéose
comme
dée
:
il ne
s'agit
plus
alors
de la
liberté
du
noumène,
mais
du
noumène
de la
liberté,
qui
doit
être
réalisédans
une
expérience
nfinie.
ette
dée
de la
liberté
dmet
tous les champs d'expérience,mêmesi dans la Critiquede la raisonpure
il n'est
question que
de la
réalisation
de
la
science
mais
cette réalisation
infinie
de la science
s'accomplit
au sein
d'une
histoire
u
plein
sens
du
terme.1
Tous
les
champs
d'expérience
Ceci
nous
indique
la
troisième
dimension
n
aquelle
l est
possible
d'introduire
a
temporalité
xigée
parle
progrès
ans la
philosophie
e Kant.
Comme
nous
l'avons
exposé
dans
un
article
ntitulé
Kant und
die
Ordhungen
es
Reellen,
e
temps
se divise
en
couches
dans la
philosophie
e Kant
et
chacune
d'entre lles
correspond
un ordre
éel,
el
que
le
reconnaît
a
démarche
ranscendantale
ces
ordres
du
réel
sont
au
nombre
de
quatre
:
l'existence
physique,
a finalité
rga-
nique, a finalité sthétique, a personnalité umaine. l n'estpas possible
de
résumer
ci l'article
précité.
Disons
seulement
ue
l'existence
physique
1.
Cf.
notre
Oeuvre
de
Kant,
t.
I,
p.
125
sq.
438
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Vidée
de
progrès
hez
Kant
correspond
u
simple phénomène,
a
finalité
rganique
à
l'être
organisé
(l'arbre), a finalitésthétique l'être ndividuel 'est-à-diree vivant qui
ne
tolère
as
la
greffe
t
dont e
goût
manifeste
'ipséité)
t
a
personnalité
l'être
moral
de
l'individu
humain. i
l'on
se tient
dans
a
perspective
u
pur
connaître
dépassé
dans
a
Critique
e
a
Raison
pure
à
de
multiples
oints
de vue
-
alors
l
est
exact de
dire
que
l'hommene
peut
rien
comprendre,
i
ce
n'est
les
phénomènes
lacés
sous
le
signe
du
temps
héorique
ui
sert
l'institution
e
la
physique.
Et
de
ce
point
de
vue,
qui
fonde
e
détermi-
nisme,
e
noumène
doit être
compris
omme
a-temporel expression
plus
juste
que
celle
d'intemporel).
n
revanche,
i 'on se
place
dans
l'ordre
de
la
pensée,
t
c'est
ce
qui
arrive
déjà
au niveau
de
la
teleologie
ù
règneune causalité circulaire,'effet tantà son tourcause de sa cause, alors
l'hommeentre
dans
«
un
tout
autre
ordre des
choses
»
et
dans
un
temps
nouveau
et
spécifique.
haque
niveau
possède
sa
temporalité
ropre
t
au
niveau
pratique,
elui
défini
ar
la
personnalité
umaine
morale,
e
temps
fondé
dans
le
noumènede
la
liberté
se
temporalise
partir
de
l'avenir.
Du
même
coup
on
distingue
omment
e
progrès
st
possible
ainsi
que
la
pensée
du
temps
t de
ce
point
de vue
la réflexion
hilosophique
ur le
progrès
elève
non
du
connaître,
mais
de
la
pensée,
ce
qui
n'interdit
pas
d'ailleurs
de
reconnaître
n
fait
dans
le
progrès.
Mais
pour
être
précis
il
ne
s'agit que
d'un
fait
pensable,
non
d'un
fait
connaissable.
Mais c'est enréalité e
progrès
ensé
et connaissablede la connaissance
elle-même
ui
devait
obliger
Kant dans
a
Critique
e
a raison
pure
à
s'atta-
cherdéfinitivement
l'idée
de
progrès
u
sens
de
V
Aufklärung.
e
progrès
théorique
st un
fait
qui
s'accomplit
à
deux
points
de
vue.
D'une
part
il
respecte
es lois
de
la raison
qui
sont
les
structures ormelles
u
savoir
(loi
de
l'homogénéité,
oi
de
la
spécification,
oi
logique
de
la
continuité).
Il
s'agit
ici des structures
idétiques
formelles.Mais ce ne sont
pas
les
seules
il
y
a aussi des
structures
idétiques
materiales
l'Idée
psycholo-
gique,
l'Idée
cosmologique
et l'Idée
de Dieu
ou
de
la Nature.
L'esprit
suit donc d'autre part ces déterminations idétiques materiales. La
synthèse
des
déterminations
idétiques
formelles t
materiales
forme
l'eidétique
transcendantale,
ui
gouverne
'usage général
de
la raison
et
que
nous
avons
exposée
ailleursdans
son
mouvement
omplexe
qui
la
constitue omme e
mouvement éellement
méta-physique
ans
la
philo-
sophie
transcendantale.
ci nous
ne
pouvons
retracer
oute
a fonction
e
l'eidétique
transcendantale
nous
voulons
plutôt
insister
sur
le
point
suivant
qu'est-ce
donc
qui
motive
e
développement
u
savoir comme
progrès
ontinu
?
La
thèse
de
Kant
à ce
sujet
est
difficile
saisir
si
l'on
demeure
prison-
nier d'une thèse comparable à celle de L. Brunschvicg.En revanche,
elle
peut
être
abordée
avec
plus
de
clarté
si l'on
tient
compte
du
passage
que
la
Critique
de
la
raison
pure
effectue e
la
liberté
du
noumène au
noumène
de
la
liberté.
D'une
part,
en
effet,
ant est
trop
bon
philosophe
439
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7/25/2019 A. k- L'Idée de Progrès Chez Kant
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Vidée
de
progrès
hezKant
c'est à
partir
de l'avenir
que
s'opère
la
temporalisation
méta-physique
qui commande ous es autreshorizons emporels.Kant se voitdoncobligé
d'admettre a
conception
naïve
du
progrès
omme
mouvement l'infini
vers
e Soi
posé
comme
dée.
Naturellement
n
observera
ue
nous
avons
eu
recours Fichte
afin
de cautionner n
quelque
sorte
notre
propos.
Et
tout un
chacun
sait
quelles
réserves
Kant a
fait
sur
a lecturefichtéenne.
A
notre sens ces réserves
n'auraient
pas
subsisté
si
Kant avait
consenti
à
une
lecture
approfondie
de la
premièreWissenschaftslehre.
ous ne
faisons
donc
nullement
ue
jouer
sur
les
mots
nous
évoquons
une
pen-
sée
fondatrice
t
fondamentale.
Au
demeurant,
ette lecture s'accorde
avec
tous les textes
de
Kant,
dès que l'indispensable volutiondu conceptde chose en soi est admise.
La
chose en
soi ne
doit
pas
être saisie
substantiellement,
ais
fonction-
nellement
c'est
une Idée et mêmeune
Idée
non
sans
rapport
vec
l'Idée
platonicienne
elle
que
la
décrit
Natorp. ynthèse
e toute
'eidétique
rans-
cendantale,
c'est
un
principe
régulateur
par
excellence.
Ce
fut
a
grave
erreur e Reinhold
ue
de
saisir ubstantiellement
a
chose en soi et cette
erreur ut
partagéepar
L.
Brunschvicg
pposant
d'une
part
'Idée
critique
et
d'autre
part
e
système
kantien
erreur
névitabledès
que
l'on
com*
prend
fonctionnellementa
pensée
kantienne à
l'exception
de
la
seule
chose
en
soi
à
laquelle
on
attribue
non
pas
le
statut
d'Idée
qui
est le
sien,mais le statutde substance.En
revanche,
i l'on
accepte
la thèse ci
pré-
sentée,
e
système
kantien s'accorde
avec l'Idée
critique
sous
la réserve
suivante
rienne
peut
être
saisi
si
l'on
ne fait
pas
de
la
liberté
a clefde
voûte du
tout et
le
principe
de
l'orientation ans
la
pensée.
Deux
autres
remarquespeuvent
être
présentées.
On
observera
tout
d'abord
qu'étant
donné
'unité
essentielle
de
la raison
on
peut
concevoir
eux
dialectiques.
D'une
part,
il
y
a la
dialectique
fondatrice
ui
voit la
liberté,
comme
raison
pratique, diriger
e
progrès
des
sciences
-
et
ce
progrès,
n fin
de
compte,
doit
servir 'union
uridique
des
hommes.
Mais d'autre
part
on
peutconsidérer ne autredialectique, elle qui verrait a raisonthéorique
influencera raison
pratique
en
rendant
possible,par exemple,
a consti-
tution
d'horizons
echniques.
La différencentre
ces
deux
dialectiques
serait
que
celle
dominée
par
a liberté la
dialectique
essentielle
est
un
mouvement
e
la
chose en soi vers
a chose en
soi
à
l'infini,
andis
que
l'autre serait
un
simple
mouvement u
phénomène
ers a
chose
en soi.
En
second ieu
il
faut
remarquer
omment u sein
même de
la
théorie
de
la
science
on
constate
'affleurement
u
souci
politique
et
juridique.
C'est
un
point
essentiel
dont nous
aurons à nous
souvenir.
III
La
Critique
de la
raison
pure
rendait donc
inévitable
'affirmation u
progrès.
Or,
si
l'on
y regarde
ien,
en
dépit
de
l'influence
rofonde
xercée
441
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7/25/2019 A. k- L'Idée de Progrès Chez Kant
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Vidée de
progrès
hez Kant
ritisme
u
sens
kantien
«
L'humanité, écrivait-il,
scille
constamment
entredes imites ixes et l précisait ue le progrès e l'humanité oujours
partiel
était
sans
cesse
compensé
par
une
chute
à
un
autre
endroit,
ant
et
si
bien
que
l'humanité était
enfant,
adulte
et vieillard
toujours
en
même
temps
:
sa
conception
n'allait
pas
immédiatement
l'en-
contre
de la moraleet
Kant
dès
lors ne
trouvait
plus d'argument
u
sein
de
son
éthique
pour
contrecarrer
es vues de l'auteur
de
la
Jérusalem.
l
pouvait
nterpréter
ousseau
comme
e
l'ai
expliqué
illeurs1
en
revanche,
il ne
pouvait
pas s'opposer
immédiatement
Mendelssohn.
l ne le
fit
qu'en
fonction
e
la
Critique
e
la
raison
pure
qui
commandait
n
progrès
à
l'infini. 'est elle
qui
lui
forçait
a
main
et
l'obligeait
rejoindre
e
camp
des philosophesobscurs et naïfs croyantfermement ans un progrès
général.
L'admiration
portée
à
l'ouvrage
de
Mendelssohn
u'il
ne criti-
quera que
dix
ans
après
dans
Théorie
nd
Praxis
-
tant de
temps pour
réfuter
ne
conceptionopposée
à
la
sienne,
l
y
a
là
quelque
chose
de
significatif
l'aurait
plutôt
porté
à
rejoindre
es
esprits
brillants
et
pessimistes.
es
arguments
vancés
en 1793
contre Mendelssohn
par
exemple
que
Mendelssohn
e
contredit
ui-même n concourant u
bien
général
et
au
progrès
universel
par
sa
propre philosophie
sont
assez
pauvres.
Mais, redisons-le,
a
Critique
de
la
raison
pure
ne
laissait
pas
le
choix à Kant.
Enfin l faut citerMercier.
L'Allemagne
de Kant réservaun accueil
très chaleureux u
livre
de
ce
visionnaire
L'An
deux
mille
quatre
cent
quarante,
êve 'il en
fut.
Goethementionna
e livre
vec faveur
plusieurs
reprises.
Herder crivit
son
sujet
dans
es
Frankfurter
elehrten
nzeigen
d'une manière
très
favorable. Wieland
et
Jacobi
l'estimèrent.Or
une
œuvre
aussi
utopique
que
celle
de
Mercier
•
œuvre
utopique
du
début
à
la
fin ne
peut
être
rédigée
que
par
un
esprit
hagriné
ar
ce
qu'il
voit.
Vutopie
-
ne
l'oublions
pas
-
est
la
négation
du
réel,
andis
que
Vidée
de
progrès
est
V
cceptation
e ce
qui
devient t de
ce
qui
se
fait. Que
Kant fut ssez pessimiste ourécriredes pages d'une insondable ristesse-
par
exemple
es
premières
ignes
de L
Idée
pour
une
histoire
niverselle
au
point
de vue
cosmopolitique
redevient
lors
quelque
chose
d'assez
étonnantdans
le
contexte
ndiqué.
Cependant iguillonné ar
la
Critique
de la raison
pure
il
ne
céda
pas.
Peut-être st-ce
aussi
le lieu
pour
répondre
une
objection générale
adressée au
kantisme
par
maints
adversaires,
mais
dont le
plus
connu
est
Hegel.
Que
signifie
'affirmation
'un
progrès
l'infini
N'est-ce
pas
une
contradiction,
out
progrès
fini
'
anéantissantdevant
'infini,
e
telle
sorte
que
ce
qui
est faitreste
toujours
à faire
?
Ce
n'est
pas
Kant,
mais
Fichtequi devaitrépondre cetteobjectionprincipiellen des termes out
à fait
dmissibles
'un
point
de vue
kantien
«
I me
faut
ci
prêter
ttention
1.
L'Œuvre
de
Kant,
t.
II
:
Théorie et
praxis
dans
la
pensée
morale et
politique
de
Kant et
de
Fichte
en
1973.
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Alexis Philonenko
à
une
objection,
écrit Fichte dans sa Sittenlehre
1798),
que
j'aurais
cru
impossible, i ellen'avait été présentée ar de bons espritsfamiliers e la
philosophie
ranscendantale.
Comment,demandent-ils,
eut-on s'appro-
cherd'un but
infini Est-ce
que
devant
'infini
oute
grandeur
e sombre
pas
dans
le
néant
?
-
On devrait
pourtantpenser
qu'il
ne
s'agit
en cette
difficulté
ue
de
l'infini omme chose en soi. Je
m'approche
de
ce
but)
pour
moi.
Cependant
l m'est
impossible
de
saisir
l'infinité
c'est
donc
toujours
un but
déterminé
ur
lequel
porte
mon
regard
et
je puis
sans
aucun
doute
m'approcher
e
ce but
déterminé,
ien
que lorsque
e
l'aurais
atteint,
ar
le
perfectionnement
e
mon
être
tout
entier,
insi
que
de
mon
intelligence ui
en
résulte,
mon but se
trouvera
d'autant
plus
éloigné
à
nouveau etc'est dans cetteperspective énérale ue je peuxm'approcher
de l'infini .
Ainsi nous
possédons
maintenant
ne bonne
ntelligence
es
présuppo-
sés
kantiens,
e
l'horizondans
lequel
peut
se
déployer
on Idée
du
progrès
à
l'infini il
ne reste
u'à opérer
e
remplissement
e l'Idée
pure
du
progrès
dont
nous
avons éclairé
les déterminations ssentielles
en
indiquant
sa
temporalité
n
même
temps que
sa
racine,
à savoir la
chose
en soi
comprise
omme onstitutionnfinie
onnéedans 'Idéal
de la
raison
pure.
IV
Le
premier
emplissement
e l'idée
pure
du
progrès
n
tant
qu'Idée
d'une constitution
uridique
parfaite
se
trouve dans
le texte consacré
au
développement
de Vidée
d'une
histoire
universelle u
point
de vue
cosmopolitique.
et
ouvrage
de
Kant,
ce court
article,
est
d'une
portée
fondamentale.
Dans ce
texte,
parfois nspiré par
la
notion concrète
et
historiquement
éelle du
despotisme
clairé
que
Frédéric
e
Grand
faisait
régner
n
Prusse,
Kant
proposait
neuf
thèses.
Les
six
premières
ntéres-
saient e
progrès
oncretde
l'homme,
es
trois
dernières taient
de
carac-
tère utopique. En d'autres termes a pensée réelle du progrèsconcret
possède
un
terme,
un
achèvement
que
l'on
peut
franchir
ertes,
mais
seulement
n
admettant
es déterminations
e
l'utopie.
La
thèse fonda-
mentale
de
Kant,
héritéede Mandeville
entre
utres,
est
que jusqu'à
un
certain
point
e
mal
concourt u
bien. De
par
le
jeu
des
passions
(Herr+
sucht,Ehrsucht,
Habsucht)
l'homme
s'élève et
se
dépasse
c'est
l'inso-
ciable
socialite
de
l'homme
qui
fait
fonctionner
es âmes
et les
corps
et
parlant
des
bergers
d'Arcadie
Kant montrera
bien
que
seul
le
mal
est
un facteur e
progrès
une bonté
originelle
e saurait
fonder
ne histoire
décrivant
es
progrès
e
l'homme ainsi
linéaire,
e
progrès
n'en est
pas
moinsdialectique.
A
cette
idée
très
importante
e
joint
une
image
elle
aussi
décisive
:
c'est celle du
bois courbe
(aus
so krummem
olze).
On
retrouve
'image
de
la courbure dans
maints
textes de
Kant. Citons
Les
Réflexions
ur
444
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Videe
de
pro
rès
chezKant
r
éducation
dont
a rédaction
st de
1784,
poque
où fut
publiée
Vidée
pour une histoire niverselleu pointde vuecosmopolitique), a Religion
dans les limites
e la
simple
raison,
a
Doctrine u droit.
I ne
s'agit
donc
pas
d'une
mage
ortuite,
aisd'une
mage
ssentielle
la
compréhension
de 'œuvre e Kant.
Que
signifie-t-elle
Les textes
de l'auteur
e
a
Cri-
tique
de
la raison
ure
ne
laissent
ucun
doute
la
courbure
ymbolise
l'égoïsme,
e
repliement
u
cher
Moi
ur
ui-même.
ela
posés,
dmettons
une
multiplicité
e courbures
pposées
es
unes
ux
autres,
mathématique-
ment ous
devons
ous
ttendre un
redressement,
a courbure annu-
lant
a courbure
et vice et
versa.
Ainsi
dans
une
forêt,
ote
Kant,
les
arbres u
fait
même
ue
chacun ssaie
de ravir
l'autre 'air
et le
soleil 'efforcentl'envi de se dépasseres uns es autreset par suite
ils
poussent
eaux
et
droits.Mais u
contraire
eux
qui
ancent
n iberté
leurs
branches
leur
gré,
l'écartd'autres
rbres,
oussent
abougris,
tordus
t courbés.
La lecture e
ce texte st
a
suivante
par
e
jeu
des
passions,
'insociable
ociabilité
e
l'homme,
n
assiste
une
annulation
des
passions
t,
comme e dit
Kant,
à
la
constitutiond'une
totalité
morale,
l est
vrai
xtorquée,
ais
néanmoinsotalité
morale.
n
revanche
la
passion
on
réfrénée,
ui
se
développe
ans a
solitude,
insi a
solitude
du
tyran,
e trouve
ucune
ompensation
l'arbre st
tordu,
abrougri,
courbé.
Aussi
a
solitude
st-elle
u
principe
e
la
tyrannie
t
cetteder-
nière u principeesvices.
L'image
de l'arbre
ourbé
ui
s'oppose
d'autres rbres
une
origine
certainement
uthérienne.
our
Luther
'homme
st
égoïste,
'estun
bois
qui
se
replie
ur
ui-même
evenant
son
point
de
départ.
'homme st
curvus curvusn se
=
versusn sui
amorem.
'est à
cette
ource
ue
sans
aucun doute Kant
reprend
'image
il
importe
eu,
à notre
ens,
de remonter
lus
haut,
ar
on
ajoutera
des
noms
ans
rien
modifier la
pensée.
Considérée
n
elle-même
'image
de la courbure st
la
première
manifestationans a
pensée
de Kant
du
mal
radical
t
elle
préfigure
cette otion. ommee mald'ailleurs,i la courburestradicale,llen'est
pas
définitive,
uisque
es hommese redressentu seindu
jeu
des
pas-
sions.
On
remarquera
ien
deux choses.D'une
part
comme ous
'avons
indiqué
Kant comme
Mandeville
'attache faire
ortir
e bien
du
mal,
mais d'autre
part
l
s'oppose
décisivement
Rousseau.
Chez
Rousseau
l'homme
roit
ar
nature
e courbe
ans
a société
chez
Kant
n
revanche
l'homme
ourbe
ar
nature,
u
-
soyons
lus
précis
tout
e
passant
comme
i
'homme
tait ourbe
ar
nature,
n
assiste
ans a société
un
redressemente l'homme.
e
point
paraît
difficilement
ontestable
l'opposition
es deux
philosophes
st
flagrante.
t
même n
accordant
E. CassirerueRousseau eint ne mage e 'homme aturel ienmoins
idyllique
u'on
ne e
pense énéralement,
lresterau moins ecidevrai
tout
ne
se
passe pas,
chez
Rousseau,
omme
i
l'homme
tait
courbe
u
point
e
départ
au
pire
'homme 'est
que
nul.
445
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Alexis Philonenko
Naturellementa
question
se
pose
de
savoir
usqu'où
le redressement
peutmener 'homme.Tout le mondeconnaît e célèbre extede la sixième
proposition
l'hommeest
un
animal
qui
a
besoin
d'un
maître mais
où
peut-il
rouver
e
maître
?
nulle
part
ailleurs
ue
dans
'espèce
humaine
c'est donc
un cercle vicieux
et le
progrès
pontané
s'arrête
ici même.
Il
n'y
aura
pas
un
redressement
nfini
des
courbures. On
pourrait
au
demeurant raindre
n
suivant
à l'infini
e
redressement
es
courbures
qu'une
régénération
e
celles-cine s'effectue. 'est Voltaire
qui,
dans
le
Mondain,
suivi
ntégralement
ette
voie
;
or
on
peut
remarquer
ue
par
l'afflux
u
luxe
la
courbure
st
régénérée
t
la
droiture ffacée.
De là
le
§
83 de
la
Critique
de la
faculté
e
uger
en
lequel
tout en
soulignant
e
rôle positifdu luxe Kant s'inquiète de ses « retombées . - Mais cela
posé
est-il
vrai
que
l'homme
a
besoin
d'un maître
? Essentiellement
a
chose
est
exacte. Mais
pour
saisir
la
profondeur ragique
de ce
passage
de
Kant,
l ne
faut
pas
oublier
que
l'homme eu
un
maître
le
Christ
dont
le
philosopherépugne
à écrire
e
nom)
et
qu'il
l'a
tué1.
Aussi
le cercle
logique
vicieux recouvre
une
réalité
plus
profonde,
xistentielle
ussi
bien
qu'historique.
Et
par
conséquent
on se trouve
acculé
à
une
impasse
bien
plus
fondamentale
ue
le
problème
de la
régénération
es courbures
par
l'afflux
u luxe.
On assiste
dès lors
dans
le texte de Vidée
pour
une
histoireuniverselle u
point
de
vue
cosmopolitique
deux
mouvements
importants.
D'une
part
on voit tout d'abord
apparaître
une césure si
les six
premières ropositions
ont
placées
sous le
signe
du
progrès,
es
trois
dernières
elèvent
de
l'utopie.
C'est
une chose très
rare
que
de
voir
une théorie
du
progrès
déboucher
ur
des
sentences
utopiques
(et
l'idée
d'une Société
des
Nations
est une
de
ces
sentences).
Cette
césure entre e
progrès
t
l'utopie
sera
dans la
suite
des
œuvres
de Kant maintenue
t
non
maintenue
t
cela
parfois
dans
des écritsvoisins c'est toute
a
diffi-
culté de
l'interprétation
es
dernières
ensées
de Kant
touchant e
pro-
grès
c'est
ainsi
que
le
point
de vue
développé
dans
le
Projet
de
paix
perpétuelle e correspond as à celui exposé dans le Conflit es facultés.D'autre
part
on
peut remarquer,
mais l
y
a là en faitune
grave
difficulté,
que
le
texte
de L'Idée
pour
une
histoire niverselle
u
point
de vue
cosmopo-
litique
ntroduit
n
système
de
doubles
portes.
l
y
a
en
effet
n
premier
moment
vers e
progrès ui
correspond
u
jeu
des
passions
et
qui, pour
ainsi
dire,
'effectue
n
Vhommeans
Vhomme,
e
conduisant
une
totalité
morale
xtorquée,
mais
effective.
uis
il
y
a
les
portes
troites
pour
aller
plus
loin,
alors
que
la
conclusion
de la
sixième
proposition
e
parle
plus
de
progrès,
mais
seulement
'approximation
«
la nature
nous
oblige
à
ne
pas
chercher
autre
chose
qu'à
nous
approcher
de cette Idée
»),
elle fait ntervenir'homme.Vulgairement arlant l'hommene doitplus
1. De
ce
point
de
vue
un
rapprochement
vec Rousseau serait
peut-être ossible.
Pour
Rousseau
le
Christ
st
l'homme
parfait
t cette
perfection
xplique qu'une
société
dépravée
ait condamné
mort.
446
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Vidée de
progrès
hez
Kant
se
laisser
porter ar
le
jeu
des
passions,
mais
il
faut
qu'il
y
mettedu
sien,
et c'est le secondmoment, elui de la porteétroite.Mais comment t-
tendrede l'homme
un tel
effort,
lors
qu'il
a
besoin
d'un
maître
et
que
jamais,
comme on le
sait,
on
ne
parviendra
à
tirer
d'un
bois
si
courbe
des
poutres
bien droites et
charpentées
Aussi bien le
développement
commandé
par
ce deuxième
moment
era-t-il
topique.
Or
si
Kant
ne
s'arrête
pas
à la sixième
proposition, énétrant
insi
dans
les voies
de
l'utopie,
c'est
qu'il
ne le
peut
pas.
Dans
le manuscrit
dont
l
a
déjà
été
question,
n
dépit
de
ses
lacunes,
on découvre
quelques
passages
clairs
pour
ustifier
'effort
e
Kant
:
«
Die
Vorhersagung
ines
künftigen
moralischen
Erfolgs
aus
den
im
Menschengeschlecht
heils
sittlichen inneren, theyls physischen äusseren Gelegenheitsursachen
(die
nicht
ermangeln
önnen
inzukommen),
eht
also
aus
einer dee
der
practischer
Vernunft
n
der
Ordnung
des
Categorien
der
Modalität auf
folgende
Art
hervor das
beharrliche Fortschreiten
des
Menschen-
geschlecht
um
besseren
st
möglich
denn
es ist Pflicht desselben
in
der
unabschlichen
Reihe
aller
Zeugungen
und
der
gantzen
Umfange
der
gesellschaftlichen
erhältnisse uf
unseremGlobus
dahin
zu wirken
c).
Puis
sautant la
considération e la seconde
catégorie
de
la
modalité,
à
savoir
'existence,
Kant affirmea
nécessité
u
progrès
«
Die
Wirkung
us
jenen
Ursachen
st nothw
ndig
und
kann als
Geschichte es
Menschenge-schlechtes für die
künftige
Zeit aus den
gegenwärtigen
Vorzeichen
vorhergesagt
werden
»
(d).1
Ces textes
que
nous
utilisons
par jeu
en
quelque
sorte on
pourrait
n trouver
d'autres
dans
les œuvres
publiées
de
Kant
-
montrent
ien
que
ce
qui pousse
le
philosophe
à admettre
un
progrès
ans
barrières,
t
par conséquent pénétrer
dans
les
voies
de
l'utopie,
est
ni
plus
ni moins
que
la
raison
pratique
elle-même.
a raison
pratique
gnore
oute
césure entre
e
progrès
t
l'utopie
elle ne
connaît
que
le
mieux. Voici
pourquoi
'utopie
prend
a
relève de
l'anthropologie
dans Vidée
pour
une
histoire niverselle
u
point
de vue
cosmopolitique.
Au terme
de la
sixième
proposition
noncée
n ce texte
Kant
déclare
que
trois conditions ont
requises
pour
aller
plus
loin
que
la totalité
morale
xtorquée
née
du
jeu
des
passions.
l
faut
Io
des
concepts
xacts
touchant
a nature
d'une constitution
ossible,
2°
une
grande
expérience
(et
Kant
parle
du
voyage),
3°
et
«
par-dessus
out
une
bonne
volonté
».
Du
point
de
vue
psychologique
t
sociologique,
insi
que
du
point
de vue
pédagogique,
donc
si l'on
veut
d'un
point
de
vue
anthropologique
n
général,
es
deux
premières
onditions
peuvent
aisémentêtre
satisfaites.
En
revanche a
troisième
ondition
e saurait 'être
sa réalisation
ostule
ce
qui
précisément
st en
question
la
rectitude
e l'homme.Et
Kant
ne
faitpas un mystère e la naturede cettetroisième ondition elle est lacondition ine
qua
non,
celle
qui
est
par-dessus
out
indispensable,
elle
qui
relève
finalement
e
l'utopie
comme
en
témoignent
a courbure
1. Nous
respectons
'orthographe
e Kant.
447
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Alexis Philonenko
réelle
de
l'homme,
et le
fait
que
dans
La
Religion
dans les limites
e
la
simpleraison Kant n'hésite pas à écrireque tout se passe comme si
l'homme
était
mauvais
par
nature. Cela
posé,
l'auteur
de
la
Critique
de
la
raison
pure
ne
peut
en
aucun
cas
faire
de la bonne volontéune fonction
de
l'anthropologie
ce serait abîmer
a
philosophie
ranscendantale ans
la
psychologie
il
fautdonc
réfléchirn
s'appuyant
ur
une bonne
volonté
idéale :
c'est alors
que l'utopie
intervient.
Mais
si
l'on
prend
a
peine
de
réfléchir
n
moment
ur
a méditation
antienne,
n
ne
peut
manquer
d'en
apercevoir
e
caractère
véritablement
ensationnel.
Nous
avons
relevé
comment
topie
t
progrès
taient
des
notions
pposées
t
même
ontradic-
toires nous
avons aussi
remarqué
omment
ans
Vidée
pour
une histoire
universelleu pointde vue cosmopolitique ant mettaiten œuvre aussi
bien
l'utopie que
le
progrès,
oulignant
d'ailleurs
combiencela
était rare
dans
un
même
texte.
Or Kant ne
peut
faire
ntervenir
es deux
points
de
vue
que
parce
qu'il
y
a
quelque
chose
de
supérieur l'utopie
comme
au
progrès
t
c'est
la raison
pratique.
Toute la
question qui
domine 'inter-
prétation
des différents
crits
de
Kant est de savoir
commentdoser
ces
deux
notions
contraires.
Tous les
textes
de
Kant connaissent
'il
s'agit
du
progrès
e double
point
de
vue,
mais
c'est la
part
faite
à
l'utopie
qui
est
variable.
Aucun
critère
précis
ne
peut
être
avancé
et
c'est
pourquoi
comme
nous e disions
n
commençant,
l
y
a
une évolution
dans
les écrits
kantiens,
ui
n'est
pas
absolue,
mais relative.
Mais
nous
pouvons
atteindre
e même
résultat
en nous
penchant
sur
ce
que
Kant
dit
du
politicien
dans
le
manuscrit
e
la fondation
odmer.
«
Freylich
wird der
Politiker,
der die moralischen
Anlage
im
Menschen-
geschlecht
ls
blosse
Träumerung
verlacht
und
alles
von
der
selbst-
süchtigenNeigung
rwartet
n
diesem
Argument
einebeweiskraft...
ber
der
Unglaube
an
Tugend überhaupt
und
an
die Kraft
einer rein morali-
schen
Triebfeder
st es
was
seine
Aussichtenbeschränkt
und
ihn
sagen
lässt : es wird
wohl immer
der
Welt
beym
Alten bleiben und
ferner
o
zugehenwie esbisher ugegangenst
»
e). C'est e pointde vuede l'abdéri-tion
comme
'indique
Kant,
donc aussi celui de Mendelssohn. e
point
de
vue
se
caractérise,
omme
e
dit três clairement
e
manuscrit,
n
ce
que
d'une
part
on
répute
vaine la
raison
pratique
et les
dispositions
morales
de
l'homme,
en ce
que
d'autre
part
on ne
veut
s'appuyer
que
sur
le
jeu
des
passions,
donc
sur
le
système
des
portes
arges,
et
enfin,
ompte
tenu de ces
deux
prémisses,
affirmer
ue
sous
le
soleil
l
n'y
aura
jamais
rien de nouveau.
Mais
on
aperçoit
clairement
a faille
de
l'abdéristisme
il
déclare vaine la
raison
pratique
voilà
pourquoi
réfutant
Mendelssohn
Kant
fera
appel
à
la
vertu et à la raison
pratique.
Mais
que
conclure
Il ne fautpas agircomme e politicien il faut avoirfoi en la vertuet en
la
puissance
de
la raison
pratique
- alors se dévoile
'utopie
justement
commandée,
mais
le
problème
e
pose,
infiniment
élicat,
et
qui
consiste
à savoir
si
l'utopie
relayant
e
progrès
nonce
un
rêve
ou un
idéal. Dans
448
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Vidée
de
progrès
hez
Kant
ses
derniers crits Kant
s'est
prononcé
antôt dans
un
sens,
tantôt
dans
l'autre. En faiton trouve troisthèses chez Kant. Ou bien on n'aperçoit
pas
de
césure
entre
utopie
et
progrès
t
ce
qui
est
affirmé
st
simplement
un
devenir
nfinivers le mieux.
Ou
bien on
aperçoit
cette
césure avec
un
avantage
¡donné
au
progrès.
Ou
bien, enfin,
on
aperçoit
cette
césure,
mais
l'avantage
est
finalement
onné
à
l'utopie.
Tels
sont
les
trois
points
de vue
kantiens
que
nous
nous
proposons
d'examiner.
V
La conclusion
de
l'éthique
kantienne ouchant
e
progrès
ne
peut
donc
être
qu'assez
confuse.Elle est assurément rèsriche,mais elle
repose
sur
un
dosage
de deux
notions
opposées
déterminé
ouvent
par
les circons-
tances. On
peut
discuter elativement ereinement e ce
que
Kant a
dit
de
la
Révolution
rançaise,
ui
est
un
exemple passé
en
lequel
progrès
t
utopie
ont
joué
leurs rôles
regrettable
ans
ses excès
(mieux
eût valu
peut-être
n
rester
l'utopie),
a
Révolution
française
prouve
néanmoins
la tendance morale
de
l'humanité
point
de vue du
progrès, ui s'appuie
sur des
faits).
Cependant
Kant
refuse
ue
l'on
recommence
'expérience
de
la
Révolution
française
cet heureux
mélange
d'utopie
et de
progrès
ne sauraittoujours
se
réaliser vec tant de perfection
les
risques
courus
ont été
trop
grands.
Aussi
bien,
philosophe
du
progrès
ne redoutant
pas
l'utopie,
Kant
se
montre
dans
tous ses
écrits
-
et c'est là ce
qui
fait
l'unité
de ses écrits n
dépit
des
divergences
ertaines
ue
nous
examine-
rons
-
plutôt
commeun
partisan
charné
de l'idée
de
réforme.
a chose
est
bien
connue et
le
philosophe
'est
exprimé
ur ce
point
avec
toute
la
netteté désirable
dans
La
Religion
dans les limites
de la
simple
raison
et
dans
la
Doctrinedu
droit.
Considérant a constitution
e
l'Église
il
déclare
tous es
changements
e
doivent
pas
être
attendus
d'une
révolu-
tion
xtérieure
t
orageuse.
Se
penchant
sur
le
droit
public
il
condamne
formellementa Révolution u nomde principes uridiqueset moraux
-
on
retrouve
à
l'influence
u
despotisme
clairé. Deux thèses
sont
essen-
tielles: d'une
part
e
progrès
umain doit
être,
dans
une
certaine
mesure,
continu et d'autre
part
il doit
être
commandé
par
en
haut. Ces
deux
thèses sont essentielles t
suspendues
à
une
affirmation
apitale
chez
Kant
:
«
Toute autoritévient de Dieu ».
Avec cela
son
système
uridique
présente eaucoup
plus
de
ressemblances vec
celui de Pufendorf
u'avec
ceux
de Rousseau ou de
Fichte. On
pourrait
ller même
plus
loin :
dans
tous les
domaines a
philosophie
kantienne est
une
philosophie
de
la
réforme
t
l'on
pourrait
même aller
usqu'à
parler
de réforme
operni-
cienneplutôtque de révolution opernicienne.
Cela
dit,
nous
pouvons
xaminer
es
différentes
rientations
e
Kant.
On
trouvera
a
première
celle
qui
affirme
eulement un devenir
nfini
vers le mieux
-
dans
la
réfutation
résentée
de Mendelssohn.
Quatre
449
Revub de
Méta.
-
N°
4,
1974.
29
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Alexis Philonenko
arguments
ont
dirigés
ontre
Mendelssohn.
Premièrement,
omme
déjà
dans sa lettrede 1783, Kant observeque, la Jérusalemtantunprogrès
Mendelssohn
e contredit
ui-même n
niant
e
progrès.
omme
nous
'avons
déjà
dit
le
propre
de
cet
argument
d
hominem
st de n'être
pas
très
convaincant.
econd
argument
Kant
fait
appel
à
la
vertuet à
la raison
pratique.
Troisième
rgument
si l'on se
plaint
des
aspects
sombres
de
la
civilisation,
'est
que précisément
a civilisation
'est
développée. Qua-
trième
rgument
nfin
«
C'est
précisément
e
conflit
es inclinations ntre
elles,
d'où naît
e
mal,
qui
procure
la raison
un
ibre
eu permettant
e les
subjuguer
dans
leur
ensemble,
t de
faire
régner,
u
lieu du
mal
qui
se
détruit
ui-même,
e bien
qui,
une
fois
pparu,
se
maintient
e
lui-même
l'avenir . Ce dernier rgument stavancé en conclusion e considérations
sur
a
paix
internationale
t
on
remarquera u'il
évoque
celui
proposé
dans
V
Idée
pour
une
histoire
niverselle
u
point
de vue
osmopolitique,
vec cette
différence
outefois
ue
Kant
n'indique
aucune limitation
u
procès qui
transforme
e
mal en
bien. Omission
? Pensée réelle
d'un
progrès
nfini
sans réserves
Le
problème
peut
se
poser,
mais
pour
notre
part
nous
ne
pensons pas qu'il
y
a
omission,
nous
jugeons plutôt qu'il
y
a
pensée
réelle
d'un
progrès
l'infini
ans
réserves.
Le
Projet
de
paix
perpétuelle
orrespond
la
seconde
orientation
celle
qui place
la
césure
entre
progrès
t
utopie
à
l'avantage
du
progrès.Dans la seconde sectionde cet
opuscule
- le
premier
exte de Kant
traduit
en
langue
française
,
on
trouve a
reprise
de la sixième
propo-
sition de Vidée
pour
une histoire
niverselle
u
point
de
vue
cosmopoli-
tique, reprise
en
laquelle
certains
éléments décisifs
disparaissent
«
Le
problème
de
la
formation
e
l'État,
écrit
Kant,
pour
tant
que
ce
soit
dur
à
entendre
'est
cependant
pas
insoluble,
même
'il
s'agissait
d'un
peuple
de
démons
pourvu
qu'ils
aient
quelque
intelligence)
il se
formule
e
la
façon
suivante
«
Ordonner
ne foule
d'êtres
raisonnables
ui
réclament
tous
d'un
commun
ccord
des
lois
générales
n
vue
de leur
conservation,
chacund'eux d'ailleursayant une tendancesecrèteà s'en excepter et
organiser
eur
constitution
e telle sorte
que
ces
gens,
qui
par
leurssenti-
ments
particuliers
'opposent
es
uns
aux
autres,
éfrènent
éciproquement
ces
sentiments
e
façon
parvenir
ans
leur conduite
publique
à un
résul-
tat
identique
celui
qu'ils
obtiendraient
'ils
n'avaient
pas
ces
mauvaises
dispositions
.
Un
tel
problème
doit
pouvoir
e
résoudre,
ar
il ne
requiert
pas
l'amélioration
morale
des
hommes,
mais
l
s'agit
simplement
e
savoir
comment
n
peut
utiliser
par
rapport
aux
hommes
e mécanisme
de
la
nature
pour
diriger
'antagonisme
es
dispositions
ostiles ans
un
peuple
».
Il convient
'observer
u'au
niveau
de
l'État,
en
1795,
insi
que
l'a
souli-
gnéFichte,Kant séparenettement roitet morale,tandisqu'au niveau
de
Vidée
pour
une
histoire
niverselle
u
point
de vue
cosmopolitique,
l les
confondait
ans des
considérations
ur
a
société.La
société
iée
à
l'amélio-
ration
morale
de
l'homme
pparaissait
ncapable
d'établir
'État
lui-même
450
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Vidée de
progrès
hez
Kant
et
c'est devant e
problème
de
la
formation
e
l'État
que
la césure entre
progrèset utopie tombait. A présentau niveau de l'État la solution
humaine
pparaît
possible
en
dépit
de
la
thématique
de
la
courbure,
t
de
ce
point
de vue
Vavantage
revient
Vidée
de
progrèsplus
qu'à
Vutopie.
Sans
doute,
l
y
aura des
interruptions
Kant
l'accorde,
mais du
point
de
vue
intérieur,
a constitution
e l'État devient
parfaitement
once-
vable.
L'utopie
ne
joue
plus
alors
que
dans e droit
nternational,
'est-à-
dire
dans
le
rapport
des
États entre eux.
Comme
on le voit
la
thèse de
1784 est
partiellement épassée.
Bien
plus
si
paradoxale que
la
chose
puisse
paraître,
ur un
fond
démoniaque
le
développement
e
la
liberté
-
terminus
quo
et
ad
quem apparaîtpossible,
e
qui
n'était
pas
le
cas
en 1784. Mais dans ces conditionsun
développement xceptionnel
'ins-
taure c'est la
politique
en
tant
que politique
aisonnée
qui
au
niveau
de
l'État livre
a
solutionde
l'énigme
du
progrès.
récisons
ussi
que
c'est
la
politiquequi
va contribuer
la réalisation u moins ndirecte
e
la morale
par
la médiationde
la constitution e
l'État
parfait.
Tous les
obstacles
sautent
et
décidément
e
mal
radical
n'est
pas
le
mal définitif.
t
puisque
dans
cette
perspective
a
liberté
peut s'épanouir,
a clef de
voûte du
sys-
tème
kantien
est
la
politique.
Il
convient outefois e
s'arrêter
uelques
instants
devant ce
dévelop-
pement.
Si
chez
un
Fichte
la place réservée la théoriepolitiqueet audroit
public
est aussi nette
qu'on
peut
le désirer elle médiatisedans la
Wissenschaftslehre
e
savoir et
la
morale1
,
il
faut bien
avouer
qu'il
n'en
va
pas
de même chez
Kant.
Considérons
'importante
Doctrine u droit
quand
bien même
on
accorderait
u'elle peut
contrebalancer
'imposante
masse des trois
Critiques
et
de
tout
ce
qui
s'ensuit,
à
commencer
ar
la
liberté,
uisqu'aussi
bien
elle est
quand
même
omprise,
titre e
première
partie,
dans La
Métaphysique
es
mœurs,
ui
se
rattache à
la
morale,
on
ne
peut pas
dire
ans
paradoxes
que
le
foyer
u
système
st
immédiate-
ment
aisissable
ans
a Doctrine
u droit il
faututiliser ombre
e
média-
tions.Cela dit les médiations ervent montrer ue la Doctrine u droit
répond
concrètement
ce
qui
ne
signifie
as
empiriquement)
la thèse
de la
Critique
e
la
raison
pure
elle-même
eaucoup
plus
abstraite. C'est
ici
que
nous
fait
précisément
éfaut a
thématisation antiennedu
pro-
grès.
Nous
sommes n
présence
d'un
étonnant
paradoxe
dès
lors
que
le
problème
de
la courbure st mis
entre
parenthèses,
t Kant
l'a
fait
cons-
ciemment,
ar
s'il est
vrai
que
le
Projet
de
paix perpétuelle
vec
ses
pro-
tocoles,
es articles
ecrets
essemble ort un
morceaud'ironie
désabusée,
le
philosophe
été
-
le
style
e
prouve
ainsi
que
le
début du texte
cité
«
so
hart
wie es
auch
klingt
-
parfaitement
érieux
en
déclarant
pos-
sible a solutiondu problème e l'État, qu'il jugeait impossible n 1784-
donc,
disions-nous,
ès
lors
que
le
problème
de
la
courbure st
mis
entre
1.
La
Liberté humaine
dans la
philosophie
de
Fichte.
451
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Alexis Philonenko
parenthèses,
mais
est-ce
possible
?
deux
grandes
vues tout
à
faitdistinotes
se dégagenten ce qui concerne e problèmedu progrès.La vue la plus
ancienne
est
celle
exposée
dans L'Idée
pour
une histoire
universelle
u
point
de vue
cosmopolitique
t
elle consiste
à dire
que
le
problème
posé,
celui
de
la constitution e
l'État,
est
insoluble
d'où
la
césure
ntre
'idée
de
progrès
et
l'utopie). Quant
à la
vue
qui
ressort des
conceptions
développées
en
1795
elle
consiste
à
dire
qu'au
niveau
de
l'État
il
n'y
a
plus place
que
pour
le
progrès,
'abord
politique,
ensuite
atteignant
a
chose
en soi
elle-même
la
liberté.
Nous trouvons
donc d'un
côté
la
césure
point
de
vue
de
1784)
et de
l'autre
côté,
au
niveau
de
l'État,
l'absence
de
césure
(point
de vue
de
1795). Dire que Kant n'a pas pris gardeà cetteapparentecontradiction
est tout
à
fait
impossible.
Dire
qu'il
a
évolué
est
déjà
beaucoup plus
sérieux,
mais
il
est
difficile
e
croire
u'en
cette évolution
l
n'a
pas
cher-
ché
à être ohérent.
a
preuve
en est
que
dans
le
Projet
de
paix
perpétuelle
il
a
analysé
es
relations e la
morale
t
de la
politique1.
'est
à le
problème,
semble-t-il.
ertes
dans
la
Doctrine u droit
Kant est
plus
modéré
en
fait
le droit
'émancipe
et
avec
lui
la
politique plus
encorede
la
morale.
Mais
si
l'on
y regarde
de
près
on
découvre,
urtout
u niveau
du droit
nterna-
tional,
un
amalgame
de notions
tirées
de
Vidée
pour
une histoire
niver-
selle
au
point
de vue
cosmopolitique
t du
Projet
de
paix perpétuelle. ù
se
trouvedonc 'élément
qui permet
de
synthétiser
es deux
points
de vue ?
Il
semble
qu'on
doive
le
rechercher u
côté
de l'idée
de
Providence,
ui
n'est
absente
d'aucun des
textes
que
nous
considérons.
Par
exemple
tout
e
Projet
de
paix
perpétuelle,
omme
Le
Conflit
es
facultés,
e trouve
placé
sous
le
signe
de
la
Providence.
Or,
philosophiquement
arlant,
a
Providence
dont
Kant
a
dit
qu'il importait
u
plus
haut
point
d'en être
satisfait,
ait
dans
une
certaine
erspective
etomber
a césureentre
progrès
et
utopie.
L'invoquer
revient
à déclarer
que
les
aspects
obscurs
de
la
vie
humaine
sont
quand
même
clairs
à
un
point
de
vue
inaccessible à
l'homme t à partirde là on peut de nouveau admettre u'il y a progrèset
utopie,
a césure
n'intervenant
as
nécessairement u même
niveau
mais
l'avantage
étant à
première
ue donné
à
l'utopie.
C'est
pourquoi
notre âche
se
complique
encore
nous
avons
fait
nter-
venir
en
un sens bien
précis
a raison
pratique
comme
supérieure
la
césure
entre
progrès
t
utopie.
Nous
trouvonsun
nouveau
terme,
son
tour
supérieur
la césure
-
car
la
Providence
peut
tout
-
mais
qui
la
fait
aillir,
à
un
point
de vue
psychologique
t
phénoménologique
ès
lors
qu'on
se tourne
ers lle et
c'est a
Providence.
e
problème
u
progrès
devient
donc celui
des
fonctions
espectives
e la
raison
pratique
et
de la
Providence.A ce
point
de
vue très
élevé
les
différentes
pproches
de
Kant semblent
pouvoir
se réunir n un fil
extrêmement énu.
Définissons
lairement
es
termes.
Premièrement,
a raison
pratique gnore
a césureentre
e
progrès
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L'idée de
progrès
hezKant
et
l'utopie
et commande
un
développement
nilatéral,
ui
ne connaît
que
des obstaclespassagers.Au pointde vue de la raisonpratique e mouve-
ment
du
progrès
st
illimité
«
Que
le monde
dans
son
ensemble
ne
cesse
de
progresser
ers le
mieux,
écrit Kant dans
Les
Progrès
de la
métaphy-
sique...,
aucune
théorie
n'autorise
l'homme à
l'admettre,
mais
la
pure
raison
pratique
l'y
autorise,
elle
qui
lui
prescrit
dogmatiquement
elon
une telle
hypothèse
.
-
En second
ieu,
a Providence
ui
est
le
contenu
même
de
cette
hypothèse
gnore
aussi,
absolument
parlant,
la
césure,
puisqu'elle
est
toute-puissance
t omniscience.Mais
néanmoins a
Provi-
dence
fait
retomber a
césure,
puisque
l'homme
pensant,
mais
ignorant
de
bien des
choses,
doit dire
que jusque
là
il
comprend,
mais
qu'ildoit pour le reste s'en tenir à la Providenceet nommerson Idéal
un rêve. Serrons
dès
lors mieux les termes du
problème.
La
raison
pratique
st a ratio
ognoscendi
e
la Providence
et
dans
une
perspective
objectivementpratique
la
Providence doit être considérée
comme la
ratio ssendi
de
la raison
pratique.
A
partir
de
là,
si
l'on
admet cette thé-
matisation
es
divergences
onsidérables
ntre L'Idée
pour
une histoire
universelle
u
point
de vue
cosmopolitique
ans
disparaître
s'atténuent.
Si
Vidée
pour
une histoire
universelle u
point
de vue
cosmopolitique
pénètre
dans
le
champ
de
l'utopie,
ce
n'est
pas
faute
d'une
absence
de
réalisme,
mais c'est
en fonction e la
force
éployéepar
la raison
pratique
qui
n'admetaucun obstacle absolu au
développement
e l'homme et le
philosophe
e
réclame
ustement
e la Providence
u
de la rusede
la raison.
C'est au
fonddans
le même
sens
que
le
Projet
de
paix perpétuelle
itue
e
problème
de l'État
en
faisant,
omme
on
l'a
vu,
sauter
e
verrou
du
mal
radical.
Mais
le
Projet
de
paix
perpétuelle
st
d'autre
part
constamment
lié
à
la notion
de
Providence,
qui
en
beaucoup
d'endroitsrenvoie
à
la
raison
pratique,
car
selon
la
lettre du
Projet
de
paix
perpétuelle,
a
Providence
n'a
qu'un
but ultime et
c'est
la
paix,
but
qui
est celui-là
même
vers
le
quel
tend
la raison
pratique.
Or,et Kant le souligne xpressément s'il faut être satisfaitde la Pro-
vidence,
lle
n'en
constitue
pas
moins un
point
de vue
qui
nous
échappe.
Le
progrès
st liberté
«
Mais
-
et
c'est
précisément
e
qu'il y
a de
mal-
heureux
-
nous ne
pouvons
nous
placer
à ce
point
de
vue
quand
il
s'agit
de
la
prévision
d'actions
ibres.
Car ce serait e
point
de vue
de
la
Providence
ui
se situe
au-delà
de toute
sagesse
humaine...
.
Il
faut donc
s'en
tenir
la raison
pratique
comme
principe
t
invoquer
a
Providence
comme
on
contenu.
Et
alors
on
arrive xactement ce
que
nous
préten-
dions
la césure
ntre
progrès
t
utopie
tombeet ne tombe
pas.
Elle
tombe
non au
point
de
vue
de la raison
pratique,
mais au
point
de
vue
de
la
raisonpratique ournée ers e Providence. el est le jeu complexeet conv
plet
de
la
notionde
progrès lanquée
de
l'utopie.
453
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Alexis
Philonenko
II est
peut-être crobatique
de
présenter
insi
les
choses.
Mais d'une
part il ne faut jamais laisser subsisterdes vues contradictoires hez
Kant sans
tenter de
les
accorder
et
d'autre
part
le
philosophe
faisant
appel
à la
fois
la raison
pratique
et à la
Providence
omplique
a
ques-
tion
posée par
la
divergence
ntre
Uldée
pour
une
histoire
niverselle
u
point
de vue
cosmopolitique
t le
Projet
de
paix perspétuelle.
otons
au
moins
eci
pour
rendre
lus
plausible
notre
reconstruction
la
philosophie
de
Kant,
tout
entière,
st à
beaucoup
d'égards
un
perpectivisme,
'est-à-
dire
une
doctrine
qui
envisage
à
différents
oints
de
vue,
-
et
il
y
a
différents
oints
de vue
parce que
l'homme
st
par
sa nature
un être
fini1
-
difficilementeliables
à
première
ue
-
Kant
lui-même
'abstenant
souvent de présenter a liaison combinatoire un même problème.
C'est
manifestement
e
cas
pour
a
notion de liberté
i
proche
de celle
de
progrès
comme 'a
si
bien
dit
H.
Cohen
le
point
de vue
sur
la
liberté
(Standpunkt)
élaboré
à
partir
des
données du
mécanisme
n'est
qu'un
point
de
vue
:
il
y
en a d'autres.
Semblablement
e thème du
progrès
est
envisagé
selon
différents
oints
de
vue et c'est
en
tenant
compte
expressément
e
la
perspective
hoisie
que
l'on
peut opérer
e
dosage
entre
progrès
t
utopie.
Si
l'on
se
contente
de
lire
es textes
sans
se
soucier
de la
combinatoire
qui les
rend
pleinement ignificatifs,
l
faut
dire
que
Kant
est
allé
de
l'idéal au rêve. A
l'éloge
de Platon dans la
Critique
de la raison
pure,
en
dépit
du
mouvement
u
jugement
réfléchissant
ui
soutient
oute
la
thématique
du
progrès,
épond
une note désabusée
du
Conflit
es
facultés:
«
II est
doux
fsuss)
d'imaginer
es
constitutions
épondant
ux
exigences
de la Raison
(notamment
u
point
de
vue du
droit),
mais
il est téméraire
de les
proposer
et
coupable
de
soulever
es
peuples
pour
abolir
ce
qui
présentement
xiste.
L'Atlantica
de
Platon,
'utopie
de
Morus,
es
Oceana
d'Harrigton
t
l'Histoire
des
Sévarambes
d' Allais
ont été
successivement
portés
ur a
scène,
mais
on
n'en
a
jamais
fait
même
rien
que
l'essai
(mis
à
part le monstremanqué d'une République despotique de Cromwell)...
Espérer
un
our,
si
tard
que
ce
soit,
'achèvement
d'une création
politique
comme
on
l'envisage
ci
est
un doux
rêve
(süsser
Träum)
».
Néanmoins
cette
note
n'est
pas
aussi
décisive
qu'on
le
pourait penser
d'une
part
le contexte
n'est
pas
le
même
que
dans la
Critique
de la
raison
pure
et
dans
Le
Conflit
es
facultés,
'autre
part
et
surtout
l
faut faire
ntervenir
la
raison
pratique
qui,
oin de
négliger
e
rêve,
recommandera
'y
travailler
ainsi
qu'à
l'Idéal
comme
un devoir.
Nous n'avons
pas
voulu
dans
cet
exposé
nous
appesantir
ur des
pro-
blèmes
mmédiats
omme
a
paix
ou
le rôle
du
prince
chez Kant.
Nous
avons, en effet, éjà traitéde ces problèmesdans différentscrits. Sans
doute
ce
sont
des
problèmes
mportants,
rès
ongs
expliquer,
ar exemple
1.
En
ceci
Kant
s'oppose
évidemment
Leibniz,
ui
relie
flnitude
t
unique
point
de
vue.
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Vidée de
progrès
hezKant
le
rôle
du
prince
dans
les
réformes
olitiques,
mais
qui
ne
permettent
as
de parvenir une vue d'ensembledu problèmeposé par le progrès hez
Kant. Mais
et
on
espère
'avoir
montré
pour
dégager
a
vue
d'ensemble
et
la fonder
n
rencontre
e très
graves
et difficiles
bstacles
qui
mettent
en
jeu
la
philosophie
kantienne
ntière. l
faut notamment
égager
des
a
priori,
des
principesque
Kant n'a
pu
ou voulu
parfois
exprimer
ui-
même.
De
là
venait
a
nécessitéde
faire
ppel
à
l'œuvre
de Fichte.
Du
point
de vue
du
contenu,
non
plus
donc de
la combinatoire
ui
pourrait
être
reprise
actuellement,
on
peut
dire
que
bien des choses
sont
mortes dans la
philosophie
kantienne.
Kant a
cru,
par exemple,
que
le
commerce uccéderait la
guerre.
Ce
ne fut
point
e
cas.
Mais
cela
tenait au faitqu'il ignorait es possibilités e la guerre.Quelle ironien'y
a-t-il
pas
à
songer
qu'au
moment
ù
Kant
s'éteignait,Napoléon appuyé
sur
le
principe
divisionnaire,
éritéde
la
Révolution
française,
ransfor-
mait
les
principes
de
la
conduite
de
la
guerrepour
un
siècle
et
faisait
bientôt
ouer
l'arme commerciale.Mais il
en est
ainsi dans
l'existence
humaine
quand
un
génie
se
tait,
un
autre
se
lève,
et
sans
qu'il
soit
nécessaire
que
ce
soit
dans
le
même domaine
l
annule
par
ses
actes
et
ses
pensées
une
partie
de ce
que
le
premier
vait
dit.
Alexis
Philonenko.
a)
On
peut penser u'il
y
aura
toujours
des hommes
oujours
meilleurs
ou
que
les hommes
dans
eurs
ctions)
feront
oujours
mieux.
Au
point
de
vue
du
premierprogrès
dans
lequel
la nature
devrait
développer
de
nouvelles
et meilleures
aces
ou
bien en
produire ar
le
mélange
de deux
autres,
l
n'y
a
guère
à
espérer parce
que
la nature
depuis longtemps
terminéde
créer
eurs formes
ppropriées
u
sol et
au
climat
et
parce
que
les
productions
âtardes
par
exemple
de
la race
américaine vec la
race européenne u les Druses avec la race noire ont dégradéla bonne
race sans élever
proportionnellement
a
mauvaise
race.
C'est
pourquoi
e
gouverneur
e
Mexico
a
sagement
ffacé 'ordre de
la
Cour
d'Espagne
de
favoriser e
mélange
des
races
».
b)
«
Donc,
puisqu'il
ne
faut
pas
toujours
s'attendre
à ce
que
de
meilleurs
ommes
naissent,
t
que par
conséquent
a
nature
de l'homme
soit en
progrès,
a
question
ne
peut
être
que
morale
».
c)
«
La
prédiction
d'un futur
résultat
moral
à
partir
des
causes
contingentes
en
partie
éthiques
et
internes,
en
partie
physiques
et
extérieuresdans
l'espèce
humaine
(causes qui
ne
peuvent manquerd'intervenir) uit d'une Idée de la raison
pratique
dans l'ordre des
catégories
de
la modalité
de
la manière suivante
-
le
progrès
continu
de
l'humanité vers
e mieux
est
possible
c'est,
en
effet,
n
devoir de
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Alexis
Phihneriko
l'humanité
que
d'agir
activement
dans
la
série
sans
fin de
toutes
les
productions t dans la totalitédes relations ocialessurnotreglobe».
d)
«
L'effet
uivant
de
ces
causes
est
nécessaire
t
peut
être
prédit
en
tant
qu'histoire
de l'humanité
pour
les
temps
futurs
partir
des indices
actuels.
»
e)
«
Évidemment
e
politicien,
ui
se
moque
de la
disposition
morale
dans
l'espèce
humaine
omme
n'étant
qu'une
simple
rêverie
t
qui
attend
tout
de l'inclination
goïste,
ne
trouvera
aucune
force
probante
à cet
argument...
Mais
c'est
l'incroyance
n
la
vertu en
général
et
à
la force
d'un
pur
mobile
moral
qui
limite es vues
et
qui
lui
fait
dire
le monde
demeurera oujoursce qu'il était et il ira comme l a toujoursété.
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