« Keith Haring and Friends »
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13 rue de Picardie 75003 Paris /+33 1 44 78 23 68 / +33 6 86 71 19 68 / [email protected] / www.djtfa-paris.com
« Keith Haring and Friends »
Exposition du 28 juin au 31 juillet 2013
et du 3 au 21 septembre 2013*
*ouvert en août sur RDV
© Keith Haring Foundation - Radiant Baby from Icons series, 1990
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Après une première exposition consacrée en 2011 à Keith Haring, la Galerie Taglialatella rend hommage
pour la deuxième fois au père du « Radiant Baby », artiste phare de la galerie, avec une nouvelle
exposition intitulée « Keith Haring & Friends ».
Cette exposition se veut, dans une dimension plus confidentielle, complémentaire à l’importante
rétrospective consacrée actuellement à l’artiste au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris portant sur
l’axe politique de sa démarche. La Galerie Taglialatella a une ambition, celle de plonger le spectateur
dans l’univers des années 80 à New York et de regrouper autour de l’Œuvre de Keith Haring, certaines
pièces de ses contemporains et amis comme Andy Warhol, Jean-Michel Basquiat ou encore Kenny
Scharf.
© Keith Haring Foundation - Growing #3, 1988
Le souhait est de faire la part belle à la dimension accessible de sa démarche avec la présentation de
subway drawings, d’éditions sur papier et de dessins, tous représentatifs de son univers pop, et de
souligner les points communs avec ses contemporains. En effet, tous ces artistes et amis, mus par une
énergie inépuisable et une insatiable curiosité, ont déployé leurs œuvres dans le New York des années
1980 et ont créé, dans la lignée de la démarche de Warhol leur père spirituel, une connexion entre le
milieu de l’art contemporain et celui de la culture populaire (notamment par le biais de lieux d’échanges
et du graffiti).
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« L’art est pour tous »
Keith Haring peint, dessine et sculpte avec des
matériaux peu traditionnels. Sa préoccupation
première est de rendre l’art accessible, par
l’expression, par le support, par les moyens utilisés, il
investit notamment les espaces publicitaires vacants
des stations de métro avec ses fameux Subway
Drawings.1
“Le public a droit à de l’art. Le public a été ignoré par la
plupart des artistes contemporains. Le public a besoin
d’art, et il est de la responsabilité de l’ «artiste
autoproclamé» de comprendre que le public a besoin d’art,
et de ne pas faire de l’art bourgeois pour quelques-uns
seulement, tout en ignorant la masse. L’art est pour tous ».
Keith Haring, Journals op. cit. p.17
De son côté, Basquiat conquiert les rue de New
York sous le pseudonyme de « Samo » et
Scharf habille les murs des rues de personnages
psychédéliques. Ensemble, ils donnent une
impulsion nouvelle au monde l’art moderne et
contemporain.
C’est par la rue et les clubs que se fait l’entrée
de ces jeunes artistes dans le monde artistique à
la fin des années 1970 – début des années 1980
et non par les galeries. Leur modèle : Andy
Warhol.
En effet, dans les années 1978-79 la guerre
contre le graffiti n'a pas encore vraiment
commencé. Cet art a pu librement s’épanouir et
le mouvement connaitre son apogée avec des
artistes de rue dotés d’une incroyable maitrise
du dessin à l’aérosol et d’une vraie fluidité de la
ligne. Cette ligne noire qui obsédait notamment
Haring depuis l’enfance.
Point communs entre tous ces artistes : un
rapport privilégié aux médias, aux signes de la
rue et à la culture du quotidien, ils ont su
s’approprier ces codes populaires pour les
reprendre dans leurs créations.
© Keith Haring Foundation, Untitled (Serpent), 1982
© Keith Haring Foundation, Ladderman, 1985
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Friends
Il y a tout d’abord le maître, Andy Warhol. Avec des débuts en tant qu’artiste commercial, Warhol a su se
réinventer comme artiste d’images médiatiques élevées talentueusement au rang d’œuvres d’art.
Keith Haring et Andy Warhol se sont rencontrés en 1983 lors du vernissage de l’exposition « Shadow »
qui se tenait à la Dia Fondation et Warhol lui a donné une copie d’un numéro du magazine Interview,
qu’il dirigeait à l’époque. L’acte est symbolique car plus tard Haring utilisera souvent les pages du
magazine pour réaliser ses dessins sur ce type de papier, gage d’accessibilité, concept cher à l’artiste.
Par la suite, les deux artistes ont été présentés officiellement à la Factory par Christopher Makos
(Photographe Américain, élève de Man Ray, qui travaillait avec Warhol). Warhol est devenu le mentor de
Keith Haring et un ami proche.
Keith Haring et Kenny Scharf ont tous deux partagé les bancs de la School of Visual Arts de New-York.
Souvent le travail de Kenny Scharf est volontairement vulgaire et puéril. L'artiste révèle dans l’excès, en
ajoutant de plus en plus d’éléments aux travaux, en créant couche après couche. Il n'y a pas de vrais
thèmes, pas d'histoires, juste une gaieté irrésistible, image sur image. Cependant, même si ses œuvres
incorporent des images de la publicité, Kenny Scharf est en constante mutation dans un langage visuel qui
exprime un univers de plus en plus singulier, avec ses propres règles et sa propre syntaxe.
Keith Haring a rencontré Basquiat vers la fin de sa scolarité à la School of Visual Arts. Lorsque le graffiti
signé «SAMO » a commencé à apparaître dans les rues de New York, pendant presque un an, personne
n’avait idée de qui était cet artiste. Haring commença à s’intéresser à ce travail singulier qui se révélait
sur les chemins qu’il empruntait quotidiennement. C’était la première fois qu’il voyait ce qu’il appela un
« graffiti linéaire » c'est-à-dire un graffiti non réalisé pour le plaisir d’écrire une signature ou d’évoquer
une recherche formelle, mais plutôt le souhait d’exprimer des idées par le biais de poèmes écrits dans la
rue. Pour Haring, ces poèmes vous arrêtaient dans la rue et vous faisaient réfléchir.
«Tout était très excitant - vivre dans Greenwich Village, avoir mon propre appartement et aller à
l'école. Et c’était génial de rencontrer Kenny Scharf et Jean-Michel Basquiat, qui sont devenus mes amis
et voulaient aussi devenir des artistes ". Keith Haring, Journals
Pop Shop III (D), 1989
Untitled (Red Man), 1986 Barking Dog ( Icons series), 1990
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Des « faiseurs d’images »1, c’est ce que sont ces artistes. Ils ont trouvé les signes pour dire la violence,
l’argent et le sexe, la religion et le racisme, et rendre compte au mieux, soit de façon allégorique, soit
abstraite, ou les deux à la fois, de la société dans laquelle ils vivent. Au-delà de leur talent, ils ont réfléchi
très précisément au rôle que leurs œuvres et eux-mêmes pouvaient tenir dans l’histoire de l’art.
Comme ceux de Keith Haring, les travaux de Scharf ou de Basquiat s’intéressent à la vie sous toutes ses
formes. Si au premier regard leurs œuvres semblent enfantines et naïves, elles regorgent en réalité de
symboles et de messages profonds. Derrière leur aspect éclatant, les œuvres de Keith Haring comme
celles de Scharf ou de Basquiat invitent leurs contemporains à la réflexion. En utilisant une imagerie
facilement identifiable, ces artistes dépassent la simple représentation, ils bousculent la convention et
encouragent la sensibilité du spectateur. Par le biais des symboles de la culture populaire, ils ont su créer
un art mêlant à la fois humour et enthousiasme, force et angoisse, Keith Haring et ses « friends » sont des
artistes ancrés dans la réalité.
1 Klaus Littmann, Keith Haring, Editions on Paper, 1982-1990. L’œuvre imprimé complet. From the Collection of the Estate of
Keith Haring, Cantz, 1997.
Keith Haring, Kenny Scharf et Jean-Michel
Basquiat, ont grandi avec les bandes
dessinées et les dessins animés. Haring et
Basquiat s’intéressent également à la
sémiotique et cherchent différentes
manières d’utiliser le langage et l’écriture
dans leurs œuvres.
La ligne devient le fil conducteur de leur
discours avec un vocabulaire et des
symboles qui leur sont propres. Leurs
« emblèmes » fonctionnent comme des
pictogrammes, des « icônes » comme le
chien auréolé de rayons qui aboie, le bébé à
quatre pattes, l’ange jaune ou le superman
rouge avec ses ailes de dragon ou encore la
couronne pour Basquiat.
Jean-Michel Basquiat Untitled (Per Capita), 1982/2001
Keith Haring meurt du Sida en 1990
laissant derrière lui une œuvre colossale,
fruit de dix courtes mais intensives années
de création. En combinant les idées
universelles et des thèmes engagés avec un
style expressif et coloré, Haring a su attirer
un large public et assurer tant l'accessibilité
que la pérennité de son art. Ses œuvres,
dynamiques, sont devenues une partie
unique de la culture contemporaine.
Kenny Scharf (1958) Antenza, 1999
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ANNEXE Extrait de Paolo Buggiani tiré de l’Ouvrage : "KEITH HARING Subway Blackboards
and Street Art 1980 – 1986" édité par Gianluca Marziani
"En 1981, quelques dessins simples, mais néanmoins dotés d’une grande profondeur, commencent à apparaître de plus
en plus souvent dans les corridors et les stations du métro new yorkais. Ils se démarquent de la multitude d’images et
de graffitis présents habituellement sur les murs. Ces dessins sont réalisés d’une main sûre, craie blanche sur papier
noir, une apparition immaculée qui, par sa densité, rend invisible les annonces et autres graphismes qui figurent au-
dessous.
Les symboles apportent une attraction quasi-hypnotique : radiant baby, radiant dog, radiant fish, des hommes qui
élèvent des pyramides jusqu’au ciel, des écrans de télévision qui annoncent des catastrophes atomiques avec des chiens
qui aboient de part et d’autre (une allusion évidente aux 2 puissances mondiales : Russie et Amérique).
Une nouvelle forme de communication semble être apparue dans les racines de Manhattan, à laquelle les passants
semblent inconsciemment préparés jusqu’à apprécier de plus en plus cette expression nouvelle qui suit son chemin.
Il s’agit d’un alphabet inédit, façon Keith Haring, face auquel personne n’était familiarisé mais que chacun commence
spontanément à « adopter ».
Un matin, à Brodway puis à Lafayette, j’ai vu 2 hommes entreprendre d’arracher par lambeaux les dessins sur le mur,
prêts à les remplacer par des affiches publicitaires. Ils venaient justement de décoller un très gros dessin (et facilement
repérable) sur papier noir, et lorsque je leur ai demandé si je pouvais le récupérer avec d’autres fragments, ils me l’ont
donné avec un air étonné.
Je voulais préserver par tous les moyens la présence physique de ces documents qui étaient si importants pour moi et
par la même occasion si éphémères.
© Keith Haring Foundation, Untitled (Foster & Kingman), 1982
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A partir de cet instant j’ai commencé à les photographier de plus en plus souvent et lorsque je pouvais, je tentais de
sauver l’un d’entre eux pour tous les nouveaux messages que Keith Haring avait dessinés.
Plus tard, après le succès de sa première exposition, de plus en plus d’individus ont commencé à collectionner ses dessins
de métro, à tel point que j’ai décidé que ma mission était terminée.
Etrangement Richard Hambleton sentit la même attirance magnétique face à ces dessins que moi et a également
éprouvé le besoin de conserver ce travail.
En fait une bonne partie de sa Collection apparut plus tard dans le recueil : « Keith Haring : Future Primeval », publié
par la University Gallery, Illinois State University Normal, Illinois, 1990 (dans ce même recueil en page 34 il avait
également inclus l’un des dessins que j’avais conservé le 24 juin 1982 : « Lexington 23ème rue »).
Quand plus tard j’ai fait la rencontre de Keith Haring, j’ai finalement été capable de lui dire combien son travail
m’avait exalté et que j’avais pu préserver une partie fondamentale de ses messages. Il était également familiarisé avec
mon propre Street Art : les "flying skaters" dédiés à Icare, le Minotaure en feu, ma planche de surf sur la publicité de
métro pour Channel 7 …"
Paolo Buggiani était un ami de Keith Haring ainsi qu’un confrère ayant lui-même été artiste de rue. Keith
l’appelait le “Batman” et lui a même consacré un personnage. Personnage que l’on retrouve souvent
estampillé au dos des œuvres de la Collection Buggiani.
Paolo Buggiani a suivi Keith Haring à travers la ville et le métro se faisant un point d’honneur à récupérer son
travail urbain. Il a eu l’heureuse présence d’esprit de travailler avec un restaurateur professionnel afin de
préserver ses dessins sur toiles ou sur panneaux et de les dater.
Paolo Buggiani est aujourd’hui le Collectionneur mais également la provenance la plus légitime des Subway
Drawings de Keith haring.